Bonjour ou bonsoir à tous !

Une petite histoire en passant, parce que je l'avais en tête depuis un moment celle-là, et qu'il fallait que ça sorte... A la base, c'était un OS. Mais il fait 11 pages word et je suis encore loin de la fin, donc c'est une fiction courte... J'espère que ça vous plaira !

Attention, comme mis dans le résumé, cette fiction est classée M pour une raison. Langage vulgaire, drogues, violence peut-être pas physique mais au moins mentale... J'aime pas écrire du joyeux. Il y en aura, quelques touches ^^

Allez, je vous fais des bisous mes petits amis, une bonne lecture ! Et n'hésitez pas à me donner votre avis à la fin, ça fait toujours plaisir ;)

Glad.


The New Prophet.

Chapitre 1

La nuit était sombre et humide, les flaques d'eau gelée craquaient doucement sous ses pas. C'était une journée comme les autres qui s'achevait, une journée ordinaire dans cette vie ordinaire qu'elle détestait mais ne pouvait quitter. Elle ne voulait pas rentrer chez elle. La petite maison aurait certainement été vide, de toute manière. Comme toujours.
Minael ne savait même plus quand elle avait mis les pieds chez elle pour la dernière fois. Plusieurs heures, plusieurs jours peut-être même. Elle avait oublié quand et pourquoi elle était partie, et ne voulait pas s'en souvenir. A quoi bon ? Cela ne lui donnerait que l'envie de s'enfuir à nouveau, plus loin, plus longtemps...

Ses pas la guidèrent jusqu'à un quartier étrange de la ville. Personne ne savait où elle était, elle n'avait ni argent, ni téléphone, ni papiers sur elle. Regardant une plaque accrochée au mur qui se trouvait à sa gauche, elle comprit où elle se trouvait, et pénétra dans les ruines de l'immeuble, se dirigeant silencieusement vers la cave, manquant plusieurs fois de trébucher sur des débris que masquait la pénombre.
Arrivée au bas des marches, elle distingua des ombres vacillantes, probablement ses amis, qui l'entraînaient dans ce genre d'endroits malgré ses réticences...

Tout en elle lui criait de partir, de s'enfuir de cet endroit au plus vite. Ce n'était pas la première fois qu'elle éprouvait cette sensation, mais aujourd'hui la peur se fit viscérale, et c'est en courant qu'elle sortit de l'immeuble, ne s'arrêtant qu'après de longues minutes de course ininterrompue, à bout de souffle, appuyée contre une grille. Avait-elle imaginé ces ressentis, ce que ses yeux avaient cru voir ? Ce froid... Il ne faisait pas aussi froid, avant qu'elle ne pénètre ce bâtiment, à moins qu'elle ne le sente que maintenant, mais pourquoi ?...
Minael se redressa, et avança d'un pas, puis d'un autre. Sa gorge lui faisait mal, et ses poumons ainsi que chaque muscle la brûlait. Le froid mordait sa peau, accentué par l'humidité, la pénétrant jusqu'au plus profond d'elle-même, glaçant jusqu'à ses os, jusqu'à son âme, lui sembla-t-il même. La peur était toujours là, comme si elle la pourchassait, et elle avança, reprenant sa course à travers la ville déserte.

Combien de temps courut-elle en ayant l'impression d'être suivie, se retournant à chaque coin de rue, chaque bruit, réel ou imaginaire la faisant sursauter, elle n'aurait pu le dire. Jamais elle n'avait eu peur comme cela auparavant dans sa vie malgré le comportement de sa famille...
Arrivant devant cette maison ridiculement petite, elle tenta d'y entrer, en vain, la porte étant verrouillée pour la première fois depuis plusieurs semaines. Elle sonna, toqua pendant plusieurs minutes, avant de soupirer. S'il y avait quelqu'un, ils n'étaient certainement pas en état de l'entendre. Elle fit donc le tour, regardant par les fenêtres pour la plupart brisées ou condamnées. Elle s'arrêta devant la seule qui semblait encore entière, et y donna un coup de coude, avant de l'ouvrir complètement et d'entrer dans sa chambre, marchant sur le bureau recouvert de croquis et autres feuilles tapissés de plusieurs centaines de mots. Près du lit, plusieurs bouteilles vides... Son père était passé par là. Encore...

