Coucou. Comme je l'avais dit dans 'en quelques mots', j'ai envie depuis longtemps d'écrire quelque chose sur Percy et Harry. Et voilà que, alors que je viens de terminer d'écrire tout un axe de la trame d'Anima Veela, je suis soudainement prise d'un élan de volonté qui m'a forcé fortuitement à rédiger ceci plutôt qu'autre chose.

En espérant que cela vous plaira,


Un secret

I

Percy Weasley n'avait pas eu la vie facile. Ayant toujours été plus ou moins honnête avec lui-même - ce qui lui avait hélas valu des coups de déprime que personne n'avait semblé remarquer – le plus érudit de la famille Weasley était au fait que sa vie, de sa naissance jusqu'à la fin de la guerre avait été terriblement dure.

Né dans une famille pauvre, le troisième d'une 'série' de six frères et une sœur, il avait fallu qu'il soit celui qui était le plus calme, le plus posé, et peut être quelque part le plus doux – mais personne dans sa famille, tous plus surexcités les uns que les autres, n'y avait jamais prêté attention. De là vint sans doute le fait qu'il grandisse séparé de ses frères, toujours un peu mis à l'écart, son enthousiasme à faire découvrir ses lectures, ses idées, toujours méticuleusement sabordé par les siens.

Dure. Son enfance dans sa famille avait été dure et souvent – et c'était ce qui le faisait pleurer parfois, enterré sous sa couette au terrier – il avait souhaité être né autre part, ou ne pas être né du tout. Parce que vivre avec autour de soi des gens qui ne vous aiment pas, grandir avec autour de soi d'autres enfants qui se rient de vous, vous chahutent et vous rabaissent était quelque chose qui avait été presque insupportable à Percy.

C'est la raison pour laquelle à ses onze ans, le petit garçon qu'il était encore, ses cheveux roux un peu long bien coiffé, ses petites lunettes rectangulaires posées comme il le fallait sur son nez, et sa petite sacoche d'écolier vissée à son épaule, avait décidé que plus rien dans cette vieille bicoque dans laquelle il était né ne pourrait le toucher. Et petit à petit, chacun des mots qu'ils recevaient de ces autres enfants roux qui l'entouraient toujours avaient cessés de l'atteindre – ou bien plus certainement, il avait cessé de les écouter. Avec cela hélas, il avait tiré un trait sur sa famille.

Lorsqu'il revint de Poudlard pour la première fois, cela lui fit étrange de s'apercevoir qu'il y avait encore autant de personnes à la maison. Les enfants qui étaient là étaient presqu'autant que ceux avec qui il partageait son dortoir de première année chez les Gryffondor et ce n'était absolument pas reposant. Au château, il était encore terriblement facile de s'isoler et de lire, ou d'étudier. Il y avait la bibliothèque ou le dortoir, qui était souvent vide, les autres préférant jouer au Quidditch dans le parc ou participer aux diverses activités proposées par l'école. Il était facile, à l'école, d'oublier qu'il y avait plein de mômes autour de soi.

Au terrier c'était différent.

Au terrier, il y avait toujours les mêmes monstres qui avaient toujours adorés prendre Percy pour le vilain petit canard de la famille, et ce n'était pas maman Weasley qui allait venir gronder ses chères jumeaux – sa grande fierté – tandis qu'ils avaient malencontreusement renversés du jus de Citrouille sur le livre que Percy était en train de lire. Ce n'était pas non plus papa Weasley qui allait aider Percy a terminer ce devoir de vacance sur les Sorts de Runes antiques parce que 'c'est les vacances et tes frères veulent faire un match de Quidditch, je n'ai pas le temps Percy, désolé'.

Non vraiment, rentrer à la maison n'avait jamais été quelque chose que Percy était heureux de faire, et chaque année était pire que la précédente, parce qu'aucun de ses frères et sœurs ne semblaient enclin à l'accepter plus en grandissant. Il était juste le rebut de la famille. Toujours.

Pendant la guerre, cela avait été plus compliqué. Bien sûr, il était en colère et souhaitait ardemment rester en dehors de la famille, mais les circonstances étaient telles qu'il était difficile de se borner à observer de loin les évènements. Pourtant il combattit l'envie de quitter son statut auprès du ministre et ne rejoignit le 'bon côté' que tardivement, et encore, sa famille – ou ce qui en restait – ne sembla pas particulièrement ravie de le revoir – si ce n'est sa mère, mais sa mère était toujours là et faisait toujours office de mère (quelque chose que Percy détestait particulièrement parce que cela ne semblait jamais vraiment réel). Il participa comme il pu au dernier combat et vit ses proches combattre.

Et Fred mourir.

