Stiles Stilinsli n'était pas une personne que l'on pouvait qualifié de dur à cuire. Pour la plupart, il représentait même le bas de l'échelle sociale, l'enfant hyperactif, fils du shérif avec un goût vestimentaire douteux et une bouche trop volubile pour son propre bien. Non, Stiles Stilinsli n'était pas un dur à cuire. Qui dirait le contraire, en le voyant à l'instant, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, mâchonnant le bout d'un crayon, tambourinant le bord de son bureau de ses doigts, comme si son hyperactivité devait, d'une manière ou d'une autre, se rappeler à lui.

Soufflant doucement, le garçon se passa une main lasse sur le visage et frotta ses yeux fatigués par ses innombrables heures passées à rechercher la moindre information sur les possibles, ou impossibles, évènements surnaturels se déroulant dans la petite ville de Beacon Hill. Car non, Stiles Stilinski n'était pas un dur à cuire, mais sa vie se résumait tout de même à avoir un loup garou pour meilleur ami, traîner avec une meute de loup socialement inadaptée, une pléthore de problèmes reliés au fait que ses soirées se résumaient, à présent, à courir dans les bois pour empêcher, au choix, la prise de pouvoir d'une bande d'alphas sanguinaires, la destruction de sa ville par une darach complètement folle et un néméton, placé stratégiquement au cœur de la forêt, agissant comme écho radar pour toute la merde surnaturelle de la région, comme si ils avaient besoin de problèmes supplémentaires.

Bref, Stiles était à un point, où l'impression que sa vie partait dans tous les sens et qu'il était incapable d'empêcher cela, était à son maximum. Avec un soupir, il se saisit de la feuille placée près de son ordinateur et fit défiler devant ses yeux les différents points qu'il avait énumérés, espérant que mettre ses problèmes par écrit, donnerait un sens logique à son existence actuelle.

Point 1: Scott: Loup garou bêta, toujours dégoulinant d'amour pour Allison et qui délaisse son meilleur ami. En lisant la première ligne, écrite quelques heures plutôt, Stiles ne put s'empêcher de grimacer. Il avait écrit cela par colère. Scott avait encore une fois annulé leur plan du soir. La raison: Allison. A la base ce n'était pas grand-chose, juste pizza et jeux vidéo, mais depuis que Beacon Hill était devenu un parc d'attraction pour monstres de tout genre, Stiles aspirait juste à un brin de normalité dans ce monde de fou. Mais Scott, lui aspirait à passer son précieux temps, près de sa chère et tendre et donc, loin de lui...

Attrapant son crayon, il hésita un instant à rayer sa phrase, tapotant le bout de l'objet sur ses lèvres, il ferma les yeux un instant, le souvenir du texto de Scott "Désolé, plan avec Alli ce soir." apparut derrière ses paupières closes. Rouvrant doucement ses orbes noisette, fixant à nouveau la ligne, il approuva mentalement la légitimité de ce point et fronçant les sourcils, il descendit son regard à la ligne en dessous.

Point 2: Pack Alpha battu, soit mort, soit en fuite, soit "adopté". En lisant ce deuxième élément qu'il avait pourtant lui-même écrit, Stiles ne put s'empêcher de serrer le poing, froissant la feuille entre ses doigts par la même occasion. Remarquant ce fait, il essaya de se détendre doucement et basculant légèrement la tête en arrière, il repensa aux derniers événements marquant sa nouvelle vie d'humain pris dans un combat entre deux meutes de loup. Le pack alpha avait perdu. Certains, comme le grand chef, une sorte de sociopathe avide de pouvoir, étaient mort dans la bataille. D'autres remarquant ce fait, avaient fui, non que Stiles les condamne pour ça, mais il espérait surtout qu'ils ne fassent pas trop de dégâts dans les contrées éloignés où ils allaient passer. Et puis il y avait les jumeaux. Les mains de Stiles se crispèrent un peu, et poussant un léger soupir, il pencha un peu plus sa tête en arrière tout en fermant les yeux.

Les jumeaux avaient trahi leur pack. Pour eux... Perdant par ce fait leur statut d'alpha, redevenant de simples bêtas. Ethan et Aiden étaient arrivés comme un boulet de canon dans leur lycée, s'appropriant Lydia pour l'un, Danny pour l'autre. Et ce qui devait être une mission d'infiltration, se transforma en quelque chose de plus profond pour les deux adolescents. Car oui, Stiles ne pouvait leur enlever ça, ils n'étaient encore que deux garçons, correction deux loup garous, de 17 ans. Pourtant Stiles ne pouvait empêcher la pointe d'amertume s'infiltrant dans ses veines, quand il songeait avec quelle facilité ils furent admis et intégrer dans la meute, alors que lui, y cherchait encore sa place...

Se redressant franchement, il plaqua la feuille sur la table devant lui et un son exaspéré franchit ses lèvres. Ses yeux volèrent sur l'écran allumé face à lui, survolant les images, assez gore, d'une page web consacrée à certains pseudos rites plus ou moins sanglant, pratiqués par des sortes de druides dans les temps anciens. Cela le ramena aussitôt au troisième point de sa liste.

Point 3: Darach: Complètement allumé, obscure vengeance, lien étroit avec le néméton, tuée par le l'alpha des alphas. Un léger sourire apparu sur ses lèvres. C'était assez ironique en fait. Après autant de préparation et ruminant sa vengeance dans l'ombre, ajustant les moindres détails, un coup de griffe dans la gorge avait eu raison la femme. Stiles avait toujours du mal à associer la douce enseignante qu'il avait eu, à la chose inhumaine qu'il avait entraperçu. Sa mâchoire se serra, quand le souvenir de son père en danger de mort, frappa avec force sa mémoire. Elle était très bien morte, Stiles n'allait pas pleurer pour elle. Pourtant un léger contentement s'insinua en lui. Au moins elle avait eu le temps d'emporter Kali, l'alpha qui l'avait trahi de premier abord, avant sa mort. Il ne pouvait imaginer ce que l'on pouvait ressentir dans une telle situation, il ne voulait même pas essayer. Il ne voulait pas savoir, jamais.

