L'inconnue
Une mince silhouette vêtue d'une cape noire et d'un chapeau pointu duquel s'échappaient quelques mèches dorées marchait silencieusement le long de la rue principale de Pré-au-Lard.
La jeune femme se hâtait vers l'extrémité du village, en direction de la Cabane Hurlante.
Lorsqu'elle fut arrivée à la limite du hameau, elle s'arrêta un instant, puis, décidée, se faufila sous la barrière qui interdisait l'accès à la Cabane.
Elle accéléra le pas en escaladant la colline qui menait à la vieille bâtisse.
Tout en prenant soin de ne pas faire le moindre bruit, elle se glissa sur le côté, et regarda entre les planches disjointes.
Un frisson de peur la parcouru dès qu'elle vit la scène qui s'y déroulait.
Face à elle se tenait un être tel qu'elle n'en n'avait jamais vu jusqu'ici : grand, blême, squelettique, et enveloppé d'une immense cape noire. Mais le plus effrayant était son visage – ou ce qui en tenait lieu. Dans cette face blafarde, aux lèvres quasi inexistantes, et aux yeux rouges à l'égal du sang, le nez était remplacé par deux fentes, tel un serpent maléfique.
A ses pieds, un immense serpent roulait ses anneaux dans la poussière du sol.
Elle recula instinctivement. Voldemort ! Elle savait qui il était, et que s'il soupçonnait seulement sa présence, c'en serait terminé d'elle – et de la mission qui lui avait été confiée.
Elle retint sa respiration et s'obligea à reprendre son observation.
Un second homme se trouvait dans la pièce. Il lui tournait le dos, et était également vêtu d'une cape noire. Ses cheveux longs d'un noir d'ébène effleuraient ses épaules. Elle ne pouvait voir son visage, mais elle entendit sa voix rauque supplier.
« Laissez-moi retrouver ce garçon. Laissez-moi vous livrer Potter. Je sais que je peux le capturer, Maître. S'il vous plaît… »
Elle vit Voldemort lever la Baguette qu'il tenait dans sa main, et l'entendit murmurer.
Pourquoi ne fonctionne-t-elle pas avec moi, Severus ?
« Je ne comprends pas. Vous... Vous avez accompli des prouesses magiques avec cette baguette !
-Non, j'ai accompli ma magie habituelle. Je suis extraordinaire, mais cette baguette ne l'est pas. »
L'homme qui se tenait de dos ne répondit pas.
« Sais-tu pourquoi je t'ai appelé ? Reprit Voldemort.
-Non, Maître, mais je vous supplie de me laisser retrouver Potter.
-Ce n'est pas la peine, il viendra à moi. Le problème, vois-tu, c'est la baguette. Pourquoi ne fonctionne-t-elle pas comme la légende le dit ? Je suis resté ici pour y réfléchir... et je crois que j'ai trouvé la réponse.
La baguette ne peut pas m'obéir pleinement car je ne suis pas son maître, elle appartient à celui qui a tué son ancien propriétaire. C'est à dire, toi. Tant que tu vivras, la baguette ne m'appartiendra pas véritablement.
-Maître ! » S'écria l'homme.
Voldemort fit un mouvement de baguette en direction du serpent, et lança un sifflement horrible.
-Tue, ordonna le Seigneur des Ténèbres en Fourchelang.
Le serpent se dressa de toute sa hauteur et se précipita, gueule grande ouverte..
Les crochets venimeux se refermèrent sur le cou et le torse de sa victime.
Les genoux de Severus Rogue se dérobèrent et il s'effondra sur le sol. Voldemort quitta la Cabane, suivit du serpent qui ondulait
Deux adolescents se précipitèrent auprès de l'homme allongé à terre. Ce dernier attrapa la main du jeune homme brun et lui dit, difficilement :
-Prenez-... les, prenez-...les.
Il fit jaillir une substance bleue argentée de sa tempe à l'aide de sa baguette. La jeune fille sortit un flacon de nulle part et la recueillit.
L'homme à terre regarda alors le jeune homme brun à la cicatrice, et le supplia : « laisse – moi voir tes yeux… » Puis il ferma les paupières en glissant dans l'inconscience…
Les deux jeunes gens disparurent en courant.
La jeune femme, immobile jusqu'alors, ouvrit doucement la porte de la cabane et se glissa à l'intérieur. Elle s'approcha de la forme étendue et s'agenouilla à ses côtés. Avec des gestes assurés, elle souleva les cheveux qui masquaient son cou et examina les blessures qu'il portait. Ses mains descendirent le long des épaules et dégrafèrent l'attache d'argent qui retenait la cape. Elle écarta les pans de l'habit et dénuda le torse lacéré par les crochets du monstre. Attentive, elle constata un léger soulèvement de la poitrine qui indiquait que l'homme était toujours vivant.
Elle se concentra un instant, mordillant machinalement sa lèvre inférieure. Le temps était compté – elle pris rapidement sa décision. Rejetant sa cape en arrière, elle ouvrit le sac qu'elle portait. Celui-ci contenait une multitude de fioles.
Murmurant des paroles incompréhensibles, elle choisit avec soin trois flacons, dont elle vérifia scrupuleusement les contenus.
Elle ouvrit l'un d'eux, entrouvrit les lèvres de l'homme inconscient, et fit glisser le contenu dans sa gorge.
Les mains tremblantes, elle déboucha un second flacon qui contenait une potion d'une couleur violette. Avec précaution, elle versa gouttes à gouttes le liquide sur les plaies. Sous ses yeux, elle vit les blessures se refermer, ne laissant à la place que des cicatrices rouges.
La respiration du blessé s'était faite plus régulière. Il marmonna quelques mots qu'elle ne compris pas, et remua la tête. Il était toutefois très affaibli.
Elle déboucha le dernier flacon, et se pencha vers lui. Pendant qu'elle faisait couler le liquide ambré entre ses lèvres, il entrouvrit les paupières, et capta l'éclat d'un regard vert à l'ombre du chapeau. Epuisé, ses yeux se refermèrent, et il sombra dans l'inconscience.
Elle poussa un léger soupir de soulagement. Jetant un regard au visage pâle sous la chevelure noire, elle couvrit le corps étendu de la cape noire qu'elle lui avait ôté. Elle se redressa doucement, et, à reculons, sans le quitter des yeux, elle s'apprêta à quitter la cabane. Un objet à terre attira son attention. Elle le ramassa, et, avec un sourire, déposa à côté de la main du dormeur la baguette de bois sombre, avant de se glisser par l'ouverture de la porte.
La nuit était noire, et, au loin, elle pouvait deviner que la bataille n'était pas terminée à Poudlard. Elle s'enfonça dans la brume qui avait envahie la rue, et se dirigea vers la sortie du village.
