Inhibition latente. Jamais elle ne saura ce que c'est d'en souffrir. Elle le voit réfléchir, se retranchant dans ses pensées. Imperturbable. Ressentir les constructions, les connexions. Son cerveau bouillonne de calculs et d'équations irrésolubles. Chaque problème trouve sa solution. Un homme concentré de logique. Il voit la lampe, mais aussi l'ampoule et tout ce qui la compose. Il me voit moi ; peut être imagine-t-il mes os, mes muscles, mais se rend-il seulement compte de mes jambes qui tremblent et de mon cœur qui s'emballe à sa vue ?

Ma respiration s'accélère quand je rencontre ses yeux semblables à un océan dans lequel je meurs d'envie de me plonger. Il me prend dans ses bras, au moment ou je pensais m'effondrer. Je sens ses bras autour de moi, son souffle chaud contre mon cou et ses mains qui se promènent de mes cheveux à mes hanches, me laissant frissonnante. Soudainement, il se recule légèrement pour pouvoir me regarder dans les yeux, nous nous fixons un moment. Puis, il dépose doucement ses lèvres sur les miennes, timide, comme s'il attendait mon accord pour aller plus loin. Instinctivement, je pose mes mains autour de son cou et nous nous perdons dans un baiser qui devient de plus en plus passionné. Je m'arrache à contrecoeur de son étreinte, pour reprendre ma respiration. Essoufflés par un tourbillon de sensations : désir, amour, manque, frustration.

Car nous ne sommes pas seuls. Par sa présence j'ai oublié que mon père était derrière moi, me regardant à présent avec rage. J'ai oublié Sucré, qui pointe un revolver sur le gouverneur. Ainsi que T-Bag, qui nous fixe, Michael et moi, de son regard de pervers. S'attend-t-il à ce que nous nous reproduisions sur ce quai de gare bondé ? Il me dégoûte. Les autres fugitifs nous regardent avec anxiété, souhaitant probablement que nous en finissions au plus vite pour pouvoir reprendre la cavale.

Mon regard se pose sur Michael qui me reprend dans ses bras. A son toucher, une vague de soulagement m'envahit. « Il n'y a qu'ici que je suis en sécurité », je réalise soudainement. Je me blottis contre ce torse imposant et rassurant, ressentant ses bras puissants qui m'entourent comme une protection contre n'importe quel danger. Tout à coup, il met sa main dans la poche arrière droite de mon jean. « Oh mon dieu », est ma seule pensée cohérente alors que mon corps commence à réagir à ce contact. Il la retire aussi rapidement qu'il l'y a mise et il m'embrasse doucement. « C'est le dernier », je pense. Je m'accroche à lui désépérement, insensible aux grognements de mon père qui n'arrive plus à se contenir et au regard rêveur de T-Bag. « Je t'aime », souffle Michael dans mon cou. Puis, il me lâche, disparaissant dans la foule avec son équipe.

Mon père me prend par le bras et m'entraîne dans le train. Le signal sonore retentit, et il démarre. Je sors alors de ma poche le papier de Michael. Un origami.

…../. , ……../., ../. , …./… , ……/. , …/…