Bonsoir tout le monde ! *s'attend à des acclamations de foule* ... *grand silence* ... Pfff ! -_-
Bref, comme prévu, je démarre une nouvelle fic ! Elle ne comptera sûrement pas plus d'une quinzaine de chapitres, mais je tenais depuis un moment à l'écrire. Basée sur les films Alice au Pays des Merveilles de Walt Disney (un peu), et de Tim Burton (beaucoup). Je précise que je n'ai pas lu le livre original de Lewis Caroll, à partir duquel ces films ont été adaptés, et donc je parle ici en blasphématrice totale ! Oui, c'est une honte, et oui, je compte le lire un jour ! ... Sans doute x)
Une adaptation de ce conte, donc... À la sauce One Piece, avec des personnages et un langage remaniés en conséquence. Du M, donc, pour les mots fleuris qui composent ce textes, entre autres.
Je publie cette fic pour l'anniversaire d'Harlem, et elle lui sera entièrement dédiée ! Depuis le temps que je lui promet de l'écrire, voilà qui est fait ! Enfin... le premier chapitre, en tout cas x) Pour toi, donc, ma belle, qui a bien besoin de te détendre après tout ce que tu as vécu récemment ! J'espère que tu aimeras.
Oh, et euh... Je précise que Sanji et Zoro gardent le physique qu'ils ont à la base dans One Piece, hein ? Pas déconner.
Et... J'suis désolée pour Marco. Vraiment XD
Bref, j'arrête de vous embêter, donc, et... Bonne lecture !
Bisous cramés !
Pyro
J'ai appelé Lewis Caroll, Tim Burton et Walt Disney (comment ça y en a qui sont morts ? C'est un détail !) et aucun n'a voulut me donner les droits d'Alice au Pays des Merveilles. Du coup, j'ai essayé chez Oda, pour One Piece... Ben y veut pas non plus...
-Brighton, demeure des Portgas, petit salon-
-En 1640, la bourgeoisie londonienne se soulève et contraint le roi à s'enfuir. Puis, en 1642, la guerre civile oppose les partisans du monarque et ceux du Parlement qui...
Putain, j'me fais chier...
Nonchalamment assis sur une chaise, en face de Crocus, son précepteur, le jeune Portgas D. Ace s'efforçait de ne pas laisser le sommeil l'envahir alors que son instructeur récitait la leçon du jour. Il est vrai qu'à vingt ans, les cours d'histoire ne l'intéressaient plus. Cela dit, pas sûr qu'ils l'aient intéressé un jour...
-Ace ! Aurais-tu l'obligeance de me répéter ce que je viens de te dire ?
Le jeune homme soupira.
-J'peux pas.
-Sois un peu plus attentif !
-Laissez tomber, t'façon, j'ai arrêté de suivre au générique.
-Ton père m'a chargé de te faire rattraper le retard que tu as amassé ces deux dernières années pour faire de toi un avocat parfait ! Alors tu seras prié de bien vouloir m'écouter !
-Pfff... J'peux pas aller dehors plutôt ?
-Hors de question !
-Grrrmmbl...
Ace jeta un regard dépité vers la fenêtre non loin de lui, alors que son professeur reprenait son cours. Pour passer le temps, il détailla pour la énième fois la pièce dans laquelle il était, et qu'il connaissait par cœur, attardant son regard sur les nombreux portraits qui en ornaient l'un des murs.
Les Portgas étaient membre d'une ancienne et riche famille anglaise. Propriétaires d'une grande compagnie de navigation et de beaucoup de terres, ils occupaient une place de choix dans la société. Roger, le père d'Ace, traitait avec les plus hauts commerçants et chefs d'entreprise pour leur faire traverser les mers, et avait eu l'honneur d'accueillir la Reine plus d'une fois à bord d'un de ses navires. Son oncle, Edward Newgate, avait quant à lui ses entrées au gouvernement et était en passe de devenir Premier Ministre.
