Chapitre 1 : Le complot

« Ma chérie, tu ne m'écoutes pas ! » dit Angela en regardant sa meilleure amie, le front plissé, concentrée sur le dossier, apparemment intéressant, ouvert devant elle.

« Non, Angela, je ne t'écoute pas », dit simplement Brennan. Elle n'avait pas besoin de lever la tête pour voir le regard venant de l'autre côté de la table. « J'essaie de travailler ».

« Et tu fais un boulot merveilleux », dit Angela avec un sourire, en se penchant au-dessus du bureau et dérobant le dossier que Brennan était en train de lire.

"Angela…" protesta l'anthropologue, sur un ton dangereusement proche d'une menace.

« Je te rendrai le dossier quand tu m'auras écouté jusqu'au bout, OK ? »

Brennan soupira de frustration, ne voyant pas d'autre choix que d'écouter Angela, maintenant qu'elle savait qu'utiliser des techniques de karaté sur sa meilleure amie n'était pas une manière très civilisée de se conduire.

« Très bien, mais sache que c'est une attitude vraiment puérile », dit-elle en s'appuyant sur le dossier de sa chaise et en croisant les bras, dans une attitude qu'elle aurait pu elle-même traiter de puérile.

Angela sourit, plaçant le dossier-otage derrière son dos, et résuma sa conversation, ou plutôt son monologue précédent.

« En tant que ta meilleure amie, je refuse de te laisser travailler pendant toute la période de Noël. »

Brennan roula des yeux, décroisant les bras en regardant Angela.

« Je ne vois pas où est le problème que je travaille à cette période de l'année. C'est la même chose que le reste de l'année, à part peut-être le froid. »

"Ce n'est pas le froid le problème, Bren. C'est l'esprit de Noël. Ce que je te dis c'est que je veux que tu sortes de ton labo de temps en temps et que tu participes à des activités festives », expliqua Angela lentement, les yeux pétillants.

« Quel genre d'activités ?" demanda Brennan, en haussant un sourcil.

"Comme aller faire du shopping, décorer un sapin, boire du lait de poule, tu sais… Prendre du bon temps en faisant les choses qu'on fait à Noël.

Le regard inexpressif de Brennan lui montra qu'elle n'était pas convaincue. Elle sourit tristement.

"Ce n'est pas si effrayant, tu sais…"

« Qu'est-ce qui n'est pas effrayant ?" demanda Brennan.

"D'être heureux, Bren. Ce n'est pas si effrayant de te laisser aller à être heureuse », dit Angela en plaçant ses mains chaudes sur celles, froides, de Brennan.

« Tu le mérites. Et tu n'as aucune raison de sortir ton discours sur l'esprit de Noël cette année ».

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » demanda-t-elle, curieusement.

" Bien, regarde… Tu sais ce qui est arrivé à tes parents quand ils sont partis, ton frère et ton père sont de retour. Bon, admettons, dans d'étranges circonstances, mais ils sont là. Tu as les plus merveilleux amis qu'une fille désire et un job vraiment super. Tout ce dont tu as besoin pour compléter le tableau c'est quelque chose pour chauffer l'autre côté du lit. Et je ne parle pas d'une bouilllote."

"Je devrais être d'accord avec la plupart de ces points, mais même si je sais ce qui est arrivé à mes parents, cela n'enlève pas toutes ces années que j'ai passées seule à me le demander. »

« Je n'ai pas dit ça, mais tu ne peux pas te cacher derrière ton passé éternellement, ma chérie. Ca fait mal, je sais, et ça fera probablement toujours un peu mal, mais tu dois trouver un moyen de changer ta vie. Si tu regardes en arrière trop longtemps, tu vas toujours rater ce que tu as devant toi », dit Angela, souriant en voyant le regard de Brennan, qui semblait prête à céder. Malheureusement pour elle, personne n'avait jamais dit de Brennan qu'elle était influençable.

« Tu sais que je hais la psychologie », dit-elle, croisant encore les bras, comme pour dire que la conversation était terminée.

Mais, comme un chien avec un os vraiment appétissant, Angela n'était pas prête à céder aussi facilement.

« Oui tu hais la psychologie, mais tu ne peux pas nier que j'ai raison. En plus, qu'est-ce qu'il y a de mal dans le fait de passer Noël avec des gens que tu apprécies ? » Si Angela voulait aller dans ce sens, elle devait jouer plus limite. « Et puis, comment puis-je m'amuser quand ma meilleure amie est coincée dans ce labo vraiment froid ? », finit-elle avec son plus triste regard de chien battu.

Malheureusement, Brennan voyait clair dans son jeu.

« Tu ne me feras pas céder par la culpabilité. Ca ne marche plus. » répondit-elle, en ressentant une petite pointe de fierté, alors qu'Angela soupirait de frustration.

