Bonjour à tous et à toutes ! Me revoilà donc pour un nouveau Thilbo et pour ma première longue fic sur ce site ! Champagne !
J'aimerais remercier toutes les personnes m'ayant soutenues jusqu'ici par leurs reviews, leurs favoris... Merci à vous qui me donnez envie de continuer ;)
Et un remerciement tout spécial à ma beta/sister/professeur La Dictateuse :3
J'espère que ma nouvelle histoire vous plaira !
Unveil the secret
Chapitre 1
Bilbo Baggins était ce genre de personne qu'on ne remarquait pas parmis la foule et qui n'attirait aucun soupçon. Certains disaient de lui qu'il avait un talent caché, d'autres, plus réalistes, qu'il était seulement discret.
Après tout il était tellement facile de se faire oublier quand on savait comment faire. Et dans sa profession cette facilité devenait un atout primordial.
Aux yeux de tous, il était Arthur Dent, modeste employé travaillant dans une entreprise lambda. Du moins c'était ainsi qu'il remplissait sa fiche d'impôt. Dans les faits son secteur était plus l'espionnage et la recherche d'information. Et là il s'attaquait à un gros morceau.
Mordor, la plus grande entreprise d'Erebor, également celle avec le plus de bénéfices. Elle vendait tous types d'appareils électroménagers et grâce à son installation à Erebor, l'entreprise avait une position stratégique lui permettant d'être au centre de tous les échanges commerciaux. Elle avait donc des clients des Monts de fer jusqu'au Rohan voir bien au-delà. Aucun concurrent ne lui résistait très longtemps et tous disparaissaient vite de la circulation. Trop vite justement...
Son dirigeant, Sauron, était peut être un très bon homme d'affaire mais dans tous les cas il y avait quelque chose de pas net autour de cette entreprise. Et Bilbo avait eu pour mission de le découvrir.
Son insertion dans l'entreprise Mordor ne fut pas difficile en soit. Seulement il se devait d'obtenir un poste plus important pour devenir un homme de confiance et s'approcher un peu plus du patron. Son ascension fut plutôt lente mais il ne pouvait se permettre de précipiter les choses. Il avait été prévenu que cette tâche ne pouvait être réglée en quelques semaines.
D'autant plus que l'entreprise était immense. De très nombreux ateliers, des bureaux sur plusieurs étages, des archives à n'en plus finir et un très long dépôt situé juste derrière. Le tout formait une haute tour qui, même de loin, impressionnait lorsqu'on la regardait.
Mieux valait donc être patient. Et Bilbo n'était pas réputé pour être quelqu'un de pressé.
Il débuta en tant qu'ouvrier puis responsable d'un atelier, puis de plusieurs autres. Il changea pour devenir gestionnaire des stocks, bascula en tant que responsable des ressources humaines puis travailla dans la communication.
Se rendre indispensable, voilà sa technique. Accomplir ce qu'on lui demandait avec perfection pour qu'on lui donne des postes à plus haute responsabilité. Et plus il gagnait de l'importance et plus son bureau se rapprochait progressivement du sommet de la tour.
Il s'était écoulé plus d'un an et demi lorsqu'il commença à découvrir des informations. Ayant eu à correspondre avec des entreprises partenaires, il avait fini par se douter que le chantage était fréquemment usé par Sauron pour parvenir à ses fins. Dans les mails envoyés, les phrases courtoises et respectueuses trahissait plus de la peur que de la réelle politesse.
Mais quand il se mit à organiser des transactions avec de gros acheteurs, il se rendit compte que la vérité était bien plus terrifiante.
Mordor n'était pas qu'une simple entreprise vendant des frigos ou ce genre de choses, ce n'était qu'une ridicule couverture car en réalité elle était responsable de tout un trafic d'armes et d'un détournement d'argent assez important. Et Bilbo se retrouvait à vérifier que ce genre d'échanges passés sous silence se déroulent sans encombre. Il n'aurait probablement pas pu rêver d'un meilleur poste pour remplir sa mission.
