Alors, j'ai testé un nouveau genre d'écriture. Si cette histoire vous plait, je pourrais considérer une suite, sinon je m'arrêterai là.
L'histoire est un peu extravagante à la fin mais je me suis dis 'si déjà je suis dans le fantastique, autant y aller à fond' ^^
Bonne lecture à vous !
Escapade nocturne
Le soir de pleine Lune. C'est le jour du mois que j'attends le plus. En tant que loup-garou nous nous transformons dès que nous le souhaitons mais le soir de pleine Lune, tous nos sens sont décuplés. Les sorties en forêt sont alors inoubliables. C'est pourquoi j'attends avec impatience que le soleil se couche.
Ma mère sent bien que mon loup meurt d'envie de se manifester ce qui la fait sourire. Je fais les cent pas devant la porte alors qu'elle réarrange un bouquet de fleur que mon père lui a offert.
Mon père est l'Alpha du groupe. Lorsque mon frère aura rencontré sa femelle, il pourra confronter mon père pour devenir le nouvel Alpha. En effet, seul un mâle accouplé peut défier l'Alpha.
« Calme-toi ma chérie !
- J'ai faim ! Et je veux sortir !
- Encore quelques minutes... tu sais, tu pourrais sortir avec Robert ce soir. Lui aussi aime beaucoup se balader pendant la pleine lune.
- Maman... tu sais qu'entre Robert et moi, il n'y aura rien. Ce n'est pas mon partenaire.
- Tu as 19 ans, il est grand temps que tu le trouves.
- Caleb a 20 ans et tu ne lui dis rien.
- Je pense que Caleb n'est pas prêt de la trouver s'il ne se décide pas à sortir du manoir. J'ai rencontré ton père à 16 ans alors que je chassais...
- Il a tué la biche que tu traquais alors tu voulais te battre pour l'empêcher de te la prendre et quand tu l'as touché, tu as su que c'était ton mâle... patati et patata... Je connais l'histoire.
- Tout ça pour te dire que l'âge n'a rien à voir chez nous. Ta grand-mère s'est bien accouplée à 13 ans...
- C'est beaucoup trop jeune !
- En attendant, elle a vécu de belles années avec ton grand-père. C'est tout ce que je veux pour toi, que tu rencontres ce mâle qui te ferra ressentir tout ce que tu as manqué jusqu'ici.
- Mais je suis bien sans mâle. Je veux juste être moi. »
Elle s'approche et place ses mains sur mes joues.
« Tu seras toujours toi. Même avec un mâle.
- Et s'il est trop dominant ?
- Tu es la fille d'un couple Alpha, tu sauras te faire respecter. »
Elle embrasse mon front puis regarde par-dessus mon épaule et sourit.
« En attendant, passe une bonne nuit ! »
Je regarde derrière moi et me détache de ma mère. Je cours vers la porte, je retire mes chaussures tout comme ma robe et fais quelques pas toute nue avant de me jeter hors du manoir sous forme de canidé.
Je cours sur des kilomètres sans m'épuiser. Mes sens sont en alerte, j'ai l'impression de revivre. Après m'être dégourdi les jambes, je décide de m'arrêter pour chasser. J'utilise mon odorat pour repérer une proie. Il ne faut que dix secondes pour repérer un cerf. Je le suis pendant cinq bonnes minutes pour attaquer au moment opportun. Il est hors de question que je le rate. Je ne rate jamais.
Je lui bondis dessus pendant qu'il broute. Je sectionne son artère carotide et le maintiens à terre en attendant qu'il ne cesse de bouger. Quand les derniers spasmes de con corps sont passés, le festin commence. Je mange en regardant autour de moi pour m'assurer que personne ne vienne me déranger. Ma mère a peut-être rencontré son partenaire comme ça mais je ne risquerais pas de perdre mon dîner.
Quand j'ai fini, je laisse la carcasse derrière moi et me dirige vers l'étang qui n'est pas loin. Je dois me laver de tout ce sang. Je me rechange avant d'entrer dans l'eau car je n'aime pas avoir le pelage mouillé et je sèche plus vite sous forme humaine.