Échappant à ses sombres pensées, il se leva vivement de sa chaise, et fit quelques pas dans sa chambre. Regardant autour de lui, il essayait de faire le point sur sa vie, comme si la réponse à toutes ces questions allait surgir de derrière sa lampe de chevet. Sans le vouloir ses yeux se portèrent à nouveau sur la feuille posée sur son bureau. Il n'avait pas besoin de lire les points suivants. Cela ne servait à rien en fait, sa mémoire était trop performante pour son propre bien. Il n'avait fait que brasser du vent ses dernières heures, écrire était inutile. Les points restant n'étaient que des détails. Il balança le crayon qu'il tenait toujours dans sa main sur la table et se laissa tomber avec lassitude sur son lit. Cachant son visage avec ses bras, Stiles essayait de toutes ses forces de ne pas penser à la dernière ligne qu'il avait entamée, mais n'avait pu achever.

Point 8: Derek:…

Oui, Derek... Gémissant d'une manière un peu pitoyable, Stiles roula sur lui-même, attrapa son oreiller et le serra fort contre lui. Cela faisait quelques temps que Stiles avait arrêté de nier l'évidence sur le fait qu'il trouvait le loup garou à son goût, trop à son goût d'ailleurs, beaucoup, beaucoup trop. Il ne cherchait pas à savoir si il y avait plus derrière tout ça, bien qu'il soit d'un naturel curieux, il préférait éviter de se chambouler la tête plus qu'elle ne l'était déjà.

Il avait accepté son attirance pour l'homme taciturne qu'était Derek Hall, ça lui faisait une belle jambe et ça ne réglait rien. Stiles était un pur produit de l'adolescence américaine, livré avec les hormones adéquates. Et bien qu'il ait un certain contrôle sur celles-ci lors de ses dernières rencontres avec l'alpha, elles se rappelaient toujours à lui le soir venu dans la quiétude de sa chambre. En même temps, ce n'est pas comme si quelque chose entre eux étaient possibles.

Un sourire amer se dessina sur ses traits. Jennifer, ou quel que soit son vrai nom, avait essayé de séduire l'alpha, et ce fut sûrement le grain de sable dans sa machination parfaitement huilée, car Derek Hall n'a pas de cœur, il ne voulait rien avoir à faire avec la jolie enseignante, encore moins sous sa forme de Darach. Elle s'était retrouvée seule contre tous et avait fini la gorge arrachée. Paix à son âme... ou pas. Stiles n'allait pas mentir en disant que c'était un grand soulagement pour lui, que la druidesse n'ait pu poser ses mains sur le lycan. Pas qu'il aurait été jaloux. Et voilà qu'il recommençait à se mentir à lui-même... Il se sentait pitoyable.

Le jeune garçon se leva d'un bond de son lit et s'approcha vivement du bureau. Saisissant la feuille, il parcouru une dernière fois ses écrits, puis un peu violemment, il froissa le papier et le jeta dans la corbeille à ses pieds. Une bonne chose de fait. Il songea un instant à reprendre ses recherches, puis l'envie d'une bonne douche bien chaude, fit son chemin dans ses pensées. Il regarda l'heure, 20h10. L'hyperactif, sans perdre de temps, se dirigea vers sa commode, saisit quelques vêtements et se dirigea vers la salle de bain.

Une demi-heure plus tard, c'est avec un nuage de vapeur que Stiles sortit de la pièce d'eau, habillé et un peu plus relaxé qu'auparavant. Se saisissant de la poignée de porte de chambre, le garçon entra dans la pièce sans réellement lever les yeux sur son environnement, et se dirigea de nouveau vers le coin d'étude pour reprendre plus calmement ses recherches.

Un léger bruit suivit d'un déplacement d'air survint derrière lui. Se retournant vivement, Stiles n'eut le temps de réagir d'un bras puissant l'avait attrapé et plaqué contre le bureau. Dans la précipitation, les yeux de Stiles s'était fermé et, sentant un souffle chaud contre son visage, il ne savait pas si il voulait vraiment les ré ouvrir. Puisant une parcelle de courage, il détendit ses traits et entrouvrit les paupières, pour les agrandir vivement face à la personne qui le maintenait fortement immobile.

Avec un visage impassible, Derek Hall le regardait. Les battements de cœur du jeune garçon s'accélérèrent et ne comprenant réellement la situation actuelle, Stiles fit la seule chose pouvant calmer sa nervosité, il parla :

- Derek? Que... Que fais-tu ici? Il savait qu'il bafouillait, mais comment faire autrement, face à un loup garou, alpha, et surtout, surtout, très irritable.

Le lycan ne répondit pas immédiatement, ses yeux volèrent sur le visage Stiles, comme si il était à la recherche de quelque chose. Le regard du loup ne fit que rendre Stiles encore plus nerveux, il se mordit légèrement la lèvre inférieure en conséquence. Instantanément les yeux gris-vert de Derek se posèrent sur sa bouche. Augmentant la nervosité de Stiles par la même occasion.

-De... Derek? Le prénom dans la bouche de Stiles était hésitant, mais cela suffit à briser la sorte de transe du lycan, celui-ci fronça légèrement les sourcils et doucement de détacha du corps mince qu'il avait épinglé au bureau. Le loup se décala, puis recula de quelques pas. Il n'avait toujours pas parlé, pas qu'il soit un grand bavard, Stiles le savait bien, mais une phrase voir même un mot serait bienvenue dans la situation actuelle.

