Disclaimer : Ni Severus, ni aucun des personnages de cette histoire ne sont à moi, sauf Ioann, Milo, Ivanna, Sergueï et le professeur Carter

Béta : BettyMars

Déjà je vous remercie tous pour les gentilles reviews que vous m'avez laissées sur le dernier chapitre de « En toute Simplicité », ainsi que toutes les mises en alerte qui en ont découlées, ça fait chaud au cœur :)

Voilà donc le premier OS de la série. On repart un peu dans le passé … enfin un peu … Ce chapitre commence comme le premier chapitre de la fiction … alors il y a de grande chance que le texte de la première date vous rappelle quelque chose ^^. En tout cas j'espère que cela vous plaira.

Bonne lecture et à mercredi prochain pour le 2ème OS.


Un Russe, Deux Russes, Trois Russes

Dimanche 9 Novembre 1980.

Il avait fini sa mission. Six mois qu'il était là. Maintenant il allait rentrer. Son cœur était brisé, car elle savait qu'elle ne le reverra pas avant longtemps. La guerre était là pour les séparer. Elle avait toujours voulu trouver son prince charmant. Elle avait fait des rêves basés sur les contes qu'on lui avait souvent racontés. Son meilleur ami, Milovan, l'avait souvent raillée sur ses fantasmes. Aujourd'hui elle aurait pu en rire. Car son prince charmant n'était pas quelqu'un de physiquement beau, de fortement musclé et de bronzé. Il avait presque un corps de crevette, malgré ses muscles fins et rassurants, une pâleur extrême, un nez crochu et un débit de sarcasmes à faire peur. Mais les faits étaient là : elle l'aimait passionnément. Une fois qu'on arrivait à dépasser la couche de protection dans laquelle il s'entourait, on découvrait un homme espiègle, drôle avec une répartie hallucinante. Lorsque que Milo eut dépassé son animosité, il s'était trouvé un partenaire verbal de choc.

Son regard croisa les yeux sombres de Severus avant de le voir s'approcher. Elle fit les derniers pas pour se serrer dans ses bras forts. Elle glissa les siens autour de sa taille avant de déposer sa tête dans son cou. Elle aurait voulu rester ainsi tout le temps. Vivre dans ses bras. Elle s'y sentait si bien. Elle faillit pleurer en sentant sa main calleuse caresser ses cheveux alors qu'il lui déposer un baiser sur le haut de sa tête.

- Tu dois réellement partir ?

- Oui, je n'ai pas le choix. IL m'a rappelé. Si je ne reviens pas IL saura que je L'ai trahi.

- Reste avec moi. On fuira. IL ne nous retrouvera pas…

- Tu sais bien que nous ne pourrions vivre de cette façon. Je ne veux pas avoir à me cacher.

- Mais je suis une fille de Moldu. Nous devrons de toute façon nous cacher.

- C'est pour cela que tout doit s'arrêter maintenant. Avant qu'IL ne le sache. Avant qu'IL ne te torture et ne te tue devant moi, pour me faire payer avant de me laisser mourir dans un cachot sordide. Ivanna, je ne veux pas que tu souffres à cause de la folie de mes choix passés.

- Tu reviendras ? Un jour, tu reviendras vers moi ?

- Je ne sais pas.

Ils restèrent ainsi encore quelques minutes avant qu'il ne se détache d'elle. Elle le regarda se détourner, attraper sa valise et sortir de la chambre sans un regard. Son cœur lui faisait mal. Elle le suivit sans bruit. Il y avait tant de choses qu'elle aurait aimées lui dire, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Ils traversèrent la salle de l'auberge pour arriver devant la cheminée. Ivanna ne la voyait presque pas tant les larmes s'accumulaient dans ses yeux. Elle le vit attraper la poudre de cheminette, activer le foyer et y entrer. Leurs regards s'accrochèrent et elle ne put se retenir de lui offrir une fois de plus son amour. « Я тебя люблю Severus ». Et il disparut. Et son cœur tomba en morceaux. Machinalement elle rattacha sa lourde cape et sortit de l'auberge. Le froid était mordant. Mais après tout, c'était chose courante en Novembre à Kazan. Elle n'avait fait que quelques pas qu'elle se retrouva dans les bras d'un homme. Elle s'accrocha à ce torse, laissant son désespoir éclater en même temps que ses sanglots.

Doucement comme s'il tenait un oiseau blessé, Milo l'attrapa dans ses bras et les firent transplaner dans une ruelle déserte. Il entra dans leur immeuble avant de monter les trois étages pour rejoindre leur appartement. Là il l'emmena dans sa propre chambre avant de s'allonger à ses côtés. Aucun mot n'avait été échange. Ils n'en avaient pas besoin. Ils se comprenaient trop bien. Et pour l'instant, le jeune homme acceptait sa peine. Après tout, s'il avait eu du mal à accepter Severus, il avait fini par avoir pour lui un immense respect. Les dernières semaines, Milo avait presque eu l'impression d'avoir un petit frère avec lui. Mais pour l'instant, sa petite sœur avait besoin de lui et c'était tout ce qui lui importait.

o0o

Vendredi 21 Novembre 1980.

Cette fois il en avait assez. Milovan venait de rentrer du journal et rien n'avait changé. Il posa son blouson, jeta ses chaussures sous le portemanteau avant de traverser le couloir. Il ouvrit la porte de la chambre à la volée et d'un air sévère attaqua son occupante.

