Rating : T (violence, mort, descriptions graphiques de blessures)
Note : Cette histoire se déroule dans un univers alternatif, différent de celui du jeu mais aussi semblable sur certains points. Elle prévoit d'être très longue, je préfère vous prévenir ! Je l'ai commencée en 2016 et le premier chapitre avait même été écrit avant ça, il risque donc d'y avoir une petite évolution du style mais j'espère rien de trop choquant... Bref, c'est une histoire d'aventure avec des combats, de l'amitié, du drame, et tout le bazar. J'espère qu'elle vous plaira, et n'hésitez pas à m'indiquer en commentaire ce que vous en pensez !
Il y aura également un développement romantique par la suite (dans très très longtemps), mais je garde le pairing secret pour l'instant. Attendez-vous à du Boy's love.
Chapitre 1
...
Le garçon tombait, tombait, et tombait encore.
Il ne savait plus où il tombait ni depuis quand. Il avait l'impression que ça faisait des heures. Des jours, peut-être. Pourtant, il avait déjà senti la chute. Il avait ressenti la douleur, affreuse, frappant tout son corps au moment où il avait atteint le sol — elle n'avait duré qu'un moment infime, mais son souvenir était resté en lui plusieurs minutes, plusieurs heures après. Lorsqu'elle s'était enfin évanouie, il s'était rendu compte qu'il tombait. Encore.
Était-il mort ?
Ça lui en avait tout l'air. Il n'aurait pas pu en réchapper, de toute façon. Dès le moment où il avait senti ses pieds quitter la terre ferme, il était fini. De cette hauteur, c'était couru d'avance… Il avait envie de pleurer, mais il ne sentait plus du tout son corps à présent. En fait, il ne savait pas s'il avait seulement encore un corps. Il ne voyait rien, n'entendait rien, ne sentait rien. Il savait juste qu'il tombait... Ou alors, peut-être qu'il avait juste cette impression parce que c'était la dernière chose qu'il avait ressentie avant de mourir ?
Alors quoi, allait-il avoir l'impression de tomber pour l'éternité ? Sans même pouvoir se souvenir de son propre nom ? Ou de quoi que ce soit d'autre avant le moment où son pied avait quitté le sol ? Il ne savait même plus d'où il était tombé.
Il n'essayait pas de se souvenir. Il n'aurait pas su comment faire, de toute façon. Puisqu'il était mort, était-ce vraiment si important de savoir quelle vie il avait laissée derrière lui ? Ça ne ferait que le rendre triste.
Il aurait juste voulu arrêter de tomber. C'était énervant, cette sensation, de ne pas savoir quand il allait s'écraser au sol. Il aimerait mieux que ça finisse, une bonne fois pour toutes... Mais d'un autre côté, il ne voulait pas ressentir à nouveau cette douleur insupportable. Tomber, en soi, n'était pas un problème. C'était la pensée de la chute qui l'attendait inexorablement au bout qui l'angoissait. Mais bon, il était mort, alors il ne voyait pas bien ce qu'il pouvait y faire.
Immédiatement après avoir pensé cela, le garçon s'éveilla.
...
— Hé, t'es vivant ?
Le garçon cligna des yeux plusieurs fois. Vivant ? Lui… ? Qui demandait ça ? Il ne connaissait pas cette voix… Mais en même temps, il ne connaissait plus grand-chose. Ni même qui il était.
Il lui fallut une bonne dizaine de secondes pour comprendre ce qui se passait. Déjà, ce qu'il voyait. Il était dans une forêt, avec un drôle de bâtiment en face... Un manoir, peut-être ? Il avait du mal à discerner le paysage, sa vision était floue. De plus, il ne savait pas si c'était un autre effet de sa vue trouble ou non, mais les couleurs lui semblaient un peu ternes. Seul le jeune homme accroupi devant lui était tout à fait net. Il était grand, mince, habillé tout en noir, mais avec des cheveux d'un rouge éclatant coiffés en piques. Le garçon arrivait à le discerner très clairement, curieusement. Jusqu'aux larmes violettes tatouées sous ses yeux vert émeraude.
Était-ce lui qui lui avait parlé ?
