Lorsqu'une rose éclot...

Je la vois, assise seule sur un banc du parc. Ses longs cheveux bruns sont détachés et volent au rythmes des bourrasques. De temps à autre, elle replace une mèche qui la dérange derrière son oreille, mais celle-ci se défait aussitôt. A sa place, ce genre de situation ma ferait rager. Mais pas elle. Elle reste calme, avec cette finesse enfantine qui la caractérise. Non, elle n'est pas idiote. Elle est d'ailleurs la personne la plus intelligente qu'il m'aie jamais été donné de rencontrer.

A pas lent, je me dirige vers elle et m'installe sur le banc. Nos genoux se frôlent lorsque je m'assois. A mon arrivé, elle relève la tête et m'adresse un sourire éclatant.

- Bonjour, susurre t-elle.

Je ne peux réprimer un sourire. Elle représente la pureté que je n'aurais jamais, la fille parfaite que je me suis toujours efforcée de ne pas être. Douce ironie que d'être tombée sous son charme.

- J'aime le vent, me confie t-elle. J'ai l'impression que lorsqu'il souffle, il me lave de mes pêchés. Qu'il les emmène au loin.

- Tu n'a pas de pêchés, Parvati, je réponds alors que mon sourire s'agrandit.

- Tu ne sais pas, réplique t-elle avec un sourire malicieux.

Au creux de mon ventre, une boule se serre, comme à chaque fois qu'elle me sourit ainsi.

- Parvati ?

- Oui ?

- J'ai besoin de te dire quelque chose. Ce n'est pas aisé de l'avouer, alors je t'en prie, ne me tourne pas le dos après que je te l'ai dit.

Elle éclate de rire, un rire musical qui résonne dans mes oreilles.

- Tu me fais peur, Pansy ! Ca ne peux pas être si grave !

Je me force à esquisser un sourire nerveux et me lance.

- Je t'aime. Je t'aime, Parvati. Depuis toujours, peut-être. Je pourrais te lister toutes les raisons de mes sentiments, mais je ne suis pas sûre que tu souhaites les entendre.

Je contemple mes pieds, incapable de lever les yeux vers elle et de voir le dégoût peindre son visage.

- J'avais besoin de te le dire, je le garde pour moi depuis trop longtemps. Je ne te demande pas de répondre à mes sentiments, mais j'aimerais qu'au moins les choses restent les mêmes entre nous. Je ne voudrais pas que cela vienne gâcher notre si belle amitié.

J'attends quelques secondes dans le silence puis me résout à relever les yeux et à la regarder. Au lieu de voir le choc sur ses traits, comme je le redoutais, je découvre la plus belle expression de joie qu'elle ne m'ait jamais offerte.

- Oh, Pansy ! Parvati s'exclame, alors que des larmes perlent sur ses paupières. Merci, merci ! Si tu savais comme je suis contente que tu partages mes sentiments ! Oui, Pansy, je t'aime aussi. Tu me rend si heureuse !

Elle ne me laisse pas le temps de répondre et, empreinte d'une grâce infinie, se penche vers moi avant de m'offrir un baiser d'une tendresse sans pareille. Je ferme les yeux et goûte ses lèvres douces et sucrées que je ne pensais pouvoir sentir qu'en rêve. Nos mains se joignent sans que notre baiser cessent, puis soudain, Parvati s'éloigne de moi, les yeux pétillants. J'aimerai la rappeler, car la caresse de ses lèvres me manque déjà.

- Alors, cette liste ? me demande t-elle avec un clin d'oeil entendu.