Dangerous game : prologue
« Virtual love, Susurra l'homme de sa voix grave et entraînante, un monde virtuel où se réuniront très prochainement bon nombre de célibataires désillusionnés pour rencontrer l'amour « véritable » en quelque sorte. Les individus seront évidemment préalablement étudiés et choisis pour satisfaire l'attente des téléspectateurs, le nombre des participants sera d'ailleurs particulièrement restreint pour pouvoir s'attarder davantage sur leur psychologie profonde. Le but de l'émission comme vous devez certainement l'avoir compris est de permettre à nos jeunes générations de croire de nouveau en l'amour, notion manifestement effacée du temps, tout en offrant toute la possibilité à nos chers téléspectateurs de se divertir des actions de leurs favoris. C'est d'ailleurs pour cela que ce sera le public lui-même qui élira les participants et … »
Naruto soupira en baissant le regard de l'immense écran qui longeait toute la surface du body-building, ses doigts effilés se refermaient graduellement sur son cartable noir, le griffant nerveusement tandis que ses longues mèches blondes nouvellement humides s'offraient le luxe présomptueux de caresser son visage halé. Il ferma un instant les paupières, souhaitant se trouver en d'autres lieux quant cette place où s'amoncelaient impatiemment toutes sortes d'individus de la plus jeune à la vieille école et ce depuis de trop nombreuse minute. Il ne désirait pas être là, sous la pluie, à grelotter bêtement tout en écoutant toutes les incongruités que pouvait débiter cet homme, descendant de la noblesse si on tenait compte de son attitude altière et ses fausses manières. Il voulait rentrer chez lui, prestement, même s'il savait pertinemment qu'il devait passer aider au magasin de ses parents, mais toute cette population grouillant vulgairement sur la place l'en empêchaient et le pire dans tout ça, c'est qu'il était déjà en retard. Alors, tandis que ses ongles striaient avec une irritation palpable son cartable, Naruto releva de nouveau son regard sur la personne bien trop orgueilleuse qui se tenait patiemment sur son fauteuil en bois de santal pourpre au côté du présentateur qui n'osait plus piper mots, impressionné semblait-il par la prestance étouffante de son invité vedette et il y avait de quoi. Uchiwa. La seule évocation de ce nom faisait frémir les individus les plus téméraires, les enfants du monde délaissés de la société par faute d'intégration ainsi que les plus riches entrepreneurs. Uchiwa. Le nom tabou dont seul quelques rares privilégiés avaient l'autorisation de susurrer du bout des lèvres, sans craindre des répercutions ou des représailles. Uchiwa. Le nom que l'on se devait impérativement de connaître, celui des membres de la famille la plus importante du monde d'aujourd'hui, qui avait sue s'imposer dans tous les secteurs d'activités, les premiers classés sur l'échelle des milliardaires de ce monde, les number one du globe terrestre tel les seigneurs d'un royaume anciennement déchu qui s'empresseraient compulsivement de regagner ses terres, ainsi que celles aux alentours. Les seigneurs de ce temps.
- Uchiwa Itachi … Murmurait longuement Naruto en rencontrant ce même visage esthétiquement parfait, le sourire se peignant comme absent sur ses traits princiers peut-être substitué par un regard profond et provocateur, néanmoins sensiblement enlaidit par les malformations de l'écran comme les zooms exagérés des caméra-mans .
- Tu ne devrais pas ainsi prononcer son nom, gamin. S'éleva une voix grave et assagie par les années, celle d'un vieil homme, celui même qui se tenait à ses côtés, le sourire contrastant avec son regard sévère.