Minael regarda son bureau, recouvert de morceaux de verre et de traces de boues que ses chaussures avaient laissées, commençant à rassembler les papiers qui s'envolaient, soulevés par la brise nocturne. Elle les rangea dans un tiroir, avant de s'arc-bouter devant le meuble, le faisant glisser sur le sol dans un bruit aigu et peu agréable. Elle l'éloigna de la fenêtre avant de se tourner vers sa garde-robe. Il lui fallut s'y reprendre à plusieurs fois, mais après quelques minutes – et quelques regards inquiets vers la porte – la fenêtre fut masquée, la laissant dans le noir le plus complet.
Se dirigeant à tâtons tout en se félicitant d'avoir gardé ses chaussures à ses pieds en sentant les morceaux de verre craquer sous celles-ci, elle atteignit la porte qu'elle ouvrit pour pénétrer dans un couloir tout aussi sombre que la pièce qu'elle venait de quitter. Tendant l'oreille, elle se rendit compte que si ses parents étaient à la maison, ils étaient étrangement silencieux, et à l'étage... Elle ne voulait pas le savoir. Elle voulait oublier cette peur qui l'avait prise plus tôt dans la soirée, et dont le souvenir lui retournait encore l'estomac. Elle voulait faire taire ce corps qui la faisait souffrir, et ne plus entendre ces voix qu'elle savait imaginaires. Elle n'aurait pas dû revenir ici, elle en était consciente, mais elle n'avait nulle part ailleurs où aller.

Arrivée dans la salle de bains dont les seules protections contre le froid étaient un radiateur en morceaux et une pièce de tissu noir scotchée sur ce qui restait du châssis de fenêtre, elle ouvrit le robinet d'eau chaude et ferma le bouchon de la baignoire. Fouillant ensuite les meubles qui l'entouraient, elle trouva enfin après quelques minutes la boîte métallique, qu'elle ouvrit en souriant. Ses parents ne prenaient plus la peine de lui cacher leurs vices, et cela l'arrangeait plutôt bien, considérant le fait qu'ils en oubliaient par conséquent qu'elle existait, et donc qu'elle cachait elle aussi des secrets.
De la boîte à présent ouverte sortirent un lecteur mp3, qu'elle connecta aux hauts-parleurs, rangés eux aussi entre les minces parois de métal. La musique résonna lentement, et elle se déshabilla, laissant son coffre aux trésors à côté de la baignoire, ses vêtements sales et poisseux abandonnés en un tas humide dans un coin de la pièce. C'est en pénétrant dans l'eau brûlante qu'elle se souvint à quel point elle avait froid auparavant, et elle accueillit cette brûlure avec plaisir.
Lentement, au rythme de la mélodie résonnant à côté d'elle, elle se laissa aller en arrière, inhalant la fumée d'un joint qu'elle ne se souvenait même pas avoir allumé. Le doux clapotis de l'eau la berçait doucement, et elle tendit le bras hors de l'eau, saisissant à tâtons une bouteille qui trainait là, soupirant lorsqu'elle l'ouvrit, soulagée que personne ne l'aie remarqué avant. Il y avait toutefois peu de risques que cela arrive...

