Coucou,

Voici un OS qui m'a trotté dans la tête toute la nuit. Le voici désormais écrit. J'ignore s'il aura une suite, j'ignore s'il vous plaira, il fallait juste que je le partage. Alors voilà, peut-être bonne lecture, sinon tant pis.

A plus,

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Miroirs brisés

― Stiles, arrête ça, gronda Derek entre ses dents, ses yeux orageux lançant des éclairs tandis que ses épais sourcils se fronçaient dans une expression menaçante.

― Je ne comprends pas pourquoi je devrais arrêter et non je ne lâcherais pas l'affaire, explique-moi, rétorqua l'adolescent obstiné, qui s'approcha avec précaution de l'homme.

Celui-ci soupira et tendit sa main pour empêcher le jeune de pénétrer plus avant son espace vital. L'atmosphère était électrique dans le petit salon de l'appartement new-yorkais qu'ils occupaient tous deux. Les yeux de Stiles s'embuèrent légèrement avant qu'une nouvelle détermination redessine les traits fins de son faciès juvénile. Il avança encore et appuya son torse frêle contre l'épaisse paume qui lui barrait la route.

― T'as pas le droit Derek, t'as pas le droit, murmura-t-il sur un ton blessé. Depuis que… depuis que nos parents se sont… depuis qu'ils se sont fait abattre par un fou furieux dans ce restaurant… je n'ai plus que toi. Si tu me repousses et mets de la distance entre nous, tu creuses un fossé et… et tu détruis la seule chose qui me permet d'aimer la vie, qui retient de ne pas flancher. T'as pas le droit Derek, susurra Stiles qui finit par regarder tristement le sol, continuant de s'appuyer sur la paume que le jeune homme imposait entre eux pour les défendre de ses ressentiments.

Derek se bouleversa silencieusement. C'était la première fois que l'adolescent osait parler de l'incident qui avait détruit leurs familles respectives, de la tuerie qui les avait réunis et qui avait fait de Laura, la tutrice légale de Derek et Stiles. Cette évocation l'affaiblit visiblement et il dut lutter pour contraindre ses tremblements, il dut résister pour emprisonner sa peine d'orphelin en ses tréfonds. Voir son protégé qui pleurait silencieusement lui griffa le cœur de part en part et toutes les barrières qu'il tentait d'ériger entre lui et l'adolescent s'effondrèrent en un instant.

Derek prit immédiatement Stiles dans ses bras et le serra fort contre son torse. Les sanglots du jeune redoublèrent et l'homme s'obligea à fermer les yeux pour ne pas laisser le droit à ses propres larmes de s'écouler sur son visage. Il devait être fort, pour deux. Ils restèrent ainsi quelques minutes, le temps nécessaire pour que l'adolescent se calme, retrouve l'apaisement que seule la chaleur de Derek était en mesure de lui procurer. Quand il se sentit rasséréné, le jeune releva la tête et observa le visage de son réconfort. Il constata ses yeux plissés dans la résistance, sa bouche réduite à une ligne soucieuse entourée de poils sombres, sa mâchoire carrée crispée dans la difficulté de bâillonner ses propres émotions.

― Pourquoi Derek ? demanda de nouveau Stiles d'une voix affaiblie. Pourquoi tu ne veux plus que je dorme avec toi ? insista-t-il alors que l'homme ouvrait les yeux et que son visage s'affaissait dans la capitulation.

― Tu as quinze ans et moi j'en ai vingt et un, on ne doit plus dormir ensemble, c'est tout, soupira le jeune homme qui ne lâchait pourtant pas le corps qui se pressait tout contre lui.

― Et alors ? Je ne vois pas ce que viennent faire nos âges dans cette histoire Drek. Je n'arrive pas à dormir quand t'es pas là, et je suis presque sûr que c'est pareil pour toi, persista Stiles qui se montrait plus têtu qu'un âne bâté.

Le jeune homme soupira sa contrariété et se sépara doucement de son protégé. Il fit quelques pas maladroits avant de se laisser choir dans le canapé. Il posa une main épaisse sur son front et tritura ensuite ses lèvres sous le regard scrutateur de l'adolescent qui se rapprochait, encore. Derek n'ignorait pas que Stiles avait raison, il ne parviendrait pas à dormir sans sa présence à ses côtés. L'un et l'autre avaient pris cette mauvaise habitude cinq ans plus tôt, alors qu'ils s'étaient retrouvés obligés de cohabiter dans le deuil. Depuis que Laura avait eu l'accident de voiture qui l'avait fait périr à son tour, c'était pire. Ils ne faisaient plus rien l'un sans l'autre et cela commençait à faire peur au jeune adulte. Il expira sa contrariété avant de rencontrer les iris d'ambre qui le fixaient avec intensité.