- Bon maintenant ça suffit ! Tu vas me faire le plaisir d'aller prendre une douche, d'enfiler une jolie robe et tu viens au resto avec moi !

- Pas envie.

- Je te jure, Iva, que si tu ne sors pas de ce lit dans la minute, je te dépose sur le paillasson et tu pourras toujours hurler, je ne t'ouvrirais pas !

- M'en fous.

- Mais enfin ! T'imagines que Sev' revienne car finalement il aura ouvert les yeux et qu'il aura compris qu'il n'aurait jamais dû repartir, qu'est-ce qu'il dirait ? « Merlin, Milovan, il y a une larve dans ta chambre d'ami. Tu devrais mieux désinfecter ton appart'». C'est ça que tu veux ?

- Il ne va pas revenir maintenant, il est parti il n'y a que dix jours.

- Et ça fait dix jours que tu meurs dans ta chambre ! Mais remue-toi un peu, espèce de limace anémique !

- NAN !

- Ok, la minute est passée.

Il avança jusqu'au lit à grand pas, attrapa la jeune femme fermement, qui se débattit fortement, et la posa façon sac à patate sur son épaule. Il retraversa l'appartement dans le sens inverse sous les hurlements d'Ivanna avant d'ouvrir la porte d'entrée, de la déposer sur le palier puis de rentrer et de la fermer dehors. Immédiatement, elle se releva et se jeta sur le montant en bois qu'elle frappa durement. Elle cria à Milovan de lui ouvrir sur le champ. Lorsque que leur vieux voisin sortit pour voir ce qu'il se passait, elle ne put que rougir. Elle était là, dans un pyjama peu élégant, pieds nus, ses longs cheveux, emmêlés et d'une propreté douteuse, tout comme le reste de son corps vu qu'elle ne s'était pas douchée de deux jours. De quoi la faire mourir de honte en un instant.

- Vous avez un problème mademoiselle ?

- Euh ... non ... oui ... enfin non, c'est rien, c'est mon ami qui m'a fait une blague.

- Vous faites beaucoup de bruit.

- Pour qu'il m'ouvre.

- Et vous n'êtes pas décemment vêtue.

Ivanna le regarda en plissant les yeux. C'est qu'il commençait à l'énerver ce vieux vicieux. Elle se retourna vers lui, les mains sur les hanches.

- Et ça ne vous empêche pas de regarder avec beaucoup d'attention. Elle dira quoi votre femme si je lui dis que vous me déshabillez du regard.

- Si vous ne voulez pas qu'on vous regarde, habillez-vous. Et ne faites plus de bruit ou j'appelle les autorités.

Il retourna chez lui en claquant la porte.

- C'est ça papy, va fantasmer plus loin, grogna-t-elle avant de se retourner vers la porte. MILOVAN DMITRI GABRILOV ! Tu vas me faire le plaisir d'ouvrir cette porte avant que je ne m'énerve et que je la défonce !

La porte s'ouvrit d'un coup et Milo s'appuya nonchalamment sur le chambranle, la regardant avec moquerie.

- J'aimerais bien voir ça. Toi et ta taille de guêpe. Et si tu t'étais servi de ta cervelle, tu aurais vu que je n'avais pas tiré le verrou.

Elle le regarda en clignant des yeux en se demandant comment elle avait pu passer à côté de cela. En même temps, elle n'avait même pas cherché à ouvrir la porte, tellement persuadée qu'il l'avait verrouillée. Ses yeux se plissèrent une nouvelle fois et regarda le jeune homme avec humeur.

- Connard.

- Merci. Tu comptes te laver ou repartir te lamenter dans ton lit ?

- Je vais prendre une douche, m'habiller et tu vas me payer le meilleur resto de ma vie. Et je veux que tu me traites comme une princesse toute la soirée !

- Avec joie Milady.

Il s'écarta pour la laisser passer en rigolant doucement. Elle ne se gêna pas pour lui écraser le pied au passage, même si sans chaussures, l'effet était moins douloureux. Mais alors qu'il refermait une nouvelle fois la porte d'entrée, il reprit un ton sérieux.

- Tu ne te lamentes plus hein ?

- Je ne sais pas.

- Iva.

- Je l'aime. Je ne peux pas le laisser partir comme ça et faire comme si rien n'était arrivé. Je ne peux pas l'oublier aussi vite. Je ne peux pas.

- S'il ne revient pas c'est qu'il ne te méritait pas.

- Ne dis pas ça. Ce n'est pas aussi simple et tu le sais.

- Oui je le sais, soupira-t-il. Je sais qu'il t'aime aussi. Mais je n'aime pas te voir déprimer ainsi. Ce n'est pas toi. Tu es une battante, Ivanna. Tu es la joie de vivre incarnée. Tu as une force et un caractère très forts. Un caractère de cochon principalement. Ça fait une semaine que j'ai perdu ma petite sœur que j'aime tant au détriment d'une chose chouinante. Tu es une emmerdeuse de première, et c'est cette Iva là que je veux voir.

Elle se serra dans ses bras. Elle aimait tellement fort cet homme. Il avait toujours été là pour elle. Il n'avait pourtant pas eu une vie facile de part son homosexualité principalement. Mais il avait toujours su se débrouiller pour rebondir et l'entrainer avec lui hors de la morosité. Aujourd'hui encore il était là pour elle et lui redonner la force qu'elle avait mise de côté. Elle lui déposa un baiser sur la joue, avant de lui lancer un regarde espiègle.

