Titre : Vent d'Est
Auteur : Mokoshna
Manga : Naruto
Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto (je l'ai apprise par coeur).
Avertissements : Yaoi un peu plus tard, SasuNaru et KakaIru, AU.
Blabla de l'auteur : J'ai corrigé quelques détails des premiers chapitres en même temps que de poster le chapitre 4. Beaucoup des éléments culturels que vous allez voir, je les ai inventés selon les besoins de l'histoire. Masashi Kishimoto ne précise pas toujours tel ou tel détail de la vie courante ou de l'Histoire, surtout en ce qui concerne les nations étrangères... d'où mes ajouts personnels. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Chaque chapitre sera publié le lundi, sauf si je ne suis pas chez moi pour le faire (ça peut arriver).


Prologue :
Le départ

L'odeur était épouvantable.

À perte de vue, Sarutobi ne voyait que mort et désolation. Le nombre de victimes suite à l'attaque du Kyûbi avait été désastreux ; au moins le tiers des effectifs de Konoha y était passé. Le village en ressentirait encore les effets dans dix ans, si ce n'est plus. Çà et là, les hommes encore valides tentaient de mettre de l'ordre, rassemblaient les morts pour les enterrer dans des fosses communes. On n'avait ni le temps ni les moyens de leur réserver des funérailles individuelles.

Sarutobi sentit une présence dans son dos ; un ANBU s'inclina humblement en baissant la tête, comme c'était l'usage.

— Hokage, nous avons fait le compte des pertes.

— Alors ?

— Nous avons perdu soixante dix-huit pour cent de nos hommes présents à Konoha. Quatre-vingt pour cent des survivants sont blessés, dont quarante-cinq pour cent graves.

Sarutobi soupira.

— Quel est ton nom, soldat ?

L'ANBU parut surpris. Ce n'était guère étonnant : en temps normal, l'anonymat était une chose primordiale dans la section.

— Hijiri Tsumon, dit-il enfin.

— Les hommes ne sont pas des chiffres ou des pourcentages, Hijiri.

— Certes, mais...

— Et l'enfant ?

Hijiri eut un mouvement de recul.

— Comme vous nous l'avez demandé, il est avec les autres civils. On veille sur lui.

— Bien.

La discussion était terminée. Pourtant, Hijiri resta encore un peu.

— Autre chose, soldat ? s'étonna Sarutobi.

— Monsieur, dit Hijiri avec prudence. Permission de parler franchement ?

— Faites.

— Je crois que vous faites une erreur en le gardant en vie. Cet enfant contient le démon ; il doit mourir !

Allons donc, ça avait commencé. Sarutobi comprenait parfaitement la raison de la colère de Hijiri, bien entendu. Mais il ne pouvait ni ne voulait se résoudre à satisfaire les voeux de tout le village.

— Naruto restera en vie, dit-il d'une voix ferme. C'était la volonté du Yondaime.

Hijiri resta silencieux. Puis il s'inclina une dernière fois et dit, la voix sèche :

— À vos ordres, Sandaime Hokage.

— Rompez.

L'ANBU disparut en un éclair. Sarutobi fut bientôt seul, ruminant de sombres pensées quant à l'avenir.

o-o-o

Iruka se tassa un peu plus dans son coin et se coupa du monde. Quelle journée épouvantable ! Lui qui pensait montrer à ses parents la nouvelle technique qu'il avait apprise à l'académie... La veille, il s'était couché tout heureux, certain de passer une excellente journée le lendemain. Son père et sa mère avaient enfin obtenu le congé qu'ils réclamaient depuis si longtemps ! Ils seraient allés se promener, sa mère Kasumi voulait s'acheter une nouvelle robe et son père Kujira devait l'emmener à la pêche. Ils auraient attrapé un énorme poisson qu'ils auraient mangé en famille le soir-même.

Tout avait été si soudain ! Sa mère était venue le réveiller deux heures avant ce qu'ils avaient prévu : le village était attaqué et tous les civils devaient se mettre à l'abri. Un monstre abominable, une créature aux pouvoirs démesurés dévastait Konoha. Le Kyûbi, avait-elle dit ; Iruka ne connaissait pas ce nom mais il eut peur, très peur. Et pour cause ! Lorsqu'il sortit, il vit que les craintes de sa mère étaient fondées : une partie du village était en ruine, une ombre gigantesque, aux multiples queues mouvantes, semait la mort et la désolation autour d'elle. La vue de la silhouette rouge du Kyûbi le paralysa un instant ; il fallut que Kasumi le secoue et le prenne par la main pour qu'il se décide à réagir. Il la suivit en toute hâte, ses yeux ne quittant pas un seul instant le monstre.

