« Lâche-moi ! »
Comment en était-il arrivé là ? La main sur sa gorge se fit plus oppressante, et il avait du mal à déglutir. L'autre était, de toute évidence, dans un état des moins contrôlables, et Wood commençait à douter de sa survie lors des prochaines minutes. Son dos, collé au mur, le faisait souffrir, et son poignet droit, tordu par une poigne déroutante, aurait besoin d'une sérieuse rééducation. Mais tout finirait par se payer, un jour ou l'autre. Certes, Oliver l'avait sérieusement insulté, humilié devant ses joueurs, écrasé lors du dernier match, descendu devant la totalité des élèves présents dans la Grande Salle, fait passé pour un imbécile devant Mc Gonagall mais…
Ce n'était absolument pas une raison acceptable pour le coincer après sa douche dans la ferme intention de le rendre inapte au prochain entraînement !D'ailleurs, le jeune homme se fit un plaisir de le rappeler a son ennemi, en envoyant un magnifique coup de genoux dans ses parties les plus intimes. Raté. En plein dans une cuisse plus dure que du béton. Zut. Soudain, le mur se sépara de lui, car Wood alla heurter le carrelage noir et blanc tassant le sol des douches communes. Mais même lorsque le poing de l'autre se rapprocha de son magnifique visage, il montra preuve d'un courage peu être stupide, et se permit un commentaire des plus déplacé :
« Hey, Flint, t'es imberbe ou tu te rases ? »
Et il se prit une beigne au niveau de l'arcade sourcilière. Merlin, ce que cela faisait mal ! Le châtain se dit qu'ils avaient une position des plus étonnantes : tous deux en sous vêtements, a même le sol, trempé par l'eau des douches qui ne cessaient de déverser sur eux un crachin brûlant, emplissant la pièce d'une vapeur suffocante. Flint, sur lui, ses deux mains emprisonnant ses poignets, assit sur son bassin, et Oliver, a sa merci, condamné a attendre la fin du supplice.
« On peut savoir ce que tu fais, le Serpentard ? »
Deux voix chargées de colère s'étaient faîtes entendre, et Flint fronça les sourcils. Merde. Les deux rouquins. A trois contre un, la bataille serait plus rude. Il plaça sa paume sur la gorge du capitaine, et se redressa. Il avait une voix légèrement grave, qui cadrait bien avec ses épaules large et son torse musculeux, lui donnant un air viril et presque macho.
« Le premier qui bouge m'obligera a étrangler Woodie. Pigé, les chiens de garde ? Si vous…
- Tu voulais lui faire quoi, à Oliver, le violer ? Le coupa George, d'humeur taquine. »
Flint se releva, toujours très maître de lui-même, et fit trois pas en direction de la sortie. Il se retourna, sans un coup d'oeil pour les jumeaux, dédia a Wood un regard de pur haine et disparu dans le brouillard. Le châtain resta un instant allongé, puis se redressa calmement, se massant la gorge alors que les deux poursuiveurs s'agenouillaient a ses côtés.
« oliver, 'va falloir faire quelque chose. Si on n'était pas arrivé…
-…Il t'aurait fait on ne sait quoi. »
Le capitaine ne répondit pas. Il se sentait humilié de devoir compter sur ses joueurs pour ne pas être réduit en miette. A présent, les jumeaux étaient en train d'insulter Flint, disant qu'ils allaient lancer une rumeur selon laquelle il avait des pensées obscène envers le Gryffondor et que…
Le châtain retourna s'habiller aux vestiaires. Il laissait les deux garçons s'occuper des affaires subalternes, comme d'habitude. Apres tout, c'était lui le capitaine ! Il devait se montrer fort, prendre les bonnes décisions, et se préparer a toute éventualité. Oui. Les bonnes comme les mauvaises.
Voila ce que pensait le brun quand, cinq heures plus tard, quelqu'un de grand le prit à la gorge dans la ferme intention de l'étrangler contre le mur.
