Ce texte est en fait le début d'un scénario appartenant à un projet collectif de création d'un jeu vidéo amateur (RPG) dans l'univers de Kaamelott.
J'espère qu'il vous plaira.
Disclamers : La Légende Arthurienne appartient au domaine public, cette fanfiction est inspiré par la version d'Alexandre Astier.
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LA PLAGE
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Ils avaient quitté la Gaule, en pleine nuit. Venec avait bien des défauts, mais c'était un excellent navigateur. Ajouté au talent de stratège d'Arthur, ils avaient décidé que le meilleur moment pour accoster sur l'île de Bretagne était le petit matin lorsque le soleil commençait à se lever.
Lorsque la luminosité fut suffisante pour lui permettre d'y voir à peu prés clair, Arthur distingua, d'abord vaguement, puis avec de plus en plus de précision, les côtes déchirées de Cornouailles.
Pour la toute première fois de sa vie, il avait le sentiment de rentrer chez lui. Jamais durant son règne il n'avait ressentit cela.
La première fois, qu'il était revenu sur sa terre natale, après des années passées à Rome, ses souvenirs étaient encore trop vagues. Le paysage austère et le froid plus ou moins intense qui régnait en permanence dans ce pays ne l'avait guère enchanté. Par la suite, lorsque ces fonctions l'obligeaient à se rendre sur le continent, il n'éprouvait à son retour que de l'appréhension. L'idée de revoir sa femme et les incompétents qui l'entouraient lui déclenchait immanquablement une migraine carabinée avant même d'arriver à Kaamelott.
A présent les choses avaient changées. Des mois loin de la Bretagne, dans un anonymat total lui avaient fait prendre conscience d'une chose : il aimait cette terre, il aimait en être le roi et s'il revenait c'était pour reconquérir son trône et enfin accomplir la destinée promise par les dieux.
Dans son exil romain, les échos de la situation à Kaamelott lui était parvenus. Lancelot, à qui il avait remis les pleins pouvoirs, c'était mué en Chef tyrannique. Il avait pourchassé les chevaliers qui lui étaient restés fidèles et avait commis aux yeux d'Arthur le blasphème suprême : la destruction de la table ronde, symbole d'équité qu'il avait mis en place dans les dernières années de son règne.
Qu'était-il advenu de ses alliés d'antan ? Perceval, Bohort, Léodagan et les autres ? Étaient-ils morts, en fuite ou simplement s'étaient-ils rangés au côté du Tyran ? Cette pensée lui assombrit le cœur et il se serra un peu plus lorsqu'il imagina que peut-être certains n'étaient déjà plus de ce monde. Et Guenièvre ? Avait-elle refait sa vie ? Avait-elle rejoint Lancelot après qu'elle ait lu les mémoires qu'il lui avait laissées ?
Arthur en était là de ses réflexions lorsque la barque heurta le fond sablonneux. Ils étaient arrivés.
« Sire, il faut se dépêcher tant que le soleil n'est pas complètement levé lui intima Venec.
— Faites gaffe mon vieux, à comment vous m'appelez. Parce que là on est tout seul, mais dès qu'il y aura des gens, ça risque de coûter cher une bourde comme celle-là.
— Comment vous voulez que je vous appelle alors ?
— J'en sais rien moi ! Tous sauf "Sire", voilà.
— Bon alors, du con, vous m'aidez ou pas ?
— Du con ? Vous cherchez les emmerdes ou quoi ? lui demanda le roi menaçant.
— Ce que je cherche c'est que vous vous bougiez le fion pour m'aider à pousser cette foutue barque sur la plage. J'ai tenu la barre toute la nuit et je suis crevé là. Alors un peu d'aide ça serait pas du luxe »
Arthur s'exécuta, non sans marmonner dans sa barbe.
« A la vache ! s'écria-t-il lorsque il entra dans l'eau, elle est gelée !
— Ben là c'est clair, ça nous change de la méditerranée, ajouta Venec. Allez, à trois on pousse. Un, deux, trois »
Après quelques minutes d'effort, l'embarcation atteint la plage. Arthur se saisit d'un lourd sac de toile. A l'intérieur rien de bien extraordinaire : quelques vivres, des vêtements de rechange et une plein bourse de pièces d'or et d'argent qui, il l'espérait, l'aideraient à passer relativement inaperçu.