— Tu vas aller te réfugier avec les autres enfants, dit Kasumi alors qu'ils se dirigeaient hors du village. Tu y seras en sécurité.

Iruka sursauta.

— Et toi, maman ?

— Je dois rejoindre ton père. Il est sur le front avec les autres.

— Non !

Il tira sur son bras, les yeux agrandis par l'effroi.

— Tu vas te faire tuer !

— Je n'ai pas le choix ! s'écria sa mère, mécontente. Il faut aider le reste des troupes, ils ont besoin de toute l'aide dont ils pourront disposer !

— Je ne veux pas !

— Ne fais pas l'enfant, cria Kasumi, tu veux que j'abandonne ton père ?

Les larmes qu'Iruka retenait coulèrent carrément. Kasumi soupira.

— Je ne suis pas si faible, dit-elle en essuyant ses larmes du revers de sa manche. Tu n'as pas confiance en moi ?

— Si, mais...

— Je te jure de revenir avec ton père.

Il n'y avait pas à discuter, bien sûr, mais Iruka ne put s'empêcher d'être inquiet. Il serra la main de sa mère, très fort.

Ils étaient arrivés en face du refuge.

Elle le laissa là et partit à toute vitesse. Iruka vérifia que personne ne le surveillait et la suivit, le coeur lourd. Pas question de rester les bras croisés alors que ses parents étaient sur le front ! Il voulait être ninja, après tout !

Il arriva en dix minutes, mais il avait perdu de vue sa mère en chemin. Le champ de bataille était cauchemardesque. Des cadavres partout, du sang, des arbres arrachés, et ce flot presque insoutenable de chakra dans l'air... Iruka se sentit défaillir mais ne recula pas. Autour de lui, des ninja de tous horizons couraient, hurlaient. Un homme fut projeté par la queue du Kyûbi et faillit lui tomber dessus. Iruka l'esquiva à la dernière minute et chercha ses parents du regard. Personne ne faisait attention à la présence d'un enfant en ces lieux ; ils avaient bien mieux à faire.

Là-bas, son père ! Et Kasumi n'était pas loin, ils lançaient techniques sur techniques sur le Kyûbi en furie. Iruka cria pour leur indiquer sa présence, en vain ; le bruit était trop important.

Tout se passa très vite. Les queues de Kyûbi fendaient l'air et fauchaient les pauvres hères qui avaient eu la malchance d'être sur son passage. L'une d'entre elles atteignit Kasumi de plein fouet. Elle hurla et voulut résister, mais la queue était enflammée et avait en elle la puissance d'un volcan. Son corps resta accroché pour une raison inconnue et prit bientôt feu ; ses hurlements de douleur couvraient le bruit de la bataille aux oreilles d'Iruka. Kujira voulut porter secours à sa femme ; ses mains se mirent à fumer lorsqu'il les posa sur Kasumi.

— Papa ! Maman ! hurla Iruka, désespéré.

Il voulut se précipiter à son tour mais une poigne ferme l'agrippa par l'abdomen. Un ninja l'avait enfin vu et l'emmenait en sens inverse.

— Ne reste pas là, gamin, c'est trop dangereux !

— Mes parents... mes parents sont là-bas !

— C'est trop tard ! Il arrive !

Iruka cria encore, se débattit, en vain. L'homme était trop fort.

— Non ! Lâchez-moi ! Je veux y aller !

— N'insiste pas !

Soudain, une clameur formidable se fit entendre, faisant même oublier les cris des ninja et du Kyûbi. La terre se mit à trembler, la température descendit de plusieurs degrés. Iruka en oublia de pleurer.

Alors surgit du sol une grenouille gigantesque, de taille équivalente au Kyûbi. Elle était habillée d'un kimono et avait une pipe à la bouche ; eût-elle été humaine, Iruka l'aurait imaginée tenancier d'un tripot dans les quartiers chauds de Konoha. Il avait déjà vu la créature : c'était Gamabunta, seigneur des grenouilles. Le katana qu'il portait à la ceinture aurait pu trancher Konoha d'un coup. Juché sur la grenouille, fièrement campé sur ses deux jambes, le Yondaime défiait le Kyûbi.

