Titre : Bloody war

Rating : On va se contenter d'un K+ pour l'instant.

Pairing : Bien entendu, on poursuit le SB/OC. Il y aura un HP/OC normalement et aussi un SR/OC. ^^

Résumé : Mon passé me rattrapa violemment sous la forme d'une lettre. Une simple et anodine lettre. Tout ce qu'il y a de plus banale. Mais voilà, l'expéditeur de cette lettre n'avait rien d'ordinaire. Absolument rien. Car je n'avais pas eu de nouvelle de Remus Lupin depuis mon départ d'Angleterre, treize ans plus tôt.

Note de l'auteur :

Regardez moi ça ! Je vous dis que le premier chapitre devrait arriver courant octobre et qu'est-ce qui tombe le premier de ce même mois ? Eh bah ouais, un chapitre tout frais de ma nouvelle fanfic. Comme quoi, je vous oublie pas.

Alors, pour cette reprise et suite de Love me tonight, nous nous retrouvons en août 1994. Donc, Harry vient d'apprendre la vérité sur Sirius et s'apprête à rentrer en quatrième année. Et non, le début de l'histoire ne se place pas réellement là. Ce n'est qu'une introduction. Vous comprendrez au second chapitre. Sachez aussi que je ne donne pas beaucoup d'informations sur ce qu'il est arrivé à Mandy pendant les treize dernières années, mais que j'ai laissé quelques indices. A vous d'en déduire ce que vous voulez. Et je vous réserve une surprise de taille.

A ceux qui n'auront pas lu Love me tonight, vous pouvez quand même lire cette fanfic, même si le premier chapitre vous paraitra très nébuleux. Il faudra être patient. ^^

Et comme je n'ai rien d'autre à ajouter, je vous souhaite une bonne lecture.


Chapitre 1 : Détour par Rome

La lourde porte de bois se referme dans mon dos avec force, faisant résonner l'écho du choc dans le hall de marbre rose. Les quelques personnes présentes me lancent des regards retors, avant de retourner à leurs occupations. Je les ignore et poursuis ma route vers ma destination initiale, en haut de l'escalier à double volée qui surplombent la salle des fêtes, guère utilisée ces temps-ci. Une jeune femme blonde me lance un regard dégouté lorsque je la croise dans les escaliers, un regard que je soutiens, avant de la dépasser. Elle atteint le hall, bien avant que je ne parvienne au premier étage. Et, évidemment, je n'entends pas ce qu'elle chuchote à ses congénères qu'elle rejoint. Mais je le devine aisément.

Soupirant, je laisse de côté ce problème insignifiant et sans solutions pour me concentrer sur la silhouette haute de Tony, accoudé à la rambarde de marbre qui surplombe le hall d'entrée. Il fusille du regard la jeune femme que j'ai croisé. Je le rejoins, tout en parcourant du regard les quelques parchemins que j'ai en main.

- Laisse tomber, lui dis-je en me postant à ses côtés. Tu sais bien que je m'en fiche de toute manière.

- Ils n'ont pas le droit de te juger ainsi, gronde-t-il, lèvres retroussées sur ses dents signe de sa colère profonde. Ils ne savent pas . . .

- Je viens de te dire que je m'en fiche, le coupé-je avec brusquerie, avant de lui tourner le dos pour m'avancer vers les doubles portes en bois.

Ces dernières sont ouvertes sur une pièce longiligne, tout aussi marbrée que le reste, mais de blanc cette fois. Un long tapis rouge et doré parcourt la salle jusqu'aux deux marches qui mènent à un siège à haut dossier en or et recouvert de satin rouge. Dans la pièce, ici et là sont éparpillés des hauts dignitaires. Les entourant, des tableaux rares, des sculptures coûteuses et des tapisseries de soies fines et éclatantes de couleurs. La salle du trône regorge de richesses que l'on attend d'une pièce où un monarque règne.