Après plusieurs minutes – ou étaient-ce des heures?- la température de l'eau lui sembla soudainement très froide... S'était-elle endormie ? Encore ? C'était plus que probable, car elle connaissait ce besoin pressant qui l'habitait en cet instant. Elle se leva, et sortit précipitamment de la pièce, retournant dans sa chambre où elle se saisit d'un crayon et d'un papier à dessin, traçant sans remâche des traits légers, jusqu'à-ce qu'un visage, puis un corps apparaissent. Elle laissa un grand espace au milieu de la feuille, ne pouvant plus continuer. Il manquait quelque chose, mais quoi ?
Soupirant, détestant ce bloquage qui ne la prenait que trop souvent en ce moment, elle remarqua le reste de son joint entre ses doigts, intact. Elle le ralluma, et retourna à la salle de bains, dans laquelle résonnait toujours la musique. Elle s'installa à même le sol sur un tapis de bain élimé qui avait connu des jours meilleurs, et s'adossa au mur froid, avant de s'endormir à nouveau après quelques minutes...

Perdue dans un univers sombre et sans rêves, Minael tentait de ne pas paniquer, consciente qu'elle dormait et certaine que rien ne pouvait lui arriver, même si cette obscurité était oppressante. Sentant soudainement une présence derrière elle, elle se retourna, et ne vit qu'une lumière aveuglante qui la fit se réveiller en sursaut, haletante. Elle ralluma encore une fois le reste de cône qui se trouvait entre ses doigts, fumant lentement avant de grimacer et de le jeter dans le cendrier. La tête entre ses mains, elle se décida à ouvrir les yeux, et se redressa précipitamment en voyant deux pieds, à quelques mètres d'elle.
Croyant d'abord à son père, elle remonta son regard le long des jambes, puis du torse. Elle distinguait à peine la silhouette, mais elle comprit que cet homme qui la fixait n'était pas son père à la stature droite et immobile qu'il gardait. Remontant sur son visage, elle remarqua qu'il était étrange, presque lumineux malgré la pénombre, la tête légèrement inclinée sur le côté et ses yeux d'un bleu perçant semblant lire au plus profond d'elle.
L'échange silencieux dura plusieurs minutes, chacun détaillant l'autre. L'homme n'avait pas l'air de lui vouloir de mal, mais sa manière de la fixer en silence était extrêmement dérangeante. Il lui fallut un effort surhumain pour briser le silence, et sa voix était enrouée de ne pas avoir parlé depuis peut-être plusieurs jours. « Qui êtes-vous ? » Les mots ayant à peine passé la barrière de ses lèvres, elle remarqua que cette personne lui rappelait quelqu'un, ne pouvant se souvenir de qui.
La réponse la frappa lorsque l'homme parla d'une voix grave. « Castiel. »

Minael le considéra un instant, silencieuse, puis éclata de rire. « Ah, parce que tu es sérieux, en plus ? » Il ne bougea pas, ne semblant pas comprendre la raison de cette hilarité. Elle se calma lentement, et saisit la boîte métallique qui se trouvait à côté d'elle avant de se lever, resserrant la serviette qui l'enveloppait, et se dirigea vers sa chambre avant un regard vers l'homme lui indiquant de la suivre d'un mouvement de tête, ce qu'il fit.
S'asseyant sur le lit, elle fit rouler entre ses doigts son tabac et son herbe dans une feuille, avant d'allumer le joint et de se relever, saisissant dans un creux de mur une bouteille remplie de liquide ambré. « T'en veux ? »
Il répondit par la négative d'un mouvement de tête, détournant le regard lorsqu'elle se remit en marche vers son lit sans se rendre compte que sa serviette était désormais au sol, trop occupée qu'elle était à boire à même le goulot en évitant les morceaux de verre qui jonchaient le sol. Au passage, elle se saisit d'une feuille sur son bureau, reposant l'alcool, et vint se positionner devant ce Castiel. Elle lui prit le menton entre deux doigts, et lui examina attentivement le visage, le comparant au portrait qu'elle avait dessiné plus tôt – quelques jours ou quelques semaines, quelle importance ?
« Pourrais-tu... T'habiller ?

