Bonjour ! ^^

Me revoilà avec une nouvelle fic ! J'espère que vous l'apprécierez. C'est TakeASmile qui m'a inspirée pour le personnage de Bellatrix. Je la remercie. Je remercie également Euphie31 et Clair-2-lune pour être restées avec moi tout le long de la rédaction de cette histoire. ^^

Maintenant, sans plus tarder, je vous souhaite une bonne lecture. :)

(Les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowling)

***Cette histoire se passe quelque temps pendant le cinquième roman. Je ne précise pas dans ma fic et il se peut que certains événements ne concordent pas tout à fait avec le récit original. Mais j'ai fait de mon mieux. :)


Premier chapitre ― Béatrice Létrange

Une douleur lancinante dans sa jambe le fit reprendre peu à peu connaissance. Son dos touchait un sol dur couvert de brindilles et il humait à plein nez la fraîcheur de la terre, des forêts et de l'eau salée. Remus Lupin n'avait pas eu besoin d'ouvrir les yeux pour savoir où il se trouvait.

Il y avait eu longtemps qu'il n'avait pas transplané sur cette île au milieu de l'océan, un soir de pleine lune. Depuis que Severus lui préparait tous les mois la potion du tue-loup, il avait pu rester tranquillement chez lui, sans se soucier de n'attaquer personne.

Seulement, cette fois-ci, il s'était aperçu que Severus avait oublié de lui envoyer son remède mensuel, alors Remus avait dû lui rendre visite d'urgence à L'impasse du Tisseur. Il n'avait pas prévu, cependant, qu'il tomberait sur une horde de Mangemorts au détour d'une ruelle sombre... ni qu'il se serait fait poursuivre par l'un d'entre eux... ni qu'il se serait résigné à transplaner d'emblée sur cette île dès les premiers symptômes du loup qui l'avaient assailli à la lueur de la lune...

Pour le reste, il ne se souvenait plus de rien, encore moins pourquoi il se retrouvait ce matin, avec une jambe terriblement douloureuse.

Remus grimaça et porta sa main sur sa nuque. Comme toutes les fois, la transformation le tenaillait d'un mal de crâne et des engourdissements dans tout le corps. Avec sa jambe blessée en prime, il n'aurait pas pu rêver mieux, pensa-t-il avec ironie. Il se demandait ce que la bête avait fait de lui sur cette île afin de se retrouver ainsi dans un tel état.

Soudain, il sentit le bout d'une baguette lui donner de petits coups secs dans les côtes. Remus ouvrit les yeux. Durant quelques secondes, il ne vit que du brouillard mêlé aux forts rayons du soleil, puis un visage pâle devint de moins en moins flou au-dessus de lui. Un visage de femme, encadré d'épais cheveux bruns, avec de grands yeux lourdement maquillés...

— Aaargh ! hurla Remus en se redressant subitement avant de crier de nouveau en se tenant la jambe.

― Tout doux, bonhomme, je ne vais pas te manger, dit Bellatrix d'un ton sarcastique. Bien dormi ?

Remus remarqua qu'on avait enroulé sa jambe dans un tissu noir. Il regarda Bellatrix. Celle-ci, à genoux sur le sol, tout près de lui, l'observait d'un air intrigué, comme s'il s'agissait d'un étrange animal. Elle le pointait toujours de sa baguette et Remus attendait, le cœur battant. Il se préparait mentalement à subir à tout moment le sortilège Doloris.

Enfin, elle pencha la tête de côté et lui demanda d'une voix sèche :

― Comment tu t'appelles ?

Étonné, Remus fronça les sourcils.

― Je vous demande pardon ?

Bellatrix ne répéta pas. L'air méfiant, elle garda le silence encore un moment, sembla réfléchir, puis le questionna à nouveau :

― Tu sais où nous sommes ?

― Sur une île, répondit Remus.

Bellatrix hocha la tête.

― Une île..., répéta-t-elle.

