Disclaimer: L'univers des Hunger Games ne m'appartient pas. Son univers unique ainsi que l'ensemble de ses personnages appartiennent à la fabuleuse Suzanne Collins! Je ne fais que m'inspirer de sa fiction! ;D
La Moisson des Souvenirs
Respire... Expire... Respire... Expire...
Le vent souffle délicatement dans mes cheveux en cette matinée douce de printemps. L'air marin se mélange délicatement au parfum des fleurs qui s'éveillent. J'essaye de rester concentré sur ces sensations, si fines mais si importantes à la fois. J'essaye de ne faire qu'un avec la dureté de cette pierre sur laquelle je suis assis, avec ce vent qui m'emporte, avec ces vagues qui viennent lécher mes pieds avant de se retirer en douceur...
J'essaye de m'oublier.
J'ouvre les yeux délicatement, comme si je craignais de me les brûler. Devant moi, des nuances de bleus s'étendent à l'infini, tel un dégradé qui s'accorde parfaitement entre mer et ciel. Et hop, une touche de couleur au milieu de tout cela, l'aube qui éclaire les flots de sa couleur rose. Dame nature est une artiste...
Je me surprends à contempler les vagues avec un regard flou, vide. Je les regarde s'entrechoquer dans un mouvement perpétuel. Une musique répétitive... Une chanson dont on ne se lasse pas... Un message? J'attends une réponse de l'océan... Pourquoi es-tu si calme aujourd'hui? Où sont passés tes caprices? Et lui, pourquoi tu me l'as pris?
Une colère sourde monte en moi, vient me frapper à l'intérieur de la tête. Des souvenirs qui remontent... Trop tard... Le passé défile telle une bobine de film dans ma tête.
Pourquoi je vois la scène aussi clairement? Je n'y étais pas... Je ne comprends pas...
Je regarde au loin, tentant d'apercevoir les rayons de soleil cachés derrière les nuages, dans cet horizon qui se mêle à l'océan. De gros nuages s'amoncellent au-dessus de ma tête. Pourtant, il n'y en avait pas il y a peu. Ils sont noirs, menaçants. Un bruit assourdissant vient rompre le calme. Le tonnerre... Une lumière d'une violence incroyable vient déchirer l'obscurité grandissante. Des éclairs zèbrent le ciel, frappant sans pitié la mer. Le ciel pleure, il lâche ses grosses larmes qui viennent s'écraser sur cette dernière. Sa réponse dans la douleur ne se fait pas attendre. L'harmonie des vagues est brisée, elles grandissent, se renferment comme pour se protéger et se rentrent les unes dans les autres de manière agressive. C'est une foule en panique qui vient maintenant me lécher les jambes, tentant de m'attirer et de m'emporter avec elle. Un autre éclair déchire l'air...
Là-bas... Un petit chalutier. Il tangue violemment sur ces flots agités, les vagues atteignent le triple de sa taille. Il y a quelqu'un que je connais là-dedans... Je le sais... Mais qui? Pourquoi aucun visage ne me vient à l'esprit. Je suis totalement impassible, immobile sur mon rocher en passe d'être submergé, regardant ce frêle bateau tentant de survivre. Son destin est inévitable, je le sais au fond de moi. Le temps semble tourner au ralenti, j'aimerais dire quelque chose mais ma voix reste bloquée. Une vague... Un éclair... Un bateau assistant à sa fin... Et puis plus rien, plus de frêle chalutier sur ces flots, seulement des décombres.
Un cri déchire l'air. Mais... c'est... c'est mon cri.
"Papaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!"
Je me sens glisser, tomber sans fin. Les vagues m'emportent, m'entraînent au fond des abysses.
...
Je me lève avec panique, manquant de tomber de mon rocher. Mon cœur bat à tout rompre, mon souffle est saccadé.
Respire... Expire... Respire... Expire...
Mon souffle revient petit à petit, je m'assieds dans le sable et tente de me calmer, la tête entre les genoux. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Tout va bien... Tout va bien... Calme-toi, c'est fini. Ce n'est qu'un mauvais rêve...
Je regarde de nouveau la mer avec crainte. Je m'aperçois que ce n'est plus l'aube. Une brise légère vient me caresser le visage, apportant un certain réconfort. La mer est calme et au-dessus de ma tête s'étend un paisible océan de nuages. Le soleil semble se cacher derrière, comme s'il redoutait cette journée terrible. C'est le jour de la Moisson...
Je regarde tristement ce paysage une dernière fois, avec cette mélancolie qui me consume à petit feu. Je tente d'apercevoir le chalutier. Il n'y a rien, il n'y a jamais rien eu aujourd'hui...