Je frotte vivement mes bras, mon cou et ma bouche puis je gratte sous mes ongles pour retirer tout ce qui aurait pu s'y loger.
Je me rince la bouche aussi car même si je suis à moitié loup, je n'aime pas trop avant le goût métallique du sang en bouche.
Je sors de l'eau et m'allonge sur l'herbe, en observant les étoiles. Ma respiration est rapide, l'adrénaline court encore dans mes veines. Mon sourire envahit mon visage, j'adore mes escapades nocturnes.
J'entends une branche craquer sur ma droite. En une seconde je suis transformée et sur mes pattes. Je grogne vers le bruit et l'odeur de l'intrus. C'est un lycanthrope, je le sens. Il est jeune, ne s'est pas encore accouplé et n'est pas un Alpha. Il vit dans un autre groupe.
Il sort des feuillages, son pelage est noir, son regard est bleu profond mais son pas est assuré et élégant.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? C'est pas ton territoire ! Grogne-t-il.
- Tu n'es pas un Alpha, tu ne peux rien faire.
- Tu n'es pas accouplée, tu n'as rien à faire là. Va-t'en !
- Tu vas m'y obliger ? »
Il grogne en montrant ses crocs et en plantant ses griffes dans la terre. Il s'approche d'un pas déterminé.
« D'où tu viens ?
- Du Sud.
- Où exactement ? »
Il me questionne en tournant autour de moi. Je sais que mon pelage blanc-argenté est assez rare et est assez intriguant pour des étrangers.
« Le clan Prior.
- Prior... , marmonne-t-il. Qu'est-ce que tu fais si loin de chez toi ?
- C'est la pleine Lune.
- Hum. Tu devrais rentrer chez toi, conseille-t-il plus gentiment.
- Et si je n'ai pas envie ?
- Eric ne sera pas aussi clément. Sachant que tu as chassé sur nos terres, il pourrait te mettre à mort. »
Je recule doucement pour mettre de l'espace entre lui et moi. Je ne veux pas prendre ce genre de commentaire à la légère car certains lycanthropes seraient capable de tuer un autre juste pour cette raison.
« Merci.
- Ne reviens pas. Je t'aurais prévenue. »
Je baisse la tête en signe de reconnaissance et repars en courant vers mon territoire. C'est assez rare de rencontrer des lycanthropes comme lui. Pendant ma course, je suis violemment percutée sur mon flanc droit par un autre loup. Je m'écrase contre un arbre et quand je lève les yeux, je vois un loup brun foncé au regard vert. Je tente de me relever mais la douleur dans ma cage thoracique me cloue au sol. Et comme tout loup sous la douleur, je me retransforme en humaine. Je suis allongée sur le ventre, incapable de bouger.
« Tu pensais pouvoir chasser sur nos terres sans être punie ? »
Il s'apprête à me mordre à la tête quand le loup de tout à l'heure apparaît.
« Laisse-là Eric. Je l'ai déjà punie.
- Ça m'étonnerait. Elle respire encore.
- Il n'y a que toi qui met à mort les intrus.
- C'est la seule façon pour qu'ils ne reviennent plus. »
Je gémis mais heureusement que la guérison rapide a déjà commencé. La douleur s'apaise doucement pendant que les deux mâles se disputent.
« Montre que tu es digne d'être un Alpha et tue-la, ordonne Eric.
- Tu n'as pas à me donner des ordres. Et comme tu l'as dis, c'est à moi de décider. Tu n'as aucune autorité sur moi. »
Eric se doit de se plier au dominant. Il me lance un dernier regard de dégoût puis disparaît dans les buissons. Le dominant s'approche de moi.
« Ça va ?
- Oui, je pense que la guérison est terminée. »
Je me relève doucement puis vois une main tendue devant moi. Je croise le regard du loup transformé en humain. Ses yeux n'ont pas changé et je souris à sa gentillesse. J'attrape sa main en me relevant et quand nos yeux se croisent à nouveau, j'ai l'impression d'être gelée sur place. J'ai l'impression que mon cœur bat enfin, comme s'il était arrêté depuis 19 ans. Mon sang déjà chaud se met à bouillir. Le monde autour de nous tourne mais il pourrait brûler, je ne le remarquerais pas. Il n'y a que lui.
