1. Un garçon débarque en pleine nuit avec une corne de Minotaure

J'étais dans mon bungalow, mais je ne pouvais pas dormir : le tonnerre grondait vraiment trop fort, et je me morfondais encore de ma dernière déception : une jeune fille était arrivée à la Colonie de justesse elle était poursuivie par un chien des enfers et elle n'avait aucune arme. Il était vraiment moins une quand elle a passé la limite magique. Je me suis dit (comme d'hab', selon mes demi-frères) : « c'est elle ! Le demi-dieu que j'attends ! » et je l'ai donc chouchoutée pendant une semaine entière. Je lui ai expliqué que son parent divin – dans son cas : son père – était un Dieu grec, et qu'elle devait juste espérer un signe provenant de celle-ci. Le discours habituel, quoi. Mais elle avait été reconnue par Héphaïstos une semaine après son arrivée... Quelle déception ! Elle DEVAIT être celle de la prophétie ! Je l'avais choyée pendant une semaine, deux jours et 3 heures (environ, hein). Mais non, elle fait juste partie des forgerons...

Je n'allais plus confondre un demi-dieu normal et LE demi-dieu de ma prophétie... Promis, je ne me ferais plus d'illusions inutiles ! Je le ju...

Et là, je les ai entendus : des cris. Une voix de garçon. Un nouveau venu ! Ça doit être Lui !

- Non Annabeth ! Tu viens de promettre d'abandonner ces espoirs ! a dit une petite voix dans ma tête.

- Tais-toi ! a répondu une autre voix oh ! tellement plus attirante...

Je me suis donc précipitée au-dehors, vers les cris. Oui, c'était un garçon, qui trainait un satyre en appelant sa mère (quel gros bébé). Un satyre... et pas n'importe lequel ! Mon grand ami, Grover. Il était blessé ?

Je suis arrivée à la Grande Maison, et Chiron était déjà dehors. Le garçon est arrivé jusqu'à la véranda, puis s'est évanouit. Chiron avait l'air de savoir de qui il s'agissait et il était inquiet. Donc ce garçon devait être lié au solstice ! C'était obligé !

- C'est lui. Ce doit être lui, ai-je dit –presque supplié.

- Silence, Annabeth, m'a réprimandé Chiron. Il est encore conscient. Emmène-le à l'intérieur.

Le garçon a poussé un gémissement, et je me suis dit que Chiron avait sûrement raison : il m'avait entendue... Oups... Mais ce n'est pas ma faute si cet imbécile ne s'était pas évanouit ! Comment je pouvais le savoir, moi ?

J'ai regardé le garçon. Il devait avoir le même âge que moi, et il avait des cheveux noirs. Par contre, il n'était pas très musclé.

J'ai soupiré et j'ai fait de mon mieux pour l'amener à l'infirmerie. Je l'ai déposé sur une couchette et je suis allée chercher l'ambroisie et le nectar. Comme j'insistais toujours pour être auprès des blessés qui arrivaient à la Colonie (ils ont souvent l'air d'être le héro que j'attend, mais ils me déçoivent toujours), on avait fini par me donner la permission d'entrer dans les réserves et ils me chargeaient des premiers soins des nouveaux venus. J'ai préparé un verre de nectar et je l'ai posé sur la table de chevet du garçon. Je me suis occupée de Grover, puis je suis sortie. Chiron m'attendait :

- Annabeth, je sais que tu crois qu'il est le héros de la prophétie, mais ne te fais pas d'illusions non plus, tu...

- Ne me mentez pas, Chiron ! Celui-ci, ça peut être le bon ! Vous avez envoyé Grover le chercher ! Et vous le connaissez ! C'est pour le voir que vous disparaissiez si souvent, non ? Il est lié aux- (je me suis arrêtée juste à temps : Chiron ne pouvait pas savoir que je me doutais de quelque chose sur le vol du solstice d'hiver) Il est puissant, non ? Il est arrivé vivant, donc...

-Annabeth !

Aïe, je m'étais peut-être un peu trop emportée.

- Désolée Chiron, c'est juste que... je... vous... ma quête...

- Je sais, ma fille. Tu veux que ce soit lui. Je ne vais pas te mentir, il est puissant. Et oui, je l'ai fait surveiller par Grover, et je suis moi-même resté près de lui toute l'année, je l'avoue.

Le centaure voulait que j'aille me coucher, mais il n'en était pas question ! Je voulais être présente quand ce maudit garçon se réveillerait ! Il devait m'avouer ce qu'il savait du solstice d'été, car il en savait sûrement, des choses ! Après beaucoup de supplications, Chiron a fini par céder en m'ordonnant (« puisque je voulais collaborer ») de donner de l'ambroisie au garçon – qui s'appelait Percy Jackson, selon Chiron – jusqu'à son réveil.

Je me suis alors retrouvée assise au chevet dudit garçon pendant toute la nuit (décidément, les nuits blanches me poursuivaient : avant à cause des lectures, des espoirs et des déceptions, maintenant à cause du vol mystérieux au solstice d'hiver et d'un nouveau rôle d'infirmière...)

