- Joyeux anniversaire !
Ca faisait des mois qu'il en parlait.
- Hé ! Merci tout le monde
Des mois et des mois qu'il en rêvait.
- Allez ouvre !
Des mois et des mois qu'il s'arrêtait pour les admirer à chaque fois qu'il passait à proximité.
- Wow merci !!!
Et pourtant, il était déçu.
Byakuya avait promis qu'il viendrait. Mais il n'avait pas pris la peine de préciser à quel moment. Il avait imaginé tant de scénarios possibles. Tous heureux bien sûr, où ses amis étaient là, où même Rukia était revenue du monde des vivants pour lui, où toute la soirée Byakuya lui souriait doucement, faisant pour lui le sacrifice de sa fierté. Il aurait ouvert le cadeau qu'il attendait, et il aurait su immédiatement qui l'avait choisi. Il savait qu'il s'était conduit comme un enfant gâté, mais il les voulait tellement ! Et il voulait que ce soit lui qui lui offre. Cet homme qui lui avait volé l'esprit, la raison et le cœur, ce capitaine si froid et distant, cet amant si tendre et passionné.
Mais le noble Kuchiki n'était pas paru. Renji avait attendu en vain un signe de son approche. Alors que la nuit et les litres de saké s'écoulaient, il s'était lentement assombri, se sentant presque trahi, oublié, par ce dieu vivant qu'il vénérait. Les autres étaient partis, seuls, à deux, en bande rugissante dans les rues vides de la Seireitei. Presque inconsciemment, l'esprit embrumé par l'alcool, il avait trouvé le chemin de son lit et s'était effondré. Et juste avant que le sommeil ne l'envahisse, son corps s'était crispé une dernière fois à la pensée qu'il l'avait abandonné.
Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas rêvé de son enfance. Enfin, un rêve qui n'impliquait pas la mort d'un de ses camarades. Cette nuit, il voyait lentement onduler la large rivière près de laquelle ils avaient si souvent ri. Il entendait le bruit des autres enfants, et pouvait même sentir la caresse du vent. Il bougea légèrement dans son sommeil. La brise sembla suivre son mouvement, et se fit encore plus tendre. Sa conscience se mit lentement à émerger, et encore un pied dans les brumes du rêve, il sentit une main lui parcourir langoureusement les cheveux. Il se retourna.
- Byakuya ?
- Je te réveille ?
Il s'avança pour poser la tête contre l'épaule de son amant, mais s'arrêta.
- Tu n'es pas venu.
Même s'il s'attendait à un reproche, Byakuya fut un instant dérouté par l'accusation non dissimulée.
- Je suis désolé Renji. Mais je ne suis pas en retard.
- Quelle heure ?
- 2:07
- On n'est plus le 31.
- Je sais. Mais le 1er se fête aussi non ?
Renji se redressa et le regarda avec étonnement.
- Ah bon ?
- Mais oui. Tu ne t'en souviens pas ?
Devant l'air de plus en plus abasourdi de son amant, il poursuivit.
- Est-ce que je dois te rappeler ce qu'il s'est passé il y a un an ?
Renji se sentit rougir, et détourna le regard, gêné.
- On était déjà le premier ?
Byakuya sourit devant son air d'enfant, et des plis de son vêtement, sortit une petite boîte.
- J'ai pensé qu'il était plus approprié que je vienne seulement pour notre anniversaire.
Jamais Renji ne s'était senti à la fois aussi troublé et intrigué. Il tendit la main presque avec appréhension, et ouvrit l'écrin avec une délicatesse qui lui ressemblait bien peu. La fine courbe de métal réfléchit un instant l'éclat de la pleine lune, et il ne put en détacher le regard. Après un long silence, il releva enfin la tête, mais ne sut dire un mot.
- Oh, et tu as la journée libre demain.
Byakuya eut un léger rire avant de reprendre :
- Et moi aussi bien sûr.