« Tu sais, quelque fois je déteste la façon dont Booth déteint sur toi. », dit l'artiste avec mauvaise foi, sachant très bien à quel point elle était contente que son amie change depuis que l'agent du FBI était arrivé dans leur vie. Même si ce même agent avait créé un monstre.

« Tu détestes seulement le fait que maintenant je suis capable de résister à tes manipulations. »

« Juste pour que tu le saches, je me sens offensée que tu penses ça de moi ».

Tempérance leva les yeux au ciel et Angela haussa les épaules.

« D'accord, mais tu vas m'en blâmer ? C'était déjà assez difficile de te sortir de ce satané labo quand tu n'étais pas consciente de mes toutes petites manipulations. Maintenant, je ne peux plus t'emmener nulle part. »

Brennan se rassit dans son fauteuil en regardant Angela.

« Tu essaies encore de me manipuler, n'est-ce pas ? »

« Zut, dit Angela en riant, tandis que Brennan souriait, satisfaite. Tu deviens trop forte à ce jeu-là. »

« Je sais. Booth est un bon professeur, dit Brennan en souriant à sa meilleure amie. »

Elle considérait la proposition d'Angela, mais c'était toujours drôle de la voir prise à son propre jeu.

« OK, donc… Laissons de côté les manipulations. S'il te plaît, réfléchis à ce que je t'ai dit. Tu ne peux pas passer tout ce temps à travailler. » dit Angela, voulant désespérément que sa meilleure amie se conduise de manière irraisonnée et illogique, même un instant. Elle aimerait tant que Tempérance Brennan se laisse aller, pour une fois dans sa vie si organisée.

"Pourquoi est-ce que je fêterais Noël ? Je ne crois même pas en Dieu », dit Brennan.

"Tu n'es pas obligée de célébrer la naissance de Jésus. Tu peux juste fêter la fin d'une année ou le fait que tu as des amis fidèles et une famille aimante. ».

Se levant, elle contourna le bureau pour s'approcher du fauteuil de Brennan. Jetant le dossier sur le bureau, elle posa sa main sur le bras de Brennan.

« Penses-y, d'accord ? Comme je l'ai dit, ce n'est pas si effrayant. »

Avec un dernier sourire et une pression sur son bras, Angela marchait vers la porte, quand elle entendit les mots hésitants de Brennan.

« Je vais y penser ».

Le laboratoire était dans le calme, Camille, Zach et Hodgins étant tous trois concentrés sur leur travail. Leur dernier corps n'était pas décomposé, il avait été tué récemment, donc Brennan n'était pas utile à l'enquête. Booth non plus n'était pas de la partie, puisqu'un autre agent avait demandé personnellement à Camille, qui apparemment le connaissait de son travail précédent, de travailler sur l'affaire.

On avait appelé Hodgins pour identifier les particules trouvées sous les ongles de la victime et dans ses cheveux. Zach, n'ayant rien d'autre à faire, avait décidé d'aider avec le corps, même si les anthropologues ne devraient faire que des trucs d'anthropologues.

Quand Angela entra dans la pièce, personne ne sembla remarquer sa présence, tous étant trop concentrés sur leur travail. S'asseyant à côté de Hodgins, elle le regarda taper quelque chose sur le clavier et plusieurs écrans s'allumèrent. Elle soupira profondément, espérant capter son attention.

Ca ne marcha pas.

Se levant de sa chaise, elle approcha son visage du sien et soupira encore, cette fois d'une manière théâtrale. Hodgins leva les yeux pour rencontrer ceux de sa petite amie, la frustration peinte sur chacun des traits de son visage.

« Veux-tu arrêter ça ? » dit-il en reportant ses yeux sur l'écran. « Ca ne m'aide pas vraiment pour le processus d'identification ».

« Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? » demanda-t-elle, amusée qu'il essaye d'être intimidant. C'était vraiment mignon.

« Je ne t'ai pas pardonné pour ce que tu as fait la nuit dernière », dit-il, boudeur, en continuant de lire sur l'écran.

« Est-ce que tu vas laisser tomber ? C'était un cafard tout moche ! » dit-elle alors qu'il se tournait vers elle

« Tu n'avais pas à la tuer ! » dit-il, indigné.

« Qu'est ce que tu voulais que je fasse ? Lui chanter une berceuse ? Ta bestiole était en train de marcher sur mes toiles, avec ses pattes de petit cafard sur mes peintures ! » dit-elle, attirant par inadvertance l'attention de Zach et Camille en se défendant avec véhémence.

« Tu n'avais pas à la tuer ! Tu aurais pu apporter un peu d'amour à cette créature belle et très évoluée », dit Hodgins, croisant les bras.

« Oui, bien… Ca me fait penser à une autre créature très évoluée qui n'aura plus d'amour avant longtemps », dit Angela, ne le quittant pas du regard alors qu'il analysait ses options. Faire le deuil de sa vie sexuelle était définitivement pire que faire le deuil du pauvre specimen de Periplaneta americana.

