L'image parfaite

Disclamer : Rien dans l'univers de Gravitation ne m'appartient, bien sûr… je ne fais qu'emprunter les personnages pour baver joyeusement dessus!

Résumé : Dans un but caritatif, notre couple préféré décide de se soumettre à un shooting photo un peu spécial dirigé par un Anglais plutôt coloré…

Pairing : Yuki x Shuichi

Rating : M

CHAPITRE I : Première impression..

-What a surprise!! Shuichi Shindo!! S'écria l'homme en déboulant dans l'antichambre. Si j'avais su que c'était toi mon prochain client, j'aurais très certainement pris moins de temps pour ma séance précédente, tu le penses bien! Mais je suis comme je suis : jamais capable de regarder mon planning correctement! Quelle tête en l'air je fais…

L'homme gesticula un moment en lui faisant signe d'entrer, puis il s'empressa de débarrasser Shuichi de l'énorme housse contenant très certainement la moitié de sa garde-robe.

-Mais regarde-toi! Baby, tu es rayonnant comme toujours! À chaque fois que tu prends rendez-vous pour une nouvelle séance, j'angoisse en me demanda si la tournée ne t'aura pas trop épuisé. J'ai toujours la peur atroce de trouver de vilains cernes sous tes si beaux yeux… mais comme à chaque fois, tu es parfait! Un peu maigre, peut-être. T'alimentes-tu correctement? Tu sais que c'est important, très très très important. Enfin, c'est pas grave pour l'instant, mais avec toute l'énergie que tu dépenses dans un seul concert, un jour tu finiras par t'effondrer si tu ne fais pas attention. Tu finiras par vieillir, toi aussi, lança l'homme sur un ton presque nostalgique…

D'un bond, le photographe sauta presque sur le jeune chanteur et attrapa son visage entre ses mains.

-My sweet baby!! Mais quel âge as-tu, dit-moi?

Shuichi se recula un peu, intrigué par le comportement encore plus hystérique que d'ordinaire de l'homme.

-Je viens tout juste d'avoir 21 ans. Pourquoi?

-21 ans… 21 ans?? Et toujours pas un poil sur le visage? My god…

Le jeune homme haussa les épaules.

-Yuki dit que c'est à cause de tous ces Pookies que j'ai mangés… Il y aurait eu une modification généticienne ou quelque chose du genre –j'ai pas trop compris- et ce serait pour ça que je n'aurais pas encore de barbe. Mais moi, je m'en fiche; j'ai pas envie d'avoir ce truc piquant partout sur le visage. Et puis je crois que mon Yuki m'aime bien sans barbe… Il me répète tout le temps que j'ai la peau douce, murmura le jeune homme en rougissant un peu de l'aveu.

-Il aurait tort de ne pas te le dire; une vraie peau de bébé, c'est complètement fou… J'ai hâte de fixer tout ça sur un film! Dit-il en offrant un sourire attendri au jeune chanteur. Alors, où est-il, ce veinard d'écrivain qui a la chance d'avoir mis la main sur ton cœur?

Shuichi se laissa choir sur l'un des deux canapés qui ornaient la pièce en soupirant.

-Il prend l'air un moment avant de nous rejoindre. Je crois qu'il est nerveux… Il déteste se faire prendre en photo. Croit-le ou non, mais depuis 3 ans que nous sommes ensemble, il a voulu que je prenne qu'un seul cliché de nous deux…

Le photographe fronça les sourcils d'un air sévère.

-Toi qui aime tellement les jolies photos… ça doit te rendre triste de ne pas avoir plus de souvenir de vos premières années ensemble!

Le garçon aux cheveux roses réfléchit un instant, puis hocha négativement la tête.

-Pas vraiment triste, non… Yuki est timide et je le comprends. Et puis tout ce qui s'est passé depuis c'est trois dernières années est gravé dans ma mémoire et ça me suffit… Par contre, je suis tellement heureux qu'il ait accepté aujourd'hui d'être ici avec moi pour cette œuvre de charité!

Les yeux de Shuichi brillèrent de mille feux et le photographe éclata d'un rire joyeux.

