Bonjour! Quelques mots avant de passer à l'histoire… Premièrement : les avertissements habituels. Je n'ai pas de lecteur beta. Les erreurs sont donc miennes. Les personnages etl'univers de Supernatural ne m'appartiennent pas. Je ne fais aucun bénéfice en publiant cette histoire. Ce récit est la suite directe de La Nuit du Chasseur, et fait de nombreuses références à ma première histoire, la Berceuse du Chasseur. Il serait bien de les lire si vous voulez comprendre quoi que ce soit à cette fic.

Et maintenant…

Diane Chasseresse

Prologue

Où Sam et Dean se déclarent complètement cinglés

Clifton, le 28 novembre

«SAM!»

Sam Winchester a parfois l'impression que, contrairement au reste de l'humanité, il est incapable de s'éveiller autrement qu'en sursaut, que ce soit pour se libérer d'un cauchemar ou affronter une réalité encore plus sombre.

Assis dans son lit, à la recherche de son souffle, Sam analyse sans s'en rendre compte le cri de son frère.

Ce n'est pas un cri de détresse mais de colère. Donc. Ce pourrait être pire.

-Dean? Crie-t-il à son tour d'une voix toute coulante de sommeil.

Il n'y a pas de réponse. Sam rabat les draps et attrape une paire de boxeur au pied du lit, les enfilant précipitamment en sautant sur un pied pour conserver son équilibre.

Et soudainement, ses yeux accrochent sur les taches sombres qui dessinent comme de grandes fleurs éclatées sur les couvertures. Le souffle coupé, Sam s'observe une seconde. Son corps paraît intact. Il ne ressent aucune douleur, d'ailleurs, il…

Dean.

-DEAN! Hurle-t-il en prenant le couteau de son frère sous l'oreiller.

Sumiko se met à pleurer. Merci mon Dieu, pense Sam en courant jusqu'à sa chambre. Rien ne semble dérangé, anormal. Il y a seulement sa fille qui pleure, prise entre le sommeil et l'éveil, probablement réveillée par son cri. Sam lui remet sa suce et la quitte en vérifiant le cercle de sel une dernière fois.

Dean.

Sam se rappelle le cri. Il semblait tout près. Revenant sur ses pas, il aperçoit la lumière vive qui tache le couloir et se demande comment il a pu passer devant la salle de bain sans y voir Dean qui se tient debout devant le miroir, nu comme un vers.

Et sur son ventre… le sang. Sam aperçoit les motifs qu'il n'a jamais oubliés et sur lesquels une légère croûte est en train de se former. Il sent sa bouche s'ouvrir mollement, comme celle d'un personnage de dessin animé, mais rien n'en sort.

Dean a le visage blanc et les cheveux mouillés de sueur. Il pointe un doigt vers Sam.

-Tu m'as encore mis enceinte espèce de salaud! Crie-t-il en portant une main à son ventre.

Puis ses yeux se révulsent et son corps s'écroule lourdement. Sam, toujours choqué, réussi à le retenir juste avant que sa tête ne frappe le linoleum brillant du plancher.

))))((((

Sam n'a pas mérité une bourse couvrant la totalité de ses années d'étude à Stanford à cause de ses yeux de chien battu et de ses fossettes. Ses performances scolaires, malgré les multiples déménagements et les absences nombreuses à travers tout le pays, s'expliquent en partie par son excellente mémoire.

Il n'y a pas que des avantages à avoir un cerveau qui classe et retrouve une quantité presque infinie d'informations en un minimum de temps. La mémoire ne fait pas de différence entre les bons et les mauvais souvenirs. Ce qui s'est passé dans la Cage est devenu si clair qu'il a fallu à Sam toute la volonté dont il peut faire preuve pour réussir à repousser ces souvenirs dans des endroits moins accessibles de son esprit.

Cependant, dans des circonstances comme celles-ci, Sam ne peut qu'être reconnaissant à son cerveau de fonctionner de cette façon. Pendant qu'il s'occupe de Dean, il se souvient très exactement de l'attaque d'Hannah McPherson et des jours qui ont suivi. C'est un film en haute définition qui défile derrière ses yeux.

«Je l'ai PUNI!»

L'ongle d'Hannah McPherson, tout dégoulinant de sang, traçant des cercles autour du nombril de Dean. «Si j'enfonce mon doigt juste au bon endroit, ton frère va mourir.»

Non. Plus loin. Il a besoin de se rappeler les heures qui ont suivi l'attaque.

