Salut les filles!

Voici un petit OS écrit dans le cadre du concours du twilight contest.

J'y ai participé parce que le thème m'a bien inspiré et je me suis régalée à écrire cet OS et à le partager!

En ce qui concerne le concours, il y a un sujet imposé et des contraintes (nombre de mots de l'OS, mots imposés...)
Je vous la fait courte mais je vous invite à aller sur leur page pour plus de détails.

D'abord merci à Lisa et Déborah les organisatrices.
Je trouve géniale cette idée d'organiser des concours, pour les lectrices comme pour les auteurs.

Merci à celles qui ont lu et commenté ma fiction!
J'ai beaucoup aimé chaque commentaire. Je trouve qu'il y a un très bon esprit sur cette page!
Et merci à celles qui ont voté pour moi, je suis vraiment flattée!

Faut-il une suite à cet OS ?
Plus j'écrivais et plus j'avais d'idées mais bon, au bout d'un moment fallait bien que j'arrête. C'est un concours d'OS après tout.
Donc on verra...

Bonne lecture!

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7h18

Je suis en retard !

J'ai rendez-vous à 8h30, pas le temps pour le petit-déjeuner, pas le temps pour la coiffure... La douche ? Si quand même.

Je saute du lit et m'engouffre en titubant dans la salle de bains.

Dix minutes plus tard, je suis devant mon armoire en sous vêtement, totalement incapable de choisir une tenue.

Tic tac tic tac tic tac...

Je note mentalement : arrêter de procrastiner et préparer mes habits la veille.
Si seulement...
Je suis une rêveuse totalement insouciante. « On verra demain » est presque une devise.
Je galère, je rame, mais je ne change pas.

Je viens de Forks, minuscule bourgade de l'état de Washington. Là-bas, la vie est paisible, ennuyeuse. On a largement le temps de regarder les minutes passer.

Mes quelques mois passés à New York ne m'ont pas encore permis de prendre le rythme. On ne se refait pas. Mon kif c'est de flâner au ralenti dans les rues grouillantes, observer l'urgence de la ville.

Ceci dit, les contraintes professionnelles m'obligent souvent à accélérer mon pas traînant.

Je travaille pour Esmée Cullen. Une femme magnifique, intelligente, bienveillante.
Elle manage une entreprise d'art ou de création, je n'ai toujours pas trouvé le qualificatif officiel mais peu importe. Dans le même immeuble, se trouvent une galerie d'art, des bureaux de paysagistes, d'autres de décorateurs d'intérieurs, quelques-uns d'architectes, tous chapeautés d'une main de maître par Madame Cullen.

Ces services s'adressent en général à des entreprises qui souhaitent travailler dans un cadre agréable et plus rarement à des particuliers.

Pour ma part, je navigue entre les secteurs. Diplômée d'une école d'art, je suis chargée, en accord avec les professionnels et les clients, de dégoter des œuvres pour les incorporer dans le décor intérieur ou extérieur. Je parle bien d'œuvres d'arts, pas de petites fontaines ou de bougeoirs en toc.
Ici, que du haut standing, que du luxe.

Je reçois et je visite donc des chefs d'entreprise ou leurs assistants, des artistes, des employés de ma boite. Je ne m'en sors pas si mal pour quelqu'un qui aime la solitude et que rien de plus ne comble que de lire seule sous sa couette. Et Esmée est adorable et très conciliante.

Il faut dire que sa nièce, mon amie Alice, m'a chaudement recommandée.
Elle est installée sur New York depuis quelques années puisqu'elle y a fait ses études. Sept mois auparavant, elle m'a contacté en m'assurant qu'Esmée cherchait quelqu'un comme moi.
Seattle est la plus grande ville dans laquelle je n'ai jamais vécu alors New York me paraissait démesuré. En plus, je me sentais trop timide pour avoir le genre de relation que ce job impose.

Mais Alice est forte, très forte, et très persuasive.

Avant de me décider, j'ai obtenu un premier contact par vidéoconférence avec Esmée. Elle m'a tout de suite mise à l'aise. Je crois que je l'ai aimé au premier regard. Je me suis finalement décidée à faire le voyage pour la rencontrer, au moins une fois, pour ne pas avoir de regrets. Je ne suis jamais repartie.

Les trois mois d'essais sont terminés, je suis officiellement une employée de E.C. Company et je m'y sens très bien. Je me découvre des capacités insoupçonnées, toujours poussée et encouragée par Esmée.

Au travail, je ne suis plus Bella, je suis Isabella : propre sur elle, souriante, avenante, apprêtée, maîtrisant un vocabulaire impeccable.
Chez moi ou avec mes amis, je suis Bella : jamais coiffée, très peu maquillée, souvent en jean et baskets et un langage gentiment fleuri.

Il fait une chaleur écrasante. Pendant un instant je me dis que je vais juste sortir en sous-vêtements quand je tombe sur la robe idéale pour la journée.

Elle est noire, fluide, elle tombe à mi mollet et est très ample. Soutenue par deux fines bretelles, et fermée par de petits boutons sur toute sa longueur, elle n'est ni trop stricte, ni trop décontractée, ni trop sexy, juste parfaite. En plus elle s'enfile en deux secondes.

J'attrape mes derniers indispensables, ma sacoche avec mon ordinateur et ma précieuse présentation.

Aujourd'hui c'est le grand jour. Dans quelques minutes, je reçois M. Cullen. Oui comme Esmée, mais non, pas son mari, son fils.

Pourquoi moi ? C'est la question silencieuse que je lui ai posée quand elle m'a appris que je devais m'occuper de ses achats. Apparemment mon regard horrifié n'a pas été assez éloquent puisqu'elle n'a pas daigné m'en expliquer les raisons. Peut-être aussi simplement parce que c'est ma mission dans cette boite…

Je suis donc stressée depuis une vingtaine de jours, dans l'attente de cette réunion. Je veux l'éblouir, me prouver que je ne suis pas là parce que je suis l'amie d'Alice mais parce que je déchire !