Avec quelques précautions, Stiles fit quelques pas vers sa chaise bureau et s'y laissa choir, il n'avait pas vraiment confiance dans ses jambes à ce moment précis. Ayant détourné le regard pour atteindre sans problème le siège, il reprit son observation de l'homme debout au milieu de sa chambre. Ce dernier ne disait toujours rien, se contentant de regarder Stiles. L'hyperactif était au bord du malaise, gérer Derek dans des situations de dangers extrêmes il pouvait le faire. Mais Derek Hall debout dans sa chambre le soir venu, il ne pouvait pas, pas quand il savait ce qu'il ressentait envers le loup. N'en pouvant plus de la situation présente, l'adolescent claqua fortement des mains, se redressa sur sa chaise et invectiva l'intrus.

- Bon Derek c'est mignon tout ça, mais j'ai des choses à faire, donc soit tu parles et tu expliques ta venue dans mon humble demeure, d'ailleurs il y a des portes dans cette maison et mon père n'est pas là, je sais que tu le sais. Alors tout ton truc de "rentrer par la fenêtre et faire avoir une crise cardiaque au pauvre Stiles", est un peu dépassé maintenant et le plaquage contre n'importe quelle surface dure à proximité n'est pas réellement nécessaire non plus. Pour résumer, pleins de choses à faire, donc parle ou part!

Stiles avait dit cela d'une traite, sans réelle hésitation, dans sa volonté de combler le silence et surtout de calmer ses nerfs. Il avait juste légèrement rougi en prononçant les mots "placage contre une surface dure", mais il se dit, que cela pouvait passer pour de la colère. Car au final, la situation actuelle l'exaspérait. Sa soirée n'aurait pas dû se passer comme cela. Il devrait être en train de jouer à des jeux vidéo, de manger une bonne pizza trois fromages et rire avec Scott! Mais non! Le destin, un marrant celui-là, lui avait apporté une situation tendue, une chambre qui semblait à Stiles de plus en plus étouffante et un loup garou pareil à une statue. Un loup garou vraiment chaud si il devait vraiment aller dans les détails. C'est d'ailleurs ce dernier point qui le dérangeait le plus.

- Ou est Scott? La voix grave du loup le sortit immédiatement de ses pensées. Alors c'était ça, Derek cherchait Scott, bien entendu, pourquoi serait-il venu le voir, lui, personnellement sinon. Il ignora du mieux qu'il put la légère rancœur qu'il sentait couler en lui et répondit d'une voix étonnement stable au loup:

- Sûrement avec Allison! Pourquoi?

- Pas tes affaires. Derek avait dit cela avec un léger dédain, du moins de l'avis de Stiles et cela fit éclater la retenue du jeune homme. Il en avait marre. Pas ses affaires? Pas ses affaires? Sérieusement? Se relevant rapidement de sa chaise, il s'approcha à quelques pas du loup et l'incendia:

- Non mais qu'est ce qui ne tourne pas rond avec vous les loups garous? Pas mes affaires? Vraiment Derek? Si ça n'avait pas été mes affaires, tu ne serais même pas là face à moi, sûrement mort il y de grandes chances! Oh je sais ce que tu penses, Monsieur est l'alpha et je ne suis qu'un fragile humain, donc ce n'est pas mon business toutes ces histoires, mais allo? Devines quoi? Ça l'est maintenant! Et ce depuis le moment où ton sociopathe d'oncle a mordu mon meilleur ami et qu'un foutoir apocalyptique à envahit la ville où je vis! Donc si ce sont mes affaires Derek et si tu penses que je vais te laisser dire ce qui me concerne ou non, tu fourres le doigt dans...

Stiles ne put finir sa phrase qu'il fut attiré vers Derek, son corps pivota et il fût de nouveau plaqué contre une surface dure, en l'occurrence son mur cette fois ci. Pendant sa diatribe, Derek n'avait rien dit, tandis que l'hyperactif bouillait de plus en plus. Et à présent, il se retrouvait coincé entre un mur et l'homme sur lequel il fantasmait à quelques centimètres de lui. La respiration un peu erratique, Stiles leva les yeux vers ceux du brun. Celui-ci le maintenait d'une pression ferme de la main sur son épaule gauche, l'autre main appuyée près la tête du jeune garçon. Stiles sentit son cœur faire une embardée quand il réalisa la position exacte dans laquelle ils étaient. Proche, beaucoup trop proche, beaucoup trop pour ses hormones du moins. Et merde.

Il paniqua légèrement, se tortillant sous la poigne du loup, espérant se dégager avant que l'homme face à lui, grâce à ses sens sur-développés, ne se rende compte de son malaise. Mais étant un fait avéré que le destin détestait Stiles Stilinski et il lui rendait bien, merci pour lui, le loup garou décala sa main du mur pour la poser sur l'épaule dégagée de Stiles et rapprocha son corps massif du sien.

Retenant son souffle, le jeune garçon jeta un coup d'œil à la bouche de Derek, vérifiant si des dents pointues n'en dépassaient pas. Aucuns crocs à l'horizon, sa gorge était sauve... pour l'instant. Retournant aux yeux du loup, il ne put empêcher d'être fasciner par eux. Et même si il ne le dirait jamais à voix haute, il tenait encore à sa fierté, Stiles les trouvait vraiment beaux. Certes son regard était la majeure partie du temps glacial, pourtant la couleur, la forme et l'intensité des yeux de Derek, lui donnait irrémédiablement chaud. Et cela se sentait. Malheureusement pour lui...

