Il croisa les bras, affichant une large grimace à son interlocuteur. Ce dernier, loin de se laisser influencer, le toisait, assis sur son trône, d'un regard blasé. Il mangeait du poulet pané, provenant très probablement du fast food du coin.
– Je veux être une princesse.
Cartman soupira et leva les yeux au ciel, décidément agacé par les plaintes de son comparse. En guise de réponse, il lui lança son os de poulet en pleine tête. Le second l'esquiva sans difficulté puis reprit :
– Je veux être une princesse.
Le souverain se montrait de plus en plus colérique vis à vis de cette demande. Si bien qu'il rétorqua d'un ton cinglant :
– Kenny, tu ne seras pas une princesse mais un chevalier, putain de merde !
L'intéressé, qui paraissait le moins du monde déconcerté, vociféra :
– Je veux être une princesse.
Et ses gestes accompagnant ses paroles, il tomba lourdement assis sur le sol, en face du fauteuil sur lequel était assis Eric, afin de lui prouver sa détermination. Et il ne lâcherait pas de sitôt !
– Pour la énième fois, Kenny, grommela le plus enrobé des deux en se massant l'une de ses tempes, Tu-ne-se-ras-pas-u-ne-prin-cesse.
– Je veux être une princesse.
– Ce-n'est-pas-po-ssi-ble.
– Je veux être une princesse.
Furieux, Cartman se redressa sur ses jambes et hurla à plein poumon sur son compagnon :
– Putain de pauvre de Kenny ! Ce n'est pas possible, connard de lépreux !
– Je suis une princesse, SI JE VEUX, gros lard !
– Non tu n'es pas une princesse !
– Et pourquoi je ne pourrais pas l'être ?
Le brun écarquilla les yeux, outré que son sujet ne saisît pas où il voulait en venir.
– Mais parce que tu n'as pas de robe, Kenny !
Le blond, pour réponse, lui offrit un large sourire.
– Si je m'en trouve une, je peux l'être ?
Le gros lard haussa les épaules, manifestant son désintérêt le plus total.
– T'es trop pauvre pour t'acheter des robes de toute façon.
Pourtant, lorsque le lendemain, Kenneth revint vêtu d'une robe jolie à souhait, faisant tourner de l'œil à certains de ses comparses, Cartman en oublia aussitôt leur dispute de la veille et l'accueillit en le prenant par le bras puis en lui déclinant mille civilités : en bref, il l'accueillit comme une princesse.