— Il est là ! s'écrièrent les hommes autour d'eux.

Et tout fut dit. Le reste de la bataille, Iruka n'y assista pas. Le ninja qui l'avait éloigné se rappela sa présence et l'emmena bien vite malgré les protestations de l'enfant, droit vers le refuge où se trouvaient ses camarades.

C'était il y a deux heures. Ses parents n'étaient pas venus le chercher.

Iruka doutait de jamais les revoir.

Perdu dans sa tristesse, il n'entendit pas d'abord les cris qu'on poussait autour de lui. Le bruit devint bientôt trop important pour qu'il l'ignorât ; il leva les yeux, intrigué et un peu irrité, pour voir ce qui se passait de si grave qu'on ne pouvait le laisser tranquille dans son désespoir.

— Je dis qu'il faut le tuer ! tonnait une femme maigre avec un enfant accroché aux jupes. Il le mérite, ce monstre !

— Le Hokage a donné des ordres. Il restera en vie ! lui répondit un ANBU aux cheveux bruns.

— C'est une honte ! dit un vieil homme. Le Hokage ne veut-il pas venger le Yondaime ? Il a donné sa vie pour le village !

Iruka n'en crut pas ses oreilles. Le Yondaime, l'homme le plus fort du village, était donc mort ? C'était impossible ! Qu'allaient-ils devenir, sans Hokage ?

— Sandaime a dit qu'il fallait veiller sur lui, et j'obéis aux ordres.

— Poussez-vous ! Il doit périr ! hurla une autre personne.

Et d'autres, et encore d'autres par-dessus, toute une cacophonie de protestations, un choeur en colère qui réclamait du sang. Iruka s'approcha d'une fille de son âge et lui demanda quelle était la raison d'un tel remue-ménage.

— C'est à cause du monstre, pardi ! fit-elle avec une grimace haineuse. Le Yondaime a donné sa vie pour enfermer le Kyûbi dans le corps d'un nouveau-né, mais les soldats refusent qu'on le tue ! Ils le protègent, ce monstre !

Iruka en fut profondément choqué.

— J'ignorais ce qui s'était passé...

— J'ai perdu ma grande soeur et trois de mes cousins par la faute du Kyûbi, cracha-t-elle. Pourquoi ne nous laissent-ils pas nous venger ?

Iruka repensa à ses parents, au sourire doux de sa mère, au visage avenant de son père. Une rage folle émergea dans sa poitrine.

— Mes parents sont morts ! fit-il un peu abasourdi.

Il avait eu du mal à s'en rendre compte auparavant, mais à présent qu'il avait le coupable à portée de main...

— Il les a tués !

Il commença à hurler avec les autres. L'ANBU qui avait l'air d'être en charge leva la main et réclama le silence ; il n'y parvint guère.

— Je sais très bien ce que vous ressentez tous, dit-il aussi fort qu'il put, mais je ne peux rien faire. Le premier qui s'attaquera à cet enfant aura affaire à moi.

Mouvement de colère ; les gens voulurent sauter sur les hommes. L'ANBU hurla :

— Pas un pas de plus, j'ai dit !

La foule s'arrêta net. Il brandissait un kunai et les menaçait avec. Derrière lui, ses hommes firent de même.

— Je ne le répèterai pas deux fois, fit-il calmement.

— Vous défendez ce monstre !

— Monstres vous-mêmes !

Pourtant, personne ne s'approcha ; ils avaient bien trop peur pour leur vie. Iruka regarda en direction du bébé.

Celui-ci se trouvait dans un landeau et dormait paisiblement malgré le bruit. Par quel miracle ne s'était-il pas réveillé pour hurler à pleins poumons comme le faisaient tous les bébés ?

Mais ce n'était pas un bébé ordinaire. C'était un monstre ; un assassin à la peau de bébé.

Iruka décida d'attendre la nuit et d'agir. Et si on le prenait sur le fait, eh bien ! Tant pis. Il aurait au moins essayé.

Bientôt, ses parents seraient vengés.

o-o-o

La garde de l'enfant avait été confiée à deux ANBU. Que de précautions pour cette créature ! Iruka ne savait pas comment s'y prendre pour déjouer leur vigilance ; il était loin d'avoir le niveau requis. La solution lui fut apporté par la même petite fille à qui il avait demandé ce qui se passait un peu plus tôt.