Nouveau silence. La jambe de Remus l'élançait toujours et il faisait des efforts pour ne pas gémir de douleur.

― Et... qu'est-ce qu'on fait sur cette île ? s'enquit Bellatrix avec lenteur.

― Je me suis réfugié ici, répondit Remus, les mâchoires crispées. Quant à vous, je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle vous vous trouvez là. Vous êtes seule ?

― C'est moi qui pose les questions ! répliqua-t-elle d'un ton abrupt, serrant ses doigts sur sa baguette. Toi ? Tu es seul ?

Remus balaya du regard les arbres autour de lui. À part le flux et reflux de la mer contre les rochers de la rive, il ne percevait aucun bruit qui pouvait trahir la présence de quelqu'un d'autre que Bellatrix sur cette île.

― Alors ? insista-t-elle. Tu es seul ?

― Je... je ne sais pas...

― Dans ce cas, nous sommes bel et bien seuls, soupira-t-elle en abaissant un peu sa baguette. J'ai fait le tour de l'île et je n'ai trouvé personne. Ce n'est pas bien grand. Et pas de bateaux en vue. Il n'y a que de l'eau qui s'étend à l'infini. Je me demande comment on a fait pour arriver ici.

― Vous... vous ne savez pas ?

― Et toi ? Tu le sais ?

Remus la regarda d'un air soupçonneux. Bellatrix n'agissait pas normalement. D'habitude, elle ne perdait pas autant de temps avant de lancer ses sortilèges cruels, d'autant plus qu'elle questionnait les gens en les torturant, pas en causant tranquillement. Elle était trop gentille. C'était louche. S'adonnait-elle à un nouveau jeu ?

― Écoute, monsieur, reprit Bellatrix en prenant des airs autoritaires, je te pose des questions et tu réponds !

― Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, avoua Remus. J'ai transplané ici hier soir et je me retrouve comme ça ce matin, avec une jambe cassée, et avec vous en train de me menacer.

― Tu ne te rappelles plus ! s'exclama Bellatrix, le visage manifestant soudain un grand intérêt. Tu ne sais pas ce qui s'est passé à ta jambe ?

― Non, répondit Remus. Et vous, je suppose que vous le savez ?

― Non, répondit de même Bellatrix. Tu avais déjà la jambe cassée quand je t'ai trouvé. Je t'ai fabriqué un pansement avec un morceau de ma robe et...

― Vous avez quoi ? interrompit Remus qui n'en crut pas ses oreilles. Vous avez fabriqué un pansement pour moi avec vos robes ?

― Oui, quoi... il ne fallait pas ? Tu perdais beaucoup de sang, tu sais...

Tous deux s'observèrent avec perplexité. Enfin, Remus plaisanta avec un rire nerveux :

― Bon, d'accord. Où est Bellatrix Lestrange ? Qu'avez-vous fait d'elle ?

― Qui ça ?

― Bellatrix Lestrange !

― Je ne sais pas qui c'est ! s'impatienta-t-elle.

Remus eut une exclamation d'incrédulité et Bellatrix, contrariée, lui assena un coup de baguette sur la jambe.

Aaaargh ! cria Remus.

Ne te moque pas de moi ! hurla-t-elle d'une voix suraiguë.

Remus retint son souffle un instant, les larmes aux yeux, le temps que la douleur redescende.

― Ça fait mal, n'est-ce pas ? dit alors Bellatrix, une étincelle sadique dans les yeux.

Remus la fusilla du regard. Puis il s'aperçut qu'elle avait baissé sa garde. Entre ses doigts, sa baguette reposait maintenant sur ses cuisses. Alors Remus n'hésita pas. Aussitôt, il s'élança sur Bellatrix, qui poussa un cri de surprise, et lui arracha la baguette d'un geste habile.

― Non, mais ça ne va pas ? s'écria Bellatrix en se remettant debout, indignée, en regardant Remus gémir à nouveau sous la douleur de sa jambe. Ce n'est qu'un bout de branche, à la fin ! On ne va quand même pas en faire un drame !