-C'est vrai que la prévention du suicide chez les jeunes est une cause très noble et beaucoup moins appuyée par les stars que les enfants malades ou la recherche sur le cancer. Plusieurs artistes acceptent de participer à ces séances de photo pour la vente aux enchères par seul intérêt pour leur carrière. C'est tout simplement un coup de pub pour eux, c'est regrettable. Je n'ai jamais rencontré ton bel écrivain, mais juste le fait qu'il soit ici pour cette cause et malgré sa peur de la caméra démontre qu'il a une belle âme… et il doit être très intelligent aussi pour avoir su garder ton cœur aussi longtemps. Regarde-toi : tu sembles plus amoureux que jamais!

Le chanteur inclina un peu la tête et sourit tendrement.

-Je le suis…

Après un soupir d'extase, l'homme se leva et rassembla son matériel en vitesse dans une grande mallette noire.

-Nous allons commencer par prendre quelques clichés en action. Peut-être que ça facilitera les choses pour ton Yuki s'il se retrouve dans un environnement connu avec toi, question de le détendre. Et puis la journée est magnifique, ce sera parfait! Le studio ne rendra jamais justice à ta beauté autant que le soleil et le grand air… As-tu quelques endroits en ville à me suggérer, honey?

Shuichi réfléchit quelques instants.

-Le parc, peut-être… nous nous sommes rencontré là-bas. Ce pourrait être romantique. J'aime bien marcher au centre-ville avec lui, aussi; parmi la foule de gens pressés de rentrer du boulot, j'ai toujours l'impression d'être anonyme et ça me plait. Je crois aussi que ça plairait à Eiri…

Au moment où le photographe allait répondre, une silhouette élancée se dessina dans l'embrasure de la porte et une voix grave et sèche répondit :

-Je doute que quoi que ce soit ici puisse être en mesure de me plaire…

Shuichi se leva d'un bond et rejoignit l'écrivain qui semblait d'une humeur massacrante pour faire les présentations.

-Andrew, voici Eiri Yuki, mon amoureux et aussi le plus grand écrivain du monde entier… Eiri, je te présente Andrew Davis; il est celui qui fait les photos promotionnelles de Bad luck depuis le tout début! C'est un vrai magicien de l'image!

Le photographe lui tendit amicalement la main en lançant un regard appréciateur à l'intention de Shuichi.

-It's a real pleasure to meet you…

-C'est ça… grommela l'écrivain en évitant soigneusement le regard de l'Anglais. Est-ce qu'on peut commencer, maintenant? J'ai pas toute la journée…

Andrew croisa les bras et se planta devant le blond.

-Justement : ça prendra toute la journée, je vous avertie d'ores et déjà. Je me suis entendu avec Shuichi pour prendre des photos à 4 endroits extérieurs plus le studio : au lieu de votre première rencontre, au centre-ville, les bureaux de la NG et votre appartement puisque apparemment, c'est là-bas que vous écrivez vos livres. Pour ce dernier endroit, je tiens à vous dire que mes clichés se limiteront à votre lieu de travail. Votre intimité sera conservée dans tous les cas. Je tiens à vous assurer que tout ce qui se passera aujourd'hui dans le cadre de notre séance sera et demeurera confidentiel. Je vous remettrai d'ailleurs l'intégralité des clichés et des négatifs dès que mon travail sera terminé.

Si vous vous sentez mal à l'aise avec une pose, quelle qu'elle soit, vous me le dites. Si vous êtes mal à l'aise avec quoi que ce soit, vous me le dites! Si vous ne vous sentez pas capable de demeurer statique devant l'objectif: je me contenterai de prendre des clichés sur le vif… mais VOUS ME LE DITES!

Maintenant que tout ça est mis au clair, voilà ce que j'attends de vous : je ne peux prendre de bons clichés lorsque votre visage est crispé de cette manière. Vous avez l'air d'un vieux célibataire revêche, bref tout à l'opposé de l'effet recherché. Je vous veux détendu et aimant. Bien sûr, je ne m'attends pas à ce que toute cette tension disparaisse dans la première heure, mais je compte sur vous pour tenter au minimum d'être réceptif envers Shuichi qui vous guidera pour ce qui est des poses. Si vous vous sentez à l'aise et vous en avez envie, sachez que vous êtes toujours libre d'initier les idées et les mouvements.