— On va tuer le monstre, lui dit-elle en regardant autour d'elle pour vérifier qu'on ne les écoutait pas. Il paraît que tu es élève à l'académie ?

Iruka acquiesça.

— On va distraire les gardes pendant que tu t'en occuperas. C'est un grand honneur ; tu pourras tous nous venger.

Quelle aide inespérée ! Iruka accepta immédiatement, conscient que les civils lui demandaient d'accomplir cette tâche pour leur éviter de se salir les mains. Peu lui importait, tant qu'il avait sa vengeance. Il n'avait encore jamais tué quelqu'un, mais il se sentait assez aveuglé par la rage pour commencer ce soir.

Son tour arriva bientôt. Des femmes avaient préparé des plats dans lequel un herboriste avait placé des somnifères puissants, assez pour assommer un cheval. En cas de difficulté, des hommes parmi les plus forts du groupe devaient s'emparer des deux gardes et les retenir le temps qu'Iruka fasse son affaire. C'était parfait.

Afin de tromper la vigilance des gardes qui se méfiaient d'eux, un volontaire goûta aux plats devant leurs yeux. Il fit comme on le lui avait dit : il ne prit que les morceaux qui n'étaient pas drogués, et qui étaient reconnaissables grâce à leur forme légèrement différentes. Rassurés, les gardes avalèrent goulûment les plats délicieux qu'on leur avait préparé. Le somnifère ne tarda pas à agir, mais l'un d'eux avait encore les yeux ouverts. On l'écarta d'un coup de massue. La voie était libre.

L'enfant dormait à l'écart des autres, sous une tente qu'on avait installé à la hâte. Iruka écarta les pans de toile et entra à pas feutrés.

Il était là, l'enfant maudit ! Il ronflait paisiblement dans son landau ; cette idée parut insupportable à Iruka. Il sortit son kunai et le brandit au-dessus de la tête du bébé, prêt à frapper. La lueur de la bougie toute proche déformait ses traits, les rendait presque démoniaques.

C'est alors que l'enfant ouvrit les yeux.

Iruka retint son souffle. Qu'ils étaient beaux, ces yeux ! Bleus comme un ciel d'été, bleus comme un océan sans fin ! Les mêmes yeux que ceux du Yondaime ; des yeux qu'il avait contemplé avec admiration des dizaines de fois. Le bébé lui sourit et tendit la main.

Iruka lâcha son kunai.

o-o-o

Sarutobi sourit à Iruka, l'esprit soulagé.

— Alors tu n'as pas pu le tuer.

L'enfant secoua la tête ; Naruto s'agita et se mit à rire. Iruka lui tendit un doigt et Naruto l'attrapa pour le prendre dans sa bouche et le sucer.

Ils se trouvaient tous les trois dans les bâtiments provisoires qu'occupait l'armée de Konoha, dans le bureau du Hokage. À l'arrivée d'Iruka, Naruto solidement calé dans ses bras, Sarutobi avait demandé à ce qu'on les laisse tranquille jusqu'à nouvel ordre.

— C'est ce que je voulais faire, mais au dernier moment, je n'ai pas pu... J'ai créé un kawamiri et fait semblant de le poignarder devant les hommes venus voir pourquoi ça me prenait autant de temps ; comme j'étais devant et qu'il faisait noir, il n'ont pas vu l'explosion de fumée et ont cru que j'avais tué le bébé dans son sommeil. Puis j'ai attendu qu'ils soient trop occupés à faire la fête pour partir avec.

Sarutobi hocha la tête, satisfait.

— Tu as bien fait. Je n'imaginais pas que la rancoeur des habitants serait telle qu'ils projetteraient de s'allier pour tuer Naruto... Apparemment, j'ai sous-estimé la haine des gens et leur désir de vengeance.

Il soupira.

— Toi-même, qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis, mon enfant ?

Iruka détourna les yeux. Naruto poussa un petit cri en sa direction ; il lui sourit.

— C'est quand je l'ai vu. Il m'a souri. Il a les yeux du Yondaime...

— Tu as remarqué, hein ? sourit Sarutobi.

— C'est son fils ?

— Je l'ignore.

Iruka ouvrit des yeux ronds.

— Mais...