― Stiles, tu sais que je n'arrive pas à expliquer ce que je ressens, tu le sais. Je n'ai jamais été doué avec les mots, se plaignit Derek qui détourna le regard pour observer ses doigts.

― Essaye quand même, je veux comprendre, j'en ai besoin, demanda doucement l'adolescent. Si tu ne m'expliques pas, je n'arriverais pas à accepter et je continuerais de m'acharner à essayer de te rejoindre. J'ai pas envie d'être tout seul la nuit, j'ai… dès que tu n'es plus avec moi, j'angoisse, tout me semble vide et froid, avoua-t-il avant de se mettre assis en tailleur, à même le sol. Derek s'efforça de rassembler son courage pour tenter de dire ce qui le perturbait. Quand il sentit la pression sur son cœur devenir insupportable, il se lança maladroitement :

― Je t'aime de trop Stiles, et… ce n'est pas bien, lâcha-t-il sans oser contempler le visage de son interlocuteur. Quand tu te blottis dans mes bras, tu fais naître des réactions inadmissibles en moi, murmura-t-il d'une voix tremblotante. Je ne veux pas ressentir ça, je ne veux plus devoir me combattre dès que tu me touches, c'est… c'est devenu intenable, confessa-t-il à contrecœur. Un silence étrange s'imposa entre eux et Stiles se mit à réfléchir avant de revenir à la charge.

― Comment on peut aimer trop quelqu'un et décider de le repousser ? C'est n'importe quoi, dit-il sur un ton de défi. Derek s'agaça immédiatement et se leva brusquement, faisant sursauter l'adolescent qui faillit tomber en arrière.

― Tu n'écoutes pas ce que je te dis, tu te concentres seulement sur ce que tu ne veux pas saisir, grogna Derek dont la colère commençait à poindre. Dans quelle langue il faut que je te le dise Stiles, dans quelle putain de langue ? demanda-t-il, un sentiment d'amertume se distillant dans ses propos. Merde ! cria-t-il avec un désespoir dont il n'avait jamais fait preuve avant. Tu veux que je te dise quoi ? Que je bande comme un malade quand tu viens me rejoindre, que mon cœur s'emballe dès que tes yeux me touchent, que je fais des rêves obscènes où tu m'embrasses et où mes caresses sont plus que de la consolation. Tu veux que je t'avoue que je suis un putain de détraqué qui te désir comme un dingue ! finit-il par hurler avant de tourner le dos à l'adolescent qui paraissait avoir pris une gifle en pleine face.

― C'est malsain ce que j'éprouve Stiles. Tu as quinze ans, t'es encore un gamin et moi… moi je me déteste tellement de… de vouloir faire l'amour avec toi. J'ai jamais eu de copine ou de copain. Depuis que mes parents sont morts, je… j'attends que tu grandisses pour avoir le droit de t'aimer comme je t'aime, mais… c'est devenu trop difficile. C'est tellement éprouvant, je… je suis fatigué, je me sens comme une merde, pleura-t-il en regardant le mur qui lui faisait face.

― C'est pas malsain Drek, dit Stiles d'une petite voix. Moi, j'ai toujours été amoureux de toi, confessa-t-il à son tour en se levant pour rejoindre Derek. Quand mes parents venaient rendre visite aux tiens, j'étais heureux, j'étais une vraie pile électrique parce que j'allais pouvoir te voir et passer du temps avec toi, je sautais dans tous les coins rien qu'à l'idée des moments que nous partagerions. Je te regardais constamment, le moindre truc que tu faisais avait valeur d'exploit à mes yeux. Je te suivais partout et j'adorais par-dessus tout, les week-ends au chalet, ou quand nos deux familles se réunissaient pour les vacances. C'était synonyme du bonheur pour moi, parce que tu étais là, parce que malgré notre différence d'âge, tu m'acceptais dans ton environnement et que tu me faisais participer à toutes tes activités, expliqua Stiles qui tenta de caresser le dos d'un Derek accablé. L'autre le sentit proche et l'évita. Il ne se retourna pas et continua de verser les larmes de sa honte.