Alors que je n'ai fait que quelques pas, Tony vient me rejoindre. Il porte un pantalon en coton sombre et une chemise blanche, tout en simplicité. Les manches sont retroussés sur les coudes, dévoilant ses avant-bras musclés et quelques boutons du haut sont défaits, plaisir pour les yeux de son cou et de la naissance de sa poitrine halé, comme le prouvent les soupirs des damoiselles qui ponctuent notre passage. Mais Tony les ignore tous, peu intéressé par la gent féminine.

Nous remontons en silence, plongée que je suis dans la paperasse et peu encline à discuter. Mes pensées sont tournées vers une de mes patientes, une sorcière âgée de neuf ans qui a été mordue par une créature magique, croisement entre d'autres espèces, dont le nombre et les races sont incertaines. Et comme j'ignore quel type de venin ronge son corps, et que les parents ne veulent pas avouer qu'ils ont créé illégalement une créature, j'ai du mal à trouver le traitement adéquat. Si cela continue, elle va finir par mourir, vaincue par le venin. Exaspérée devant tant de stupidité, je soupire et passe une main nerveuse dans mes cheveux, lissant l'espace d'un instant mes boucles brunes.

Je suis tirée de mes pensées moroses lorsque Tony gronde sourdement à côté de moi. Proche de lui, je l'entends, comme tous les autres dans la pièce. Je lui lance un regard surpris, avant de constater qu'il fixe durement un couple d'une quarantaine d'année, dont les visages penchées l'un vers l'autre laissent supposer qu'ils discutaient à voix suffisamment baisse que pour leur conversation m'échappe. Mais pas aux autres.

- Tony, soupiré-je, je commence à en avoir assez de te répéter la même chose depuis des semaines. Si moi tout cela me laisse de glace, pourquoi est-ce que ça t'importunerait ?

- Parce que je sais ce qu'en pense Lucinda. Et que tous les deux, nous coryons que tu devrais un peu plus te rebeller face à leurs réactions. Ce n'est pas de ta faute !

J'esquisse un sourire amer.

- Alors nous n'avons pas la même vision des choses, mon ami.

Ma réponse semble le surprendre.

- Attends, qu'est-ce que tu veux dire par là ? Toi, tu penses que tu es fautive ?

- Disons simplement que tout aurait sans doute pu se terminer autrement, si je n'étais pas qui je suis. Mais cette histoire est du passé maintenant, et j'apprécierais de me concentrer sur le présent.

Tony ne peut me répondre. Nous avons finalement atteins les marches surplombées du trône en or et, fidèle aux traditions et à notre devoir, nous nous inclinons devant notre Reine. Cette dernière pousse alors un soupir agacé.

- Il me semblait pourtant avoir demandé à vous voir en privé.

Nous nous relevons. J'adresse un sourire d'excuse à notre Reine, installée élégamment dans son siège, une jambe par-dessus l'autre, et drapée dans une robe bleu nuit dévoilant sa jambe gauche, de la cheville à mi-cuisse. Son poing fermé soupesant sa tête coiffé d'un chignon auburn en dit assez long sur ce qu'elle pense de ces quatre heures hebdomadaires passées assise dans cette salle.

Lucinda est passée au pouvoir il y a quelques années. Sa mère a fini par se retirer, lasse des jeux politiques et a préféré profiter de son éternité avant de se mettre à le regretter. Une sage décision, que j'ai beaucoup appréciée à l'époque. Jusqu'à ce que le temps que je passe avec ma meilleure amie vienne à s'amenuiser drastiquement. Heureusement, il me reste Tony, mais ce n'est pas la même chose. Je n'entretiens pas avec lui, la même relation qu'avec Lucinda.

- Excuse-moi Lucinda, dis-je, mais l'horaire que tu voulais ne me convient pas. Je passe pendant que ma patiente dort mais je dois retourner auprès d'elle au plus vite. Pourquoi m'as-tu convoqué ?