En effet, ce n'était pas une baguette magique, mais bien un vieux morceau de branche sèche. Remus leva alors des yeux profondément déconcertés vers Bellatrix.

― Qu'est-ce que vous faisiez avec un bout de branche ? demanda-t-il, très calmement.

― Quoi, c'est interdit par la loi de ramasser des bouts de branche, tout à coup ? s'énerva Bellatrix en tournant en rond entre deux arbres.

Remus se mit alors à chercher sa propre baguette dans ses poches. Mais il ne la trouva pas.

― Vous... vous savez où est ma baguette ? demanda-t-il à Bellatrix.

― Non ! répondit-elle, toujours furieuse. Et je ne sais même pas de quoi tu parles ! Une baguette de quoi ?

Remus observa à nouveau Bellatrix faire les cent pas devant lui, puis éclata de rire.

― Non, c'est incroyable ! s'exclama-t-il. Ce n'est pas vrai !

Bellatrix s'immobilisa.

― Quoi ? Qu'est-ce qui est incroyable ?

― Vous avez perdu la mémoire !

Il y eut un silence. Bellatrix parut soudain gênée et essaya sans succès de faire comme si de rien n'était malgré le rouge qui lui colorait les joues. Elle croisa les bras sur sa poitrine. Elle se composa maladroitement une attitude hautaine puis marmonna :

― Mais non... Je n'ai pas perdu la mémoire... c'est ridicule...

― Dites-moi votre nom, alors, la défia Remus qui n'éprouvait plus une once de peur pour elle, à présent.

― Mon nom ?

Bellatrix sembla réfléchir à toute vitesse. Enfin, un sourire triomphant se dessina sur ses lèvres.

― C'est Beatrice Létrange !

Remus s'étouffa d'un rire amusé. Bellatrix décroisa les bras.

― Ben quoi, ce n'est pas ça, mon nom ?

― Non, ce n'est pas ça, votre nom, répondit Remus avec un sourire en coin.

Bellatrix le fixa longuement, l'air agacé.

― Bon d'accord ! avoua-t-elle après un moment. J'ai perdu la mémoire ! Voilà ! Tu es content ? Maintenant, vas-y, dis-moi mon nom. Peut-être que ça va m'aider à la retrouver, justement !

Le sourire de Remus s'effaça. Elle n'avait pas tort. Peut-être était-elle inoffensive en ce moment, mais elle pouvait toujours retrouver la mémoire à tout instant. Il devait donc faire attention. Au moins, songea-t-il, elle n'avait pas de baguette.

― Ah tiens, je viens de trouver quelque chose, dit tout à coup Bellatrix en se penchant pour ramasser un objet sur le sol.

Remus sentit son estomac se contracter. Elle avait déjà retrouvé sa baguette. Pire encore : elle semblait la reconnaître...

― C'est une baguette magique, murmura-t-elle en l'examinant de près. Ah oui... je me rappelle... Bois de noyer et ventricule de dragon... Trente et un centimètres huit...

Elle se tourna vers Remus qui recula précipitamment en traînant sa jambe blessée.

― Je suis une sorcière ! déclara-t-elle, le regard illuminé. Et c'est ma baguette, je le sais !

Décidément, Remus n'avait pas de chance. Acculé contre le tronc rigoureux d'un arbre, il regarda avec horreur Bellatrix lever sa baguette vers lui. Elle fut sur le point de lancer un sort, ouvrit la bouche et...

Elle poussa un juron.

― Je ne me rappelle aucun sortilège, grommela-t-elle en frappant sa baguette dans le creux de sa paume gauche.

Remus éprouva alors un profond soulagement. Il était moins une...

― Toi alors, lança Bellatrix, tu te rappelles un sort ?

― Moi ? dit Remus. Enfin, moi, je n'ai pas perdu la mémoire...

