Bonjour à tous ! Je vous présente ma fanfiction qui raconte les aventures de Sélène Cross.
Crédits : tous les personnages de DGray-Man appartiennent à Katsura Hoshino. Seule Sélène Cross m'appartient.
Voici un résumé un peu plus développé : « Je suis Sélène Cross, une lycéenne comme les autres. Ma vie a basculé du jour au lendemain, tout ça à cause d'une rumeur étrange. Des ragots à propos d'une porte colorée, capable de vous transporter dans une autre dimension. On m'avait prévenu qu'il ne fallait surtout pas l'ouvrir, mais la tentation fut trop forte. Et me voilà plongée dans l'univers de DGray-Man. Un rêve pensez-vous ? Ben voyons ! Cataloguée d'entrée comme étant la sœur de Marian Cross (ce qui est n'importe quoi !), en raison de mon nom et de ma tignasse rousse, cela arrange bien ce dernier qui en profite pour m'envoyer ses factures. Mes tentatives d'approche avec Allen se soldent par des échecs cuisants (il ne comprend vraiment rien !). Pour rajouter à tout ça, je me retrouve dotée d'une Innocence complètement pourrie ! Et encore ! Je serais bien contente si mes mésaventures ne s'arrêtaient qu'à ça… »
J'espère que cette fanfiction vous plaira.
POV : Sélène Cross
Dix-huit heures. Je traîne des pieds dans la rue, après une éprouvante journée au lycée. Deux heures de maths suivie de deux heures de philosophie le matin, et une après-midi de sport ! Non mais on se demande vraiment si ceux de l'administration ne picolent pas quand ils élaborent les emplois du temps !
Je soupire un grand coup, passant nerveusement une main dans ma tignasse rousse retombant jusqu'à ma taille. Devançant une vitrine, j'accroche du regard mon reflet, qui me renvoi une image pas forcément reluisante. J'ai l'air complètement crevé ! Des cernes se forment sous mes yeux noisette et ma peau semble encore plus pâle que d'ordinaire. Mes 1m63 semblent se tasser sous mes épaules voûtées par la fatigue. Disons qu'en ce moment je ne dors pas très bien. Avec les examens, les problèmes en tout genre que peut rencontrer une jeune fille de 17 ans, je ne suis pas au mieux de ma forme.
Et ben ! C'est pas avec ça que je vais trouver le Prince Charmant ! D'ailleurs, pourquoi ce serait à moi d'aller le chercher ? Il ne pourrait pas se bouger un peu, cet espèce de fainéant ? J'attend, moi ! Un jour, mon Prince viendra… ouais, ou pas.
Mes pieds s'arrêtent aussitôt devant la vitrine d'une boutique de bandes dessinées et mangas. J'aperçois la couverture d'un des tomes de DGray Man. Allen est vraiment trop beau ! J'en suis sûre, c'est l'homme de ma vie ! Sauf qu'il y a un petit, minuscule, microscopique problème à notre grande histoire : Allen n'existe pas.
Je coupe donc court à mes élans « fleurs bleues », et poursuit mon chemin. En fait, il y a quelque chose qui me perturbe. Ce n'est sans doute pas grand-chose, mais cela titille chaque jour un peu plus ma curiosité. Depuis quelques temps, j'entends parler, dans les couloirs du lycée, d'une porte colorée qui apparaîtrait à divers endroits, le soir à minuit pile. Une porte capable de vous transporter dans un autre monde. C'est certainement n'importe quoi, mais cela m'intrigue malgré moi. D'habitude, je ne prête pas attention à ce genre de ragots, cependant, cette fois-ci je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
Je me demande quel illuminé a lancé ces rumeurs ! Il faut vraiment avoir que ça à foutre pour inventer des histoires pareilles ! (dixit la fille qui s'y intéresse malgré elle).
Une fois chez moi, et une fois les corvées finies, je peux enfin souffler. Je vis seule dans un petit studio. Mes parents voyagent beaucoup pour le boulot, et comme je n'avais pas envie de changer tout le temps de lycée, d'un commun accord, le droit d'émancipation m'a été accordé.
