Titre : La couleur de tes yeux.
Auteur : Didou367 ou Fuckin' goddess.
Fandom : Hetalia.
Personnages, couple : Russie, Biélorussie, mince apparition d'Ukraine.
Rating : K+.
Disclaimer : Les personnages d'Hetalia appartiennent à Hidekaz Himaruya et personne d'autre.
Note de l'auteur qui sert à rien (ou pas) : C'est donc sur ce premier OS que je donne lieu aux "Contes de Décembre". Sur lesquels je ne vais, par ailleurs, pas m'éterniser ici. De toute manière, je donne largement plus de précisions sur mon profil.


Un vent glacial hurlait de sa voix cinglante, gémissante, fouetterait le visage aux imperceptiblement contours de Russie. Celui-ci marquait de son pas appesanti, le pas de ceux qui affrontassent en permanence la sibérienne cruauté de l'hiver, la surface immaculée s'étendant au loin, plus encore que l'œil ne permît de le voir, les mains dans les poches de son grand manteau beige et tête baissée.
Il revenait d'une visite chez son supérieur, ce dernier l'ayant mandée pour palabrer de la situation actuelle du pays – cela ne les avait guère menés à grand-chose.
Alors que les austères lignes de sa demeure commencèrent à se découper dans cet imperturbable albuginé, il pressa le pas comme il ne souhaitait qu'une chose, retrouver la relative chaleur de son chez-lui que renforcerait celle procurée par la conséquente gorgée de vodka qu'il comptât boire dès qu'il fût arrivé à destination – malgré que lui et son patron eussent déjà vidé, ensemble, une bouteille de ce spiritueux tant chéri par son peuple.

Cependant, lorsqu'il serra de sa main calleuse la poignée, il ouït un ''Vanya est arrivé !'', après lequel la porte s'ouvrit en grand devant une opulente poitrine comprimée dans un pull de laine bleu – un bleu éthéré rappelant le firmament des plus beaux jours.

« Ukr..., entama le jeune homme, interloqué.
-Te voilà enfin, Vanya ! On t'attendait !
-''On''... ? »

Son regard zinzolin se posa sur la frêle silhouette qui se tînt quelque peu en retrait, les mains jointes derrière le dos, le port parfaitement droit. Un frisson hérissa les poils de son épiderme lorsqu'il se rendit compte que ses prunelles, pareilles à deux pierres précieuses que l'on aurait taillées dans une sombre améthyste, presque cobalt, le scrutassent, le dévorassent avec une fascination nébuleuse, tenant plus de l'obsession.
Il remarqua ensuite qu'elle fût vêtue d'un chandail semblable à celui de son aînée, à la différence près qu'il fût d'un pourpre profond.

« Mais rentre, tu vas prendre froid ! »

Ivan s'exécuta tandis que sa grande sœur partît il ne savait où. Sans un mot, Biélorussie l'aida à se débarrasser de son manteau, malgré ses ''Je n'ai pas besoin d'aide, petite sœur, je peux m'en occuper tout seul'' épeurés, après quoi elle entrelaça ses doigts aux siens et le guida jusqu'à la pièce principale.
Une aura rutilante submergeait cette dernière, un halo émis par les boules andrinoples qui paraient un sapin se dressant à une vague proximité de la cheminée, ainsi que les décorations cinabres disposées çà et là, dans lesquelles se reflétaient les flammes qui léchaient les murs délimitant l'âtre.

« C'est... C'est très joli..., s'extasia la nation soviétique alors qu'il parcourût le salon de ses yeux d'enfant émerveillé.
-Tu trouves, grand frère ? »

Il se tourna vers sa congénère avec la soudaine impulsion de faire des efforts vis-à-vis d'elle, d'ignorer la crainte qu'elle lui inspirât afin qu'ils passassent du bon temps.
Elle prospectait son faciès d'un air impavide, mais le scintillement de ses yeux démontrait qu'elle fût heureuse de le voir ébahi ainsi.

« C'est moi qui ai eu l'idée d'une décoration rouge, je suis contente que ça te plaise, grand frère. »

Tandis qu'il s'apprêtât à lui répondre que ce fût là une très bonne idée, le bruit caractéristique de la présence d'Ukraine se fit entendre. Cette dernière déboula dans la pièce, un incommensurable sourire aux lèvres et un vêtement églantine aux mains.

« Je t'ai fait un pull, à toi aussi. Il est de la même couleur que ton écharpe, dit-elle en posant sa dextre sur celle-ci.
-Merci beaucoup, grande sœur, je vais le mettre tout de suite. »

Il prit délicatement le cadeau, comme s'il eût peur que le tissu s'effilât entre ses doigts, puis monta dans sa chambre et s'en couvrit la partie supérieure du corps.
Avec cet accessoire qui ne quittât jamais son cou, il avait l'impression de porter beaucoup trop de rose pour un homme. Peu lui importait, décréta t-il finalement, plutôt désireux de faire en sorte que le séjour de ses parentes s'avérât aussi agréable pour elles que pour lui

Russie se laissa tomber sur son lit, songeant qu'il aurait souhaité la présence des trois pays Baltes – il ne lui venait pas une seule seconde à l'esprit qu'eux ne souhaitassent pas être ici. S'ils avaient été là, il aurait pu faire fi du regard, qu'il sentît toujours appesanti sur lui, de Biélorussie en les malmenant de la même manière que des années auparavant.
Ce regard, même quand elle ne le poursuivît pas en hurlant des ''Epouse-moi, grand frère !'' avec cette voix d'aliénée soudainement prise d'une virulente et comminatoire folie, animait en lui une angoisse telle qu'il n'arrivât pas à se figurer comment il pouvait s'amuser lorsqu'elle fût à ses côtés.
Il poussa un soupir et déplora une fois de plus l'absence de ses anciens sous-fifres, de façon succincte néanmoins car il fut interrompu par l'objet de ses soucis.

