Je poste ici une fic que je viens de terminer de publier sur le site francophone de fanfictions. Je ne sais pas encore à quelle fréquence les chapitres sortiront sur ce site, mais en tout cas, ils sont au nombre de 23. Vous pouvez donc attendre que je les poste sur ce site ou aller tout lire d'un coup sur l'autre site, à vous de choisir. Dans tous les cas, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Vous trouverez peut-être le début un peu rapide et désorganisé, mais c'est normal. La suite est plus lente, ne vous en faites pas. Je pars du principe que vous connaissez déjà la plupart des évènements dont il est question dans ce chapitre. Et pour ceux qui ne connaissent pas Fairy Tail, ne soyez pas handicapés par la première partie, elle n'est pas si importante que ça.
Disclaimer : Bleach, ses personnages et son univers appartiennent à Tite Kubo. Ultear et tout ce qui lui est lié appartiennent à Hiro Mashima. Le reste m'appartient.
Ultear
Je suis toujours la même. Je n'ai pas changé. Je ne peux pas être « gentille ». Je serai toujours attirée vers la voie la plus sombre.
J'ai voulu tuer un innocent de sang-froid. J'allai vraiment le faire. N'ai-je donc rien appris ? Répèterai-je donc toujours les mêmes erreurs ? Je voulais pouvoir expier mes trop nombreux péchés, mais au final, on ne peut pas changer la véritable nature d'un être humain, n'est-ce pas ? Si cela était aussi simple de changer, ce monde serait bien meilleur. Mais de toute façon, peut importe à quel point ce monde pourra être horrible, il sera toujours trop bien pour moi.
Tous mes efforts ont été inutiles. Je ne pourrai jamais racheter mes péchés. Je ne mérite même pas de vivre.
L'ai-je seulement mérité un jour ? Ma vie a été parsemée de meurtres, de tromperies, de manipulations. Peu importe à quel point j'essaierai de me rattraper, je ne pourrai jamais avoir le droit de vivre.
En plein milieu de ce combat à mort, dans la célèbre ville de Crocus, je décide de mettre fin à mes jours. Mais même dans la mort, je me dois d'expier mes péchés, même si ce n'est qu'une infime partie. Si je pouvais en sauver ne serait-ce que quelques-uns dans cette guerre sans merci…
Enfant, j'ai lu quelque chose sur un sort interdit qui permet de remonter le temps. Évidemment, j'ai tout de suite voulu l'utiliser. Mais si ce sort est interdit, c'est pour une bonne raison. Pour pouvoir s'appliquer, il a besoin de prendre la vie du mage.
Si ce sort doit prendre ma vie, qu'il la prenne ! Qu'il prenne le peu de valeur que ma vie peut encore avoir, et qu'un maximum de personnes soit sauvé !
J'ai une dernière pensée pour Grey, qui m'a ouvert les yeux et a cru en ma misérable personne, et active le sort. La douleur est horrible, mais ce n'est rien comparé à ce que j'ai pu faire endurer à certains. Des choses qui ressemblent à des flammes mais qui n'en sont probablement pas m'enveloppent, et je sens clairement ma vie se consumer.
Quelle étrange sensation…
Autour de moi, tout disparaît pour réapparaître tel qu'il était avant.
Je jette un coup d'œil à la grande horloge. Combien de temps ai-je pu remonter ?
Horrifiée, je vois que ses aiguilles n'ont reculé que d'une minute.
Une minute ? ! Ma vie est si pitoyable qu'elle ne vaut plus qu'une minute ?
Je m'effondre. Perdue dans le désespoir, tellement affaiblie par le sort que je viens de lancer que je ne peux faire un mouvement, je succombe aux ténèbres sans savoir que j'ai sauvé énormément de monde par cette simple minute de gagnée.
Et ce que je pourrais encore moins savoir, c'est que mon sortilège ne s'est pas contenté d'agir partout dans le monde que j'habite… Mais également dans les autres.
Je n'aurai jamais aucun moyen de savoir que dans un monde appelé la Soul Society, dont je n'ai absolument jamais entendu parlé, le temps sera également remonté. Mais pas tout de suite. Il faudra attendre que le sort atteigne ce monde. Et puis, pendant le « voyage », le sort aura été un peu modifié, et la durée de temps remontée ne sera pas la même.
Ainsi, dans différents mondes, mon sort agira à différents moments, et sur différentes durées.