- Garnis bien ta bourse, Gabrilov, ce soir tu vas les sortir tes économies, parce que la nuit n'est pas prête de se finir et qu'on ne rentrera pas avant que le soleil ne se lève.

- A vos ordres, général Soloviev.

o0o

Samedi 6 Décembre 1980.

Milo grogna. La nuit avait été longue. Il avait fait la tournée des bars avant de finir en discothèque avec quelques connaissances afin de fêter son anniversaire. Il était rentré très tard ... ou plutôt très tôt dans la matinée. Et alors qu'il espérait faire la grasse matinée jusqu'à au moins seize heures, un rayon de soleil lui chatouillait le nez et le forçait à sortir de son univers onirique. Sans compter que le voisin était en train d'utiliser sa perceuse pour il ne savait quelle bricole. Il enfonça sa tête sous son oreiller. Après réflexion, la perceuse était peut-être dans sa tête. Il avait sûrement bu plus que de raison et ne savait même pas comment il était rentré. Probablement pas sur ses deux jambes en tout cas. Alors que le trop plein d'alcool de son estomac commençait à vouloir rejoindre la cuvette des toilettes, il sursauta en s'asseyant. Une grimace déforma son visage alors que sa tête à moitié fêlée, décida de se briser en deux. Du moins cétait ce qu'il lui sembla. Quand finalement, son univers se stabilisa, il ouvrit en grand ses couvertures.

- Tiens donc, Saint Nicolas a déposé un présent dans mon lit.

Mais avant qu'il ne pense à autre chose, il se leva brutalement, avant de se diriger précipitamment pour vomir longuement. Il se promit de ne plus jamais boire autant en une soirée, tout en se rendant bien compte qu'il se disait la même chose à chaque fois et qu'il réitérait sans arrêt les mêmes beuveries. Il revint dans son lit après s'être lavé les dents. Il remonta les couvertures avant d'attirer dans ses bras la demoiselle qui avait trouvé refuge à ses côtés.

- Qu'est-ce qu'il y a Iva ? Me dis pas que t'as fait un méchant cauchemar avec un horrible monstre pas beau dedans.

- Idiot. Non ce n'est pas ça.

Malgré les brumes de sa cuite, Milo sentit que quelque chose n'allait pas. Lorsqu'Ivanna venait le rejoindre dans son lit, c'était toujours pour un gros problème. Brutalement, elle le repoussa et courut hors de la chambre. Avec un grognement, il se leva en douceur. Non décidément, il faudrait qu'il évite les mélanges la prochaine fois. Cela ne lui réussissait pas du tout. Il se traina jusqu'aux toilettes où il trouva la jeune femme assise contre le mur, la tête plongée dans ses genoux relevés contre elle. Elle pleurait. Avec une nouvelle grimace, il prit place à ses côtés jurant que la veille, le sol était bien moins bas. Il mit son bras autour de sa petite sœur pour l'attirer à elle.

- T'as profité de mon absence pour te cuiter toi aussi ?

- Non. Milo, je crois que je suis enceinte.

- Ah. Mais tu crois ou t'es sûre ?

- J'ai un retard de règles et j'ai des nausées.

- Oui mais un retard de beaucoup ?

- Trois semaines.

- Dis, c'est plus du retard ça ! Et tu ne t'es pas posé de questions avant ?

- Oh tu sais, entre le stresse et le boulot, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Mais les nausées ... Mil', qu'est-ce que je vais faire ?

- Toi je sais pas mais moi, je vais déjà prendre une potion contre la gueule de bois. Je n'aime pas y avoir recourt, mais là, je crois qu'il n'y a pas le choix. Sinon tous les deux, on est bon pour faire un concours de retapissage de la cuvette. Ensuite tu te laves les dents. Tu renifles du museau. Puis tu reviens dans mon lit, qu'on parle au chaud et tranquillement.

Puis il se releva en ébouriffant les cheveux de sa camarade. Elle le regarda sortir de la petite pièce avant de l'écouter et de se nettoyer la bouche. Puis elle alla dans la chambre du garçon pour se pelotonner contre lui comme une petite fille apeurée. Milo la serra contre lui en insultant mentalement Severus qui avait laissé une trace indélébile de son passage dans leur vie. Comme allait-elle réellement reprendre sa vie d'avant si un bébé arrivait ?

- Bon, alors on est samedi, il est onze heures, j'ai dormi à peine trois heures. Alors j'ai besoin d'un peu plus d'explications.

- Quoi, tu veux que je te dise où, quand et comment je suis tombée enceinte ?

- Je ne veux surtout pas savoir où vous avez copulez ni ... non je ne veux même pas savoir ce que vous avez fait. J'ai certes pris une potion anti nausées, mais je ne suis pas sûr qu'elle fasse effet avec de telles images mentales. Non ce que je voulais dire c'est que je croyais que tu étais sous pilule Moldue. Sans compter les préservatifs et autres moyens de contraception sorciers!

- Ben, pour la pilule, tant que j'étais mineur, Sergueï a toujours refusé que je la prenne puis après j'y ai plus repensé. Quant au reste, en principe oui on y pensait, mais des fois, tu sais, quand le désir était trop fort ...