Je m'approche de la fenêtre, un pot de crème glacée dans les mains (c'est pas bon pour la ligne, je sais). Le jour décline. Je repense encore à ces murmures entendus dans les couloirs. Une fois, j'ai essayé d'en parler avec des camarades. On m'a dit qu'il ne fallait surtout pas ouvrir la porte, que cela pouvait être très dangereux. Je ne vois pas vraiment en quoi, puisque cela n'existe pas ! (ah oui ? Vraiment ?)
Et puis, franchement, une porte qui apparait comme ça, au beau milieu de nulle part… C'est impossible ! Comment elle ferait pour tenir toute seule, en plus ? Ca me sidère, c'est vraiment n'importe quoi ! Et pourtant. .. ça fait un peu rêver quand même. Etre transportée ailleurs, dans un monde d'aventures, loin du train-train quotidien. On en rêve tous, non ?
C'est avec mélancolie que je tire les rideaux, avant de me mettre en pyjama. Aujourd'hui, je me couche tôt ! Je ne peux pas rester avec des cernes sous les yeux et des épaules voutées, quand même !
Une fois prête, je jette un dernier coup d'œil à la fenêtre. C'est la pleine lune, une phase que j'ai toujours aimé. La nuit est tellement belle, même si elle peut parfois être terrifiante. Alors que je commence à me décoller de cette vision et par la même occasion de mes pensées « poétiques » (c'est de l'humour, bien sûr), j'aperçois quelque chose, surgissant dans l'obscurité. Une forme noire se rapprochant de plus en plus. Je sens les battements de mon cœur s'accélérer, tandis que l'ombre se dessine de plus en plus distinctement.
Serait-ce… Et non, il s'agit d'un gros chien poursuivant je ne sais quoi en aboyant.
Je jette un œil à mon réveil. Vingt et une heures. Allez hop ! J'en ai assez de ces histoires ridicules ! Dodo !
Je me trouve dans un couloir colorée, dont les murs décorés de tableaux multicolores s'étrécissent au fur et à mesure que j'avance. Je me sens étouffée par cette ambiance gênante. Je ne suis pas à mon aise dans ce décor farfelu. Des bougies flottent un peu partout, ce qui me rappelle vaguement quelque chose.
Alors que j'arrive au bout du couloir, passant à peine entre les deux murs resserrés, je débouche dans une grande salle bondée de monde, scintillant de mille feux avec ses colonnes aux moulures en or et son sol constitué de miroirs. Même le plafond, à lui seul, vaut une fortune qu'on ne pourrait acquérir avec le salaire de toute une vie. Deux personnes costumées me font face, et je mets un certain temps à les identifier.
_ Papa ? Maman ? Mais qu'est-ce que vous foutez déguisés en égyptiens ?
Ma mère me sourit, rajustant son diadème de Cléopâtre.
_ Mais voyons, ma chérie, nous sommes apprêtés pour le bal masqué. D'ailleurs, où es ton costume ?
_ Hein ? Le b… bal masqué ? Mais c'est quoi ces conneries ? Vous ne croyez pas que vous avez passé l'âge de ce genre d'idioties ? Ca suffit maintenant, on rentre !
_ Hors de question ! Rétorque mon père. La fête ne fait que commencer ! Nous resterons jusqu'à l'aube. Après tout, c'est une invitation du Comte.
_ Du « Comte » ? Quel Comte ?
Soudain, la pièce se met à tanguer. Le sol fait de miroirs pivote lentement jusqu'à se positionner verticalement, prenant la place des murs qui s'effondrent dans le néant. Les invités tombent les uns après les autres, tandis que je lutte pour garder mon équilibre. Mais, je commence également à glisser le long des miroirs, qui ne reflètent même pas mon image.
Je finis par me retrouver seule, sur un sol aussi noir que l'ébène, dans une pièce semblant infinie. Le plafond est éclairé d'une multitude de bougies colorées, qui me rappellent une fois de plus quelque chose. J'ai le plus grand mal à me souvenir de quoi d'ailleurs.
Soudain, une ombre apparaît. Deux grands yeux couleur or s'ouvrent devant moi et j'entends murmurer d'une voix froide : « Qui es-tu, toi ? ».