Mais ça, je ne le saurai jamais…
Orihime
J'arrive au-dessus du dôme de Las Noches. Sans faire attention à Ishida-kun, je me précipite vers l'endroit où je sens les reiatsu à la limite du supportable de Kurosaki-kun et d'Ulquiorra. Je ne peux me contenter de rester en bas et d'atteindre la fin du combat, il faut que je sois présente, je le sens. Soudain, je me fige.
En haut d'une tour, éclairés par la lune du Hueco Mundo, Ulquiorra tient Kurosaki-kun à sa merci. Sa forme… on dirait un monstre. Il me terrifie. Sa longue queue enserre le cou d'Ichigo, j'ai l'impression qu'il va le tuer, je ne veux pas voir ça ! Il tourne alors sa tête effrayante vers moi. Ses larmes se sont élargies pour finalement ne plus ressembler à rien, ses yeux ont changé, tout a changé. Je ne le reconnais plus, alors même qu'il est celui que j'ai le plus vu ces derniers temps.
- Alors te voilà, femme, dit-il de sa voix sans expression.
Son visage est vide, froid. Pas comme d'habitude, plus… effrayant. Des frissons me parcourent le corps. J'ai beau m'être accoutumée à sa présence, à son regard inanimé, il ne m'a jamais autant fait peur qu'en ce moment, pas même lorsqu'il m'a capturée. Rien qu'en le regardant, j'ai l'impression d'être déjà morte, de ne plus jamais pouvoir rire, j'ai l'impression que désormais, je ne pourrai plus rien ressentir, sinon le désespoir.
Mais malgré ça, je ne peux détacher mon regard de lui, comme fascinée par son aspect monstrueux.
- Kuro… saki… -kun… articulé-je avec difficulté en voyant mon ami inconscient.
- Juste à temps, déclare sans la moindre émotion Ulquiorra en avançant sa main vers Kurosaki-kun. Regarde attentivement. L'homme en qui tu as placé toute ta confiance est sur le point de mourir.
Je le vois préparer un cero. Un cero ? Tiré à bout portant sur la poitrine de Kurosaki-kun ? Non ! Je ne veux pas de ça ! Mais je ne peux rien faire et suis obligée de rester là, à regarder, horrifiée, mon meilleur ami sur le point de se faire tuer. Je ne peux que crier.
- Arrête !
Mais c'est inutile, bien sûr. Une lumière verte malsaine manque m'éblouir, et deux secondes plus tard, la seule chose que je peux voir, c'est l'énorme trou en plein milieu de la poitrine de Kurosaki-kun et ses yeux vides. Ulquiorra le lâche, et il s'effondre.
- Non !
Je cours vers lui, envoie mon bouclier le rattraper, mais Ulquiorra se met en travers de mon chemin.
- C'est inutile, assène-t-il. Peu importe combien tu souhaites aider, tes faibles pouvoirs ne peuvent pas le sauver de son destin.
- Kurosaki-kun… Kurosaki-kun !
Mon esprit reste focalisé sur lui, je ne vois plus que lui, son corps inerte, son énorme trou à la place du cœur…
- Peut-être n'ai-je pas été clair, insiste Ulquiorra. C'est inut…
Ishida-kun apparaît alors derrière lui, son arc à la main. Il tire une flèche sur Ulquiorra, ce qui détourne son attention de moi un instant. J'en profite pour me précipiter vers Kurosaki-kun. Derrière moi, j'entends Ishida-kun cribler Ulquiorra de flèches. C'est sans doute inutile, Ulquiorra est bien trop fort, mais au moins, ainsi, il ne fait pas attention à moi.
J'arrive devant Kurosaki-kun, hurle encore une fois son nom, et tente d'utiliser mes pouvoirs guérisseurs sur lui. Mais son regard est mort.
Définitivement mort.
Je crois que des larmes coulent sur mes joues, mais je n'y prête pas attention.
Que faire ? Que faire ? J'ai toujours pensé que Kurosaki-kun s'en sortirait. J'ai cru que Kurosaki-kun pouvait gagner. Et parce que j'avais tant confiance en lui, je suis devenue aveugle. Cependant… Que faire ? Que faire ? Que faire ? Que faire ?
Ishida-kun apparaît alors à mes côtés, glissant sur le toit du dôme.
- Ishida-kun ?
- Ne t'inquiète pas pour moi, me rassure-t-il malgré le fait qu'il soit blessé et essoufflé. J'ai déjà pris des anesthésiants et des antihémorragiques. Inoue-san, prends soin de Kurosaki.