L'espion pouvait maintenant réaliser l'ampleur de l'influence de Sauron. Son réseau était immense et il avait des alliés un peu partout, raison pour laquelle personne n'avait encore réussi à l'accuser. Et ceux qui avaient essayé... Devaient probablement être hors d'état de nuire à l'heure actuelle.
Quant aux concurrents... Face aux menaces visant leurs familles ou leur intégrité, les pauvres n'avaient eu qu'un seul choix, s'incliner.
Bilbo avait dû signer un contrat de confidentialité pour l'empêcher de dévoiler ces « futilités inintéressantes pour le public » comme le disait si bien Smaug, le bras droit de Sauron. Un homme terrifiant. Des cheveux noirs, des yeux bruns qui paraissaient presque jaune selon la luminosité et un sourire malveillant à en filer des frissons.
Heureusement pour sa santé mentale, Bilbo ne le voyait pas souvent, que de temps en temps lorsque celui-ci avait des instructions précises à lui donner. La première fois que Smaug lui avait adressé la parole c'était lors de la signature de ce fameux contrat. Il l'avait prévenu des risques que Bilbo encourait s'il se risquait à parler de ses nouvelles activités, même à une autre personne de l'entreprise.
« Les espions sont partout » avait susurré Smaug à ce moment-là et Bilbo avait dû prendre sur lui pour ne pas déglutir.
Poursuite judiciaire pour fausses accusations et perte d'emploi attendaient donc l''agent secret s'il se risquait à émettre la moindre insinuation. Mais, par expérience, Bilbo se doutait que son véritable sort serait beaucoup moins agréable...
De toute façon, dès qu'il aurait eu ce qu'il voulait, il disparaîtrait de la circulation. Son identité était fausse et bien malin serait celui qui réussirait à le retrouver. Après tout, il commençait à avoir l'habitude d'être sous contrat de confidentialité. Inutile de préciser qu'il n'en respectait qu'un seul. Celui de son véritable employeur.
Ce n'était donc pas cette menace qui l'inquiétait. Smaug l'inquiétait, ça oui. En plus de donner l'impression de vous sonder du regard à chaque instant, cet homme était dangereusement intelligent. Beaucoup trop perspicace.
Des hommes hauts-placés chargés de vérifier qu'aucun intrus ne rôde, Sauron en avait. Mais ils étaient faciles à duper, trop investis par leur envie de pouvoir et d'argent pour se préoccuper plus que nécessaire des employés.
Smaug savait toujours tout. Et quand bien même on le bernait, il finissait toujours par dénicher la supercherie. Avec une aisance déconcertante et une cruauté malsaine il vous énonçait tout ce qu'il avait réussi à découvrir.
Depuis que Bilbo s'était infiltré, l'homme avait démasqué plus d'une dizaine de traîtres. Performance remarquable certes mais peu rassurante pour l'agent double. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne soit repéré à son tour.
Sauf que Bilbo avait encore besoin de temps. Il approchait du but, il en était certain.
Il aurait aimé n'avoir juste qu'à s'éclipser quelques instants pour récupérer quelques dossiers compromettants aux archives mais Sauron n'était clairement pas assez stupide pour laisser n'importe qui approcher ce genre d'informations.
Tout était enregistré numériquement mais il fallait, évidemment, selon le dossier choisi avoir un mot de passe pour pouvoir l'ouvrir. Bilbo avait accès à certains mais rien de captivant ne s'y trouvait. Encore heureux, c'aurait été imprudent de la part de l'homme d'affaire. Et probablement décevant pour l'espion.
Bilbo ne pouvait se risquer à cracker le code de son bureau, c'était trop risqué. Il devait probablement y avoir une alerte si quelqu'un débloquait le mot de passe de n'importe où. Et ce n'était absolument pas le moment de tout faire échouer.
Smaug, par contre, devait être autorisé à y accéder. C'était même certain. Et là il commençait à y avoir du challenge.