La mère d'Ace était morte en couches, et il n'avait aucun souvenir d'elle. Son père en avait été tellement abattu qu'il avait brûlé ou détruit toutes les représentations qu'il avait d'elle, et qu'il refusait d'en parler. Il s'occupait d'Ace avec douceur et amour, mais était souvent absent à cause de ses obligations. Le jeune homme se rappelait encore des fois, quand il était petit et qu'il faisait des cauchemars, où son père venait le rassurer. Il le revoyait s'agenouiller pour regarder sous le lit, et en chasser le monstre qui y était tapis. Ensuite, il embrassait son front, et restait assis à ses côtés jusqu'à ce qu'il s'endorme à nouveau.
Ces moments privilégiés s'étaient fait de plus en plus rares, à mesure qu'Ace grandissait, et si Roger restait un père aimant, il devenait aussi un père absent. Il nourrissait de grands espoirs pour son fils, et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour assurer son avenir... Au mépris parfois du présent.
Ace soupira, avala une gorgée de la canette de soda posée près de lui, et laissa son regard dériver pour s'arrêter une nouvelle fois sur la fenêtre. Il détailla avec envie l'immense jardin qui bordait le manoir dans lequel il habitait, songeant avec un grognement intérieur qu'il en avait encore pour au moins deux heures de cours. Il faisait beau, c'était l'été, et il n'avait qu'une envie, c'était d'aller se perdre dans les bois privés de son père, pas de rester assis à un bureau.
Une silhouette passa soudain devant la fenêtre, et il sursauta, s'attirant un regard noir de son précepteur.
-Ace ! Ça suffit, maintenant ! Plus tu rêvasses, plus tu perds du tem-...
-Vous avez vu ? l'interrompit-il. Il y a quelqu'un dehors !
-Sûrement le jardinier, fit Crocus en haussant les épaules. Reconcentre-toi, je te prie.
-Nan, c'était pas Ussop, il était bien trop petit pour ça. Faut qu'j'aille voir.
-Ace, reste assis, s'il te plaît. Non... ACE ! Reviens ici tout de suite !
Mais Ace ne l'écoutait déjà plus, trop curieux pour pouvoir se retenir. Il attrapa son chapeau, se précipita dans le couloir, traversa le grand hall d'entrée, et ouvrit la grande porte à la volée pour courir au-dehors. Il longea le mur de pierres blanches pour retrouver la fenêtre qui donnait sur l'office dans laquelle il travaillait, et avança prudemment. Il était curieux, mais pas stupide, la silhouette pouvait très bien être celle d'un voleur. Cela dit, pourquoi un voleur agirait-il en plein jour ?
Il jeta un bref coup d'œil à son portable. Bon, il avait une heure devant lui avant que son père ne rentre et ne le voie en train de s'amuser dehors plutôt qu'en train de réviser ses leçons. Il avait intérêt à faire vite s'il ne voulait pas être consigné dans sa chambre pour le repas... Il pressa le pas, et arriva enfin sous la fenêtre en question.
Personne. Rien de suspect dans les fleurs qui bordaient la grande paroi vitrée, rien si ce n'étaient des empreintes de pas, imprimées dans la terre meuble. Il s'accroupit pour les observer de plus près. Wow... 'sont chelous ces traces... On dirait des pattes de lapin... Sauf que la bestiole doit mesurer un mètre soixante et peser cinquante kilos, parce que la vache, elles sont grosses !
Les empreintes s'éloignaient vers la forêt, et il hésita un bref instant, avant de faire demi-tour. Il rentra à l'intérieur du manoir, monta quatre à quatre les marches qui menaient à sa chambre, et attrapa un sac, dans lequel il fourra un appareil photo, un carnet, un stylo, et son portable. Il hésita un instant, avant d'y ajouter son couteau de poche et son briquet, puis il descendit dans la cuisine, piqua de quoi se faire un en-cas décent, et retourna dehors. Il retrouva bien vite les empreintes, et les suivit jusque dans les bois tout proches, attentif à ce qui se passait autour de lui.