Sam soupire et achève de nettoyer le sang séché sur le ventre de son frère. Il l'a transporté dans la chambre depuis la salle de bain, et Dean n'a fait qu'entrouvrir les yeux en murmurant : «ça brûle».

Son corps réagit bien aux stimulations : la serviette tiède sur son ventre, les délicates manipulations de Sam. Il frissonne, sa peau nue hérissée de chair de poule alors qu'il est exposé à l'air tiède de la chambre.

La dernière fois. La dernière fois, Dean avait passé une douzaine d'heures à se balancer entre la conscience et le sommeil après l'attaque.

Sam n'est pas surpris de constater que, sous le sang, les coupures sont déjà en train de cicatriser. Le métabolisme de Dean est en mode sortilège. Oh joie.

Après avoir terminé, Sam recouvre le corps de son frère de couvertures et retourne voir Sue. Elle s'est rendormie, ses poings serrés sous son menton, sa bouche tenant mollement sa suce.

Seigneur.

Sam se penche et l'embrasse tout doucement. Puis, il retourne dans la chambre et s'assoit près de Dean, l'observe en rongeant l'ongle de son pouce. Ce sera une longue nuit.

Donc, le corps de Dean, sans directions claires, a interprété les symboles autrement. Je ne sais pas si ça a un lien avec le fait qu'il soit un vaisseau, ou qu'il ait été touché par un ange. Mais les faits sont là.

C'était une nuit froide, Dean était fatigué et malade, et cette fois-là, il avait abandonné tout contrôle, laissant Sam en charge.

Comme cette nuit. Pendant la grossesse de Dean, il s'est fait pénétré par Sam, à plus d'une reprise, pense ce dernier avec une froideur clinique. Mais pas une fois depuis la naissance de Sue. Pas une seule fois.

C'est peut-être une combinaison de facteurs : peut-être faut-il que Dean s'abandonne complètement et accepte ce que Sam veut lui donner. Évidemment, sans sperme, le sortilège est nul et non avenu.

Et maintenant… Une chose explique l'autre. Le sortilège n'est jamais disparu. Il était dormant. Sam en prend la responsabilité. Il aurait dû vérifier que tout était réellement rentré dans l'ordre après la naissance de Sue. Il existe au moins une dizaine de sortilèges et de rituels qui lui auraient permis de s'assurer que son frère était réellement libéré de l'emprise de la formule.

…Et maintenant…

Maintenant, ils ont peut-être des options qu'ils n'avaient pas il y a un an. Ils savent. Tout de suite. Ce qui est en train de se produire dans le corps de Dean alors qu'il repose, inconscient…

En ce moment même, quelque chose qui ressemble à un ovule miraculeusement créé est probablement en train de se joindre à un spermatozoïde de Sam, par la magie du sortilège. Hésitant, il pose sa main sur le ventre de son frère, mais la retire aussitôt lorsque Dean gémit sans retenue.

Des options. Mais Sam ne peut pas prendre de décision avant que son frère soit présent –complètement présent. Il soupire et prend son ordinateur sur la table de chevet, s'absorbant dans sa tâche sans permettre à ses sentiments de prendre le dessus.

))))((((

29 novembre

Clover entre dans la maison à huit heures et demie tapantes, surprise de retrouver Sam dans la cuisine, toujours en pantalons de pyjama et t-shirt. Il relève la tête pour jeter un coup d'œil à Sumiko qui digère sa cuillerée de céréale placidement dans son transat et aperçoit la gardienne hésitante sur le seuil de la cuisine.

-Monsieur Winchester? Est-ce que je me suis trompée ou…

Sam se frotte le visage et tente de sourire.

-Non. Il y a juste un petit changement de plans, Clo. Tu veux un café? Il en reste.

Clover hoche la tête, se sert une tasse et s'assoit, toujours hésitante, à la table de la cuisine.

-Dean est malade et je voudrais vraiment, vraiment qu'il se repose. Tu penses que ce serait possible d'emmener Sue chez toi pour quelques heures?

Le visage de Clover s'éclaire : «Grand-mère va être folle de joie.»

-Bien.

Ce n'est pas la première fois que Sumiko va chez leur gardienne. Parfois, ils ne peuvent faire autrement. Dean a été dur à convaincre, mais Sam a fini par lui faire comprendre qu'ils ne pourraient pas la garder enfermée dans le cocon protecteur de leur maison pour toujours. Clover et sa famille habitent juste au-dessus de l'herboristerie : la présence des différents charmes et herbes est un repoussant naturel pour les forces du mal.

-Et Clover?...