Le visage de Derek se recula légèrement, comme pour regarder Stiles dans son ensemble. Son visage auparavant de glace se mua en une expression que Stiles n'avait pas souvenir d'avoir déjà vu sur l'homme. Selon lui, c'était un mélange entre un léger étonnement et une sorte de colère sous-jacente. Il avait l'air en conflit en fait. Le regard direct de Derek sur lui, troublait de plus en plus Stiles, pensant sa dernière heure arrivée par combustion spontanée, le destin, encore lui, lui prouva qu'il avait tort et que les choses pouvaient être encore plus déstabilisantes pour le jeune homme.

La main droite de Derek bougeait. Pas genre, petit spasme de colère, non, du tout! La main en question cessa d'appuyer sur son épaule et se mit en mouvement, descendant doucement sur le côté de son torse. Les yeux toujours rivés dans ceux du lycan, Stiles ne put empêcher un frisson de parcourir son corps, les orbes gris-vert s'assombrirent à sa réaction. La main continua sa descente sur ses côtes, semblant provoquer un sillon brûlant sur son passage. Elle s'arrêta un instant sur sa hanche, le pouce passant sous le teeshirt qu'il portait, puis reprit son chemin vers le haut.

Et là Stiles se dit que la combustion spontanée était surfaite quand il sentit la paume du loup sur sa chair nu, les doigts l'effleurant doucement, remontant le long de son corps. La sensation de la main et de la chaleur qui s'en dégageait fit frémir Stiles à nouveau, plus fortement que précédemment, ses dents bloquèrent comme par instinct de survie sa lèvre inférieure pour empêcher un gémissement qu'il sentait poindre au fond de sa gorge. Le garçon toujours sous le regard sombre du loup, ferma violemment les yeux tandis que le sang imprégnait ses joues d'une belle couleur rouge. La main de Derek se stabilisa près de son torse et s'en préavis aucun, le pouce de l'homme passa doucement sur son mamelon droit.

La réaction de Stiles fut immédiate, un sorte de gémissement, toujours étouffé pas ses dents sur sa lèvres, se fit entendre et son corps se raidit un instant.

Les yeux toujours clos, le corps pressé contre le mur, la main de Derek sur lui, Stiles avait l'esprit vide, ou plutôt en surcharge. Il ne s'avait plus quoi penser, quoi faire, lui qui avait réponse à tout, qui se sortait de situations difficiles par quelques pirouettes et une bonne dose de chance, n'avait aucune idée de comment réagir face à un Derek Hall, loup garou alpha de Beacon Hill, le caressant. Le mot était lâché. Même sans grande expérience des choses de la vie, il savait qu'une seule interprétation était possible quant au geste du loup, il le caressait. Pour autant, Stiles était complètement dépassé. Le fait que Derek le regardait et observait ses réactions, le précipitait encore plus loin dans la masse de confusion et de trouble qu'il était devenu.

Comme pour ajouter à son malheur, l'autre main du lycan se déplaça également, plus rapidement que sa consœur et se plaça en coupe sur le côté gauche de son visage, le pouce brossant légèrement sa joue. Le geste le fit ouvrir ses paupières d'étonnement. Tombant directement dans ceux de l'homme face à lui, les yeux de Stiles cherchaient une réponse au pourquoi de la chose. Et comme si une douche de clarté lui était tombé dessus, le châtain compris parfaitement le regard en face de lui. Du désir. Oh mon dieu.

Il songea un instant à paniquer, mais avant d'avoir pu creuser la question, les yeux de Derek tombèrent sur sa bouche. Sans le vouloir, ou instinctivement peut être, les dents de Stiles relâchèrent la lèvre meurtrie et sa langue passa rapidement sur la chair maltraitée. La main sur son torse se crispa légèrement. Il sentit son souffle devenir faiblement saccadé. Les yeux gris-verts remontèrent à nouveau dans ceux noisette de Stiles. La main tenant son visage, exerça une imperceptible pression, faisant basculer la tête du plus jeune un peu en arrière. Le souffle toujours court, regardant l'homme face à lui, l'hyperactif su avec une certitude ce qui allait se passer les instants suivant. Pour une fois le destin sembla d'accord avec lui quand il sentit s'abattre sur ses lèvres celles du lycan.

La sensation était indescriptible. Stiles pourrait perdre son temps à réfléchir, à essayer de comprendre, mais la chaleur qui se répandit en lui annihilait toute faculté de penser. Une langue chaude longea l'orle de ses lèvres comme pour demander permission. Inconsciemment, son corps parlant pour lui, ses lèvres s'entrouvrirent et rapidement la langue du loup s'engouffra dans la bouche du plus jeune.

Extrait de la tête de Stiles: "OH MON DIEU!" Derek Hall l'embrassait et il était loin de faire semblant, le corps robuste de l'homme se rapprocha encore plus, de telle manière que Stiles ressentait toute la chaleur qui se dégageait du loup garou. Sous l'effet de la situation complètement insensée, Stiles envoya balader sa raison, qu'il n'était même pas sûr d'avoir déjà eu, et répondit avec ferveur au baiser.

Les mains de Derek se déplaçaient vélocement, la main droite bougeant jusqu'au creux de ses reins, rapprochant ainsi leurs deux corps et celle qui tenait son visage se lova sur sa nuque. Ainsi pressé ensemble, la retenue de plus jeune vola en éclat. Un gémissement franchi ses lèvres et ses bras qui, jusque lors, reposaient sagement contre le mur, se mirent en mouvement et saisirent le haut du torse ferme du loup, empoignant le tissu sous ses doigts. Le baiser déjà très chaud, devint affamé. Le son de son propre sang circulant à un rythme effréné, tambourinait dans ses oreilles.