L'inconnu posa une main sur son épaule, lui rappelant au passage qu'il avait une épaule. Ce fut alors que le garçon prit conscience qu'il était bien là. Il regarda ses mains, puis ses jambes. Oui... Il se souvenait vaguement de ça. Ses vêtements aussi lui étaient familiers. Il passa une main engourdie dans ses cheveux blonds en épis ; tout était bien comme avant. Pourtant, pendant un moment, ça n'avait plus été le cas. Combien de temps cela avait duré, il ne s'en rappelait pas, mais il était presque sûr de ne plus avoir eu de corps à proprement parler à un moment donné.
— Tu m'entends ? Hé... Faut pas rester là.
Le rouquin venait de lui parler à nouveau. Cette fois, le garçon était sûr qu'il s'adressait bien à lui. Mais il ne savait pas quoi répondre. Ce n'était pas évident d'avoir les idées en place quand il n'avait déjà pas la moindre idée de qui il était. Il sentit qu'il devait dire quelque chose, aussi il ouvrit la bouche, mais il fut pris d'une hésitation : savait-il toujours comment faire pour parler ? Il avait du mal à s'en souvenir. Déjà qu'il avait du mal à bouger...
Le jeune homme aux cheveux rouges poussa un long soupir.
— Génial, il pige rien à ce que je lui raconte.
Un bruit retentit soudain derrière eux, faisant tressaillir l'inconnu qui se mit à jeter des regards inquiets autour de lui.
— Manquait plus que ça ! ragea-t-il.
Sans attendre plus du garçon, qui ne savait toujours pas quoi dire ni comment le dire, le rouquin le souleva par la taille et se mit à le porter à la manière d'un sac à patates. Le garçon voulut protester, mais il ne parvint qu'à pousser un petit cri d'une voix étranglée. Bon, au moins il avait toujours une voix. C'était déjà ça. Prochaine étape, dire quelque chose qui ressemblerait un peu plus à un vrai mot.
— Re… pose... moi !
Joli. Pas tout à fait français, mais on s'en rapprochait !
— Mais tu parles ! s'exclama l'autre d'une voix faussement surprise.
— Je parle, et je... veux descendre ! articula difficilement le garçon.
— C'est ça, c'est ça, on en reparlera quand t'arriveras à placer plus de quatre mots à la suite.
Le garçon poussa un grognement de frustration mais ne batailla pas davantage. L'inconnu avait accéléré le pas, courant presque à présent, en le portant toujours sur son épaule. Le garçon regarda derrière lui, curieux de voir ce qu'ils fuyaient. Mais il y voyait toujours trouble. Le paysage était terne, presque gris. Même le ciel abordait cette couleur, malgré l'absence presque totale de nuages.
Un point lumineux, soudain, attira son regard. Non, deux points.
Deux points jaune vif.
Le garçon plissa les yeux, cherchant à y voir plus net, mais il avait du mal à discerner quoi que ce soit trimbalé de la sorte. Les deux tâches jaunes restèrent imprimées sur sa rétine un moment puis disparurent totalement, et le paysage avec. Tout devint soudain très noir — et très étouffant, comme si l'air s'était soudainement raréfié. Le garçon dut faire un grand effort pour ne pas étouffer et toussa longtemps avant de finalement réussir à reprendre son souffle. Il inspira profondément ; ses yeux le picotaient. Puis sa respiration redevint plus ou moins normale. L'autre sembla s'en étonner.
— Oh, tu t'es déjà habitué à l'air d'ici ? Impressionnant.
Le garçon ne comprit pas de quoi il parlait, mais n'osa pas ouvrir la bouche, trop concentré sur sa respiration. Puis, à nouveau, le paysage changea et l'atmosphère redevint normale.
...
Le garçon observa comme il pouvait les alentours, ce qui n'était pas chose facile dans la position où il était. Une chose était sûre : ils étaient dans une ville. Il devait faire nuit, car tout était sombre, mais les bâtiments autour d'eux étaient parsemés de néons bleus qui illuminaient les environs. Le garçon n'y voyait plus flou à présent, et il se demanda un moment pourquoi.
Finalement, le rouquin le reposa par terre mais le rattrapa vite lorsqu'il vit qu'il était sur le point de s'écrouler.
— Hé, ça va ? Tu vas pas t'effondrer, si ?
