Piste 1 : Fools of June
Le matin d'un jour inhabituellement calme trouva Charlie Bradbury en train de glisser sa main sous le ventre de sa compagne pour toucher sa peau.
Elle n'avait pas été habituée à dormir avec quelqu'un dans son lit. A un autre être vivant à côté d'elle qui prenait de la place et dressait au cours de la nuit, un petit tas de couvertures les séparant. C'était toujours une nouveauté excitante amplifiée par la certitude que cela allait durer.
Elle sourit en se coulant lentement près de Dorothy pour poser sa joue sur les longs cheveux noirs qui sentaient le shampooing.
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Dean Winchester se réveilla dans une odeur de café et un lit que son compagnon avait quasiment refait autour de lui. Il s'extirpa des draps en tentant de ne pas réveiller le chat blanc roulé en boule sur la couverture. Castiel, perché sur un des tabourets du bar, ne leva pas les yeux de son livre en lui tendant une tasse de café.
"Cet appart va me manquer." Croassa Dean en guise de bonjour.
"Je ne revendrai pas cet endroit." Répondit Castiel avant de lui lancer un petit sourire.
Dean sourit également avant de l'embrasser. Une journée où la première phrase de Castiel était une négation, devenait généralement une bonne journée.
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L'excitation avait tenu Sam éveillé et Kevin avait encore le doigt sur le bouton de la sonnette quand il ouvrit la porte. Son ami lui tendit un sac taché de gras dont se dégageait une odeur de sucre.
" Est ce que c'est un plus grand jour que celui ou on a signé l'acte de vente ?" Demanda le jeune homme en posant son sac sur la table du salon.
"Plus long probablement."
"Tu n'aimes pas déménager ?" Se moqua Kevin en embrassant du regard la pièce dépouillée pleine de cartons.
"Qui aime ça ?" Grogna Sam.
"Tout les gens qui embarquent pour une vie meilleure."
"Tu trouves que notre vie a besoin d'être améliorée ?"
"Aujourd'hui ? Non."
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Les ouvriers qui venaient de finir la rénovation du bâtiment avaient installé un long banc face à l'entrée de celui ci où Dorothy et Charlie s'étaient assises pour le contempler. Leurs quatre compagnons les rejoignirent un quart d'heure après, Castiel tenant à la main la caisse ou sa petite chatte grondait, roulée en boule tant elle était désorientée. Il tourna l'ouverture de la caisse vers lui en s'asseyant et passa un doigt entre les barreaux pour lui gratouiller la tête.
"J'arrive pas à croire que vous l'ayez vraiment fait." Dit Dorothy. Elle devait plisser les yeux pour ne pas être aveuglée par le soleil en regardant la porte d'entrée surmontée d'un panneau noir indiquant " Le Refuge"
"Ne doute jamais de notre capacité à réaliser un projet invraisemblable." Répondit Sam.
Quatre mois plus tôt, les quatre membres de Free Will avaient investi la majorité de leurs économies dans l'achat et la rénovation d'une petite école désaffectée dans la banlieue nord de Los Angeles. Il avait fallut convaincre leur producteur que le projet ne les ruinerait pas et lever des fonds pour le projet que Dean et Castiel avaient soutenu jusqu'à convaincre tout leurs amis.
l'école avait été aménagée en cinq appartements pour les membres du groupe et d'éventuels invités. Le nom leur était venu sans même qu'ils aient à se concerter et ils contemplaient leur nouvelle demeure avec l'admiration qui vient avec la réalisation d'un projet qui semblait irréalisable.
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Un air de Jazz accueillit Channing quand elle arriva, tard dans l'après midi, dans le camion du déménagement de Kevin. Elle avait beaucoup de mal à intégrer l'idée que c'était également son déménagement et qu'il avait paru naturel au groupe de lui réserver une chambre dans leur refuge.