― Dans ce cas, apprends-m'en un ! ordonna-t-elle en s'approchant de lui pour lui tendre sa baguette, au plus grand bonheur de Remus.

Il pourrait alors la ligoter, guérir sa jambe en deux temps, trois mouvements et se relever afin de transplaner jusque chez lui.

― Tout de suite, madame, répondit-il avec amabilité en allongeant la main pour s'emparer de la baguette.

Mais Bellatrix se ravisa soudain.

― Attends, dit-elle. Avant, dis-moi comment je m'appelle.

― Heu..., hésita Remus. Oui... pas de problème... Vous vous appelez... heu... Rose. Rose Dallas.

Bellatrix sourit.

― C'est joli, commenta-t-elle. Rose Dallas...

Puis elle le darda d'un regard furieux.

― Maintenant, je veux entendre mon vrai nom ! Je ne suis pas dupe ! Je sais que je m'appelle Béatrice Létrange... non, Lestrange, oui, c'est ça. Tu n'as pas dit ce nom-là pour rien, tout à l'heure. Répète-le, je veux le réentendre !

― Sinon ? risqua Remus avec appréhension.

Bellatrix jeta des regards autour d'elle puis sourit à nouveau de son air sadique.

― Sinon, je te fracasse le crâne avec cette grosse roche, là-bas, dit-elle en montrant du doigt une pierre de la taille d'un pamplemousse au pied d'un arbuste. Et, avec ta jambe cassée, on s'entend que tu ne pourras pas fuir bien loin...

― C'est ça, et vous allez vous retrouver toute seule sans mémoire sur cette île déserte ?

― Mais je ne t'ai jamais dit que j'allais te tuer, dit doucement Bellatrix dont les yeux scintillèrent d'une drôle de manière sous les mèches de son épaisse chevelure. Tu es mon allié, oui ou non ? Allez, dis-moi mon nom !

― D'accord, dit Remus, résigné. C'est Bellatrix Lestrange.

― Bellatrix Lestrange ! s'exclama-t-elle, extasiée. Oui, c'est ça ! C'est Bellatrix ! Je me rappelle ! C'est mon nom ! Oui ! C'est... c'est... Ça alors, ça ne me dit rien du tout !

Déçue, elle donna un coup de pied dans les brindilles jonchant le sol et alla marcher un peu plus loin. Remus soupira de satisfaction.

― Je peux, maintenant ? demanda-t-il.

― Quoi ça ?

Il désigna sa baguette du doigt.

― Ah oui, se rappela Bellatrix en revenant auprès de lui. Tiens.

Elle la lui tendit enfin et Remus s'en saisit aussitôt, avant qu'elle ne se ravise une seconde fois.

― Apprends-moi un sort simple pour commencer, dit Bellatrix en s'agenouillant près de lui, étendant sa robe déchirée autour d'elle. Un sortilège de petite torture, quelque chose du genre...

Remus haussa les sourcils, mais ne fit aucun commentaire. Tenant la baguette fermement entre ses doigts, il la dirigea sur Bellatrix.

― Hé, mais ne pointe pas ça sur moi, idiot ! s'offusqua Bellatrix en lui repoussant la main avec brusquerie. Vise plutôt l'oiseau, là-bas, et fais-lui disparaître les plumes !

― Oui, désolé, dit Remus en songeant qu'il pourrait toujours commencer par envoyer un Patronus à Dumbledore pour l'informer de sa situation.

Se raclant la gorge, il leva sa baguette dans le vide entre lui et Bellatrix dont le regard brillait d'avidité, puis prononça la formule :

― Spero Patronum !

Mais à sa grande surprise, il n'arriva pas moins à produire qu'un peu de fumée argentée, sans réelle consistance.

― Wouaoh, murmura Bellatrix, néanmoins fascinée. À mon tour, maintenant. Donne-moi ça !

Sans que Remus puisse l'en empêcher, Bellatrix avait déjà arraché la baguette de ses mains et reproduisit les mêmes gestes que lui.

― Spero Patronum !