-Je sais, monsieur Winchester. Je vais directement chez moi et je ne sors pas de la maison, répète-t-elle sagement.

-Okay euh… ses affaires sont prêtes, tout est dans sa chambre : il y a deux biberons dans le frigo et euh… il faut juste la changer et mettre le siège dans… tu as la voiture?

-Oui.

Sam se lève et commence à détacher Sumiko, mais la jeune fille l'arrête.

-Vous pouvez me laisser faire et vous occuper de monsieur Campbell.

-Ouais euh… okay.

-Viens, ma puce, on va aller s'habiller, dit Clover de la voix douce et claire qu'elle utilise toujours lorsqu'elle s'adresse au bébé.

Sumiko l'observe si intensément qu'elle en louche. Puis, elle lance un : «Daaa!» enthousiaste et agite les pieds, pour faire bonne mesure.

Sam soupire de soulagement en les observant quitter la cuisine. Il monte à l'étage peu après et entrouvre la porte de leur chambre. Dean dort toujours, prostré sur le côté, ses deux bras repliés sur son ventre. Depuis que Sam l'a retrouvé dans la salle de bains, il ne s'est réveillé qu'une fois, au petit matin, après maints efforts de la part de son cadet pour qu'il avale son antibiotique et prenne un peu d'eau.

Sam frissonne et referme la porte. Le rire aigu de Sumiko lui parvient de sa chambre, et il se demande…

À quoi ressemblerait l'autre… Un autre minuscule bébé issu de Dean et Sam, qui lèverait vers eux d'immenses yeux innocents et qui…

Secouant la tête, il serre les lèvres et redescend. Ce n'est vraiment pas le moment de penser à ça

Vingt minutes plus tard, la petite voiture de Clover démarre et Sam la salue depuis le porche. Il va encore neiger aujourd'hui. Il le sait, juste à regarder le ciel.

Il retourne dans leur chambre pour trouver Dean exactement dans la même position qu'auparavant et s'étend près de lui, appuyé sur un coude. Son frère dort profondément, et Sam doit s'y prendre plusieurs fois avant de voir l'éclat de ses yeux verts entre ses paupières lourdes.

-S'mmy?

-Dean, tu es avec moi?

Dean lève une main paresseuse et se frotte le visage sans énergie. Il a un profond soupire, tousse et se redresse lentement sur un coude.

-Qu'est-ce que-

Ses yeux s'agrandissent de façon comique, soudainement. Il baisse les couvertures qui le recouvrent et observe son ventre. Les symboles sont à peine visibles, mais ils sont là, et le visage de Dean se tort en une grimace de colère cynique. Il tente de se mettre en position assise mais son corps refuse de collaborer et il retombe lourdement sur le dos pendant que Sam lui suggère de se calmer.

-Que je me calme? Demande-t-il d'une voix enrouée. Que je me calme, Sam, vraiment?

-Je suis désolé, Dean.

Ce dernier a un sourire féroce.

-Ouais, ben, c'est un peu tard.

-J'aurais dû… après la naissance de Sue j'aurais dû…

-La ferme. Pas ta faute. On a… on a tous les deux assumé que…

Dean se redresse à nouveau sur ses coudes et secoue la tête vigoureusement, comme pour essayer de reprendre ses esprits.

-La p'tite?

-Avec Clover. Chez Clover, je veux dire. Il faut… il faut qu'on discute. J'ai appelé Arthur pour lui dire que tu ne pouvais pas travailler aujourd'hui et-

-Merde, murmure Dean. Merde, Sam. Foutu bordel de merde.

-Ouais.

-J'ai l'impression de m'être fait passer dessus par un train.

-Comme la… comme pour Sue. Après l'attaque de Hannah McPherson tu étais dans le même état.

Dean a un autre soupire tremblant et déglutit avec force. Il pose une main incertaine sur ses yeux, et pendant un moment, Sam est persuadé qu'il va se mettre à pleurer.

-Je ne peux pas le faire. Pas encore, Sam, avoue-t-il d'une voix à peine audible.

-Écoute, Dean, répond son frère en caressant doucement son bras. Cette fois, c'est différent. On sait exactement comment le sortilège fonctionne. J'ai… j'ai réfléchi et j'ai fait des recherches, et je pense qu'on peut le contrer si on agit rapidement.

Dean retire sa main et tourne la tête vers Sam. Ses yeux ont une expression froide et lointaine, détachée. Sam se racle la gorge et continue.