Un autre son s'ajouta à son environnement. Dans la torpeur du moment, il n'y avait pas prêté attention, mais il devenait de plus en plus clair. Un grognement bas assez continu, presque un ronronnement. Oh mon dieu, cela venait de Derek. Quand il eut pris conscience du fait, le sang qui battait ses tempes descendit directement dans son entrejambe. Le loup grondait contre lui, plaquant son corps contre le sien, ravageant sa bouche. La fièvre qui s'emparait d'eux semblait sans limite.

Stiles avait besoin de respirer. Dans un effort qu'il pensait surhumain sur l'instant, il brisa le baiser et recula son visage. Avalant une goulée d'air, ses yeux, qui s'étaient clos dès que les lèvres du lycan recouvrirent les siennes, s'ouvrirent et le jeune homme eut un aperçu de ce qui serait sa damnation. Derek avait les yeux rouges. Mode Alpha. Ses lèvres étaient gonflées et son souffle profond, comme pour se calmer. Au lieu de paniquer face aux signes évidents d'une perte de contrôle chez le loup garou, les yeux écarlates firent battre le cœur de l'adolescent encore plus rapidement si possible et sa queue finit alors de se dresser complètement.

Se sentant à l'étroit, Stiles se trémoussa nerveusement, mais la main sur ses reins le maintint contre le loup, les rapprochant jusqu'au point de pouvoir sentir, malgré les vêtements les couvrant, l'étendue du corps athlétique pressé contre le sien. Ainsi il ne put ignorer la bosse qui pointait sous le jeans du brun, bosse actuellement pressé contre sa hanche. Oh mon dieu…

Reprenant les choses où ils les avaient laissés, les mains du loup garou chutèrent brutalement vers les cuisses du plus jeune, les saisissant par l'arrière et soulevèrent l'adolescent contre le mur. Ses jambes s'enroulèrent instinctivement autour de la taille du loup, ses mains se détachant du t-shirt du plus vieux, s'agrippant fébrilement au cou à portée. Derek bougea ses hanches et leurs érections contenus difficilement dans leur pantalon, se frottèrent l'une à l'autre. Sous la sensation, Stiles bascula la tête en arrière, se cognant un peu au mur derrière lui, dévoilant sa gorge. Sans attendre, cette dernière fut prise d'assaut par le lycan. Une des mains de Stiles, glissa de la nuque et s'enterra dans les cheveux bruns. Il se faisait dévoré la gorge. Non comme les menaces habituelles du loup. Bien au contraire. Avec une certaine ferveur, les lèvres de Derek avalaient la peau à portée, ses dents mordillant la chair et sa langue traînant sur les marques qu'il laissait le long de son cou.

C'était intense, trop intense pour Stiles. La chaleur était presque étouffante, sa queue palpitait d'un besoin incontrôlable. C'était... C'était... C'était fini. Aussi soudainement qu'elle était venu, la chaleur le quitta, comme le corps qui le maintenait contre le mur se recula violemment. Il n'était pas sûr de comment il avait fait pour ne pas tomber sur le sol, mais le fait est qu'il se retrouvait debout sur ses jambes légèrement fléchis, avachit contre le mur, le souffle court. Derek quant à lui se trouvait au milieu de la chambre de l'hyperactif, les yeux toujours rouges, respirant fortement, les poings serrés.

La situation actuelle n'avait rien d'agréable pour Stiles. Il n'osait faire un mouvement, le froid qui s'insinuait lentement en lui depuis que le loup s'était éloigné, se faisait plus intense et doucement il se sentit trembler. Le lycan ne disait rien, continuant de regarder impitoyablement Stiles. Au moment où l'adolescent se préparait à ouvrir la bouche pour dire quelque chose, pas qu'il savait de quoi parler, mais il voulait essayer, il se fit devancer par l'alpha:

- Plus jamais. C'était presque un grondement.

- Que... quoi? Ce furent les seuls mots que Stiles put sortir avant d'être à nouveau interrompu par le loup.

- Plus jamais ça Stiles! Tu n'en parles pas, tu n'y pense pas, tu ne t'approche pas! Suis-je clair? Lui demanda abruptement l'homme. Suis-je clair? Répéta-t-il plus fortement devant la non réponse du jeune garçon face à lui.

- Ou... oui... La voix de Stiles n'était qu'un murmure, mais il n'avait aucun doute qu'en au fait que Derek l'entende.

Les yeux du loup garou perdirent leur intensité rougeoyante et le côté humain eu l'air de reprendre le dessus. La mâchoire contractée au maximum, le loup fit soudainement volte-face, se glissa par la fenêtre de la chambre. Stiles, dans un état proche de la catatonie, vit le loup se hisser sur le toit et disparaître dans la nuit.

S'en réellement s'en rendre compte, ses jambes cédèrent sous son poids et il s'affala le long du mur, jusqu'à atteindre le sol et s'y laissa choir. Sa tête était vide, ses battements de cœur douloureusement erratiques et il avait froid. En vrai, il avait envie de pleurer. De crier. De tout détruire autour lui. Pourtant, il resta là, léthargique, au sol, la tête appuyée contre le mur derrière lui, les yeux fixés sur un point imaginaire.

Il ne pouvait composer avec ça, il ne pouvait trouver une explication logique, un fondement de raisonnement sur les évènements qui venaient de se dérouler. Fantasmer sur l'alpha était une chose. Se faire clouer contre un mur par lui et embrasser comme si la fin du monde était à sa porte en est une autre. Il ne pouvait y faire face.