Et, sous mes yeux effrayés, il repart affronter Ulquiorra, alors que nous savons tous les deux qu'il ne fait pas le poids contre lui.
Ishida-kun !
Je le vois se faire battre à plate couture par Ulquiorra, qui n'a aucune pitié pour lui.
Que faire ? Que faire, Kurosaki-kun ?! Je ne sais pas quoi faire. Je ne… je ne sais rien. Je ne sais pas, Kurosaki-kun ! Kurosaki-kun ! Kurosaki-kun ! Kurosaki-kun ! Kurosaki-kun…
À l'aide ! hurlé-je. Kurosaki-kun !
Je me noie dans mes larmes, dans mon désespoir. Si Kurosaki-kun est mort, alors, Ishida-kun et moi-même le suivrons bientôt dans la tombe, c'est inévitable. Ulquiorra est trop fort, nous sommes trop faibles, il n'aura pas pitié de nous, il ne ressent rien pour nous, il ne ressent rien pour personne de toute façon, n'est-ce pas ?
Pas même pour moi… N'est-ce pas ?
Je sens alors comme un souffle puissant derrière moi, là où est censé se trouver le cadavre de Kurosaki-kun, et me retourne. Ce que je vois n'a plus rien de l'homme que je connais. C'est…
Un Hollow.
Encore plus effrayant qu'Ulquiorra.
Bien plus effrayant qu'Ulquiorra.
- Impossible, déclare simplement Ulquiorra en le voyant. Tu ne peux pas être en vie.
Il se met face à lui, délaissant ainsi Ishida-kun.
- Quelle est cette forme ? Toi… Qui es-tu ?
L'épée d'Ichigo vole alors jusqu'à sa main, et le combat reprend, d'une sauvagerie sans égale. Je suis projetée en arrière et rattrapée par Ishida-kun. L'un comme l'autre se lancent des cero, se tournent autour, se frappent, le dôme se détruit peu à peu sous leurs attaques. Kurosaki-kun arrache sans hésitation un bras à Ulquiorra, et j'ai un mouvement de recul.
- Insensé… articulé-je avec peine. C'est insensé… est-ce que c'est vraiment Kurosaki-kun ?
Ulquiorra fait repousser son bras arraché, sous nos yeux écarquillés, à Ishida-kun et moi.
- Mon plus grand attribut n'est pas mes capacités offensives, annonce-t-il, mais la régénération. Contrairement aux autres Arrancar qui ont perdu la majorité de leur aptitude à se régénérer, j'ai épargné l'habilité à rapidement tout régénérer, excepté mon cerveau et mes organes internes, au lieu de les sacrifier pour de la force brute. Je ne sais pas comment tu t'es transformé en ça, mais tu ne me battras jamais même en ayant augmenté ta force si tu t'arrêtes pour me fixer après m'avoir déchiré un seul bras.
Il joint ses mains et les écarte pour forer une lance.
- Ne t'approche pas de moi. Reste où tu es. Je préfère ne pas utiliser ça près de moi.
Il jette la lance sur Kurosaki-kun, qui l'évite, et le combat reprend. Ils s'envolent, je ne peux suivre leurs mouvements, tout est tellement confus, et cette fois, j'ai l'impression qu'ils sont de forces égales.
Et puis, sans que je ne comprenne comment, Ulquiorra se retrouve à terre aux pieds de Kurosaki-kun. Apparemment, celui-ci lui a porté un coup à deux doigts de lui être fatal, et s'apprête à l'achever.
Dans ma tête, je voie alors simultanément Kurosaki-kun envoyer un cero à Ulquiorra alors que celui-ci l'encourage à le tuer, je voie Kurosaki-kun s'attaquer à Ishida-kun, je voie Ulquiorra, dont le corps est en piteux état, briser une des cornes de Kurosaki-kun, qui redevient humain, constate l'étendue des dégâts qu'il a causés…
Mais surtout, je voie Ulquiorra partir lentement en poussière, littéralement, je le voie tendre la main vers moi, cette main que je trouvais si repoussante à peine quelques minutes plus tôt, je me voie tenter d'effleurer ses doigts alors qu'ils s'effritent à mon contact…
Et, tandis que je le vois disparaître sous mes yeux, je réalise à quel point je tiens à lui, à quel point je ne veux pas qu'il meure… Et je ne comprends pas. Je suis censée le haïr, non ? Après tout, Kurosaki-kun est presque mort par sa faute ! Et puis, c'est lui qui m'a capturée, lui qui m'a terrorisée !