Le plan c'était de profiter d'un moment où Smaug s'absente pour rentrer dans son bureau, cracker le mot de passe, récupérer des dossiers puis s'en aller comme si de rien n'était. Si tout se déroulait comme ceci Bilbo s'estimerait chanceux.
« La plupart du temps les plans ont toujours des imprévus » se rappela l'espion alors qu'il mettait au point son stratagème.
Le tout était de savoir improviser.
Une semaine venait à peine de s'écouler lorsque Bilbo tenta le coup. Étant le bras droit de Sauron, Smaug venait de temps en temps voir ce dernier dans son bureau. Ces entrevues étaient assez brèves et duraient la plupart du temps une dizaine de minutes. Ce qui faisait le double du temps nécessaire à Bilbo. Tant mieux.
Bilbo prit une grande inspiration puis lança mentalement un compte à rebours.
Vérifier qu'aucun employé ne rode dans les parages. 30 secondes écoulées.
Crocheter la porte fermée. 40 secondes.
S'installer devant l'ordinateur et en cracker le mot de passe. 1 minute et 10 secondes.
Trouver le nom de code pour accéder aux dossiers protégés. 2 minutes et 20 secondes.
Parfait, il était dans les temps.
Quand un programme trouvaient les mots de passe à votre place, vous gagniez forcément une avance considérable.
Bilbo ouvrit un document au hasard pour vérifier son contenu et esquissa une grimace. Le texte était codé. Sauron était encore plus prévoyant qu'il ne l'avait pensé visiblement.
Tout déchiffrer maintenant serait trop long. De longues heures de décodage s'annonçait pour lui, génial.
3 minutes.
L'espion transféra le maximum possible sur une clé USB grise et regarda avec appréhension la durée de téléchargement. Il était dans les temps, ça devrait bien se passer...
3 minutes et trente secondes.
4 minutes.
La moitié des documents avaient été copié lorsque le téléchargement cessa subitement. Bilbo fronça ses sourcils, ça ce n'était pas normal.
Par précaution il retira sa clé, préférant se contenter de ce qu'il avait déjà tandis qu'une boule d'angoisse se formait dans sa gorge.
L'écran s'éteignit d'un coup puis un message s'afficha, les lettres capitales blanches contrastant avec le fond noir.
« FÉLICITATIONS, VOLEUR. »
Bilbo s'écarta de l'ordinateur tellement vite qu'il faillit trébucher.
Que disait-il déjà à propos des plans ? Ah oui. Les imprévus.
Bon, son départ discret de l'entreprise venait de se changer en fuite . Ce sont des choses qui arrivent. Au lieu de sortir par la porte centrale il empruntera les escaliers de secours situés sur le toit. Ce n'était qu'un mince détail en fin de compte... On ne peut pas tout prévoir non plus.
Comme par exemple le fait que Smaug l'attende tranquillement sur le toit. Quoique. Connaissant l'homme en question et sa façon de deviner les choses, ce n'était pas tellement surprenant finalement. Disons que ça compliquait encore un peu la situation.
Smaug eut un sourire en voyant Bilbo et applaudit de manière lente et exagérée.
- Pas mal pas mal, vous êtes un des rares à être allé aussi loin. Mais j'ai le regret de vous annoncer que tout s'arrête ici pour vous.
À l'entendre parler de la sorte on pourrait presque croire qu'il s'amusait, ce qui, en y réfléchissant était sûrement le cas. L'espion ne répondant pas, l'homme reprit la parole :
- Quel âge avez-vous déjà ? 24 ans ?
- 27... mentit-il car il en avait 25 en réalité.
- Si jeune et si prometteur... Quel dommage. Vous aviez failli réussir vous le savez ? Mais malheureusement pour vous j'ai toujours été d'une méfiance excessive.
Bilbo eut l'intelligence de garder le silence, ne faisant que fixer Smaug. Celui-ci soupira et haussa ses épaules.