Naruto posa ses yeux sur lui sans même lui répondre, comment expliquer à un inconnu qu'il ne redoutait ni la crainte et l'angoisse instaurées par cette famille, ni le respect et l'admiration dégagés. Comment lui expliquer qu'il avait cure du regard des gens, que seul lui comptait le bien-être de ses proches. Après tout, cette famille était aussi humaine que toute cette foule de population qui écoutait consciencieusement parler leur fils aîné à l'heure actuelle, sur tous les écrans de l'ensemble des pays. Une famille née du sang et des larmes, commune à toute autre n'avait pas à être idolâtrée de la sorte, après tout n'étaient-ils pas tous pareils, frères d'être et fils de dieux ? À quoi bon le baratiner avec ces histoires depuis sa plus tendre enfance si c'était pour ensuite adorer des personnes de leur espèce, telle une race supérieure ? Naruto ne comprenait pas, il ne les comprenait pas, tout comme l'intérêt de cette nouvelle émission que ce petit génie avait sans doute trouvé bon de rajouter sur leurs chaînes principales. Virtual love ? Pourquoi pas « bouffon land » temps qu'on y était. Risible, vraiment … d'autant plus venant du plus grand macho que cette terre n'est jamais couvée. Les Uchiwa n'aimaient qu'eux et leur argent et c'était eux qui venaient leur parler d'amour ? Où le monde allait, il se le demandait ! Pourtant Naruto s'excusa poliment auprès de l'homme avant de tenter de prendre congé, action qui se fit bien moins laborieuse que prévue au vu des corps zombifiées des personnes aux alentours, l'attention entièrement portée sur l'écran comme un toxicomane dépendait de sa dose quotidienne. Tout en secouant la tête, défait de cette vision, il sorti du premier troupeau de chair contractée, son regard se porta posément vers le ciel.
« Quelque que soit l'âge, le passé ou bien la distinction sociale, chaque individu sera bien évidemment acceptés, les participations seront d'ailleurs bouclées demain soir. Pour participer il suffira simplement d'envoyer une lettre à l'émission, cela mènera inexorablement à un passage en public devant les plateaux de qualifications, mais je ne pense pas qu'une telle chose puisse être à frein pour nos postulants. Seul l'authenticité des sentiments primera sur les autres, quel que soit l'orientation sexuel cela va de soi …»
Le jeune garçon grogna en roulant des yeux. Là, il en avait vraiment marre de tout ce cirque pour une daube qui n'intéresserait certainement pas plus d'un quart même de la population japonaise. Non mais il s'entendait parler l'abruti ? L'authenticité des sentiments ? Il les avait prêchés où ses paroles bien tournées et ennuyeuses au possible, dans le livre de chevet de sa mère ? Il attendit un instant pour se calmer avant de se retourner très très lentement et d'un regard espiègle, s'époumoner à hurler :
- La ferme, tête de nœud ! Va au diable, toi et ta lignée de péteux !
Comme un vent amer avait secoué ce petit coin d'antique civilisation, avant que des visages consternés puis outragés ne se retourne vers le jeune individu blond, qui s'étira tout heureux de ce qu'il venait de faire, ou du moins de suggérer ainsi qu'exprimer ouvertement. Soit : Uchiwa, je vous emmerde tous !
- Ah, ça fait du bien ! » Souffla-t-il en prenant la poudre d'escampette, le vent véritable claquant sur son visage comme les réprimandes malicieuses de mère nature. Une bonne chose était faite !
Quand l'adolescent blond s'arrêta finalement devant le magasin de ses parents, il retint son souffle. Oui, tout simplement, il retint son souffle, chose qui pouvait paraître insensée pour toute personne ayant courut comme un forcené depuis près d'une demi-heure, mais ce qu'il voyait devant ses yeux ébahis n'en était pas moins curieux. Sa mère et son père patientaient joyeusement devant le pas du bâtiment, se chambrant mutuellement sur un quelconque sujet dont Naruto ne voulait en aucun cas définir, tandis que de multiples cartons stationnaient péniblement au sol. Naruto en fut un instant troublé, mais tenta d'y faire abstraction en se dirigeant vers ses géniteurs, le sourire étirant des lèvres doucettement rougies sous ses morsures expertes.
- Hé, garçon ! L'accueillit vivement sa mère en faisant le salut militaire, auquel son fiston répondit solennellement, le corps tendu, le menton fièrement pointé vers le ciel et les lèvres hermétiquement closent. Vous pouvez disposer, soldat ! Rit-elle dans un grand sourire, son énergie se communiant finalement à son fils qui sourit largement à son tour.
Lorsqu'il rouvrit les paupières, il les laissa voler jusqu'au regard brillant de son père, qui ne fit que hocher son joli minois, l'air guilleret. Étonnement, Naruto perdit immédiatement son sourire, il se rapprocha doucement de lui comme pour tenter d'apprivoiser un animal farouche et s'arrêta le visage à quelques centimètres à peine de celui de son père, le regardant suspicieusement. Minato se savait guère ce qu'il lui voulait mais, des gouttes froides lui perlant sur le front à mesure que celui le dévisageait, le regard profondément ancré dans le sien, il pressentit que ça n'avait rien de bon. Kushina regarda leur manège sans rien dire, croisant les bras sur sa poitrine en levant les sourcils bien haut, impatiente qu'un des deux hommes ne s'expliquent. Ce fut Minato qui parla le premier. :
- Il y a un problème, Naruto ? S'enquit-il faussement d'une voix rauque et charmeuse.