Quand elle en avait parlé à Dean, celui ci avait haussé les épaules et souri. "Toi et ton violon, vous faites partie du groupe, et si tu ne te sens plus à l'aise, on fera juste de ta chambre une chambre d'amis." Et le problème avait été balayé car pour tout le monde sauf pour elle, il n'avait jamais existé.
Elle trouva ses amis dans plusieurs pièces en train de déballer des cartons ou de monter des meubles avec forces jurons à l'encontre de ceux qui avaient pondu les invraisemblables manuels auxquels ils devaient se référer.
Elle même ne possédait que deux valises et quelques cartons qu'elle déplaça jusqu'à sa chambre et décida d'ouvrir plus tard. Les affaires de Kevin furent vite sorties du camion et ils saluèrent les déménageurs avant de se remettre au travail dans un désordre productif et joyeux jusqu'à ce qu'un intrus se présente à la porte.
Crowley portait un costume sombre mal adapté au soleil californien et plissait les yeux pour s'adapter à la lumière. Il haussa un sourcil au vu du bazar dans la maison mais ne fit aucun commentaire.
Dean déboula de la cuisine en essuyant ses mains pleines de peinture sur son jean avant d'en tendre une à son producteur.
"Bonnes nouvelles?" Demanda-t-il sans prendre la peine de le saluer. Crowley lui serra la main du bout des doigts et hocha la tête.
"J'ai votre première partie pour la prochaine mini tournée."
Channing tendit l'oreille tandis que Charlie et Kevin entouraient le producteur pour regarder sur sa tablette un aperçu de ladite première partie. Charlie grogna.
"Vous n'êtes pas sérieux?"
"Le groupe est produit par Crowley records." Répondit il sèchement.
"Vous ne lisez jamais le journaux ? La chanteuse est droguée jusqu'aux yeux! Et chez nous la consigne c'est pas de drogue."
"Alors ne te drogue pas, et laisse les adultes gérer le reste." Rétorqua Crowley.
Channing pouvait sentir l'indignation de Charlie depuis la pièce ou elle se trouvait et elle adressa un signe d'empathie à la bassiste quand celle ci passa devant sa porte d'un pas rageur pour s'enfermer dans sa propre chambre
Dans le salon, une musique rythmée légèrement techno continuait de jouer, accompagné par une voix de femme douce et rauque.
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Charlie jouait aux jeux vidéos quand Dean toqua à sa porte.
"Je peux entrer ?"
Elle ne fit pas mine de le rejeter et il s'assit à coté d'elle sur son lit presque couvert de cartons. Pendant un moment, seuls les bruits du jeu de baston leur tinrent compagnie.
"Il n'aurait pas du me parler comme ça" Grogna-t-elle quand elle perdit sa partie. "Et j'aurais du réagir ... je suis qu'une pauvre conne."
"Ne dis pas n'importe quoi." Dean ramassa la manette qu'elle avait lâchée et relança une partie bien qu'il se sache assez mauvais à ce jeu. "Je ne comprends juste pas ce qui te pose problème avec ce groupe ?"
"La chanteuse se drogue !"
"Comme la majorité des artistes."
"Pas nous!"
Dean hocha la tête. Effectivement, pas eux. "Ce qu'elle fait ne nous regarde pas."
"Mais ça nous affectera ! Je sais que Crowley veut nous donner une image légèrement plus subversive mais l'avoir en première partie ... c'est pas bon Dean... Si ce groupe ne survit pas, je te rappelle qu'on n'aura plus rien d'autre que cette baraque et nos yeux pour pleurer!"
"Une première partie n'a jamais fait plongé un groupe Charlie !" La sermonna Dean. Il avait du mal à suivre la conversation en même temps que sa partie et son personnage était déjà dangereusement proche du game over.
"Non. Mais il y a une raison pour laquelle aucun d'entre nous se drogue. Je te rappelle que la dernière fois qu'on nous a laissés, Sam et mois euls avec de l'alcool..."
"Je sais. Mais là c'est différent. Il va mieux et toi aussi... Quand j'ai interdit la drogue, c'était après que Jess soit morte... et depuis, Sam... Il n'est plus pareil."
