Harry Potter faisait face à Lord Voldemort, il s'agissait là du dernier acte d'une guerre qui n'avait que trop durée. Ce qui allait suivre, allait, ils l'espéraient tous, mettre définitivement un terme au règne du mage noir.
- Le dernier plan de Dumbledore a échoué, Harry Potter ! Lança le mage noir.
- En effet, reconnut le Garçon-qui-a-survécu. Vous avez raison. Mais avant que vous ne tentiez de me tuer, je vous conseillerais de réfléchir à ce que vous avez fait... Réfléchissez et essayez d'éprouver un peu de remords, Jedusor...
- Qu'est-ce que c'est que ça, encore ?
De tout ce que le survivant lui avait dit, ni les révélations, ni les railleries, n'avait eu un tel effet sur l'autoproclamé Lord. Le choc était clairement visible sur son visage inhumain, ses pupilles se contractèrent jusqu'à n'être plus que deux fentes et la peau autour de ses yeux blanchit.
- C'est votre unique et dernière chance, reprit Potter. C'est tout ce qui vous reste... Sinon, j'ai vu ce que vous deviendrez... Soyez un homme... Essayez... Essayez d'éprouver du remords...
Il resta longtemps silencieux, comme s'il n'arrivait pas à croire ce que lui disait son ennemi. Eprouver du remords ? Pour quelle raison ? Il n'avait rien à regretter, il avait fait exactement ce qu'il fallait. Il abaissa légèrement sa baguette, il ne devait pas croire ce que ce gamin lui disait, ce n'était que des inepties. Il n'avait pas de raison de l'écouter, et encore moins de faire ce qu'il lui conseillait. Les combats autour d'eux avaient cessés et tous regardaient et écoutaient l'échange qui avait lieu. Il regarda autour de lui, visiblement, c'était à lui de décider de l'issus de cette guerre, mais avait-il vraiment une chance ? Le garçon avait détruit tous ses horcruxes et lui n'était pas dupe... Si le vieux fou avait pensé que Potter n'avait aucune chance, jamais il n'aurait perdu du temps à percer son secret avec lui, il l'aurait fait lui-même et c'est lui qui lui ferait face à cet instant. Mais il était mort et le survivant se tenait devant lui, transpirant d'assurance. Il baissa sa baguette et se redressa.
En y réfléchissant bien, il avait quelques regrets, pas de remords cependant. Il avait perdu Nagini, son cher serpent auquel il s'était finalement attaché. Quant à ses partisans, il devait avouer avoir été surpris et peut-être aussi en colère d'en avoir vu disparaître certains. Bellatrix lui avait toujours était si dévouée. Bien entendu, il en avait profité, mais elle avait tout de même été parmi ses plus proches mangemorts. Mais étrangement, s'il était en colère qu'ils aient été tués, il ne pensait pas en être triste. Et son seul regret était qu'ils avaient été trop faibles pour vaincre, en fin de compte.
Il regarda à nouveau autour de lui. Il restait bien plus de personne du côté de la lumière que de ses partisans, il ne faisait aucun doute qu'ils n'avaient aucune chance. Potter et ses amis avaient changé la donne. Et il n'était pas question qu'il se laisse tuer. Qu'il se laisse mourir, quand bien même il se devait d'abandonner ses « fidèles ». Il n'avait pas le choix : il devait accepter la main tendue de cet imbécile à lunettes. S'il feignait la rédemption, alors il pourrait échapper à la mort, elle qu'il avait fui durant tout ce temps. Elle qui lui faisait si peur.
L'assistance restait silencieuse, mangemorts, membres de l'Ordre, élèves de Poudlard, tous retenaient leur respiration. Qu'allait-il se passer ? Pourquoi le mage noir baissait-il sa baguette ? Il était impensable qu'il se soumette à qui que ce soit, à quoi que ce soit. Puis la baguette tomba dans un bruit qui se répercuta dans le silence de la salle. Le Seigneur des Ténèbres tourna le dos à Harry Potter et inspira profondément, sa décision lui coûtant visiblement un courage qu'il n'avait pas. Quand il prit la parole, sa voix se fit aussi froide qu'il le put, glaçant le sang des survivants.
- Je ne peux pas, déclara-t-il, je n'ai pas de remords à avoir, j'ai fait ce qui était juste.
Il semblait prendre conscience que ce qui lui semblait juste ne l'était pas pour d'autres.
Admettre indirectement qu'il comprenait était déjà un bon début.
- Maître..., supplia un mangemort.
Mais il ne lui accorda pas un regard, il semblait étrangement soucieux, le survivant allait-il croire si facilement à ses paroles ?
