Hey, bande d'humains de bas-étage !
En total plagiat de la Mandragore, donc, voici un recueil d'OS sur Au nom de la Liberté, fait par les lecteurs. Tous les thèmes, toutes les dissidences, tous les ratings peuvent être présents, vous pouvez en écrire plusieurs, ressusciter des gens et même me buter. Si jamais vous voulez m'envoyer un truc, MP et on s'en occupe.
Et c'est la merveilleuse Nodoka997 qui ouvre la danse ! Pas de rating particulier, disons (de toute façon, vous avez survécu jusque-là pour ANDLL hein). J'ai rien touch, juste fait un tout petit peu de mise en page.
Bonne lecture.
Jusqu'à quand résonnera cette mélodie ?
Ils n'avaient pas besoin de grand chose, pour s'emporter. Une menace, un danger, une simple suspicion ou un défi, et ils s'embrasaient dans le feu destructeur de ce mélange fascinant de haine et de plaisir. Quoi de plus normal, alors, que de retrouver ces émotions dans leurs étreintes ?
Quelque part, au détour d'un tournant du destin, ils s'étaient retrouvés ensembles. Et ils avaient appris à faire avec, finalement, comme ils s'étaient fait à cet hôte funeste [1] qui partageait leur corps et refusait de les laisser partir. Que pouvaient-ils faire d'autre, sinon sombrer dans la folie ?
Ils étaient deux fous. Deux fous qui s'étaient trouvés, et qui avaient trouvé quelque chose en l'autre. Quoi, je ne sais pas. La même lueur dans les yeux, peut-être ? Le même désir malsain de nous protéger ? Ou tout simplement... la même perdition ?
Si tu savais, Victor. Comme je t'ai haï, comme j'ai eu peur de toi.
Comme je t'ai aimé, presque admiré et envié, aussi.
J'espère tellement qu'en ces quelques instants, tu as su trouver quelque chose.
Je vous en ai voulu, tellement longtemps. Je vous en veux toujours. Et je crois que je ne cesserai de vous en vouloir.
Ça ne m'empêche pas de vous pleurer.
Alors, ils sombraient à deux. Le temps d'une noyade, ils se perdaient jusqu'aux méandres de la violence, griffant et mordant la peau de l'autre, s'enfonçant dans les profondeurs du plaisir qu'ils culpabilisaient d'éprouver. Ils haletaient, grognaient. Elle danseuse, lui chanteur, ils composaient une mélodie étrange, tordue, peut-être un peu stridente, mais c'était une mélodie quand même.
Et alors que Victor se fondait un peu plus en Logan, alors qu'ils approchaient le paroxysme de la volupté, incapable de différencier la violence de ce sentiment si bon, ils se faisaient mal, mal jusqu'à en saigner.
Alors, comme d'habitude, lorsqu'ils se séparèrent, à bout de souffle, fatigués, il se dirent avec la même fatalité qu'ils devaient vraiment être pourris jusqu'à la moelle, pour être si vicieux et mauvais. Ça ne les empêchait pas de recommencer, encore, pour tenir, peut-être, pour se réprimer, aussi.
Et les deux tueurs se détruisaient comme ils se soignaient l'espace de quelques instants hors du temps.
Cette fois, cependant, ce fut légèrement différent. Comme si Victor sentait son masque se craqueler une fois de trop, et il fut incapable de le remettre sur son visage froid assez vite. Et alors, une larme, brillante, incongrue, vint rouler sur sa joue.
Logan le regarda, un peu trop longtemps. Il fallait bien que ça arrive, réalisa-t-elle. La seule raison pour laquelle elle avait résisté et pas lui, c'est parce qu'elle, elle ne pensait qu'à sa propre survie. Lui portait sur ses épaules le poids de toutes les autres. Et il craquait, une fois, certainement cette unique fois, avant de redevenir monstre.
Alors, doucement, presque tendrement, elle aussi, elle fit quelque chose d'incongru. Dans un baiser papillon, aussi éphémère qu'éternel, elle posa ses lèvres sur la joue mouillée de Victor. Et le tueur, surpris, s'attendant certainement à une indifférence glaciale ou à un silence poli, sous la stupéfaction, laissa couler une autre larme. Elle reçut ce même traitement, doux et passionné, qui ne correspondait tellement pas à cette belle danseuse meurtrière.
Hésitant, il posa son front contre celui de Logan, qui ne le repoussa pas. Ils restèrent ainsi un temps, dans l'illusion que peut-être, ils pouvaient être comme ça pour toujours.
Mais inévitablement, le charme se rompit lorsque quelqu'un passa devant la pièce où ils se cachaient – par honte peut-être ? – en baillant si fort que le bruit résonna dans leurs oreilles endormies depuis ce silence compréhensif.
Logan se leva, cherchant à tâtons ses vêtements. Et Victor ne sut que faire, que dire, encore un peu perdu, complètement déboussolé.
- Je... entama-t-il.
Sa voix se bloqua. Que dire ? Il ne pouvait décemment pas prononcer « Je t'aime ». Certes, il ressentait bien quelque chose pour Logan, comme elle ressentait probablement quelque chose pour lui. Mais un « Je t'aime », c'était beau, pur, éternel. Rien de ce qu'ils n'étaient, souillés jusqu'à l'âme, mourant à chaque seconde, hideux dans leurs ressemblances.
Il n'y avait peut-être rien à dire.
Et alors que Victor se résolvait à se taire, dans un souffle chuchoté, Logan murmura :
- Je sais.
Et elle partit.
Étiez-vous capable d'amour, dans ces instants ? Vous dissimulant sans vous rendre compte que tout le monde savait, et que quelque part, tout le monde espérait un peu pour vous. Espoir vain que vous aviez abandonné, atrocement lucides, nous, on avait voulu y croire.
Nous étions naïfs, encore. Après tout ce qu'il s'était passé, nous étions toujours stupides.
Mais je vous aime. Et moi aussi, consumé par cette rage envers vous, j'ai l'impression de me rapprocher un peu de ce que vous éprouviez en ne pouvant m'empêcher de vous aimer comme vous n'avez certainement jamais pu le faire.
Je vous aime tellement...
Et j'ai si peur, quand les soldats viennent, que je serais presque prêt à vous pardonner.
[1]Allusion à la série Dexter : le personnage principal appelle ses pulsions de meurtre « dark passenger », traduit « hôte funeste » en français.
C'EST PARFAIT PUTAIN, PARFAIT
Hésitez pas à reviewer, je fais passer, et j'espère que vous avez autant aimé que moi. Enjoy !