"Parce que tu crois vraiment qu'il va mieux ? Qu'il ne finira pas le nez dans la poudre a la première occasion?"
Dean hocha la tête . Le game over s'afficha sur l'écran noir et il tendit la manette à Charlie qui sourit doucement et la lui rendit après être passée en mode deux joueurs.
"Et moi, tu crois que je vais mieux ?"
Dean sourit aussi et lui ébouriffa les cheveux gentiment. "J'ai confiance en vous. Et s'il y a le moindre problème, nous ne sommes pas un groupe pour rien, on surmontera les choses ensemble, ok ?"
"Ok."
"Il n'aurait pas du te parler comme ca." Fit encore Dean l'attention fixée sur le jeu. "Et tu as de la chance, on fait un des rares métiers ou on peut riposter après"
"De quoi tu parles ?"
"Le carnet bleu est dans ma chambre, si tu as quelque chose à dire, c'est mieux que d'y écrire la liste des courses." Sourit le chanteur.
Charlie éclata de rire et le bouscula pour l'empêcher de lui porter un coup fatal dans le jeu. Une dispute s'en suivit qui attira les autres habitants du Refuge et entraina une très longue après midi à encourager l'un ou l'autre des joueurs sans déballer le moindre carton.
Le soir, Charlie récupéra le carnet et s'endormit avant d'avoir écrit une ligne.
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Les membres du groupe avaient du se lever atrocement tôt pour commencer une journée d'interviews et d'enregistrements au profit d'une oeuvre de charité qui d'après la propagande de Crowley leur "tenait à cœur". Charlie avait ricané quand elle avait appris que c'était au profit des orphelins mais en réalité, l'idée leur avait plu à tous pour différentes raisons.
En revanche, dénicher des vêtements presque convenables dans les cartons à moitié défait s'avéra être une énigme multidimensionnelle qui les mit en retard au grand agacement de Castiel.
Charlie avait remis les vêtements de la veille, à peine dépoussiérés, au prétexte que ça faisait punk et Dorothy avait levé les yeux au ciel en lui tendant un casque. Les deux filles étaient parties avant leurs amis, Dean avait déposé Castiel et Channing au travail avant de se rendre aux locaux de la radios où ils étaient attendus. La matinée s'écoula au rythme des interviews répétitives et d'enregistrements plus ou moins réussis.
Un groupe de manifestants religieux les attendait à la sortie de l'immeuble en brandissant des pancartes que Dean se donna beaucoup de mal pour ne pas lire. Inutilement. Il y était question d'enfants qui avaient besoin d'un papa et d'une maman. Il se mit à ricanner en même temps que Charlie et ne réussit pas à esquiver un micro qui se tendait vers lui.
"Que pensez vous de la controverse sur votre participation à un projet de charité en faveur d'enfants que vous n'aurez pas ?"
La question le prit par surprise autant qu'elle lui fit mal et il fronça les sourcils, incapable de trouver ses mots pendant une ou deux secondes.
"J'en pense que nous collectons des fonds pour des enfants qui n'ont ni papa ni maman. A défaut d'en avoir moi même, je peux tenter de les aider."
Derrière lui, Kevin répondait plus posément à une question, et Dean s'éclipsa en ignorant les gens qui se pressaient autour de lui, Charlie sur les talons. Elle était pâle et tremblait comme souvent après ce genre d'interactions. Elle appréciait la reconnaissance des fans ou des médias autant quelle la craignait désormais et elle avait développé le réflexe d'effleurer du bout des doigts le tatouage et la cicatrice qu'elle conservait d'une balle qu'on lui avait tiré dessus en plein concert l'année précédente.
Ils se réfugièrent dans l'Impala et, sur un signe de tête de son amie, Dean démarra, laissant derrière eux Kevin et Sam qui se débrouillaient mieux qu'eux avec la foule. Ils se réfugièrent dans un café non loin de l'appartement que Dorothy n'avait pas rendu et où leur présence était assez habituelle pour qu'on les laisse en paix.