— Nous l'avons retrouvé dans les bras du Yondaime. Il me l'a confié avant de mourir en me disant simplement que le Kyûbi était enfermé dans son corps et qu'il fallait veiller sur lui. Il semblait beaucoup y tenir, à cet enfant, alors j'ai accepté. Mais j'ignore comme toi de qui il s'agit. Je n'ai jamais connu de femme à mon vieil ami, encore moins un enfant.

Il sourit tristement.

— Pour tout te dire, il était même incapable d'aimer une femme correctement...

Iruka parut intrigué mais ne dit rien.

— Qu'est-ce que vous allez faire de lui ? demanda-t-il enfin. Ça va être dur de le ramener au village, les gens le croient morts...

Sarutobi hocha la tête.

— Et s'ils étaient déjà en colère auparavant, ce ne sera rien comparé au fait de le revoir...

Iruka baissa les yeux.

— Je... je crois que je l'aime bien, chuchota-t-il. Je ne veux pas qu'il meure. Le pauvre, ce n'est pas sa faute tout ce qui est arrivé, je m'en rends compte à présent.

— Si seulement tes compatriotes pouvaient penser comme toi, soupira Sarutobi. Je crois que je n'ai pas le choix.

Il se leva de table et contempla le village en ruines de sa fenêtre.

— Il me faut l'exiler, dit-il enfin, la mine sombre. S'il reste plus longtemps à Konoha, il risque de subir d'autres attaques, et ce jusqu'à ce qu'on le tue.

Iruka sursauta.

— L'exiler du village ? Mais où irait-il ? Dans un pays voisin ?

Sarutobi secoua la tête.

— Trop risqué, fit-il. Il y a des espions partout et les gouvernements des autres pays voudront s'emparer d'une arme aussi puissante que le Kyûbi, j'en ai bien peur. J'ai des amis au-delà de l'océan. Il sera en sécurité là-bas.

— Dans les pays de l'Est ? s'écria un Iruka abasourdi. Mais personne ne sait ce qu'il y a là-bas !

— Parce que personne ne s'est donné la peine d'y aller et de revenir pour raconter, dit Sarutobi en souriant. Je t'assure qu'il y a des terres habitées. Les moeurs sont peut-être un peu différentes mais ça devrait aller. D'ailleurs, le Yondaime lui-même était originaire de ces contrées, ainsi qu'un lointain ancêtre de la famille Yamanaka.

— Les fleuristes ? s'étonna Iruka. Maintenant que vous le dites, c'est vrai qu'ils sont un peu différents...

— N'est-ce pas ? Oui, plus j'y réfléchis et plus je pense qu'il est mieux que Naruto parte à l'étranger.

Il soupira de nouveau.

— Malheureusement, il lui est impossible de voyager seul à son âge. Il me faudra choisir un accompagnateur sûr, mais ce sera difficile à trouver...

— Confiez-le moi ! s'écria Iruka en se levant de sa chaise. Je prendrais soin de lui !

Sarutobi le regarda avec surprise.

— Tu veux accompagner Naruto dans les terres de l'est ? Alors qu'il y a un instant, tu en avais peur ?

Iruka parut gêné.

— C'est que... J'ai toujours rêvé de savoir ce qu'il y avait là-bas, en fait... Et plus rien ne me retient ici...

Sarutobi se souvint des parents d'Iruka. Kujira et Kasumi Umino étaient effectivement les seuls membres encore vivants de leurs familles respectives ; avec leur mort, Iruka se retrouvait donc seul au monde. Était-ce pour cette raison qu'il avait reporté son affection sur le bébé entre ses bras ? Naruto partageait le même sort que lui, après tout.

— Tu es certain de ton choix ? Si tu pars, tu ne pourras peut-être pas revenir au pays du Feu avant plusieurs années. Et tu devras veiller sur cet enfant jusqu'à ce qu'il soit capable de s'assumer seul. Tu t'en crois capable ?

Iruka déglutit. Quel âge avait-il déjà ? Dix, onze ans ? C'était bien jeune pour partir dans un endroit quasiment inconnu. Sarutobi avait connu dans sa vie bien des enfants dignes de devenir d'excellents ninja ; le petit Kakashi Hatake, l'élève chéri du Yondaime, était d'ailleurs devenu chûnin à l'âge précoce de six ans. Mais ce garçon ? Il ne semblait pas posséder la même force ni même la volonté nécessaire pour assumer une si lourde tâche ; à peine devait-il savoir se débrouiller seul. Lui confier la garde de Naruto, alors qu'il était encore en deuil ? N'était-ce pas trop lui demander ?