Je me réveille en criant. Le souffle haletant, je porte une main froide à mon front brûlant, trempé de sueur. Mon cœur bat à cent à l'heure et je tente de me calmer, reprenant peu à peu mes esprits. Un cauchemar. Un simple mauvais rêve, pas de quoi en faire un drame. Ce que je peux être poule mouillée, parfois !
J'ouvre la fenêtre afin de prendre l'air. Un vent frais vient chatouiller mon visage et je soupire de bien-être. Mes mèches rousses sont collées à mon visage et j'ai sûrement l'air aussi réveillée qu'un panda dans sa jungle. Mes yeux sont tout collés et j'ai une haleine de poney. Tu parles d'un réveil.
Je me lève pour aller boire un verre d'eau. Traînant des pieds jusqu'à la cuisine, j'avance avec la grâce d'un zombi. Une fois désaltérée, je reviens vers mon canapé-lit. Je jette un rapide coup d'œil à mon réveil et hausse un sourcil. Vingt-trois heures cinquante neuf. Dans une minute, il sera minuit. Je frissonne à cette pensée.
Hé hé, ça vaut le coup de jeter un coup d'œil. Je lâche un léger rire, qui sonne amèrement à mes oreilles. Bizarrement, je n'arrive pas à me détendre. J'essaye de faire ma maligne, histoire de me rassurer, mais tout me parait tellement faux…
L'image des yeux dorés dans la pièce de mon rêve me revient. En fait, cette vision ne me quitte pas. A chaque fois, que j'y pense, j'éprouve un sentiment de malaise. Et puis, ce « qui es-tu, toi ? ». Cette voix froide… Elle résonne encore dans ma tête.
Alors que je passe à nouveau la tête à la fenêtre, un mouvement, là dehors, attire mon attention. C'est une sensation quasi-imperceptible, mais je suis sûre d'avoir vu quelque chose bouger. Je respire un grand coup et me rend soudainement compte que l'air est glacé. Mes poils se hérissent le long des mes bras. C'est moi ou la température vient de chuter d'une bonne dizaine de degrés, comme ça, d'un coup ? C'est impossible…
Je lève les yeux pour scruter la rue et retient aussitôt mon souffle. Quelque chose est en train d'apparaître ! Une ombre ! Je jette un œil au réveil, tous mes gestes me paraissant ralentis. Minuit pile !
Alors que je regarde à nouveau dehors, je ne vois plus rien. Plus aucun mouvement. Abasourdie, je me penche sur ma fenêtre et manque de tomber dans le vide. Mon cœur loupe un battement. Là, juste devant la porte du petit immeuble où j'habite, se trouve une porte biscornue aux couleurs criardes. Juste une porte. Rien d'autre…
Persuadée qu'il s'agit là d'une farce de mauvais goût, je m'élance vers l'entrée de mon studio et dévale les marches quatre à quatre. J'arrive en bas de l'immeuble, tombant nez-à-nez avec l'étrange porte, dont la grosse poignée ouvragée se trouve à ma hauteur. Je reste pétrifiée un moment. Que faire ? J'ouvre ? Je n'ouvre pas ? Je me rappelle les recommandations de mes camarades de classe, mais… C'est l'occasion rêvée de démasquer l'imposteur. Heu… si imposteur il y a. Parce que si c'est vrai… je suis vraiment dans la merde !
Alors que j'en suis là de ces « passionnantes » réflexions, la porte disparait petit à petit. Un sentiment de panique commence à me gagner. Il ne faut pas laisser passer cette occasion ! Je dois le faire !
J'ouvre la poignée, au moment où celle-ci s'évapore. La porte s'ouvre dans un grincement suspect. Je n'ai même pas le temps de regarder à l'intérieur que je me sens aspirée, vidée de toute énergie. Je n'arrive même pas à lutter tant ce courant impressionnant m'attire vers l'intérieur. Un flash lumineux m'aveugle et je me sens tomber dans le vide.
La première chose qui me parvient, c'est un chant d'oiseau. Je tente de me relever, le dos en miettes, avec l'impression que j'ai sommeillé pendant soixante ans. Je pose un pied sur… sur quoi d'abord ? CRAC ! BOUM ! Aïe ! Je me retrouve étalée par terre, le décor autour tanguant devant mes yeux. J'ai mal à la tête !