Et je suis en retard bordel !

Je chausse les escarpins d'Isabella, je remplis mon mug thermos de café (ma cafetière est programmable, donc jamais en retard elle) et je descends les cinq étages à pied.

Je suis dans la rue, en nage, et je dois encore trouver un taxi.
Dans les films, les taxis semblent s'arrêter dès que le personnage principal lève le bras, sauf si celui-ci passe une journée de merde.
Soit l'ensemble de mes journées sur New York sont pourries, soit je ne suis pas le personnage principal d'un film. Dans tous les cas, je marche dix bonnes minutes avant d'en trouver un.
La banquette est vraiment limite et mes pieds sont déjà douloureux mais je suis en route et je ne pourrais pas aller plus vite.

Je bois mon café d'une traite, ma jambe sautille, je regarde défiler les rues et pour une fois, elles ne passent pas assez vite.

A 8h28, le taxi me dépose. Je n'ai pas encore fini de payer qu'un homme ouvre la porte brutalement. Ce genre de personne a le don de m'horripiler. Je lui fais mon regard le plus noir. S'il ose me toucher pour me sortir je le mords.

A peine suis-je descendue qu'il me bouscule, faisant tomber ma sacoche au passage, et qu'il claque la porte.

C'est à cet instant que tout a basculé. Jusque-là, je pouvais me rattraper, je pouvais encore arriver à l'heure, je pouvais encore faire une présentation béton, je pouvais encore garder ma dignité et envisager un futur serein.

Le taxi démarre et je sens ma robe tirer sur mes épaules.

Ça ne peut pas m'arriver, ça ne peut pas être ça ! Je fais un pas en avant mais j'entends les boutons sauter. Le son est distinct, un par un ils s'envolent.
La relativité est un concept si simple à comprendre en cette demi-seconde interminable.

Je ne crie pas, je reste sans voix. L'expression prend tout son sens, les sons s'étouffent dans ma gorge tellement la surprise est énorme.

Je me retrouve en sous-vêtements et escarpins sur le trottoir d'un quartier d'affaires de New York !

Je récupère ma mallette pour cacher mes fesses, je plisse les yeux. A demi agenouillée (pourquoi à demi je ne saurais dire) je maudis cette robe et cet homme trop pressé.
La seconde d'après, je prie. D'ailleurs je ne sais pas bien comment m'y prendre alors je répète des « s'il vous plait » entre mes dents.

J'ouvre un œil et je m'aperçois que ma situation est encore inaperçue. Réfléchir, je dois réfléchir mais merde, je n'y arrive pas, je panique complètement. En plus j'ai mis un string ! Mais pourquoi mettre un string avec une robe alors qu'on n'a pas d'amoureux à qui faire plaisir ?

C'est au moment où je désespère de garder ma décence une seconde de plus, que je sens un tissu me couvrir et deux mains fermes accrocher mes épaules.

Alors il (ces mains et cette veste ne peuvent pas appartenir à une femme) lève le bras et un taxi s'arrête immédiatement. C'est lui ! C'est le héros du film, le film de ma journée.
Sans hésitation, j'entre dans le véhicule, suivie de près par un inconnu qui semble bienveillant.

Je reste pétrifiée. Je m'accroche aux revers de la veste comme si elle pouvait s'envoler (ce genre de chose ne peut pas arriver deux fois de suite n'est-ce pas ?). Je n'ose pas lever les yeux vers mon sauveur, trop honteuse et encore un peu trop dénudée pour être rassurée.

- On dirait que ce n'est pas votre jour de chance.

La fascination qu'exerce cette voix sur moi est terrifiante. La tentation est trop forte, j'oublie ma confusion et je pose un regard sur l'homme au ténor si séduisant.

Surprise ! Un mannequin, il s'agit d'un mannequin ! Je n'ai jamais vu un être si beau, si charismatique.

Nous restons dans les yeux l'un de l'autre un moment jusqu'à ce que son expression change.

- Excusez-moi, un coup de fil à passer.

Bien sûr, il doit avoir une petite-amie quelque part sur Terre et évidemment il est si attentionné qu'il l'appelle pour lui expliquer où il se trouve et pourquoi. Le genre de petit-ami que je n'aurais jamais, moi...

- Oui.

Son ton s'est fait autoritaire et me laisse pantoise mais je sais me tenir, je fais l'air de rien.

- Reportez mes rendez-vous de ce matin.

C'est alors que j'atterris. Esmée ! Elle m'attend ! Avec son fils ! Bordel !

Je cherche mon téléphone en prenant soin de dissimuler le plus de peau possible, pas franchement évident.

- Bonjour... oui... c'est Bella.

- Bella ! Nous t'attendons !

- Excusez-moi, je suis en retard. Croyez bien que si les événements n'étaient pas si rocambolesques je serai arrivée depuis longtemps.

Oui je mens un peu sur l'heure d'arrivée mais bon, ce qu'elle ne sait pas ne peut pas lui faire de mal. Et ma matinée est plutôt dramatique, j'ai le droit d'arranger les choses à ma sauce.

- Que t'arrive-t-il ?

Mince, je suis gênée. Comment faire à votre patronne aussi sympa soit-elle ce genre de révélation ? Soyons simple.

- Ma robe s'est déchirée en pleine rue.

- Déchirée ?

- Je dirais même... envolée...

L'homme à côté de moi a terminé sa conversation et semble s'amuser de mon embarras.

- Oh ma pauvre enfant ! Mais comment ?... Attends...

Elle me met en attente. Je reste passablement inquiète.

