Northern Lights
Chapitre 1 : Prologue
Un flot de jurons en finnois s'échappa de la bouche du jeune étudiant qui dérapa sur la fine couche de neige qui recouvrait peu à peu le trottoir d'un voile gelé. Il se rattrapa de justesse au lampadaire, heureusement à sa portée de main, et patina quelques secondes sur place avant de s'immobiliser dans une position grotesque. Sous les quelques rires des passants, il se redressa et tenta de reprendre contenance.
Tino Väinämöinen, dix-neuf ans, étudiant en archéologie à l'Université de Stockholm, était un jeune homme pour le moins… Banal. De taille moyenne (il atteignait péniblement le mètre soixante-dix), il avait des cheveux d'un blond très clair qui tombaient sans arrêt dans ses yeux d'un gris presque violet. Ses iris paraissaient en effet d'un lilas sombre à cet instant précis, et scrutaient la rue pour apercevoir son bus qui n'aurait pas dû trop tarder. Vêtu d'un manteau de style uniforme, bleu marine, il avait les mains dans les poches. Une écharpe couvrait sa bouche et son nez pour se protéger un peu du froid perçant qui régnait à cet instant sur la ville.
Repérant soudain son bus, il se mit à faire de grands signes il ne devait pas le rater, pas comme la dernière fois. À son grand soulagement, le véhicule s'arrêta sur le côté de la route et il embarqua sans oublier de présenter son titre de transport. Il restait plusieurs places, dont une au milieu du bus, qu'il s'empressa de prendre avant de s'accouder à la vitre pour admirer les bâtiments sous la neige.
Le Finlandais aimait bien les places du milieu. Celles de derrière, c'était pour les perturbateurs, les gens pas nets, les anormaux. Tino n'était pas anormal, enfin, il n'en avait pas l'impression, et il se refusait tant que possible d'occuper ces places que tout le monde regardait d'un mauvais œil. Celles de devant, en revanche, c'était pour les gens importants, les hommes d'affaires pressés, les touristes, ceux qui n'avaient pas l'habitude de prendre le bus. Tino n'était pas spécial, alors il s'en tenait à l'écart. Tino était juste Tino : un petit étudiant finlandais, perdu dans Stockholm, trop normal pour être respecté, trop banal pour être remarqué.
Cela lui convenait. Il n'était pas d'une nature à se mettre en avant, de toute manière : depuis tout petit il était le garçon de la classe qui avait quelques amis sans avoir un répertoire fourni, celui qu'on allait voir en dernier recours. Des notes moyennes, des relations moyennes, une vie moyenne. Voilà ce que Tino Väinäimöinen imaginait pour lui, jusqu'à la fin de ses jours.
« Stockholms Universitet » annonça la voix préenregistrée, forçant l'étudiant à se lever de son siège.
Il embarqua son sac et descendit du bus sans un mot, se dirigeant vers le grand campus. La neige commençait à crisser sous la semelle épaisse de ses Rangers, ce qui la rendait moins glissante et donc plus au goût de Tino. Cependant, avide de chaleur, il s'engouffra dans le plus vaste des bâtiments, se secoua légèrement pour faire tomber les flocons accumulés sur sa tête et lâcha un petit soupir las.
Quelques élèves le saluèrent poliment dans les couloirs, sans s'arrêter pour lui demander des nouvelles. De toute façon, il n'en aurait pas eu beaucoup à partager. Toute sa vie tournait autour de ses études et de sa passion.
Car oui, Tino, à défaut d'être doué ou original, était tout simplement passionné par le sujet de ses études : l'Histoire.
Ou plus particulièrement, l'archéologie, qui déclenchait chez lui une adoration infinie. Il était de ceux qui aimaient se plonger dans les vieux livres poussiéreux de la bibliothèque, ceux qui pouvaient disserter une heure sur la société Scandinave du XVème siècle, ceux qui écrivaient les articles Wikipédia au lieu de les lire. Voilà, si le Finlandais avait ne serait-ce qu'une seule particularité… Ça aurait été celle-ci.
« Salut, Tino. »
Il leva la tête pour croiser le regard étincelant de son ami, Eduard Von Bock, un Estonien venu ici pour suivre des études de droits. Franchement, Tino n'aurait pas su expliquer comment ils s'étaient rencontrés : ça s'était fait par hasard, au détour d'un couloir, alors que les cours se terminaient. Eduard, lui, était un élève intelligent et prometteur : il excellait dans toutes les matières et surpassait le Finlandais de loin… Très loin.
« Salut Eduard. Quoi de neuf ? » demanda Tino d'un air absent en déverrouillant son casier…
… Duquel dégringola une lettre froissée, à moitié déchirée.
« C'est quoi ça ? demanda l'Estonien en fronçant les sourcils.
- Rien, répondit Tino après un bref instant d'hésitation, tout en rangeant la lettre dans sa poche. Je disais, quoi de neuf ?