- Je commençais à croire que je ne croiserai que des amateurs tout au long de ma carrière mais je dois admettre que je suis presque impressionné. Vous aviez été très discret, patient et je n'ai trouvé aucune trace de votre véritable identité. Ne faites pas cette tête ce n'était pas si dur à deviner, surtout en voyant votre professionnalisme.
Bon l'agent double avait été démasqué depuis un certain temps déjà, soit. Dans ce cas pourquoi l'avoir laissé faire jusque là ? Pour lui faire croire qu'il y arriverait ? Ou peut être pour lui soutirer des informations...
Dans tous les cas Bilbo avait compris ce qu'il allait lui arriver avant que Smaug ne sorte un révolver de son manteau. Inutile de dire que ça s'annonçait légèrement mal pour lui.
- Je vais être clair, tu me donnes la clé USB et peut être, je te livre à Sauron avec tes quatre membres.
L'espion remarqua que Smaug avait subitement arrêté de le vouvoyer, comme si être poli dorénavant l'ennuyait. Poli ou pas il restait tout aussi effrayant.
Bilbo inspira profondément, fouilla dans sa poche et fit un pas, deux pas, trois pas vers le bras droit de Sauron. Arrivé à la hauteur de ce dernier, il ouvrit sa paume, dévoilant une clé USB grise des plus basiques.
Smaug la jaugea quelques instants puis la prit, ce qui détourna son attention environ deux secondes. Mais c'était les deux secondes que Bilbo attendait.
Il lui donna un coup dans le poignet droit, lui faisant lâcher son arme, mais alors qu'il se baissait pour la ramasser, l'autre lui donna un méchant revers sous le menton. Bilbo chancela et donna un coup de pied dans le révolver pour l'éloigner avant que Smaug ne le récupère.
- Prévisible, souffla l'homme, agacé, à deux doigts de lever les yeux au ciel.
Bilbo faillit rétorquer qu'il s'était pourtant fait avoir mais, même en étant au même niveau, provoquer Smaug n'était jamais très prudent.
Et pour être honnête l'espion n'en n'avait rien à faire que cette technique soit surprenante ou pas, elle lui permettait de rallonger son espérance de vie et c'était tout ce qui comptait.
Il se décala progressivement, essayant de se rapprocher de l'arme, ou du moins de mettre le plus possible de distance entre elle et son ennemi. Smaug le suivait du regard, sachant probablement ce qu'il avait en tête.
- Prévisible encore une fois. Je suis déçu, tu m'avais habitué à plus intelligent que tout ça.
Bilbo lâcha un rire faux et recula à nouveau.
- Mais je ne cherche pas à vous satisfaire, répliqua-t-il
- Probablement. Sinon tu m'aurais donné la véritable clé USB.
Cette réponse, dite dans le plus grand calme, l'espion devait bien l'avouer, le laissait incapable de renchérir quoique ce soit. Qu'est ce qui l'avait trahi ? Quel était le minuscule détail qu'il avait omis de dissimuler à Smaug ? Son manque de réticence à lui donner ? Il avait été menacé par une arme, il était normal de coopérer non ? En fait, valait mieux ne pas essayer de deviner. Cet homme faisait des déductions à partir de rien...
Il n'eut de toute façon pas le temps de poursuivre ses réflexions car Smaug se jetait déjà sur lui pour l'immobiliser. Les deux hommes finirent au sol, s'échangeant une bonne dose de coup. Bilbo sentit une vive douleur se manifester au niveau de son flanc droit et s'il vit quelques étoiles, cela ne l'empêcha pas de répliquer.
Personne n'eut l'avantage et l'affrontement s'éternisa quelques minutes de plus, l'un essayant de plaquer l'autre, l'autre tentant de le repousser. Finalement Bilbo reprit le dessus et écarta son opposant d'un coup de pied dans les côtes.
Il s'éloigna ensuite du mieux qu'il pût de Smaug et finit par atteindre l'arme. À bout de souffle, il la braqua sur son ennemi.