- On vient de m'informer que mon fils a reporté le rendez-vous. Tu as de la chance jeune fille.

J'adore son ton ! Elle fait genre « je te gronde » mais personne n'y croit, elle est trop douce.
Je soupire, largement soulagée.

- Excusez-moi encore, vraiment je suis confuse.

- Ne t'en fais pas, tout est bien qui finit bien. Il faudra que tu m'expliques ce qui s'est passé !

Je ris jaune.

- Reviens quand que tu le peux, mais dans tous les cas, sois là pour quatorze heures.

- Merci Esmée, je serai là.

- Et habillée !

Je souris nerveusement. Sa blague n'est pas du meilleur goût.
Je raccroche avec un sentiment d'inconfort cuisant, comme si mes péripéties allaient me suivre un moment au sein de la boite.

- Esmée ? Demande l'homme.

Je n'ai pas l'impression qu'il me parle.

- Oui Esmée Cullen, mon employeur. Vous la connaissez ?

Il me regarde d'un air mi inquisiteur, mi amusé. Qu'est-ce qu'il est beau. Je suis subjuguée.

- Esmée, comme... l'île ? L'île d'Esmée ?

Mon visage parle pour moi. Je ne comprends rien à ce qu'il raconte.

- Pardon, j'ai cru que vous parliez d'une île où je suis allé en vacances l'été dernier.

- Heu... non... pas du tout.

- C'est un endroit magnifique.

Il est bien gentil avec ses obscurs souvenirs de vacances mais maintenant que je m'en suis sortie avec mon boss, je dois penser à m'habiller.

- Merci pour votre geste. Vous sauvez ma journée et peut-être ma vie.

- Je vous en prie. On pourrait peut-être se tutoyer ?

- Oui, je suis Bella, Bella Swan.

- Je suis Edward.

Juste Edward ? Il voit à mon expression que j'attends son nom de famille.

- Masen, Edward Masen.

- Merci beaucoup Edward. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans toi. Si je peux faire quoi que ce soit pour te remercier n'hésite pas, ce sera avec plaisir.

Il ne répond pas et fixe la rue. Son silence me laisse perplexe mais je n'ai pas le temps de m'attarder.

- Tu peux me déposer devant une boutique de vêtements, je vais m'en sortir.

- Tu ne veux pas passer chez toi ?

- Non j'habite trop loin et je veux être au bureau le plus tôt possible.

- Alors on peut aller chez moi.

Mes yeux sortent de leurs orbites. Est-ce une vraie proposition ? Mon sauveur aurait-il des relents de pauvre type ?

- C'est de l'humour, un peu foireux je te l'accorde mais détends-toi, je plaisante.

La déception est poignante. Quel humour de merde dans un si beau corps !

- J'ai bien une petite idée…

Encore une blague ?

- C'est à dire ?

- Je t'accompagne.

- C'est à dire ?

Oui je me répète mais je ne vois pas du tout où il veut en venir.

- C'est à dire que je choisis le magasin et je choisis la robe.

- Tu plaisantes encore ?

Je suis suspicieuse, je sens le coup foireux.

- J'ai deux heures de libre, allons-y.

Il donne une adresse au chauffeur et je reste coite.

- Non ! Je... Non !

Mon argumentaire est mince, peut-être un peu trop.

- Bella, tu m'as demandé de quelle façon tu pouvais me remercier et bien de cette façon. Rappelle-toi, j'ai sauvé ta journée et peut-être ta vie, tu me dois bien ça. On va dans ce magasin, je choisis une ou deux robes sympas et tu repars travailler.

Sa voix est sans appel, il ne propose pas, il impose avec un sourire à tomber mais un regard on ne peut plus sérieux. Il vient de passer de sexy Edward à sexy putain d'Edward.

- Une ou deux robes ? Pourquoi deux ? Une seule suffira bien assez.

Il me regarde avec les yeux brillants, la commissure de ses lèvres se soulève et révèle une fossette tout à fait irrésistible.

Il ne prend pas la peine de répondre et tourne la tête vers la vitre.

Je n'ai pas vraiment le choix. Je suis nue dans sa veste. S'il décide de la reprendre et de me jeter dehors, je retourne à la case départ.

Alors je me mords la langue et prends mon mal en patience. Quelques minutes, c'est l'affaire de quelques minutes tout au plus. Mais bon sang quel mufle !

Le taxi s'arrête devant un magasin somptueux.

Je mets les bras dans les manches de la veste et je me sens ridicule. Ce sentiment augmente considérablement lorsqu'il vient près de moi et d'un cran encore quand nous pénétrons dans la boutique. Elle est immense, immaculée et la moindre pièce coûte mon salaire.

- Est-ce qu'ils font des soldes ?

J'ai du mal à comprendre la signification du petit sourire qu'il me sert. Je penche pour de l'arrogance.

J'insiste quand même.

- Edward, je n'ai pas les moyens d'acheter ne serait-ce qu'une paire de chaussettes dans ce lieu !

Bien sûr je chuchote. Il est tôt et l'endroit est vide mais je ne tiens pas à me faire remarquer, pas à moitié nue, en escarpins et veste d'homme.

Il baisse son visage à hauteur de mon oreille. Ses lèvres sont très proches quand il murmure.

- Si je choisis la robe, je te l'offre bien sûr.

De l'arrogance, il s'agit bien de ça. Je déteste la façon dont il me coince. Je n'ai pas d'autre choix, je suis à sa merci, l'idée est très inconfortable.

Nous n'avons fait qu'un pas dans l'allée centrale qu'une magnifique rousse s'approche avec un beau sourire.

- Monsieur...

- Victoria ! La coupe-t-il en criant presque.

Il est tout de même bizarre ce type.

- Nous avons besoin d'une robe...

