Ouch !
De Gendefekt
La déchirure
Comment cela était-il possible ?
Ils s'étaient battus pour une fois vraiment seuls, dans une ruelle abandonnée et il faisait déjà noir car l'heure était avancée dans la nuit. Ils avaient terminés l'un à côté de l'autre, assis contre le mur, sans réelle blessure, juste quelques hématomes de faible gravité. Ils étaient surtout essoufflés et en sueur. Hwoarang n'aurait pas su dire ce qui avait déclenché ça, mais il se trouvait que Jin passait ses mains sur lui, et que lui-même ne le repoussait pas. Il tentait de se persuader pourtant qu'il le fallait, que ça risquait de mal tourner, mais il ne faisait que répondre aux touchés de son rival.
Il sentait son souffle contre sa peau et ne pouvait réprimer la chaleur qui montait en lui autant qu'en son adversaire. Les vêtements tombèrent, ce n'était pas comme deux amants, plutôt comme deux animaux en manque. Comme si la chair leur avait soudain parut être leur seul salut. Quelque chose leur tournait la tête. Ils défirent leur bas et Jin plaqua Hwoarang sous lui. Le rouquin se crispa.
Pourquoi dans ce sens ?
Le Japonais passa une main à l'arrière du Coréen qui eut un mouvement de dernier recours, se râpant la hanche sur le sol. Mais il sentit le bassin de Jin contre le sien et ne put se débattre plus en sentant leurs désirs, si tendus. Les doigts du noiraud glissèrent afin de chercher le rouquin de l'intérieur, et ce dernier se mordit la lèvre, tentant d'assimiler l'étrange sensation. Agréable et désagréable à la fois.
Mais pourquoi le laisser faire ça ? Pire... pourquoi l'encourager... ?
Les mains crispées sur les épaules de Jin, Hwoarang avait du mal à faire le tri dans ses pensées. Jin également. Il ne sentait plus que la peau de son rival, dure et douce à la fois, leurs bassins serrés qui se frottaient par instants, augmentant leur désir, et sa chaleur qu'il touchait des doigts. Il ne comprenait pas non plus comment ils en étaient arrivés là, mais il était impossible de s'arrêter. Cette envie grandissante de possession qu'ils avaient d'abord goûtée en combat s'était étalée dans un registre de corps à corps bien différent.
Au bout de peu de temps, Jin releva les cuisses de Hwoarang qui planta ses ongles dans sa peau. Le noiraud comprit l'appréhension de son partenaire et hésita. Mais Hwoarang ne rabaissa pas ses jambes. Jin le prit comme un accord tacite et commença à entrer en lui. Le rouquin grimaça de douleur et le Japonais eu du mal à faire son chemin. Il dut pousser plus fort et Hwoarang lâcha un « Agh... » en serrant les dents. En voyant qu'il faisait vraiment souffrir son partenaire, Jin s'arrêta et essaya plus doucement. Mais Hwoarang lui lança en retenant un gémissement douloureux :
-Qu'est-ce que tu fous ? Vas-y !
Jin comprit et poussa d'un coup puissant. Il entra jusqu'au bout et Hwoarang retint la douleur qui lui faisait monter les larmes aux yeux. Il gémit seulement, en se mordant la joue. Jin ne bougea pas tout de suite, laissant Hwoarang s'habituer un peu. Puis, il débuta ses mouvements d'allée et venue, d'abord avec douceur, puis, toujours plus intensément. Hwoarang retenait sa voix à chaque fois que Jin venait au fond et ce dernier haletait toujours plus, se perdant dans la chaleur de son rival.
Leurs esprits saturés, ils ne pensaient plus, savouraient juste l'instant. Les assauts de Jin augmentaient et accéléraient toujours plus à mesure que le plaisir montait. Hwoarang griffait souvent le dos de Jin, mais ce dernier ne s'en rendait qu'à peine compte, du moment que ce n'était pas pour le repousser, il s'en fichait.
Lorsque leur plaisir atteignit les sommets, Jin ne sut se retenir et s'abandonna en lui. Hwoarang redescendit peu après avoir joui à son tour. Les deux hommes restèrent l'un sur l'autre, reprenant leur souffle et leur esprit. Le plus rapide fut Hwoarang à cause des douleurs lancinantes qu'il avait commencé à ressentir dans ses reins, dans son dos et dans ses muscles. Lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de se passer, son cœur explosa son record du rythme le plus élevé, il lâcha Jin, serra les poings contre le sol et commença à se dire :
« Bordel... qu'est-ce que j'ai... ? »
Mais il fut stoppé dans sa pensée par les lèvres de Jin qui se posèrent contre les siennes. Il l'embrassait. Jin l'embrassait avec passion et lorsque leurs langues glissèrent l'une contre l'autre, Hwoarang perdit totalement le fil de sa pensée et relâcha ses poings.
Puis, Jin se détacha de lui. Hwoarang s'assit alors et les deux restèrent en silence ainsi. Puis, soudain, le rouquin sentit un fluide qui ne lui appartenait pas redescendre entre ses jambes, accompagné d'un peu de son sang, et il resta bien ébranlé en réalisant pour de bon ce qu'il venait de se passer. Il fronça les sourcils et pinça ses lèvres. Jin lui lança un regard interrogé et Hwoarang, sans même le regarder, lui lâcha assez sèchement :
-Tu aurais pu éviter ça...
