Bonsoir~ Pour ceux qui me connaissent, je dois paraître folle. A peine fini Correspondances, je débute avec une fic Sabriel et maintenant celle-ci, alors que j'en ai au moins cinq autres en cours. C'est vrai. SAUF que la majorité sont tournées vers l'angst (Sept Jours Sous Terre, Réincarnations) et les autres sont assez particulières (Dom Winchester, Supernatural Network), bien trop pour que je puisse me lâcher comme je pouvais le faire avec Correspondances. Du coup, j'ai décidé de commencer une nouvelle histoire principalement sur le Destiel. Je sais que beaucoup sont amateurs de Sabriel tout comme je le suis, mais sincèrement, je ne sais pas si j'en mettrai. Cette histoire a pour but de me vider de tout ce fluff que j'ai en moi et que je ne peux déverser dans mes autres fics - d'où ma grande frustration.

Par conséquent, je n'ai pas de plan, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas combien il y aura de chapitres, mais j'ai déjà de belles idées, et j'espère que vous m'accompagnerez dans cette aventure une fois de plus. Par ailleurs, ce chapitre est certes court, mais considérez-le plus comme une introduction, je ne fais que mettre les éléments de base en place ici. Je remercie Lady-Molly-of-Gallifrey qui m'a encouragée à poster maintenant, et qui a accepté de devenir ma bêta pour cette histoire.

En espérant que vous ne me refuserez pas une review, je vous souhaite une bonne lecture !


« De la Musique avant toute chose »

– Paul Verlaine


Dean se frotta l'arrière du crâne.

Il faisait chaud dans la pièce, il se croirait encore en plein milieu du mois d'Août... bien qu'il n'en soit pas très loin. Ils venaient de débuter le mois de Septembre, ce qui signifiait pour beaucoup de personnes le retour au quotidien du travail avec ce terrible et affreux mot que certains exécraient avec passion : rentrée.

Si Sam reprenait avec sa fac, lui en avait finit depuis longtemps avec les études. Il s'était octroyé un congé de quelques mois avec ce qu'il avait gagné de ses parties de billards et de deux trois chasses au cerf, ainsi que quelques autres jobs par-ci par-là qu'il avait ramassés à l'occasion. Alors il avait fait une sorte de road trip avec son Impala et son frère pendant un petit bout de temps, et ils s'étaient aventurés dans le pays en profitant de la plage le plus possible et des agréments que pouvaient leur fournir les vacances d'été.

Mais maintenant, il était à sec. Et il savait très bien qu'il allait en arriver là. C'est la raison pour laquelle il se trouvait dans cette salle où venait d'avoir lieu une réunion d'embauche avec son « patron ». Ça, ça devait être sa résolution de l'année : avoir un boulot permanent, ''sûr''. Bobby lui avait proposé de l'aider dans la mécanique, sachant que Dean n'était pas novice en la matière, il ne refusait pas d'aide. L'aîné Winchester n'avait pas décliné l'offre, mais ne l'avait pas encore entièrement acceptée non plus. Il cherchait un autre job à mi-temps. Et il l'avait trouvé.

Lorsqu'on lui demandait pourquoi il tenait tellement à obtenir un travail, ce qui le poussait à vouloir économiser autant d'argent, il haussait les épaules et répondait vaguement. Il n'y avait pas forcément besoin de raisons pour vivre normalement et mériter ses prochaines vacances.

Le directeur de l'entreprise , Mr. Chuck Shurley, son patron, avait dû s'en aller avant la toute fin de leur entretien, mais d'après ce que Dean avait compris, il avait plus ou moins été embauché pour un délai de un an. S'il se débrouillait bien, ils le reprendraient l'année prochaine.

En sortant de la pièce, il croisa une jeune femme rousse déguisée en guerrière médiévale dans le style de Game Of Thrones qui lui adressa un sourire gêné lorsque leur regard se croisèrent. Il décida de ne pas vraiment y prêter attention, car ça devait être habituel dans un centre de loisirs. Il n'eut le temps que d'avancer de deux trois pas avant que la sonnerie de son téléphone portable, Back in Black, ne résonne dans le couloir du bâtiment. Il s'empressa de décrocher en hâte.

Allô ?

Dean ?

C'était Bobby. Il soupira.

Tu ne pouvais pas attendre un peu que je t'appelle ? Que je t'envoie un message ? J'aurai pu toujours y être !

Bobby l'ignora royalement et purement.

Alors ?

C'est bon. Sérieusement, tu dois vraiment t'inquiéter comme ça ? C'est pas comme si j'obtenais un diplôme.

J'ai tout de même le droit de savoir si mon employé va travailler pour moi à plein temps !

C'est toi-même qui m'a conseillé de me trouver deux boulots au cas où.