Il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas quand il dépassa les premiers arbres. Il n'y avait pas un bruit aucun oiseau ne chantait, le vent n'agitait même pas les feuilles. Le temps semblait figé.
-T'en as mis du temps pour venir ! clama une voix derrière lui. C'est malin, on est en retard, maintenant !
Ace fit volte-face, et écarquilla les yeux, son cri de surprise se coinçant dans sa gorge. Il cligna des paupières une fois, deux fois, avant de se frotter les yeux avec ses poings. Il alla même jusqu'à se pincer une bonne demi-douzaine de fois pour être sûr qu'il ne rêvait pas.
Un jeune homme, qui ne devait pas avoir plus de dix-sept ans, se tenait devant lui, un immense sourire sur les lèvres. Les cheveux noirs ébouriffés, une étrange cicatrice sous l'un de ses grands yeux noirs, il portait une chemise rouge sans manches, un bermuda en jean et des tongs toutes simples. Tout ceci aurait pu paraître normal, si un dernier détail n'avait pas retenu l'attention d'Ace.
Je rêve... Ou il a des oreilles de lapins qui lui sortent de la tête ?!
-...
-Oh... Tu m'écoutes ? Faudrait vraiment qu'on y aille, j'vais me faire engueuler, moi, après, si on est pas à l'heure.
-... Aller... Où ça ? parvint à balbutier Ace, les yeux toujours fixés sur les deux grandes oreilles blanches qui s'agitaient au dessus du crâne de son interlocuteur.
-Ben au Terrier, tiens !
-...
Le jeune homme n'arrivait pas à parler. Il n'avait même pas écouté ce que le garçon... Le lapin... Le truc, venait de lui dire. Il songea brièvement à la canette de soda qu'il avait avalé pendant son cours, avant de se retrouver dans cette situation, et se promit de la vider dans l'évier dès qu'il serait rentré. Et de ne plus jamais toucher à cette marque.
Le... truc avança vers lui, la mine soucieuse, et claqua des doigts devant son visage. Ace secoua la tête et réussit à détourner son attention des longues oreilles pour le fixer dans les yeux.
-Hey... Ça va ? T'es tout pâle, s'inquiéta la créature.
-... T'as des oreilles de lapin, fit Ace, la voix atone.
-Euh... Ben ouais, j'suis le Lapin Blanc, quoi.
-... Tu permets ?
Sans attendre de réponse, Ace leva la main, attrapa l'une des oreilles, et tira dessus. Elles étaient peut-être fausse, après tout, et ses potes étaient cachés derrière un arbre avec une caméra. Ouais, c'est sûrement ça, se rassura-t-il.
-WAAAAÏÏÏE ! Nan mais ça va pas la tête ?! C'est super sensible, t'es complètement malade ! brama l'adolescent devant lui en se dégageant vivement, frottant son oreille endolorie.
-... Désolé, c'est juste que... Merde alors... Personne voudra me croire, dans la bande...
-Bon écoute, on a pas toute la journée, et j'dois pas trop traîner dans c'monde, sinon j'vais mal finir. Alors tu viens s'te plaît, parce qu'on a pas mal de boulot qui nous attend.
Sur ce, le Lapin Blanc fit demi-tour et s'enfonça plus avant dans la forêt. Ace écarquilla une nouvelle fois les yeux en notant la queue touffue blanche qui dépassait du bermuda en jean, et remarqua ensuite les traces de pas que laissait le garçon derrière lui. C'était bien des empreintes de lapin, même s'il avait des pieds normaux. C'est quoi ce délire... ? Il hésita un instant, avant de laisser sa curiosité l'emporter et de suivre la créature à pas prudents.