Mais son résultat en fut encore moins que Remus : la baguette ne produisit rien du tout.

― Pourquoi ça ne marche pas ? interrogea sèchement Bellatrix.

Remus haussa les épaules.

― Sans doute parce que vous n'avez pas pensé à un souvenir suffisamment heureux ?

― Un souvenir ? répéta Bellatrix.

― Oui, un souvenir heureux, précisa Remus. Pour que ce sort fonctionne, il faut penser à un souvenir heu...

― Tu te fiches de ma gueule, c'est ça ? interrompit Bellatrix, en colère. Je n'ai plus aucun souvenir ! Sombre imbécile ! ajouta-t-elle en le frappant derrière la nuque.

Et elle se leva d'un pas furieux, retournant se promener autour des arbres. Remus marmonna quelques mots indistincts en se frottant la tête. Il se demanda pourquoi le sort n'avait pas fonctionné. Sans doute que cette baguette ne voulait pas se plier à lui. Il avait déjà entendu parler d'étranges comportements de baguettes. Probablement qu'il devait conquérir celle de Bellatrix pour qu'elle daigne à lui obéir. Si seulement il avait encore la sienne...

― Vous connaissez le sortilège d'attraction ? demanda alors Remus à l'adresse de Bellatrix qui caressait sa baguette, le front plissé dans un effort de mémoire.

Elle tourna ses grands yeux vers lui.

― Le sortilège d'attraction ? répéta-t-elle, songeuse. Oui, ça me dit quelque chose...

Encore une fois, l'estomac de Remus se serra. Décidément, sa mémoire lui revenait à une vitesse alarmante.

― Et vous... vous rappelez la formule ? interrogea-t-il.

― Non. C'est quoi ?

― Accio. Il faut dire « Accio ». Vous pouvez vous entraîner un peu sur cette roche.

Il pointa du doigt la pierre avec laquelle Bellatrix l'avait menacé. Bellatrix s'avança alors vers la roche, la visa de sa baguette et prononça la formule. Mais encore une fois, rien ne se produisit.

― Il faut plutôt dire : « Accio roche », s'empressa de préciser Remus sous le regard menaçant de Bellatrix.

― Accio roche ! se reprit-elle alors.

Brusquement, la pierre s'éleva dans les airs et fonça droit sur Bellatrix qui s'étrangla d'un grand hurlement. Elle se jeta sur le côté juste à temps et manqua de justesse de recevoir en pleine face la roche qui alla percuter l'arbre derrière elle avec un bruit sourd, faisant revoler l'écorce.

― Est-ce que ça va ? s'inquiéta Remus avant de se rappeler que c'était Bellatrix Lestrange et qu'au fond, il n'en avait rien à faire qu'elle se fasse mal ou non.

Celle-ci se releva en titubant, couverte de morceaux de feuilles mortes et de brindilles et recracha une mèche de cheveux qui était entrée dans sa bouche. Le regard lançant de dangereux éclairs, elle se retourna, alla ramasser la pierre d'un pas furieux et revint vers Remus qui leva les mains devant son visage au moment où elle s'apprêta à l'assommer.

― Non, Bellatrix ! s'affola Remus. S'il vous plaît ! Ne me frappez pas !

― Tu as fait exprès de me ridiculiser ! cria-t-elle.

― Non ! Pas du tout ! Vous étiez censée l'attraper ! C'est un sort d'attraction, à la fin ! Vous espériez quoi ?

Au grand soulagement de Remus, Bellatrix rabaissa la pierre. Elle la regarda ensuite dans ses mains maculées de terre, la tête haute, passant sa langue sur ses lèvres, comme si elle hésitait. Enfin, elle leva la roche au-dessus de la jambe cassée de Remus et la laissa tomber avant que ce dernier ne puisse amorcer le moindre mouvement pour l'en empêcher.

― AAAAARGH ! hurla-t-il en s'agrippant à son pansement. MAIS VOUS ÊTES FOLLE, NOM DE DIEU ! ÇA FAIT MAL !