― T'es pas le seul à bander, continua l'adolescent. T'es pas le seul à rêver d'amour et de sexe. Quand t'es pas là, je vais dans ton lit et… et je me branle dans l'odeur de tes draps, confessa faiblement le jeune dont le malaise amplifia à mesure qu'il dévoilait ses sentiments, ses fantasmes, ses pratiques qu'il gardait secrètes depuis qu'il était en âge de se chercher sexuellement.

― Même si c'est réciproque, flancher ferait de moi un criminel, intervint agressivement l'adulte. Je suis ton tuteur légal Stiles, pas ton béguin. Je ne peux pas devenir ton chéri, mets-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toutes, renchérit durement Derek avant de renifler sa déconvenue et se retourner pour lui faire face.

Ses yeux d'un vert cristal étaient rougis et son aspect général rappelait le jeune désœuvré de seize ans qu'il avait été, la barbe en moins. Stiles voulait le réconforter, il souhaitait courir dans ses bras et se gaver de leur proximité, il désirait que les derniers mots de Derek s'effacent pour tomber dans l'oubli. Mais il n'arrivait pas à bouger, figé dans la peur d'être rabroué par son « tuteur ». L'adulte décida de sortir de la pièce où toute la tension qui s'accumulait semblait épaissir l'atmosphère au point de la rendre irrespirable. Il contourna l'adolescent et s'enfuit dans la salle de bain afin de s'y enfermer.

― Derek ! cira Stiles. On s'en fout de tout ça, ce qui compte c'est nous, dit-il sur un ton d'abattement tout en se dirigeant dans le petit couloir pour stationner derrière la porte qui les séparait. S'il te plait Drek, ne fais pas ça, ne me rejette pas, ne m'empêche pas d'être avec toi, s'il te plait, pleura-t-il tout en tambourinant la planche de bois qui faisait désormais office de frontière entre eux. Il entendit les grognements de l'occupant et il l'imagina se tenir au lavabo, la tête entre ses bras musclés pour tenter de calmer ses nerfs à vif. Pourtant, Stiles ne pouvait pas se retenir, il continuait de taper la porte, de crier ce nom qui résonnait comme une blessure entre ses lèvres.

― Arrête ça ! pesta Derek, aux abois. Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà, tempêta-t-il, à bout.

― Je ne veux pas te perdre, s'il te plait, ouvre la porte, laisse-moi venir avec toi, sanglota l'adolescent qui s'était complètement affaissé au sol pour y continuer sa crise de lamentations.

― Je ne peux pas, j'ai pas le droit ! hurla le jeune adulte qui se mit à jeter des trucs à travers la pièce, à casser tout ce qui se trouvait autour de lui.

Stiles sut que le miroir venait d'être brisé, il réagit à toute cette brutalité qu'il ne faisait qu'entendre et qui semblait pourtant se jouer directement sur sa peau vibrante. Il se perdit progressivement dans le chagrin qui fondait sur lui comme une torture impossible à encaisser. Quand il n'y eut plus rien à démolir dans la salle de bain, l'homme se mit à brailler à plein poumon, son timbre grave devenant un hurlement de désespoir, qui vint se ficher dans le palpitant de Stiles telle une myriade d'aiguilles empoisonnées. Le désarroi de l'adulte s'imposa dans les tripes de son interdit pour faire redoubler son malheur et alimenter le sel de ses larmes. Derek s'égosilla jusqu'à ce que sa voix se fissure en sanglots, jusqu'à ce qu'il s'effondre dans le tas de brisures qui recouvraient le sol. « J'ai pas le droit » disait-il dans une ritournelle détraquée et entrecoupée de pleurs étouffés, comme pour martyriser l'instant de ses pénibles enfers. Au bout d'un temps incertain, le silence s'imposa des deux côtés de la porte. Mu par un sentiment étrange, l'adolescent parvint à trouver l'énergie de se relever et parla :

― Je vais chercher le balai, ne te fais pas plus de mal s'il te plait, dit-il tristement.

Quand il revint, la porte était ouverte sur un Derek dépité. Défait, il s'était assis sur le rebord de la baignoire pour constater les blessures qui ornaient les articulations de ses doigts ensanglantés. Autour de lui, les éléments fixés aux murs semblaient tenir par l'opération du Saint-Esprit et leurs allures disloquées témoignaient de l'irréfrénable violence qu'ils avaient subie. On eut dit qu'une tornade était passée par là, une tempête qui n'avait laissé derrière elle, que des détritus sans valeur. Stiles commença par ramasser ce qui pouvait être récupéré et opéra un tri judicieux entre les affaires intactes et ce qui devrait être jeté. Affaibli par sa crise de nerfs, l'aîné se contentait d'observer son protégé s'affairer à réparer les dégâts qu'il avait commis. Un sentiment de culpabilité fit frémir son corps endolori de tensions résiduelles.