Nos corps s'entrechoquent avec violence. La sensation de sa peau nue contre la mienne ajoutée à ce soir de pleine Lune et à notre désir de ne faire qu'un, font de nous des êtres incontrôlables.
Mes nuits de chasse sont habituellement remplis de cris de douleurs de mes proies et de mes rires de bonheur. Mais cette nuit-là, nous ne pouvons entendre que le bruit de nos respirations, nos gémissements et nos grognements, nos promesses de nous protéger mutuellement. Et ce, jusqu'au petit jour.
Lorsque j'ouvre les yeux, je remarque tout de suite que mon corps est enroulé contre un autre. Je sens immédiatement mon sang bouillir et je sais de qui il s'agit.
Tobias. Mon partenaire. Mon mâle.
Quand il remarque que je suis réveillée, il nous fait rouler pour que je sois sur le dos.
« Bonjour, annonce-t-il accompagné d'un baiser.
- Bonjour. C'est vraiment réel ?
- Si c'est un rêve, je ne veux pas me réveiller. »
J'enroule mes jambes autour de sa taille et avec mes bras, le force à se laisser tomber sur moi. Je veux sentir son poids sur moi. Sa protection. Je caresse ses cheveux tout en le serrant contre ma poitrine.
« Et maintenant ? Demandé-je.
- Je t'accompagne dans ton clan. On ne se sépare plus toi et moi.
- C'est à moi de rejoindre ton clan normalement.
- Je ne veux jamais y retourner. Là où tu es heureuse, je suis heureux.
- Je suis heureuse avec toi. »
Il m'embrasse passionnément, allumant presque un feu que nous ne pourrions plus éteindre.
« Allons-y. Je veux rentrer à la maison.
- Tout ce que tu veux. »
On se transforme en loups puis nous courrons vers la maison. Nous ne nous perdons jamais de vue. Nous nous arrêtons même parfois pour nous amuser.
C'est donc ça dont ma mère parlait. Elle avait raison. Je ne pensais pas qu'il me manquait quelque chose avant ce moment. Maintenant, je ne m'imagine plus sans lui.
Nous arrivons au manoir où des vêtements sont posés à l'extérieur. Il y en a toujours pour ceux qui sont sortis en forme de loup. Tobias en prend certains au hasard et nous entrons main dans la main dans le manoir.
Le clan est presque toujours réuni au complet dans le hall d'entrée. C'est notre lieu de vie principal. Ainsi, tous les regards se tournent vers nous. Ma mère s'approche doucement et quand elle sent mon odeur qui doit sûrement être celle de Tobias, elle me prend dans ses bras.
« Ma chérie... tu l'as trouvé. »
Robert s'approche aussi pour voir ce qu'il se passe mais un grognement sourd résonne dans la pièce quand il est à quelques mètres de moi. Tobias se place devant moi et affirme sa dominance sur Robert qui ne peut que s'incliner.
Mon père sourit à ça et lève son verre de rhum je suppose, étant donné qu'il ne boit presque que ça.
« Ma fille s'est accouplée ! Je lui souhaite une longue vie de bonheur et d'amour à elle et son partenaire ! »
Tobias m'embrasse devant tout le monde, leur donnant ce qu'ils veulent tous.
Christina apparaît de nulle part et tente de me guider à l'écart du groupe, ce qui n'a pas l'air de plaire à mon partenaire.
« On va juste discuter entre filles. Je reste dans le coin. »
Il acquiesce d'un hochement de tête alors que mon frère et mon père l'approche. Mon père a l'air heureux de le rencontrer mais Caleb est un peu hésitant. Je n'ai pas le temps d'en voir plus car Christina m'entraîne dans un coin où se trouve mes cousines Shauna et Lynn ainsi que d'autres amies d'enfance, Marlène et Myra.