- Oh tu sais, pas grand-chose… La routine ! Aujourd'hui en sociologie on a vu… »
Il était reparti sur ses études. Tino pinça les lèvres et mit un peu d'ordre dans son casier, lâchant un « mmh » ou « ah d'accord » de temps à autre, sans vraiment écouter Eduard. Il était intrigué par cette lettre et souhaitait la lire, mais en privé. Non pas qu'il ne faisait pas confiance à son ami, mais il préférait l'intimité de la seule compagnie de sa propre personne pour découvrir quelque chose qui lui était personnellement adressé.
Finalement, l'Estonien se rendit compte qu'il avait promis à une certaine Katyusha de l'aider à étudier (Tino avait juste en tête un accent ukrainien, des cheveux blonds et un certain volume au niveau de la poitrine). Il acquiesça lentement et le regarda s'éloigner, le cœur battant dans sa poitrine, avant de fermer son casier à clé et de s'isoler pour regarder la lettre d'un peu plus près.
Il fut tout de suite frappé par l'apparence ancienne de cette lettre : elle avait l'air d'être en parchemin, comportait des traces de poussière dans les coins et sur le caché, moulé à la cire. Si c'était un faux, elle était très, très bien faite. Il l'approcha de son visage et renifla doucement, de nouveau étonné lorsqu'une odeur de vieux document lui monta au nez : il la connaissait cette odeur, il traînait souvent dans les archives. Avec horreur, il se demanda quel abruti aurait bien pu mettre un tel trésor dans cet état, surtout pour la mettre dans son casier.
Tino hésitait : le cachet ne ressemblait à rien de ce qu'il connaissait, peut-être valait-il mieux qu'il l'apporte à un professeur compétent… ? Sa main ne suivit pas ses pensées et il décolla lentement la cire sans faire de dégâts, et sortit un bout de papier vieilli à l'air fragile, sur lequel on pouvait lire un vieux texte… Écrit en… Vieux norrois ? Abasourdi, le Finlandais retourna le papier il n'y avait rien derrière. Juste quatre lignes, courtes, brèves, concises. Il posa son sac, sorti son « An Introduction to Old Norse » et une feuille de papier pour s'atteler à la traduction.
Au bout d'une vingtaine de minutes, il prit sa feuille et lut le résultat, incrédule.
Avant que la mort nous trouve du talent,
Avant que la fin du monde nous sépare,
Avant que la mort ne nous sépare,
Avant que la nuit tombe.
Bon, ses talents de traducteur étaient peut-être un peu hésitants, mais il s'agissait visiblement de quelque chose qui s'apparentait à une chanson, ou un poème. Tino n'avait jamais vu quelque chose comme ça, et pour être parfaitement franc, il était très excité. À moins que quelqu'un ne lui fasse une mauvaise blague… ? Il y avait tant d'autres étudiants plus doués que lui dans cette langue. Décidant de plancher sur la question plus tard, il rangea précieusement la lettre et sa traduction dans son sac avant de se diriger vers la salle où il avait cours, dans une petite heure.
« Monsieur Väinäimöinen ? appela une voix essoufflée derrière lui.
- Oui ? répondit-il d'un ton surpris en se retournant, pour voir son professeur d'Histoire de l'Art courir vers lui.
- J'ai une proposition à vous faire, balbutia l'homme en s'épongeant le front avec un mouchoir en tissu brodé. Vous savez, la place de stagiaire qu'était censé occuper monsieur Lukas Bondevik ?
- Hum, oui. » fit Tino d'un ton absent.
Oui, il savait. Cette place, il aurait sacrifié un de ses membres pour l'avoir, mais malheureusement, c'était le meilleur élève de sa classe, un Norvégien, qui avait été sélectionné. C'était tout simplement logique, bien sûr, et le Finlandais n'avait rien à y redire. Mais bon, une occasion telle que celle-là, sur un site de fouilles Viking, il n'en tombait pas des masses, et Tino n'aurait peut-être jamais cette même chance… Il ne fallait pas y penser.
« Il a eu un empêchement familial… Il ne peut plus partir. Nous cherchons un remplaçant en urgence, prêt à partir demain…
- Oh, fit soudain Tino, vous voulez que je demande à quelqu'un d'autre, c'est ça ?
- Non, répondit le professeur avec un petit rire. J'aimerais que ce soit vous qui veniez, monsieur Väinäimöinen. »
Tino ouvrit la bouche, puis la referma, incapable de penser. Lui ? Mais pourquoi ? Il était l'élève moyen… C'était trop injuste pour Lukas, il ne méritait pas ça. Pourtant, ce fut plus fort que lui, une voix tremblante s'échappa d'entre ses lèvres, si distante qu'elle paraissait ne pas lui appartenir.
« Considérez-moi déjà prêt. »
Bonjour à tous !
Ma première fanfiction Hetalia publiée... Comme je suis émue *snif* Donc cette fanfiction sera un SuFin, avec probablement en side-pairing un DenNor. Le poème est tiré des Google Poésies, un blog que je vous encourage à visiter.
Ce chapitre est assez court, les autres seront probablement plus longs... Enfin j'espère en tout cas.
N'hésitez pas à commenter si vous avez quelque chose à dire, que ce soit positif ou négatif !
À la prochaine !
Lily of the Northern Valley