Le blond le regarda encore un succinct moment avant de se reculer, poussant un soupir à fendre l'âme.
- Allez-y, grogna-t-il sous la consternation générale, dites ce que vous avez à dire qu'on en finisse.
Le soupire du blond parut se prolonger un instant, du moins jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il s'agissait en réalité de celui de son paternel. Naruto le dévisagea un peu plus longuement, attendant patiemment une réponse, qu'il savait pourtant viendrait de sa chère mère, Kushina Uzumaki. Naruto et Kushina avaient toujours été semblables, non pas physiquement, mais ils partageaient la même fougue et impertinence qui qualifieraient si précisément tous les individus de cette même famille et certainement ne les perdraient-ils jamais. Extérieurement, le jeune homme tenait pourtant bien plus de son père, caricature type du parfait surfer australien. Les longues mèches vénitiennes de ce denier frôlaient nonchalamment ses épaules, ceux de Naruto papillonnant nerveusement jusqu'à sa mâchoire ferme, et parcouraient le crâne des deux hommes dans un capharnaüm qu'ils ne savaient malheureusement pas dominer. Leur hâle particulier faisaient ainsi largement ressortir le bleu gemme de leur regard, spéciale et très certainement unique en son genre. Une pierre, précieuse par l'éclat kaléidoscopique de ses couleurs, des nuances à vous en couper le souffle comme toute notion du temps, passant, indubitablement, sans pour autant altérer leur beauté irréelle. Un bleu profond révélateur, examiné à la lumière naturelle, de teintes pourpres, violettes, ainsi que mauves, le tout se mélangeant dans une fascination exacerbée et particulièrement malsaine. Cette couleur bleue, qui étincelait en un rayonnement à peine teinté de rouge, était véritablement magnifique et ils en avaient pleinement conscience pour le plus grand déplaisir de la rouquine. Les seuls réels aspects qui les dissociaient si nettement étaient l'androgynéité que dégageait bien involontairement le physique élancé de son père, ainsi que les trois fines cicatrices qui s'étendaient sur chacune des joues de son fils, comme les griffures inaliénables qu'aurait pu laisser un animal sauvage, accentuant par ailleurs sa propre bestialité non pas sanguinaire mais justement attrayante.
Ses parents n'avaient par ailleurs jamais pu certifier si c'était ça qui l'avait amené à adopter tant de mimiques et attitudes tant malicieuses que farouches, mais une chose était néanmoins certaine, que cela soit positivement ou négativement le jeune rebelle ne passait au grand diable jamais inaperçu ! Peut-être était-ce aussi en grande partie la faute à son style vestimentaire qui laissait comme ainsi dire particulièrement à désirer, après tout Naruto n'avait jamais aimé se fondre dans la masse, lui ce qu'il aimait c'était l'action et les rebondissements, les surprises quoi ! Ce qui le faisait se donner, c'était ses rêves d'aventures et c'était pourquoi ce jeune homme turbulent et casse-cou inquiétait tant les membres de la famille de son père. Après tout un accident était bien vite arrivé en ville et le blond était particulièrement connu pour attirer sa plus fidèle et si douce alliée, reine la malchance.
Bien différente des deux hommes, Kushina Uzumaki était une femme de bonne taille, mince et débordante de vitalité. Sa longue crinière flamboyante cascadaient activement ses épaules jusqu'à ses reins et étaient subtilement redressaient par une petite barrette violette, vraisemblablement sa couleur préférée. Sa peau contrairement aux blonds étaient d'un blanc crémeux, qui tranchait ainsi explicitement avec ses cheveux, tel le sang jonchait la neige la plus pure. C'était d'ailleurs l'origine des surnoms que lui affûtaient affectueusement ses petits camarades de bac à sable, tels « la tomate » ou encore « Habanero la sanglante », en raison de son tempérament explosif, à comprendre bagarreur et garçon manqué bien loin de celui posé et réfléchi de son mari qu'elle trouvait à l'époque « particulièrement niais et ressemblant fortement à une fille de part son visage floconneux » autant dire le grand amour. Son regard s'avérait également d'un bleu agréable, mais différant dans le fait qu'il était le reflet exact des fonds marins et, les nuances s'emmêlant curieusement avec sa pupille noire, on pouvait presque songer l'espace d'un bref instant y discerner les ondulations légères que provoquait le vent sur la mer. Malgré les années, Kushina restait indubitablement une très belle femme, jalousée pour sa beauté, mais aimée pour son caractère avenant, bavard et agréable. Pour Naruto elle était véritablement une mère parfaite, même s'il se retenait bien de lui confesser … et cela pour une raison bien précise.