- Ok. Bon, la première chose à faire c'est d'aller trouver un de ces satanés tests de grossesse, avant d'aller chez un médecin pour confirmer.

- T'es devenu expert en grossesse toi ?

- Non mais vu que tu es une petite inconsciente et que ton idiot de mec n'est pas plus mature que toi, faut bien que je devienne l'adulte de la situation.

- Toi un adulte ? C'est la fin du monde alors !

Finalement il décida de ne pas répondre. Par contre il se jeta sur ses flans pour commencer une séance de gratouillis-chatouillis qui fit rire Ivanna aux larmes. Mais cela ne dura pas longtemps car une nouvelle nausée s'invita chez la demoiselle. Il se leva pour la troisième fois se disant qu'il devrait sûrement annuler la soirée qu'il avait de prévue quelques heures plus tard. Mais il ne put s'y résoudre, alors il fit un café bien corsé et le sirota seul dans la cuisine après qu'Ivanna lui ait crié que sa sale boisson lui retournait l'estomac à distance. Il regarda le liquide au fond de sa tasse, peut-être arriverait-il à se noyer dedans ... parce que si la grossesse la transformait en Severus, il ne pourrait pas y survivre. Quand Ivanna s'affala sur une chaise à ses côtés, alors que le café avait disparu, ils se regardèrent dans les yeux avant d'éclater de rire, se disant qu'ils ressemblaient vraiment à rien tous les deux. Quand ils reprirent leurs esprits, elle gagna la salle de bain alors que Milo, s'habilla rapidement pour aller chercher un test de grossesse. Il prit la précaution de traverser la ville. Il se ferait déjà dévisager et mépriser pour cet achat. Pas la peine de le faire dans son quartier. Deux heures plus tard, Ivanna était assise sur la cuvette des toilettes, le test positif dans ses mains. Severus lui avait laissé un petit souvenir.

o0o

Jeudi 25 Décembre 1980.

L'appartement avait été largement décoré. Depuis qu'ils habitaient ensembles, Milo et Ivanna n'avaient jamais manqué de fêter un seul noël. Une fois, le journaliste avait dû partir en mission à l'étranger tout le mois de décembre mais il s'était débrouillé pour revenir en ce jour précieux pour eux. Cette année, ils avaient mis une troisième paire de chaussures sous le sapin. En fait, c'était une petite paire de chaussons blancs que la jeune femme avait trouvé adorable et n'avait pu s'empêcher d'acheter. Pour l'instant, ils étaient en train de s'affairer en cuisine. Il avait une oie à farcir et elle était, semblait-il, récalcitrante. Ivanna râla de plus en plus fort, finissant par attirer l'attention de Milo. Il soupira et régla le four pour la purée de patate douce.

- Arrête donc de t'énerver sur la pauvre bête. Elle est déjà morte, pas besoin de l'achever !

- J'arrive pas à mettre la farce ! Regarde tout ce qu'il reste et il n'y a déjà plus de place. Tu sais quoi, tu t'es fait avoir, c'est pas une oie qu'on t'a refilé mais un pigeon.

- Tu as déjà vu un pigeon de cette taille ?

- Oui ben il y a rien qui rentre dedans, ronchonna la jeune femme.

- Iva, rassure-moi, tu l'as vidée avant de la fourrer ?

- Je ne veux pas la vider, je veux la remplir !

- Dieu nous protège. Bon, va finir l'entrée, je m'occupe de la bête.

- Mais les crevettes sont déjà prêtes, je n'ai plus rien à faire ...

- Ah ? Bon ben c'est pas grave alors.

- Milovan Gabrilov ! Tu m'as refilé l'entrée parce qu'il n'y avait rien à faire n'est-ce pas ? Demanda-t-elle d'une voix sourde. Tu n'as pas confiance en moi ?

- En toi si, mais en tes talents culinaires, non. Au moins avec l'entrée, je suis sûr que ça tu ne vas pas la rater.

- Et bien si c'est comme ça, j'en mangerais pas de tes crevettes !

- C'est ça boude. Ça en fera plus pour moi.

- De toute façon, je n'arrive déjà plus à fermer mes pantalons donc il faut que je fasse attention à ce que je mange.

- Tu ne rentres plus dans tes fringues parce que t'es enceinte, pas parce que tu dois faire un régime. Alors arrête ta comédie.

- Oui mais quand même. Toi t'es toujours svelte, tu prends jamais un gramme et moi ...

- Moi je n'ai pas une brioche au four, alors si tu n'es pas contente, je t'expédie en hibou express au géniteur ronchonneur et vous pourrez ronchonner en cœur loin de moi, de mes crevettes et de mon oie !

- Oh, ça va, pas la peine de t'énerver. Je vais m'occuper de la table.

Et elle sortit de la cuisine en sautillant. Milo se massa les tempes. Il remercia tous les dieux d'être gay, ainsi il n'aurait pas à supporter d'avoir une femme enceinte. Mais il les damna également pour devoir supporter celle de son amie. Et elle n'en était qu'à son deuxième mois. Il allait mourir avant de pouvoir voir le printemps revenir.

o0o

Mardi 24 Février 1981.