Stiles ne sut pas vraiment combien de temps il resta échoué dans le coin de sa chambre après le départ de Derek, mais quand il réussit à se rappeler comment faire fonctionner son corps, il se redressa lentement, fit quelques pas prudent et tourna la tête vers son réveil. 23h20. Son père ne serait pas là avant le matin, il était seul chez lui, mais ne voulait pas y rester. Il ne pouvait pas y rester, pas quand... Il ferma fortement les yeux, serrant ses mains en poing et crispa furieusement la mâchoire "Plus jamais!" Le son de la voix du loup garou résonnait encore à ses oreilles. Ouvrant les yeux, le jeune garçon fit quelques pas vers son bureau, saisit ses clés de voiture et sortit précipitamment de sa chambre.

Avant de sortir de la maison, il fit un détour par la buanderie, se penchant derrière quelques bric-à-brac traînant dans le coin et attrapa la bouteille de whisky qu'il avait caché là pour les moments "Cuite dans les bois avec Scott pour médire sur le monde entier". Scott n'était, certes, pas là, mais le besoin d'anesthésier son esprit était le plus fort. A la pensée de son meilleur ami, ses gestes se firent plus brusques et il faillit faire tomber la précieuse liqueur. Rattrapant maladroitement la bouteille, il se dirigea au pas de charge vers l'entrée de sa maison, sortit et verrouilla derrière lui.

Une fois installé dans sa jeep, il mit le contact et se dirigea vers la ville. La demeure Hall était assez proche de sa maison au final, passer par la ville ne mettrait que plus de distance. Il préférait échouer dans un autre coin de la forêt éloigné plutôt que d'aller à la clairière où Scott et lui avaient leurs habitudes et qui bordait le domaine de l'alpha.

Rapidement il atteint la partie basse de la ville. Observant les alentours pendant qu'il roulait, il regardait les gens, seul ou en groupe, célébrant la venue du samedi soir. Ces dents se serrèrent plus encore. Lui n'avait rien à faire le samedi soir, pas d'invitation, pas de soirée, pas de Scott... Juste un loup garou brutal et un esprit sens dessus dessous.

Entendant des éclats de voix, il tourna la tête vers la gauche. Il avait atteint la place festive de Beacon Hill, où plusieurs bars se trouvaient, les gens buvant et faisant la fête. Du coin de l'œil, il attrapa un éclat familier. Ralentissant sa vitesse, il aperçut la camaro de Derek, sur le parking avant du bar sur sa gauche. Pas le plus reluisant des bars selon lui, il avait même une sacrée réputation.

Stiles ne savait pas exactement comment il était arrivé là, mais le fait est qu'il était, debout près de sa jeep, garée à quelques places de la voiture du loup. Il fit quelques pas maladroit vers la voiture noire et entendit un bruit assez fort provenant du côté de l'établissement. Avançant au radar, l'instinct prenant le dessus, il se dirigea vers la source du bruit, s'en savoir pourquoi. La boule qu'il avait au ventre et qui menaçait d'éclater depuis le départ du lycan de sa chambre pulsait douloureusement. Il savait qu'il allait voir quelque chose qu'il ne voulait pas, pourtant ses pas ne ralentir pas et finalement, tout en tournant à l'angle du bâtiment, il le vit.

Les jambes d'une inconnue autour de son corps, ses mains profondément enfouis dans la chevelure blonde à disposition, le torse pressé contre la femme dans ses bras, Derek embrassait sauvagement sa partenaire. Et au vue des gémissements qu'elle émettait, elle aimait ça. C'est à ce moment précis que le cœur de Stiles Stilinski se brisa.

Le reste fut assez flou pour le jeune garçon, il se souvint avoir reculé prudemment, s'être dirigé à sa voiture et s'être effondré sur son volant. Se redressant brusquement, il remit le contact et partit à pleine vitesse sur les routes de Beacon Hill. Jetant un regard à sa compagne du soir, Stiles attrapa la bouteille sur le siège passager et essaya de l'ouvrir avec une seule main. Pas pratique, dangereux même.

Atteignant l'orée de la forêt, il tourna au premier embranchement permettant d'entrer dans le domaine boisé. Après quelques centaines de mètres, il reconnut sa bêtise. Les pluies avaient été fortes dernièrement et les sentiers praticables étaient boueux. Sa jeep, si résistante, finit par s'embourber juste avant un talus. Après plusieurs essais infructueux, Stiles coupa le moteur, pris sa joyeuse compagne avec lui, et se dirigea entre les arbres.

Il flâna un moment, savourant l'air piquant de l'hiver et le silence reposant des lieux. Débouchant sur un espace dégagé, il prit en compte son environnement immédiat et se dirigea vers un tronc d'arbre couché sur le sol. Stiles se laissa choir avec lassitude contre l'arbre et, une fois installé, ouvrit enfin sa bouteille, la portant immédiatement à sa bouche.

Quand l'alcool atteignit ses papilles, il grimaça devant le goût fort du breuvage. Pour autant, il reprit une lampée, s'appuyant un peu plus contre le bois derrière lui, allongeant ses jambes devant lui. Il n'avait pris que quelques légères gorgées quand un bruit survint de sa gauche. Tournant la tête vers le son, le jeune garçon plissa les yeux, scrutant la pénombre de la forêt.

La lune était haute dans le ciel, pas pleine, mais lumineuse, assez pour qu'il est pu faire son chemin jusqu'ici, mais insuffisante pour distinguer quoique ce soit à travers les arbres environnants. Stiles attendit quelques instants, les sens aux aguets, puis n'entendant aucuns autres bruits, il reporta le goulot à ses lèvres. Un autre son, plus fort que le précédent retentit encore sur sa gauche. Stiles se redressa un peu rudement et attendit.