"C'était pas une idée brillante qu'un groupe qui s'affiche à la gay pride s'investisse auprès d'enfants." Constata Charlie.
Dean hocha la tête. "Tu veux qu'on se retire ?"
La bassiste grimaça. "J'ai envie de faire une très mauvaise blague sur le fait de se retirer..."
Le chanteur leva les yeux au ciel en soupirant. "Très drôle ...Mais je suis sérieux, ça me met aussi mal à l'aise que toi."
"Pourquoi ? Moi je sais, les orphelinats et les familles d'accueil j'en ai vu quelques uns, mais toi ?"
"Castiel veut des enfants."
"Et pas toi ?"
"Charlie, au cas ou tu ne l'aurais pas remarqué, c'est un projet difficile à réaliser !"
La jeune femme haussa les épaules. "Tu es connu, et si tu cesses d'acheter des vieilles baraques, Castiel gèrera tes sous pour que dans dix ans vous soyez riches. Qu'est ce qui vous empêche d'adopter ?"
"Rien ... c'est juste que ... ça ne sera pas un produit de moi et lui."
Charlie sourit. "Vous vous en remettrez."
"Dorothy et toi avez parlé d'enfants ?"
"Non. On est pas un vieux couple nous monsieur. On passe trop de temps à s'envoyer en l'air pour parler."
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Sam faisait du charme à une fille. Kevin ne se lassait pas de ce spectacle fascinant. Que le batteur ait trouvé une fille à draguer au milieu d'une foule de journalistes et de religieux traditionalistes relevait déjà du miracle, mais sa façon de lui sourire comme si elle n'existait que pour lui avait quelque chose de surnaturel.
Sam embrassa la fille sur la joue, prit une photo avec elle, son numéro de téléphone et rejoignit Kevin qui hélait un taxi en souriant.
"Tu sais, à force de faire ça, un jour tu tomberas sur une fille qui voudra profiter de toi."
"C'est le but." Fit Sam narquois.
"Profiter de toi en te collant un procès au cul pour viol ou je ne sais quoi."
Sam leva les yeux au ciel. "Tu veux que je demande à Charlie les statistiques des fausses dénonciations de viol ? Parce que je crois que je ne risque quasiment rien tant que je me comporte bien."
"Fais quand même gaffe avec qui tu couches." Grimaça Kevin. "Un coup d'un soir ne vaut pas les ennuis que ça pourrait t'attirer."
"Une belle histoire d'amour non plus."
Kevin acquiesça. Le taxi les mena jusqu'aux locaux de Crowley records pour une réunion préparatoire de leur future mini tournée où Charlie exposa de nouveau ses réticences face à la première partie et dont Crowley ne tint pas plus compte que la première fois.
Encore une fois, le nom du groupe et de la chanteuse ne dirent rien à Sam, mais Crowley avait avec lui une liste de concerts que le groupe donnait dans différents bars de la ville pour se faire connaitre.
Kevin fronça les sourcils.
"Se faire connaitre ? elle était en finale de la télé réalité la plus regardée du moment, tout le monde la connait."
Sam lança un regard interrogateur à Dean qui haussa les épaules.
"Vous ne regardez jamais la télé?" Grogna Jane.
"Pour ce qu'i voir..." Commentèrent les deux frères en même temps. Tout le groupe sourit et Crowley leva les yeux au ciel.
"De toute façon ce n'est pas discutable, Les lieux et dates sont déjà réservés. Et je me fiche que ça vous plaise ou non Bradbury."
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"On rentre, tu viens ?" fit Kevin en tenant la porte de l'Impala ouverte à Sam. Le batteur fit un signe de dénégation.
"Madison revient cet après midi, je passe la cherche à l'aéroport."
"Embrasse la pour nous." Lança Charlie depuis le siège passager.