Jin baissa les yeux et remarqua ce qui dérangeait son rival. Il rougit et s'excusa doucement. Mais Hwoarang ne voulait pas le regarder, il prit son t-shirt et s'essuya avant de remettre caleçon et pantalon. Jin le regarda faire, ne sachant quoi dire pour qu'il tourne ses yeux vers lui. Le rouquin s'éloigna alors sans un mot, jetant son t-shirt dans le container de la ruelle. Jin se sentit un peu vexé, mais lorsqu'il vit les marques sanglantes que le frottement contre le bitume avait étalé sur tout le dos de son rival, ainsi que ses efforts pour marcher sans boiter de douleur, il ne put lui en vouloir.
« Pourquoi m'a-t-il laissé faire... ? »
Hwoarang se sentait humilié et battu, malgré leur match nul au combat. À peine arrivé chez lui, il prit une douche froide et se lava à s'en arracher la peau. Pourquoi ? Comment ? C'était tellement impossible, inimaginable, il espérait encore que tout ceci ne fut qu'un cauchemar. Mais les écorchures qu'il vit dans son dos grâce au miroir lui confirma la réalité des faits. Les cheveux encore mouillés, il se mit en survêtement et se posa sur son lit, sur le ventre. Tout son arrière lui faisait trop mal pour penser à se mettre assis ou sur le dos. Épuisé, il lutta encore un peu contre le sommeil, mais il lui fallait récupérer. Il se laissa alors aller dans les ténèbres de la nuit.
Le jeune chef de gang vivait en partie chez son mentor : Beak Doo San, et c'était là qu'il s'était endormi. Le maître de maison et de combat ne fut rentré que quelques heures après que son élève ne se soit endormi et Hwoarang avait remercié la chance de ne pas s'être trouvé face à lui lorsqu'il passa le pas de la porte en rentrant. Il n'aurait pas supporté de devoir affronter le regard de son maître après ce qu'il s'était passé avec Jin.
D'ailleurs, ce dernier n'était pas dans son assiette non plus. Il avait vraiment aimé coucher avec Hwoarang. Un peu trop à son goût même. Il avait du mal à comprendre la pulsion qu'il avait eue. Mais ce désir si soudain, si violent... Il n'avait pas pu le réprimer. D'ailleurs, le rouquin ne l'avait pas repoussé non plus. Pourquoi d'ailleurs ? Surtout qu'il avait décidé de le prendre sans même lui demander son avis. Il avait bien vu que ça l'avait blessé, mais en même temps, s'il l'avait repoussé tout de suite, il ne serait pas allé jusque-là. Jin alla se préparer un bain chaud et s'y logea en repensant à la scène entre lui et son rival. Non, définitivement, il n'arrivait pas à le regretter. Ce fut trop bon. Et puis leur baiser à la fin... Peut-être qu'après s'être remis de ses émotions, Hwoarang ne regretterait pas non plus. Jin espérait.
Le lendemain, le Japonais se décida à aller affronter son adversaire en face. Il se dirigea là où il était le plus sûr de trouver Hwoarang Dans la planque de son gang. Lorsqu'il arriva, un des plus balèzes du gang gardait la porte d'entrée du taudis. Dès qu'il reconnut Jin, il le salua :
-Tu veux voir le patron ?
Jin hocha la tête et le mec lui ouvrit. Dans le local qui ressemblait un peu à un club de boxe avec le ring en moins, Jin chercha des yeux les cheveux roux. Mais un des membres du gang de Hwoarang l'interpella à côté. Il était plutôt androgyne et c'est d'ailleurs ce fait qui le poussa à entrer dans un gang, pour prouver que ce n'était pas parce qu'il avait ce physique qu'il n'était pas capable d'en éclater. Ainsi, il était devenu le bras droit de Hwoarang :
-Le patron est de mauvais poil... c'est à cause du combat d'hier ?
-Enry... se souvint Jin, Je n'en sais rien... j'espère que non...
Le jeune homme resta silencieux et Jin repéra la crinière rousse de son rival. Il s'approcha et l'appela. Hwoarang reconnu la voix, stoppa son échauffement et lui lança sans se retourner :
-Qu'est-ce que tu veux ?
-Hier...
-On a fait match nul, comme d'hab. Tu permets que je m'entraîne ?
-... Hwoarang.
-Quoi encore ?
-... non... rien... dis-moi quand tu veux un nouveau combat.
-...
Jin s'en alla. Il avait espéré, mais non. Hwoarang était froid et apparemment, regrettait ce qu'il s'était passé. Le noiraud n'allait pas enfoncer le clou devant son gang. Il trouverait un moment pour lui parler seul à seul.