La première étape de son plan, c'est qu'il ne pouvait décemment pas se présenter ainsi, peut-être que s'il reprenait son ancienne apparence ? Cela faisait pas mal de temps qu'il avait appris qu'il le pouvait, mais il aimait tellement cette apparence qui effrayait les jeunes et les moins jeunes qu'il avait décidé de la garder. La chose n'était pas compliquée, un petit sort, tout au plus, informulé. Il n'avait pas besoin de sa baguette pour cela, il n'était pas le plus grand mage pour rien ! En quelques secondes, son visage commença à changer, sous les regards médusés de tous. Les cheveux bruns qu'il n'avait plus repoussèrent, il retrouva également son nez d'antan il retrouvait un visage humain, celui qu'il avait perdu. Un murmure parcourut rapidement la salle, impressionné, surpris, méfiant. Il était évident que ce qui se produisait n'était pas normal. Un sourire se dessina sur les lèvres du garçon-qui-a-survécu. Il semblait certain d'avoir réussi un exploit que personne avant lui n'avait réussi.
Le silence revint lorsqu'il balaya la salle du regard. Beaucoup de morts, de blessés et dans les deux camps. Des sang-purs, des sang-mêlés, des nés-moldus... Combien de ces morts avaient été utiles ? Sûrement aucune. Ses partisans étaient tombés, sans parvenir à lui créer un chemin pour qu'il se débarrasse du Survivant, les amis de celui-ci étaient morts pour le protéger, quelle bêtise ! Il fallait croire qu'il aimait voir les gens mourir pour lui. Ses parents, son cher ami Diggory dans le cimetière et maintenant, tout ceux qui se trouvaient couchés à terre. A présent, tous, ou presque, semblaient penser que la guerre était terminée, qu'il avait décidé de se ranger, qu'il avait ouvert les yeux. Ouvert les yeux grâce à un sale gamin trop chanceux ? Ils étaient tous si stupides. Il aurait pu faire la démarche plus tôt, à l'époque où Dumbledore était encore en vie, à l'époque où il lui faisait vaillamment face, plus ou moins à force égale. Mais s'il avait réussi à vaincre l'inébranlable Directeur, il ne parvenait toujours pas à réduire ce gamin au silence. A présent, il devait se ranger, où au moins en avoir l'air. Si le vieux fou n'était pas parvenu à lui faire utiliser un tel subterfuge, c'était uniquement parce qu'il n'avait pas eu l'occasion de le pousser dans ses derniers retranchements. C'était la première fois que la situation se trouvait si critique pour lui, une nouveauté, dont il pouvait tirer des leçons.
A ce moment, il se tourna vers le jeune homme et le dévisagea, il semblait rassuré. Lorsqu'il le vit s'approcher et lui tendre la main, il la regarda avec suspicion, mais le Survivant ne semblait pas avoir de mauvaises intentions, alors il la serra, très brièvement, juste le temps qu'il y croie. Ça ne signifiait pas que c'était terminé. Devrait-il répondre de ses actes comme un vulgaire criminel ? Il ne le permettrait pas !
Oh, il était parfaitement conscient que c'était certainement le minimum, faire comme nombre de ses « fidèles » et prétendre expier ses crimes à Azkaban. En réalité, si le Survivant semblait prêt à accepter sa rédemption sans rien demander en échange, il doutait du reste de la population magique. Certainement qu'on voudrait le voir recevoir le baiser d'un Détraqueur. Et puis quoi encore ? Il était sûr de ne pas avoir droit à un procès de toute façon. Il balaya la salle du regard une dernière fois puis se dirigea vers la sortie sans explication ni regard en arrière. La plupart des gens s'écartaient sur son passage, il leur en fut étrangement reconnaissant. Cependant, un inconscient osa se dresser entre lui et la sortie, suivis par un autre, légèrement tremblotant qui fut rejoint par un troisième, un peu plus sûr de lui. Il poussa un profond soupir mais ne fit aucun geste.
- Il n'est pas question que vous vous en tiriez ainsi !
S'étaient-ils trouvés du courage maintenant que le Survivant était parvenu à le forcer à se retirer ? Il réprima un sourire moqueur, se contentant de s'arrêter et de leur faire face. Il n'avait aucunement l'intention de laisser quiconque se mettre en travers de sa route, mais il ne pouvait pas non plus se débarrasser d'eux. Il devait continuer de feindre une rédemption qu'il se refusait.
- J'aimerais… ne pas avoir à faire du mal à qui que ce soit, écartez-vous, leur ordonna-t-il.
- Combien de temps durera cette pseudo trêve ? Jusqu'à ce que vous ayez trouvé un moyen de gagner en puissance pour tous nous massacrer ? répliqua l'un d'eux.
C'était une idée, mais ce n'était pas tout à fait ce qu'il avait en tête. Devait-il donc les écarter de force pour pouvoir passer ? Après l'effort incommensurable qu'il venait de faire pour prétendre regretter ses actions ? Etaient-ils tous stupides à ce point ? Il se mordit la lèvre inférieure, cherchant une issue.