Vous êtes ici dans un but caritatif, ne l'oublier pas. Notre objectif commun, aujourd'hui, est de créer une image qui touchera le public, qui le charmera afin faire monter les enchères le plus haut possible auprès des différents magazines susceptibles d'en acheter les droits de publication. Bien sûr, nous partons déjà avec une longueur d'avance sur les autres stars qui participent à cette campagne; votre couple est une légende, au Japon, et pourtant très peu d'images circulent. Vous êtes très discret sur votre vie privée et cela jouera assurément en notre faveur. Aussi, je ne vous forcerai pas à en dévoiler plus que vous ne le désirez… Juste à vous regarder côte à côte, je peux déjà vous affirmer que vous n'avez aucunement besoin d'être nus l'un contre l'autre pour créer des étincelles et enflammer l'imaginaire collectif: quelques regards, un léger contact, peut-être un baiser, mais définitivement rien de plus.

Je dois dire que vous êtes l'un des couples les mieux assortis que j'ai eu l'occasion de voir de toute ma carrière. J'avoue que j'étais assez sceptique, au départ… J'avais vu des clichés individuels de vous, monsieur Yuki, et je n'étais pas du tout rassuré. Mais il semble que la présence de Shuichi modifie votre physionomie de façon très positive : même si ce n'est pas évident à prime abord, je ressens une grande douceur en vous quand vous le regardez. C'est excellent… Nous allons essayer d'exploiter cet aspect de vous. Sachez que je ne m'attends pas à ce que vous sourissiez ou que vous jouiez soudainement l'amoureux transi. Je travaille avec la vérité et l'authenticité; les sentiments factices ne m'intéressent absolument pas. Aussi contentez-vous d'être vous-même. Vous avez définitivement une personnalité visuelle très intéressante, pleine de lumière et de pureté qui contraste incroyablement avec l'ombre que projette votre regard… Nous allons centrer notre travail là-dessus. Laissez-vous éclairez par Shuichi et ouvrez votre monde au sien, un peu comme je suppose que vous le faites dans votre vie commune. Laissez-le venir à vous, laissez-le vous étonner, laissez-le vous exaspérer, vous faire sourire… et tout ira bien. Vous l'aimez, n'est-ce pas?

Yuki fronça les sourcils d'une façon sévère et voulut remettre l'homme à sa place, mais pour une raison qu'il ne comprit pas, dès qu'il planta son regard dans le sien, ses joues s'embrasèrent.

-Ce n'est en rien de vos affaires! Finit-il par répondre de son habituel ton cassant. Contentez-vous de prendre ces damnées photos et fermez-la un peu; vous êtes encore plus horripilant que votre foutue caméra…

Un immense sourire s'installa sur les lèvres du photographe et il fit un clin d'oeil à Shuichi qui n'avait pas bougé d'un poil depuis l'arrivée de son amant.

-C'est le métier qui veut ça, mon cher monsieur Yuki! lança Andrew en éclatant de rire. L'exubérance provoque des réactions et à tous les coups, c'est ce que je recherche! Et puis ça permet à mes clients de se détendre un peu : lorsqu'ils en ont marre, ils me piquent une bonne grosse colère et se libèrent de toutes leurs mauvaises vibrations… c'est très sain! Vous voyez, dès votre arrivée vous vous êtes énervé contre moi, alors nous allons pouvoir commencer le travail bien vite!

Le photographe passa devant le blond, plutôt fier de l'air surpris et hébété de cet homme qui n'avait manifestement pas l'habitude de se faire désarmer ainsi… Il attrapa le bras de Shuichi pour l'emmener un peu à l'écart.

-Tu avais raison : il est parfait ton Yuki. J'aimerais beaucoup que quelqu'un m'aime autant, un jour. Tu as de la chance, Baby… Mais ne le laisse pas trop t'intimider quand même, d'accord?

Shuichi jeta un coup d'œil à son amant qui semblait hésiter entre le désespoir le plus complet et l'exaspération totale, puis se mit à sautiller en demandant qu'elle tenue il devait enfiler. Le photographe regarda un instant sa montre, puis déclara que c'était l'heure parfaite pour marcher au centre-ville. La lumière de la fin de l'avant-midi donnerait un éclairage tout à fait intéressant et cela permettrait à l'écrivain de se détendre…

-Tenue de ville, Shuichi. Et pour l'amour du ciel, n'enfile pas l'un de tes affreux pulls orangés!

Le garçon se figea et laissa tomber le t-shirt qu'il tenait déjà dans ses mains.