« Flint, merde, c'est pas le mom… »
Une main s'abbatit sur sa bouche, et Oliver la mordit rageusement.
« Mais ferme la, crétin ! Je suis ici pour te parler ! »
Lui ? Parler ? Ce troll ? Sans blague ! Le joueur alla gentiment s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, les mains écartées pour lui montrer qu'il ne le frapperait pas. Oliver , les sourcils froncés, lui demanda de s'expliquer sur le champ : il n'avait pas de temps a perdre, sachant qu'il était déjà onze heure et quart. Le brun, a demi éclairé par la lumière de la lune, considérait son ennemi d'un œil différent. Pourquoi donc ? Il ne savait pas vraiment.
« J'en ai assez de ces conneries. Se battre tout le temps, se gâcher la vie, perdre des points stupidement en cours… Ca me porte sur les nerfs. »
Le brun ouvrit de grands yeux étonnés. Une trêve ? Flint le prenait a part pour parler d'une TREVE ? Il faillit reculer quand une main fut tendue face a lui. Le Serpentard, horriblement sérieux, le regardait de son regard émeraude. S'était donc la fin. Plus de jeux de mots douteux, plus de bagarre, plus de bleus, plus de duel, plus d'insultes… Plus de mordant. Pourtant, Oliver savait bien que c'était ce qu'il voulait. Il gagnerait les matchs, et n'aurait plus a craindre que Flint l'attende dans les vestiaires pour le corriger.
Sa main, ridiculement petite, alla rejoindre celle de l'autre garçon , pour la serrer brièvement.
« Alors, ça se finit comme ça, en fin de compte ?
-Comme ça comment ?
- Par une poignée de main. Je n'y aurais jamais cru…
- Et tu aurais eu raison. »
Flint tira son bras en arrière. Le cri d'Oliver fut étouffé.
« On va lui faire la peau, je te jure !
-… La violence n'est pas une solution. »
Oliver se demandait comment il pouvait dire une telle ineptie, vu l'état dans lequel il se trouvait. Un cocard, le bras gauche en écharpe, la cuisse et le dos bleuis, il avait l'air de revenir d'un accident. Flint l'avait bien amoché. En vérité, le Gryffondor n'avait pas pu avouer a ses équipier ce qui c'était réellement déroulé, et avait simplement dit que l'autre garçon lui était tombé dessus, et qu'il s'était acharné sur lui. Ils l'avaient cru. Après tout, c'était plausible…
Oliver se sentait mal s'avoir mentit, mais surtout d'avoir pu penser un seul instant que ce bâtard en vert et argent voulait enterrer la hache de guerre. Oui, il s'était fait avoir comme un débutant, il en avait payé le prix. Certes. Mais si les Serpentard sont fourbes, les Gryffondor sont parfois vicieux, dans leur genre. Le sourire d'Oliver fit comprendre aux joueurs qu'il n'allait pas rester les bras croisés. Cette enflure allait s'en prendre plein la tête.
