Chapitre 1

Le ding habituel de l'ascenseur résonna dans la pièce. Ziva, assise à son bureau, releva la tête en un sourire narquois.

« Visiblement, ta montre n'est toujours pas à l'heure, Tony ! »

- Figure toi que certains ont une vie nocturne, Ziva! , répondit l'intéressé.

Elle s'apprêtait à répondre que oui, effectivement, les chauves-souris ont une vie nocturne et qu'elle avait en effet remarqué de troublantes similitudes avec lui, lorsque Mc Gee, un café à la main, fit son apparition;

« Salut Tony !

- Salut à toi, le bleu, fit-il dans un soupir, il est pour moi ce café? » , continua t-il en s'approchant.

Le jeune agent détourna rapidement le gobelet en répondant d'une voix neutre:

« Non, pour Gibbs. »

Le regard de Tony traversa la pièce pour s'arrêter sur un bureau...vide. Il venait de s'apercevoir que personne ne lui avait gueulé dessus et qu'aucune claque n'avait atterrit sur sa tête.

« Ou est Gibbs? »

Ziva fit un signe de tête en regardant vers le haut et Mc Gee répondit:

« Chez le directeur Vance, Tony.

- Pourquoi ?

- Est ce que tu crois qu'on le sait?, répondit Ziva, visiblement passablement énervée de ne pas avoir été mise au courant de la situation. Cela fait une heure qu'il est enfermé la haut ! »

Au moment même ou l'israélienne répondait, Gibbs descendait rapidement, guère plus calme que la jeune femme.

Il s'arrêta un moment devant l'Italien.

« Tony ! Tu est venu bosser finalement ? J'avais cessé d'espérer !

- J'ai eu un problème de voiture, patron. Elle s'est encore...

- Ça fait trois fois en une semaine ! Change de garagiste, Tony !

- Mais c'est vrai ! J'ai... »

La traditionnelle claque lui fit fermer la bouche, alors que Gibbs continuait:

« De toute manière, tu n'en aura plus besoin d'ici là ! Préparez vos valises , rendez vous dans deux heures à l'aéroport, on...

- A l'aéroport? Mais ou on...

- Tu le saurais si tu m'avais laissé finir ma phrase !, continua Gibbs en frappant de nouveau Tony derrière la tête. Direction Marseille. »

Ziva allait demander des précisions, surprise, mais Gibbs la devança.

« Dépêchez vous ! On a pas toute la nuit !

- Mais pourquoi...

- Je vous expliquerais à l'aéroport. Allez! , cria-t-il en se dirigeant d'un pas rapide vers l'ascenseur, talloné par Mc Gee, qui, concentré, établissait déja mentalement la liste de ses affaires à prendre.

- Combien de temps resteront nous, patron?

- Prenez de quoi vous habillez pour une semaine, Mc Gee. Ca devrait suffir. Pas de questions, j'ai dis que vous attendrez l'avion pour les explications, dit-il en voyant la bouche de Tony s'ouvrir, qui se ferma instantanément sous le regard noir. »

Quelques secondes plus tard, les agents arrivaient au parking lorsque Tony se rendit compte que sa voiture était évidemment... chez le garagiste.

Devançant le problème et ne souhaitant pas perdre plus de temps, Gibbs le poussa quasiment de force dans la sienne et démarra en trombe. Quelques minutes plus tard, il déposait Tony qui eu juste le temps de sauter à terre avant que la voiture ne redémarre dans un crissement de pneu.

Tony prit sa clé et sortit directement un sac de voyage. Se doutant bien qu'il ne devait surtout pas être en retard, il commença à rassembler ses affaires tout en réfléchissant. Le voyage s'était passé dans un silence glacial et Gibbs avait semblé tendu. Il n'avait pas osé dire un mot. Il poussa un soupir d'exaspération. Il détestait être en rogne avec Gibbs, même si, et il se l'avouait, il adorait le provoquer. Il reconnaissait lui-même que c'était un peu puéril comme « jeu ». Il aimait voir Gibbs réagir à ses remarques, et même s'il l'engueulait, il apercevait souvent un éclair d'amusement dans son regard. Il arrêta brusquement de s'agiter. Il se rendait compte que Gibbs comptait beaucoup pour lui et qu'il avait besoin qu'on s'intéresse à lui. Que Gibbs s'intéresse à lui. Justement, le problème était bien dans ce nom. Pourquoi Gibbs? Pourquoi ressentait t-il un besoin d'attention aussi fort de la part de l'ex marine?

Avant que ses réflexions n'atteignent un stade que Tony avait du mal à apercevoir, il rejeta rapidement son regard sur la pendule.

Quoi? Merde, vite !

Un quart-d'heure plus tard, la voiture qui l'avait emmené plus tôt crissait sur le goudron.

Attrapant son sac à moitié remplit, il avait toujours eu beaucoup de mal à s'organiser, il sortit précipitamment, revint en arrière, prit son DVD préféré, on ne sait jamais, et s'installa sur le siège passager.