J'aperçois quelque chose, un peu plus haut. C'est vert, très très vert, avec des branches. Un arbre !
J'étais perchée sur un putain d'arbre ! Mais où je suis, bon sang ?
Je me relève à nouveau, espérant ne pas casser une nouvelle branche. C'est bon, je suis bien sur le sol. Visiblement, je me trouve à la lisière d'une forêt. Il fait jour, je dirais même que c'est le matin. J'aperçois au loin des toits avec des cheminées. Une ville ! Bon peut-être pas non plus… Un village, on va dire. C'est déjà ça. Au moins, je ne me trouve pas paumée au milieu du nulle part. Je scrute les alentours. Bon ok, je retire ce que j'ai dit. Je suis complètement paumée.
Je repense à ce qu'il vient de m'arriver et là, ça fait tilt. Je suis vraiment, mais vraiment dans la mouise !
Je suis passée au travers d'une porte louche, et je pèse mes mots, puis j'ai atterri ici ! Si c'est une blague, elle est vraiment de très mauvais goût ! Mais qu'est-ce que je raconte ? Je suis débile ou quoi ? Comment ça pourrait être une blague ? Il faut vraiment être fort pour réussir un tour comme celui là !
Alors que je me trouvais relativement calme jusqu'à présent, le contrecoup de la surprise laisse peu à peu place à un irrépressible sentiment de panique. L'envie de pleurer commence à me gagner, mais je préfère la garder pour quand ce sera pire. Car je crois sans me tromper que je ne suis pas au bout de mes peines…
Un frisson me parcourt le dos. Il fait vraiment froid ici. Ou bien il s'agit simplement de la peur qui commence à s'insinuer de plus en plus dans tout mon corps. Je suis peut-être folle après tout. Je me demande ce qui est le pire : que tout ça soit le fruit de mon imagination ou bien la réalité ?
Je soupire, désespérée. Le pire, c'est que je ne sais même pas où je suis, ni comment faire pour rentrer chez moi ! Je me foutrais des baffes pour avoir ouvert cette foutue porte ! J'ai de ces idées !
C'est alors que j'aperçois une silhouette, plantée là, non loin de moi. Je n'y avais pas prêté attention jusque là. Quelqu'un ! Enfin ! Il s'agit d'un homme d'âge mûr, assez élégant. Il va sûrement pouvoir me renseigner sur l'endroit dans lequel je me trouve… ou bien m'indiquer l'asile le plus proche.
Je m'avance vers lui d'un pas un peu plus assuré. Après tout, il y a des gens qui vivent ici. Je n'ai pas atterri dans des lieux abandonnés par la civilisation. Il faut rester optimiste, même quand on perd les pédales…
_ Excusez-moi, Mon…
Je m'arrête une minute et le dévisage, interloquée. Ses vêtements… Personne ne s'habille plus comme ça de nos jours. Bah ! Il doit s'agir d'un type original, sans doute.
_ Pardonnez-moi, Monsieur, mais pourriez-vous me renseigner ?
L'homme me lance un regard bizarre. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
Voyant qu'il ne me répond pas, je commence à me poser de sérieuses questions.
_ Vous pouvez me renseigner ou pas ?
Il commence à ricaner, ce qui ne me rassure pas vraiment.
Au moment où je crains qu'il ne se transforme en quelque chose, le type se convulse, poussant des cris inhumains.
Je le regarde, interloquée, ne sachant pas quoi faire. Je me frappe soudain la main sur le front. Un médecin ! Je glisse ma main dans la poche de… Et zut ! Je suis en pyjama ! Et je n'ai pas mon portable sur moi. Je résiste à l'envie de fondre en larmes devant cet état de fait (c'est fou comme ils nous ont rendu accro aux nouvelles technologies, ces cons !). Je dois me ressaisir au plus vite. Cet homme est au plus mal et je n'ai pas envie d'avoir une mort sur la conscience, en plus d'être complètement perdue et démunie (ce qui me donne à nouveau envie de pleurer… et oui, que voulez-vous ?).