Un des hommes les plus dangereux qu'il avait croisé tout au long de sa carrière et il l'avait à sa merci. Il suffirait d'un rien, juste d'une légère pression sur la gâchette et ce serait fini. Son plus précieux allié éliminé, l'empire de Sauron se fragiliserait.
Ça pourrait être si facile mais non, il avait reçu des instructions et il n'avait pas le droit de se charger lui même des potentielles menaces. Juste récupérer des informations. Du moins pour l'instant. Frustrant.
Tandis que les secondes semblaient s'écouler affreusement lentement, l'espion se releva sans lâcher son ennemi des yeux, soutenant son regard perçant et haineux. C'était effrayant à quel point Smaug avait cette faculté innée de dégager une aura terrifiante, encore plus lorsqu'il était contrarié.
Bilbo recula avec précaution vers l'escalier, resserrant sa prise sur l'arme par pur réflexe. Il avait presque atteint les premières marches quand Smaug reprit la parole, sa voix grave prenant des intonations encore plus menaçantes que précédemment :
- Tu peux baisser ce révolver je sais très bien que tu ne tiras pas.
- Simple précaution, répondit Bilbo, loin de baisser son arme.
L'espion sembla hésiter quelques instants puis esquissa un mince sourire qu'on pourrait presque qualifier d'insolent.
- Inutile de dire que je ne reviens pas au bureau demain n'est ce pas ? Navré de ne pas vous envoyer une lettre de démission en bonne et due forme.
Et il s'engagea dans les escaliers, descendant sans attendre de réponse de la part de Smaug. Smaug qui, malgré les événements, paraissait plus blasé qu'autre chose d'ailleurs.
Ce dernier se saisit vivement de son téléphone en soupirant et appela quelqu'un qui décrocha aussitôt. Il ne prit même pas la peine de se présenter et réquisitionna immédiatement la parole :
- Tout s'est déroulé comme je le pensais. Il est décidément très prévisible.
Tout en parlant il se rapprocha des marches, suivant du regard Bilbo qui descendait assez rapidement l'escalier, ne s'arrêtant pas une fois pour se retourner.
- On fait ce qu'on avait prévu. Je te laisse t'en occuper, fais toi plaisir.
Smaug marqua une pause, laissant son interlocuteur poser une question puis plissa ses yeux.
- Oui, même s'il coopère. Il a refusé les chances qui s'offraient à lui, il ne peut s'en prendre qu'à lui même.
Comme lui avait demandé Sauron, il avait laissé le choix à l'intrus de capituler ou de s'enfuir. Il aurait probablement eu un meilleur sort s'il s'était tenu tranquille. C'était un bon élément et d'après le patron c'aurait été dommage de l'éliminer, il voulait le garder. Smaug approuvait ça mais visiblement ce bon élément ne se rangeait pas de leur côté.
Tant pis pour lui. Un de plus ou un de moins dans leurs rangs, quelle importance.
Espérons juste que ce gars-là n'ait pas de femme ou des gosses à nourrir. Pas que le bras droit de Sauron s'en souciait. Il trouvait juste dommage de séparer un père de sa famille.
En tout cas, celui-ci n'avait pas d'alliance. Et il était probablement un peu jeune pour avoir des enfants. Et si c'était le cas... Ce n'était pas vraiment quelque chose qui préoccupait Smaug. Qu'un espion ait récupéré des données, quelles qu'elles soient, ça c'était préocuppant.
- Il vient juste de partir, tu devrais l'avoir vu passer... Tu le suis ? Parfait.
La conversation s'acheva là, tous les ordres avaient été donné.
Smaug regarda quelques instants la rue, la chevelure bouclée qui marchait à pas presque précipités puis la silhouette familière la suivant quelques mètres plus loin à peine.
Il haussa ses épaules et se détourna, retournant à l'intérieur. Son sort ne le concernait plus à présent.
- Tu as réussi ?
- Yep. Enfin j'espère. Si tu pouvais venir me récupérer ce serait sympa par contre.
- Ta localisation est activée ?