-Non… ne me dit pas que personne ne t'a jamais dit que cette couleur était une vraie horreur avec ton teint et tes cheveux!! Si? Alors voilà, je vais me dévouer : c'est très laid. Maintenant que c'est dit, laisse-moi voir ce qu'on peut trouver à te mettre…

Étrangement, Yuki ressentit déjà une montée de sympathie pour cet homme. Finalement, ce type n'était peut-être pas aussi détestable qu'il l'aurait crû…

GGGGGGGGGGGG

-Du blanc. C'est l'été, tu es en ville, tu es heureux et tout va bien dans le meilleur des mondes, alors ce sera parfait. Enfile donc ce petit Capri qui te fait de si jolies fesses et je vais te trouver un haut qui convient pendant ce temps. Quant à vous, monsieur Yuki, retirez ce veston austère et enfilez la chemise de lin noire qui traîne là-bas : je crois qu'elle fait à peu près votre taille… Non! Shuichi, veux-tu s'il te plait retirer ces baskets débiles!! Tu veux ma mort ou quoi!? Tu n'es plus dans la cours de récré mais bien en train de prendre la pose en vue d'apparaître sur une couverture d'un grand magazine, alors fait un effort bon sang! Tu es un jeune adulte absolument superbe qui se promènera au bras d'un homme plein de charme et de classe en plein cœur de la métropole: pense attitude, Shuichi, attitude! Et vous, Yuki, déboutonnez un autre bouton de la chemise et roulez les manches jusqu'aux coudes…

Le photographe chercha activement dans la penderie où il conservait quelques secrets pour ses clients préférés et trouva exactement ce qu'il lui fallait : un chandail sans manche d'un beau blanc nacré avec des broderies stylisées sur toute sa longueur. Le col était légèrement montant mais laissait une ouverture à l'avant qui libérait sa gorge jusqu'à sa base, ce qui mettait définitivement en valeur les traits fins de son visage. Bien sûr, il s'agissait d'un vêtement féminin… mais Shuichi était définitivement le genre d'artiste qui pouvait se permettre ce genre d'excentricité. Et puis ce chandail soulignerait à merveille sa beauté androgyne tout en contrastant d'une façon très intéressante avec le profil de Yuki qui lui, était l'image même de la masculinité.

Le photographe sourit en voyant Shuichi sortir du large paravent tout habillé.

-Honey, tu es à toi tout seul une vraie œuvre d'art. Tu sais, je crois que tu devrais prendre rendez-vous avec un styliste pour retravailler ton look. Tu n'es plus au jardin d'enfants, maintenant… et regarde comme tu es sexy avec un minimum d'effort! Ton Yuki est d'ailleurs sur le point de prendre feu juste à te zieuter… imagine un peu le feu d'artifice dans la chambre à coucher si tu prenais l'habitude de te fringuer comme ça pour lui un peu plus souvent!!

L'écrivain manqua s'étouffer et fut pris d'une violente quinte de toux alors que le photographe éclatait d'un rire clair en attrapant tout son matériel pour se diriger vers l'extérieur.

-Je ne pensais pas réussir à vous déstabiliser avec mes petits commentaires grivois, monsieur Yuki! Tout compte fait, votre candeur est presque aussi touchante que celle de Shuichi… Mais comme on dit : qui se ressemble s'assemble! Allez, en route les tourtereaux!

Le jeune homme tendit une bouteille d'eau à son amoureux en posant une main inquiète sur son bras.

-Andrew est un peu… provocateur, parfois. Mais au fond c'est un homme gentil et je t'assure que c'est le meilleur photographe de tout Tokyo…

Les traits de l'homme se durcirent alors qu'il reposait la bouteille d'un geste sec sur la table basse mais lorsqu'il voulu se diriger vers la sortie, une main timide se posa sur son avant-bras.

-Tu es fâché contre moi? murmura Shuichi à demie voix.

L'écrivain se retourna et regarda les grands yeux tristes de son amant un long moment avant de pousser un profond soupir.

-Non… bien sûr que non, baka… Allez, allons-y maintenant, dit-il en sortant du petit salon.

Mais Shuichi l'arrêta avec sa petite voix toute hésitante :

-Yuki? … Est-ce que… c'est vrai, ce qu'il a dit? …que tu me trouves plus attirant habillé comme ça que d'ordinaire?

Le blond hésita un instant, puis sans dire un mot, il revint près de son amant et posa simplement ses lèvres contre les siennes dans un baiser qui voulait dire bien plus que toutes les réponses du monde…

Quelques clics sonores se firent entendre dans la pièce et lorsque les deux hommes rouvrirent les yeux, le photographe à l'air ravi leur adressa un sourire sincère.