Ils marchèrent un moment sans rien se dire, le silence seulement troublé par le craquement des feuilles sous leurs pieds et les fredonnements discrets du garçon devant lui. Bon sang, j'suis en train de faire quoi, là ? Si mon père entend parler de ça, j'vais prendre cher... Il frotta machinalement sa main sur sa joue en grimaçant, avant de secouer la tête pour se débarrasser de cette idée. Et puis... C'est qui ce type d'abord ?
-Euh... Excuse moi ? tenta-t-il, pas très certain de la façon dont il fallait s'adresser à la créature.
-Yep ? fit le lapin en se retournant, continuant de progresser à reculons.
-Tu m'as pas dit comment tu t'appelais.
-Heiiin ? T'es sûr ? Bon, bah moi, c'est Luffy ! Luffy Mc. Twist !
-... C'est pas un nom un peu bizarre pour un lapin ? fit Ace, pas très certain de savoir quoi dire.
-Tu trouves ? J'y ai jamais vraiment pensé !
Luffy éclata de rire et reprit sa marche dans la forêt, sifflotant joyeusement, sous le regard médusé du jeune homme. Le lapin s'immobilisa un bref instant pour jeter un coup d'œil à sa montre, attachée à son poignet, et grimaça.
-Merde ! Faut qu'on s'magne ! Grouille-toi, Ace !
-Quoi ? Mais... Eh attends ! Comment tu connais mon nom ?!
Son cri se perdit entre les troncs, le garçon avait déjà détalé. En soupirant, il suivit les traces de pas qu'il avait laissé, le nez baissé vers le sol. Dans quoi j'suis en train de m'embarquer, sérieux ?
Les empreintes le conduisirent au pied d'un chêne immense, au tronc si large qu'il était sûr que trois hommes ne pourraient pas en faire le tour. Sa ramure s'étendait sur plusieurs mètres, et ses racines noueuses sortaient du sol. C'était un arbre plus que centenaire, et la seule fois où il en avait vu des comme ça, c'était en dessin, dans les animés japonais qu'il affectionnait. Il fronça les sourcils. Il avait marché dans ces bois des heures durant, il en connaissait chaque chemin, et pourtant... il n'avait jamais vu cet arbre, il en était sûr. Il posa la main sur l'écorce, et la retira aussitôt en sursautant. Le bois était chaud !
-Qu'est-ce que... ?
-C'est l'Arbre Passeur, fit la voix de Luffy dans son dos.
Ace tourna la tête et haussa un sourcil en direction de l'adolescent, qui souriait toujours. Ses oreilles blanches s'agitèrent, et il s'approcha du tronc pour poser sa main dessus avec précaution, avant de fermer les yeux. Son sourire s'agrandit et il eut un léger rire.
-Le Terrier est juste en dessous, reprit-il en se reculant.
-Tu m'expliques deux minutes c'qui s'passe ?
-L'Arbre Passeur est vivant. C'est lui qui décide si oui ou non t'as le droit d'entrer dans le Terrier. 'Suffit de poser sa main dessus et d'attendre. Il te dira s'il t'accepte ou pas.
-... Il me dira ? Un arbre vivant ? … T'es sûr que tu t'sens bien, mec ?
-T'as qu'à essayer, tu verras bien !
Luffy recula d'un pas, et Ace lui jeta un regard sceptique. Après avoir rencontré un hybride mi-homme mi-lapin, voilà qu'il se retrouvait à devoir taper la discute à un arbre vivant ! Il secoua la tête. Ouais, y avait un truc pas net dans ma canette tout à l'heure, et j'suis en train d'halluciner sévère. Ça peut être que ça. En ayant la sensation d'être parfaitement ridicule, il posa la main sur l'écorce à nouveau, à l'endroit où le lapin avait placé la sienne, et ferma les yeux.
-QUI ES-TU ?
-Waaaahh ! C'est quoi ça ?! hurla Ace en retirant précipitamment ses doigts.