Elles forment un cercle serré autour de moi et gloussent toutes. Je souris malgré moi à leur enthousiasme, elles devaient attendre ce moment depuis longtemps sachant que j'étais la seule sans partenaire. Quoique Lynn n'a pas encore trouvé son mâle.
« Comment tu l'as rencontré ? Demande Shauna.
- J'étais en vadrouille sur un autre territoire. Il m'a trouvée et m'a conseillée de partir avant qu'un autre ne me trouve. Sur le chemin du retour, l'autre m'a trouvée. Tobias l'a convaincu de me laisser vivre puis il m'a aidée à me relever. Et voilà.
- C'était quand ?
- Je ne sais pas... 23h-minuit.
- Et il est dix heures... Vous avez passé une longue nuit dis donc... »
Je souris en repensant à ce qu'il s'est passé.
« On peut dire ça...
- Vous étiez humains ou en loup ?
- Les deux ? »
Elles rient toutes et exigent des détails que je ne leur donne pas..
« Il est comment en loup ?
- Grand et son pelage est noir. Il a une certaine assurance quand il marche et quand il court, il déborde de puissance et de dominance. »
Elles gloussent encore une fois mais nous sommes toutes interrompus par des bruits de grognements et des encouragements. On se précipite dans l'entrée où se trouve deux loups que je reconnais, en posture de combat. Il s'agit de Tobias et d'un loup brun clair aux yeux gris, mon père. Je m'avance mais ma mère me retient.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? Il avait l'air heureux.. Et Tobias...
- Ne t'en fais pas. Tout va bien. Ton père a convaincu Tobias de le défier pour devenir Alpha.
- Mais... c'est un combat à mort ! Non ! Crié-je.
- Rassure-toi. Ton père a instauré les mêmes règles que si Caleb le combattait. Tobias est son fils maintenant. Le premier qui abandonne aura perdu. »
Je regarde le combat devant moi, très inquiète.
Mon père attaque le premier mais Tobias l'esquive. Tobias réplique en mordant mon père au cou. D'un coup de patte, il se libère de l'emprise et envoit Tobias valser sur le côté.
Je me mords l'intérieure de la joue pour rester calme mais je suis terrifiée, qu'il arrive quelque chose à mon partenaire ou à mon père.
Tobias se redresse mais je vois que sa patte avant gauche est blessée. Il boite légèrement et ma mère doit me tenir avec l'aide de mon frère pour que je ne m'en mêle pas. Il refait face à mon père en évaluant son prochain mouvement. Mon père bondit sur le cou de mon partenaire pour le plaquer au sol et finir le combat mais Tobias l'esquive et se retourne en une fraction de seconde. Il tient la gorge de mon père en le plaquant au sol grâce à son corps. S'il bouge, Tobias lui arrache la gorge. Il se détend alors et se soumet au loup au dessus de lui.
Tobias le libère puis il est acclamé par tout le clan. Il hurle pour affirmer sa dominance avant de se retransformer en humain et ma mère me lâche pour que j'aille le rejoindre.
Je le prends dans mes bras en faisant attention à son bras. Il me serre contre lui puis m'embrasse.
« Tu as gagné !
- Ça ne m'étonne pas que ma fille t'ait choisi. Tu en as dans les tripes. »
Je souris à mon père puis au nouvel Alpha. Ma mère s'approche pour s'assurer que mon père va bien et lui essuit la gorge qui saigne.
« Viens Tobias, on va regarder ton bras. »
On s'assied sur un canapé. Il remet son pantalon pendant que j'examine son bras qui n'a pas l'air d'être déboité donc il guérira facilement.
Je croise le regard de ma cousine Nita qui regarde mon partenaire d'un façon qui ne me plait pas. Je lui lance un regard noir avec un grognement pour qu'elle comprenne qu'elle doit s'éloigner rapidement. Malheureusement pour elle, elle n'a pas l'air de comprendre. Au contraire, elle s'avance vers nous, se léchant les babines à la vue du torse nu de Tobias.
« Dégage Nita.