-Vous voyez Monsieur Yuki, vous n'en n'êtes pas mort! Et puis je ne pouvais décemment pas laisser passer ce moment; vous étiez beaucoup trop mignons…

Le blond gêné et furieux s'écarta de son amant et toisa Andrew d'un air mauvais.

-Il est hors de question qu'une photo comme celle-là se retrouve à la une d'un magazine, vous m'entendez!! S'écria le blond. Alors vous allez me faire le plaisir de détruire ce film au plus vite avant que ce soit moi qui le fasse!!

-Mais Yuki!! se plaignit Shuichi en essayant de venir en aide au photographe qui, au fond, ne venait que de faire son travail.

Le photographe éclata de rire à nouveau.

-Allons, Monsieur Yuki… Je vous ai dit que toutes les photos que je prends reviendront entre vos mains et que le choix final vous appartiendra. Si vous ne voulez pas de ce cliché, alors vous l'offrirez à Shuichi; je suis sûr qu'il meure d'envie d'avoir une photo comme celle-là de vous deux. Et si vous voulez la brûler, vous le ferez à ce moment là… mais attendez de voir le résultat final avant de me sauter à la gorge. D'accord? Vous n'avez pas à vous sentir attaqué par l'objectif, je vous le répète…

Le photographe chassa ses paroles du revers de la main en coupant toute argumentation possible de la part de l'auteur.

-Ah oui! S'exclama-t-il avec enthousiasme. Pendant que j'y pense!!

Andrew fouilla dans une petite boite près de l'entrée et il en ressortit une montre griffée au large bracelet de cuir noir qu'il tendit à l'écrivain en haussant les épaules.

-Petit plaisir personnel : j'ai un faible pour les hommes qui ont de belles mains et qui portent des montres seyantes… surtout avec une chemise style négligé, les cheveux en bataille et un air hautain aussi irrésistible. Je l'avais achetée pour mon ancien petit copain mais la vie étant ce qu'elle est, je ne la lui ai jamais offerte… et puis j'ai bien l'impression que si j'attends le prince charmant pour la donner, cette montre ne sera jamais portée et finira ternie dans son écrin. Alors faite-moi plaisir et acceptez-la…

Pour la seconde fois de la journée, Eiri Yuki fut pris de court et ne sut quoi dire. Mais avant qu'il n'ait pu trouver les mots, Andrew attrapa son poignet et la lui enfila.

-Andrew… murmura Shuichi. Tu…

Le photographe lui fit à nouveau un petit clin d'œil complice.

-Je fais une pierre deux coups : je me débarrasse d'un vieux souvenir douloureux et j'amadoue ton bel écrivain! Mais ne t'inquiète pas, Baby, c'est vraiment un cadeau désintéressé; si j'avais eu la moindre chance de conquérir une merveille comme lui, je l'aurais très certainement conservée! Mais malheureusement, les hommes de 25 ans, beaux, riches et célèbres ne s'intéressent pas à la vieille chaussette toute ridée que je suis! … Mais bon, trêve de discussion : il faut y aller avant de perdre la luminosité naturelle du début de journée! Et puis il faut le dire, j'ai trop hâte de faire un tour dans cette voiture de race que conduit notre cher Yuki!!

Shuichi lui adressa un sourire radieux et sortit dehors en entraînant Yuki à sa suite dans un geste joyeux.

-C'est vrai que j'ai trop de chance d'être amoureux d'un homme comme toi… je t'aime mon Yuki d'amour!!

Le blond grogna en levant les yeux au ciel.

-Kami sama… quand cesseras-tu de m'appeler ainsi, gamin stupide.

Le jeune homme haussa les épaules en souriant d'un air charmeur.

-Le jour où tu pourras me dire sans mentir que tu veux que j'arrête!

Yuki croisa les bras sur son torse d'un air particulièrement irrité :

-Je veux que tu arrêtes.

Shuichi se leva sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue, tout près de son oreille et lui souffla d'un air sensuel:

-Menteur…

L'écrivain soupira d'exaspération en rougissant un peu alors que son amant s'enfuyait de l'autre côté de la voiture pour embarquer du côté passager.

Dieu que ce gamin était stupide… mais c'est fou comme il pouvait l'aimer!