AOUT 2005
Je suis de bonne humeur, probablement parce que George m'a laissé prendre mes vacances de manière à ce qu'elle correspondent à celles d'Hermione. Avec son travail au ministère et le mien à la boutique, c'est vrai qu'on a un peu de mal de se voir.
James, le fils d'Harry et Ginny, va bientôt avoir un an et j'avoue être un peu jaloux quand je les vois tous les trois. Ça doit être quelque chose quand même d'avoir un enfant.
J'étouffe un bâillement tandis que je prépare le petit déjeuner. Dehors, le soleil tape déjà fort. Enfin, ça a peut-être quelque chose à voir avec le fait qu'il est déjà dix heures du matin passées. C'est notre premier jour de vacances et nous avons décidé, pour une fois, de flâner au lit.
J'entame mes vacances de la façon la plus adéquate qu'il soit, c'est-à-dire en passant mon temps à flâner. Hermione et moi gardons une fois ou deux James. Ce gamin est adorable, c'est mon filleul en plus, je ne peux pas m'empêcher de le gâter comme mon fils… que je n'ai pas.
Passons. C'est un sacré garnement aussi et il nous repeint plusieurs fois d'affilée la salle à manger avec sa purée : carottes, petits pois, pommes de terre, tout y passe. Deux jours plus tard, j'annonce à Hermione que la prochaine fois qu'Harry et Ginny nous demandent de garder leur graine de sombral, on le nourrit avec autre chose que de la purée. Ou en tout cas avec quelque chose qui se nettoie plus facilement.
Je savoure le temps que je passe en compagnie de ma femme et je m'amuse tout particulièrement à lui faire des avances, un peu comme un gamin. C'est d'ailleurs la réflexion qu'elle me fait, un beau jour, alors que nous sommes allongés sur le lit l'un contre l'autre. Dehors, il fait un soleil magnifique mais nous, nous sommes enfermés dans notre chambre. Je serre Hermione dans mes bras. J'aimerais que le temps s'éternise et que nous restions là à jamais.
Est-ce qu'elle a encore son vieux retourneur de temps que McGonagall lui avait donné lorsque nous étions en troisième année ? Ce serait sympa de pouvoir l'utiliser pour revivre encore et encore nos vacances. Mais je n'ai pas le temps de lui poser la question qu'elle me repousse et se lève. Je tends la main vers elle, elle y envoie une petite tape.
« Les vacances sont bientôt finies, Ron. Tu te rends compte qu'on n'a rien fait du tout pendant tout ce temps ? »
Je l'observe tandis qu'elle s'habille.
« On a fait l'amour, dis-je le plus innocemment possible.
_ Et pas une seule fois on est allé rendre visite à tes parents. »
Je roule des yeux et me laisse tomber en arrière. Hermione éclate de rire.
« Je crois qu'un hibou est arrivé. Il me semble avoir entendu du bruit dans la cuisine. En attendant, tu ferais mieux de te lever. »
Et elle quitte la pièce. Moi je reste là, à attendre que le temps passe. Je n'ai pas envie de me lever et je n'ai pas envie non plus de retourner à la boutique la semaine prochaine. C'est un peu le problème avec les vacances, n'est-ce pas ? On est toujours heureux d'y arriver mais lorsqu'elles se terminent, c'est une véritable déchirure.
Le temps passe, il s'écoule et je finis par me lever, poussé par un besoin pressant à satisfaire très rapidement. J'en profite pour enfiler mes vêtements et filer dans la salle de bain. En sortant, je décide d'aller voir ce qu'il est advenu de ma femme.
Je la trouve dans la cuisine, elle est en train d'écrire sur un parchemin. Ça, c'est Hermione tout craché, toujours en train d'écrire de lire ou d'étudier quelque chose. Je suis sûr que même la nuit elle rêve qu'elle travaille.
Je me penche par-dessus son épaule.
« Qu'est-ce que c'est ? »
Elle me tend un carton vivement coloré.
« Luna et Rolf se marient fin octobre. On est invité.
_ Rolf ? Luna connaît un type qui s'appelle Rolf ? »
Hermione m'envoie une légère tape dans le flanc. Bon, je plaisante à moitié. Je sais bien que Luna à quelqu'un depuis quelques années maintenant je ne savais absolument pas qu'il s'appelait Rolf. Je jette un œil au carton d'invitation. Le 22 octobre. Bien, je suppose que je devrais demander d'autres vacances à George. Ce qui ne devrait poser aucun soucis.
Mon frère n'a pas l'air comme ça mais au fond, lui et moi, on est très proches. Depuis la mort de Fred, c'est un peu comme si nous nous étions rapprochés. C'est lui qui m'a proposé de venir travailler à la boutique avec lui et même si j'avais d'autres projets en tête quant à mon avenir, j'ai accepté sans hésitation. Il a besoin d'un coup de main et de quelqu'un qui puisse l'aider à garder pied. Bien entendu, il a Angelina auprès de lui et il a Fred Junior qui a presque le même âge que James, à un poil d'hippogriffe près.
L'exactitude des dates n'a jamais été mon fort à l'école. Et ça n'a toujours pas changé.
J'embrasse Hermione dans le cou et elle me repousse, en riant cependant.
« Ron, tu n'as pas autre chose à faire ?
_ Autre chose que de t'aimer ? Non je ne crois pas.
_ Eh bien trouve-toi une autre activité pour l'instant parce que je suis occupée. »
Je grommelle en m'éloignant, laisse le carton sur la table à côté d'elle. C'est avec elle que j'ai envie de passer ma dernière semaine de vacances mais j'ai l'impression que je vais devoir mettre mes envies de côté. Les vacances sont passées beaucoup trop vite et j'appréhende le moment de la rentrée parce que Hermione va retourner travailler au ministère dans son service d'aide aux familles brisées par la guerre. Bon, le service ne s'appelle pas tout à fait comme ça, mais c'est l'idée.
Et nous allons recommencer à nous éloigner l'un de l'autre. Elle va passer son temps avec son nez dans ses bouquins, je vais reprendre mon petit bonhomme de chemin. D'ici quelques mois, je le sais, je vais recommencer à regarder cette fille qui travaille dans la confiserie juste en face. De temps à autre, nous allons nous adresser un petit signe, nous allons prendre un verre ensemble et si ça continue comme ça, un beau jour, on va finir par…
J'ai pas envie d'en parler.
Ma bonne humeur s'est envolée.
Je sors dans le jardin, regarde d'un œil morne les massifs de fleurs arrosés de soleil. Oh, ne vous méprenez pas, ce n'est pas moi qui les entretiens, c'est mon père. Je m'assieds sur la pierre toute chaude qui trône sous les saule pleureur et appuie mes mains sur mes genoux.
Si seulement les vacances pouvaient s'éterniser…