Et ce fut quelque chose pour lui de terrifiant de penser que c'était bien fait pour le jumeau restant. Qu'il allait enfin pouvoir vivre ce que cela faisait que d'être seul. Après avoir assisté à l'enterrement, loin d'eux et loin de tous, Percy choisit de disparaître.

-&-

« Hey Perc', tu penses que c'est mieux celle-ci ou celle-là ? » Demanda une voix grave rompant le silence d'un petit appartement londonien. Un jeune homme d'une trentaine d'année aux cheveux roux long jusqu'à la nuque lâcha le journal qu'il était en train de lire et posa sur la table basse la tasse qu'il tenait. Il fronça les sourcils un instant, observant la personne en face de lui et plissa le nez. Ses lunettes glissèrent légèrement.

En face de lui, un homme plus jeune, aux cheveux noirs ébouriffés et à la fine musculature défilait torse-nu, proposant deux chemises différentes à porter, l'une blanche aux fines rayures rouges, l'autre bleu marine. Les deux étaient simples et jolies.

« La rayée, Harry. » Il soupira et reporta son regard sur l'article qu'il avait délaissé. « Mais je ne comprends pas pourquoi tu t'acharnes toujours à vouloir t'habiller pour aller les voir. Ils seraient ravis même si tu débarquais en jogging. »

Le soupir qui sortit de la bouche d'Harry fit une fois de plus relever la tête à Percy qui haussa un sourcil. « Je peux ne pas y aller si tu veux Perc'. » Murmura le brun en s'approchant, passant une main dans les cheveux roux de son amant. Levant les yeux au ciel Percy secoua la tête et fit un vague geste de la main. « Nous avons cette conversation à chaque fois, ils sont ta famille, alors vas-y. »

« Ils sont aussi ta famille, Percy, et je suis sûre qu'ils seraient vraiment heureux de te revoir. » Manifestement agacé – comme toujours – l'érudit se leva de son siège et s'éloigna d'Harry.

« Allons-nous avoir cette conversation à chaque fois que tu vas chez eux, Harry ? C'est non. Je ne veux pas les voir, et ils vivent très bien sans moi. Ils l'ont toujours fait. » Alors que le plus jeune s'apprêtait à protester, Percy l'arrêta d'un regard noir. « Tu n'as jamais fait parti de la famille quand moi j'y étais, tu ne peux pas savoir. Et peu importe, je pense que même si tu avais été là, tu n'aurais rien vu. » Puis il ajouta, tellement bas qu'il pensa que Harry n'avait sûrement pas entendu. « Comme les autres. »

Relâchant les chemises qu'il tenait toujours, le survivant s'avança de nouveau rapidement jusqu'à son compagnon et sans qu'il ne lui laisse le choix de s'écarter, le prit Percy dans ses bras, calant sa tête au creux de son cou.

« Je t'aime Percy, c'est toi ma famille. Toi et Ted. et je ferais tout pour que tu sois heureux. Alors ça ne me fait rien de ne pas y aller, crois-moi. » « Menteur. »

Harry souffla de dépits et resserra un peu ses bras autour du corps mince – trop, mais Percy avait toujours été un peu anorexique, et rien de ce que pouvait faire Harry pour le faire manger plus ne semblait marcher. Il ferma les yeux et une boule se forma dans sa gorge. « Je t'aime. » Répéta t-il.

Et c'était tellement vrai que parfois c'en était douloureux. Percy ne répondit pas. Il ne répondait presque jamais à ces petites déclarations, mais Harry sentait les battements frénétiques faire trembler le corps contre lui et il était certain que le cadet des Weasley ressentait la même chose. Harry n'avait pas besoin de mot.

« Vas-y maintenant Harry, sinon tu vas être en retard. » Chuchota Percy après quelques minutes d'un silence confortable et apaisant. Il s'extirpa des bras tentaculaires de son amant et le regarda avec douceur. « Tout ira bien. Je vais m'appliquer à terminer cette traduction de l'enfer, et ensuite je préparerais du thé et des gâteaux et j'irais chercher Ted. Et quand tu seras là, on mangera devant votre stupide feuilleton. »

Harry le fixa encore un moment – et il savait qu'il irait de toute manière, parce que Percy ne le laisserait pas rester – et finalement il se détourna et alla attraper la bouteille de vin rouge qui avait été sorti de la cave et attendait sagement sur la table.

« Je reviens vers 16h. » Dit-il en revenant sur ses pas, proche de Percy. Il étendit son bras et posa sa main sur la joue du roux, puis l'embrassa. « Je t'aime. »

« A toute à l'heure. » Et il transplana.

Rester là, seul, dans le silence qui suivait toujours les départs de Harry, Percy ne pu s'empêcher plus longtemps de laisser les larmes glisser de ses yeux bleus.