La douleur était atroce. Il avait l'impression que des millions de clous venaient de transpercer sa chair ensanglantée. Les larmes lui montaient aux yeux.

― Tout ce que je voulais était de vous apprendre ce sortilège afin de m'aider à retrouver ma baguette ! haleta-t-il, les dents serrées.

― Pourquoi ? susurra Bellatrix à son oreille, avec une nuance de sarcasme dans le ton de sa voix.

Remus tourna la tête et s'aperçut que Bellatrix s'était à nouveau agenouillée près de lui, le visage à quelques centimètres du sien. Son regard brillait de démence et ses lèvres étaient entrouvertes, comme si elle se délectait de le voir souffrir et qu'elle cherchait d'une certaine manière d'y goûter.

― Parce que je veux m'en aller d'ici, répondit Remus dans un murmure, en soutenant son regard avec appréhension.

Bellatrix sourit, puis émit quelques rires amusés et moqueurs.

― Eh bien, il fallait le dire avant... monsieur...

Elle se releva. Remus avait encore de la difficulté à respirer. Il la regarda lever nonchalamment ses grandes manches noires, puis fut stupéfait de l'entendre lui demander :

― Qu'est-ce qu'il faut que je dise pour récupérer ta baguette ?

― Vous... vous voulez m'aider ? balbutia-t-il, étonné.

― Bah oui, quoi ? dit-elle, désinvolte. Comme toi, je n'ai pas envie de passer toute ma vie sur cette île. Si je retourne chez moi, ma mémoire me reviendra sûrement en un éclair...

― Oui, effectivement, dit Remus qui se promit de la stupéfixer dès qu'elle lui redonnerait sa baguette et la renvoyer directement à Azkaban. Moi aussi je suis certain que vous retrouverez la mémoire en un éclair...

― Toujours la même formule ? interrogea-t-elle en levant sa baguette.

― Oui. Il faut dire : « Accio baguette de Remus ».

― Remus ? répéta Bellatrix en haussant un sourcil. C'est qui ça, Remus ? C'est toi ?

― Heu... oui, répondit-il timidement, craignant soudain d'avoir commis une erreur en lui dévoilant son nom.

Bellatrix l'observa avec un air d'incrédulité inquiétante.

― Sans blagues, tu t'appelles vraiment Remus ?

Remus hésita avant d'oser acquiescer d'un pâle hochement de tête, guettant sa réaction, le cœur battant. Il savait que son nom avait déclenché quelque chose dans son cerveau. Ça se sentait. Il espérait qu'il ne venait pas de signer son arrêt de mort.

― Remus, répéta une fois encore Bellatrix.

Ses lèvres s'élargirent alors en un sourire plus narquois que jamais, puis elle s'éclaffa d'un rire rauque.

― Non, mais voyez-vous ça ! Franchement, c'est le nom le plus laid que je n'ai jamais entendu de ma vie ! Remus ! Et puis quoi encore ?

Remus expira profondément, plus soulagé qu'insulté.

― Ne me dis pas que c'est ton prénom en plus, continua-t-elle avec raillerie méchante. Ça l'est ?

― Oui, répondit Remus avec calme.

Et elle pouffa de rire une nouvelle fois. Remus roula les yeux.

― S'il vous plaît, Bellatrix, revenons à ma baguette, je vous prie.

Bellatrix émit encore quelques gloussements amusés, puis répondit :

― Oui, bien sûr.

Elle s'éclaircit la gorge.

― Accio baguette de...

Remus retint son souffle.

― Ah non, sérieusement, s'interrompit Bellatrix, toujours moqueuse, ton nom est vraiment horrible. Ça t'ennuie que je t'appelle Ralf à la place ? Il me semble que Ralf t'irait mieux que Remus.

Non, mais c'est fini, ces conneries ? s'emporta Remus, agacé. Prononcez la formule, qu'on en finisse ! Bon sang !