Les mots avaient résonné dans sa tête, d'une voix si profonde et si forte qu'elle ne pouvait être assimilée à une voix humaine. Il regarda la paume de sa main, puis le grand chêne, puis sa main, encore et encore. J'deviens dingue...
-C'est lui, rigola Luffy derrière lui. J't'avais dit qu'il était vivant ! Tu devrais lui répondre, il est super à ch'val sur la politesse !
-... Tu t'fous d'moi ? fit-il en écarquillant les yeux.
-Nan, j'te jure ! Un jour il a bloqué Zoro pendant des heures dans ton monde, parce qu'il avait oublié de dire « s'il vous plaît ».
-...
Ace se pinça une énième fois pour être vraiment certain de chez certain qu'il ne rêvait pas, avant de se tourner à nouveau vers l'Arbre Passeur. Il se gratta la tête, indécis. … Boarf, après tout, si c'est une hallu, j'risque rien... Alors autant aller jusqu'au bout. Il posa une nouvelle fois sa main sur le tronc gigantesque et attendit. La voix résonna encore dans son esprit, et il grimaça. La vache, il était sûr de récolter un mal de crâne du tonnerre, si l'arbre ne baissait pas le volume.
-POUR QUE LUFFY T'AIT AMENÉ ICI, JE TE PENSAIS PLUS COURAGEUX.
Le jeune homme en resta bouche bée. Mais elle se fout d'moi c'te grosse souche ! V'là que j'me fait charrier par un arbre, maintenant !
-LA GROSSE SOUCHE POURRAIT BIEN TE FAIRE RAVALER TON INSOLENCE, JEUNE HOMME. ATTENTION À CE QUE TU PENSES.
-Euuuh... Désolé... Monsieur ? hésita Ace, pas vraiment certain de savoir comment s'adresser à l'immense végétal.
-C'EST MIEUX. TU T'APPELLES ACE, N'EST-CE PAS ? COMME LUFFY T'ACCOMPAGNE, ET QU'IL A PAYÉ POUR DEUX, JE VAIS TE LAISSER PASSER. MAIS LA PROCHAINE FOIS, TU DEVRAS T'ACQUITTER TOI-MÊME DE TON DROIT DE PASSAGE.
-Ben... Merci ?
Il avait peine à croire qu'il était en train de parler ticket d'entrée avec un arbre. Le soda qu'il avait bu devait être dépassé depuis plus longtemps qu'il ne l'avait pensé. L'Arbre Passeur ne se manifesta plus, et Ace comprit qu'il devait retirer sa main. Il recula d'un pas, se plaçant à côté de Luffy, qui lui souriait toujours autant.
-Regarde ! fit le lapin en lui désignant le sol. Il va nous laisser entrer dans le Terrier !
Les épaisses racines de l'Arbre s'écartèrent, dévoilant un trou assez large pour laisser passer deux hommes côtes à côtes. Ace s'approcha prudemment, et regarda à l'intérieur. Il ne vit rien, si ce n'était un long tunnel vertical, dont l'embouchure était trop profonde pour qu'il puisse la distinguer. Il pria intérieurement pour que son compagnon ne lui dise pas ce qu'il redoutait d'entendre.
-Et maintenant ? demanda-t-il en se retournant.
-On saute ! clama Luffy en riant.
-T'es malade ou quoi ?! Il est hors de question que je saute ded-AAAAAAAAAAAHHHHH !
Ses protestations se muèrent en cri d'horreur lorsque l'adolescent le poussa dans le vide, sourire aux lèvres, d'une simple pression de son index sur sa poitrine, avant de bondir à son tour la tête la première avec un cri de joie. Il dépassa Ace, qui essayait désespérément de se retenir à la paroi du tunnel en gesticulant dans tout les sens, et cria pour attirer son attention.
-TOI ! ESPÈCE D'ENFOIRÉ ! hurla le jeune homme en pointant un doigt vengeur dans sa direction. SI J'M'EN SORS, J'TE TRANSFORME EN CIVET !