Son attente ne fut pas longue, d'autres bruits survinrent bien vite. Quelque chose ou quelqu'un se déplaçait le long de la frondaison des arbres, caché dans l'obscurité. Stiles se dit qu'avec sa chance et le destin de son côté (on peut toujours rêver…) ce n'était qu'un animal. Mais son instinct, lui, criait au jeune homme de se lever et de courir le plus loin possible de l'endroit. Chassant la peur irrationnelle qui le prenait, le garçon attendit et observa plus encore les ombres avoisinantes. Les bruits se rapprochaient de lui, se mouvant pour arriver presque en face de sa position. Scrutant la place d'où provenaient les craquements, Stiles sursauta quand un léger rire atteint ses oreilles. Définitivement pas un animal. Génial. Le cœur de l'adolescent partit dans une course précipitée tandis que deux yeux bleus métalliques se détachèrent dans la nuit, juste face à lui.

- Ethan? Ne put s'empêcher de demander le jeune homme avec l'espoir que le loup en question lui faisait une blague. Les yeux face à lui restèrent fixes.

- Aiden? Continua-t-il en désespoir de cause, sachant qu'il n'y avait que les jumeaux qui possédaient une telle couleur. Sa voix partant dans les octaves supérieures.

Sans crier garde, peut être lassé du jeu, un homme d'une trentaine d'année, inconnu de Stiles, sortit de l'orée de la forêt, s'arrêtant à une vingtaine de mètres du garçon. Définitivement pas un animal. Quoique, vu les yeux. Un loup-garou. Super. Ce dernier glissa un sourire, que l'on pouvait facilement qualifier de cruel, sur son visage. L'homme était habillé de vieux vêtements usés, ses cheveux sombres partaient dans tous les sens. Un oméga… Encore une fois, super! Stiles n'osait faire un mouvement bien que ses tripes lui sommaient de se lever et de détaler de là. Mais la peur le figeait. Ce fut un bruit de verre qui le sortit de sa torpeur, sans s'en rendre compte il avait lâché sa bouteille, celle-ci s'était écrasé près de lui. Bondissant sur ses pieds, Stiles se retourna et sauta par-dessus le tronc, puis s'en ralentir, il entama une course folle à travers la forêt.

Il savait que face à un loup garou il n'avait que peu de chance de gagner à la course. Pourtant, doté de l'instinct de survie naturel de l'homme, Stiles allongea ses foulées espérant mettre autant de distance qu'il pouvait entre son tourmenteur et lui. Bien trop tôt, le jeune garçon entendit renâcler derrière lui, il était pris en chasse. Le loup aurait déjà dû être sur lui, il le savait, mais celui-ci, se prenait sûrement au jeu de la chasse. Et Stiles était la proie. Infiltrer la terreur chez ses victimes devait être grisant pour lui.

Après quelques enjambés désespérées, Stiles sentit quelques chose lui faucher la jambe. Prit dans sa vitesse de déplacement, il se mit à rouler sur lui-même sur le sol, jusqu'à s'immobiliser contre un arbre. Terrorisé, le garçon releva vivement la tête pour voir l'oméga, toujours souriant, se diriger vers lui. S'arrêtant à quelques pas, il pencha la tête sur le côté comme pour admirer son futur repas, puis brutalement leva le bras au bout duquel des griffes acérées luisaient. Stiles ne put détourner le regard, sa vie ne défila pas devant ses yeux comme il pensait qu'il devait en cas de mort imminente. Non, il regardait juste sa mort dans les yeux et étrangement il n'avait plus peur.

Une ombre surgit sans crier gare des fourrés derrière l'adolescent et s'abattit sur l'oméga. Bloquant sa respiration, Stiles ne put qu'observer, impuissant, le combat face à lui. Il ne voyait pas le visage du nouvel intervenant, ce dernier portant une capuche noire dissimulant son visage. Mais Stiles pouvait dire que c'était un homme, un loup garou même, aux sons des grognements qu'il entendait. Ce n'était pas Derek, la carrure était trop fine. Il savait que ce n'était pas Scott non plus. La façon de se mouvoir du loup encapuchonné lui était inconnue.

Aussi vite qu'il avait commencé, le combat se termina avec un horrible craquement, le loup garou à capuche avait brisé la nuque de l'oméga, lui arrachant presque la tête. Pas de guérison possible mon pote. Toujours dos à Stiles, l'inconnu repoussa le corps du loup sanguinaire et le laissa tomber au sol. Quelques secondes passèrent, le souffle de Stiles revint finalement avec force et il expira bruyamment. Au son, l'inconnu se figea et se retourna lentement vers l'humain à terre.

Avec la pénombre, Stiles n'arrivait toujours pas à discerner les traits de son sauveur. Mais la question fut vite réglée quand le lycan abaissa sa capuche. La lumière lunaire frappa le visage face à lui et Stiles retint son souffle une nouvelle fois. Mon dieu oui, il connaissait ce visage. Il connaissait la personne entière d'ailleurs, mais il était choqué de le voir devant lui et surtout, surtout, qu'il l'ait sauvé.

Ce fut d'une voix tremblante que Stiles prononça :

- Jackson?

Car oui, Jackson Witthemore, se tenait devant lui. Dire que Stiles se sentait confus était un euphémisme. Par quel enfer, Jackson Witthemore, tourmenteur personnel de l'hyperactif, disparu de la circulation depuis plusieurs mois, pouvait être là, devant lui.

- Respire Stilinski ! On dirait que tu as vu le grand méchant loup ! Jackson prononça cette phrase d'une voix claire, légèrement amusé, mais loin du dédain dont Stiles avait l'habitude quand le jeune homme s'adressait à lui.