- Je viens juste féliciter notre nouvel Alpha. Le combat était à couper le souffle. J'avais peur pour toi au début. »
Tobias doit sentir que je bouillonne à cause de cette garce qui ne sait pas s'arrêter.
« On était occupés, annonce-t-il.
- Oh mais il va falloir t'y faire maintenant. À toute cette attention.
- Je n'en veux pas de toi. »
Il me surprend avec un baiser qui me coupe le souffle et il ne me lâche que lorsqu'il est certain qu'elle est partie.
« Elle est toujours comme ça ?
- Oui.
- Et c'est qui ?
- Ma cousine.
- Ça se voit qu'elle ne s'est jamais accouplée, elle.
- Elle l'a été. Mais il est mort. Il a défié mon père et il a été tué. C'était un accident, mon père ne voulait pas le tuer mais Peter n'a pas arrêté. C'était du suicide de vouloir continuer de se battre alors que mon père le tenait par la gorge, comme toi aujourd'hui. Lui a essayé de se dégager, mon père lui a tranché la gorge. Depuis, elle saute sur tout ce qui bouge. Mais je te promets que je vais lui faire comprendre que tu es à moi. »
Je vérifie ses blessures en exerçant une légère pression dessus mais il ne se plaint pas.
« Ça y est, ça m'a l'air d'être guéri. »
Il m'embrasse une dernière fois avant que nous allons rejoindre le clan pour fêter la nomination du nouvel Alpha.
La fête a duré trois jours et trois nuits où nous avons organisé des énormes parties de chasse, de grosses soirées remplis d'alcools, de jeux complètements débiles et pour les loups non accouplés ou ceux comme Nita, des coucheries insignifiantes. Quand à Tobias et moi, nous avons célébré notre 'mariage', en quelques sortes. Il était impossible de nous séparer. Ma mère m'a affirmée que c'était normal au début.
Et pourtant, deux semaines plus tard, mon cœur se serre toujours alors que j'observe Tobias se déshabiller pour la chasse de juillet. C'est la première fois qu'on se sépare aussi longtemps.
« Pourquoi je peux pas venir avec ? Tu sais que j'adore chasser.
- Et tu es notre meilleure chasseuse mais ça fait quelques jours que tu es malade. Je te rapporterai du cerf, je sais que tu adores ça.
- Merci. »
Il se transforme et sors de la chambre pour aller à la chasse. Je retombe dans le lit, un peu démotivée. Je n'ai pas envie de faire quoique ce soit aujourd'hui. J'ai la nausée et un énorme mal de tête. De ce fait, je ne sors pas de ma chambre de toute la matinée.
Ma mère et Shauna viennent toquer après midi pour prendre de mes nouvelles mais je gémis seulement de douleur. Ma tête tourne et tambourine, ma pression altérielle est élevée, la température de mon corps doit dépasser les 40 degrès, mon ventre est ballonné.
Shauna s'assied à côté de moi et caresse mes cheveux.
« Hey, ça va aller...
- Maman, tu penses que c'est parce qu'il est parti ? »
Elle s'assied à son tour près de moi.
« C'est possible mais je n'ai jamais vu quelqu'un être malade à ce point-là. Je pense que c'est autre chose. Tu as peut être attrapé des microbes quand vous êtes sortis la dernière fois. »
Elle sort une sacoche pour m'ausculter. Ma mère est médecin en dehors du manoir afin de ramener de l'argent. D'autres travaillent aussi mais pas tout le monde. En temps normal, je ne travaille pas car je fais partie de l'équipe de chasse.
Elle vérifie mes pupilles avec une petite lumière puis mon rythme cardiaque et ma pression sanguine. Elle fronce les sourcils.
« Tu vas rester allongée aujourd'hui. Je vais te faire une prise de sang et je vais aller à l'hôpital pour l'analyser. Je ne peux pas faire de diagnostic avec ce que j'ai. Mais essaie de ne pas t'inquiéter. »
Je hoche la tête doucement. Elle embrasse mon front.