-Il euh… il y a ce truc qui s'appelle la pilule du lendemain. C'est euh… il faut la prendre moins de quarante-huit heures après une relation sexuelle, tu vois, si on croit que le condom s'est déchiré, par exemple, ou si on a oublié de se protéger dans la passion du moment, tu vois? C'est sans danger et très efficace… Pour les femmes du moins…

-Tu penses que ça pourrait marcher?

Sam hausse les épaules. «Je n'en suis pas certain… mais de toutes façons, on ne l'utiliserait pas seul. J'ai trouvé deux contre-sortilèges qui utilisent aussi les runes de Futhark et qui auraient de grandes chances de fonctionner, combinés ensemble.

-Et ça annulerait l'effet du sortilège.

-…Oui. Probablement. Évidemment, après, il faudra faire un rituel plus complexe pour s'en débarrasser définitivement, mais je pense qu'on a de bonnes chances d'y arriver.

Les lèvres de Dean tremblent alors qu'il tente de prendre une profonde inspiration. Sam attend, sans vouloir l'influencer ni lui mettre de pression, parce qu'au final, la décision doit être prise par son frère.

-Je… Sammy, merde, on ne peut pas… Qu'est-ce qu'on ferait? Je veux dire… on vient juste de s'installer ici et… Je ne suis pas sûr que je peux… Sue est encore tellement petite. Ce n'est pas naturel, quoiqu'on dise, et si tout s'est bien terminé la dernière fois on ne peut pas présumer que…

Dean se tait et se contente de regarder Sam, ses yeux agrandis par le doute et la peur.

-Hé, Dean, ça va, répond Sam en s'approchant pour lui donner un baiser sur le front.

Il passe un bras autour des épaules de son ainé et continue de lui parler à l'oreille d'une voix qu'il espère apaisante. «Je ne te demande rien. Je suis avec toi jusqu'au bout, okay? Je comprends parfaitement ce que tu veux dire. Tu n'as pas à te sentir coupable.»

-Foutues sorcières, marmonne Dean.

-Je sais.

-J'en ai ras-le-cul.

-Je sais.

-Je ne peux pas.

-Okay.

Il y a un silence lourd de tristesse qui s'installe entre eux. Sam finit par se lever, après avoir embrassé Dean une dernière fois.

-Il va falloir que j'aille à la pharmacie, et aussi acheter quelques trucs pour le contre-sortilège. Ça ne devrait pas être trop long. Tu penses que tu peux rester seul?

Dean lève un sourcil et s'assoit lentement sur le bord du lit. Ses gestes sont plus assurés, maintenant. Les premiers effets du sortilège sont en train de s'estomper. «Fais ce que tu as à faire, Sam. Je vais bien.»

C'est ça, pense Sam sans répliquer.

Quand il sort de la maison, quelques minutes plus tard, Dean est sous la douche. La neige commence à tomber.

))))((((

Moins d'une heure plus tard, Sam est de retour. Il regarde les sacs posés sur le siège du passager. Tout ce qu'il faut pour mettre un terme à une grossesse surnaturelle non désirée. Un avortement magique.

Il serre les dents. Il n'a pas le droit d'envisager les choses ainsi, ne serait-ce que par respect pour Dean.

Son frère a bien failli ne pas survivre à la naissance de Sumiko.

L'existence même de leur petite fille est un miracle. Sam devrait pouvoir s'en contenter.

Il n'en veut pas à Dean, pas le moindre du monde. Il s'en veut à lui, parce que Sam est un Winchester et il le sera toujours. Si seulement il avait fait ce qu'il fallait après la naissance de Sumiko…

Si seulement il avait réalisé que la situation risquait de se reproduire.

Si seulement…

-Arrête de réfléchir, Sam, se sermonne-t-il à voix haute.

Il assemble son courage, prend ses achats dans ses mains et sort de la voiture.

À l'intérieur, il trouve Dean habillé, les cheveux encore humide, assis à la table de la cuisine devant un café intact. Son visage est toujours pâle, ses yeux sont creusés, mais il a meilleur mine qu'au cours de la nuit précédente.

Sans un mot, Sam sort le flacon de la pharmacie et le pose sur la table, en face de son frère. L'unique comprimé tout au fond semble les narguer. D'une main tremblante, Dean le fait glisser au creux de sa paume et lève les yeux vers Sam.

-Alors euh… je fais juste l'avaler, c'est ça?

-Oui.

Dean observe la pilule un instant et approche lentement sa main de sa bouche. Puis, soudainement, il se redresse, faisant basculer sa chaise derrière lui, et lance le comprimé à travers la pièce.