― Et ho, on se calme ! s'écria Bellatrix qui ne souriait plus du tout, à présent. Sinon je t'assène un nouveau coup de roche.

Avec raideur, elle leva à nouveau sa baguette et lança enfin la formule :

― Accio baguette de Remus.

Celui-ci attendit, à l'affût du moindre sifflement dans le vent. Mais la baguette ne vint pas comme il l'avait escompté.

― Bon, tu vois ? reprit Bellatrix, hautaine. Même ma baguette n'aime pas ton nom.

― Recommencez ! ordonna Remus.

Bellatrix lui jeta un regard oblique, puis prononça une seconde fois la formule.

Toujours rien.

― Bon, donnez-moi ça, je vais le faire, s'impatienta Remus en se redressant un peu plus contre le tronc, le sang pulsant douloureusement dans sa jambe.

Bellatrix eut un rire sceptique.

― Quant à moi, ta baguette n'est pas sur cette île.

Donnez-moi votre baguette, j'ai dit !

― Sur un autre ton, Ralf ! intima Bellatrix d'un ton menaçant.

― DONNEZ-MOI VOTRE BAGUETTE !

― ENDOLORIS !

Remus n'eut même pas le temps de comprendre quoi que ce soit qu'il était déjà sur le dos, hurlant à se déchirer la gorge, en train de se convulser dans d'atroces souffrances au pied de l'arbre. Puis, aussi subitement que la torture l'avait assailli, la violente douleur s'envola, mais sa jambe continua de l'élancer comme si un rhinocéros l'avait piétinée. Il resta là, pantelant sur le sol, puis, Bellatrix se laissa tomber à ses pieds, rampa sur son corps tel un redoutable serpent sur sa proie, et approcha son visage pâle très près du sien. Remus sentait son souffle se mêler au sien et, à travers ses larmes, il aperçut ses yeux foncés, emplis de démence, l'observer avec grand intérêt et fascination malsaine.

― Je me suis soudain souvenu de ce sort, murmura-t-elle avec fierté, proche de ses lèvres. Le sortilège Doloris... Je m'en servais souvent, dis-moi ? J'ai comme un sentiment de familiarisation avec ce sortilège...

Remus tremblait de tout son corps. Terrifié, il n'osait plus dire un mot.

― En tout cas, c'est intéressant ce que ça fait..., commenta Bellatrix dont les dents se découvrirent en un horrible sourire sadique.

Sa poitrine étouffait Remus qui peinait à retrouver son souffle tandis qu'elle le regardait haleter de douleur sous elle, attentive à la moindre de ses réactions. Avec sa jambe qui continuait de le torturer, il était au supplice. C'était insoutenable.

Enfin, après ce qui lui sembla une éternité, elle se redressa pour se remettre debout. Les yeux de Remus se braquèrent alors sur la baguette qu'elle avait gardée entre ses doigts. Ce fut donc instantané : au prix d'un effort colossal, il abattit aussitôt sa main et lui arracha la baguette qu'il pointa ensuite sur sa propriétaire en s'écriant :

Petrificus Totalus !

Bellatrix poussa un cri, mais, au grand découragement de Remus, rien ne se passa une fois encore. Il ne réussit qu'à produire quelques germes d'étincelles.

Alors Bellatrix réafficha son sourire railleur et dit de son ton supérieur le plus insupportable :

― Bon, si tu as fini de jouer avec ma baguette, Ralf, je vais la reprendre, merci. Je vais aller faire le tour de l'île pour voir si je ne trouverai pas de l'eau potable. J'ai soif.

Et d'un geste brusque, elle reprit sa baguette. Remus, pantois, comme vidé de toute substance, la regarda s'éloigner entre les arbres, son épaisse chevelure brune disparaissant au loin.


Merci beaucoup d'avoir lu. ^^

À présent, il me tarde de savoir ce que vous en avez pensé. Je suis toute nerveuse, là ! :P

La suite paraîtra très bientôt. :)