Alors… Pourquoi ? Pourquoi ressens-je comme un vide en le voyant mourir ? Pourquoi cette pensée m'est-elle insupportable ? Pourquoi ai-je l'impression que si je ne tente rien là, tout de suite, maintenant, je perdrai la personne la plus chère à mes yeux ?
C'est absurde ! J'aime Kurosaki-kun, pas Ulquiorra !
Enfin… C'est ce que je croyais… Mais à présent, je ne suis plus sûre de rien.
Toutes ces images se superposent au même instant dans mon esprit, comme si on avait passé le film de mon futur proche en accéléré juste devant mes yeux. Je panique en revenant brutalement à la réalité. Qu'Ulquiorra meurt ? Ah, ça non ! Peut-être ne sais-je pas ce que je ressens réellement, mais une chose est sûre : il ne doit pas mourir. Quel qu'en soit le prix.
- Que… Qu'est-ce que c'était ? balbutie Ishida-kun à mes côtés.
- Tu l'as vu, toi aussi ? m'étonné-je. Cette sorte de vision du futur ?
Il acquiesce. Il ne m'en faut pas plus.
Je ne réfléchis même plus, j'agis uniquement par réflexe. J'envoie Tsubaki couper une des cornes de Kurosaki-kun avant qu'il ne prépare son cero, comme j'ai vu Ulquiorra le faire dans ma « vison ». Il vacille, puis tombe à terre. Je laisse Ishida-kun s'occuper de lui et vais soigner Ulquiorra, qui me regarde, étonné.
- Que fais-tu, femme ?
- Je te soigne.
- Je le voie bien, semble-t-il s'impatienter. Mais pourquoi me guéris-tu moi, alors que ton ami aussi a besoin de tes soins et que je suis ton ennemi ?
Je sens mes mains trembler.
- Je… Je ne veux pas que tu meures… avoué-je.
Il me regarde avec des yeux ronds. Évidemment, il ne devait pas tellement s'y attendre…
- Vous, les humains, êtes vraiment étonnants… déclare-t-il.
J'entends alors Kurosaki-kun se relever et me tourne vers lui.
- Kurosaki-kun !
- Inoue… mais qu'est-ce que tu fais ?
Je soupire.
- Je… Arrêtez de vous battre… S'il vous plaît…
Ulquiorra, Kurosaki-kun et Ishida-kun me regardent tous les trois comme si j'étais folle à lier. Aucun ne comprend, et je peux difficilement les en blâmer… Moi-même, je suis complètement perdue…
- Ce n'est pas la peine que vous vous entre-tuiez ! continué-je. Je… Je vais rester ici quelques temps, et Kurosaki-kun pourra partir et affronter Aizen !
Je suis la première surprise par ma déclaration. Rester ici ? Mais qu'est-ce qui me prend ? Et pourtant, c'est bien ce que je souhaite.
- Inoue, tu te rends compte de ce que tu dis ? s'écrie Kurosaki-kun. Tu nous demandes, à Ishida et moi, de te laisser ici, seule avec cet Arrancar ! Et tu crois sincèrement que nous allons accepter ça ?
- Je n'ai pas l'intention de vous laisser partir aussi facilement, ajoute Ulquiorra.
- Mais pourquoi souhaitez-vous continuer à vous battre ? m'énervai-je à la stupéfaction de tous. Kurosaki-kun, Ishida-kun, vous voulez me ramener dans le monde réel, n'est-ce pas ? Mais je viens de vous dire que j'acceptais de rester ici, au moins pour un petit moment ! Et toi, Ulquiorra, tu dois simplement protéger Las Noches, je me trompe ? Alors, si ils partent du Hueco Mundo, il n'y a aucune raison pour que tu les combattes ! C'est pourquoi… je vous en prie… arrêtez de vous battre…
Ma voix s'est brisée sur la fin de ma tirade, et à présent, les larmes coulent sur mes joues.
Ce moyen est le seul que j'ai trouvé pour qu'Ulquiorra et Kurosaki-kun survivent tous les deux. Il y en a sûrement d'autres, mais dans la précipitation, je n'en ai pas trouvé de meilleur. De toute façon, aussi insensé que cela soit, je me rends compte que je veux rester ici.
Que m'arrive-t-il ?
Je n'ai jamais aimé ce monde mort, triste, fade ! J'ai toujours pensé que si j'avais eu le choix, je serais restée dans le monde des humains !
Alors, pourquoi ?