Il n'eut pas le temps de mettre sa ceinture que la voiture effectuait son demi tour et s'engageait à toute vitesse sur une route limitée à 50 km/h.

Après avoir prit le soin de « s'accrocher », Tony observa Gibbs. Concentré, il tourna néanmoins son regard vers Tony.

« Tu n'as rien oublié?

- Je crois que non, répondit Tony en se rendant compte qu'effectivement, il aurait pu prendre son gel douche, et que son dentifrice n'aurait pas été de trop... »

Dubitatif, et soupirant légèrement malgré le léger sourire qui se dessinais sur ses lèvres, Gibbs lui dit qu'il verra avec les autres...

Ils arrivaient à l'aéroport et sortaient leurs affaires lorsque la voiture de Mc Gee s'arrêta à leur côté, suivit de près par Ziva. En voyant le sac de Mc Gee, Tony ne put s'empêcher d'éclater de rire.

« Le bleu, c'est pas trois mois qu'on part, y'avait pas besoin de ramener tout ton appart!

- C'est déjà mieux que d'oublier la moitié du nécessaire, Tony!, s'amusa Gibbs.

- Je te signale, Tony, que ce n'est pas toi qui doit te transporter le PC et tout le matériel pour communiquer. Vous m'avez tout laissé !

- Il faut apprendre à s'imposer, Mc Gee », intervint Ziva, tout en lui prenant cependant l'ordinateur portable des mains.

Et c'est sur cette dose de bonne humeur que l'équipe embarqua à bord de l'avion, filant droit vers l'Hexagone.

« Bon , alors maintenant que nous sommes DANS l'avion, tu pourrais nous expliquer ce qui se passe? », lança Tony à la cantonade et plus précisément à un certain ex-marine.

S'installant sur son siège, Gibbs regarda Tony. Il était évident qu'il n'en pouvait plus d'attendre et était dévoré de curiosité. Il se demanda par quoi commencer puis commença son récit.

« Vous vous souvenez tous d'un certain Ashton Ivanov, n'est ce pas?

- Le terroriste qui a manqué tué Mc Gee avec une bombe il y a quelque semaines? intervint Ziva tandis que Mc Gee grimaçait.

-Oui, répondit Gibbs en hochant la tête, et qui nous a savamment échappé à la dernière minute, continua t-il en serrant les poings. Il était à la tête d'un beau trafic d'armes et d'explosifs qu'il comptait ramené nous ne savions où. Enfin, maintenant, nous le savons. En Libye.

- Comment ça ?

- Il y a quelques jours, trois marines ont été retrouvés morts sur « Le Naufragé », un navire français de guerre en partance pour la Libye. Les services secrets français ont remontés la piste d' Ashton Ivanov, et se sont aperçu dans le même temps que des armes étaient cachées sur le bateau, celles que les terroristes n'avaient probablement pas eu le temps d'emporter après avoir tués les trois marines...

- Qui se sont sûrement trouvés au mauvais moment au mauvais endroit sur le navire et ont vu quelque chose qu'ils n'auraient pas du voir...

- Probablement, Ziva. Or, ils se trouvent que les terroristes sont toujours en France et attendent probablement cachés quelque part l'arrivée d'un nouveau navire allant ou faisant escale en Libye... ou même leur propre bateau. Étant donné que nous avons travaillez sur ce groupe, que nous connaissons leurs méthodes, et que cette affaire relève de l'Internationale, nous sommes envoyés en France pour aider les services français à trouver ces terroristes, et les ramener en Amérique où ils seront jugés et probablement condamnés.

- Nous allons donc collaborés avec les français?

- Pas directement, Tony. D'autres équipes ont aussi été envoyés et nous avons été répartis.

- « Le Naufragé » est déjà repartit? , demanda Ziva, déjà concentrée.

- Non, il repart dans deux jours, ça nous laissera le temps de repasser dessus, même si l'équipe française l'a déjà fait. »

Tony s'étira et une question beaucoup plus pratique lui vint:

« Et on dort où?

- Le directeur Vance s'est occupé des formalités. Il nous préviendra à l'arrivée.

- Humm... Un hôtel avec vue sur la mer et...

- Vu la saison, Tony, et le tourisme de masse, je dirais plutôt une cabane au milieu d'une campagne perdue avec des...

-Ziva! Ne casse pas mes rêves ! »

Retenant un sourire, Gibbs les laissa se chamailler et se retourna vers son hublot, réfléchissant à la manière dont ils effectueraient les recherches.

Au bout d'un moment, les agents s'arrêtèrent eux aussi et s'installèrent tranquillement au fond de leurs sièges.

Alors que la nuit commençait à tomber, les lumières d'un avion clignotèrent sur la piste d'atterrissage.

Tony bailla, et attrapa son sac. Ziva sortait des toilettes, et fît de même, tout comme Mc Gee qu'il fallut réveiller brusquement. Gibbs descendait déjà la passerelle.

Ils montèrent dans un taxi et filèrent vers la ville illuminée.