- Pourquoi ? Je te mets mal à l'aise ? » Il ne répondit pas, mais plongea ses yeux dans les siens. Soudainement prise d'une gêne inhabituelle, elle se retourna, les joues rouges, et se saisit d'une robe dans son armoire. Déposant le joint dans un cendrier, elle enfila le vêtement et s'alluma une cigarette, avant de s'asseoir sur sa chaise de bureau, levant les yeux vers lui. « Donc, tu serais l'ange Castiel... Pourquoi je devrais y croire ?
- Pourquoi ne pas y croire ?
- Parce que tu es fictif. Les anges n'existent pas, les démons et le reste non plus... C'est quoi, la prochaine étape ? Tu vas me présenter Sam et Dean ?
- Non. Ils ont autre chose à faire...
- Parce qu'ils existent ? C'est quoi cette blague encore ? Ecoute, tu as l'air gentil, mais Castiel, Sam et Dean sont des personnages de série, c'est imaginaire, ils n'existent pas, même moi je le sais...
- Et tout ça ? Dit-il simplement en désignant le reste de ses travaux qui encombraient le bureau.
- Tout ça ? C'est rien du tout... Des histoires qui me viennent souvent après avoir fumé et vu la série... » Elle s'arrêta quelques secondes en relevant la tête vers lui. « Comment ça se fait que tu lui ressembles à ce point ?
- C'est le personnage qui me ressemble. Le dernier prophète a créé la série avec l'accord des Winchester pour tenter d'avertir le monde des dangers qui y rodent...
- Donc, tu espères me faire croire que tout ça, c'est réel ? L'Apocalypse, les exorcismes... Dieu ? » Il ne répondit pas, se contentant de la fixer silencieusement. « Pourquoi venir me voir ?
- Tu as vu quelque chose, cette nuit. Ces histoires, ces dessins que tu crées... Ils sont prophétiques, Minael... Quelque chose de grave se prépare. Quelque chose de pire que tout ce que tu peux imaginer, et je sais que tu le sens.
- Non, tu te trompes. Il ne se prépare rien, parce que rien de cela n'existe.
- Tu ne crois pas toi-même à ce que tu dis...
- Je t'interdis de prétendre savoir en quoi je crois ! Les démons, les anges... Dieu !? Pitié... S'il existait, il ne laisserait pas se produire ces atrocités, ou s'il existe, c'est qu'il les a créées ! Tu espères que je vais vénérer quelqu'un qui laisse souffrir des gens volontairement ? Que je vous aide ? Je ne sais déjà pas m'aider moi-même ! Alors fais-moi plaisir, et dis-moi pourquoi je devrais faire quoi que ce soit pour toi ! Et ne me parle pas d'un monde à sauver... Il n'y a plus rien à sauver, personne n'en vaut la peine !
- Minael...
- Dehors. Va-t'en, et ne reviens pas. Je ne veux plus te voir, ni te sentir près de moi, ni plus entendre ton nom ! »
Remarquant soudain qu'elle s'était levée en parlant, elle se retourna pour lui faire face, mais plus personne n'était là. La pièce lui sembla soudainement plus sombre, les ombres projetées sur les murs par la faible lueur de sa lampe de chevet l'effrayant... Elle s'allongea sur son lit, frigorifiée, se sentant soudain plus seule qu'elle ne l'avait jamais été. Le sommeil la happa sans qu'elle ne s'en rende compte, prise dans ses larmes et ses tremblements...

Des bruits de vaisselle brisée la réveillèrent en sursaut, et elle se précipita vers la cuisine pour y voir sa mère, à genoux et en larmes, ramasser des débris de porcelaine blanche. Minael s'agenouilla à ses côtés, et entreprit de l'aider. La remerciant d'un regard, sa mère se redressa soudainement quand des bruits de pas se firent entendre. Levant les yeux, elle vit son père, qui passa devant elles sans les voir, un verre à la main, et entreprit de faire à manger.
« Qu'est-ce qui se passe ? » Elle n'appelait jamais ses parents Maman et Papa. Pas plus qu'elle ne les appelait par leurs prénoms. Ils se parlaient, et c'était déjà ça...
« Il y aura du monde à la maison, ce soir...
- Quoi ? Qui ?
- Ca te regarde ? » Minael plongea ses yeux dans ceux, vides, de son père, avant de jeter un coup d'oeil à l'horloge qui se trouvait au-dessus de la porte. Dix heures, et déjà son père n'était plus lui-même...
Défiant son regard, elle se saisit du verre qu'il avait posé sur le plan de travail et le vida d'un trait, avant de partir, la tête haute, sans plus un regard pour ceux qui n'étaient en vérité que des géniteurs...
Elle avait besoin de parler à quelqu'un, songea-t-elle en enfilant un bonnet et une écharpe, avant de rouler un joint avec ce qui lui restait d'herbe en soupirant. Il fallait qu'elle s'éloigne de cette maison pour quelques jours, elle ne voulait croiser aucun des amis étranges de son père...