_ Calmez-vous, Monsieur ! Je vais allez chercher un médecin, au village ! Je…
Je me rappelle le regard bizarre que l'homme a fait en me voyant. Et il a ricané. J'espère que ce n'est pas à cause de mon pyjama qu'il est dans cet état. Je reconnais qu'il n'est pas terrible, mais quand même, de là à se tordre par terre.
Soudain, dans un cri déchirant, une forme sombre s'extrait du corps, se métamorphosant complètement. Je me mets à hurler, reculant aussitôt comme je peux. Le pire, c'est que tout ça me rappelle encore quelque chose. Mais quoi ?
La masse sombre prend forme peu à peu, et c'est avec stupéfaction que je vois se dessiner la silhouette austère d'un… Akuma ! Un Akuma comme dans DGray Man ! Avec ses canons, ses cornes et touts les petits picots ! Il n'a pas commencé à évoluer, se contentant d'être l'un des vulgaires jouets du Comte Millénaire, mais… tout ça est impossible ! Les Akumas n'existent pas !
Pour toute réponse, l'Akuma commence à me tirer dessus. Je me jette à terre et rampe vers des fourrés. Comme si les feuilles pouvaient me protéger telle des armures. C'est fou cette idée débile qu'on a de toujours croire que rien ne peux nous arriver tant qu'on est caché derrière quelque chose.
Je n'ai même pas le temps de réfléchir à la situation invraisemblable dans laquelle je me trouve que l'autre fou furieux me bombarde de ses rayons. Je me relève et me met à courir, poursuivie par l'Akuma. Mon cœur cogne bien trop fort dans ma poitrine, comme s'il allait s'en extraire à tout moment.
Alors que j'accélère pour le semer, sans vraiment y croire, je heurte quelque chose de dur qui me projette sur le sol. Je n'ai même pas le temps de regarder de quoi il s'agit qu'une forme flou passe devant moi avec la rapidité de l'éclair.
_ Innocence ! Activation !
Hein ? Kézako ? Je suis du regard la forme qui vient d'apparaître et écarquille les yeux. Un bras immense, muni de grosses griffes couleur argent, se tend vers l'Akuma l'atteignant de plein fouet. L'arme maléfique explose sous l'impact, dans un vacarme assourdissant qui manque de me décoller les tympans. Son adversaire retombe souplement sur le sol. De là où je suis, je ne peux que distinguer ses cheveux blancs comme la neige et cette main griffue sur laquelle brille une croix verte. Je manque de tomber dans les pommes devant cette vision irréelle. Ce n'est pas possible ! Je deviens complètement folle !
_ A… A… A (et non, ce n'est pas « à la queue le le ») Allen ?
L'exorciste, s'il s'agit bien de lui, se retourne vers moi avec un haussement de sourcils. Mon cœur loupe un battement. C'est lui ! C'est bien Allen ! Cette pousse de soja existe vraiment !
Je crois que je vais m'évanouir un moment, je reviens plus tard.
_ Hé ! D'où tu sors, toi ? Demande une voix froide et dénuée de compassion.
Je sens une aura hostile planer aux alentours. Je me retourne et constate, non sans une exclamation de stupeur, que ce que je viens de heurter il y a quelques secondes n'est autre que… Kanda !
_ Aaah !
Je reste bouche-bée un moment, toute trace d'intelligence ayant déserté mon visage. L'autre me toise d'un air glacial et hermétique. J'ai l'impression qu'il observe un misérable ver de terre.
_ Kanda, arrête ! Lance Allen sur un ton de reproche. Tu lui fais peur.
Bon, cette fois c'est sûr : je dois vraiment avoir un grain ! Allen et Kanda ne peuvent pas être devant moi et encore moins bouger ou me parler. Je réalise soudain que j'ai failli me faire réduire en miettes par un Akuma. Si ça c'est possible, je ne vois pas d'objections au fait qu'Allen-chou et Kanda-kun existent… Non mais est-ce que je m'entends, moi ? Qu'est-ce que je raconte ? Comme si tout ça paraissait normal et censé!
Tentant de me remettre de toutes ces « surprises », je me redresse avec toute la grâce que je peux avoir dans un pyjama à fleurs bleu marine. Kanda lance un de ses dédaigneux « tch ! » dont il a le secret, tandis qu'Allen s'approche, les sourcils levés.
