J A N E
Je ne vis pas. Je ne fais que survivre depuis qu'il est parti sans même me dire au revoir.
Je me regarde dans le miroir avec lassitude. La fille que je vois est belle : de fines et plaisantes courbes, une poitrine ni trop petite ni trop grosse, des yeux expressifs couleur noisette et des cheveux bruns qui se dispersent autour de ses minces épaules. (voir média)
Pourtant, je persiste à ne voir que du dégoût, qu'un corps pâle sans vie. Comme si j'avais perdu une partie de moi.
Je détourne le regard. Malgré ce visage qui paraissait joyeux, je me sens vide, dénouée de tout espoir. Je secoue vivement la tête pour chasser ces sinistres pensées, prends mon sac et pars chez moi, non sans jeter un regard à notre photo.
[...]
Sur la route, je lève les yeux au ciel. Aujourd'hui, aucun nuage en vue, comme si le temps se voulait clément après cette longue phase de pluie.
J'aperçois au loin ma bande d'amis habituelle. Je souffle un bon coup pour me donner du courage, me pare d'un sourire de façade et m'avance vers eux.
Leur visage se mettent eux aussi à sourire et ils me font la bise en me demandant des banalités. Seul le regard d'Alexy et de Rosalya reflètent l'inquiétude. Tous deux me soufflent "Courage" et me prennent dans leurs bras pour un câlin collectif. Je leur offre un sourire triste et les serre à mon tour. Que ferais-je sans eux ?
Nous entrons dans le lycée tout en discutant de tout et de rien. Alex' et Rosa' se mettent l'un à ma droite et l'autre à ma gauche comme à notre habitude. J'ai toujours été touché de leur attitude limite maternelle depuis ce jour.
Arrivés à la salle de maths, je remarque tous les visages excités et fixant avec impatience à la porte par laquelle nous somme passés. Je fronce les sourcils et regarde Kim, qui hausse les épaules.
Je m'assois à la droite d'Armin qui à déjà la tête dans sa console. Il avance légèrement sa chaise pour me laisser passer, toujours sans quitter des yeux son trésor. Ma place se situe au fond de la classe juste à côté d'une fenêtre qui donne vue sur le parc.
Lassée par le boucan que font mes camarades, je regarde l'horizon. Au loin, je peux voir une colline, elle me rappelait celle où j'allais avec lui.
Mes douloureux souvenirs se font interrompre par l'entrée fracassante de Peggy, la rédactrice en chef du journal.
- C'est officiel ! Un nouvel élève arrive à Sweet High School ! Elle s'écrie, triomphante. Je suis désolée pour vous les gars mais c'est un mec. Mais bon, n'allez pas vous plaindre, vous avez déjà eu Jane en première, elle continue en me lançant un clin d'oeil.
Je ne peux m'empêcher de rougir et de sourire timidement. C'est vrai qu'il y a peu de gens qui décident de déménager dans cette petite ville de Lousiane. Je suis arrivée ici en fin de seconde et je ne regrette absolument pas. Cette ville est juste un peu plus grande qu'un village mais compte quand même plus de dix milles habitants.
Je ne me suis pas aperçue du silence quasi religieux qui règne désormais. La directrice, suivie du professeur et du nouvel élève étaient entrés et se tenaient maintenant devant nous.
Il avait des cheveux bruns décoiffés lui donnant un air sauvage, des muscles bien dessinés se devinant sous son débardeur noir et des yeux verts émeraudes perçants. Il a un style plutôt décontracté avec sa chemise blanche froissée et son pantalon treillis militaire. J'aperçois aussi des plaques militaires que je suis sure avoir déjà vu auparavant.
Il balaie la classe de ses yeux jusqu'à ce que son regard se pose sur moi. A notre contact visuel, je sens une vague de chaleur monter en moi, mon coeur s'affoler, mes mains commencer à devenir moites. Il détourne cependant les yeux pour regarder la directrice tandis que je n'arrive toujours pas à le quitter des yeux.
J'entends le discours de la directrice et les cris de souris des filles comme un bruit sourd. J'ai l'impression que je plane à trois milles kilomètres au dessus du sol. Seule une phrase me sort de ma torpeur :
- Asseyez-vous devant mademoiselle Stewart.