Le froid lui mordit le visage au fur et à mesure qu'elle avançait. C'était une matinée grise de décembre, glaciale et humide comme il y en avait trop. Mais cela importait peu.
Elle se rendit compte qu'il pleuvait lorsque la porte s'ouvrit, et que Léo écarquilla les yeux en la voyant, la faisant entrer en l'attirant contre lui. Après quelques secondes d'étreinte, il la fit entrer, et l'entraîna jusqu'à un canapé, où il la fit s'asseoir en l'enveloppant dans une couverture. Silencieuse, elle ralluma son joint, n'osant pas le regarder, ses cheveux bouclés dépassant de son bonnet et lui barrant le visage.
Son ami s'agenouilla devant elle et lui releva lentement le menton. « Naëlle... Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien, Léo... Je crois que c'est ça le problème...
- Toujours tes cauchemars ? » Elle hocha silencieusement la tête et leva ses yeux pleins de larmes vers lui.
« Je pourrais rester ici quelques jours ?... C'est l'enfer à la maison...
- Ma puce... » Il la prit dans ses bras, puis la regarda, d'un air désolé. « Je dois partir avant midi... Ils m'ont retrouvé...
- Qui ? Les flics ? » Il hocha la tête. « Alors... C'est fini ?
- On se reverra... Je ne sais pas quand, ni comment, mais un jour... »
Minael baissa les yeux. Léo était un de ses seuls amis. Bien sur, elle connaissait énormément de monde, mais elle ne se sentait elle-même qu'avec ce garçon qu'elle connaissait par hasard, l'ami d'une connaissance vague lui ayant donné son numéro un jour où elle cherchait de quoi fumer. Cela faisait cinq ans qu'ils se connaissaient, et pourtant aucun n'avait la moindre idée du véritable prénom de l'autre. Mais cela ne les dérangeait plus...
« D'accord... Il te reste quelque chose ?
- Plein. Je sais pas quoi en faire, par contre... Tu as combien avec toi ? » La jeune fille se regarda lentement, faisant semblant de tâter ses poches inexistantes, remarquant qu'elle était pieds nus.
« Rien... Pourquoi ?
- Savoir, ça m'aurait dépanné, mais bon. Je te ramène ?
- Si tu veux... »

Léo se saisit d'un sac à dos, de ses clés, puis l'entraina jusqu'au garage, où ils entrèrent dans une voiture qui avait clairement deux fois l'âge de Minael. Ils furent devant cette maison qu'elle détestait plus que tout en quelques minutes à peine, plusieurs voitures encombrant déjà l'allée. « Tiens... » Ses pensées durent interrompues par Léo qui lui tendait son sac. « Tu risques d'en avoir besoin...
- Que ?... » Elle l'ouvrit légèrement, avant de le refermer d'un coup sec. « Je pourrais jamais te payer...
- Qui a parlé de payer ? Considère ça comme un cadeau d'adieu... »
Elle l'interrompit, l'embrassant sauvagement, forçant la barrière de ses lèvres, qui cédèrent presque instantanément. Elle sentit une chaleur étrange en elle, et se détacha de lui, plongeant son regard dans ses yeux marron. « Est-ce qu'on aurait eu une chance ?
- Peut-être, Princesse... Mais pas dans cette vie. Tu vaux mieux qu'un dealer en cavale...
- Et si c'est ce que je veux ?
- Tu ne l'auras pas. Je ne veux pas te mettre en danger...
- Je n'ai pas vraiment besoin de toi pour être en danger, tu sais.
- Je sais. Tu n'es pas obligée d'y retourner, tu sais, dit-il en désignant la maison.
- Si. Je n'ai nulle part d'autre où aller... » L'espace d'une seconde, elle pensa à Castiel, puis chassa ce mauvais rêve de ses pensées. Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres. « Au revoir, Léo...
- Karl.
- Minael. » Sortant lentement, le sac négligemment jeté sur son épaule, elle s'éloigna et entra chez elle sans un seul regard vers cet allié qui partait...