-ET MERDE! Hurle-t-il en pressant ses mains contre sa tête.

Sam, interdit, tente de s'approcher de lui. Dean lui lance un regard meurtrier et secoue la tête.

-JE NE PEUX PAS! Crie-t-il à nouveau.

-Dean…

-Je ne peux pas, répète son frère.

Il se met à trembler si violemment que ses dents claquent. Crise de panique, effets du sortilège, amygdalite, peu importe. Dean est sur le point de s'effondrer, physiquement et mentalement. Il pousse un grondement désespéré et balaie la table d'un geste rageur. La tasse tombe par terre avec un bruit sourd sans se casser, et le café brûlant se répand sur le plancher. Sam tente à nouveau de s'approcher de lui.

-Dean, essaie de-

-Essaie de quoi, Sammy? J'étais assis là à t'attendre et je ne pouvais même pas boire une foutue gorgée de café parce que je me disais que c'était mauvais pour le bébé. Qu'est-ce que je suis censé faire, hein? À… à ce stade il est microscopique et ce n'est… ce n'est même pas…

Sans ajouter une parole, Dean recule lentement jusqu'à ce que son dos aille s'appuyer contre le réfrigérateur et s'y laisse glisser. Il respire beaucoup trop vite. Une trace de sang recouvre sa lèvre inférieure, là où il s'est mordu.

Cette fois, Sam n'hésite pas. Il le rejoint en une enjambée et s'assoit près de lui.

-Dean, ça va.

Ce dernier éclate de rire. Ce n'est pas un bon rire. C'est le rire cynique du Dean fraîchement revenu de l'Enfer, celui qui refusait d'enlever ses vêtements pour dormir, qui buvait pour essayer de trouver la paix.

-Je suis un con.

-Arrête.

-Sérieusement, Sammy? Tu te rends compte de ce que je suis en train de faire? C'est… c'est… Sumiko, tu sais, j'ai beau essayer de penser de façon rationnelle, je la vois elle quand je pense à…

Dean pointe son ventre et éclate de rire à nouveau. «Je suis complètement cinglé.» Ajoute-t-il en frappant sa tête contre la porte du réfrigérateur à plusieurs reprises.

Sam se rapproche et essaie de le prendre dans ses bras, mais Dean se débat comme si sa vie en dépendait.

-Sam, lâche-moi, gronde-t-il en repoussant les bras de son frère.

-Dean, tu n'es pas cinglé, ni stupide, ni…

-Quoi? Tu vas me dire que c'est rationnel de vouloir recommencer tout ça, de… lâche-moi, Sam!

Mais Sam referme ses bras autour du dos de Dean et le presse fermement contre lui. Dean se débat encore un moment, lâchant jurons et insultes, mais finit par se détendre et appuie sa tête contre la poitrine de Sam. Il tremble toujours.

-Elle ne sera pas toute seule, murmure Sam à son oreille.

-Mmm?

-Sue. Elle ne sera pas toute seule.

-Sam-

-Je sais ce que tu vas dire. Je… je suis content, que tu ne puisses pas le faire. C'est égoïste et irrationnel, mais je… J'aurais été avec toi jusqu'au bout, si tu avais décidé de ne pas le garder, mais je suis content.

-Alors tu es encore plus cinglé que moi.

La respiration de Dean se régularise et ses tremblements diminuent. Sam appuie son menton sur le dessus de sa tête et a un léger sourire.

-Probablement. Mais c'est comme ça.

-Qu'est-ce qu'on va faire, Sam?

-Je ne sais pas. On trouvera bien.

Pour la première fois depuis la nuit dernière, Sam sent un immense poids quitter sa poitrine. Son frère est chaud et vivant entre ses bras. Si seulement Dean pouvait réaliser à quel point il est exceptionnel.

-J'ai gardé les jeans de maternité que tu portais, dit Sam spontanément, alors que cette pensée lui traverse l'esprit.

-Super, répond Dean, sarcastique. Alors il n'y a plus de problèmes; tout va bien, hein, Sammy?

Mais Sam sent le sourire de son frère contre son cœur qui bat fort. Il sourit aussi, plus largement, et resserre son emprise.

-Oui. Tout va bien.

))))((((

-Hé, Bobby.

-Qu'est-ce que vous avez encore fait?

-Wow. Je… Tu sais, ça nous arrive de t'appeler juste pour avoir de tes nouvelles.

-Sam.

-Okay, euh… C'est Dean.

-Évidemment. C'est chacun votre tour. Merde, Sam! Vous allez finir par avoir ma peau.

À SUIVRE…