Je ne comprends pas. Je ne comprends plus. Je n'essaie donc pas de comprendre, j'agis selon ce que mon instinct me dicte : je fais tout pour rester à Las Noches.
- Je vous en prie… pleuré-je une dernière fois.
Rangiku
J'intercepte le bâton inutile d'un pauvre humain fou qui pense pouvoir battre Aizen. Quel imbécile, qu'est-ce qu'il croyait faire ? Si je n'avais pas été là…
- Je l'ai fait à temps, dis-je, soulagée. Aizen… Gin…
- Rangiku.
Gin… Ne pourrait-il pas être un peu plus expressif en me voyant ? Suis-je à ce point insignifiante pour lui qu'il se contente de prononcer mon nom sans paraître ressentir la moindre émotion ?
Non. Je dois arrêter de penser comme ça. Il ne s'agit plus de lui, de moi, de nous désormais. La seule chose que je dois faire, c'est l'arrêter dans cette folie.
Qui… Qui est-tu, jeune fille ? s'écrie l'idiot que j'ai sauvé. C'est dangereux ! Ce n'est pas un lieu pour une fille comme toi ! Les civils doivent rester en arrière !
Vraiment, on voit qu'il ne me connaît pas… Heureusement pour lui, je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un dans son genre.
- Cours, lui ordonné-je simplement.
Comme il paraît stupéfié, j'ajoute quelques explications à mon ordre.
- J'ai dit que je les arrêterai, donc les gens devraient courir durant cet instant !
- De… De quoi parles-tu, jeune fille ? Moi, Don…
Mais qu'il m'agace ! Pour enfin le faire taire, je plaque ma main sur sa bouche, énervée.
- Tais-toi ! Arrête de jacasser ! Porte ces enfants sur ton dos et cours ! Veux-tu que je t'arrache la moustache, brûle ton chapeau et broie ta tête de nœud jusqu'à ce que plus personne ne puisse te reconnaître ? !
Faut pas m'énerver. Et encore moins maintenant.
Il recule et m'obéit enfin.
- O… Ok ! Je te laisse ma place, jeune fille ! Mais ! Si tu te sens en danger, appelle un héros ! Dis « Sauve-moi, Don…
Excédée, je lui balance une canette qui traînait par terre. Il crie, puis nie avoir eu mal. Et enfin, il part avec les deux humaines, en me recommandant une dernière fois de faire attention.
Crétin d'humain. Je sais bien mieux que lui quels dangers je cours près d'Aizen et Gin. Je sais bien mieux que lui que je n'en sortirai sûrement pas indemne. Mais je dois être ici.
Pour lui.
Pour Gin.
- Par ce « Je l'ai fait à temps », me questionne Aizen, parlais-tu du sauvetage de ces humains ? Ou bien parlais-tu de la destruction de Karakura pour créer le Ouken ? Bon, de toute façon, tu as eu tort.
Ma respiration est saccadée, son reiatsu est trop puissant. Évidemment, il le remarque.
- Quel est le problème ? Tu trouves que c'est difficile de me parler ?
- Aizen Taicho, intervient Gin. S'il vous plaît, excusez mon ancienne camarade. Je m'en occupe.
- Ça m'importe peu, le rassure Aizen. J'ai le temps. Tu peux lui parler aussi longtemps que tu le voudras.
- Mais nous serions sur votre chemin, proteste Gin, son éternel sourire malsain aux lèvres.
- Pas du tout.
Et sans que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, Gin se précipite vers moi et m'emporte loin d'Aizen. Nous volons au-dessus de la ville, vers je ne sais où.
- Lâche-moi ! protesté-je.
J'arrive à me libérer de son emprise et atterris sur le toit d'un immeuble, rapidement suivie de Gin qui me fait face.
Gin… Enfin, je peux lui parler seule à seul. Mon cœur me fait mal, je n'en peux plus d'avoir à le considérer comme un ennemi, mais il le faut. Je dois me rentrer dans la tête qu'il n'est qu'un traître, que le Gin que j'ai connu est probablement mort depuis longtemps, mais j'ai beau essayer, je n'y arrive pas. Quelque chose au fond de mon cœur me crie de sauter dans ses bras, d'oublier tous ses actes, de faire comme si rien n'était jamais arrivé.