Ils passèrent le trajet à discuter de la tournée qui s'annonçait et à tirer des plans sur la comète. Au Refuge des piles de cartons non déballés les attendaient et ils se mirent lentement à la tache, en critiquant d'une pièce à l'autre la chaîne de radio qu'ils avaient mise en fond sonore.
Quand Charlie eut finit de ranger les livres qu'elle partageait avec Dorothy et leurs vêtements, elle s'assit sur son lit, le journal d'écriture du groupe ouvert sur les genoux. Elle en tournait distraitement les pages quand Dean s'adossa à sa porte.
"Tu sais que je n'ai sans doute pas assez de choses à dire pour écrire tout un album?"
Il haussa les épaules. "Sam et moi on s'adaptera et on écrira ce qui manque."
"Et ca sera beaucoup plus punk que d'habitude?"
"T'en fais pas. J'ai l'habitude d'être dépassé par les gens que j'aime. Je me mettrai à niveau."
Elle sourit et tourna encore quelques pages raturées.
"Merci... de me laisser la voix..."
"C'est mon boulot en tant qu'ami." Répondit Dean en souriant. "Et aussi de te demander ce que tu veux manger ?"
"Vous avez déballé les cartons de la cuisine ?"
"Absolument pas. Kevin est en train de commander les pizzas."
Charlie éclata de rire et posa le journal sur son lit avant de se lever.
"J'en veux une avec tout les fromages du monde!"
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L'aéroport grouillait de monde et Sam s'enfonça un bonnet beaucoup trop chaud pour la saison sur la tête pour éviter qu'on le reconnaisse. L'aéroport de LA voyait passer chaque jour son lot de vedettes bien plus populaire que lui et lui assurait un anonymat relatif auprès du personnel mais pas des voyageurs. Heureusement, personne ne prêtait attention à lui et Madison voyageait en première classe, elle fut donc dans les premiers passagers à sortir et à se jeter dans ses bras comme si un mois sans le voir avait été bien trop long.
"Tu as fait bon voyage ?"
"J'ai dormi !" Pépia-t-elle toute exciée. "J'ai dormi dans un avion ! J'adore voyager comme une riche!"
Sam eut un petit rire et s'empara d'autorité de la valise de la jeune femme qu'il pilota à travers la foule vers la sortie. Même sous la torture il aurait été incapable de réciter l'intitulé du poste pour lequel Crowley avait recruté Madison, mais ça consistait à trouver, négocier et réserver les salles de spectacle pourles tournées des artistes de Crowley Records. Elle revenait d'une expédition d'un mois en Europe afin de négocier la première tournée européenne de Free Will. Il lui ouvrit la porte du premier taxi venu et s'y engouffra après elle.
Il commençait à donner l'adresse de la jeune femme au chauffeur quand elle le coupa.
"J'ai faim, pas sommeil !"
Il sourit et donna l'adresse d'un restaurant au chauffeur. Durant le trajet, elle lui montra des photos de différentes villes sur son téléphone et il perdit rapidement le compte. Il était juste content de la revoir. Leur histoire s'était finie de façon brutale et avait repris de façon étrange. Il leur avait fallu du temps pour se réhabituer à être amis et non amants, et les récents voyages de Madison avaient achevé de faciliter la distance qu'ils avaient établie entre eux.
Durant le trajet, Sam se fit la réflexion que c'était pour le mieux. Elle semblait heureuse, épanouie, et lui même ne se considérait pas comme à plaindre.
Le restaurant ou le taxi les déposa était proche de chez Madison, et ils le fréquentaient assez souvent depuis assez longtemps pour que la notoriété de Sam n'y soit pas un problème ou un sujet de discussion.
Madison était intarissable sur les endroits qu'elle avait vus et que Sam explorerait bientôt.
"On sera en tournée Mads, tu sais qu'on sera tous trop crevés pour visiter quoi que ce soit !"
"Mais tu en verra quand même un peu, crois moi ! Ne serait ce que parce que la moitié de vos déplacements se feront en train !"