- Ou d'un pantalon, le coupe-je à mon tour.

Il darde sur moi un regard dédaigneux.

- Je disais donc une robe (il insiste sur ce mot) pour cette jeune femme. Est-il possible d'utiliser la cabine privative ?

- Bien entendu.

- Parfait allons-y. Oh et … Veux-tu un café ?

Est-ce à moi qu'il parle ? Oui si j'en crois la direction de ses yeux.

Je hausse la tête, ébranlée par la scène qui se joue. Outre le fait que je sois peu habillée, je suis aussi peu à l'aise ici qu'Edward est dans son élément. J'ai l'impression d'être dans un film.

- Et deux cafés. Merci.

La dite Victoria me scrute de bas en haut avant de nous précéder pour nous mener à notre « cabine privative ». Je me demande bien ce que ça signifie et à quoi joue Edward. N'importe quelle robe en 38 fera l'affaire, inutile de privatiser quoi que ce soit pour ça.

Derrière une porte au fond de la boutique je découvre une pièce confortable avec une banquette matelassée en cuir et une table basse laquée. Dans un renfoncement, se trouvent deux grandes portes qui, j'imagine, cachent des cabines simples. Le tout est blanc, simple et sophistiqué.

Je peux déposer ma mallette et m'asseoir pour boire un café déjà prêt. Victoria est très pro visiblement.

- Quel style de robe vous plairait ?

Elle s'adresse à Edward et je fulmine intérieurement. Je n'ai rien d'une poupée et je ne compte pas passer ma matinée ici.

- Excusez-moi, mais il s'agit d'un vêtement que je vais porter. Je devrais avoir mon mot à dire sur le choix ne pensez-vous pas ?

Mon ton est poli mais sans aucune hésitation. Je m'adresse à Victoria autant qu'à Edward.
Celui-ci se retourne doucement et tout sourire, les yeux pétillants, il répond.

- Ce n'est pas ce qui est convenu.

Je suis sciée, totalement déstabilisée par son aplomb et le décalage entre son air presque angevin et ses mots tranchants.

Il lui donne des indications que je n'entends pas. Il est de dos et ne se retourne pas une fois sur moi. Je reluque discrètement ses fesses parfaitement mises en valeur par son pantalon griffé avant de me rappeler qu'il est un manipulateur sans foi ni loi.

La rouquine est trop enjôleuse pour une simple vendeuse, en même temps, on ne peut pas lui en vouloir de draguer Edward, à condition d'aimer les jeunes riches orgueilleux.

Elle quitte la pièce et je me retrouve seule avec monsieur Masen. Un homme dont je ne connais rien et dont je ne compte plus entendre parler après aujourd'hui.

Il s'assoit près de moi sur le sofa, se tourne dans ma direction et sourit. Ses pupilles brillent d'un vert limpide, ses lèvres sont craquantes et ses cheveux sont faits pour être emmêlés encore et encore. Sa présence et son regard font pétiller mes tripes. Heureusement qu'il ne parle pas, je pourrais mouiller dans la seconde. Je dois garder en tête qu'il est arrogant, présomptueux dans son attitude et avec un humour de merde qui plus est.

Je me lève. Cet homme est aussi beau qu'agaçant, il me tarde d'en finir avec la robe et avec lui.

- Ne sois pas si nerveuse, détends-toi. Un homme t'offre des vêtements, n'est-ce pas le rêve de toutes femmes ?

Misogyne avec ça !

- Tu as une idée bien abjecte des femmes.

- Pas du tout, je les aime trop pour ça.

- Et tu ne penses pas que c'est rabaisser les femmes que de penser les combler en leur achetant des habits ?

- Je n'ai pas parlé de les combler. Je connais des moyens bien différents pour ça.

Je vais pour répondre mais je tombe dans son regard intense. Il est un appel au sexe ambulant. Je ne dois pas perdre la face, je me reprends.

- Alors il faut croire que je ne suis pas comme toutes les femmes.

- J'en ai bien l'impression...

Il est très fort. Maintenant il joue la flatterie. Je ne suis pas dupe, hors de question que je me laisse avoir.

A ce moment-là, la vendeuse revient avec une tringle roulante chargée, bien trop chargée selon moi.

Je me tourne vers Edward.

- C'est un peu exagéré.

- As-tu la prétention de croire qu'elles iront toutes ? Sourit-il insolemment.

Je prends un cintre au hasard et je m'engouffre dans la cabine avant de dire quelque chose que je pourrais regretter. Après tout je suis toujours vêtue d'une veste qui ne m'appartient pas et je suis dans un magasin dans lequel je ne pourrais rien m'offrir qui puisse couvrir suffisamment mon corps.

Une fois en sous-vêtement, je jette un œil à la robe. Elle est blanche et paraît plus courte encore que la veste. Je dois rêver ou faire un cauchemar.

Je la passe. Elle est plus longue que je ne le pensais. Elle doit arriver à peu près au milieu de mes cuisses. Le décolleté est si échancré que je ne vois pas comment la porter avec un soutien-gorge et sans celui-ci, la vue serait indécemment plongeante.

Je n'ose pas sortir de la cabine. J'entrouvre la porte et appelle cette chère Victoria.

- Mademoiselle ?

Elle arrive en deux secondes.

- Un problème ?

Je lui montre la robe sur moi.

- Oui en effet. Elle est à l'envers, le décolleté est dans le dos.

Je suis rouge de honte ! Je la remercie et m'enferme pour me cacher. Faut-il avoir fait bac plus dix pour porter une robe de cette boutique ?

Je m'habille correctement cette fois-ci.

Elle me plaît. L'échancrure du dos est souple et s'arrête très bas sur les reins. Elle est longue jusqu'au-dessus du genou et galbe parfaitement mes formes menues. Mais ce n'est pas mon style et elle est bien trop habillée pour le travail.