_ Est-ce que ça va ? Me demande l'exorciste aux cheveux blancs, d'une voix amicale.
Je perds soudain la moitié de mes capacités mentales.
Allen Walker est devant moi, il m'a sauvé la vie, se soucie de ma santé et… et je suis en pyjama devant lui ! Malédiction !
_ Euh… oui. Merci de m'avoir sauvé.
Allen agite les mains devant moi, avec un grand sourire qui manque de me faire saigner du nez.
_ Y a pas de quoi. C'est nor…
_ C'était notre mission, c'est tout, le coupe Kanda sur un ton acide.
_ Kanda ! Le réprimande Allen, les sourcils froncés.
_ La ferme, Moyashi ! On a du pain sur la planche !
_ Je sais, soupire Allen, mais… il y a quelque chose que je voudrais savoir.
L'exorciste aux cheveux blancs se tourne vers moi, le visage soudain sérieux.
_ Comment connais-tu mon nom ? On s'est déjà rencontré ?
Gloups ! Quelle gourde ! Qu'est-ce qui m'a pris de gueuler son nom comme ça ? Maintenant, je vais avoir l'air super louche !
Je ne peux quand même pas lui avouer la vérité. Je ne vais pas lui dire qu'il n'est pas censé exister (mais il n'est pas censé exister, voyons !). Ils ne me croiront jamais de toute façon !
_ Je… J'ai déjà entendu parler de toi.
Ben voyons ! Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier alu !
Les yeux d'Allen s'arrondissent.
_ Vraiment ? Je me demande bien par qui.
Moi aussi je me le demande…
_ Bon, on va pas y passer la nuit ! S'impatiente Kanda. Qui es-tu ?
Il avise mon pyjama avec un œil suspicieux (en même temps, il y a de quoi). Il n'a pas l'air de vraiment apprécier ce qu'il voit…
_ Et d'où tu viens ? Rajoute t-il en détachant chaque mot.
Je me redresse du mieux que je peux pour ne pas avoir l'air ridicule. C'est bête comme réaction, car après tout, cette situation me terrorise et le premier truc que j'aimerais savoir c'est comment rentrer chez moi !
Et puis, Kanda ne me rassure pas vraiment. Pour être franche, il me terrorise depuis tout à l'heure. Autant dans le manga, ça passait très bien, autant là… Ses yeux n'ont vraiment rien de sympathique. Et puis, on se dit toujours que le personnage du manga a une faille, qu'il n'est pas bien méchant. L'avoir réellement en face ne me conforte pas vraiment dans cette hypothèse.
_ Je m'appelle Sélène Cross.
Les yeux d'Allen s'arrondissent et sa bouche se tord dans un rictus franchement pas terrible. Ne me dites pas qu'il va se changer en quelque chose, lui aussi j'ai eu ma dose de transformations pour la journée ! Je ne suis même pas sûre d'arriver à retrouver le sommeil après ça !
_ Cross ? Répète Kanda avec un air soupçonneux.
C'est alors que je me rends compte de mon erreur. Grosse et grave erreur qui risque de déboucher sur une avalanche d'ennuis. Outre le fait que je porte le nom de famille d'un personnage de DGray Man, nom qui est quand même courant, il faut noter que ma tignasse rousse peut également faire penser à un certain Maréchal. Mais nos points communs s'arrêtent là. Ce n'est pas grand-chose, mais la tête que tire Allen me dit que cela va poser problème.
L'exorciste est désormais tout pâle. Il fixe d'un regard vide mes cheveux, puis recule de deux pas, pointant son doigt vers moi.
_ Cr…Cr… Cross ?
Au moment où je me demande s'il va arriver à s'en remettre et si je ne devrais pas lui dire tout de suite que je n'ai rien à voir avec lui, Allen s'évanouit.
_ Mais c'est pas vrai ! S'exclame Kanda en se plaquant la main sur le front. Pourquoi Komui me refile toujours ce Moyashi dans mes missions ? Quel boulet !
Sacrilège ! Il est en train de casser du sucre sur le dos de mon Allen ! Bon ok, c'est pas mon Allen, mais je ne peux pas le laisser dire ça ! Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines. Je me tourne vers le kendoka, les sourcils froncés, les mains sur les hanches. Inutile de préciser que je ne l'impressionne pas du tout. L'idée que j'essaye de lui faire peur ne doit même pas lui traverser l'esprit.