« Alors que puis-je faire pour ma déesse aujourd'hui ? » demanda-t-il. Angela rit. Hodgins était un homme intelligent.

« C'est seulement que je m'inquiète à propos de Brennan », dit-elle, tournant sur sa chaise et regardant autour d'elle.

« Pourquoi dis-tu cela ? » demanda-t-il, plaçant ses mains sur le dossier de la chaise pour l'arrêter de tourner.

« Et bien, c'est la période de Noël, et cette année encore elle refuse de participer à n'importe quelle activité », dit-elle, frustrée de sa propre incapacité à convaincre sa meilleure amie.

« Ange, le Dr Brennan fait ce qu'elle veut, et personne d'autre que Dieu ne peut la faire croire. » En voyant le regard de son amie, il sut que ce n'était pas la bonne chose à dire.

« Je ne dis pas que je veux qu'elle devienne croyante. Tout ce que je demande c'est un peu d'esprit de Noël », dit-elle avec un soupir. « C'est juste que je ne veux pas que mon amie soit seule pour Noël. Encore une fois. »

S'il y avait une seule chose dont Hodgins était sûr, c'était que Angela avait l'un des plus grands cœurs au monde, et Brennan y avait une belle place.

« Si tu me le demandes, je t'aide », dit-il. Il fut remercié d'un regard brillant d'Angela.

« Vraiment ? » demanda-t-elle, souriant alors qu'il hochait la tête. Elle sauta de sa chaise dans ses bras et l'embrassa.

« Pas dans le labo, je vous rappelle ! » La voix de Camille résonna dans la pièce. Angela s'écarta de Hodgins et s'approcha de la pathologiste.

« Nous étions seulement en train de discuter de mon plan », dit-elle innocemment. La tête de sa chef se leva, et elle sut qu'elle avait toute son attention.

« Quel plan ? », demanda Camille, appréhendant toujours les choses impliquant les mots « Angela » et « plan ».

« Un plan pour faire que Brennan soit avec quelqu'un d'ici la fin du congé de Noël », dit Angela, son sourire grandissant à mesure qu'elle faisait en pensée le portrait du parfait homme.

« Etes-vous sûre que vous devriez vous mêler de la vie amoureuse du Dr Brennan ? », demanda Camille, reportant son attention sur le corps allongé sur la table métallique.

« Quelle vie amoureuse ? On ne peut pas se mêler de quelque chose qui n'existe pas », dit Angela.

« En plus, tout ce que je fais c'est pour son bien ».

« Bien, et je suis sûre qu'elle le verra de cette manière », dit Camille, secouant la tête avec amusement.

« Alors, Camille… Connaissez-vous un homme bien qui pourrait rendre Brennan heureuse pour Noël ? », demanda-t-elle avec espoir.

« Angela, si je connaissais un homme comme ça, il serait déjà mon petit ami », répondit la pathologiste.

« Est-ce que le Dr Brennan est au courant ? » demanda Zach, levant la tête de son travail une seconde.

« Bien sûr que non. D'abord je dois trouver un homme, et ensuite convaincre la fille », dit Angela.

Convaincre Brennan serait comme essayer de passer à travers une porte blindée – difficile, risqué et probablement vain.

"Donc toi et moi allons devoir chercher un homme", dit Hodgins.

Soudain le visage d'Angela s'éclaira et elle sourit.

« Et si on demandait à Booth ? Nous pourrions lui demander de trouver un bel agent du FBI pour Brennan ». Elle regarda Hodgins, cherchant une approbation.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de mêler Booth à ça », répondit-il et secouant la tête.

« De me mêler à quoi ? »

Le couple se retourna pour voir l'agent concerné entrer dans le labo de pathologie.

« Nous essayons de trouver un homme bien pour Brennan », dit Angela.

« Et qu'est-ce que ça a à voir avec moi ? », demanda-t-il en fronçant les sourcils.

« Je me demandais juste si vous pourriez trouver un agent du FBI gentil et beau pour sortir avec elle ».

C'était dit d'une manière tout à fait normale, mais pour Booth ça sonnait comme une sentence de mort. Plus précisément la sienne.

« Pas question, je ne vais pas me mêler de ça. Bones me tuerait si elle savait. » Souriant, il repartit vers la porte.

« En fait, je ne veux même pas être là quand vous parlez de ça. »

« Vous refusez d'être dans sa vie amoureuse. Le moins que vous puissiez faire est de l'aider à ce sujet », dit Angela en se levant.

« Non », dit-il fermement. « Laissez-moi en dehors de ça ».

Il était parti avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit et elle se retourna vers Hodgins, son sourire de retour sur son visage.

« Je suppose qu'il ne reste que toi et moi alors. »

Il sourit, prenant ses mains dans les siennes.

« Comme toujours, bébé.

Plantant un rapide baiser sur ses lèvres, Angela se pencha, parla sur un ton de conspiratrice.

« Alors, je connais ce gars,… »