- Ca suffit, lança Potter, laissez-le passer.
- NON ! Si nous le laissons juste fuir, tout ceux qu'il a tué seront morts en vain !
- C'est faux ! Si nous le laissons partir, cette guerre sera terminée, il n'y aura plus d'autres morts ! répliqua le Survivant.
Il se tourna vers le mage noir, le mettant au défi de le contredire ou certainement juste de penser à revenir à la charge.
- Je, commença-t-il, cherchant les bons mots pour convaincre son auditoire, n'ai pas l'intention de tuer à nouveau.
C'était sûrement un mensonge, et il était facile à dire, mais il fallait que ces gens acceptent les choses telle quelles étaient à présent. Il n'avait pas l'intention de laisser qui que ce soit se mettre en travers de son chemin.
- Je tenterais de reprendre une vie normale, dit-il simplement.
- Et pourquoi y auriez-vous plus le droit que n'importe lequel de vos mangemorts ? l'interrogea-t-on.
Il plissa les yeux : parce qu'il était Lord Voldemort ! Et qu'on ne s'opposait pas à lui.
- Essayons de lui laisser une chance…, plaida une fois de plus le gamin Potter.
Autour de lui, des murmures indignés commençaient à monter. Comment pouvait-il prendre sa défense après tout ce qu'il avait fait ? Et pourquoi devrait-on l'écouter alors qu'il n'était qu'un gamin ? Et surtout… le Seigneur des Ténèbres méritait-il une seconde chance ?
- Tout le monde a droit à une seconde chance ! s'insurgea le plus jeune, tentant de calmer les médisances.
Tous semblaient sceptiques à l'idée que le mage noir soit capable de se racheter, et surtout à l'idée qu'il ait droit à une seconde chance. Pourtant, d'autres vinrent au secours du Survivant et réussir plus ou moins à étouffer une révolte. Ceux qui s'étaient dressés devant lui s'écartèrent enfin et il reprit son chemin sans se détourner de son but. Il avait une idée à présent. Brillante et stupide à la fois, une idée qui lui permettrait d'échapper à Azkaban, au baiser du Détraqueur, au Survivant et aux survivants. S'il se retirait aujourd'hui, c'était pour mieux revenir, plus puissant, plus malin et surtout invincible. Il arriva à Pré-au-lard puis transplana.
Il resta un instant à contempler le manoir qui l'avait abrité durant ces deux dernières années. Un léger soupir franchit ses lèvres et il se lança. Il entra sans problème, les Malefoy n'avaient pas encore arrangés leurs protections, et, sans hésiter, rejoignit la chambre qu'il avait occupée. Une chambre d'ami, décorée à son propre goût, sobre, mais étrangement, il s'y était sentit bien. Une armoire datant de plusieurs siècles se trouvait face à un lit ouvragé tout aussi vieux. Il en ouvrit la porte et se saisit d'un petit coffret. Il le déverrouilla, prit la baguette qui y était logée et la fit rouler entre ses doigts, ravi de la retrouver. Là où il irait, il n'aurait pas le problème Potter, tant mieux ! Il quitta la chambre, n'emportant rien d'autre que la baguette à plume de phénix qui l'avait servi si longtemps. Il se souvenait d'une pièce au ministère qui permettrait son exil. Certes, il était conscient de l'imprudence dont il allait faire preuve en y pénétrant mais il ne s'en souciait que de très loin. Il emprunta une cheminée et se rendit au ministère.
Curieusement, le hall d'accueil était vide. Quelques sorciers pressés se hâtaient vers les cheminées afin de rentrer chez eux après leur dure journée de labeur. Personne ne lui accorda la moindre attention. Il traversa l'Atrium d'un pas rapide et pénétra dans un ascenseur, il sélectionna le niveau 9. « Département des mystères », annonça la voix. Une excitation mêlée à une appréhension s'empara de lui lorsqu'il fit face à la porte noire. Quelques années plus tôt il rêvait de cette même porte, désirant plus que tout obtenir la prophétie qui le concernait. A présent, il y venait pour se réconcilier avec le passé : bien ! Il entra, ferma la porte et la pièce se mit à tourner. Il ouvrit une autre porte au hasard : la salle de la mort, il la ferma brutalement. La pièce se remit à tourner et il tenta une nouvelle porte en espérant ne pas rouvrir la même. La porte de la salle de l'espace s'ouvrit devant lui et il observa un instant les planètes avant de refermer la porte avec un profond soupir. La salle tourna une nouvelle fois et il ouvrit une nouvelle fois la porte de la salle de la mort. Cette fois-ci, avant de fermer la porte, il la marqua d'un trait et en ouvrit une autre une fois qu'elles eurent changée de place. Il eut besoin d'en ouvrir encore trois avant de trouver la pièce qui l'intéressait.
La salle du temps.
A suivre