De la musique et des rires résonnaient dans la maison, mais Minael les ignora, et alla se réfugier dans sa chambre, ouvrant son sac à dos et en inspectant le contenu... Il y avait pour plusieurs centaines de dollars à l'intérieur, si ce n'est plus... Elle prit un sachet minuscule, et rangea le reste au fond de son armoire, derrière un tas de vêtements. Elle serra le poing, fixant le petit morceau de plastique qui en dépassait, avant de soupirer... Quitte à devoir supporter cette journée, autant ne pas être soi-même...
Elle ne savait pas l'heure qu'il était. Avait-elle mangé ? Avec qui avait-elle parlé, et de quoi ? Jetant un regard autour d'elle, elle constata que sa mère était partie. Cela ne l'étonnait pas. Elle n'était jamais là...
Un joint dans sa main, sans comprendre comment il était arrivé là... Plusieurs bouteilles vides, devant elle... Combien avait-elle bu ? Et ces effets qu'elle ressentait... De quelle drogue provenaient-ils ? Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans un tel état, mais cela lui arrivait malheureusement de plus en plus souvent ces temps-ci. Cela lui permettait d'oublier la peur. Ca l'inspirait, aussi, et elle remplissait page après page des centaines d'histoires, et de dessins, tous sans exception en rapport avec cette série qu'elle n'aimait que trop. Cela la poursuivait jusque sans ses rêves... Car c'était bien ce qui s'était passé la nuit dernière : elle avait rêvé. Castiel serait réel, et ses écrits prophétiques... Elle rit tristement. Comme si un ange en avait quoi que ce soit à faire. Comme si qui que ce soit pouvait la sortir de cet enfer... Et, même si anges il y avait, ils avaient certainement autre chose à faire que de s'occuper de sa pauvre vie misérable et insignifiante...
Elle remarqua que le canapé-lit du salon avait été déplié, et qu'elle y était allongée en travers, de tout son long... Que s'était-il passé, encore ? « Ah... Tu es réveillée... »
Minael se redressa, et regarda son père, debout à côté d'elle, la toisant de toute sa hauteur, le regard froid. « Oui, je... S'est passé quoi ?
- Tu te souviens pas ?
- Non...
- T'as montré ton cul à tout le monde... Une vraie petite pute, tu te touchais la chatte et... » Elle arrêta d'écouter, soudain prise de nausée en voyant cette lueur mauvaise dans le regard de son père. Elle savait qu'il lui arrivait d'avoir une libido démesurée lorsqu'elle se droguait, mais elle le sentait en elle, elle ne s'était pas assez défoncée ce soir pour en arriver à ce stade... Pourtant, elle doutait. Son père avait l'air réellement certain de ce qu'il disait... Et cela lui faisait mal.

