Le vrai problème de Gwaine n'était pas la boisson, comme Merlin l'avait un jour suggéré avec un manque cruel de subtilité et de tact.
Ce n'était pas non plus, comme il aimait s'en plaindre lui-même parfois, son physique. Bien que celui ci soit suffisamment attirant pour lui valoir les soupirs enamourés et avances insistantes des demoiselles croisant son chemin, bien sûr. Ou damoiseaux, selon, ce qui était déjà beaucoup plus gênant.
Ce n'était pas non plus sa capacité presque sur-humaine à s'attirer des problèmes, qui l'avait pourtant toujours poussé à s'évader d'une ville avant même d'avoir pu y prendre ses marques. (Il refusait de penser qu'on le fichait vraiment dehors : il s'évadait, voilà tout).
Non.
Non, parce qu'ici Gwaine n'avait plus vraiment besoin d'aller à la taverne pour trouver de la compagnie. Les hommes avec qui il buvait n'était plus des étrangers, mais des amis. S'il finissait soûl -ce qui arrivait bien souvent-, il était sûr de se réveiller le lendemain matin dans un lit, un verre d'eau et une potion de Gaius prêt de lui. Et un regard mi-réprobateur, mi-amusé de Merlin, toujours.
Ici, son physique n'était plus l'arme fatale qui lui avait ouvert tant de portes. La seule chose qui comptait était de savoir répondre aux coups d'Arthur et d'apprendre la discipline, le combat en groupe, la confiance aveugle en ses frères d'armes. Pas évident, après des années à se débrouiller seul.
Ici les problèmes ne lui sautaient pas aussi vivement à la gorge ou, quand ça arrivait, Arthur ou Merlin ou Elyan ou vraiment n'importe qui apparaissait de nulle part et réglait tout sans que Gwaine ne comprenne même comment.
Le vrai problème de Gwaine, c'était qu'il était un putain de chevalier, épée et cape rouge comprise, et que la promesse qu'il s'était faite de ne jamais, jamais, jamais en devenir un avait foutu le camp quelque part entre les beaux discours d'Arthur et la dévotion des autres.
Le vrai problème de Gwaine, ce qu'il n'osait s'avouer à lui-même qu'en état d'ébriété profond, après que Merlin ou Elyan l'ait reposé dans son lit, c'était que peut-être, pour la première fois de sa vie, il avait trouvé sa place.