Que suis-je sensée faire ? Dois-je déambuler dans la cabine privative comme « Pretty Woman » ou juste l'appeler pour la lui montrer ? Je choisis la deuxième option.

- Edward ?

J'entends la voix et le rire de crécelle de Victoria. Elle doit être aux anges… aux anges avec un démon.

Il arrive et me scrute de bas en haut. Lorsque ses pupilles croisent les miennes, une lueur que je ne saurais définir affole mon estomac.

- Viens par ici.

En trois mots et une main offerte, il m'entraîne au milieu de la grande pièce.

- Elle est très jolie, dit-il hésitant. Mais pas parfaite. Essaies-en une autre.

C'est là que je comprends que je vais passer un long moment avec Edward, à faire la Barbie pour son seul plaisir. Et je devine que son plaisir est de me faire exploser.

Je continue donc ainsi de passer les tenues. Toutes sont exactement à ma taille, rien à voir avec des vêtements de prêt-à-porter. Les tissus sont très agréables, les coupes impeccables mais aucune ne trouve grâce aux yeux de monsieur Masen.

Plus les minutes passent plus j'enrage.

Petit à petit, il se permet des attouchements, toujours très légers et courtois. Il ajuste une bretelle, repousse mes cheveux de mon épaule, prend ma main pour me faire tourner sur moi-même. Chacun d'entre eux provoque un frisson que je ne parviens pas à maitriser.

Dans le même temps, il se permet des réflexions déplacées : « celle-ci ne met pas en valeur tes jambes », « celle-ci est trop serrée on dirait une allumette », « celle-ci te fait ressembler à un chou-fleur ».

J'avoue que la tension est maximale. D'une part ses réflexions m'exaspèrent, d'autre part, ses mains et son regard me font fondre. Chaque fois qu'il s'approche, bien malgré moi, il allume une étincelle au creux de mon ventre, plus encore s'il me touche, même s'il s'agit d'un effleurement.

Au bout de trente minutes Victoria nous a quittés, sûrement occupée avec d'autres clients. Au bout de quarante-cinq minutes, je ne supporte plus ni Edward, ni cette situation grotesque. Il faut croire que je suis prête à retourner nue dans la rue parce que je vide mon sac.

- Le jaune n'est pas ta couleur, affirme-t-il avec un œil expert planté sur mes seins.

- Mais je m'en fous ! Crie-je. J'en peux plus, choisis une robe n'importe laquelle et qu'on en finisse ! Ça fait presque une heure maintenant, je suis rincée et j'ai une journée de travail bien remplie qui m'attend !

Non, je n'ai oublié ni le fils Cullen ni ma présentation.

- Tu peux aussi le dire gentiment.

Je grogne en lui envoyant un regard électrique.

- Je m'en charge.

Il fait volte-face et pénètre dans le magasin.

Furieuse, j'entre dans la cabine. Je me déshabille et jette la robe jaune au sol. Je m'assois sur le petit banc et met la tête dans mes mains. Ce type aura ma peau. Comment peut-on être si excitée et si démente face à un homme ? Je connais la réponse je ne veux simplement pas me l'avouer. Je dois avoir les idées claires et retourner bosser le plus vite possible.

La porte s'ouvre sur...Edward !
Je me lève d'un bond.
Je suis en sous-vêtements et je m'attendais à voir Victoria la folle séductrice. Jamais je n'aurais soupçonné qu'il puisse s'occuper des basses besognes.
Pour la deuxième fois de la matinée, Edward me voit en petite tenue et je peux affirmer que ce qu'il voit lui plaît. Ses pupilles se sont assombries, sa bouche est entrouverte.
Quelques secondes passent pendant lesquelles nous restons pétrifiés.

- Qu'est-ce que tu fous là ? Bouge !

- Impossible, souffle-t-il.

Dans le même temps, sa bouche fond sur la mienne. D'abord surprise et désemparée, je le repousse. Ses yeux sont foncés par le désir, il respire profondément, ses mains sont suspendues prêtes à se jeter sur moi une nouvelle fois.
La sensualité qu'il dégage est irrésistible. Je craque et c'est moi qui l'étreins. Ses lèvres sont si douces, sa langue si délicieuse que je ne peux pas résister. Je m'abandonne à son baiser avec autant de fougue que lui. Trop énervée et chamboulée, j'ai besoin de lâcher prise. J'empoigne ses cheveux pour le serrer plus contre moi. Ils sont doux, épais, exactement faits pour mes doigts. Un gémissement rauque lui échappe.

Ses mains passent de ma taille à mes cotes et l'une d'elle saisit mon sein. Elles sont puissantes et tendres, sa bouche toujours plus exigeante.

Je défais les premiers boutons de sa chemise, il me plaque contre le mur. Son bassin frotte le mien et le désir monte en moi comme jamais. Mon soutien-gorge disparaît et sa bouche vient jouer avec mes tétons.
Trop bruyante à son goût, il remonte vers mon visage et murmure tout contre ma bouche.

- Chut, tu ne voudrais pas qu'on nous interrompe.

L'interdit ajoute une note d'excitation.

J'essaie de l'embrasser mais il recule son visage. Il fait son sourire en coin, ses yeux pétillent de malice et je suis sur le point d'exploser.

Alors je rentre dans son jeu.

- Edward, je susurre.

Ma main descend sur son entrejambe.

- S'il te plait, badinai-je.

Je caresse langoureusement son sexe sous son pantalon. Sa main passe entre mes jambes. Il grogne et ce son déclenche une série de frissons dans mes tripes.

- Qu'est-ce que tu veux ?

J'aime l'intonation de sa voix, si masculine et pleine de désir.

- Edward... soupire-je.

Mon visage s'approche de son oreille. Je suçote son lobe en prenant tout mon temps.