Elle se redresse et agrippe les accoudoirs du trône. Un homme frêle aux cheveux grisonnants s'approche d'elle, dos courbé en signe de soumission et lui remet un parchemin roulé et scellé par un sceau de cuir rouge. Je fronce des sourcils en reconnaissant l'emblème du ministère de la Magie anglais.

- Mandy, tu n'es pas sans savoir que j'ai entrepris de dévoiler notre existence aux sorciers, comme ma mère a tenté de le faire il y a dix-sept ans.

- Effectivement, j'en ai entendu parler. Des rumeurs circulent dans le Palais.

- Je suis en bonne voie avec certains pays de l'Europe, et ils acceptent que je leur envoie des ambassadeurs, afin de leur expliquer notre mode de vie et qu'ils apprennent à nous connaitre. Ils veulent prendre toutes les précautions possibles et imaginables avant de nous laisser circuler librement sur leur territoire . . .

Tony rigole avec discrétion. Je souris à mon tour, amusée.

- Au vu et au su de tous les sorciers, précise Lucinda en fusillant notre ami du regard. Tony, je te déconseille de laisser entendre à quelque humain qu'il soit que nous le faisons déjà. Cela ferait tomber les discussions à l'eau, et je ne veux pas fiche en l'air huit mois de travail laborieux.

Tony, conciliant, incline la tête mais garde son sourire amusé.

- Qu'est-ce que cela a à voir avec moi ? Demandé-je ensuite, jetant un regard sur ma montre.

- Le ministère de la Magie anglais fait partie de ceux qui acceptent qu'on leur envois des ambassadeurs. Le problème est que leur ministre est, disons, un tantinet pointilleux sur certains détails.

Je fronce des sourcils, ne comprenant pas où elle veut en venir. Elle soupire alors et déroule le parchemin qu'elle tient à la main, dévoilant cinquante centimètres de papier.

- Je te ferais grâce des conditions inhérentes aux affaires politiques et passerais directement aux parties qui te concernent. Le ministre, Mr Fugde, exige que nous envoyions un vampire anglais, transformé depuis moins de cinquante ans de préférence.

Mes mains se crispent sur mes documents de guérisseuse.

- A ma connaissance, je suis le seul membre de la Caste répondant à ces critères, dis-je entre mes dents serrés, sentant la panique m'envahir.

- Je le sais, fait Lucinda en rangeant son parchemin. Félicitation, je te nomme ambassadrice vampirique auprès du Royaume-Uni.

Je serre mon document si fort que je menace de les déchirer en deux.

- Lucinda, dis-je, je ne peux . . .

- Malheureusement, me coupe-t-elle avec autorité, je n'ai pas le choix. Si ce n'est pas toi, le ministre anglais refusera toute entente. Je comprends que tu ne souhaites plus rien avoir à faire avec l'Angleterre, mais il te faudra prendre sur toi. De toute manière, rien ne t'obligera à aller régulièrement là-bas, tu pourras gérer tout cela d'ici. Et dans le cas contraire, je place immédiatement Tony dans le corps diplomatique qui te suivra. Si jamais tu devais impérativement te rendre là-bas, il pourrait le faire en ton nom et tu n'aurais plus qu'à te trouver une excuse quelconque.

J'inspire profondément par le nez et relâche légèrement la pression que je fais subir à ma pile de parchemins. Je ne quitte pas Lucinda des yeux, me demandant jusqu'à quelle point elle pourrait m'obliger à obéir. Je devine à la détermination de son regard qu'elle irait jusqu'à m'en donner l'ordre. Et alors je ne pourrais plus rien faire pour aller à son encontre. Vaincue, je baisse les épaules et incline la tête.

- J'accepte cette fonction avec honneur, Votre Majesté.