Quelle connerie, cet amour aveugle…
Car oui, je l'aime. Mais nous n'avons aucun avenir ensemble, n'est-ce pas ? Il s'est peu à peu écarté de moi, me laissant de plus en plus seule, de plus en plus vide sans sa présence à mes côtés. Il est celui qui m'a tendu la main alors que j'en avais le plus besoin, celui dont j'ai toujours eu besoin, et malgré ça, celui qui m'a abandonnée. Sans doute pour ne jamais revenir.
Il me fixe. Enfin, je crois. Avec ces yeux plissés, ce sourire mauvais, qui pourrait dire à quoi ce serpent pense réellement ? Même moi, qui le connais depuis toute petite, je ne peux décrypter ses émotions…
- Tu es pantelante, constate Gin, interrompant mes pensées. Pourquoi es-tu venue ?
- J'ai perdu la trace de votre reiatsu, expliqué-je, donc j'ai pris votre Senkaimon en sautant dedans. Après tout, j'avais une meilleure idée sur l'emplacement de la vraie ville de Karakura !
- Je n'ai pas demandé comment es-tu venue. Je veux savoir pourquoi tu es venue dans ta condition précaire.
Pourquoi pose-t-il la question alors qu'il connaît parfaitement la réponse ? Cet imbécile…
N'est-ce pas évident ? Parce que tu es là, réponds-je comme si c'était l'évidence même, ce qui est le cas à mes yeux.
Son sourire malsain s'efface pour laisser place à une expression que je pourrais presque qualifier de désolée. Presque. Pense-t-il vraiment pouvoir m'adoucir en prenant ce visage ?
Eh bien, il a raison… Il me manipule, je le sais parfaitement, et moi, comme une imbécile, je tombe dans tous ses pièges !
Finalement, je peux te le demander directement, continué-je en tentant de masquer mon trouble.
Je veux savoir. Je dois savoir.
- Pourquoi as-tu décidé de travailler sous les ordres d'Aizen ? Pourquoi ?
J'essaie de prendre un regard dur, un ton froid, distant, mais je sais que de toute façon, il lit en moi comme dans un livre. Et tant qu'à faire, je continue sur ma lancée, je continue à faire comme si il ne m'avait pas blessé dans sa trahison.
Sauvons les apparences. Même si personne n'est dupe.
- Pourquoi as-tu trahi Kira, qui te faisait confiance ?
- Me poses-tu vraiment cette question ? semble-t-il s'étonner.
Que veut-il dire ?
- Tu dis que j'ai trahi la confiance de Kira ? Es-tu vraiment en train de parler d'Izuru, là ?
Évidemment, il fallait qu'il comprenne… Je ne peux vraiment rien lui cacher. Bien sûr que non, je ne parle pas de Kira ! Il était obligé de me le faire remarquer ? Il veut vraiment que je lui dise à quel point il m'a détruite en partant avec Aizen ?
Et alors, je ne sais pas ce qu'il se produit. Ça ne peut venir ni de lui, ni de moi, ni d'Aizen, ni de quiconque que je connais. Cette sensation… Ce n'est ni du kidô, ni un bankai, ce n'est pas non plus un reiatsu étrange ou quoi que ce soit d'autre de connu, ni même vaguement. Je suis sûre que personne parmi les Shinigami, les Hollow, les Arrancar, les Vizard, les Quincy, les Humains, personne ne connaît cette sensation en ce monde.
En ce monde… Oui. C'est ça. C'est comme si ça venait d'un autre monde, un monde que nous ne connaissons pas, un monde dont nous n'avons jamais entendu parler. Je ne sais même pas comment qualifier cette sensation.
Sorcellerie ? Absurde.
Magie ? Impensable.
Pourtant, ces deux mots sont les premiers qui me viennent à l'esprit. Ce phénomène n'est pas naturel.
Et tout d'un coup, j'ai l'impression d'avoir une sorte de vision du futur. Je ne saurais pas l'expliquer, c'est comme si je voyais les prochaines minutes de ma vie défiler dans mon cerveau, c'est la fois nouveau et horrible, des images, des sons, des émotions arrivent d'un coup dans ma tête, tout se passe en moins d'une seconde, c'est vraiment déstabilisant.
Je vois à la fois Gin s'approcher vers moi, me faire quelque chose que je ne comprends d'abord pas, avant de me rendre compte qu'il a utilisé un sort de kidô pour dissimuler ma présence, j'ai l'impression de me relever, de repartir à la recherche de Gin, de le trouver agonisant devant Aizen, de le voir mourir sous mes yeux…
Tout en moins d'une seconde.
Non !