"En train ?" Sam faillit s'étouffer avec une bouchée de steak. Il avait rarement eut l'occasion de voyager en train, et l'activité ne lui manquait pas.
"Dean a peur de l'avion je te rappelle. Et en Europe, c'est tout à fait jouable. Ca vous fera voir du pays !"
Sam hocha la tête, perplexe, mais pas assez idiot pour contredire Madison quand elle avait un plan en tête.
"Puisque tu t'occupes des affaires de Crowley, tu connais cette fille ?" Il lui tendit un prospectus récupéré plus tot dans la journée sur le bureau du producteur indiquant le nom du groupe de la première partie et quelques datesde concert à LA.
Madison secoua la tête. " Non, ca a du être négocié avant mon embauche, qui est ce ?"
"Notre première partie."
Madison lui prit le papier des mains et fronça les sourcils.
"Il y a un concert en ville ce soir, on va voir ce que ça vaut ?"
"Tu crois que c'est une bonne idée ?"
"Autant savoir avec qui vous allez bosser. Dans tout les cas tu finiras par le savoir."
C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent, chacun un café à emporter à la main, au milieu d'une foule d'adolescents qui devait les prendre pour des parents égarés.
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Castiel rentra tard dans un appartement vidé de toutes les affaires que Dean y avait apportées au fil des années, c'était vide et triste. Plus que quand le chanteur était en tournée. Cela lui donna la sensation affreuse qu'il ne reviendrait plus jamais.
Il s'assit au bar qui séparait la cuisine du salon et composa le numéro de Dean en regardant par la fenêtre, le coeur absurdement lourd.
Il entendit les échos d'une discussion animée et la fin d'un gloussement de son aman quand Dean décrocha, et Castiel se sentit seul et misérable loin de ses amis aqui s'amusaient sans lui.
"Hey. Cas..." Fit Dean, un sourire dans la voix. " Comment a été ta journée?"
"Bien."
Un silence.
"J'aimerais être avec vous." les mots étaient sortis sans qu'il le veuille, et il regretta aussitot de sembler aussi demandeur.
"Tu veux que je vienne te chercher ?"
Non... Non il voulait juste ... être là ...
Ils en avaient discuté des semaines durant, habiter si loin de son travail était peu pratique pour Castiel qui craignait de plus des répercutions médiatiques s'il emménageait avec le groupe.
"Ca ira juste ... Comment vous allez vous ?"
Il fit taire son sentiment d'abandon en écoutant son amant lui parler de tournées et de cartons pas déballés. Avant de se faire à manger, il ouvrit son ordinateur et fit ses comptes.
Il était temps pour quelques changements.
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La chanteuse, se présenta sous le nom de Ruby.
Elle était entourée de deux musiciennes et un seul homme qui jouait du synthétiseur au fond de la scène. Et elle avait une voix à la fois douce, basse et légèrement voilée.
Sa musique était rythmée sans chercher à être entêtante et Sam se rendit compte à la troisième chanson qu'ils cherchait plus à l'analyser qu'à l'écouter. Il jeta un oeil à Madison qui se déhanchait lentement en rythme avec la musique. Il ferma les yeux, d'après Castiel c'était ainsi qu'on découvrait le mieux un artiste, en l'écoutant.
La chanson qui commencait était simplement accompagnée de la guitare dont Ruby jouait, et du lent tempo de la batterie.
Time has passed, things have changed,
still I carry the mess I've made,
Once upon a girl in june
I fell in love, I sang the tune ,
From a loveless mess
to unapologetic empress.
Sa voix était douce et Sam se laissa bercer, à la recherche de ce qui ferait pour lui, l'impact de la chanson. De minuscules détails que la foule fredonnante d'adolescents qui l'entourait l'empêchait d'entendre. Le chuintement de la respiration de la chanteuse, le froissement de ses lèvres qui touchaient presque le micro, le frolement du son qui sortait à peine de sa gorge quand les syllabes s'étiraient...
I don't need to be blamed
I couldn't do better than the mess I've created,
I no longer blame myself,
If I'm still here, it means I dis my best.