« Repose-toi. On t'apportera à manger et des compresses froides pour ton front. Je te cherche des médicaments à l'hôpital. Je ne veux pas te donner un mauvais médicament. D'accord ? »
Je hoche encore la tête, incapable de faire plus. Je n'ai jamais été du genre à me morfondre ou à jouer la grosse malade mais je suis incapable de bouger. Shauna reste avec moi pendant la prise de sang puis pendant toute l'après-midi. Marlène et Myra viennent à leur tour pour me tenir compagnie mais je finis par m'endormir.
Je me réveille dans ma chambre seule. Je ne m'attendais pas à ce qu'elles restent non plus. Le mal de tête s'est un peu atténué. Je décide de me lever pour aller prendre l'air sur la terrasse. Je suis heureuse car depuis notre chambre, on peut voir la clairière où les chasseurs doivent passer pour rentrer. D'ailleurs, je ne suis dehors que depuis dix minutes quand j'entends les hurlements approcher. Je me dépêche de rentrer pour retrouver Tobias dans le hall mais ma tête se remet à tourner avant que je ne passe pas la porte. Je fais le choix de rester allongée, il me trouvera assez facilement.
J'avais raison car il apparaît deux minutes après que je me sois couchée. Il s'approche tout doucement mais l'odeur du sang, de la terre et de la transpiration; trois odeurs qui ne me dérange pas en général, me retournent l'estomac et je cours vers la salle de bain. Je vomis tout mes repas dans les toilettes. Tobias prend immédiatement une douche suite à ma réaction et place ses vêtements sales dans un sac plastique bien fermé. Je suis à nouveau dans le lit quand il sort de la douche. Il s'installe à côté de moi en me prenant dans ses bras.
« Ton père m'a expliqué. Comment tu te sens ?
- Ça peut aller. Ça ira mieux demain. Comment c'était la chasse ?
- Ça aurait été mieux avec toi. Robert a raté le sanglier et a failli se faire tuer. Toi, tu l'auras eu. Mais je t'ai ramenée un cerf et Marlène le cuisine pour ce soir.
- Merci.
- Repose-toi. Je reste là. »
Je me blottis contre lui, sa chaleur corporelle me berce jusqu'à ce que le sommeil m'emporte.
Cette fois, c'est la sensation de quelque chose de froid posé sur mon front qui me réveille. Il s'agit de Tobias qui humidifie ma tête pour faire baisser la fièvre. Il me sourit quand il voit que je suis réveillée.
« Ta mère est venue mais elle ne m'a pas donné les résultats, chuchote-il pour ne pas réveiller mon mal de tête.
- Elle avait l'air inquiète ?
- Non, pas tellement. Elle m'a dit de ne pas m'inquiéter et qu'elle viendrait avec ta tante Hana et ta grand-mère. »
Un soupire m'échappe. Elles sont toutes les trois médecins. Si ma mère leur demande leur avis, c'est que le problème n'est pas si bénin.
« Tobias, et si j'avais quelque chose de grave ?
- Je suis sûr que tout va bien. Tu t'inquiètes pour rien. On va te soigner et tu pourras revenir à la chasse dans très peu de temps. »
Je caresse ses cheveux, passant mes doigts dans ses boucles. Nous sommes interrompus par ma famille qui entre. Elles ont l'air contente de me voir réveillée.
« Comment tu vas, ma chérie ? S'inquiète ma mère.
- Ça va, tant que je ne bouge pas trop. »
Ma grand-mère m'observe attentivement, me rendant légèrement mal à l'aise. Cependant, j'essaie de l'ignorer pour me concentrer sur ce que ma mère a à me dire.
« Alors ? Tu sais ce qui ne va pas ?
- On s'est concertées pour trouver le problème. On pense avoir mis le doigt dessus mais on va encore faire une analyse d'urine et une échographie de l'estomac et du foie. »
Elle me donne un pot pour que je puisse uriner dedans. Ma tante le récupère quand je sors de la salle de bain pour l'analyser et ma mère m'installe. Elle place du gel sur mon ventre et vérifie que tout aille bien la dedans.
Ma mère et ma grand-mère observent l'écran quand leur expressions changent en même temps.
« Bij de volle maan », dit ma grand-mère en norvégien, sa langue maternelle.