La panique s'empare de moi. Gin ? Mourir ? Tué par Aizen ? Je n'essaie même pas de comprendre pourquoi. Je ne ressens plus que la peur, celle de le voir partir définitivement, sans possibilité de retour en arrière. Pourtant, il est toujours devant moi, il semble chanceler un peu, comme moi. Aurait-il, lui aussi, eu une vision ?
Et alors, conformément à ce que j'ai vu, il s'approche de moi en continuant de me parler. Ce que j'ai vu était donc vrai ? Si c'est le cas, il va poser la main sur mon collier…
Et c'est ce qu'il fait. Alors, contrairement à ce que j'ai vu, je recule avant qu'il ne puisse articuler…
- « Tu me gênes », dis-je à voix haute.
Il paraît réellement surpris, il entrouvre même les yeux, chose exceptionnelle chez lui.
- C'est ce que tu allais dire, n'est-ce pas ? continué-je.
- Toi aussi, tu l'as vu ?
Pour la première depuis longtemps, j'ai l'impression qu'il montre ses réelles émotions. Je ne pense même pas qu'avec lui, on ne sait jamais, que c'est peut-être une autre illusion d'Aizen, que je me suis peut-être trompée en pensant que cela venait d'un autre monde. La peur de le perdre, de le voir mourir sous mes yeux et m'abandonner à tout jamais cette fois-ci, est plus forte que tout. Je n'imagine pas la tristesse que je pourrais avoir s'il venait à mourir.
Je l'ai ressentie.
C'est comme si je l'avais vraiment vu mourir. Cette douleur, cette tristesse… je ne les ai pas imaginées. Je les ressens toujours, d'ailleurs. Pas aussi intensément que durant ma vision, mais elle est bien là, cette impression que l'on m'a planté un couteau dans le cœur.
Je revoie Gin se vidant rapidement de son sang, incapable d'amorcer le moindre mouvement, incapable de prononcer le moindre mot, s'étouffant dans son propre liquide vital…
Je revoie sa vie vaciller comme la flamme d'une bougie que l'on aurait laissée dehors sous le vent, puis s'éteindre brutalement, trop brutalement…
Je revoie son cœur qui rate un battement, puis deux, puis trois, pour finir par s'arrêter définitivement…
Sans plus me soucier de savoir s'il est mon ennemi ou non, je m'agrippe désespérément à son col.
- Ce que j'ai vu… Ce que nous avons vu… C'est faux, n'est-ce pas ? ! Tu ne vas pas mourir, hein ? !
Gin
Qu'est-ce que c'était ? Ce qui vient juste de s'imprimer dans ma tête ? Dissimuler Rangiku, tenter de tuer Aizen… C'est exactement ce que j'avais prévu de faire. Cela ne peut donc pas être une illusion d'Aizen, il ne peut pas avoir deviné tout ça.
Rangiku cramponnée à moi, le regard fou, j'essaie de réfléchir. Nous m'avons tous les deux vus mourir. À ses paroles et son comportement, je devine facilement que ce que nous avons vu correspond.
Mourir en tentant de tuer Aizen, sans avoir réussi à lui reprendre le Hôgyoku et à rendre à Rangiku ce qu'il lui a volé ? Impensable. Je ne peux m'y résoudre. Toutes ces années de mensonges, de manipulations… pour ça ?
Sûrement pas ! Je ne peux pas avoir fait tout ça pour mourir bêtement sans avoir accompli mon objectif ! Je ne peux pas faire pleurer Rangiku sans l'avoir rendue heureuse au moins une dernière fois !
Alors, si ce que nous avons vu est vraiment le futur proche… Nous devons y remédier. Le changer. Et pour ça, je vais devoir arrêter de jouer au traître… Enfin !
Mais je ne dois pas non plus trop me laisser aller, c'est peut-être une énième manipulation d'Aizen…
Je pose mes mains sur les épaules de Rangiku.
- Calme toi, dis-je le plus calmement possible. Je ne mourrai pas. Je n'irai pas m'attaquer à Aizen, je n'ai donc aucune raison de mourir, non ?
Elle me regarde, les larmes aux yeux. Elle est si fragile, au fond… Même si elle paraît forte, toujours de bonne humeur, pleine de vie, devant moi, je vois bien qu'elle perd tous ses repères, qu'elle change complètement d'attitude. Jusque là, j'ai vraiment été odieux avec elle…
Pour le moment, la seule chose que je peux faire pour elle, c'est rester en vie. Après, on verra bien.