- Affirmatif. J'ai vérifié avant de t'appeler.
- Parfait. Je suis en route. Tu es blessé ?
- Quelques bleus mais rien de grave pour l'instant.
- Tu n'as pas l'air très rassuré.
- Disons que si tu pouvais accélérer un peu ça m'arrangerait.
- Tu es suivi ?
- J'en ai bien peur.
- Profite de la foule, j'arrive au plus vite. Meurs pas avant que je te rejoigne.
- Je vais essayer vu que tu me le demandes si gentiment.
Bilbo entendit un rire résonner à l'autre bout de l'interphone puis la communication se coupa. Il rangea son portable et suivit le conseil de son coéquipier, c'est à dire se fondre dans la masse de gens. Il traversait une rue commerçante, trouver des personnes entre qui se faufiler n'était donc pas le plus difficile.
Semer celui qui le suivait depuis cinq minutes déjà était par contre d'un niveau supérieur.
Il le connaissait vaguement, l'ayant croisé une ou deux fois sans pour autant engager une discussion avec lui. Comment s'appelait-il déjà ? Enfin, son prénom n'avait pas vraiment d'importance.
Ce gars faisait parti de ceux qui avaient pour mission de se débarrasser des gêneurs. Et ce n'était probablement pas une coïncidence si, comme par hasard, il se baladait dans la même rue et suivait les mêmes intersections que l'espion. En gros ça n'annonçait rien de bon.
Bilbo en était fatigué d'avance. Tout ce qu'il voulait s'était rentrer chez lui, prendre un doliprane et s'affaler dans son canapé. Mais bon, d'expérience, l'espion savait que ce n'était pas la meilleure attitude à adopter au vu de la situation. La dernière fois qu'il avait tenté un coup pareil, il avait échappé de peu à un séjour gratuit à la morgue.
Par réflexe, Bilbo vérifia qu'il avait toujours le révolver sur lui, c'est à dire caché sous sa veste. Il espérait ne pas à avoir s'en servir mais valait mieux le garder à portée de main.
Il accéléra le pas, surveillant ses arrières en jetant des regards vers les vitrines. Et le bougre le suivant ne semblait pas décidé à le lâcher. Il voulait le jouer comme ça ? Très bien. Bilbo allait lui faire passer cette envie.
Erebor était peut être une grande ville mais s'il devait la parcourir en entier pour semer l'autre, il le ferait. Son poursuivant n'avait qu'à bien se tenir. Et puis il paraîtrait que 30 minutes de marche par jour était bon pour la santé...
Il suivit donc quelques embranchements comme si de rien n'était, faisant toujours attention à rester entouré de passants et évitant les coins un peu trop sombre. Pure précaution.
Les rues n'étaient pas si bondées que cela, l'heure n'était pas propice à une grande affluence mais Erebor était une ville importante et il y avait toujours des personnes à croiser. Que ce soit des groupes de jeunes profitant de leur temps libre pour sortir, des parents faisant leurs courses ou des employés pressés.
Pour le coup ça arrangeait bien Bilbo, on ne pouvait pas lui tirer dessus sans toucher un passant au hasard dans la rue. Mais ce n'était peut être pas un paramètre qui arrêterait celui chargé de l'éliminer.
Bilbo venait à peine de penser à cette idée que plusieurs personnes derrière lui émirent des exclamations de peur. Immédiatement la conscience de Bilbo lui hurla de se mettre à l'abri avant même de penser à faire volte-face.
Visiblement son poursuivant en avait probablement assez de faire une visite guidée de la ville et voulait passer à l'étape supérieure... L'espion écouta donc sa raison et s'engagea dans la première ruelle à sa hauteur.
Il y eut un silence pesant pendant de longues secondes puis une voix aboya à quelqu'un de s'écarter.
Bilbo se raidit automatiquement.
- Pousse toi tu ne m'intéresses pas, répéta sèchement son poursuivant.
Non.