« Grand frère, grande sœur dit que le dîner est prêt. Tu viens manger ? »


Parcouru de striures sur tout le long de sa surface crayeuse, son plafond semblait porter les marques de sa vieillesse comme un senior qui aurait vu plus de choses qu'il n'aurait dû en voir dans toute son existence.
Allongé sous son épaisse couverture, Russie redécouvrait cet élément de sa chambre, profondément ennuyé, avec la seule envie de dormir. Malheureusement, Morphée s'avérait d'humeur joueuse aujourd'hui puisqu'il refusât de lui accorder le repos. Cela faisait à présent une demi-heure qu'il eût allumé la lumière, comprenant qu'il n'arriverait sans doute pas à s'endormir.

Après avoir dîné – par ailleurs, le goût familier de la cuisine de sa sœur avait ramené de très anciens souvenirs, du temps où elle cuisinât pour rassasier leur impressionnante faim d'enfant –, tous les trois s'étaient installés auprès du feu et avaient discuté de choses anodines. En vérité, Ukraine et lui avaient parlé, et leur cadette s'était contentée de les écouter, ses orbes violacés tour à tour posés sur les flammes dansant dans l'âtre et le faciès candide de son frère. Ce dernier se félicitait d'avoir réussi à la méconnaître avec brio, fût dit en passant.
Après, l'aînée avait résolu qu'il fût l'heure de se coucher, et le jeune homme avait été du même avis qu'elle.

Lassé de regarder ce ciel de plâtre qu'il connût à présent par cœur, le Russe se leva et quitta silencieusement sa chambre – nouant, bien sûr, son écharpe autour du cou au préalable.
Il descendit les escaliers sur la pointe des pieds, ce qui n'empêcha aucunement ceux-ci de craquer à chaque pas qu'il fît, puis se dirigea vers la pièce principale.

Quelle ne fût pas sa surprise en y apercevant sa jeune parente, agenouillée devant le feu au flamboiement significativement moins ardent que lorsqu'il l'eût laissé.

« Tu... Tu n'es pas allée te coucher, petite sœur ? »

Cette dernière tourna lentement la tête dans sa direction, aussi expressive que coutumièrement. Elle le fixa de la même manière que France fixerait une demoiselle aux formes voluptueuses, avec la concupiscence quelque peu malsaine de celui qui ne souhaiterait qu'explorer ce corps aux délectables contours.
Bien qu'il frissonnât, inquiété par ces orbes l'engloutissant, il vint s'asseoir aux côtés de Biélorussie.

« Je n'avais pas envie de dormir de dormir, alors quand toi et grande sœur êtes montés, je suis restée ici. Pourquoi tu ne dors pas ?
-Je ne sais pas. Je n'y arrive pas.
-Voudrais-tu que je te tienne compagnie ?, demanda t-elle promptement.
-Non... Non merci. »

Elle dirigea de nouveau ses prunelles vides d'émotion sur la cheminée, et Russie se surprit à diriger les siennes, ingénues, sur elle.
A la lueur du feu, son teint laiteux paraissait blême, maladif ; sa soyeuse chevelure blonde prenait des reflets plus argenteux encore que d'habitude ; et ses mirettes, d'un parme nébuleux, en tiraient un éclat rougeoyant imperceptible mais patibulaire. Il les percevait toutefois moins implacables, moins dures, tel l'effrayant iceberg se mourant de façon latente sous le poids de la chaleur.

« Qu'est-ce que tu voudrais pour Noël, Natalya ?
-Que tu m'épouses, Vanya.
-Je ne peux pas faire ça, tu le sais très bien. »

Un infime sourire fleurit tout de même sur ses lèvres. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'eût pas appelée Vanya. Ella avait cessé de l'appeler ainsi aux alentours des années 1800, lorsque l'affection fraternelle un peu étouffante qu'elle ressentît pour lui se mua en cette sorte d'amour obsessionnel.

« Quand grande sœur m'a dit qu'elle allait nous faire des pulls, je lui ai demandé de faire le mien rouge, parce que je savais que c'était ta couleur préférée. Comme pour la décoration, elle voulait la faire en violet mais j'ai insisté pour qu'elle soit rouge. C'est vraiment une belle couleur, je trouve... La couleur du sang. »

En même temps qu'elle murmurât ces paroles d'un ton marmoréen, la Biélorusse avait posé la tête contre l'épaule de son interlocuteur et s'était blottie contre son bras. Si le principal concerné n'eut qu'une envie, la repousser, il n'en fit cependant rien et serra d'une prise incertaine la main gracile reposant sur sa cuisse.

« Tu aimes le sang, toi aussi, non ?
-Oui, grand frère.
-Alors c'est ta couleur préférée aussi, non ?
-Non, grand frère. »

Ce dernier lui jeta un coup d'œil interloqué. Que la couleur du sang ne fût pas la favorite de celle qui occultât des couteaux sous ses fanfreluches à l'innocente joliesse lui parût étrange.

« Ma couleur préférée, Vanya, c'est celle de tes yeux. »