Je la sens alors se blottir contre moi et hausse les sourcils, surpris. Elle doit vraiment être dans tous ses états pour s'autoriser ça alors que nous sommes censés être ennemis…
- Je ne te lâche pas, annonce-t-elle comme un ordre.
Mon cœur, que je me suis pourtant efforcé à durcir durant toutes ces années, manque un battement quand je voie à quel point elle tient toujours à moi. Elle ne sait donc pas à quel point je suis fondamentalement mauvais ? Tous mes actes n'ont pas réussi à la convaincre qu'elle devait se tenir éloignée de moi ?
Je devrais être horrifié de la voir si proche de quelqu'un comme moi, qui devrait la tuer sur-le-champ, mais je ne peux m'empêcher d'être affreusement heureux. Je sais que c'est mal, que je ne la mérite pas, mais je suis tellement… soulagé. Soulagé de voir qu'elle tient toujours à moi au point de pleurer à la seule idée que je pourrais mourir…
Je la prends dans mes bras et caresse tendrement ses magnifiques cheveux dorés.
- Chut, murmuré-je doucement à son oreille. Ne t'en fais pas. Je ne mourrai pas. Tout va bien, d'accord ?
Elle acquiesce, toujours serrée contre moi. Je ne peux alors m'empêcher de me moquer d'elle.
- J'ai l'impression de réconforter un bébé, souris-je de ce sourire factice, malsain.
Parce qu'il faut bien que je garde un minimum mon rôle du méchant traître, non ?
- Crétin ! grogne-t-elle en frappant mon torse. Comment arrives-tu à dire ça dans cette situation ?
Mais je vois bien qu'elle s'est un peu détendue. Elle est bizarre, quand même. Être plus détendue quand je me moque d'elle avec ce sourire que quand j'essaie de la réconforter… Bon, de toute façon, à la base, elle est déjà bizarre d'être attiré par le serpent que je suis.
- Je ne comprends pas… dit-elle. Pourquoi, dans ce que nous avons vu, t'es-tu attaqué à Aizen ? Pourquoi t'es-tu lié à lui si c'est pour ensuite le trahir comme tu nous as trahi ?
Je sais qu'elle veut rajouter « comme tu m'as trahi », mais elle ne le dit pas. J'essaie de m'écarter d'elle, mais elle me retient. Je pourrais la forcer à me lâcher, mais je décide de ne pas le faire. Après tout, elle n'est pas la seule à être encore sous le choc de m'avoir vu mourir…
Pourquoi ne pas lui dire la vérité, à présent ? Je suis conscient, au plus profond de moi, d'avoir vraiment été à deux doigts de mourir. Alors je sais que j'aurai beau tenter tout ce que je voudrai contre Aizen, jamais ça ne fonctionnera. Il est trop fort. Même pour moi. Je n'ai donc plus aucune raison de continuer à mentir à celle que j'aime.
Mais… Ce serait trop facile. Abandonner un siècle de mensonges à la première difficulté venue ? Ça ne me ressemblerait pas. Mon entourage est désormais trop habitué à avoir de moi l'image du traître, du menteur, que je ne peux pas lui dire maintenant que j'ai fait tout ça pour elle.
Je garde donc mon sourire mauvais plaqué sur le visage.
- Et si tu essayais de trouver la réponse toi-même ?
Elle et moi sentons alors le reiatsu d'Aizen bouger pour aller en-dehors de la ville. Nous échangeons un regard, surpris. Qu'irait-il faire là-bas ? Serait-il possible que…?
- Tu crois qu'Ichigo est arrivé pour se battre contre lui ? me demande Rangiku, qui a momentanément oublié notre petite discussion.
- Mais je ne sens pas son reiatsu…
- Moi non plus…
- Que dirais-tu, alors, d'aller voir à l'endroit où sont les humains ? Enfin, si tu veux bien me lâcher, bien sûr, me moqué-je.
Elle me lance un regard hésitant et se détache lentement de moi, comme à regret.
- Ne t'attends pas à ce que je m'éloigne de toi, me prévient-elle.
- Je m'en doutais, souris-je. Tu sais que je suis assez grand pour assurer ma propre protection tout seul ?
- Je m'en fiche ! Et tu n'as pas intérêt à t'enfuir ! lance-t-elle une dernière fois.
Je garde mon sourire sur mes lèvres, amusé malgré moi. Un faux sourire… qui en cache un vrai.
- Viens, allons-y.
Elle hoche la tête, et nous partons voir ce qu'il est arrivé aux humains.
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