C'était ce qu'il croyait, mais il ne se trouva pas un instant où Hwoarang n'était pas accompagné. Il traînait avec son gang, avec son maître ou avec Julia Chang, une amie du KIFT 3. Jin commençait à s'énerver et il le provoqua en duel. Mais bien sûr, Hwoarang ne vint pas sans son gang. Après un nouveau match nul, le Japonais ne savait plus quoi faire. Il tenta un dernier essai, directement chez Hwoarang et Beak, alors que ce dernier venait de sortir. Il frappa à la porte et Hwoarang vint lui ouvrir. Dès qu'il vit que c'était lui, il lui referma la porte au nez et tourna la serrure. Jin s'énerva :
-Hwoarang ! Ne joue pas au gosse ! Laisse-moi entrer ! Il faut qu'on parle !
-Mais je ne veux pas te parler ! Merde !
-... Tu m'en veux...
-... ... non... je m'en veux...
-Tu regrettes ?
-... dans un sens, oui...
Hwoarang avait du mal à accepter ce qu'il s'était passé, mais il devait bien admettre qu'il ne pouvait pas regretter certains instants.
-Dans un sens ? souffla Jin.
-...
-Hwoarang... ouvre-moi... s'il te plait...
Le rouquin soupira et défit la serrure avant de lui ouvrir et de le laisser entrer.
Jin le regarda, mais Hwoarang ne lui accorda pas un regard. Il lui désigna une chaise et le Japonais s'y posa. Hwoarang ne s'assit pas, il resta debout, posé contre le mur.
-Tu veux commencer par quoi... ?
-... je voulais juste... te demander... ce que tu pensais de ce qu'il s'est passé...
-J'essaye justement de ne plus y penser...
-Pourquoi ?
-Parce que ! Ça n'aurait pas dû arriver ! Je ne sais pas pourquoi c'est arrivé, mais je ne veux pas que ça arrive à nouveau !
-... Je comprends...
Hwoarang reprenait son souffle, on aurait dit que parler de ça lui avait fait l'effet de sprinter un 200 mètres. Jin leva les yeux sur lui et eut une pensée déplacée. Il se remit à l'ordre en voyant les poings d'Hwoarang trembler tant il les serrait fort.
-Donc... tu ne pourras jamais accepter ça... ? reprit le fils Kazama.
-... Accepter ?
-Tu m'as dit que tu ne regrettais que dans un sens... est-ce qu'il y a une chance... que l'on se reparle comme avant ?
-... Comme de simples rivaux...
-Ou comme de simples amis...
Hwoarang daigna lever les yeux sur lui à ces mots. Leurs regards se croisèrent. Ils restèrent bloqués l'un, l'autre à se regarder. Ce que Hwoarang avait craint était en train d'arriver. Il y avait à nouveau cette alchimie étrange entre eux qui les attiraient l'un vers l'autre. Dans un élan de volonté, Hwoarang s'arracha à cet envoûtement et alla dans la cuisine.
-Hwoarang... tenta Jin en se levant et en le suivant.
Le rouquin avait les mains posées sur le rebord du lavabo. Il fixait le robinet avec insistance, se demandant pourquoi il avait accepté de laisser Jin entrer et espérant que la réponse sortirait des tuyaux d'eau. Jin posa sa main sur l'épaule de Hwoarang et celui-ci sursauta, se reculant :
-Arrête...
-Hwoarang, pourquoi tu refuses de penser dans l'autre sens ?
-Quel autre sens ? Il n'y a pas d'autre sens ! Je ne peux pas ! Même si je voulais !
-... vraiment ?
Hwoarang regarda ailleurs et Jin en profita pour s'approcher de lui. Lorsque le Coréen se rendit compte de la proximité de son rival, il était trop tard. Le sang des deux hommes s'était déjà mis à chauffer. Hwoarang se crispa pour contrer cette montée d'envie, mais son rival ne l'aida pas du tout, étant donné qu'il ne faisait aucun effort pour contrer son propre désir. Jin posa sa main derrière le dos de Hwoarang et effleura son cou de ses lèvres. Hwoarang ferma les yeux et tenta encore une fois de le repousser de toutes ses forces mentales. Il réussit à le faire reculer d'une main et à se dégager brusquement de son emprise :
-Arrête Jin ! Pas ici !
Jin sauta sur l'occasion :
-Où ?
-Va-t'en !
-Dis-moi où et quand, puis je m'en vais...
Hwoarang n'en revenait pas de la ténacité du Japonais. Il avait vraiment dû aimer le prendre pour en vouloir encore, malgré tout ce que cela impliquait. Hwoarang se força à chasser cette pensée qui le flatta malgré lui et lâcha rapidement à Jin, pressé de ne plus l'avoir dans son champ de vision :
-Dans ta forêt...
-Le grand chêne à minuit ?
Hwoarang hocha brièvement la tête et lui fit signe de dégager. Jin s'en alla, espérant vraiment que son rival viendrait.
Le rouquin se laissa glisser contre le mur jusqu'au sol et se mit en boule. Pourquoi avait-il dit ça ? Il se sentait déchiré de l'intérieur. Entre une envie étrangère à tout ce qu'il avait connu jusque-là, mais si forte, et sa raison qui lui disait qu'il fallait arrêter ça avant le pire. Avant que quelqu'un ne sache...