Kushina se rapprocha d'ailleurs d'eux à pas feutrés, sa robe violette lâche mais distinguée dansant autour de son corps tandis qu'elle ramenait deux trois mèches rousses derrière son oreille gauche, un sourire innocent fendant ses bouts de chairs roses. Naruto recula d'un pas en la regardant se rapprocher, le regard étrécit sous le peu de confiance qu'il daignait encore accorder à ses parents. Ça recommençait. À chaque fois que cette femme arborait fièrement ce sourire, ce même petite sourire candide, sa vie virait inéluctablement au cauchemar. Alors instinctivement il se renfermait et prit une bonne bouffée d'air frais pour se donner du courage. Son regard passa de sa mère à son père qui le fixait, compatissant et Naruto su que son destin était déjà scellé car Minato avait beau être un homme influant et craint dans le marché secondaire c'est à dire la « bourse », il n'était rien face à elle.
Celle-ci s'apprêtait à amorcer la bombe mais lorsqu'elle tomba sur l'air inquiet de Naruto son cœur sauta dans sa poitrine, elle se mordit la lèvre inférieure, le sourire effacé mais ne pouvait se résoudre à faire machine arrière, après tout ce qu'elle faisait était pour le bien de son unique enfant et elle était sûr qu'il la comprenait. Elle se tortura encore un instant sa lèvre comme si elle était la seule fautive de tous ses mots, puis ouvrit la bouche.
- On t'a acheté un chien. Acheva une voix grave et peu fière.
Les deux hyper-actif levèrent en même temps les yeux vers Minato, c'était finalement lui qui avait pris la parole, malgré ce qu'ils s'étaient tous imaginés. Naruto trembla un instant, avant de sauter littéralement de joie, lâchant son sac de cours au sol près des cartons comme si l'équation était résolue. Il s'était fait une grande frayeur pour rien, voilà tout !
- Pour que tu penses à nous qu'en tu auras momentanément emménagé dans le bâtiment que loue l'émission, tu sais celle pour rencontrer le grand amour …
- Virtual love. Grommela Kushina, le regard menaçant.
- Hum, oui voilà « virtual love » ! Réitéra Minato, ses lèvres formant une moue étrange comme si ce nom même lui donnait envie de rire.
Naruto lui ne rigolait pas. Il fixait cet homme comme s'il s'agissait d'un inconnu, un inconnu qui venait tout juste de lui sortir la plus belle idiotie du siècle. Kushina grimaça.
- Non. Trancha rapidement Naruto, le regard nouvellement froid. Et ce n'est un pas un vulgaire clebs qui va y changer quelque chose, il est parfaitement hors de question que je participe à cette connerie ambulante.
L'ambiance s'était sensiblement refroidie, Aucun n'avait élevé le ton, mais une aura malsaine les entourait perfidement. Minato ferma les yeux, son sang lui semblait devenir du plomb alors que sa femme releva son regard sur son précieux enfant. Ils ne s'étaient pas consultés, se sentaient lasses de devoir affronter ainsi leur progéniture, mais c'est d'une même voix qu'ils prononcèrent :
- Les dés sont déjà jetés Naruto, la lettre de participation est partie hier et un taxi doit venir te prendre dans quelques minutes maintenant.
Naruto déglutit difficilement, le regard écarquillé. C'était lui où ils le jetaient à la porte là ?
- Ce n'est pas une chose avec laquelle on peut discuter autour d'un bon bol de nouille, Naruto. C'est un ordre, alors tu obéis. Termina Kushina en releva dédaigneusement le menton, son regard défiant son fils de répliquer le moindre mot. Tu es un bon garçon n'est-ce pas et tu ne voudrais certainement pas que tes amis sachent jusqu'à quelque âge tu tétais encore les seins de ta môman, je crois même qu'il me reste encore des photos …
Naruto geignit piteusement en renvoyant son regard à la rousse. Décidément il reconnaissait bien là « Habanero la sanglante », il était pris au piège. Mais il n'était même pas majeur, dattebayo ! Peut-être même en aurait-il pleuré quand il vit une masse noire non répertoriée sortir du magasin. C'était censé être quoi déjà ce …. truc ?
Prologue fin