Cinq semaines qu'il était parti en mission. Une libération d'Otage par le Présidant américain Moldu l'avait obligé à partir du pays pendant bien trop de temps à son avis. Quand il passa la porte de l'appartement, une odeur de brûlé lui chatouilla les narines. Il se précipita dans la cuisine pour voir une casserole avec ... quelque chose dedans. Et ce quelque chose avait passé de l'état brûlé à l'état carbonisé depuis un certain temps visiblement. Il vérifia mais le feu était coupé. Un reniflement se fit entendre. Il regarda autour de lui, prêt à ressortir dans le couloir quand il fronça les sourcils. Il s'avança et derrière la table, il découvrit Ivanna assise au sol en tain de pleurer. Il se précipita et alla la serrer dans ses bras. Elle arborait maintenant de jolies petites rondeurs qui même si elles n'étaient pas très prononcées, ne cachait rien de son état.

- Hey, Bellissima Iva, ne pleure pas. Ce n'était qu'une casserole.

- C'est pas ça, sanglota-t-elle.

- Alors dis à ton Milo adoré ce qui te chagrine.

- Mais je suis pas triste. Je suis juste contente.

- Ah ... c'est que ce n'était pas flagrant comme différence ... Sans compter que je savais que je faisais de l'effet, mais de là à faire pleurer les jolie filles ...

- C'est pas toi, idiot, dit-elle en lui donnant un coup de coude tout en reniflant.

- Bon alors dis-moi en quoi cette casserole foutue t'as mise de bonne humeur pour te faire pleurer comme une madeleine.

- Ce n'est pas la casserole. Elle, elle a rendu l'âme car j'étais trop contente et que je l'ai oubliée.

- Alors dis-moi ce qui méritait de sacrifier une casserole pour ton bonheur.

- Je l'ai senti.

- La casserole ? Vu comment elle est brûlée, même les voisins l'ont sentie.

- Non, le bébé. Il m'a donné un coup tout à l'heure.

- C'est vrai ? Mais ce n'est pas un peu tôt ?

- Non, le docteur m'a dit que ça arriverait bientôt et ... c'est arrivé ... c'était si merveilleux.

Et elle fondit en larmes dans ses bras. Il mit un certain temps à la consoler. Puis après il lui demanda d'aller s'installer dans le salon, le temps qu'il offre des funérailles décentes à sa casserole fétiche et qu'il leur prépare du lait. Quand il revint avec un plateau rempli, Ivanna pleurait de nouveau toutes les larmes de son corps. Il s'approcha inquiet et finit par lever les yeux et les bras au ciel quand elle lui dit que le petit garçon dans le film qu'elle regardait, venait de retrouver son chien qui avait fugué. Non, c'était une évidence, si maintenant les hormones de la jeune femme la faisait pleurer pour un rien, il ne survivrait pas à cette grossesse !

o0o

Lundi 27 Avril 1981.

Six mois et une semaine. Elle était enceinte de six mois et une semaine et elle n'avait qu'une hâte, que cela se finisse. Son cher bébé avait décidé de prendre sa vessie pour un ballon et s'amusait à lui donner des coups de pieds. Du coup, elle était à deux doigts de faire sa valise pour s'installer définitivement dans les toilettes. Tant pis pour Milo. C'était un homme après tout, il n'aurait qu'à se soulager au pied d'un arbre ! Oui, elle était d'humeur massacrante. Mais cela faisait une semaine qu'elle dormait mal. Elle n'arrivait pas à trouver une position agréable et surtout, les coups donnés dans tous ses organes la réveillaient régulièrement.

Elle referma la porte une énième fois et revint dans le salon où sa table à repasser l'attendait. Elle avait été mise en arrêt maternité peu de temps avant et ne savait pas comment occuper son temps libre. Aussi, à chaque lessive de faite, elle faisait attention de bien tout repasser. Elle attrapa une chaussette qu'elle passa au fer chaud avant de la déposer bien pliée sur une chaise et d'attraper un slip de Milo pour lui faire subir le même traitement. Il n'y avait plus un pli sur aucun textile de la maison. Elle avait même repassé la toile cirée de la cuisine après chaque repas et le canapé chaque matin. Elle attrapa enfin la dernière chemise de la panière et quand elle fut aussi lisse qu'une boule de billard, Ivanna posa son fer et retourna dans sa pièce fétiche.

Elle avait refusé de savoir le sexe de son bébé. Elle voulait avoir la surprise. Assise sur son trône, elle sourit en pensant à ce petit prince ou petite princesse qui allait arriver. Elle avait pensé à prévenir Severus. Mais elle ne l'avait finalement pas fait. Ils étaient en pleine guerre en Angleterre. Milo lui rapportait régulièrement des nouvelles de la situation. Et elle ne voulait en aucun cas rajouter un enfant aux problèmes de son amour et surtout pas si ça le mettait en danger. Elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Puis la voix de Milo l'appela pour lui demander où elle était. Elle roula des yeux.

- Où donc crois-tu que je peux être, imbécile !

- Oh, tu es .

- Oui, je suis !

- J'ai acheté un gâteau à la poire. Rassure-moi, tu aimes toujours la poire aujourd'hui ?

- Oui.

- Tant mieux, soupira-t-il, visiblement soulagé.

- Mais pourquoi tu as pris un gâteau.

- Allons bon, je ne savais pas que la grossesse rendait amnésique. Aujourd'hui, tu as chopé vingt et un ans, Trésor.

- Mince, c'est mon anniversaire ?

- Non c'est celui du chien du voisin. Allez, sors de tes toilettes et viens que je t'embrasse ma grande.