-Laisse-toi aller, tu risques rien ! s'exclama l'autre en tendant les bras devant lui comme un plongeur pour accélérer sa descente. Tu vas voir, c'est marrant ! On s'retrouve tout à l'heure !
-REVIENS ICI !
Mais le lapin était déjà hors de portée de voix, et il jura copieusement. Merde, merde, merde, merde, merde ! s'affola-t-il intérieurement en voyant l'embouchure du trou se dessiner peu à peu en dessous de lui. Si c'est une illusion, ce s'rait bien que j'me réveille maintenant ! Il regarda autour de lui, essayant de trouver une solution pour survivre, mais les murs de terre étaient tellement glissants qu'il lui était impossible de s'y raccrocher. Sous ses pieds, Luffy avait disparu. Comprenant que l'impact était inévitable, il ferma les yeux et se tendit dans l'attente du choc.
Choc qui n'arriva pas. Il s'arrêta brusquement en ayant la sensation d'être retenu par un harnais, et ouvrit les yeux pour s'apercevoir qu'il s'était immobilisé à l'horizontale, le visage à quelques centimètres du sol.
-Bordel de m-AÏE !
La force inconnue qui le retenait s'était soudainement évanouie, et son nez avait durement rencontré le sol. Pestant contre les chutes vertigineuses, les forces cosmiques qui se foutaient de lui et les lapins décérébrés, il se redressa et regarda autour de lui.
La pièce dans laquelle il avait atterrit était au moins étrange. Elle était circulaire, avec un sol carrelé en damier noir et blanc, des murs pourpres, et un plafond identique au carrelage, auquel était accroché un immense lustre en or. Au milieu de la salle trônait une table en verre avec des pieds en fer forgé, et le long des murs étaient alignées six portes, de tailles diverses et variées.
-Pourquoi j'ai l'impression d'avoir déjà vu ça quelque part... ? … Minute, il est où le lapin ?!
Il eut beau regarder partout, allant même jusqu'à passer sous la table, aucune trace de Luffy. Il grogna. Ah bah forcément, quand on a b'soin de lui... Bon, j'peux pas rester ici cent-sept ans, alors... Il s'approcha de la porte qui lui paraissait à sa taille et colla son oreille contre le battant, attentif. Rien. Pas un bruit. Il fit de même avec quatre autres portes – dont une ridiculement grande – et obtint le même résultat. Restait la plus petite, tellement réduite qu'il n'était même pas sûr de pouvoir y faire passer son orteil. Il se contorsionna sur le sol pour essayer de s'en rapprocher le plus possible, et tendit l'oreille. Cette fois, des voix se firent entendre.
-... Pas lui j'te dis ! s'énervait une voix grave. Bon sang, Luffy, on t'avais demandé Alice, pas Ace ! Une fille, pas un mec ! Tu piges ?!
-Roooh, c'est bon... À deux lettres près... L'adresse correspondait, et en plus, il a l'air cool !
-Tu parles ! fit une troisième personne, un autre homme, quoique sa voix fut un peu moins basse. J'te jure que si ça finit mal, tu vas tâter d'ma semelle, Luffy Mc. Twist !
-Allons, messieurs, du calme, fit une quatrième voix, féminine cette fois. Ne jugeons pas avant de l'avoir vu à l'œuvre. Peut-être sera-t-il à la hauteur de la situation.
Les deux hommes inconnus grognèrent, mais se turent, et Ace assuma qu'il n'apprendrait rien de plus. Il tenta de faire jouer la minuscule poignée sans la briser, et se rendit rapidement compte que la porte était fermée. Génial... En soupirant, il se redressa et se gratta la tête sous son chapeau. Bon, avant toute chose, il devait trouver le moyen de passer cette porte. Si Luffy y était arrivé, il devait bien y avoir un truc ! Il fouilla dans son sac, et fit lentement tourner son zippo entre ses doigts, considérant un moment l'idée de faire brûler la petite porte en bois, avant de la repousser en soupirant. Ça ne servirait à rien, il ne pourrait toujours pas la passer. Son regard accrocha la table en verre, et il s'approcha du meuble en haussant un sourcil. Il était certain que la minuscule clef argentée qui y était posée n'y était pas deux minutes plus tôt. Pas plus que la bouteille étiquetée remplie d'un liquide transparent.