« Vous savez à peu près où on est ? demanda Arthur à Venec.
— Grosso modo…
— Grosso modo ? Mais vous êtes pas sensé être une sorte de contrebandier qui connaît la côte sur le bout des doigts ?
— Si, mais de nuit comme ça, c'est pas évident. En plus ça fait longtemps qu'on est parti, j'ai un peu perdu mes repères moi.
— Y a rien ici qui peut vous mettre sur une piste ? »
Venec observa attentivement la plage déserte. Il n'y avait qu'une bicoque de pêcheur en ruine et des épaves de petits esquifs en trop mauvais état pour penser reprendre la mer un jour.
« Ben la cabane me dit quelque chose, mais c'est plutôt vague… Non… Ah si, ça me revient.
— Ah ben c'est pas dommage ! Bon alors, par où je vais moi ?
— Vous voulez dire par où on va ? le reprit Venec en insistant sur le « on »
— Non moi tout seul. Je dois être seul. Je vous l'ai déjà dit ça, non ?
— Mais, d'après le pirate qu'on a rencontré en Gaules, le pays est infesté de gars à Lancelot. On sera pas assez de deux, vous croyez pas ?
— Vous pensez vraiment que ça me fait peur ? Les gars de Lancelot, c'est d'anciens soldats de l'armée de Kaamelott.
— Ils vous sont resté fidèles d'après vous ? demanda Venec.
— Là j'en doute, mais cons, croyez moi je suis prêt à parier qu'ils le sont toujours.
— Mais vous n'avez même pas d'épée.
— J'en ai pas besoin, je vous dis, je vais récupérer la mienne ! répondit Arthur avec assurance.
— Vous voulez dire que vous allez directement chercher Mexcalibur ? »
Arthur le regarda quelques secondes, comme s'il essayé de l'évaluer, avant de lui répondre sur un ton étrangement léger.
« Non, je pensais d'abord faire un peu de tourisme et attendre le printemps. Et peut-être qu'après j'irais chercher Excalibur…
— Vous vous foutez de ma gueule là, non ?
— Et vous avez compris ça tout seul ? Bien sûr que je vais directement au Rocher ! J'ai besoin de cette épée pour reconquérir mon trône ! C'est cette épée qui fait de moi le Roi du Royaume de Logres et sans elle, ça sera un peu plus compliqué de rallier les Chefs de Clans… Bon, alors le Rocher c'est par où ?
— A l'ouest. Y a un village de pêcheur à, à peu près, cinq lieues si vous prenez le chemin de crête.
Arthur passa la bandoulière de son sac sur ses épaules et s'apprêta à prendre la direction que venait de lui indiquer Venec avant de se retourner vers lui. De manière totalement inattendue, il le prit dans ses bras et le serra avec force au grand étonnement du brigand.
Les quelques mois qu'il avait passé avec lui à Rome lui avaient appris à mieux connaître cet étrange individu qu'il côtoyait pourtant depuis son arrivée sur l'île de Bretagne il y avait plus de quinze ans. Il s'étonnait encore de sa loyauté singulière. Lui le malandrin, toujours prompt à chercher l'argent facile – que ce soit de manière honnête ou le plus souvent au détriment des lois que lui, Arthur, avait instauré – n'avait pas hésité à lui venir en aide à un moment où il n'était que l'ombre de lui-même.
Sans Venec, il serait mort à présent. C'est lui qui était venu le chercher à Tintagel alors que son seul souhait était de se laisser mourir. Son vœu aurait sans doute était exhaussé si Lancelot était arrivé quelques minutes plus tôt. C'est également Venec qui s'était occupé de le soigner à Rome, qui c'était débrouiller pour leur trouver de la nourriture et c'est lui qui chaque jour se rendait sur le port marchant pour glaner les quelques nouvelles de Bretagne que les négociants en provenance de l'île amenaient avec eux.
« Merci » dit simplement le roi avant de lâcher son compagnon, puis il s'éloigna d'un pas d'abord lent puis de plus en plus assuré.
« Faites gaffe à vous, lui cria Venec. Ca me ferait chier de vous avoir sauvé la vie pour rien »
Sans se retourner Arthur leva sa main en signe d'au-revoir et s'éloigna bien décidé à reprendre ce que les dieux lui avaient donné.
(à suivre)