- Laisse-moi finir. Ma vessie est un puits sans fond. J'ai dû laisser six litres d'urine dans la cuvette aujourd'hui et encore la journée n'est pas finie.

Milo ricana doucement. Pas trop fort pour ne pas l'énerver. S'il avait bien appris une chose, c'était de ne jamais contrarier une femme enceinte. La dernière fois, il avait retrouvé le plat de nouilles au fond de son lit. Tout ça parce qu'il avait certifié qu'il les avait salées alors qu'elle assurait que non. Il entendit la chasse d'eau alors qu'il débranchait le fer à repasser. Quand elle arriva en se dandinant légèrement autour de son ventre rond, il se dit que malgré ses cheveux pas coiffés et son jogging de maternité, elle était la plus belle femme qu'il ai jamais vue. Il la serra dans ses bras pour lui offrir ses vœux avant de la forcer à s'asseoir sur le canapé afin qu'il lui masse le dos. Elle s'abandonna avec délice à ce traitement merveilleux avant qu'un coup de pied bien placé ne la fasse grimacer. La main du Russe se décala du dos sur son ventre et il guetta le prochain coup. Il aimait beaucoup ressentir ce petit être bouger. La première fois qu'il avait vu le ventre dénudé d'Ivanna déformé par un petit pied, il avait cru tourner de l'œil. C'était tout simplement dérangeant de voir un membre du bébé s'imprimer dans la peau tendue de sa maman. Cela lui rappelait un peu trop le film Alien qu'il avait vu un peu plus d'un an plus tôt sauf que là il n'y avait pas d'effets spéciaux.

Un peu plus tard, alors que le gâteau était achevé et qu'Ivanna avait descendu toute la bouteille de lait avec du sirop de fraise, celle-ci soupira fortement. Milo ferma les yeux un instant se demandant ce qu'il avait encore fait de travers. Quand il les rouvrit, elle grimaçait de dépit.

- Quoi ? Demanda-t-il un peu sèchement.

- J'aurais préféré des Pelmenis (1) avec des Blinis. Tu sais, ceux de ...

- Et bien tu as eu des Bitki à la Skobelev (2) et tu les as mangés ! Alors ne viens pas m'énerver !

- Toi tu n'as pas eu de câlin depuis un moment et tu es en manque.

- Et pour cause, je me fais presque taper si la moindre odeur masculine autre que la mienne arrive jusqu'à ton nez. Bordel, c'est toi qui es enceinte et c'est moi qui fais abstinence. C'est bien le gosse de Severus ça. Prévu exprès pour me pourrir la vie !

- Oui mais tu l'aimes déjà ton filleul ou ta filleule.

- C'est bien ça le pire dans l'histoire.

Ivanna éclata d'un rire clair avant de grimacer et de se lever précipitamment marmonnant un vague « pipi ». Milo débarrassa la table et fit la vaisselle. Avec un peu de chance cette nuit, il pourrait dormir tranquillement sans qu'elle ne le réveille. Parce que sous prétexte qu'elle n'arrivait pas à dormir, lui non plus n'avait pas le droit de dormir.

o0o

Dimanche 21 Juin 1981.

- Miloooooo !

- Quoi ?

- Viens m'aider !

- Tu m'énerves !

- Allez ! Sinon je fais pipi sur ton fauteuil.

- Ok j'arrive.

Le jeune homme sortit d'un pas rapide de la salle de bain, vêtu d'une simple serviette enroulée autour des hanches et les cheveux dégoulinants. Il se planta devant elle en la fusillant du regard. Elle lui fit un sourire d'excuse qui ne prit pas. Elle le lui servait sans arrêt, cela faisait un moment qu'il ne marchait plus. Il lui attrapa les mains et la tira à lui. Il ne comprenait pas pourquoi elle s'obstinait à s'asseoir là alors qu'elle savait très bien qu'elle n'arrivait jamais à se relever.

- Merci mon Amour.

- Garde tes mots doux pour un autre, et ne t'assois plus dans ce fauteuil avant d'avoir accouché !

- Mais je l'aime ce fauteuil. C'est le seul dans lequel je n'ai plus mal au dos.

Il roula des yeux et retourna dans la salle de bain pour finir de se sécher et de l'habiller. Il avait encore une fois pris une grosse cuite la veille et son mal de crâne ne le rendait pas patient. Quand il revint dans le salon, il vit Ivanna se regarder dans la vitre de la bibliothèque. Elle avait un ventre très imposant et il s'était demandé combien il y avait de bébés à l'intérieur. Mais le guérisseur avait été ferme : il n'y en avait qu'un.

- J'suis grosse, se lamenta-t-elle.

- Tu es enceinte.

- J'ai l'air d'une grosse baleine échouée sur une plage.

- Mais non. Tu es une grosse baleine échouée sur une plage. Ou plutôt dans mon fauteuil quand tu t'obstines à t'asseoir dedans alors que tu sais très bien que tu ne t'en relèves pas.

- C'est de ta faute tout ça !

- Hey ! j'y suis pour rien moi ! Envoie une beuglante à Severus si tu veux mais ne me mêle pas à ça !

- Si ! Tu es un homme, c'est de ta faute !

- Je suis homo.

- Ça change rien.

- Ah si un peu quand même ! Une femme c'est fade ! Sache que le jour où j'en engrosserais une, c'est qu'il aura fallu qu'on me drogue sérieusement avec des choses pas clean du tout !