-Drink me, lut-il à haute voix. Ouais, bien sûr. Comme si j'avais pas bu assez de conneries comme ça aujourd'hui.
Néanmoins, il fronça les sourcils. Encore une fois, une impression de déjà vu chatouillait son esprit, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il secoua la tête pour se débarrasser de cette idée, fit glisser la petite clef d'argent dans sa paume, et s'empara de la bouteille avant de la déboucher.
-... God save the Queen, marmonna-t-il avant d'en boire une gorgée.
Il reposa la bouteille sur la table, et haussa les épaules.
-Bof. Ça vaut pas un bon... Eeeehhh ! Y s'passe quoi, là ?!
La pièce autour de lui sembla s'agrandir lentement, les portes qui étaient à sa taille quelques minutes plus tôt devenaient gigantesque, et la petite table en verre lui paraissait maintenant aussi grande que Big Ben. Il ferma les yeux, prit de vertiges, et attendit que la sensation désagréable se dissipe, se raccrochant à la bretelle de son sac, passée sur son épaule.
Lorsque l'impression d'étourdissement eut disparu, il rouvrit les yeux et sursauta. Soit la pièce avait réellement gagné en taille, soit c'était lui qui avait maintenant la taille d'un lilliputien rachitique. Il se pinça l'arrête du nez. Je sais pas si je dois être émerveillé ou m'interroger sur mon état mental, sérieux... Il commençait à douter que ce soit une illusion. Tout était trop défini, trop réel pour que ça en soit une. Mais il n'arrivait pas non plus à croire que ce qu'il vivait était tangible, et concret. Il soupira et secoua la tête.
Point positif : ses vêtements et son sac avaient rétréci avec lui. Et la clef en argent lui paraissait de taille tout à fait normale, à présent. Bon... Et maintenant quoi ? Est-ce qu'il continuait à suivre sa curiosité, où est-ce qu'il appelait son père pour qu'il vienne le chercher ? Il grimaça à cette pensée.
-Oh ouais, brillante idée, Portgas ! s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel. Et tu vas lui dire quoi, exactement ? « Salut P'pa, tu peux v'nir me chercher ? J'suis tombé dans un trou en suivant un homme-lapin, alors que j'étais censé être en cours ! Tu devrais trouver facilement, c'est juste en dessous d'un arbre gigantesque qui parle, dans une pièce géante avec une demi-douzaines de portes au mur ! » J'suis bon pour l'internat avec ça... Et la baffe de ma vie, aussi, avec un sermon sur les substances illicites, le manque de sommeil, et les mensonges éhontés !
Il grogna d'avance de douleur. Roger était loin de le battre, et il n'avait que très peu recours aux punitions physiques, mais les rares fois où ça arrivait, il était sûr qu'Ace s'en souviendrait toute sa vie. La dernière claque qu'il avait prise remontait au jour où il avait mit le feu au rideau de douche « pour voir si un truc en plastique pouvait cramer quand même ». Conclusion : oui, ça brûle. Et la main de son père sur sa joue aussi, elle brûle...
Il ricana à se souvenir, avant de revenir à l'instant présent. Il devait avouer qu'il appréhendait ce qu'il allait découvrir une fois le battant ouvert. Allez, mon vieux, t'es un mec ou pas ? s'admonesta-t-il. Alors avance ! C'est pas comme s'il pouvait t'arriver un truc encore plus dingue que c'qui t'es déjà tombé dessus ! Quoi, t'espère voir un cheval qui vole faire des galipettes devant ton nez ? Il ricana à cette idée complètement stupide, rajusta son bagage sur son épaule, et s'avança vers la porte en bois pour la déverrouiller. La poignée dorée joua facilement, et il poussa le battant, son cœur s'accélérant dans sa poitrine.