Kentin's POV
Je suis enfin revenu, bien que je ne sache pas pourquoi. Normalement, je devrais partir, pour tout recommencer dans ces mauvaises séries à l'eau de rose. Pourtant, je suis ici. Dans sa classe. Peut-être est-ce pour me venger ? Oui, c'est exactement ça. Me venger d'elle et de tous les autres.
Je me répète toujours les même mots : Ne pas lui pardonner. Rester froid et distant. Et j'ai beau le faire tous les jours depuis mon départ, je n'arrive pas à me l'enlever de la tête. Mon coeur se serre à chacun de ses gestes, à chacun de ses regards.
La sonnerie indiquant la fin du cours retentit. Je range précipitamment mes affaires et sors pour être le plus loin possible d'elle.
Devant mon casier, je vois au loin Ambre et ses deux sbires discuter en me lançant des coups d'oeil. Cette fille m'insupporte. Tout son être respire l'arrogance, l'abus de soi, le mépris.
J'esquisse un sourire machiavélique et vois une possibilité de vengeance. Je capte son regard bleu, m'approche d'elle avec un sourire cette fois charmeur et mets ma main sur son casier, juste à côté de sa tête.
Elle me regarde avec un sourire provoquant. Cette allumeuse n'attend qu'un signe de ma part pour me sauter dessus.
- Hey... commençais-je.
Elle mord sa lèvre couverte de gloss et me glisse un "Hey beau gosse" qui se veut être sexy. J'avance ma bouche de son oreille en faisant sorte qu'elle sente mon souffle et lui chuchote :
- Ca te dis de faire un tour aux toilettes ? On pourrait bien s'amuser tous les deux...
L'écervelée se jette sur mes lèvres pour me montrer son approbation. Qu'est-ce que j'avais dis ? Elle serait prête à coucher dans les couloirs celle-là. Je passe mes mains de sa taille et les fais glisser sous ses cuisses pour la porter. Putain elle est lourde !
Je la relâche au bout d'une minute et me détache d'elle. Elle me sourit, pensant surement que je vais lui prendre la main pour nous emmener aux toilettes et veut recoller ma bouche à la sienne mais je la stoppe vite.
- Putain Ambre, t'es vraiment une salope. On s'connaît pas et t'es prête à coucher avec moi. Je comprends pas les mecs qui ont pu te baiser, t'embrasses comme une chienne. Et puis, enlève tout ce maquillage, on dirait un pot de peinture.
A peine mon discours terminé que j'entends des rires étouffés et un clappement de mains. Nous tournons la tête et je vois Jane qui se retient de rire en compagnie d'une Iris bouche bée et de Rosalya qui applaudit en souriant.
- C'est la première fois qu'Ambre se fait recaler comme ça ! S'exclame la blanche.
Je soupire, me retenant de ne pas avoir un sourire satisfait et pars sans me retourner. Ambre est rouge de honte et ses amies sont livides. C'est jouissif, je l'avoue même si j'ai un peu honte d'avoir fait ça.
J A N E
Suite à cet épisode honteux, Ambre s'est enfuie dans les toilettes, ses chiens à sa poursuite. Elles sont fidèles à leur chef, c'est déjà ça. Je me sens quand même coupable de vouloir rire alors que ça doit être horrible de vivre une humiliation de la sorte.
- Je vais le voir, j'annonce.
- Pourquoi ? Me demande Iris.
- Il m'intrigue.
L'ayant vu monter les marches de l'escalier montant au toit, j'emprunte le même chemin et le retrouve debout, accoudé à la barrière séparant le toit du vide. Il regarde le paysage alentour avec une certaine mélancolie.
Je me racle la gorge pour signaler ma présence. Il tourne la tête et dès qu'il me voit, me lance un regard haineux.
- Dégage Jane.
J'écarquille les yeux. Wow, Ambre est si rapide qu'elle a eu le temps de lui parler de moi ? J'avais pourtant l'impression qu'ils faisaient autre chose de leur langue... Beurk.
- Ambre t'as déjà parlé de moi ? Je demande avec un rire amer.
Il ne répond pas et son regard émeraude reste plongé sur l'horizon. Je me mets à ses côtés, les mains rejointes dans mon dos.
- Tu ne devrais pas te fier aux propos d'une blonde qui se prend pour la reine du lycée.