- C'est horrible. Jamais je ne rentrerais à nouveau dans mes vêtements d'avant. Regarde-moi, je suis dilatée de partout !

- Mais non, soupira Milo avant de venir la serrer dans ses bras. Tu es très belle. Un peu enveloppée, mais c'est pour que ton petit bébé soit bien confortablement installé.

- Oui ben pas trop non plus. Je ne préfèrerais qu'il ne s'éternise pas trop dans mon utérus. Dans cinq semaines j'espère bien qu'il ou elle pointera son nez parce que là j'ai pris douze kilos et que j'ai de plus en plus de mal à monter les escaliers, du coup je ne peux même plus sortir comme je veux pour profiter du beau temps.

- Allez Trésor, tu tiens le bon bout. Tu n'as jamais été aussi près de l'expulsion.

- Oui ben en attendant, là je suis fatiguée, laisse-moi aller m'asseoir sur une chaise, soupira-t-elle en se massant le bas du dos. En plus j'ai plein de petites contractions musculaires depuis ce matin, c'est éprouvant.

- Mets-toi dans le fauteuil.

- Je ne pourrais pas me relever et tu vas me fâcher, bouda-t-elle.

- Mais non, et je viendrais te relever dès que la pause pipi sera arrivée.

o0o

Vendredi 17 Juillet 1981.

Ivanna fut réveillé par une violente douleur. Elle regarda l'heure. Il était à peine une cinq heures quinze du matin. Elle s'assit avec difficulté. Cela faisait deux jours que les contractions musculaires s'intensifiaient. L'accouchement était prévu pour dans un peu plus d'une semaine mais elle n'était pas sûr de tenir jusque là. Elle dormait très mal, avait du mal à se déplacer et de nombreuses douleurs la tiraillaient. Jamais elle n'avait eu plus hâte de poser son bébé. Après s'être levée, une nouvelle douleur bien plus forte la fit se raccrocher à l'armoire. Prise d'un doute, elle se décida à aller réveiller Milo. Elle traversa le couloir, s'approcha du lit et l'appela. Elle l'entendit grommeler avant qu'il ne se retourne pour se rendormir la tête sous l'oreiller. Elle l'appela un peu plus fort et regretta de ne plus pouvoir se baisser pour le secouer fortement. Peut-être qu'un sceau d'eau glacée serait une bonne idée. Mais une nouvelle contraction la coupa dans ses pensées. Elle regarda l'heure, à peine dix minutes. Elle commença à paniquer et à appeler Milo plus fébrilement. Finalement le dormeur émergea doucement de son profond sommeil. Il bâilla à s'en décrocher la mâchoire avant de se retourner vers la personne qui prononçait son nom comme un leitmotiv.

- Ivanna ? Que fais tu debout ? Tu as mal au dos, tu veux que je te masse ?

- Non Milo, mais lève-toi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? S'affola-t-il en la voyant grimacer.

- Oh lala ... Milo, je viens de perdre les eaux.

- Quoi ?

Cette fois il était parfaitement réveillé. Il sauta hors de son lit, peu inquiété par sa nudité. Il s'habilla prestement avant d'attraper un manteau qu'il fit enfiler à la future maman par-dessus sa chemise de nuit. Il lui demanda d'aller jusque dans l'entrée le temps qu'il récupérait la valise, prête depuis une semaine. Puis il remercia tous les dieux pour l'horaire matinal avant de les faire transplaner directement dans la rue où l'hôpital sorcier avait son entrée. Il arriva à la réception et indiqua le motif de leur venue, bien que la douloureuse contraction qui arriva, fût largement suffisante. La secrétaire appela un guérisseur obstétricien. Une infirmière arriva et s'occupa de la prise en charge. Milo suivit en tenant la main de sa petite sœur pour la soutenir. Ivanna laissa quelques larmes glisser hors de ses yeux. C'était Severus qui aurait dû être là, à ses côtés. Mais c'était impossible. Elle ravala ses sanglots alors qu'une nouvelle contraction passait, lui soutirant quelques gémissements.

Installée sur la table de travail, les pieds dans les étriers, elle tentait, inconsciemment de briser les os de la main de Milo tout en respirant comme l'infirmière le lui indiquait. Elle avait refusé que son ami sorte de la salle de travail. Il était son frère. Elle le voulait à ses côtés pour passer cette épreuve. Le guérisseur regarda où en était sa dilatation avant de lui annoncer que la potion pour soulager de la douleur n'allait pas tarder à faire effet. Milo faillit lui demander si elle ferait aussi effet sur lui car il ne sentait déjà presque plus sa main.

o0o

Dix heures plus tard.

- Soufflez bien.

- Non, je ne veux plus souffler ! Je ne sais même plus depuis combien de temps je souffle. Redites-le moi encore une fois et je vous fais bouffer vos gants !

- Calmez-vous, le bébé va bientôt arriver. Il ...

- Ça fait trois heures que vous me dites ça mais il n'est toujours pas là. Alors passez sous ce putain de drap et allez le chercher ce gosse de malheur !

- Iva, respire.

- Toi tu te tais ou je t'enfonce les forceps là où tu le sentiras passer !