O0o0O

Lorsque j'ouvre la porte de ma maison, aussitôt les effluves des lasagnes en train de cuir dans le four me montent au nez. En passant dans l'entrée, je jette un œil dans la cuisine vide sur ma gauche, où le four allumé précise que le plat sera prêt dans une trentaine de minutes. Puis, je traverse le salon sur ma droite, avant de pousser la porte qui mène à mon bureau. Là, je dépose mes dossiers sur le large bureau en bois, avant d'aller m'écrouler dans le siège de cuir rembourré, qui soulage les raideurs de mon dos. Je suis restée debout à piétiner pendant trop longtemps, mon corps crie grâce. Je me renverse dans le siège en soupirant, déboutonne les premiers boutons de ma robe de sorcier pour dégager mon cou, vire mes chaussures et pose les pieds sur le bureau. Je me délecte de ces quelques secondes de repos et de solitude avant que . . .

- Maman !

Avant que l'adolescente que j'ai mise au monde quatorze ans plus tôt et que je tente tant bien que mal d'élever, ne remarque que je suis rentrée. Du même coup, je commence mon second boulot, celui de mère à plein temps. Je frotte mes yeux de la paume de mes mains, vaine tentative d'éloigner la fatigue, au moment où Zoé débarque dans mon bureau, sourire aux lèvres.

- Je savais bien que je t'avais entendu rentrer. Tony est là ?

Je secoue la tête et laisse retomber mes mains. Je regarde ensuite ma fille. Elle est entrée dans l'adolescence et j'ai presque du mal à croire à présent que je l'ai porté et bercé. Elle est plus grande que moi, elle a atteint et dépassé le mètre soixante que je ne peux espérer qu'en rêve, ses cheveux, si semblables à ceux de son père lui tombe sur les épaules et les yeux dont elle a hérité de moi sont cerclés de noir, bien que je m'évertue à l'interdire de se maquiller. L'adolescence commence à effacer les rondeurs de l'enfance, ses hanches et sa poitrine se développent, et je ne peux plus ignorer certains regards masculins sur mon bébé. Je me dois d'accepter qu'elle grandit, et plus vite que je ne l'aurais voulu.

- Ca ne va pas ?

Zoé fronce des sourcils. M'interrogeant sur ce qui peut bien l'inquiéter chez moi, je fais pivoter légèrement mon siège pour me regarder dans le seul miroir de la pièce, posée sur mon bureau. Je suis pâle et j'ai les yeux cernés. Normal que ma fille s'enquière de ma santé.

- Je suis fatiguée et j'ai faim, c'est tout, m'empressé-je de la rassurer en me levant de mon siège. J'irais chasser avec Tony tout à l'heure. J'ai vu que tu as préparé ton dîner.

Je la rejoins sur le pas de la porte et passe une main câline dans ses cheveux, levant la tête pour regarder son visage. Ses yeux ne se déparent pas de cette lueur inquiète.

- Maman, tu n'as pas besoin de faire semblant devant moi. Je comprends ce qu'il t'arrive. Inutile d'essayer d'être plus forte que tu ne l'es réellement.

Je laisse tomber ma main et secoue la tête.

- Zoé, je te dis que tout va bien. C'est juste le travail qui m'a fatiguée.

- La petite Alessandra ? Demande-t-elle en m'emboitant le pas, alors que je passe dans le salon. Ses parents ne veulent toujours rien dire ?

Rien d'étonnant à ce que Zoé en sache autant. Tous les soirs, je raconte ma journée passée à la clinique sorcière à ma famille - dont Tony fait partie, depuis que nous avons emménagés ensemble lors de notre exil en Italie, il y a neuf ans. Il ne supportait plus de vivre seul, et trouvait l'idée bien sympa d'emménager avec nous. L'idée d'une présence masculine me rassurait, j'ai accepté.