Mon père me manque.
Le soleil est presque au zénith. Je devrais y aller, la Moisson va bientôt commencer. Je maugrée puis me lève avec lourdeur. Je traîne mes pieds dans le sable chaud et suis deux mouettes qui prennent leur envol non loin de moi, se dirigeant vers le port.
Une odeur de poisson de plus en plus forte règne dans les airs tandis que des ordres méchamment aboyés fusent de toutes parts. Une grosse activité dans les docks vient briser le silence de ma marche. Des pacificateurs courent de toutes parts, des pas martèlent le sol avec violence, les grues s'activent, les conteneurs volent des entrepôts, tâches d'un gris maussade qui s'étendent tout le long d'une mer d'un bleu pur, jusqu'aux cargos imposants qui reposent le long des quais. Une colère naît en moi quand je pense que toutes ces marchandises, que nous avons si durement recueillies, partent pour le Capitole. Rien de tout ça n'est là pour nourrir le district Quatre, seulement pour eux. On nous pille... Et demain, on recommence tout à zéro...
S'il y a un lendemain...
Je me contente de baisser les yeux et de rester silencieux pendant ma traversée des docks. Je finis par atteindre l'allée commerçante. Autre vie, autre ambiance, autre monde. Le bruit est toujours aussi fort mais il est bien plus joyeux. Je souris inconsciemment en voyant des enfants courir entre des habitants aux grands sourires. L'allée commerçante n'est jamais aussi remplie en temps normal, et il n'y a jamais autant de bonne humeur. Le jour de la Moisson a beau être horrible d'un côté, c'est aussi le seul jour de l'année où personne ne travaille. Seuls les pacificateurs doivent s'activer. Pour une fois qu'ils ne sont pas inutiles.
Je jette un regard aux différentes boutiques d'un blanc nacré qui s'étendent de part et d'autre de l'allée composée de pierres bleues. Des vêtements, des jouets, des bars où de nombreuses personnes, passionnément engagées dans de grosses conversations, se reposent autour d'un bon verre, et même des brocantes où l'on peut acheter de tout. Je m'arrête devant une boulangerie, admirant à travers la vitrine les nombreux pains aux algues qui y sont exposés. Les fameux pains du district Quatre... Ils sont peu chers et très nourrissants mais je ne peux que les déguster avec les yeux. Mon ventre crie famine, je plonge désespérément ma main dans ma poche, retirant les derniers sous qu'il me reste. Trois petites pièces d'un vert triste tentent de briller sans succès à la lumière du soleil. Je soupire... C'est le jour de la Moisson, je peux bien m'accorder un plaisir.
J'entre dans la boulangerie, achète un pain avec mes dernières économies et en sort. Je continue ma route tout en respirant le délicieux fumet de ce pain tout chaud. À la sortie de l'allée commerçante, le chemin se divise en deux. Je contemple avec jalousie les résidences qui s'empilent comme des puzzles et qui s'élèvent majestueusement à ma droite.
J'entame la descente sur le chemin de gauche tout en croquant avec plaisir dans mon pain. Mmmmmh, délicieux, ça fait du bien. Il est croquant à l'extérieur et la mie délicieusement parfumée aux algues fond dans ma bouche. Si ce n'est pas malheureux de devoir s'appauvrir pour un petit pain... Je n'ai plus rien pour payer... Alors les tesserae ont fini par être mes amis, mais des papiers en plus, ça tue à petit feu. Du haut de mes 15 ans, j'en suis à huit papiers à mon nom, ce qui est supérieur à la moyenne dans le Quatre... mais j'imagine que ce n'est rien par rapport aux enfants des districts Dix, Onze et Douze.
Je le déguste lentement, tâchant de faire durer cet instant tandis que je m'engouffre dans une grosse bouche d'égout, haute comme deux personnes et large comme deux véhicules, c'est presque un tunnel. Il n'y a plus d'eau dans ces égouts desséchés, rien que de la terre d'une couleur maussade, parsemée de nombreux déchets et accompagnée d'une forte odeur d'excréments. J'arrive dans une vaste salle qui dessert de nombreuses autres bouches d'égouts. On y trouve un grand nombre de logements qui s'élèvent de partout, accueillant des familles derrière des planches de bois rafistolées année après année mais qui paraissent sur le point de s'écrouler à chaque instant. Des femmes nettoient leurs habits avec des planches en bois devant leurs cabanes. Elles surveillent leurs enfants à moitié nus qui courent de toutes parts, pieds nus ou alors avec des chaussures trouées. Leurs maris dorment à même le sol, tachant de récupérer de l'énergie pour se préparer à une autre année de dur labeur. Les sentiments de pauvreté, d'injustice et de colère règnent dans ces lieux, prêts à éclater à tout moment.