Milo grimaça et se tortilla légèrement, pris d'une soudaine douleur psychosomatique dans son fondement. Non, il ne voulait définitivement pas que ces choses entrent . Il jeta un œil à la future maman, ses longs cheveux emmêlés étaient collés par la sueur sur son front, elle était rouge, et haletante, mais ses grands yeux gris étaient comme du mercure en fusion. Un signe qui ne trompait pas : elle était sur le point de mordre le premier qui oserait la contrarier. Il remercie le ciel qu'elle soit sous potion contre les douleurs des contractions. Déjà que la durée et les efforts physiques la mettaient sur les nerfs ... Une nouvelle contraction arriva et cette fois le guérisseur l'informa que le col était ouvert à son maximum et qu'il allait falloir commencer à pousser à la prochaine contraction. Milo raffermit sa poigne et lui caressa les cheveux l'encourageant verbalement. Au bout de longues minutes, le guérisseur annonça :

- C'est bien. Je vois sa tête qui arrive. Respirez bien. La prochaine contraction arrive. Vous allez pousser une nouvelle fois mais vous ne vous arrêterez que lorsque je vous le dirais.

- Je n'en peux plus docteur.

- Je sais mais c'est bientôt fini. Attention, allez-y poussez ! C'est bien, continuez, ne vous arrêtez pas. Là ... la tête est là, continuez. Poussez encore. C'est bien. Vous êtes une battante, allez-y encore un peu.

- Je peux plus, gémit-elle en poussant toujours avant de sangloter et de se relâcher brusquement.

Milo lui embrassa le front. Elle était à bout. Physiquement et nerveusement.

- C'est bien Miss Soloviev, vous avez fait un bon travail. Et vous avez un beau petit garçon.

Comme pour confirmer ses dires, des cris se firent entendre. Milo ne put retenir ses larmes alors qu'il serrait comme il le pouvait Ivanna dans ses bras. C'était un moment tellement intense et merveilleux. La jeune femme pleurait toujours mais cette fois c'était de joie et de soulagement. Le guérisseur demanda à Milo de couper le cordon. Ce qu'il fit avec une intense émotion et des mains un peu tremblantes. L'infirmière emmitoufla l'enfant dans un linge propre avant de lui faire les examens de routine, puis elle le nettoya avant de le déposer sur la maman. Celle-ci referma délicatement ses bras autour du petit corps de son fils. Elle déposa ses lèvres dans un tendre baiser sur sa petite frimousse.

- Bienvenue parmi nous, Ioann Luka Soloviev. Tu m'en auras fait voir mais tu n'imagines pas combien je suis heureuse de t'avoir dans mes bras.

Milo qui s'était assis sur le bord du lit et qui avait passé un bras autour des épaules de son amie, fit glisser un doigt le long de la petite joue potelée du nouveau né. Celui-ci plissa le front, avant que sa bouche ne se torde et qu'il ne se remette à crier en agitant furieusement ces petits poings.

- Il a déjà le caractère grincheux de son père et capricieux de sa mère, soupira-t-il alors que son ton était démenti par son sourire.

L'infirmière revint chercher l'enfant afin de pouvoir s'occuper de la maman.

o0o

Samedi 18 juillet 1981.

Ivanna venait de se réveiller. Elle regarda la pendule et remarqua qu'il était déjà presque midi. Elle avait dormi plus d'une quinzaine d'heures. Elle s'était endormie rapidement après avoir souffert près de douze heures. Elle avait beaucoup de sommeil en retard. Elle laissa son regard voguer dans la pièce. Elle se sentait étrange et surtout sereine. Puis ses yeux se posèrent sur le berceau contenant sa merveille. Sa contemplation fut coupée par une infirmière qui vint voir comment elle allait et vérifier que tout allait bien pour la maman et l'enfant. Celui-ci se réveilla à ce moment là et fit remarquer à grands coups de cris, qu'il avait faim. Aidée par l'infirmière, Ivanna donna sa première tétée tout en demandant si c'était normal qu'il n'ait pas réclamé plus tôt. La femme lui répondit que le temps qu'elle récupérait, il avait déjà avalé trois biberons.

Lorsque Milo arriva, il resta sous le charme du tableau de sa meilleure amie, sa sœur, donnant le sein à son fils. Elle était rayonnante. Il s'approcha d'elle pour l'embrasser sur la joue. Puis lorsque le bébé eut fini de manger, il l'attrapa dans ses bras le temps qu'Iva se rhabillait. Il le berça doucement tout en gagatisant devant ses grands yeux sombres. Il savait que la couleur n'était pas encore définie. Elle le serait dans les jours à venir. Mais il avait la sensation qu'ils resteraient toujours d'un noir aussi profond que les yeux de son père. Il espérait vraiment que la guerre cesserait rapidement. Car il ne pouvait pas concevoir que Severus ne rencontre pas la petite merveille qu'il avait engendrée.

- Bonjour Petit Ange. Je suis ton tonton Milo. Et tu verras je t'apprendrais plein de choses quand tu seras plus grand. Et on fera râler ta maman en faisant plein de bêtises.

Mais voilà, il avait oublié une chose : on ne remue pas un bébé qui vient de manger. Même pour le bercer. Et pour confirmer cela, le nouveau né régurgita une partie de son repas sur la chemise de son oncle sous les rires des deux femmes.

- Et me voilà baptisé par mon filleul, soupira-t-il théâtralement, avant de sourire avec tendresse. Bienvenue dans notre monde Petit Ioann.


(1) Ravioles

(2) Boulettes de viande avec des champignons