Elle tenta de se relever, désirant plus que tout se rendre dans sa chambre, mais le moindre mouvement lui était impossible, tant physiquement que moralement. Il fallait pourtant qu'elle bouge, ses parents faisant généralement chambre à part depuis plusieurs années, son père dormait dans ce même canapé qu'elle ne pouvait quitter. Résignée, elle tendit donc le bras vers la table basse et vida d'un trait un verre d'alcool qu'elle n'était plus en état de reconnaître, désirant plus que tout rejoindre l'inconscience au plus vite.
Minael se tourna vers l'extérieur, pendant que son père s'allongeait à ses côtés, la prenant dans ses bras après avoir ramené une couverture sur eux. Elle étouffait, ses bras autour d'elle, ses mains sur son corps, le sentir derrière elle la brûlait de l'intérieur, elle n'avait pas la force de se lever pour partir, mais n'avait plus assez de substances dans le sang pour se laisser aller à dormir non plus... Elle se sentait comme prisonnière de cette étreinte, la première depuis des années, peut-être même la première de sa vie...
Plusieurs heures passèrent, bougeant petit à petit un membre après l'autre, reprenant progressivement le contrôle de son corps, pour finalement réussir à se lever, et se dirigea le plus vite possible vers sa chambre. Le sac à dos fut vite sur son épaule, elle voulait partir, vite, loin, mais au moment où elle allait passer la porte elle remarqua sur le bureau quelque chose qu'elle ne reconnut pas. Elle se dirigea vers le meuble, ne pouvant se résoudre à abandonner cette part d'elle, et saisit autant de feuilles qu'elle pouvait en glisser dans le sac, son regard s'attardant sur ce dessin qu'elle avait réalisé plusieurs jours plus tôt. Il était terminé, à présent, et sur la majorité de la feuille étaient dessinées deux ailes noires... Elle froissa la feuille, les larmes aux yeux, et sortit de cette maison pour la dernière fois sans même la regarder.

Le froid la brûlait, elle n'aurait pas du s'asseoir sur ce mur, songea-t-elle en fumant. Mais ses pieds nus la faisaient souffrir après une si longue marche... Pourquoi oubliait-elle systématiquement de mettre des chaussures ?
Tirant un peu plus sur le joint, elle perdit son regard vers l'horizon gris, se surprenant à chercher un quelconque réconfort dans les arbres vides de feuilles, dont les branches déchiraient le ciel. Mais rien ne vint, si ce n'est l'amer souvenir de ces bras, autour d'elle. Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle leva le visage vers les nuages cotonneux qui semblaient avoir remplacé le soleil, se surprenant à espérer que quelqu'un, quelque chose, n'importe quoi lui vienne en aide. Elle n'avait jamais eu grand chose, mais le fait de ne plus avoir que le contenu d'un sac à dos la fit se sentir immensément vide. Certes, elle était en vie, mais pouvait-on appeler cel une vie ? Secouant sa tête sans cesser de fumer, elle se releva. Quelle idiote, ce n'étaient que des rêves, pourquoi cela serait-il réel ?
Elle songea à ces impressions qu'elle avait ressenties, le sentiment d'être suivie, observée, la peur aussi, et elle crut les ressentir à nouveau en reprenant sa route vers Dieu sait où... Dieu... Elle rit en repensant à son rêve de l'autre jour. « Castiel... Si tu es réel, fais quelque chose... S'il te plait... »
Avait-elle prononcé ces mots mentalement, où à voix haute ? Peu importait, après tout, car rien ne s'était produit, remarqua-t-elle après avoir jeté un coup d'oeil aux alentours. Très bien, cela se terminerait donc entre elle et elle-même, conclut-elle en jetant le joint mort dans le caniveau avant de tourner à un angle de rue, manquant de rentrer dans quelqu'un qu'elle n'avait pas vu. « Désolée, je... » Elle releva la tête, et ses yeux s'écarquillèrent. « Castiel ? »
Il ne prononça pas un mot, et posa simplement sa main sur son épaule. Elle se sentit voler le temps d'un battement de cils, puis sentit ses jambes toucher le sol à nouveau et se dérober sous elle. Des bras la retinrent, et elle se raccrocha à eux, serrant l'ange contre son corps aussi fort qu'elle le pouvait malgré le fait qu'elle se sentait plus faible que jamais. Elle tremblait, à la limite de l'hystérie, se rendant compte qu'elle pleurait, serrant sa chemise dans ses poings.