Le garçon s'agrippa à l'inconnu, incapable de tenir sur ses deux jambes. Pas que celles-ci soient affaiblies ou fatiguées, seulement il avait encore du mal à se rappeler comment il contrôlait son corps auparavant. Il mit quelques secondes à réussir à poser un pied au sol, puis l'autre. Il lâcha l'autre homme, ses jambes encore un peu tremblantes, et resta immobile un bref instant avant de manquer de tomber à nouveau.
— Attention ! fit l'autre en le rattrapant.
— C'est... C'est bon, j'y arrive.
Et effectivement, il finit par y arriver. Il se maintint debout quelques secondes, ses bras lui servant de balancier, puis il inspira profondément et tenta de faire quelques pas devant lui. Rapidement, les mécanismes de son corps lui revinrent, et il parvint à marcher sans trop de problèmes. Il n'en était pas encore au point de pouvoir faire un triple salto arrière les yeux fermés, mais c'était un bon début. Enfin... Pas qu'il soit sûr d'avoir pu faire un triple salto arrière même dans de bonnes conditions, et encore moins les yeux fermés.
Voyant qu'il parvenait à marcher de lui-même, l'inconnu le saisit alors par le poignet.
— Bon, si t'as fini... Faut qu'on se grouille, là.
Sans attendre de réponse, il commença à le traîner avec lui. Il avançait rapidement, aussi le garçon avait un peu de mal à suivre, mais heureusement pour lui ils ne marchèrent pas longtemps. Très vite, il fut entraîné à l'intérieur d'un petit immeuble de deux étages, coincé entre deux immenses buildings. Curieusement, malgré le noir de la ville, l'intérieur du bâtiment était peint tout en blanc et lumineux, aussi bien les murs que le sol ou les meubles, variant seulement parfois avec un peu de gris. Ce changement frappant ne fit que donner un peu plus le vertige au garçon, déjà pas très en forme. L'autre referma la porte derrière lui et le laissa seul dans l'entrée tandis qu'il montait à l'étage, grimpant les marches deux à deux. Il revint cependant rapidement et jeta quelque chose dans les bras du garçon.
— Tiens, dépêche-toi d'enfiler ça.
Le garçon regarda la chose en question, un manteau noir similaire à celui que portait le rouquin.
— Pourquoi je dois mettre ça ?
— Enfile-le, je te dis ! Je t'expliquerai après ! À moins que tu ne veuilles te faire bouffer par les Sans-cœur ?
Le garçon ne savait pas ce qu'était un « Sans-cœur », mais il ne pensait pas avoir très envie de se faire manger, peu importait par quoi. Aussi, il enfila le manteau sans plus de cérémonie par-dessus ses vêtements.
— C'est quoi, un Sans-cœur ? demanda-t-il ensuite.
— C'est vraiment la première chose que tu veuilles demander ? soupira l'autre.
Le garçon réfléchit un moment. Des choses à demander, il en avait un paquet. Tellement qu'il ne savait pas bien par quoi il devait commencer. L'autre ne lui laissa cependant pas le temps de faire le tri.
— T'aurais pu me demander mon nom, par exemple, c'est la moindre des politesses. C'est Axel, au fait.
Le garçon fronça les sourcils. Il voyait difficilement comment connaître le nom de ce type pouvait être plus important que n'importe quelle autre question dont il voulait savoir la réponse... Mais il avait peut-être raison sur le point de la politesse.
— Euh... Là, c'est le moment où tu te présentes en retour, continua Axel.
Le garçon le regarda dans les yeux, un peu troublé. Il aurait bien aimé se présenter, mais il ne se rappelait pas son propre nom. Axel trouva son silence bizarre, sans doute, car il poussa alors une exclamation de surprise.
— Attends, quoi, tu te souviens pas de ton nom ?
— Euh... Non.
— Sérieusement ? Tout s'explique alors…
— Comment ça ? demanda le garçon, perdu.
— Ouais, non, désolé ! J'avais pas réalisé, mais... Tu viens de te réveiller en fait, c'est ça ?
Le garçon hocha la tête, toujours confus.
— D'accord ! D'accord... Hm... Ouais, du coup ça va être galère de tout t'expliquer...