-&-

« Allez, je suis sûr qu'il est beaucoup mieux là où il est. »

La conversation à laquelle Harry ne souhaitait pas particulièrement participer alors qu'ils allaient entamés le dessert était partie d'une simple réflexion de Ginny sur le fait que le livre qu'elle avait tenté de lire la semaine passée était 'un livre abominablement chiant qui aurait sûrement beaucoup plût à Percy'. Harry avait grimacé et soupiré discrètement, sachant déjà que la conversation allait immanquablement se tourner vers la disparition du frère Weasley, et cela, évidemment, n'avait pas manqué.

« Ta gueule Ron. » Rétorqua sèchement Charlie alors que le Ronald énonçait les raisons pour lesquelles sans doute, Percy était mieux sans eux là où il était.

« Aux dernières nouvelles il pourrait être mort. » Murmura George de son fauteuil, les yeux cernés.

« Ne dis pas ça, George, je t'en pries. » Grogna Arthur tandis qu'il passait une main dans le dos de sa femme. « Merlin, qu'avons-nous fait pour qu'il nous haïsse autant ? » Molly se passa une main sur le visage et essuya quelques larmes naissantes.

« Il se sentait probablement trop intelligent pour appartenir à cette famille, ne te fais pas du mal pour ça, maman. C'est juste un sale petit con égoïste. » Répondit Ginny avec humeur. Elle avala son verre de bièrraubeure et claqua sa langue sur son palais.

«Tais-toi Ginny. » Lâcha d'une voix lasse George en s'enfonçant encore dans son fauteuil. « Parce que tu trouves qu'elle a tort ? » Continua Ron avant d'engouffrer un morceau de tarte au chocolat.

« Oui ! Je pense qu'elle a tort. Non je ne pense pas qu'il est mieux où il est parce qu'il n'est pas ici, avec sa famille, et qu'il est probablement tout seul. Et non, Ginny, ce n'est pas lui le sale con égoïste, c'est nous. Parce qu'on a jamais fait attention à lui et qu'on ne l'a jamais considéré comme un frère, parce qu'il n'était pas comme nous. Alors taisez-vous ! »

Bien, cette fois, Harry n'avait rien eu à dire pour défendre Percy, il semblait que George supporte de moins en moins le fait que son petit frère et sa petite sœur médisent sur l'ancien préfet en chef.

Le cœur de Harry se serra un instant lorsqu'il croisa le regard tellement triste de George. C'était quelque chose qu'il avait souvent voulu faire, d'aller voir George et de lui dire que Percy n'était pas mort aussi, mais qu'il était un peu heureux avec lui. Il le voulait, mais il ne pouvait pas aller contre la volonté de Percy et il préférait choisir son amant plutôt que l'un de ceux qui avaient participés à le rendre malheureux – Même si, bien sûr, il était aisé de répondre à cela que tous n'étaient que des enfant et que Percy avait une réaction disproportionné. Harry savait pour l'avoir vécu qu'être le paria, la petite bête noire d'une famille n'était pas quelque chose qui pouvait réellement guérir au fil des années.

« Quelqu'un veut-il du café ? » Demanda doucement Molly, brisant le silence tendu qui avait suivi les paroles de George.

Cinq mains se levèrent et la femme rondelette s'en retourna à la cuisine pour revenir avec un plateau regorgeant de petits gâteaux, d'une cafetière et de tasses assortis. Elle servit son monde et s'installa au côté de son mari sur l'un des sofas biscornus.

« Au fait Harry, quand auront lieu tes vacances ? Nous nous demandions si tu aimerais venir passer quelques jours ici avec Ted ? » Proposa Arthur en souriant gentiment.

Harry se retint de secouer la tête brusquement. Non, il n'allait sûrement pas passé plusieurs jours ici à les entendre déblatérer à qui mieux-mieux sur la quasi-intolérable fugue de l'un de leur fils.

Autant aujourd'hui Arthur semblait de bonne humeur, autant il lui arrivait souvent de vociférer contre le plus lâche de ses fils et de se demander à voix haute ce qu'il avait bien pu rater dans son éducation. A cela, Harry se retenait toujours de répondre qu'il n'avait pas été un père du tout pour ce fils intelligent et sage, et que c'était bien la le problème.

De plus, le brun n'avait aucune envie de passer du temps loin de Percy qui, si il voulait faire croire à Harry que tout allait bien quand il se rendait dans sa famille, était en réalité toujours secouer de le voir partir. Et Harry grimaca en songeant que d'habitude au moins Ted était là pour changer les idées de Percy ; Aujourd'hui, le petit garçon s'était rendu à l'anniversaire de son meilleur ami.