Le plan « Détruisons-une-bonne-fois-pour-toute-ce-petit-con-de-Flint » débuta le midi même, dans la grande salle. Comme à son habitude, Oliver passa devant la table des Serpentard pour rejoindre sa table, et Flint vint naturellement l'attraper par le col pour se moquer de lui, suivit par la clique qui arborait un grand sourire. Ce qui paru étrange, c'est que le châtain ne fit pas un scandale en insultant son ennemi, mais poussa un soupire des plus étonnant avant de gémir :
« Marcus, s'il te plait, ne me titille pas, tu en as eu assez hier soir… Je ne peux même plus m'asseoir, regarde l'état dans lequel je suis… »
Cette phrase, dans une autre situation, aurait paru déroutante. Des têtes surprises s'étaient retournées, et attendaient la suite. Flint, quoique déconfit, ne perdit pas son calme pour autant :
« Qu'est ce que tu racontes, Woodie ? Tu veux encore que je te mette une dérouillée ? »
Et voila que le Gryffon se colle au brun, et secoue la tête d'un air affligé et vaguement mièvre :
« Oh, Marcus, je n'en peux plus de jouer la comédie ! Faire semblant d'être ennemis pour ne pas que l'on se moque de toi, c'est gamin, tu ne trouves pas ? Je t'aime, tu m'aimes, laissons tomber les masques… »
Cette fois, la grande salle entière marqua une pause pour observer la scène qui se déroulait sous ses yeux. Flint avait changé de couleur, et comprenant qu'il devait se débarrasser du châtain dans l'instant, le repoussa pour retourner a sa place. Mais Oliver, de sa main valide, s'agrippa a lui, et se mit a pousser des sanglots hystériques :
« Marcus, je t'en prie ! Cela ne peut plus durer ! Si tu savais comme tu me fais du mal à vouloir mentir… Les autres finiront par s'en rendre compte, tu le sais !
- Lâche-moi, espèce de morpion !?
-tu ne te plaignais pas, hier soir… »
C'était terminé. Les rumeurs étaient fondées, et déjà le bouche à oreille se formait, ici et la, dans les quatre maisons. Enervé, Flint fit tomber Oliver a terre :
« Arrête tes conneries, tu veux ?! »
Le châtain se releva, très digne, sécha ses larmes de crocodile, et lui lança calmement que sa fausse trêve, il allait la lui rappeler jusqu'à ce qu'il quitte Poudlard. Ensuite, feignant une tristesse douloureuse, il retourna a sa place ou l'équipe riait allègrement de la déconfiture des Serpentards qui, ne sachant plus ou se situer, avaient opté pour un silence de reflexion. Mais Oliver n'était pas totalement satisfait. Flint ne s'était humilié comme il l'avait espéré. Il devait encore rajouter quelque chose, mais quoi ? Il verrait bien en temps le moment, il devait se rendre l'infirmerie pour qu'on lui enlève ce stupide bandage. Son bras allait très bien, inutile de le compresser de la sorte. Le repas achevé, il se leva, adressa un signe de la main a tous ceux qui avaient encore le regard braqué sur lui, et quitta la pièce, ignorant l'étincelle de colère dans les prunelles du brun qui avait repoussé son assiette.
« Bonjouuur ? »
Oliver passa la tête dans le bureau de l'infirmière. Allons bon, personne ? Cette vieille chouette était pourtant la seule personne qui ne quittait jamais son bureau…Ou pas, apparemment. Le garçon défit sa robe de sorcier, enleva son tee-shirt, et s'attaqua donc seul a son bras momifié, cherchant dans le bandage la petite attache magique.
« Alors, on vient se faire soigner ? »
Flint. Déjà ? Oliver lui jeta un regard dédaigneux. L'attaquer ici était parfaitement stupide, ils le savaient l'un comme l'autre. Le poursuiveur allait donc seulement l'insulter. Oui, probablement. Le châtain se désintéressa de lui, et tira sur la bande blanche, délivrant son bras. Cela lui fit un bien fou, et il se mit a la dérouler, sans prêter attention a Flint. Mauvaise idée. Le brun se jeta sur lui comme un fauve, le plaqua sous lui d'un mouvement, et opta pour un sourire carnassier.
« Pousse toi, ou je crie au viol » menaça Oliver, presque inquiet.
« Essais juste », rétorqua Flint, avant de l'embrasser a pleine bouche. Le châtain ne pu crier, que déjà une langue avait rejoint la sienne, alors que le corps du Serpentard épousait le sien, le réchauffant presque agréablement. Oliver vit que le rideau s'écartait, dévoilant des élèves de partout, qui les regardait d'un air épouvanté ou ravis, choqué ou attendri, prenant des photos ou en se cachant les yeux. Le châtain, alors que deux mains prenaient place sur son torse, comprit qu'il n'avait pas le choix. Il ferma les yeux, croisa ses bras autour du cou de flint, et laissa sa bouche pousser des cris franchement indécent. Après tout, c'était exactement ce que voulaient les ragoteurs, non ?