_ Ce n'est pas un boulet ! Il m'a sauvé la vie, lui !
Kanda me gratifie d'un regard assassin auquel je n'avais pas encore eu droit jusque là. Je réprime un frisson et tente de ne pas me tasser sous cette expression glaciale.
_ Tu sous-entends que j'aurais dû te sauver ? Lance t-il avec froideur. Pourquoi ferais-je une chose aussi stupide ?
Je sens mes joues virer au rouge, à la fois de colère et de honte. En même temps, à quoi je m'attendais ? Il est fidèle à lui-même.
Vexée comme un pou, dans un moment de folie et d'égarement, j'oublie soudain toutes mes craintes et décide de ne pas me laisser faire.
_ Bakanda !
Les yeux de Kanda s'arrondissent et, très vite, une grosse veine apparaît sur son front.
_ Qu'est-ce que tu as dit ? Lance t-il d'une voix glaciale.
_ Ce que j'ai dit ! Retourne fumer tes lotus !
A ce moment, je suis comme dans un état de transe. Je ne me rends même pas compte de ce que je dis ou fait. Ce doit être le contrecoup des multiples surprises accumulées jusque là. Mais cet état « mystique » qui transcende mes craintes s'estompe très vite. En effet, Kanda vient de dégainer Mugen sous mes yeux, ce qui conduit inéluctablement à un tassement de ma pauvre personne.
_ Qui es-tu ?
_ Je viens de le dire. Je suis Sélène…euh, tu peux ranger ça, s'il-te-plait ? Tu risque de blesser quelqu'un, moi en l'occurrence.
Soudain, alors que je ne m'y attendais pas, Kanda jaillit du sol, katana en main, m'arrachant un sursaut effrayé. Quelle impulsivité ! Je ferme les yeux, me repliant sur moi-même, tout en me disant que c'est trop bête de mourir comme ça. Je reste figée dans cette position pathétique un moment, lorsqu'une explosion retentit.
Je me retourne vivement et constate que le kendoka vient de mettre en pièces un Akuma. Je ne l'avais même pas vu venir, celui-là !
_ Mais qu'est-ce que tu fous ? S'énerve Kanda. Ne reste pas plantée là !
Je me sens débile tout à coup, mais rien à faire, je n'arrive pas à bouger. Je regarde à droite à gauche avec une expression complètement paumée, sans être capable de prendre la moindre décision.
Kanda me gueule à nouveau dessus et je sens la moutarde me monter au nez.
_ Mais arrête de crier, espèce de malade! J'ai pas de katana, moi !
_ Dégage de là, idiote ! Derrière toi !
Un bruit agaçant vient titiller mes oreilles. Je tourne la tête et tombe nez-à-nez avec un autre Akuma.
_ Aaaah ! Kandaaaa !
J'entends l'autre râler derrière.
Alors que l'Akuma se prépare à m'exploser la tête avec son rayon, je trébuche dans un « aaaaah ! » très « distingué ».
Soudain, je sens quelque chose me traverser le corps, comme de petits picotements dans mes bras et mes épaules, même jusque dans mes doigts. Je baisse la tête et mes yeux sortent de leurs orbites. Des petits points lumineux jaillissent de mon corps, se dirigeant vers l'Akuma. Je reste interdite un moment. Je remarque alors que les petites lumières sont en fait des sortes de lucioles.
Elles se massent soudain devant l'Akuma, formant une boule de lumière. L'Akuma recule, poussant un grognement. Il tente de se cacher de la lueur vive. J'ouvre la bouche, complètement sidérée, tandis que Kanda s'élance pour détruire la créature. Son katana siffle dans l'air et s'abat sur la forme disgracieuse de l'Akuma.
Au moment où mes jambes flageolent, refusant de me porter davantage, les lucioles s'envolent jusqu'à moi et me traversent de nouveau dans un flash aveuglant. Puis, rien… Elles ont disparues !
Kanda se tourne vers moi.
_ C'était quoi ça ? Demande t-il.
Je le regarde, terrifiée.
_ Je n'en ai pas la moindre idée…