Quel était l'idiot qui essayait héroïquement de s'interposer ? Bilbo entendait déjà le coup de feu qui empêcherait ce pauvre malheureux d'intervenir et son estomac se tordit. Hors de question qu'un innocent se prenne une balle.
Il inspira un bon coup, saisit son arme et sortit de sa cachette.
Comme il l'avait deviné, quelqu'un était menacé par le révolver de l'homme. Bilbo se racla la gorge pour signaler sa présence.
- Hey. C'est moi que tu veux, pas lui.
L'interpellé se désintéressa totalement de sa première cible pour fixer l'espion et Bilbo le défia du regard.
- Tu en marre de me traquer dans la foule ? Parfait, j'en ai marre de marcher. Viens me chercher.
Et il repartit dans la ruelle, en courant cette fois, le tueur à gage ( c'en était forcément un) sur ses talons.
Il ne restait plus qu'une seule chose à faire pour Bilbo dorénavant. Prier qu'il soit assez rapide pour ne pas se faire rattraper et que son coéquipier le récupère le plus tôt possible.
Il tournait brusquement, évitant de rester en ligne droite et changeant assez fréquemment de rue. C'était l'avantage d'être resté longtemps dans l'entreprise Mordor, il avait eu le temps d'apprendre à connaître les moindres recoins d'Erebor.
Au bout d'un moment Bilbo eut l'impression de ne plus être suivi. Il tendit alors l'oreille et en eut la confirmation. Seul le bruit de sa course résonnait. Il ralentit donc et se posta à une intersection pour guetter l'autre, prêt à tirer.
Puis il attendit, écoutant le silence seulement brisé par sa respiration saccadée. Il attendit une minute, puis deux et personne ne vint.
Bilbo plissa ses yeux, confus et lentement, très lentement se décala pour avoir une meilleure vue. Aucun individu à l'horizon.
Et il est où maintenant ?
Il l'avait peut être semé... Après tout c'était son but. Mais Bilbo avait un très mauvais pressentiment. Ça avait été trop facile. Beaucoup trop. Même si au fond de lui il essayait de se persuader du contraire.
Il revint dans la rue principale, sur ses gardes et tous ses sens à l'affut. Son poursuivant restait toujours porté disparu. Loin de rassurer l'espion, ça l'inquiéta encore plus.
Une voiture noire familière à ses yeux se gara devant lui, porte passager de son côté, et le soulagement que Bilbo ressentit effaça un peu ses doutes.
Il se dépêcha d'aller à la hauteur de la portière mais lorsqu'il l'ouvrit, son œil droit fut ébloui par la lumière du soleil qui se réfléchissait dans un objet. Il n'eut même pas besoin de deviner lequel. Parce qu'il l'avait à nouveau repéré.
L'homme était revenu dans son champ de vision.
Et Bilbo comprit qu'il ne l'avait pas semé. L'autre avait juste tranquillement attendu qu'il se mette à découvert de son plein grès.
Bilbo avait été rapide mais ce ne fut pas suffisant, il n'était pas complètement rentré dans la voiture lorsque l'autre appuya sur la détente.
Un coup de feu. Une douleur subitement intense. La vue de Bilbo se brouilla. Il stoppa tout mouvement.
- Reste pas là, bouge !
Ne voyant aucune réaction malgré son ordre, Bard le tira brusquement à l'intérieur de la voiture, ignorant le hoquet de douleur de son ami. Il referma à la hâte la portière et démarra en trombe, dépassant largement la vitesse autorisée. Mais Bilbo n'allait certainement pas lui dire de ralentir.
L'espion posa son arme sur ses genoux puis grimaça et serra les dents tandis qu'il essayait de se redresser. Il leva la main pour rassurer Bard lorsqu'il lui jeta un regard soucieux.
- Je savais que c'était une mauvaise idée d'envoyer quelqu'un sur le terrain, marmonna le chauffeur en zigzaguant entre les voitures.