« En première page ! Je suis sur la première page du journal ! C'est super !
- Oui, en première page. A moitie dénudé, et en train de rouler un palot a Flint.
-La célébrité exige des compromis. »
Oliver prenait cela plutôt bien. Entre la crise de nerfs, l'entraînement de tueur, la dépression et l'optimisme, il avait considéré que ce dernier était le moins problématique, et surtout le plus pratique. Harry n'en revenait toujours pas, et regardait les photos avec une tête comique. Voir son capitaine en train de se faire suçoter le cou par un autre garçon, celui la même qui lui avait renvoyé un cognard dans la tête une semaine auparavant, était assez dur a avaler.
« Ne vous inquiétez pas, les gars : Maintenant que Flint a fait les gros titres, il va raser les murs ! »
Oui, c'était ce que pensaient tous les Gryffondor. Tous, sans exception. Après tout, n'importe qui aurait fait ça. Mais pas Marcus Flint.
« C'est vrai que tu as couché avec Oliver Wood ?
-C'était comment, hein ?!
-Il est aussi bon au lit qu'il en a l'air ?
-Il est bien monté ?
-Vous sortez ensemble ?
-Il était puceau ?
-STOP, stop, une question a la fois, s'il vous plait… »
Adossé au mur, Flint répondait nonchalamment, le sourire aux lèvres, jetant parfois un œil en direction d'Oliver qui était lui aussi harcelé. Le châtain finit par s'extraire de la foule, et d'un pas décidé alla se placer a côté de Flint.
« Nous en avons assez de devoir exposer notre vie privée ! Marcus, dis leur ! »
Oliver avait comprit que seule l'autorité d'un Serpentard cogneur et terrifiant pourrait lui redonner sa liberté. Sachant qu'il ne pourrait plus être considéré comme « célibataire » avant deux bons mois, il s'estimait chanceux. Il se tourna donc vers le brun, attendant sa réponse explosive, et fut cruellement déçu :
« Mon ange, ce n' était pas toi qui désirait officialiser notre relation ? »
Un baiser fut déposé dans le creux de son cou. Oliver tiqua. Mon QUOI ? Mon QUOI ?! Ce n'était pas possible. Mais peine eu t-il l'initiative d'ouvrir la bouche, que celle de flint se colla a elle pour lui prodiguer un baiser intense, voluptueux et non désiré. Alors que deux mains allaient s'approprier son postérieur, il se dégagea et battit en retraire dans le dortoire de sa maison, seul endroit ou il était encore a l'abri.
« O…Oliver ? »
Une gamine, 14/15 ans au plus, se tenait face a lui, rougissante. Lui, affalé dans un fauteuil pourpre, paraissait cinq ans de plus que d'habitude.
« Oui ?
-Je…Je voulais juste te dire qu'avec Flint, vous formez un couple très mignon ! »
Et de s'enfuir en gloussant. Oliver renonce a la poursuivre pour l'étrangler, soupire et se frotte les paupières. Deux têtes rousses apparaissent de chaque côtés des accoudoirs :
« Tu veux un peu d'aide, histoire que…
-…Tu ne perdes pas la boule d'ici le prochain match ? »
Oliver allait accepter l'aide des jumeaux. Mais quelque chose, peu être sa fierté, l'en retint, et il lâcha qu'il allait y arriver seul. Il devait être fort. Fort, mature, compréhensif, et digne d'un Capitaine. Voila. Exactement.
« Oli', Flint veut que tu sois seul aux vestiaires, ce soir. Pour parler, a ce qu'il dit. Prends des capotes, on ne sait jam… »
Davies devait bien admettre que son capitaine excellait, au lancé de sortilège. Oliver fit craquer son cou. C'était parti.