- Baise-moi, murmure-je.

Il n'en faut pas plus pour le rendre fou. Il empoigne mes fesses et me soulève du sol. Il ne joue plus, il me veut ici et maintenant.

Mes plaintes se perdent dans sa bouche, ma main tente de défaire sa ceinture. Il m'aide et son pantalon tombe sur ses chevilles. Le miroir dans son dos me laisse voir son beau cul moulé dans son boxer. Il le baisse d'une main tandis que l'autre me maintient toujours dans ses bras.

Il ne prend pas la peine d'enlever mon string, il l'écarte simplement.
Nous sommes dans l'urgence, la nécessité vive d'être connectés.
Ses mains ouvrent au maximum mes cuisses et son sexe entre en moi.

- Putain !

- J'adore quand tu jures.

Et moi je vis une foule de choses que j'adore. Ses baisers accompagnent ses poussées douces. Il se dégage de notre étreinte une volupté insensée. Mes pieds se crochètent dans son dos pour avoir un appui et pouvoir le suivre.

Il me soulève et me colle contre le miroir. Je suis saisie par le contraste entre le froid de la paroi et la chaleur de son corps. Ses assauts deviennent plus durs, plus insatiables. Son ventre frotte contre mon clitoris et je sens l'apothéose proche.

- Edward, couine-je. Je vais venir… plus fort…

Alors il m'embrasse fougueusement et accélère encore.

Notre jouissance est volcanique et simultanée. Il mord mon épaule pour étouffer son râle et cette sensation exacerbe encore mon extase.

A bout de souffle, il s'assoit sur le banc, moi sur lui, ou devrai-je dire lui en moi.

Nos corps en sueur collent l'un à l'autre. Mon visage est dans ses cheveux, sa tête sur ma poitrine, nous reprenons nos souffles.
Nous sommes dans une cabine d'essayage, dans un magasin très chic et nous venons de baiser comme des ados. Et quelle baise ! Une des meilleures de ma vie.

Il relève son visage et m'embrasse doucement. Ce baiser est particulier, plus apaisé. Mon cœur palpite. Edward me fait un effet différent des autres hommes que j'ai pu connaître. Je viens de le rencontrer mais ce constat est flagrant.

Pourtant, je romps notre baiser et je me lève.
Il m'observe. Je me rhabille en évitant son regard.
Je passe la robe qu'il a choisi lui-même.

Elle est somptueuse, exactement ce que j'aime. Elle est bleu nuit, très simple, juste cintrée avec un décolleté avantageux sans être provocant et soutenue par deux bretelles très fines.

Je suis soulagée, c'est elle, il ne peut pas y en avoir d'autre.

Je lance un sourire satisfait à cet amant magnifique.

- Elle est parfaite, tu es sublime.

Je baisse les yeux, intimidée par son compliment.

Cette scène, tous les événements de la matinée sont bien trop perturbants pour mon propre bien. Je ne pense plus qu'à m'éloigner de lui.

- Je dois y aller, marmonne-je.

Edward se redresse vivement et serre doucement mes bras.

- Tout va bien Bella. Tu as besoin d'une douche, sourit-il.

Le retour de l'Edward arrogant ne me plait pas. Il est donc sans espoir.

- Tu pues le sexe, rit-il.

Je me trompe, aucune arrogance dans son ton. Il est drôle et enjoué.

- Je te propose de t'offrir une douche. J'habite à deux pas. Ensuite nous retournerons au travail.

Ce disant il caresse mes cheveux et son regard est si intense, que je ne peux pas lui refuser.

Lorsque nous sortons de la cabine, Victoria vient à notre rencontre. Elle darde un œil mauvais sur la main d'Edward posée au creux de mes reins. J'ai envie de sourire mais je ne suis pas une sale gosse.

- Veux-tu m'attendre dans l'entrée ? J'en ai pour une seconde.

Non je ne veux pas. Je me demande pourquoi il doit lui parler sans moi. Pourtant j'obéis.

Devant le magasin, la chaleur est encore plus étouffante qu'en début de matinée. Le malaise revient. Edward réveille tant de confusion en moi qu'il me semble que pour la faire cesser la seule solution est la fuite, retourner au travail et ne plus le revoir.

- Bella ?

Il est à quelques mètres devant moi. Il tient la porte ouverte d'un taxi. Il m'attend, détendu, un sourire amusé aux lèvres. Parfait. Peut-être trop pour être vrai.
Mais peut-être est-il un leurre. Peut-on réellement passer du goujat au gentleman en quelques minutes ? J'en doute.

Dans le taxi le silence est pesant. Je ne le connais pas, pourtant, il m'a sauvé d'une situation délicate, il a brisé mon abstinence que j'allais commencer à compter en année, il chamboule mon quotidien. Il est dangereux. Un homme aussi beau et riche ne doit pas laisser indifférentes les femmes les plus désirables. Je ne suis qu'un amusement facile pour lui. Son changement d'humeur renforce cette idée. Il veut profiter encore un peu de moi puis je n'entendrais plus jamais parler de lui.

Edward prend ma main, il la masse sensuellement.
Mes tripes pétillent malgré moi.
Si je ne suis qu'un amusement, alors autant me prêter au jeu, je n'ai rien à perdre.

La résidence d'Edward est, sans surprise, luxueuse au possible. Blanche comme le magasin mais de marbre. Dans l'entrée, un concierge le salue poliment.
Je baisse la tête. Il doit voir un paquet de filles défiler au bras de monsieur Masen. Je me sens honteuse d'être l'une d'elle.

L'appartement est immense. Les murs sont dans les tons taupes et gris clair. De fin rideaux clairs sur d'immenses baies vitrées filtrent les rayons du soleil de New York. La vue est surprenante.
L'objet le plus exposé est le piano à queue, noir, sombre et élégant.