Bilbo aurait presque pu sourire face à la réaction de son coéquipier. Bard était toujours prudent, voire pessimiste et n'était absolument pas pour cette mission. Doué en informatique qu'il était, il préférait agir de loin et minimiser les dégâts. C'était compréhensible, il était père de famille et ne voulait pas laisser ses trois enfants seuls.
Il lâcha un soupir et passa dans ses cheveux bruns, jetant un coup d'oeil dans son rétroviseur avant pour vérifier l'état de son passager.
- Où es-tu touché ?
- Hanche droite. À peine.
- Faut que je t'emmène à l'hôpital ?
- Non. Balle sortie. Je gère.
La voix de Bilbo était hachée et ses phrases très brèves, comme s'il tentait de contrôler son souffle. Il eut le tournis et ferma les yeux.
- Non, non, toi tu restes avec moi, le réprimanda Bard, Comme tu peux peut être le constater je suis un peu trop occupé pour appuyer sur ta plaie alors tu vas t'en charger comme un grand.
Bilbo préféra ne pas rétorquer qu'il le faisait déjà et entrouvrit un œil pour signifier qu'il était toujours conscient. Bard hocha la tête, satisfait.
- Bien.
Et il se tût pendant le reste du trajet. L'espion l'imita et regarda distraitement la route bien qu'il n'avait pas besoin de reconnaître le chemin pour savoir où il était emmené. Juste en dehors de la ville.
Pour mettre un peu d'ordre dans sa tête et penser à autre chose que la douleur qui tiraillait sa hanche, il se ressassa les derniers événements. Pouvait-il dire que sa mission avait été un succès ? Probablement, il s'en était assez bien sorti et avait récupéré ce pour quoi il avait été envoyé. Et si son visage était connu, son nom restait encore inconnu de l'ennemi. C'était un avantage non négligeable. Sa véritable identité était introuvable. Du moins Bilbo l'espérait-il. Smaug n'était pas du genre à abandonner quand il ne trouvait pas. Et certainement encore moins maintenant que l'espion possédait des informations...
D'ailleurs en parlant d'information. Bilbo tâtonna la poche où il avait rangé sa clé USB pour s'assurer qu'elle était toujours là. Il n'avait pas forcément prévu que les documents soient codés et il sentait déjà les maux de tête qu'il ressentirait lorsqu'il devrait les traduire. Il avait beau s'y connaître un peu l'aide de Bard serait probablement la bienvenue s'il avait trop de mal.
Bilbo espérait donc que tous ses efforts n'aient pas été vain et qu'ils aboutiraient finalement à des preuves suffisantes pour dévoiler le vrai visage de Sauron. Et encore, même là ça ne serait pas fini. Il faudrait s'occuper en premier lieu de ceux le protégeant et corrompant la justice. Le travail semblait interminable.
La voix de Bard le sortit de ses pensées.
- On y est.
En effet, après que celui-ci ait suivi une petite route de campagne puis tourné à droite, une bâtisse se dressa, entourée de quelques arbres. Elle était assez sobre, plutôt grande mais s'étendait sur seulement un étage. Sur les murs beiges, de chaque côté de la porte, se tenaient des fenêtres avec un cadre noir.
Vu comme cela la maison paraissait totalement anodine mais c'était en réalité l'endroit où tous les employés de son patron se réunissait. Tout simplement un QG.
Bilbo esquissa un petit sourire et referma ses yeux en prenant la parole :
- Je peux m'évanouir maintenant ?
- Idiot, répondit seulement Bard.
L'espion ne le voyait pas mais il était certain que son ami affichait un air blasé.
- Allez, lève-toi qu'on rentre et que tu puisses te soigner au moins.
Bilbo obtempéra et se laissa emmener dans la maison, tenant toujours sa hanche douloureuse, l'arme à feu « empruntée » à Smaug attachée à sa ceinture.
Il n'échapperait probablement pas à des remarques moqueuses de ses coéquipiers. Tant pis. Il trouverait bien quelque chose à rétorquer de toute façon. Rare était ceux qui pouvait faire perdre sa répartie à Bilbo Baggins !