Je n'avais pas pensé à t'engager encore à ce moment-là.

Il fallait y réfléchir avant, sourit Dean.

Tu as déjà tes horaires ?

Je travaille le lundi, le mercredi, le jeudi et le samedi.

T'aurais pas pu avoir plus gruyère. Tu peux pas décaler ?

Ah, ça ça va dépendre des demandes de mes clients. Étant donné que ce sont souvent des jeunes qui veulent apprendre, il y aura certainement des changements pour la fin de semaine pour que cela rentre avec leur heures d'école.

Mouais. T'es sûr que ça ira ?

Quoi, tu crois que j'ai plus de risques à me rouiller sur ma guitare que sous une voiture ?

Oui, bon, tu sais très bien ce que je veux dire.

J'ai déjà préparé des partitions. Je vais m'en sortir.

T'as prévu de faire quoi si les gosses n'y arrivent pas ?

Les secouer par les pieds sur la terrasse du troisième étage qui donne sur le boulevard où il y a un feu rouge en leur menaçant de mettre le feu à leur guitare.

Parfait. On se retrouve pour manger ce soir avec Sam ?

Jess sera là ?

Certainement.

Ok. A ce soir alors.

Lorsqu'il raccrocha, il était déjà arrivé sur la place du centre ville sans s'en rendre compte. Après tout, l'endroit était plutôt bien situé. A côté de la grande circulation tout en restant à cinq minutes à pied du centre ville et des grandes avenues piétonnes.

Dean réajusta son col en sentant une petite brise passer, et alla finalement s'installer à un bar en savourant les dernières heures de vacances qu'il lui restaient. Après tout, il commençait déjà demain.

Il commanda une bière – pour changer – et ne sortit pas le livre qu'il conservait dans son sac pour lire comme l'aurait fait toute autre personne il préféra reluquer les passants et les juger. C'était l'une de ces activités préférées depuis le collège. Certes ça pouvait ne pas paraître très passionnant et peut-être même assez pervers pour certains – mais il ne faisait pas d'exception de genre.

Il les observait pour le plaisir de discerner des détails, des différences, des petits trucs qui passeraient inaperçus, et il le faisait uniquement lorsqu'il était seul. Bien évidemment, s'il pouvait se permettre de mater une ou deux personnes, il ne s'en privait pas. Et s'il était dans l'humeur, il pouvait même parfois s'autoriser à en aborder. Après tout c'est en étant observateur que l'on arrive à attirer l'attention sur soi. Comment serait-il supposé draguer en ne sachant rien de la personne convoitée ? C'était là tout l'intérêt de ce poste d'observation.

Le serveur lui apporta sa bière – tiède. Il posa son regard un instant sur l'homme qui l'avait servie. De grande taille, cheveux en batailles, du genre à aimer jouer au billard sans doute, barbe rasée, il avait l'air sympathique. Le nom « Balthazar » était inscrit sur son costume. Il le remercia d'un sourire et retourna à ses occupations.

La plupart des gens qui défilaient devant ses yeux avaient tout bonnement une apparence banale – ce qui n'était pas forcément quelque chose de négatif pour lui. Il aimait bien ça. La banalité. Le quotidien. La normalité. La vie tranquille. Sans doute parce que son enfance avait trop été bousculée.

Coup du hasard, la jeune fille rousse en costume de guerrière repassa devant sa table. Elle le salua de la main en le remarquant distraitement, auquel il répondit poliment, et il songea un bref instant qu'il devait vraiment être irrésistible, avant qu'elle ne se jette brutalement dans les bras d'une autre jeune femme, habillée d'une robe qui lui donnait une posture sérieuse et sévère, mais très classe, et ne l'embrasse sur les lèvres. Elle lui défit ensuite son chignon en riant, ce à quoi sa petite-amie riposta en ébouriffant les siens, et toutes deux s'éloignèrent main dans la main.

De toute évidence l'orgueil et la vanité de Dean devaient réviser leurs déductions trop hâtives.

Et puis son attention fut attirée par autre chose. C'est là qu'il le vit. Ou plutôt, il l'entendit. Il n'aurait pas fait attention à lui s'il n'y avait pas eu ce bruit, car il n'était pas dans le champ de vision qu'il avait choisi depuis plus d'une demi-heure.

C'était un homme, il était vêtu d'un long trench-coat beige, le pantalon noir, une chemise blanche. Il ne le voyait que de dos, mais sa curiosité était déjà piquée au vif. Ses cheveux noirs en bataille étaient recouverts de poussière ainsi que ses habits. Au sol, un gros carton qu'il devait être en train de transporter avait été renversé, et des livrets s'en étaient échappés. Il essayait tant bien que mal de les ramasser le plus rapidement possible. Un autre homme, plus petit, râlait tout en l'aidant de mauvaise grâce. Sans doute avaient-ils dû se bousculer sans se voir.