Je reste muette. Je ne veux pas trop en connaître sur lui, dans une demi-heure, il ne fera plus partie de ma vie, ni moi de la sienne et cette idée me réconforte dans un sens.

Il s'approche et prend mon visage en coupe. Mes jambes flageolent.
Son regard est empli de tendresse, de considération.
Je me sens décalée. Je ne comprends pas pourquoi il m'impose un tel sentiment pour disparaître dans quelques minutes.
Je me détourne.

- Où est la douche ?

Je suis un peu froide mais j'ai besoin de me ressaisir. S'il me touche je n'y arriverai pas.
Son regard est étrange, étonné et amer.

- Suis-moi.

Son comportement change de nouveau. Il se renferme. Je préfère. On ne va pas se faire de promesses, nous savons tous les deux que ça ne mènerait à rien.

Il me montre le nécessaire de toilette sans un mot et prend la direction de la porte pour sortir.

- Tu ne te douches pas avec moi ?

Je suis surprise.
Il redresse à peine la tête et répond sans me regarder.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

Je prends une gifle. Pour le coup, je ne l'ai pas vu venir celle-là.
Je reste coite et déçue. Je n'ose pas le rattraper. Je ne comprends pas bien ce revirement de situation.

Je me déshabille, un peu déconfite et certainement dépitée.
Je suis sous la douche quand j'entends le rideau coulisser dans mon dos. Je devine qu'Edward pénètre à l'intérieur. Je n'ose pas vérifier. Je ne veux rien faire qui puisse le faire reculer.

- Tu as…

- Ne dis rien.

Son ton n'est pas brutal, au contraire plutôt doux. Je me tais.
Il fait glisser sa main de mon épaule à mon cou, jusqu'à mon visage. Il le détourne vers le sien et m'embrasse. Spontanément je tente de me retourner mais là encore il intervient.

- Ne bouge pas.

Encore une fois, il demande plus qu'il n'ordonne mais je n'y peux rien, j'obéis docilement. Sa voix a comme une touche de mélancolie qui me touche. Je ne peux pas résister, je n'essaie même pas.
Son baiser est tendre, langoureux. Il dure et je ne me rassasie pas de ses lèvres, de sa langue. Jamais personne ne m'a embrassé avec autant de sensualité.

Sa bouche descend dans mon cou tandis que ses doigts emplis de mousse passent sur mes bras. Il pose mes mains sur le carrelage de la paroi.

- Ne bouge pas.

La tonalité de sa voix résonne dans mon bas ventre. Ce type m'excite en trois mots.

Notre échange est lent. Je savoure son odeur, la douceur de sa peau, la lascivité de ses gestes, son ton si troublant.

Il prend son temps pour trouver mes seins. Il les contourne, effleure mes pointes déjà tendues. Enfin, il les prend dans ses paumes et un gémissement m'échappe. Son sexe vient alors frotter contre mes fesses. Je remarque à quel point il est long et ferme. Une de ses mains délaisse mon sein et file doucement jusqu'à ma taille. Il bascule mon bassin vers lui.

- Cambre-toi.

Il murmure près de mon oreille. Mon corps lui appartient. Je ne suis plus maitre de mes mouvements.

- Oui, comme ça.

Son gland trouve l'entrée de mon vagin. Il me pénètre, centimètre par centimètre avec une lenteur insoutenable. Je pousse un soupir aigu. Ses doigts s'agrippent plus fermement à moi. Il se retire de la même façon mais revient fermement. Puis de nouveau, il prend un rythme lent. J'en veux plus, bien plus.

- Edward, crie-je presque.

Sa bouche se rapproche.

- Dis-moi ce que tu veux Bella.

J'adore mon prénom dans sa bouche, j'adore son sexe dans le mien, j'adore ses mains sur mes seins. Nous sommes faits pour avoir du sexe ensemble, il n'y a aucun doute possible là dessus.

- Plus, soupire-je.

- Bella, dis-moi.

La tête me tourne. Une foule de sensations délicieuses m'assaillent.

- Je te veux.

Pendant quelques secondes il ne bouge plus. Je suis pantelante dans l'expectative. Puis il amorce un va et vient plus soutenu. Ses râles se mêlent aux miens. J'ai l'impression que son sexe touche le fond de mon vagin à chaque poussée et déclenche comme une décharge électrique dans mes tripes. Son mouvement s'accélère. Sa main attrape mon chignon improvisé pour tourner un peu mon visage. L'autre se pose sur mon clitoris et ma vue se trouble. Je crie son nom au milieu de « ha » et de « oui » immaitrisables. Tout mon corps tremble. Je crois entendre mon prénom mais je ne suis pas sûre, trop emmêlée dans un plaisir presque douloureux tellement il est grandiose.
Edward, haletant, me serre fort contre lui. Il frotte son nez contre ma nuque. Lorsque nos cœurs ont repris un rythme normal, il me délaisse.
C'est un peu groggy et interloquée que j'entreprends de m'habiller dans une salle de bains vide.
Je ne sais pas ce que je viens de vivre. Je n'arrive pas à me l'expliquer. Il n'y a pas de mot pour cela, pas de mot assez éloquent.

Devant le miroir, je m'aperçois qu'Edward m'a laissé un petit cadeau, une trace de morsure sur l'épaule. Je ne peux pas me présenter au bureau ainsi. Je fouille dans ses tiroirs et trouve un pansement large que je fixe pour camoufler les dégâts.