- Au contraire, réponds-je en enlevant ma robe de guérisseuse, dévoilant un short et un tee-shirt léger, bien agréable en ce mois d'aout étouffant. Ils ont fini par cracher le morceau. Maintenant, il faut que je créée un antidote pour la petite dans les plus brefs délais, où elle meurt. Mais ils ont mélangés tellement d'espèces que . . .

Je ne termine pas ma phrase, me contentant de soupirer.

- Je vais sans doute passer ma nuit à travailler dessus, repris-je en me tournant vers Zoé. Je sais que nous devions aller au cinéma, mais je ne pourrais pas me sortir Alessandra de l'esprit si c'est le cas.

Zoé perd son air inquiet pour faire une moue déçue. Ce n'est pas souvent que j'annule nos plans, mais à chaque fois que je le fais, j'ai l'impression que c'est un terrible drame pour elle. Aurais-je réagis de la même manière à son âge, si j'avais eu mes parents ?

- Pour une fois qu'on pouvait faire un truc toutes les deux ensemble, râle-t-elle. Tant pis, je trainerais Tony avec moi. Il est hors de question que je rate ce film.

Sur ces mots, elle quitte le salon, me laissant seule alors que je me dirige vers la table basse, où Zoé a déposé le courrier arrivée dans la journée. Deux factures moldues et une enveloppe de parchemin. Je fronce des sourcils, intriguée. Je reçois rarement du courrier sorcier, seulement pour les affaires administratives. Je retourne l'enveloppe pour voir qui est l'expéditeur, mais il n'y a rien d'écrit, alors je la décachette et déplie le parchemin qui se trouve à l'intérieur. Mon cœur fait un bond, quand je reconnais l'écriture de l'expéditeur, puis mon sang se glace. En quel honneur Remus Lupin, dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis mon départ d'Angleterre treize ans plus tôt, m'écrirait-il ?

Chère Mandy,

J'ignore si je peux commencer cette lettre ainsi. Ai-je encore le droit de dire « chère » ? Nous n'avons pas eu de contacts depuis notre dernière rencontre, et celle-ci s'est plutôt mal terminée, n'est-ce pas ? Te dire que je n'ai pas regretté de ne pas t'avoir écouté ce jour-là serait un mensonge. Il m'en a fallut du temps, des années, pour m'avouer que j'aurais au moins pu te laisser une chance de t'expliquer, de me dire ce que t'avais raconté Sirius. Et quand je l'ai fait, je n'ai même pas eu le courage de t'écrire. Pourquoi faire ? ai-je pensé. Pourquoi t'envoyer une lettre, dix ans plus tard, pour te dire que je regrette ? Cela n'aurait rien changé, et c'était plus simple de poursuivre ma vie sur la route qu'elle avait prise. Mais, alors, dois-tu te demander, alors pourquoi est-ce que je t'écris maintenant ?

Bien des choses ont changés, ici en Angleterre. Mais je pense que je vais commencer par le commencement. Je passerai sous silence les douze années de galère pour trouver un travail et un toit potable sous lequel vivre, et sauterai directement à l'année dernière. J'ignore si tu reçois des nouvelles de ton pays d'origine, aussi, j'ignore si ce que je vais t'apprendre te surprendra ou non : Sirius s'est échappé d'Azkaban au début du mois d'aout, il y a un an. Tu imagines la panique que cela a engendrée dans le pays, tous persuadés qu'il était un grand criminel, le bras droit de Voldemort. Quelques jours plus tard, le professeur Dumbledore est venu me trouver, me proposant le poste de professeur de défense contre les forces du Mal. Il voulait que je sois présent à Poudlard, pour veiller sur Harry. Le fils de James et Lily était en danger, pensions-nous car, dans sa cellule, Sirius ne cessait de répéter « Il est à Poudlard ». Nous pensions qu'il était fou et que dans son esprit dérangé, tuer Harry reviendrait à faire ressusciter son maitre.

