KHR ne m'appartient pas.
Debout
Une douce euphorie lui dévale les pentes, habillant l'écrin blasphématoire telle une tendre soie sur une chimère jubilatoire. Le rouge lui croûte les ongles, arraché à même les chairs de la Victoire, glorieux témoignage d'une épopée sans gloire. Le ciel poinçonné dans la pulpe de ses pores, de violets douloureux en jaunes infectés, s'efface peu à peu de sa blancheur calcinée. Toute d'ossature broyée et fragile, de colonne tordue et de paupières de coquard, elle hérisse les fissures de ses lèvres en un rictus fier et sauvage : elle est debout.
Elle, dont on a brûlé les ailes aux effusions ardentes du magma... Elle, qui a été écrasée et écornée pour être claquemurée dans une prison d'attentes et de devoirs... Elle est debout.
Ses guibolles tremblotantes sont loin d'être assurées et la courbe de ses épaules cache des horreurs inadmissibles. Ses poings serrés en prière contre sa poitrine convulsent de cauchemars et de terreurs nocturnes, crispés sur des années de rêves ravagés. Ses yeux, ternis par une Réalité trop cruelle, sont fuyants et guetteurs à la fois, gardant du jugement des autres ses faiblesses et ses secrets, sans laisser passer le moindre détail délateur d'un espoir fugace. Avilie, battue, brisée et abusée... Elle est debout.
Quand elle avait refusée d'hériter des crimes de ses ancêtres, personne ne l'avait écoutée. Quand elle s'était débattue avec la destinée qu'on lui forçait dessus, personne n'avait cru en elle. Ils pensaient tous que la famille qu'ils lui avaient créée au travers de toutes ces épreuves en vaudrait la peine... que, parce qu'ils lui avaient donné soutiens et piliers infaillibles pour faire face à la route qu'ils lui avaient tracée, leurs fautes seraient pardonnées et oubliées. Ils croyaient avoir gagné, l'avoir trompée et soumise à leur volonté. Ils étaient persuadées qu'elle ne remarquerait pas qu'ils avaient fait d'elle une marionnette dénuée de substance... Ils s'étaient trompé.
Elle avait joué le jeu au point de se perdre dans son rôle. Elle n'avait rien dit quand ils lui avaient retiré le peu qu'ils avaient offert. N'avait pas bronché quand sa soit-disant famille infaillible s'était retournée contre elle. Elle avait accepté qu'ils l'obligent à prendre des vies pour la prospérité de la Famiglia. Elle avait simplement souri quand elle n'eut d'autre choix que d'ordonner à d'autres de commettre les meurtres qu'elle-même n'osait pas. Elle s'était rendue coupable de tous les vices et avait toléré les pires atrocités. Elle était devenue un démon, un diable, pour leur bon plaisir. Mais maintenant, elle était debout.
Tranquillisés par sa docilité, ils en avaient oublié que, loin d'être un bienheureux toutou qu'ils pouvaient commander tout va, elle était une bête indomptable qui n'attendait que de déchirer sa laisse et détruire sa cage. Elle avait tout donné pour eux : tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle était. Et elle avait tout repris. Elle s'était tirée des affres dans lesquelles ils l'avaient plongée. Elle avait tout abandonné, tout trahi dans cette conquête irréalisable... Et elle avait réussit. Son dos ployant pourtant sous la fatigue, elle, Sawada Tsunayoshi, est à présent debout. Et finalement... finalement, la Vongola Famiglia est tombée.
Famiglia: famille
Merci d'avoir lu et bonne continuation dans vos pérégrinations littéraires,
Plew A.E