Ils furent soudain interrompus par la porte qui s'ouvrit, et une nouvelle silhouette encapuchonnée du même manteau noir qu'Axel fit son entrée. L'arrivant retira sa capuche, laissant apparaître le visage d'un jeune homme du même âge environ, aux cheveux couleur d'argent et aux yeux d'un bleu clair éclatant. Il se figea en remarquant la présence du garçon.
— C'est qui, lui ? demanda-t-il.
— Un gamin que j'ai ramassé à la Cité du Crépuscule. Devine quoi ! Il vient juste de se réveiller.
Le garçon aux cheveux argentés se mit alors à le fixer d'un œil sévère. Son regard donna des frissons au garçon qui n'osa rien dire, attendant le verdict. Il n'était pas à l'aise. L'arrivant ne dégageait pas la même aura accueillante qu'Axel ; ses yeux brillants étaient rivés sur lui, le transperçaient, lui donnant une forte envie de s'enfuir telle une proie face à son prédateur. Et le garçon n'aimait pas ça. Finalement, l'autre retourna son regard vers Axel.
— Tu fais ce que tu veux. Évite juste de nous ramener des tas de Sans-cœur la prochaine fois. Ça pullule de ces saletés dehors, on peut pas faire trois pas tranquille.
— Ouais... Désolé pour ça. J'irai faire le ménage après.
Le jeune homme jeta un dernier regard au garçon sans rien lui dire, puis monta à l'étage.
— Toujours aussi sympa, celui-là, soupira Axel.
— Euh... C'était qui ?
— Lui ? Riku. T'en fais pas... Il est pas aussi méchant qu'il en a l'air.
Le garçon ne fut pas vraiment rassuré par cette déclaration, toujours un peu secoué par le regard noir que le dénommé Riku lui avait jeté. Mais il avait d'autres préoccupations plus importantes, et il entreprit d'en discuter avec Axel. Il ne savait pas encore vraiment si les deux garçons étaient ou non de son côté, mais il n'avait pas d'autre choix que de rester avec eux. Au moins, Axel semblait comprendre quelque chose à ce qui lui arrivait. Le garçon s'assit sur une chaise, à la table qui était l'unique meuble de la pièce d'entrée. L'autre fit de même, prenant place en face de lui.
— C'est chez toi, ici ? demanda le garçon.
Pas qu'il s'en soucie réellement, mais il n'avait pas encore eu le temps de faire le tri entre les questions qu'il voulait poser.
— Euh... Pas vraiment. Tous les immeubles sont vides ici, alors on squatte où on veut. Mais comme on doit bouger souvent, on prend pas vraiment le temps de décorer, alors... Désolé si c'est pas très joyeux.
— Quand tu dis « on », c'est...
— Moi et Riku. On n'est que nous deux ici... Même si j'aimerais bien parfois me passer de sa mauvaise humeur perpétuelle.
Il soupira, ce qui en disait long sur ce qu'il pensait de son colocataire. Cependant, le garçon eut l'impression que, malgré ses dires, ils s'entendaient tout de même assez bien.
— D'autres questions ? demanda Axel.
— Qu'est-ce qui m'arrive, au juste ?
Le rouquin croisa les bras, réfléchissant un instant à une réponse.
— C'est compliqué à expliquer... Tu te souviens vraiment de rien ?
— Non... Enfin, si...
Il hésita à en parler, mais il sentait qu'il pouvait se confier à Axel. De toute façon, il n'avait pas vraiment de raison de le cacher à qui que ce soit.
— J'étais en train de tomber, je crois.
La réponse sembla déplaire à Axel, qui fronça aussitôt les sourcils.
— Holà, attends... T'as quand même pas sauté, dis ?
— Sauté ?
— Je veux dire... volontairement.
Le garçon mit un moment à comprendre.
— Je ne me suis pas suicidé ! Je… Je ne pense pas…
Il s'arrêta. En fait, il n'en avait aucune idée. Un silence s'installa dans la pièce et Axel, gêné, tenta de bafouiller quelques mots.
— Peut-être pas ! Je veux dire, rien ne le prouve, hein ? C'est probablement autre chose…
Le garçon aurait sûrement dû le remercier de tenter de le réconforter, mais il n'arrivait pas à retrouver son moral.