Je regarde Tobias, inquiète, qui me tient la main.
« Mama, is het mogelijk ? Demande ma mère à ma grand-mère.
- Qu'est-ce qui est possible ? Dites- le moi !
- Ja maar ze moet zichzelf transformeren
- Parlez en français ! S'énerve Tobias. Qu'est-ce qu'elle a ?
- Transforme-toi, Tris. On en parle après. »
Je fais ce qu'elles disent. Immédiatement, je me sens parfaitement bien. Le mal de tête a disparu, mon ventre ne se tort plus et la faim apparaît presque tout de suite. Ils ont tous l'air de remarquer la différence, ma grand-mère me sourit.
« Pourquoi est-ce que je me sens mieux ? Je suis tellement en forme que je pourrais aller chasser.
- C'est ta grand-mère qui a trouvé. Elle a déjà vu ça quand elle était jeune.
- Je dois rester transformée combien de temps ?
- Un mois environ.
- Un mois ?
- Qu'est-ce qu'elle a, Natalie ?
- Elle est enceinte. »
Je tombe sur les fesses quand ma mère me l'annonce. Enceinte ? C'est pas possible. J'ai déjà vu des lycanthropes enceintes et elles ont toujours été humaines.
« Pourquoi devais-je me transformer ? Ça n'a pas de sens.
- Ta gestation est assez... rare, on va dire...
- Gestation ?
- Tu n'as pas de bébé dans le ventre, tu as deux louveteaux.
- Excuse-moi ? Des louveteaux ? »
Je commence à paniquer mais Tobias me caresse la tête, ce qui me détend immédiatement. Pourtant, il a l'air tout aussi paniqué que moi.
« Comment est-ce possible ? Demande-t-il.
- C'est dû à votre accouplement. C'est arrivé un soir de pleine lune, en plus pendant la pleine lune de juin, l'une des plus longues et les plus puissantes. Si la fécondation a eu lieu à minuit et si vous étiez sous forme de loups, vous avez créé des petits loups.
- Mais... mais... ils seront loups à vie ?
- Non. Ils grandiront loups mais autour de 6 mois, ils commenceront à se transformer. Il faut savoir qu'ils grandiront plus vite que la normale mais ils seront en très bonne santé.
- Donc je dois rester comme ça jusqu'à l'accouchement ?
- Oui. Sinon tu seras à nouveau malade. Ton corps humain n'est pas fait pour abriter des loups et vous pourriez mourir tout les trois. Je te rassure, tu auras le temps de gestation d'un loup soit environ 60 jours. »
Je hoche la tête puis regarde Tobias. Il s'est transformé à son tour.
« Je ne vais pas te laisser seule comme ça. »
Je me blottis contre lui. Ma mère et ma grand-mère nous laissent seuls pour digérer la nouvelle.
« Des louveteaux... tu te rends compte ?
- J'ai oublié de leur demander à combien j'en suis.
- Si c'est arrivé la première fois, ça doit faire trois semaines.
- Ça va être long à partir de maintenant. Je n'ai jamais été un loup aussi longtemps.
- Je serai avec toi. En attendant, on va aller manger quelque chose. Tu dois manger pour trois !
-Cette situation est quand même impossible. »
Nous descendons les escaliers vers la salle à manger où presque tout le monde est entrain de manger. Je suis bombardée par des questions. Nous leur expliquons alors la situation du mieux que nous le pouvons avec l'aide de ma mère et de ma grand-mère.
Mon père ayant toujours été le premier à trinquer, lève son verre pour nous alors que Christina, Lynn et Myra trouvent ça hilarant comme situation.
Mon partenaire me défend immédiatement puis me regarde pour s'assurer qu'elles ne m'ont pas blessée, il me regarde comme si j'étais tout pour lui. Et c'est le cas.
Mais lui n'est pas tout. Il y a maintenant ces deux petites vies qui lui font de la concurrence. Et pourtant, mon cœur est assez grand pour pouvoir les garder tout les trois à l'intérieur.
J'espère que ça vous a plu. Rendez-vous au prochain OS !