J'arrive devant ma pauvre baraque, au toit défoncé, aux fondations fragilisées par les inondations annuelles et aux fenêtres brisées. Je soupire et pousse la porte. Elle a grincé comme une folle, cette fichue porte! J'espère que ma mère n'a pas entendu. Je monte à l'étage et me dirige vers ma chambre le plus silencieusement possible.
Je me déshabille et ramasse mes habits de la Moisson posés sur mon bureau. J'enfile un pantalon bleu marine d'un style très chic ainsi que la chemise blanche qui l'accompagne. Ces habits appartenaient à mon père. Il savait se distinguer des autres : il connaissait tout sur les dernières tendances vestimentaires et son visage charmeur faisait le reste. D'après ma mère, c'était un homme musclé aux cheveux noirs, à la peau magnifiquement bronzée et aux yeux bleu foncé faisant fondre les filles. Elles voulaient tous voir ce fameux regard et ce fameux demi-sourire qu'il arborait rarement, il faut dire que maman était folle de jalousie.
Et j'en ai hérité... Je suis son portrait craché... me dis-je tout en me regardant dans un miroir rayé, fissuré aux trois-quarts.
Je ressors de la salle de bain et ramasse le petit carillon qui repose sur mon bureau. Il appartenait à mon père. Ma mère m'a raconté qu'il l'accrochait à l'entrée de sa cabine personnelle dans le chalutier où il travaillait. Je m'amusais beaucoup avec et il a fini par me le donner. Maintenant, c'est la seule chose qu'il me reste de lui, en dehors de mes habits de la moisson. Son contact me rassure et me réconforte, je le fais tinter entre mes doigts. Un son, simple, banal, mais qui représente tout... Je finis par l'accrocher à contrecœur au-dessus de mon bureau et descends les escaliers dans un silence absolu. Je m'apprête à quitter la chaumière lorsqu'une voix me fait sursauter. Elle crie le nom de mon père.
"Zelon! Ne pars pas, s'il te plaît."
Je me retourne vivement. Devant moi se dresse une femme aux cheveux emmêlés et au visage pâle et transpirant. Ses yeux sont vides, froids, parcourus par un éclair de folie. Son souffle est saccadé, presque rauque.
"Pourquoi? Dis-moi pourquoi? Ça fait si longtemps... Pourquoi tu nous a quittés comme ça?" lance-t-elle au milieu d'une respiration.
D'un geste vif, elle me prend les deux bras, sans même me laisser le temps de réagir, et me plaque contre le mur avec violence. Je ne sais pas d'où elle tire cette force...
La force du désespoir peut-être.
"Non, Maman! C'est moi, ton fils! Papa est mort, il..."
Ma mère plaque sa bouche contre la mienne, elle m'embrasse maladroitement mais avec passion. Je me débats et lance un coup de genou dans l'entre-jambes. Ma mère s'affaisse sous le poids de ses jambes tremblantes et son souffle est coupé. Instinctivement, elle se tient l'entre-jambes avec ses mains comme pour calmer la douleur. Des larmes s'écoulent le long de son visage... Un petit échantillon de notre océan de désespoir... Des petites gouttes qui perlent dans notre vie abyssale et ses ténèbres.
Elle relève la tête, tentant de m'apercevoir à travers ses yeux embués, grossissant ses magnifiques yeux verts tout en amande.
"Pi... Pieter..." lance-t-elle en plongeant son regard honteux et coupable dans le mien.
"Désolé, Maman."
Je cours vers la porte, l'ouvre avec violence et la claque derrière moi. Je tâche de ne pas pleurer, de ne pas verser de larmes. Pourquoi rajouter quelques gouttes dans un vase de malheurs qui déborde déjà?...
Je continue à courir, le souffle court, tentant de remettre de l'ordre dans mes habits. J'arrive sur la Grand-Place où s'entassent de nombreux enfants. On dirait des troupeaux de bétail, silencieux et craintifs, espérant ne pas être le prochain sur la liste pour l'abattoir. Seuls les carrés les plus âgés se permettent de briser le silence. Il doit y avoir des carrières là-dedans, voir même des volontaires...
"Deux minutes avant le début de la Moisson." C'est ce que semble crier de ses lettres rouges un compte à rebours installé sur la scène qui s'étend devant l'hôtel de ville du Quatre, toujours aussi majestueux. C'est un monument en marbre blanc, orné d'arabesques dorées et bleues, qui se dresse fièrement au milieu de cette cité. Un grand symbole en or massif, composé de deux poissons aux yeux incrustés de saphir qui s'enroulent autour d'un imposant trident, repose en son centre. Le symbole du Quatre.