— Alors... Je suis vraiment mort ?
— Eh oui. Désolé, vieux. Si ça peut te consoler, je suis mort aussi.
Le garçon prit un moment pour digérer l'information. Il s'en était un peu douté, vu que les seuls souvenirs qu'il avait étaient ceux d'une chute affreusement douloureuse et d'un moment où il n'avait probablement plus eu de corps, mais à présent que sa théorie s'était officialisée, il se sentait encore plus mal.
— On est où, ici ? demanda-t-il.
— Pas encore en Enfer, si c'est ça qui te fait peur. On est toujours au même endroit, en fait, mais... C'est un peu compliqué. Tu demanderas à Riku quand il sera de meilleure humeur, il t'expliquera. En gros, on est toujours dans notre monde, l'endroit d'où tu viens est toujours là... D'ailleurs on y était juste avant.
— J'habitais là-bas ? Je... Je me souviens de rien.
— T'inquiète pas, ça te reviendra. Il faut toujours un peu de temps pour que les souvenirs te reviennent.
Il hocha doucement la tête. Il était rassuré de savoir ça, mais il n'en restait pas moins mort.
— Si je suis mort et toi aussi, alors ça fait de nous des... fantômes ?
— Hmm... On peut dire ça, oui. Encore une fois, ce serait trop long à expliquer. Pour l'instant, contente-toi de savoir que les vivants ne peuvent pas nous voir, et qu'on peut pas les voir non plus. En fait, on est dans une sorte d'espace-temps différent, donc... Ah... Ça me soûle de devoir t'expliquer tout ça. Demande à Riku plus tard, ok ?
Le garçon était un peu déçu de cette réponse mais il n'insista pas. Axel prenait déjà le temps de lui expliquer les grandes lignes, alors il ne pouvait pas vraiment se plaindre.
— Bon... Sinon, tu voulais savoir ce qu'étaient les Sans-cœur, non ?
Il hocha la tête.
— Ben ça va être l'occasion. Suis-moi, on va faire un tour dehors.
Axel se leva et marcha en direction de la porte. Le garçon le suivit, hésitant. Est-ce que ce Riku ne venait pas de dire que ça « pullulait » de ces trucs sans cœur juste avant ? Était-ce une bonne idée de sortir comme ça ?
Une fois dans la rue, le garçon fut de nouveau pris de vertiges en passant du « tout blanc » au « tout noir ». Il scruta les environs mais ne vit rien de spécial. Il marcha un peu, jusqu'à se retrouver au milieu de la ruelle.
— Y'a rien ici, dit-il.
Axel se contenta de sourire. Il marcha jusqu'au garçon et posa une main sur son épaule.
— Tu ferais mieux de baisser ta capuche.
Le garçon le regarda curieusement. Pourquoi faudrait-il... ?
Il eut rapidement sa réponse lorsqu'il baissa ses yeux. À ses pieds, le sol commençait à se brouiller, enveloppé d'une flopée de taches noires... Tâches qui se mirent à prendre consistance devant ses yeux ébahis. Puis une constellation de points jaunes illuminèrent la ruelle. Sauf que c'étaient des yeux. Les yeux d'une belle vingtaine de créatures entièrement noires, au regard vide et aux pattes griffues qui s'extirpaient du sol. De longues antennes ornaient leur tête tandis qu'elles se tenaient à présent debout autour d'eux, remuant grotesquement leurs membres fins. Le garçon fit un pas en arrière par réflexe, pour se cogner à une des créatures et manquer de tomber, rattrapé de justesse par la main d'Axel.
— C'est... C'est quoi ces trucs ? s'écria-t-il.
— T'as pas une petite idée ? plaisanta Axel.
— C'est ça les Sans-cœur ?
Il déglutit. Sans s'en rendre compte, il s'était agrippé au bras d'Axel.
— T'en fais pas, ils t'attaqueront pas tant que tu portes ça. Enfin, ça dépend des fois. On sait jamais ce que ces bestioles ont dans la cervelle... Si elles en ont une.
Il n'en fallut pas plus au garçon pour suivre le conseil d'Axel et rabaisser sa capuche sur sa tête. Le rouquin, lui, sourit à pleine dents.
— Bon, c'est l'heure de nettoyer tout ça !