Arrivée à cet endroit de ma lecture, j'ignore si je dois poursuivre. J'ai l'impression que toutes ces années me rattrapent. J'ai mal à la tête, les souvenirs de cette vie passée m'envahissent, elles déferlent à flots, submergeant ma raison. Je me laisse tomber à genoux sur le sol, le parchemin dans mes mains tremblantes. Durant treize années, je me suis efforcée d'oublier mes amis et mes relations passées, de faire comme si tout cela s'était passé dans une autre vie. J'y ai été obligée, pour mon bien, pour ma raison, pour ne pas devenir folle, et aussi pour élever Zoé comme il le fallait, sans lui imposer les fantômes encombrants de mon passé chaotique. Je devais effacer tout ça, et j'y suis parvenue. Mais aujourd'hui, l'univers tout entier semble vouloir me rappeler d'où je viens, et qui je suis réellement. Haletante, je repose mon regard sur le parchemin. Je veux savoir la suite. Je veux savoir pourquoi Remus parle au passé sur ses sentiments envers Sirius.

J'ai pris mon poste le traditionnel premier septembre, et j'ai rencontré Harry pour la première fois depuis la mort de ses parents. Tu le verrais, Mandy, c'est le portrait craché de James. Pendant un bref instant, quand je l'ai vu, j'ai cru qu'il était son père. Mais ses yeux m'ont ramenés à la réalité. Il a les yeux de Lily. Si je me souviens bien, tu ne cessais de répéter qu'il devrait les avoir, parce que tu les trouvais magnifique. Ton vœu est exaucé. Je ne lui ai bien sûr, rien dit sur qui j'étais ou, aurait pu être pour lui. Je ne voulais pas avoir à expliquer mon absence dans sa vie. En tant que dernier ami de ses parents, il aurait peut-être trouvé normal que je m'inquiète de lui, mais je n'ai jamais eu le courage d'aller dans sa direction. Pas alors qu'il ne pouvait plus compter sur tout ceux qui aurait dû prendre soin de lui. Je pensais que je n'aurais rien été à ses yeux. Mais j'aime à penser différemment à présent.

Durant l'année, il est apparu que Harry est semblable à James, bien plus que physiquement. Il a ce fichu don pour se mettre dans les ennuis .Et il a hérité de l'intelligence de ses parents. Comment en aurait-il pu être autrement d'ailleurs ? Je me suis un peu rapproché de lui au cours de cours particuliers durant lesquels je lui apprenais le sortilège du Patronus. Le pauvre revoit les horreurs du 31 octobre en leur présence. J'ai pensé qu'il devait savoir se protéger un minimum, et il a dépassé toutes mes espérances. A à peine quatorze ans, il est capable de lancer un patronus corporel, exploit que peu d'adultes peuvent se targuer de reproduire. Il est étonnant et, étrangement, je me suis sentie fier de lui. Je pense m'être un peu trop attaché à Harry.

Mais, j'arrête de parler de lui, même s'il me mène au sujet principal de ma lettre. Donc, j'ai enseigné à Poudlard toute cette année pour garder un œil sur lui et le protéger de Sirius. Ce dernier d'ailleurs, s'est introduit deux fois dans l'école à l'insu de tous. Je savais comment, bien sûr, car il utilisait les mêmes techniques que de notre temps à Poudlard, celles que nous utilisions pour sortir en douce du château. Celles que James, Sirius et Peter utilisaient pour me rejoindre les soirs de pleine lune. Je n'en ai pas parlé à Dumbledore. Je ne voulais pas qu'il sache que j'avais trahi sa confiance. Puis, tout s'est accéléré au mois de juin, quand Harry et deux de ses amis se sont retrouvés face à Sirius. Comme je le surveillais, je me suis rendu compte immédiatement de ce qu'il se passait et les ai suivi. Je me suis retrouvé face à mon vieil ami pour la première fois depuis des années. Mais . . .