Après cinq bonnes minutes de rangement, l'homme reprit son carton, salua l'autre qui agissait comme s'ils se connaissaient parfaitement – à moins qu'il ne soit simplement dans son caractère d'être aussi familier. Ils se séparèrent et il se tourna dans sa direction.

Ce qui le frappa en premier lieu fut son regard. Il avait des yeux bleus profonds. Il ne l'imaginait pas comme ça. Des petites mèches rebelles retombaient sur son front. Il réajusta sa cravate à l'instant où il passa devant la terrasse où il s'était installé. Dean ne le lâcha pas du regard, sa curiosité piquée à vif. Participait-il aussi à une sorte de réunion de cosplays comme la jeune fille rousse ? Il était possible que ça soit ses habits de tous les jours, mais il en doutait, tout comme il n'arrivait pas vraiment à l'imaginer s'habiller comme tout le monde.

Il retourna à sa petite bouteille de bière qu'il finit d'une traite, puis il se leva et quitta les lieux pour retrouver Bobby et le reste de sa famille.


– Et donc, tu es allé la voir ?

– Qui ?

Sam fronça des sourcils.

– Ta collègue. Tu n'es pas le seul prof de guitare de l'entreprise, quand même ? Tu m'en avais parlé, j'étais persuadé que ça aurait la première chose que tu aurais faite.

– Oui, non, j'ai oublié. Le patron m'a un peu pris la tête en me posant des tas de questions sur ma vie personnelle et en se perdant lui même dans ses propres commentaires... Il en venu à la conclusion que les tortillas vaudraient mieux la peine d'être mangée au Mexique plutôt qu'en Espagne.

– Ah oui quand même.

– Et toi ? La fac de Droit ? Jess ?

La petite-amie de son frère sourit.

– Nous avons pas mal de cours en communs, donc on a pas mal de chances.

Sam lui prit la main.

– Je vais encore devoir la supporter cette année on dirait.

Elle le dévisagea d'un air outré et lui donna un coup de pied sous la table.

– Hey ! Je te rappelle que c'est moi qui te donne des feuilles et des stylos quand tu les oublies !

– Mais c'est moi qui te répète ce que le prof a dit parce que tu n'as pas été assez attentive...

La jeune fille grogna en levant les yeux au ciel mais ne répondit pas.

– Le seul inconvénient est que tout l'établissement est en pleins travaux. L'an dernier, ça allait encore, on connaissait déjà un peu les lieux, mais là c'est un véritable labyrinthe, impossible de s'y retrouver. Y'a même des étages qui ont été murés.

– Je confirme, lança Jessica. C'est impossible. Même certains de nos professeurs se sont perdus.

– Je connais un bon moyen pour ça, déclara Bobby. Il suffit de poser la main sur le mur et de s'avancer au bout d'un moment tu devrais y arriver.

– …

– …

– Où ça ?

– Bah à la sortie.

– Bobby, tu écoutais ?

– Vous parliez de labyrinthe non ?

– Oui, la fac est un véritable labyrinthe.

– … Oh, autant pour moi ! Désolé, j'ai eu une dure journée.

– La prochaine fois, dit Sam, c'est moi qui prépare le repas, Bobby.

Dean aida son frère a débarrasser pour épargner à leur père adoptif cette tâche ingrate. Sam fit signe à sa petite-amie de rester assise pour tenir compagnie au vieil homme.

– Certainement pas, Sammy, objecta Dean. Tu cuisines comme un manche, et surtout, je refuse de me retrouver avec un plat de salade accompagné de quelques limaces dans mon assiette, très peu pour moi merci bien.

Sam soupira.

– Excuse-moi, pardon, mais si on me laissait préparer le dîner de temps en temps, je pourrais peut-être m'améliorer. Après tout tu ne me laissais jamais toucher à rien quand on était petit !

Dean lui jeta un regard choqué, comme s'il venait de dire quelque chose d'invraisemblable.

– Pardon ? Je n'allais pas te laisser manier le gaz ou n'importe quel appareil électrique alors que tu n'étais pas plus haut que trois pommes !

– Ah ? Et maintenant ?

– … Tu es plus grand, et alors ? Ça ne change rien au fait que ta cuisine est immangeable.

– Tu verras, marmonna-t-il dans sa barbe, un jour tu verras que je peux bien cuisiner.

– Peut-être, se moqua Dean, peut-être pas.

De la salle à manger, Jessica cria :

– Ne te laisse pas faire, Dean, il faut conserver la nourriture, pas la jeter !

Sam qui s'était attendu à ce qu'elle le supporte, s'apprêtait à l'embrasser. Il s'arrêta au dernier moment et lui ébouriffa les cheveux en la décoiffant allègrement sans aucun remord.