― Laisse ça Stiles, je… je vais m'en occuper. Laisse-moi juste le temps de récupérer, de… Stiles ? demanda-t-il d'une voix rauque de blessures alors que l'adolescent continuait de collecter à même le sol, ce qui pouvait être réemployé. Le jeune releva son minois bouffi de chagrin et laissa le doute planer quelques instants entre eux. L'adulte paraissait épuisé et sa mine s'affaissait dans le ressentiment.

― Je n'abandonnerais jamais Drek, tu m'entends ? Jamais. Tu peux tout détruire chez nous, je ramasserais les pots cassés. Tu peux essayer de te rendre détestable, je continuerais de m'entêter à te faire céder. Tu peux même t'enfuir à l'autre bout de la planète… je serais toujours amoureux de toi et je ferais tout pour te retrouver. J'ai beau avoir que quinze ans je… je sais ce que je désire, je sais que je t'aime plus que tout ce qui vit ici-bas. C'est tellement puissant que j'ai l'impression que la terre s'arrête de tourner dès que je suis séparé de toi. Je pense à toi toute la journée et je… je te veux dans ma vie coûte que coûte, je veux que tu sois mon ami, mon amant, mon chéri. Pour ça, il n'y a pas de loi qui tienne, dit-il avec une hargne qui ne lui ressemblait guère, mais qui paraissait le rendre plus mûr qu'il ne l'était vraiment. Les yeux de Derek s'emplirent d'eau, et de généreuses gouttes tracèrent leurs chemins sur ces joues usées par les coulées précédentes.

― Tu ne sais pas ce que tu dis, ce n'est pas aussi simple, chuchota-t-il tout en pleurant silencieusement. Depuis que ton corps se transforme, je… j'ai faim de toi, mais… mais je ne souhaite pas devenir un pédophile, je ne peux pas accepter ou même assumer ça, dit-il en se renfrognant dans de nouveaux sanglots désenchantés.

Stiles lâcha ce qu'il tenait et se releva maladroitement. Il évita les débris qui recouvraient le sol et vint s'assoir à côté de Derek qui se détourna lourdement, pour plaquer ses paumes écorchées sur son visage, refusant de regarder la réalité. L'adolescent laissa ses doigts fureter sur les croutes qui commençaient à se former autour des articulations de l'homme. Il passa ensuite sa main dans ses cheveux d'ébène, démêlant les nœuds qui s'y étaient formés à cause de la sueur.

― Vu mon âge, tu ne seras jamais un pédophile, chuchota le cadet avec tendresse. D'ailleurs, je ne comprends pas qu'on emploie un mot qui fait référence à l'amour des enfants, alors qu'il s'agit de dénommer le viol des êtres physiquement immatures, renchérit-il avec une assurance que sa surdouance lui conférait. On n'est pas obligé de faire l'amour maintenant, mais on peut continuer de dormir ensemble, de se caresser les bras le visage et peut-être de s'embrasser un peu. Moi, ça me convient, ajouta-t-il, persuadé d'user des bons arguments pour convaincre l'homme qu'il aimait.

― Jusqu'à ce qu'on craque et que je finisse par devenir le mec qui a abusé de sa pupille ? demanda l'adulte qui refit face au jeune et empoigna son menton avec rudesse. Stiles, tu ne peux pas savoir comme c'est difficile de te résister, cracha Derek. À l'université, des tas de belles filles me font du gringue et elles sont pourtant invisibles parce qu'il n'y a que toi dans ma tête et dans mon cœur, il n'y a toujours eu que toi. J'ai vingt et un ans et je suis puceau parce que j'attends que tu aies le bon âge. Tu te rends compte à quel point ça sonne misérable et désespéré, est-ce que tu t'en rends compte ? demanda-t-il avec une agressivité que le jeune ne méritait pas de recevoir en postillons sur son doux visage.

― Je me rends compte à quel point c'est beau, magnifique Drek. Je vois ça comme la plus belle déclaration d'amour du monde, et j'ai juste envie que tu cèdes à tes pulsions. Comment tu peux abuser de quelqu'un de consentant ? l'interrogea-t-il en se relevant nerveusement pour continuer de ramasser ce qui devait l'être. On n'est pas obligé de crier sur tous les toits ce qui pourrait se passer entre nous. Tu me veux autant que je te veux, c'est simple. La civilisation complique tout, la bonne morale complique tout, les autres compliquent tout, alors qu'il n'y a rien de plus simple que deux personnes consentantes qui s'aiment et le vivent intensément.