« Je suis désolé Molly, Arthur, mais je suis occupé pendant les vacances, ce ne sera pas possible. »

« Tes bouts de chou te mêlent la vie dure ? » L'interrogea Bill en souriant. Charlie derrière lui rit doucement. Et Harry était content d'avoir au moins eux deux de son côté – du moins, du côté 'Percy n'est pas un traitre à la famille, il a fait ses choix, et nous aimerions lui dire qu'on ne lui en veut pas et qu'il est le bienvenu'. Le brun se souvenait d'ailleurs d'une conversation avec son amant qui avait tourné essentiellement autour des deux grands frères qui prenaient soin, souvent, de leur petit frère mis à l'écart.

Mais cela n'avait pas été assez.

« Ils sont adorables. » Répondit Harry en sortant de ses pensées. Il était maître d'une classe de petits sorciers en devenir depuis deux ans. Il allait enchaîné sur quelques anecdotes amusantes et attendrissantes lorsque la cheminée s'éclaira. Arthur agita sa baguette pour en autoriser l'accès et une secrétaire à lunette apparu dans l'âtre. « Monsieur et Madame Weasley ? » Demanda t-elle d'une voix aiguës. « Oui. »

« Je vous contacte de la part de l'hôpital Sainte Mangouste, votre fils hum…, elle tourna la tête vers le feu puis revint – Percy Weasley, a été admis il y a une heure et quart. Il semble qu'il ait été agressé dans son appartement. » Expliqua t-elle d'un ton tout à fait professionnel alors que le sang avait quitté le visage d'Harry et qu'il était prêt à hyperventiler.

Charlie, Bill et George s'étaient immédiatement levés et Molly et Arthur, l'air paniqués, les rejoignirent rapidement près de la cheminée.

« Nous arrivons immédiatement. Nous arrivons.» Dit rapidement Molly en empognant un chandail. Elle l'enroula autour de ses épaules et attendit que la secrétaire disparaisse pour la suivre.

Harry dû se retenir de les bousculer tous pour courir jusqu'à son amoureux et attendit que chacun des membres de la famille Weasley passe devant lui.

« Percy, tu n'as pas intérêt à me laisser, putain. » Croassa t-il en tremblant lorsque tout le monde eut quitté le terrier. Il ferma les yeux et éloigna les nombreux souvenirs de la bataille finale, de la mort de Sirius, de Rémus, qui envahissaient son esprit et entra dans la cheminée.

-&-

« Allo ? »

« Sam, c'est moi. » Murmura Harry au téléphone d'une voix rauque. « Merde Harry, comment va Percy? Putain, c'était horrible, il va bien ? »

Harry retint un sanglot et se mit un peu plus dos à la famille Weasley qui était installée sur des chaises un peu plus loin de lui.

« Il est dans le coma, il…Les médicomages ne savent pas si il va se réveiller. On lui a fait tellement de mal, Sam. J'aurais dû être là. » Souffla t-il encore retenant ses sanglots alors que des larmes glissaient sur ses joues. Il passa sa main libre sur son visage. « Est-ce que Ted va bien ? »

« Oui, Seigneur oui. » « Oh Merlin, si il avait été à la maison, si il avait été à la maison. » Murmura Harry en une litanie, horrifié à l'idée que son fils ait été agressé ou tué. « Il va bien Harry, attends d'accord, je te le passe. »

Le brun n'eut pas le temps de faire un geste que déjà un souffle un peu précipité retentit dans le combiné. « Papa-Ry ? » Lui parvint une petite voix.

« Hey chéri, tu vas bien ? » Dit doucement Harry, tentant de parler normalement à travers ses larmes. « Ca va, on a joué à Cache-Cache avec Maëlle et Glenn, et après on a fait des cookies comme Papa-Perc' il fait. J'en ai gardé pour vous. » Raconta l'enfant d'une voix enchantée. Harry manqua laisser échapper un sanglot à la mention de Percy.

« C'est bien ma puce, c'est bien. Par contre, papa et moi on sera pas là ce soir alors tu vas dormir chez Sam et Claire d'accord ? Mais dés qu'on revient, je veux des cookies. »

« Je t'en garderais pleins ! » Il y eut quelques paroles échangées dans le combiné. « Papa, Sam veut te parler alors Bisous ! »

« Bisous mon cœur. » Répondit – Souffla – Harry.

« Tu vas rester à l'hôpital ? » Demanda Sam quand il eut récupéré le téléphone. « Oui. Ils…Ils disent qu'ils en sauront un peu plus demain. Pour le…le doloris et tout ça, tu vois. »

Il se remit à pleurer et souhaita que son ami soit là. « Merde Harry, putain. Je… »

« Ca va Sam, je dois y aller ok. Je te rappelle. »

« D'accord. Ok. Tiens-moi au courant. » En même temps, ils raccrochèrent le téléphone.


La suite avant la fin de la semaine si vous avez aimé!

Gros bisous et à bientôt.

Blibl'