1) Bran : L'avancée de l'Hiver

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Cette mort et celles à venir ne font, malheureusement, pas partie de l'histoire originale (avouez que Bran est chiant quand même).
Nous n'avons aucune prétention et ne faisons qu'emprunter les personnages de Game of Thrones qui ne nous appartiennent pas.
Cette fanfiction est une collaboration entre Rimeko et Salizardia.

(Le rating M est juste là à cause de mort(s) dans chaque chapitre, et nous ne souhaitons pas choquer les âmes sensibles.)

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Il faisait froid, très froid (nda : on avait pas d'autre idée pour commencer).

Entre les sapins, un chemin de pas tortueux avait été creusé dans la neige et menait à un vieil arbre blanc au feuillage rouge, en dessous duquel reposaient deux silhouettes emmitouflées dans leur épais manteau de fourrure. Le plus petit, un jeune garçon, semblait faible et épuisé, cependant il gardait les yeux ouverts tandis que la fille dormait déjà à côté de lui, roulée en boule pour se protéger du vent. Il contemplait l'immense mur de glace devant lui, mur qu'ils auraient à franchir d'une manière ou d'une autre dans les prochains jours, au risque d'une mort certaine. L'armée des morts les talonnait de près et ils ne trouveraient refuge qu'une fois cet obstacle franchi.

La dormeuse remua sur sa droite et, ouvrant les yeux, elle posa sur lui un regard fatigué pour constater qu'il restait éveillé.

- Bran... Il faut que tu dormes. Demain de rudes épreuves nous attendent.

L'infirme ne répondit pas, pensant amèrement qu'elle devrait fournir tous les efforts par elle-même dans les temps à venir. Ils ne pouvaient plus rester ensemble désormais, il n'était qu'un fardeau pour elle et il refusait qu'elle ne meure par sa faute, comme tous les autres. Il devait juste le lui faire comprendre.

- Meera... commença-t-il gauchement. J-je dois te parler.

La brune lui jeta un coup d'œil interrogatif.

- On devrait se séparer, lâcha-t-il sans autre forme de préambule.

Les yeux noirs de son interlocutrice s'agrandirent de surprise.

- Hein ? fut sa seule réponse.

- Tu vas devoir continuer sans moi. Nous ne survivrons pas tous les deux ; seule toi peut y arriver, débita Bran sans lui laisser le temps de protester. De plus, j'ai besoin que tu transmettes un message à Jon de ma pa-

- C'est hors de question ! le coupa-t-elle. Je ne t'abandonnerai pas à la mort – à pire que la mort, pas après tout ce que nous avons traversé ensemble. Mon frère est mort et je refuse que ç'ait été en vain !

- Ça n'aura pas été inutile, Meera. Nous avons atteint la Corneille et je transmettrai ses pouvoirs avant de... de... tu vois. Tu auras juste à donner le reste des informations à mon successeur et à ceux qui peuvent agir. J'ai besoin de toi, ajouta-t-il en attrapant son bras et en plantant son regard dans le sien. Tu dois leur dire ce qui se prépare ici, tu dois prévenir les habitants de Westeros.
- Et tu crois vraiment que je vais t'abandonner juste comme ça ? Tu me prends pour qui au juste ?

- Si tu refuses de comprendre, je vais devoir prendre le contrôle de ton corps Meera, et les Dieux savent que je ne le souhaite pas. Il le faut.
- Mais je ne peux pas juste te laisser là, argua-t-elle en se levant d'un bond.

Bran resta silencieux, se contentant de la regarder se débattre avec sa conscience. Il avait confiance en elle pour prendre la bonne décision, et c'est d'ailleurs ce qu'elle finit par faire, malgré ses réticences.
- C'est quoi ton message pour ton frère ? demanda-t-elle le dos tourné, les épaules basses.

Après avoir écouté la réponse du jeune infirme, elle partit sans se retourner – en pleurant cependant. Sans un mot, il la regarda s'éloigner entre les arbres, puis disparaître.

- Adieu Meera, murmura-t-il – et le vent glacial emporta ses mots vers le ciel.
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Il n'eut pas à attendre longtemps seul entre les sapins gelés. Peu après le départ de la jeune fille, des bruis de sabots se firent entendre dans le silence du Nord. Les Marcheurs l'avaient retrouvé, il ne lui restait que très peu de temps à vivre et il lui fallait accomplir une toute dernière tâche : transmettre son héritage. Il ferma les yeux et sa conscience se déploya autour de lui comme un oiseau déployant ses ailes.

Au bout d'un moment à la durée indéterminée, Bran trouva enfin celui qu'il cherchait – ou plutôt celle, en l'occurrence. Il s'agissait d'une jeune femme, une sauvageonne réfugiée à Winterfell, et le sang des Premiers Hommes coulait dans ses veines. Il effleura la surface de son esprit avant de lui faire connaître toute la situation, le plus doucement possible pour ne pas la brusquer, et de lui léger ses pouvoirs. Désormais, c'était elle la Corneille à Trois Yeux, et lui pouvait mourir.

Le jeune garçon rouvrit les yeux pour découvrir le Roi de la Nuit à quelques pas de lui, entouré de ses semblables. Il sursauta. L'air était si froid qui lui semblait que cela suffirait à le tuer et il ne sentait pas plus ses mains que ses jambes paralysées. Les larmes commencèrent à couler sur ses joues et y gelèrent, comme dans les contes de Vieille Nan qu'il aimait tant écouter lors de l'été – avant.

Bran sentit à peine la lame du Marcheur s'enfoncer dans sa poitrine, et encore, et encore. Ses yeux, fixés sur le ciel, s'embrumèrent et le voile de la mort les obscurcit sans qu'il n'ait plus accordé le moindre regard à ses meurtriers. Un filet de sang coula de ses lèvres, laissant une traînée écarlate sur son teint blafard.

Les Autres s'évanouirent entre les arbres comme s'ils n'avaient jamais été là, se fondant dans l'hiver auquel ils appartenaient.