La tempête faisait rage. La pluie battait violemment contre les fenêtres de la chambre. Des éclats de foudre blancs illuminaient la pièce.

Elle était blottie dans le lit, si grand qu'elle aurait pu s'y perdre, son corps recroquevillé sur lui-même. Ses yeux bleu océan étaient grand ouverts. Un éclair apparu brusquement et elle les ferma en poussant un petit gémissement à peine audible.

Elle se leva doucement et sortit de la pièce en marchant à pas de loups. Elle avança dans le couloir. Descendit l'escalier de marbre et entra finalement dans une petite pièce.

La chambre était plongée dans le noir, mais les éternels éclats de foudre éclairaient la pièce.

Elle s'avança dans la chambre se pencha au-dessus d'un lit. La couverture se soulevait au rythme d'une respiration lente et régulière. Un éparpillement de cheveux d'un noir de jais s'échappait du couvre-lit.

« André… souffla-t-elle. André… Tu dors ?... Andréééééé… »

La silhouette bougea légèrement mais ne répondit pas. Elle insista, parlant un peu plus fort.

« André… Tu m'entends ? ANDRÉÉÉÉ ? …

_Hmmm… Oscar… c'est toi ? Dit une voix endormie depuis les couvertures. Je dors…

_Mais non puisque tu me parles… rétorqua-t-elle en apercevant le contour de son ami qui s'était finalement assis dans le lit en bâillant.

_Qu'est-ce qu'il se passe ? Dit André en étouffant un second bâillement.

_Je peux venir dans ton lit ? J'ai peur… Il y a de l'orage…

_Encore ? Pff… Ca fait trois fois cette semaine Oscar…

_Dis aussi que je te dérange ! s'exclama Oscar.

_Chuuuut ! Grand-Mère va t'entendre ! Viens… » répondit André en se décalant sur le côté du lit.

Oscar monta sur le lit et se blottit contre André. Un éclair traversa le ciel et elle serra un peu plus son ami.

« Je hais les orages… dit-elle, apeurée, nichant sa tête dans le cou de son ami.

_Ne t'inquiètes pas je suis là ! Répondit André en souriant. Mais j'ai sommeil…

_Ben dors !

_Tu me serres tellement fort que je ne peux pas respirer !

_Pardon… » Elle lâcha André et s'allongea à côté de lui. Son ami avait le don de la rassurer. Elle n'avait jamais peur s'il était là, avec elle. Les minutes s'écoulèrent dans le silence.

« Tu prends toute la place ! Maugréa André en la repoussant.

_C'est toi qui prends toute la place ! s'exclama-t-elle. Pousse toi un peu !

_Oui mais c'est mon lit ! rétorqua-t-il.

_Tu vas voir si c'est ton lit ! » s'écria-t-elle en bondissant sur lui. Elle le poussa de toutes ses forces afin de le faire tomber du lit. Mais André passa l'attaque et il se mit à la pousser à son tour. Ils s'engagèrent dans un combat acharné. Riant aux éclats.

Ils se chamaillèrent de longues minutes jusqu'à être totalement épuisé. Aucun des deux n'ayant gagné le combat. Ils s'allongèrent en soufflant, sur le lit complètement désordonné, le sourire aux lèvres. Un silence s'installa. Mais il ne dura pas longtemps, Oscar prit la parole.

« C'est Noël André…

_C'est ton anniversaire aussi…

_Déjà ? ça passe si vite…

_Joyeux anniversaire Oscar, souffla-t-il en lui souriant. Neuf ans… c'est vieux !

_Parles pour toi ! Dit elle en souriant à son tour. Tu es déjà passé à deux chiffres toi ! »

Les deux enfants rirent doucement et s'endormirent, blottis l'un contre l'autre. C'était Noël… Noël 1764.