Je passe une main dans mes cheveux pleins de sueur et tente de retrouver mon souffle. Après une grosse respiration, je m'approche d'une des deux femmes s'occupant du recensement. Je lui donne mon doigt, ignorant la douleur du choc électrique puis elle m'indique de son doigt cadavérique, sans dire un mot, le carré des garçons de 15 ans.
C'est parti...
Je m'approche du carré et m'y insère discrètement pour éviter de me faire remarquer par les autres garçons. Je me retourne vers la scène. J'aperçois enfin que l'écran géant est différent de celui de l'année dernière. Le Capitole l'a enfin changé, l'ancien ne marchait presque plus et ces radins ne voulaient pas en acheter un autre, de peur de ne pas avoir assez d'argent pour sponsoriser les tributs. Je serre les dents à la pensée du Capitole. On les entendrait presque grincer entre elles quand l'hôte du Quatre monte sur scène. Une perruque verte fluo, une couleur de peau d'un orange criard, des petits pompons faits de rubans vert et orange...
Tuez-moi, ce n'est pas possible. C'est horrible...
J'hésite encore entre me retenir de rire ou crier d'effroi lorsqu'une voix cristalline, accompagnée d'un accent désagréable, vient me vriller les tympans. Je grimace à la vue de l'hôte qui continue à torturer le micro avec sa voix.
"Bonjour ! Bienvenue ! Moi, l'illustrissime Cokra, j'ai l'honneur d'être votre nouvel hôte cette année ! Vous ne pourrez pas m'oublier, je suis le génialissime Cokra, le grandissime Cokra!"
Mes oreilles ne risquent pas de t'oublier, c'est sûr! Je me retiens de plaquer mes oreilles avec mes mains, comme nombre d'enfants autour de moi...
"Il est temps de visionner une vidéo qui, je trouve, est tout à fait charmante. Elle nous vient du Capitole, nous allons nous régaler!"
Se régaler?! Vous osez nous dire ça?! On va s'entre-tuer et vous trouvez ça amusant?! Une colère aveugle monte en moi, je serre les poings. Je vous hais, vous êtes des enflures! J'aurai ma vengeance. Pour le district, pour ma famille...
Pour... Pour ma sœur...
La colère fait place à la tristesse. Mes pensées s'entrechoquent, s'envolent dans ma tête. Une douleur frappe mon crâne à coups de marteau, et je n'ai que la haine sans fond que je nourris pour le capitole comme médicament... Pourquoi moi? Pourquoi toutes ces injustices?
"Pieter Novak!"
Je retrouve mes esprits. Une voix vient de me vriller les tympans, elle a appelé mon nom. C'est qui? Je ne comprends pas...
Un léger rire moqueur s'élève à ma gauche. Un garçon me regarde avec dégoût et satisfaction.
"Qu'est-ce qui se passe?" lui demandé-je à voix basse.
Son sourire moqueur se transforme en un rictus haineux. Sans que je puisse m'y attendre, le garçon me crache à la figure.
"Je me délecterai de ta mort, je regarderai ça avec plaisir, du début jusqu'à la fin, connard!"
Les garçons autour de moi me regardent tous, approuvant silencieusement ses propos en hochant de la tête. Je lance un regard noir au garçon qui m'a attaqué et essuie avec sang-froid son crachat. Tout va bien, ne t'énerve pas devant les pacificateurs, il veut juste te faire arrêter, me répété-je avec insistance. Il me recrache au visage. Mon sang ne fait qu'un tour, j'assène un coup de poing de toutes mes forces sur son visage. Un bruit d'os cassé retentit et son visage se met à cracher du sang. Il s'étale au sol sous la puissance du choc et gémit en se tenant le nez avec ses mains.
"AAAAAAAAH, crétin, t'es malade! Tu m'as cassé le nez!"
"Je t'ai fait quoi? Je peux savoir?!"
"Et ma copine, t'as cru qu'elle a eu le droit de savoir quand son père est mort, assassin! Je sais que c'est toi qui l'as tué!"
Je me fige. Je suis perdu... Je ne comprends plus rien... Quand est-ce que j'ai tué un père de famille, moi? Je ne comprends pas... Est ce que... Est ce que ce n'était pas un pacificateur?