― Stiles…

― Non ! Écoute-moi ! Je m'en fous des autres, ils ne sont que des figurants ! Les filles et les gars de ma classe me font chier ! Ils se croient mûrs et tellement importants alors qu'ils ne sont rien que des chiards prétentieux, des pions du système qui font exactement ce que la société leur commande de devenir. Combien ils sont à être comme ça autour de nous, tous âges confondus ? Des vrais moutons égoïstes, qui suivent les tendances et les modes comme des zombis avec des citrons vides et des cœurs de pierre ! Et dire que ce sont ces cons « populaires » qui font la loi, souffla-t-il acrimonieusement. Ce que toi et moi on a c'est tellement plus, alors qu'on a tout perdu... Je t'ai choisi et tu m'as choisi, le reste n'a pas d'importance. Ce sont tous des figurants Drek, des putains de figurants de merde, et ils n'ont pas à avoir le pouvoir de décider ce qui est bien ou non pour nous ! cria Stiles avant de jeter violemment ce qu'il tenait. Je veux dormir avec toi, jusqu'à la fin de ma vie, pleura-t-il, t'as pas le droit d'empêcher ce qu'on souhaite tous les deux, t'as pas le droit de jouer le jeu de tous ces connards autour de nous, ajouta-t-il sur un ton anéanti. Si je te perds à cause d'eux, qu'est-ce qu'il me reste ? demanda-t-il alors, retombant progressivement dans les hasardeux courants de sa peine.

― Stiles ? l'interpela l'homme de sa voix éraillée. Mon bébé renard, regarde-moi, commanda-t-il tout en se redressant pour venir le rejoindre. Laisse tomber le ménage, je… t'as gagné d'accord ? t'as gagné, capitula-t-il dans un murmure affaibli. Il souleva Stiles pour l'obliger à se remettre debout, il le contraignit contre son poitrail musculeux et lui caressa affectueusement le dos.

― C'est fini, ne pleure plus, je ne te repousserai plus, je suis à toi, rien qu'à toi, chuchota-t-il au creux de l'oreille de son protégé, qui continuait d'épancher ses émotions dans la trame de son maillot de corps. Je ne te résisterais plus c'est promis et tu as raison, le reste du monde n'existe pas, les autres sont des figurants, de simples figurants. C'est toi qui vois juste mon ange. Je… tu es si important à mes yeux que j'ai cette impression effrayante, comme si mon cœur était trop petit pour contenir autant d'amour, comme s'il allait exploser à tout moment, comme si j'allais mourir à chaque souffle. J'ai si peur Stiles, si peur qu'on puisse nous séparer pour des conneries, avoua-t-il avec intensité. Ne me porte pas de rancœur mon petit bébé renard, je t'en prie.

― Je t'aime Drek, je ne peux pas t'en vouloir d'être toi. Je souhaite seulement dormir avec toi, baragouina l'adolescent tandis que son amoureux lui baisait les tempes.

― C'est d'accord, souffla le dernier héritier de la famille Hale. Il était vidé de refus, il n'avait plus la force de se battre contre le garçon qui hantait son cœur depuis trop longtemps.

L'aîné relâcha son emprise autour de Stiles qui posa sur lui des yeux bouleversants d'espoir. Il prit la main de l'adolescent pour les faire sortir du champ de mines qu'était devenue la salle de bain. Il appuya ensuite sur l'interrupteur pour éteindre l'éclairage et les guida lentement vers sa chambre à coucher. Là, il retira le maillot de corps que le jeune portait et docile, celui-ci se laissa faire. Puis, Derek lui demanda de retirer son pantalon et le jeune s'exécuta pendant que l'autre se déshabillait à son tour. Ils ne gardèrent que leurs caleçons pour s'allonger ensemble dans les draps qui portaient déjà leurs deux odeurs mêlées. Stiles se blottit dans la chaleur de Derek, tricota les poils de son torse entre ses doigts graciles. Ils s'étreignirent et se serrèrent l'un contre l'autre comme si c'était la dernière fois que cela aurait lieu et pourtant, ni l'un et ni l'autre n'envisageait plus que la nuit porte un autre nom que celui de leurs deux corps enlacés. Ils s'endormirent ainsi, plus liés que jamais.