— Je ne sais pas si j'y arriverais, murmura Iruka d'une voix incertaine, mais je ferais de mon mieux.

Il baissa les yeux en direction de Naruto et lui sourit. Plus que ses capacités, plus que ses mots, ce fut ce sourire qui décida Sarutobi.

— Ainsi soit-il, dans ce cas. Iruka Umino, tu es désormais le gardien de cet enfant, Naruto Uzumaki.

o-o-o

Le vent était froid, le temps mauvais. Iruka frissonna en voyant l'océan : immense, sombre et déchaîné, il semblait attendre le moment où ils monteraient dans la barque pour les engloutir. Il serra Naruto un peu plus fort contre lui.

— Je ne sais pas combien de temps ça durera, dit Sarutobi, très digne dans sa tenue de Hokage. Ce navire te conduira là-bas.

Iruka vit au large un bâtiment étrange aux larges voiles blanches. Il était très différent des bateaux que l'on trouvait dans le pays ; ses trois mâts avaient une ossature plus complexe, avec de multiples petites voiles sur les côtés. Une rangée de canons s'alignaient dans la coque et sur le pont.

— La Belle Espérance est conduite par un vieil ami, continua le Hokage. Il te mènera à bon port et te servira d'interprète et de guide jusqu'à ce que tu apprennes la langue. La famille dans laquelle tu dois aller est très bien vue là-bas, il paraît. Ça ira ?

— Il faudra bien, soupira Iruka.

Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter aussi vite ? Cette traversée, c'était de la folie !

— J'ai un peu peur, en vérité, dit-il. J'ai beau m'appeler Umino, je n'ai jamais voyagé sur l'océan.

Sarutobi éclata de rire.

— Tu verras, on s'y fait. C'est un peu chaotique au début, mais pas si mal, en fin de compte. Il faudra veiller à la santé de Naruto ; un bébé a vite fait de tomber malade en mer.

— Je ferais de mon mieux, dit Iruka d'un air qu'il espérait déterminé.

— Pour plus de sûreté, j'ai demandé à l'un de mes meilleurs hommes, Hijiri Tsumon, de vous accompagner. Il te mènera à ta nouvelle famille mais pas plus, il lui faudra rentrer dès que tout sera en ordre. J'ai encore besoin de lui ici.

Iruka vit alors un homme à l'allure quelconque, cheveux et yeux bruns, se détacher de l'escorte du Hokage pour se planter devant lui.

— Enchanté, fit-il courtoisement.

Le jeune garçon fronça des sourcils.

— J'ai déjà entendu votre voix quelque part...

— C'est normal, sourit Hijri en lui faisant un clin d'oeil. Tu as bien dû m'entendre crier avec la foule d'hier.

Cela suffit pour raviver la mémoire d'Iruka.

— Vous êtes cet ANBU qui a empêché les gens de s'approcher de Naruto !

— On ne peut rien te cacher.

Dans ce cas, les autres hommes étaient aussi des ANBU ? Iruka leur jeta un coup d'oeil curieux. Une silhouette plus menue se découpait parmi eux : celle d'un enfant aux cheveux blancs dont le bas du visage était caché par un masque. Il détourna le regard quand il vit qu'Iruka l'observait.

— Il faut y aller, fit la voix de Sarutobi, les marins n'attendent plus que toi, Iruka.

Iruka se désintéressa du garçon pour se précipiter vers la barque.

— J'arrive !

Il n'était plus temps de s'intéresser aux petits détails. Une nouvelle vie l'attendait ailleurs, avec Naruto ; et vaille que vaille, il devait faire en sorte que ça marche.

Iruka monta dans la barque et ne regarda plus en arrière.

À suivre...


Teaser :

Sasuke leva brusquement la tête, les sens en alerte. Était-ce bien une explosion qu'il avait entendue au loin ? Il tendit l'oreille. La forêt était silencieuse... trop silencieuse, comme si elle retenait son souffle. Il s'aventura un peu plus loin du bord du lac et scruta le ciel.

Quelque chose chose se passait au-dessus de sa tête, il aurait pu en jurer.

Merci de votre fidélité et à bientôt dans le Chapitre 1 : « Une rencontre inattendue » !