Sam sentit son coeur se serret ainsi que son ventre. A tatons il chercha la main de Madison et la pressa comme pour se donner un appui ou pour lui signifier qu'il voulait que la chanson lui parle autant quà lui même. Elle lui donna un petit coup d'épaule en retour et il ouvrit les yeux; elle lui sourait gentiment.
Fools of Junes spent away,
drowning my sorrow in whiskey
so many bumps along my way
they made me tough, the turned me grey
Sam ressentait une émotion qui surgissait de presque aussi loin que la voix de Ruby, quelque chose qui rappelait des moments révolus. Des moments tristes mais nécessaires, cette étrange sensation que même si le chemin avait été long et horriblement difficile, il avait valut le coup.
I'm the one who betrayed us yesterday ,
set fire to our unbuilt nest,
'cos I'm the bird who flew away ( It was my best)
Doesn't mean I don't regret (The mess I've created)
Cette fois, ce fut Madison qui lui serra la main et passa un bras autour de ses hanches. Il la serra contre lui parce qu'il lui semblait qu'ils partageaeint quelque chose en cet instant, les yeux braqués sur une chanteuse qui grattait sa guitare en chantant lentement sans se soucier d'eux et de leur émotion.
Pour la toute première fois, Sam
I still think of you
during my white nights in houses of booze,
whith every heartstring that I loose,
It was a lesson hard earned,
that the mess I created
cost me love when I did my best. comprit ce que Castiel voulait dire quand il parlait de l'émotion qu'il ressentait en concert. Il ressentait la voix et les paroles qui l'emportaient très loin au fond de lui même et les lumières braquées sur quelqu'un d'autee que lui qui lui permettaient de se laisser à l'émotion dans le noir et l'anonymat d'une foule qui partageait son ressenti.
Don't be ashamed of the mistakes you make,
if you're still there,
it means you did your best.
Pour Sam, tout le reste du concert fut un flou d'émotions où surnageait la certiude que pendant un instant, la chanteuse n'avait parlé qu'à lui. C'était très étrange d'être, pour une fois à la place du fan. Il se sentit rétrospectivement un peu minable d'avoir traité si légèrement son propre métier et le ressenti qu'il pouvait provoquer chgez certaines personnes bien qu'il ne soit pour la plupart que le type à la batterie.
Quand Ruby quitta la scène et que les lumières se rallumèrent, il avait toujours sa bière à moitié bue à la main.
"Viens." fit Madison en lui tirant la manche. " On va aller se présenter !"
Le groupe démontait son installation dans la relative indifférence des clients du bar et Sam secoua la tête en résistant à son amie.
"Non. On va pas les déranger."
"Vous êtes pratiquement collègues c'est normal de ..." Elle s'arrêta et un grand sourire lui fendit le visage. "Tu es ... timide ?"
"Pas du tout !" se défendit il. Il fut incapable de ne pas prendre l'air boudeur qui indiquait clairement qu'il mentait et Madison éclata de rire.
Ils quittèrent le bar sans que Sam ait finit son verre.
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Dean avait une boite de chocolats à la main quand il sonna à la porte de Castiel. Il en triturait le ruban comme s'il craignait d'être mal reçu.
Il entendait son amant maugréer en entrouvrant la porte et s'arrêter, surpris en le voyant.
"Qu'est ce que tu fais là ?"
"Tu avais l'air triste au téléphone."
Castiel ouvrit complkètement la porte, ses yeux souriaient même s'il tentait de conserver un visage froid.
"Je t'ai dit que tu n'avais pas besoin de venir."
"Je sais." Répondit Dean en lui tendant la boite. "Et je sais aussi quand tu mens."
Castiel n'arrivait pas à se rappeler que Dean l'agaçait quand il faisait ca. Il le laissa entrer et le tira vers son lit avec reconnaissance.
"Merci."
Dean se pelotonna à coté de lui et lui embrassa la tempe. "De rien."