Lorsque je sors, j'entends sa voix qui parle au téléphone. Il doit se trouver dans une pièce adjacente parce qu'elle ne vient pas du salon.
Tant mieux, je n'aurais pas à élaborer de stratagèmes tendancieux pour m'éclipser.
A pas de loup, je me dirige vers la sortie.
Je griffonne rapidement un merci sur un bout de papier que je laisse dans l'entrée. C'est un remerciement pour service rendu bien misérable mais pour l'instant je ne trouve que ça.
Une fois dans le couloir, une brûlure étreint ma poitrine. Soudain, les larmes montent à mes yeux.
Je serre les poings et force mes pieds à avancer. Je fais ce que j'ai à faire, je dois m'en convaincre.

Je rejoins E.C. Company rapidement.
Je m'aperçois qu'Esmée n'a pas été discrète et j'ai droit aux moqueries des collègues.
Je fais mon sourire le moins hypocrite mais j'ai du mal.
Je passe dans son bureau. Poussée par son insistance je lui explique mes péripéties de la matinée. J'élude le caractère d'Edward, le fait qu'il ait payé la robe et, bien entendu le sexe. Elle est compatissante et un rien malicieuse.

Je m'enferme dans mon espace de travail.

Les souvenirs de ma rencontre avec Edward ne quittent pas mes pensées. Je cherche le maximum de distractions mais rien n'y fait. J'ai beau m'en défendre, j'ai beau me concentrer sur tout autre chose, ses yeux et son sourire me narguent. Et je porte sa robe, la robe qu'il a si bien choisie pour moi. Quelle idiote, voilà que je vire fleur bleue !

Vers 13h30, Mike, un collègue, entre dans mon bureau. Il vient s'assurer que je vais bien et que je ne suis pas trop nerveuse au sujet de ma présentation de 14h. Certaines personnes ne comprendront jamais qu'elles ne sont pas les bienvenues. Comment lui expliquer gentiment que c'est lui qui me stresse avec ses questions ? Que son parfum me donne la nausée ? Qu'il ne se passera jamais rien entre nous quel que soit son degré de gentillesse à mon égard ? Que ses blagues et sa complaisance sont les deux premières choses sur la liste des choses que je déteste par-dessus tout ? Impossible.
Alors je lui sers quelques banalités qui le font sourire et je lui demande de me laisser un moment seule pour me concentrer.

J'ai effectivement besoin de temps pour éloigner les images d'Edward et son sourire angevin et diabolique.
Je relis ma présentation que je commence à connaître par cœur. Les mots se mélangent et le goût des baisers d'Edward me tyrannise. Je tape ma tête contre le bureau et tire la racine de mes cheveux de toutes mes forces. Quelle idiote ! Quelle sombre, stupide idiote !

Je me lève rapidement et je respire profondément. Je me rassure moi-même tandis que je me rends dans la salle de réunion pour rencontrer le fils prodige.
Il est jeune, à peine vingt-cinq ans, soit trois ans de plus que moi. Il a inventé un produit totalement naturel qui est en passe de devenir le nouveau plastique. Son entreprise vaut des millions voire des milliards de dollars et va bientôt faire son entrée en bourse.
Une tronche, un homme non seulement doué dans son domaine, mais doué pour les affaires.
Esmée ne tarit pas d'éloge sur lui, d'autant plus qu'il est impliqué dans diverses actions humanitaires. Bref, le fils parfait.
Je ne dois pas me louper, je dois être très professionnelle et impeccable pour être dans ses petits papiers et par là même gagner un peu plus de l'estime d'Esmée.

Tout est prêt, ma présentation, l'ordinateur connecté au vidéoprojecteur, les rafraîchissements et moi... enfin presque.
On toque à la porte.
Un homme très grand et très musclé entre le premier. Il s'agit d'Emmett Mc Carty. A sa suite vient un beau blond aux yeux bleus lumineux. Il se présente sous le nom de Jasper Whitlock. Je souris, ils ont l'air plutôt décontractés, je sens que ma réunion va bien se passer.

- Monsieur Cullen ne se joindra pas à nous ?

Je ne sais pas trop si son absence me réjouit ou m'inquiète.

- Il arrive, répond Jasper Whitlock. Il s'entretient avec sa mère. Il nous demande de commencer sans lui. Il n'en a pas pour longtemps, il prendra le train en marche.

- Bien.

Non, pas bien ! Il est important qu'il soit là, c'est son entreprise, il est le dernier décisionnaire.
Mais je n'objecte pas, je n'en ai pas les moyens. Si le fils du boss le veut alors Isabella le fait.

Je commence donc la présentation du projet que j'ai élaboré. Je définis d'abord les œuvres de l'espace extérieur.
Tout fonctionne merveilleusement. Mes interlocuteurs acquiescent. Ils paraissent intéressés par mes idées. Je prends confiance en moi et me plonge dans les explications.
Je suis bien lancée lorsqu'on frappe à la porte.
Je m'interromps malgré moi.

La scène suivante se déroule au ralenti. Je reconnais d'abord ses cheveux à l'étrange couleur cuivrée, puis son visage se relève et j'aperçois ses yeux brillants. Enfin, il dévoile son sourire, ce putain de sourire ironique, arrogant et sexy.

Je reste sans voix alors que je lis distinctement sur ses traits qu'il n'est pas surpris.
Je me rappelle vaguement son histoire sur l'île d'Esmée, sa façon de couper Victoria au moment où elle va dire son nom, son hésitation à me rejoindre sous la douche. Tous les détails de la matinée prennent leur place et forment une vérité effrayante.
Il savait depuis le début que nous devions nous rencontrer ce matin. Il savait qui j'étais.

Il remarque le pansement au creux de mon épaule et me lance un clin d'œil complice.

Je bugge. Les yeux comme des soucoupes, la bouche entrouverte, je ressemble à une huître.

- Bonjour Isabella Swan.

Il m'achève avec une phrase, un regard malicieux et un sourire en coin totalement indécent.
Il est le pire de mes paradoxes, mon sauveur et mon bourreau.