La première chose qui le frappa fut l'air frais qui lui balaya le visage. La deuxième fut l'odeur d'humus, de champignon et d'humidité qui lui imprégna les narines. La troisième fut le minuscule cheval à bascule ailé qui voletait devant ses yeux en hennissant gaiement.
-... VOUS VOUS FOUTEZ D'MA GUEULE ?! hurla-t-il, faisant peur à la créature, qui s'enfuit dans le ciel.
-J'vous avais dit qu'il était cool ! s'exclama une voix oh combien reconnaissable non loin de lui.
Ace prit une profonde inspiration pour se calmer, et se tourna lentement vers Luffy, une lueur dangereuse dans le regard. Qui laissa place à la curiosité lorsqu'il avisa les personnes qui l'accompagnaient.
Un type étrange avec des cheveux verts, un peu plus grand que lui, et avec un air au moins aussi avenant qu'un gardien de prison. À sa droite, un autre homme, de même stature que le premier, avec des cheveux blonds qui ne laissaient entrevoir qu'un seul de ses yeux. Mais ce qui l'étonna le plus, ce fut l'immense oiseau au plumage bleuté qui rajustait son veston, à leurs côtés, un oiseau qui était censé avoir disparu depuis des siècles. Est-ce que c'est un dodo ?
-Ace, j'te présente Tweedle-Sanji, Tweedle-Zoro, et Marco !
-Euh... B'jour.
-... J'maintiens qu'il a rien à foutre ici, grogna Zoro en croisant les bras. Tu t'es planté, Luffy, c'est pas le bon.
-Tais-toi, Marimo, fit Sanji en levant les yeux au ciel. Quand on a le Q.I. d'une algue, on laisse réfléchir les autres.
-J'vais t'en coller une, Blondinette !
-J't'attend, la pelouse !
Ace écarquilla les yeux lorsque les deux hommes se sautèrent dessus pour se battre, sous le regard consterné du dodo... Si tant est qu'un dodo puisse avoir un regard consterné. L'oiseau secoua la tête et s'approcha du jeune homme à pas lents.
-Bienvenue, Ace. Je suis heureux que tu sois parmi nous aujourd'hui. Je suis Marco.
Bah v'là autre chose ! Un pigeon qui cause !
-Tu dois être un peu désorienté, reprit Marco. Je peux le comprendre.
-Si par « un peu désorienté » vous entendez : « je comprends rien à c'qui s'passe, et je commence à me demander si j'suis pas complètement devenu fou à lier », alors oui, je suis un peu désorienté, oui.
Un rire féminin se fit entendre dans le dos d'Ace et le jeune homme se retourna vivement, avant de rougir et de fermer aussitôt les yeux. La jeune femme qui avait attiré son attention était lovée au cœur d'un immense lys, et la seule chose qui masquait sa nudité était un long pétale violet irisé. Elle pouffa et fit un geste de la main pour que le pétale l'enveloppe à la manière d'une robe.
-Robin..., soupira Marco en levant les yeux au ciel.
-Tout va bien, tu peux ouvrir les yeux, maintenant, s'esclaffa-t-elle.
-Mais c'est quoi votre problème à vous tous ? grogna le jeune homme. C'est quoi ce pays de malade mentaux ?
-Bah, c'est chez nous ! clama Luffy en le prenant familièrement par les épaules pour le tourner vers la forêt tropicale qui s'étendait devant eux, et qu'Ace avait à peine remarqué – trop préoccupé par les étranges personnages qui l'entouraient.
-No shit, Sherlock. Et c'est où, chez vous ?
-Au Pays des Merveilles !