Je lui ai donné de l'ambroisie, mais, évidement, comme il était inconscient, il en mettait partout. Je me sentais comme une gamine de six ans jouant à la poupée mais je pensais que, peut-être, en l'alimentant avec de la nourriture divine, il se réveillerait.

J'ai dû m'endormir, car je ne me suis pas aperçue que le soleil se levait. Je suis restée trois heures de plus au chevet du garçon, avec mon livre d'architecture que j'étais allé cherché (personne ne s'est rendu compte de mon absence, j'avais mis ma casquette d'invisibilité).

Percy.

Ce nom était vraiment étrange, ce devait surement être le diminutif de quelque chose... Mais de quoi ? Patrice ? Non, ce serait Pat. Rupert ? Étrange pour un gamin de douze ans... Pedro ? Nan...

Tout en réfléchissant, je fourrais dans la bouche de ce garçon au nom si bizarre de l'ambroisie. Il me sortit de mes réflexions en grognant... Il serra les paupières et... Oui ! Il les ouvre ! Je vais enfin connaître la vérité que Chiron me cache !

Il fallait reconnaitre une chose : les yeux de ce garçons étaient très beaux. Ils étaient d'un vert profond, très hypnotisant.

Je lui demandai, peut-être avec trop de ferveur et d'espoir :

- Que ce passera-t-il au solstice d'été ? »

Hum... Il était peut-être encore groggy... En effet, il me croassa un truc du genre « Kra ? » que je traduisis par un « Quoi ? »

Il avait parlé un peu fort, j'espérais que personne ne nous entendait.

- Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce qui a été volé ? Nous n'avons que quelques semaines !

- Je suis désolé, me répondît ce garçon aux yeux si beaux. Je ne... »

Zut ! Quelqu'un frappe ! J'ai enfoncé une cuillerée d'ambroisie dans la gorge de Percy, et celui-ci se rendormit. Satané garçon ! Je le veillais toute la nuit et toute la matinée, et il ne savait rien de rien !

Grover entra alors dans l'infirmerie. Apparemment, il n'était pas blessé.

- Grover ! Dieux soient loués, tu vas bien ! Que s'est-il passé ? Pourquoi tu...

-Annabeth ! me coupa-t-il. on discutera après. Chiron demande à ce que tu viennes avec moi, je vais raconter ce qu'il s'est passé hier.

Ainsi, Grover me conduisit à la salle de jeu, où se trouvait Chiron et Monsieur D. Après les avoir salués, Grover commença son récit, nous priant de ne pas l'interrompre.

Il nous a raconté comment Percy s'était fait attaqué par une Furie dans son école, alors qu'il était surveillé par le satyre et le centaure, et comment la Brume (manipulée par Chiron) avait trompé tout les mortels. Puis il est arrivé à la partie délicate : Percy l'avait abandonné dans une station de bus, où Grover l'avait accompagné, et était parti avec sa mère à la plage. Quel imbécile, ce garçon ! Partir après s'être fait spécialement avertir par les Moires (ou Parques, peu importe). Puis Grover est arrivé à l'histoire du Minotaure, en nous montrant la corne, qu'il était allé récupérer sur la colline. Ce garçon avait tué un Minotaure ! Et à mains nues ! Quel chanceux ! Il était vraiment puissant... Ce pouvait vraiment être le garçon de ma quête.

Quand Grover eut fini, Chiron et Monsieur D. m'ont priée de sortir : si j'avais eu le droit d'assister au récit, c'était pour que je n'harcèle pas Grover de questions, mais « je n'avais pas besoin d'en savoir plus ». Il me demanda d'aller me reposer, en disant que Grover souhaitait veiller sur Percy à son tour.

Je me retrouvai donc dans mon bungalow, sur ma couchette, mais je ne pouvais pas dormir. Ce garçon m'obsédait, mais pourquoi ? Il n'était pas musclé, pas très grand, et ne faisait que recracher le nectar que je lui donnais. N'empêche, il était puissant, même très puissant : le Minotaure l'avait poursuivi, son aura était donc très forte. Et en plus, il l'avait battu à mains nues ! Oui, ce devait être l'explication de mon obsession pour Percy : sa puissance. Rien d'autre...

Pour m'occuper, je tentai de trouver le nom complet du garçon : Peter, ça ne collait pas. Péran ou Pereg ? Trop étranges, même pour lui. Après un temps de réflexion, j'arrivai à la conclusion qu'il s'appelait Perceval (chevalier de la Table ronde) ou Persée (fils de Zeus).

J'avais veillé sur Perceval encore une fois, pendant l'après-midi. Chaque fois que je lui donnais du nectar, il le recrachait... Ce Persée devenait agaçant ! Ennuyée, j'allai me coucher, laissant Grover au chevet du garçon-au-prénom-inconnu.

Le matin suivant, après le petit-déjeuner, je suis allée voir Monsieur D. et Chiron, espérant pouvoir surprendre une partie de la conversation. C'est alors que le garçon (Perceval ou Persée ? Je penchait plus pour Persée, nom d'un demi-dieu après tout) arriva en compagnie de Grover.