Je n'arrive pas à me souvenir si nous t'avons déjà parlé de la carte du Maraudeur. Si ce n'est pas le cas, je t'apprendrai qu'à Poudlard, tous les quatre avons inventé une carte interactif du château et du parc qui permet de voir où se trouvent les gens en temps et en heure et qui n'est abusé par aucune cape d'invisibilité, ni sortilèges, pas mêmes les animagus. Alors, maintenant, imagine ma surprise lorsque, en la regardant ce soir de moi de juin, j'ai constaté que Sirius, Harry et ses deux amis n'étaient pas seuls. Car, la carte indiquait que Peter les accompagnait.

Sans attendre, je me suis précipité à leur suite, voulant en avoir le cœur net. Et quand je suis arrivé, ils étaient là tous les quatre, et le meilleur ami d'Harry, Ron, tenait un rat dans ses mains. Qui ressemblait étrangement à Queudver. Et qu'il possédait depuis douze ans. Tu arrives à imaginer ça ? Peter était sous le nez de l'Angleterre toute entière pendant toutes ces années. Juste sous une autre forme. C'est ça qui m'a convaincu de laisser Sirius raconter son histoire. Celle que tu as entendue ce jour-là, quand tu lui as rendu visite à Azkaban. Celle que je n'ai pas voulu t'entendre me raconter. A présent, je connais la vérité, et Harry aussi. Surtout Harry. Malheureusement, alors que nous allions délivrer Peter aux autorités et innocenter Sirius, j'ai oublié un détail important : c'était un soir de pleine lune. Par ma faute, Peter s'est échappé et Sirius, bien que libre, continue à fuir.

Je sais qu'il m'en a fallu du temps pour t'écrire cette lettre, presque deux mois, mais je ne savais pas par où commencer, si j'avais le droit de te contacter, ou si tu avais envie de le savoir. Je me suis finalement quand même décidé, comme tu peux le constater. J'espère que ma lettre te . . . Enfin, je ne sais pas ce que j'espère exactement. Que tu ailles bien sans doute, ainsi que Zoé. Et c'est sans doute le principal. Je ne peux rien espérer d'autre. Je ne sais pas comment tu vas prendre les dernières nouvelles.

Si tu le peux, et le veux, je voudrais que tu me tiennes au courant de tes décisions. Peut-être pourrions-nous commencer une correspondance ? J'avoue avoir envie de te revoir, tu me manques. Je regrette ton départ précipité pour l'Autriche, je regrette de ne pas avoir vie Zoé grandir. Pourras-tu revenir en Angleterre, ne serait-ce que pour quelques jours ? J'imagine que j'en demande trop, que je suis gourmand, après la façon dont je t'ai traité. Mais, retrouver Sirius, savoir qu'il est finalement innocent, avoir rencontré Harry, tout cela me ramène en arrière et je me mets à espérer. Un peu trop peut-être.

Dans l'attente d'une réponse de ta part, je t'embrasse,

Ton ami (si je peux de nouveau me considérer ainsi), Remus J. Lupin.

- Maman ?

La lettre serrée contre mes lèvres tremblantes laissant échapper des sanglots, mes yeux se vidant de larmes de sang que viennent imbiber le parchemin, je me tourne vers Zoé. Dans l'embrasure de la porte, elle me regarde avec effarement, Tony à côté d'elle.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Demande-t-elle.

Je ne peux pas répondre. Trop de sensations et de sentiments se bousculent en moi. Incompréhension, bonheur, espoir, incrédulité, colère, peur. Je voudrais tout casser autour de moi et sauter de joie en même temps. Mais je ne peux que rester prostrée à terre, tremblante, en serrant cette lettre contre moi. De tous ces mots, de toutes ces informations, je n'en ai retenu qu'une seule : mon mari est libre.


Fin du chapitre :)

J'espère qu'il vous aura plus.

Le prochain sera du point de vue de Harry, et à la troisième personne.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé si l'envie vous en prend. =)

Bye !