Je deviens blanc comme un linge, extrêmement énervé. Je regarde le garçon affalé au sol avec un regard presque désintéressé, impassible. J'ouvre la bouche, tente de prononcer quelques mots mais ils restent bloqués au fond de ma gorge... Ma voix refuse de sortir. Je ne ressens pas de honte, juste de la colère envers ce garçon. Envers sa copine. Envers son père. Envers ce monde de fous. Envers le Capitole.
Et même envers moi...
D'un coup, je me retrouve tiré en arrière. Mes pieds décollent du sol pendant un bref instant. Je regarde mes bras. Des mains les tirent, des mains gantées de blanc. Non, non, pourquoi? Les pacificateurs me maîtrisent et me traînent vers l'estrade. Je n'ai plus de force, je suis condamné à me laisser porter, à regarder mes pieds racler les dalles de la Grand-Place tandis que tout le district me dévisage. Je ne veux pas mourir comme ça, je ne veux pas être exécuté! J'ai tant de choses à faire! Pour mon père... Pour ma sœur... Les pacificateurs montent sur la scène et me jettent en avant.
"Nous avons enfin notre tribut mâle du district Quatre!" crie Cokra de sa voix perçante "Félicitations ! Les 69èmes Hunger Games peuvent enfin commencer! Je frissonne d'excitation rien qu'à l'idée de les voir dans l'arène!"
Tribut... Il a dit tribut... Je... Je vais aux Hunger Games?... Pourquoi je ne me suis pas rendu compte? C'est une punition? Ou le tirage au sort qui m'a choisi? Et la vidéo? Elle est passée? Ils ont choisi le tribut femelle?
"Joyeux Hunger Games, et puisse le sort vous être favorable!"
Je me relève, regardant la foule qui me regarde soit avec pitié soit avec haine. Les caméras tournent autour de moi, tel des parasites qui s'apprêtent à me nuire la vie. C'est une émission, fais quelque chose... N'importe quoi... Je repense à mon coup-de-poing et au sang. Je lève d'un geste vif mon poing tâché de sang, déchirant l'air avec puissance.
"Pour le Quatre!" crié-je d'une voix forte.
Tous les visages se sont braqués sur moi, crispés par la peur ou encore l'admiration. Il en est de même pour les caméras. Je ne suis pas passé inaperçu, j'espère que le Capitole a adoré. En général, il devrait aimer. Ce qu'ils attendent, c'est du sang et des tributs forts. Comme pour répondre à ma question, Cokra pousse des cris hystériques.
"C'est absolument fascinant ! Mon cœur a failli s'arrêter de battre ! Cette excitation, ce bonheur... Je n'avais jamais senti de tels sentiments! J'en suis tout ému ! Cher Capitole, j'espère que vous ressentez la même chose que moi ! Cette édition va être génialissime, tout comme moi d'ailleurs !"
Et il se met à pleurer. Son teint orange criard dégouline peu à peu, ce qui le rend affreux. Au milieu de ses larmes, il tente de mettre fin à la Moisson.
"Je vous demande, chers tributs, de vous serrer la main."
Je tends ma main non ensanglantée et observe ma future partenaire des jeux. Ce sourire moqueur qu'elle arbore m'est si familier. Je me fige. Non, pas elle ! Qui vous voulez mais pas elle! Lalys Anderston, visage angélique au cœur de démon, me sert la main. Son pouce tape deux fois mon majeur et une fois mon index. Un code rebelle qui annonce la mort de quelqu'un... Et ce quelqu'un... C'est moi... Je la regarde, un grand sourire s'étend d'un côté à l'autre de son visage et son regard est déterminé, en quête de vengeance.
Les Pacificateurs montent sur l'estrade, nous séparent et nous conduisent à l'intérieur de l'hôtel de justice. L'hymne de Panem se met alors à résonner dans mes oreilles. Je suis pris d'un haut-le-cœur. Cet hymne... Synonyme de terreur, d'oppression, d'injustice...
Note de l'auteur:
Merci d'avoir lu! Ça me fait énormément plaisir! Surtout, n'hésitez pas à laisser des reviews pour que je puisse savoir ce que vous en pensez et ce que vous avez apprécié. C'est le meilleur moyen pour moi pour apprendre et améliorer mon style d'écriture! :D
Pour finir, je tenais vraiment à remercier une fille incroyable qui m'a donné envie de reprendre la fiction. Merci à ma chère BR pour son œil aguerri, sa correction orthographique et grammaticale au top, pour les réflexions casse-tête dans lesquelles on s'est perdu plusieurs fois et ses critiques bien piquantes! Merci à toi, BubblingCloud! (Je vous conseille d'ailleurs d'aller lire sa fiction sur Harry Potter :D )