Le loup garou se rapprocha de l'adolescent toujours à terre et s'accroupit face à lui. Stiles pouvait à présent parfaitement voir le visage du lycan. Toujours aussi beau d'ailleurs. Mais quelque chose avait changé. Avant que Stiles ne puisse approfondir la question, le jeune blond avait repris :

- Tu t'es blessé? Il parla d'une voix calme. Stiles prenant enfin conscience de son environnement et surtout de son corps, ressentit une légère douleur à la cheville. Super, il avait dû se faire une entorse ou une bonne foulure dans sa chute. En même temps, c'était toujours mieux qu'être mort.

- Ma… ma cheville, je pense… Mais ça ira ! Je… je ne devrais pas avoir de problème pour rentrer. Je veux dire, dans les bois, la nuit, après qu'on est voulu de moi comme repas gratuit… Et puis il ne fait pas trop froid et j'ai l'habitude des situations bizarres maintenant… Il y a pire comme situation non? Une cheville, ce n'est pas grand-chose… Sa voix mourut sur ses lèvres face au regard clairement moqueur du garçon accroupit.

- Tu n'as pas changé Stiles. Toujours à parler autant comme autant. La voix du loup n'était pas réellement moqueuse, mais plutôt amusé, presque… Tendre? S'en attendre de réponse, Jackson enchaina :

- Tu as déjà monté un loup? En entendant la question du blond, Stiles ne put empêcher un rougissement de s'étendre sur ses joues. Mais c'était quoi cette question? Entendant un léger rire, l'humain reporta son attention sur le loup garou près de lui. Il avait l'air très amusé de sa réaction. Oh l'enfoiré! Il le faisait exprès, comme si la soirée de Stiles n'avait pas été assez pourrie comme ça. D'une voix morne, le châtain répondit :

- Non Jackson, non, je n'ai jamais monté un loup. Bien qu'en son for intérieur, le petit intermède avec l'alpha de Beacon Hill pouvait peut être correspondre à la description. Chassant ses pensées gênantes, il attendit la réaction du jeune lycan. Et ce n'est vraiment pas ce à quoi il s'attendait.

- Et bien, il y a un début à tout! Viens là! Jackson prononça sa phrase clairement, pourtant Stiles avait du mal à intégrer ce qu'il venait d'entendre. Il plaisantait n'est-ce pas? Son questionnement fut interrompu par la main de Jackson qui attrapa son bras et le hissa sur ses pieds. Il retint une grimace, quand le poids de sa jambe reposa sur sa cheville blessé.

Le loup quant à lui avait lâché sa prise, tourné le dos et fléchi les jambes, les bras écartés de son corps comme pour réceptionner quelque chose. Et la lumière fut. Jackson voulait qu'il monte sur son dos. Le petit con, Stiles était sûr que le choix des mots précédents était fait exprès. Rien que pour voir l'hyperactif mal à l'aise. Près à refuser l'offre, Stiles ouvrit la bouche, mais fut arrêter par le regard de Jackson qui avait tourné la tête pour le regarder. Un regard clair, sans malice, un regard qu'il n'était pas sûr d'avoir déjà vu sur le sportif.

- Stiles, montes! Tu vas voir, tu vas aimer et ce sera beaucoup plus rapide! Et comme si son corps était passé en mode automatique, Stiles se vit s'approcher du dos de l'autre garçon, poser avec hésitation ses mains sur les épaules fermes devant lui et se laisser hisser avec l'aide du loup sur le dos de ce dernier. Enserrant fermement les bras par-dessus les épaules du blond, ses jambes furent remontées le long du corps du loup, pour être plié contre les hanches du sportif, les mains de celui-ci placé sous le bas des cuisses de Stiles, le tenant fortement contre lui.

- Maintenant Stilinski! Tiens-toi bien et savoures! Et Stiles à savourer. Mon dieu oui.

Jackson était parti comme une flèche à travers la forêt, le poids de Stiles sur son dos, n'ayant guère l'air de le ralentir. Il sauta par-dessus des branchages et sans s'arrêter, continua à filer à travers la végétation. Dire que la sensation était plaisante était un euphémisme. L'air froid frappait son visage, pourtant Stiles ne s'était pas senti aussi vivant depuis longtemps. Le corps sous le sien se mouvait prestement, comme animé par une flamme incandescente.

Jackson serrait toujours fermement les cuisses de l'hyperactif et les bras de Stiles serrèrent un peu plus les épaules du blond. Comme si un signal avait été donné, Jackson accéléra encore plus sa course. Un rire franchit les lèvres de Stiles, il était euphorique. Il n'avait jamais donné dans la vitesse, mais courir avec le loup était tout simplement grisant, comme si les problèmes qu'il avait voulu noyer avec du whisky, s'effaçait complètement en faveur de la course nocturne à travers les bois. Jackson sautait, s'élançait, l'entraînant dans une diatribe d'émotions encore inconnu du jeune humain.

Ils coururent longtemps et, trop tôt à son goût, Stiles aperçu l'orée de la forêt. Ralentissant progressivement, Jackson s'arrêta complètement après avoir passé la frondaison des arbres. Stiles reconnu immédiatement son quartier, sa maison était un peu plus bas. Ils avaient couru à travers toute la forêt de Beacon Hill.

Jackson le fit descendre doucement de son dos et Stiles fit quelques pas hésitant, prenant garde à ne pas trop appuyer sur sa cheville blessée. Débutant quelques pas vers les habitations, Stiles se retourna vers le loup, il ne savait pas vraiment quoi dire, mais il n'eut pas à y réfléchir. Jackson n'était plus là. Il était parti aussi soudainement qu'il était intervenu pour le sauver. Soufflant de dépit, Stiles se détourna des bois et fit doucement son chemin jusqu'à chez lui.