PROLOGUE :

Une goûte tombe sur ma lèvres inférieure. Ça me semblait être la première sensation depuis des siècles. Une autre. Je crois que je fronce les sourcils. Je ne sais pas ce que je sais et d'ailleurs je n'ai même pas la force de me lécher la lèvre pour savoir ce que c'est. Il m'a tellement vidée de mon sang que je suis assez sèche qu'un Chocapic n'ayant jamais été trempé dans un bol de lait. D'ailleurs, je serais mal si c'était un SDF en train de me pisser dessus.

Encore.

Encore.

Je ne suis capable que de me concentrer sur cette sensation. Tout va très lentement. Je croyais déjà être morte. Il avait prit mon pouls et je n'avais plus rien senti.

Je crois que je me suis encore évanouie car, quand je me réveille à nouveau, c'est à cause de la sensation d'une main qui me force à avaler ce que j'ai dans la bouche et ça a un goût détestable et j'ai envie de recracher. Je ne sais pas du tout ce que c'est cette merde que j'ai dans la bouche, normal que j'ai pas envie d'avaler !

Pour faire un test, j'essaye de lever mon bras. Il tremble et j'ai des fourmis dedans mais il m'obéit. J'ai pas encore envie d'ouvrir les yeux alors je tâte l'air avec ma main. Je rencontre un bras. Je m'agrippe. Il ne se dérobe pas. Mine de rien, ça me met en confiance. Alors j'avale.

Je sens une main dans mes cheveux.

Ça a un goût bizarre, c'est lourd et métallique. Ça emplit ma bouche et je trouve ça dégoûtant. J'ai envie de vomir.

Mais les goûtes continuent de tomber. En fait, c'est presque devenu un filet continu de liquide qui tombe dans ma bouche. La deuxième fois que j'avale, je me sens déjà un peu mieux. Est-ce que je suis dans un hôpital où ils soignent les victimes de vampires ? Est-ce que les connards des renseignements généraux ont encore besoin de moi ?

La troisième fois que j'avale, un mauvais réflexe fait que je bouge les jambes. Elles sont entièrement ankylosées. La douleur est intense. La même main passe dans mes cheveux, comme pour me réconforter.

La quatrième gorgée du liquide inconnu, je reprend peu à peu tous mes souvenirs et j'ai le coeur gros. Je crois me rappeler que j'étais morte. Mais je me suis trompée apparemment. Ils se sont aussi gourés aux renseignements généraux.

La cinquième gorgée et j'ouvre les yeux. Ils sont vitreux. Je cligne plusieurs fois des yeux.

Je ne suis pas dans un hôpital. Je suis dans la même rue qu'avant, assise contre cette saleté de mur. Je tremble encore de froid. En fait, j'ai l'impression de faire le processus arrière. Sauf que je remarque tout de suite un changement douteux : j'essaye d'aspirer de l'air, mais ça ne me fait pas aller mieux. Je n'ose pas trop bouger parce que le truc me coule encore dans la bouche. Je louche dessus. C'est rouge, comme mon propre sang qui est encore un peu séché contre ma gorge et partout sur ma peau.

Je n'ai plus envie de vomir quand je bois ce truc bizarre. Mais je crois que c'est du sang. Une drôle de manière de me faire une perfusion, ils sont conscients que ça ne va pas se retrouver dans mes veines mais dans mon estomac tout ce qui passe par ma bouche ?

A ce qui doit être la dixième gorgée, tout s'arrête. Je fronce les sourcils et j'essaye de formuler une phrase pour faire comprendre que j'en veux plus. Mais la main dans mes cheveux me fait tout de suite comprendre que je n'en aurais pas plus. Au moins, je peux encore remuer.

Je porte une main à mon visage que je trouve sacrément froid. Je ne dois pas encore tout à fait remise de mon vidage de sang. Il faut quand même que je remercie les personnes qui m'ont aidée à ne pas crever là, maintenant, dans cette vieille rue sale.

Je lève les yeux vers eux : il y en a un qui se met un bandage autour du poignet et l'autre qui l'aide. Celui qui met le bandage est assez grand, il a un costume tout blanc, assez bizarre dans cette rue, mais il est assez classe. Il a la peau aussi blanche que ce connard d'Alucard qui aurait bien voulu me réduire au silence. Il a des putains de cheveux longs, d'un blond assez froids, comme ceux de Sir. Un possible fils ? Hum, non, je divague, là. Il doit avoir, quoi ? Une petite trentaine. Il a des lunettes rondes aussi et des yeux verts. Il me regarde. Je dois avoir l'air ridicule à essayer de bouger de replier mes bras et mes jambes sur moi. Alors l'autre aussi se tourne vers moi. Je fronce les sourcils en l'observant. Il a des lunettes étranges, style steampunk mais la couleur dorée en moins. Il y a des verres énormes plus plein de petits verres à côté. Sans parler de la coiffure qui est aussi assez étrange pour un homme : il a un carré plongeant et des cheveux blancs. C'était peut-être un nouveau style que je connais pas. Il porte une blouse de médecin tachée de sang qui ne m'inspire pas confiance, là tout de suite. Ne parlons même pas de cet espèce de maillot de corps qu'il a dessous.

Il se penche sur moi et s'agenouille à mes côtés. Je reconnais la main dans mes cheveux. Il me murmure gentiment :

Lève-toi. Tu peux, maintenant.