- Qui te dit que je le fais ? Il répond aussitôt d'une voix énervée.
Il se contient, je le vois. Mais pourquoi ? Peut-être nous sommes nous déjà croisés auparavant... Quoi que non, impossible. Je ne l'aurai pas oublié.
- Hé bien... tu connais mon prénom et puis tu me regarde comme si j'avais tué quelqu'un... j'énumère en faisant une "blague" pour détendre l'atmosphère.
- Non tu as fait bien pire, me crache-t-il. Ok. Ca a fait l'effet inverse que j'espérais.
J'ai un sursaut. J'ai fait bien pire ? Qu'avais-je fait de pire que tuer quelqu'un ? En tous cas, je suis maintenant sure d'une chose.
- On s'est déjà rencontré ?
Le brun rit jaune et je me crispe. Là il me fait limite peur. On dirait un psychopathe.
- Moi qui pensais que mon ex meilleure amie me reconnaîtrait. Je suis déçu Jane.
J'ai l'impression qu'on vient de me donner une baffe. Je n'ai eu qu'un seul meilleur ami, et il s'appelle Kentin. Et maintenant, je relie tout. Les plaques militaires que je lui avais offert le jour de nos quatorze ans, ses cheveux bruns et ses yeux émeraudes. Comment je n'ai pas pu m'en apercevoir ?
Mes mains tremblent. Il a tellement changé. Je pensais que notre retrouvailles se passeraient différemment... Car oui, même si il m'avait lâchement abandonné, j'ai toujours espéré qu'il reviendrait et me prendrait dans ses bras en m'expliquant qu'il n'avait pas pu faire autrement. Mais rien de tout ça ne s'était passé.
J'ai eu pour cadeau un Kentin froid, distant, cassant et qui me déteste par dessus tout.
- Je te hais Jane.
Un coup de poignard dans le coeur. Je n'ai même pas le courage de le regarder dans les yeux tellement j'ai mal.
- Je ne veux plus te voir. Tu es morte pour moi.
Hé hop, un autre coup de poignard ! Comment le coeur peut supporter toute cette douleur ? Les larmes me montent et j'ose enfin affronter son regard. Un regard plein de haine et d'indifférence.
Je tente d'attraper son bras dans un élan désespéré mais il me repousse violemment. Je crois apercevoir de la peine dans ses yeux mais elle fut vite chasser par ses paroles tranchantes.
- Putain mais dégage !
Et faible que je suis, j'obéis et pars en courant, une main sur la bouche pour contenir mes sanglots. Je dévale si vite les marches que je tombe brusquement. Ma chute a fait un vacarme assourdissant et je ne serai pas étonnée si je vois tout le monde courir dans tous les sens, pensant à une attaque terroriste.
Ma cheville me fait un mal de chien mais j'essaie quand même de me relever, voulant à tout prix quitter cet endroit. Je vois quelqu'un me tendre la main et je relève la tête. C'est Nathaniel, ses yeux inquiets m'inspectant.
- Ca va ? Tu t'es fait mal où ?
- A.. la cheville, je réponds en essayant de cacher mes pleurs.
Le délégué hoche la tête et passe une main sous mes jambes et l'autre autour de mes épaules pour me porter tel une princesse. Nous passons dans les couloirs -heureusement- vides et il me dépose sur le lit de l'infirmerie.
Il appelle l'infirmière. Elle observe rapidement ma cheville et me fais un bandage puis me dit de rester ici jusqu'à la pause du midi. Nathaniel décide de rester à mes côtés et je le remercie. Il a remarqué mes larmes mais ne pose pas de questions. Au contraire, il fait tout pour me faire oublier en me faisant rire.
Peu de temps après, je vois trois têtes accourir vers nous, suivie de près par Violette à la mine inquiète.
- Ca va ?
- On a cru que tu avais eu quelque chose de grave ! S'exclame Alexy.
- Tu veux qu'on appelle une ambulance ? Me demande Rosalya, son téléphone en main.
Je ne peux m'empêcher de rire. Ca me fait chaud au coeur que mes amis s'inquiètent pour moi. Et pendant le reste de la journée, j'ai essayé d'oublier ce qu'il m'a dit.
Hey.
Encore une fois, cette fanfiction date d'il y a très longtemps.
Je suis désolée de mon écriture maladroite et bourrée de fautes.
