Titre original: Whore's Son

Auteur: fireffly

Traduction: Ally-33

Note de la traductrice: L'histoire utilise les noms des acteurs de la série et non celui des personnages. Ainsi Jared est Sam et Jensen est Dean.

Bien qu'il n'y ait aucune scène vraiment explicite, les thèmes abordés sont assez matures et sombres, donc pas conseillésà tout le monde.

Cette fic est à la base un one-shot, j'ai personnellement choisi de la diviser en deux pour des raisons pratiques.

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Résumé: La sœur de Jared était une pute. Pas au sens figuré du terme, elle était une vraie pute. Elle ne faisait peut-être pas le trottoir, mais elle n'était pas mieux que celles qui le faisaient. Et maintenant elle était morte et laissait un garçon de 16 ans derrière elle. Et si son seul parent encore vivant, oncle Jared, ne le prenait pas en charger il finirait dans le système d'adoption. Enfin, ce n'était pas comme si Jared en avait quelque chose à faire.

Jensen savait que la vie pouvait être dure; qu'elle pouvait faire tellement mal qu'il en avait parfois du mal à respirer. Mais la perte de maman, c'était une douleur qu'il n'était pas sûr de pouvoir surmonter. Et maintenant il se retrouvait tout seul. À moins qu'oncle Jared ne veuille bien de lui. Toujours aussi intense, oncle Jared les avait abandonnés une dizaine d'années auparavant, quand Jensen avait désespérément eu besoin de lui.

Que faudra-t-il faire pour que son oncle l'accepte ?

...

Fils de pute

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Partie 1

La sœur de Jared était une pute. Pas au sens figuré du terme, elle était une vraie pute. Elle ne faisait peut-être pas le trottoir, mais elle n'était pas mieux que celles qui le faisaient. Elle recevait les visites de ceux qu'elle appelait ses "amis", des hommes qui laissaient de l'argent sur la table de chevet; ceux que tout le monde appelaient ses clients. Ça embêtant beaucoup leur père, et il aurait sûrement fait quelque chose pour y remédier, s'il n'était pas mort avant. Ou peut-être qu'il n'en avait jamais eu l'intention. Leur père, un alcoolique égocentrique et abusif, l'avait renié depuis longtemps, quand elle avait foutu sa vie en l'air en écartant ses jambes pour se faire engrosser à seize ans. Leur mère était morte quand ils étaient encore petits, alors il n'y avait toujours eu que Wendy et Jared. À l'exception de l'enfant, Jensen. Il y avait eu un temps où Jared s'était senti désolé pour le garçon; quand il était encore petit. Il ne pouvait pas s'imaginer à sa place, être expédié au lit à chaque fois que maman rentrait à la maison avec un étranger, tout en sachant ce qui se passait. Et l'enfant devait certainement savoir. Leur maison n'était pas très grande. Elle avait probablement eu les moyens de s'offrir quelque chose de mieux, de plus grand, elle avait eu suffisamment "d'amis", mais elle n'avait jamais déménagé. Peut-être qu'elle jouait la carte de la pauvreté pour soutirer des extra à ces hommes. Qui sait? Sûrement pas Jared en tout cas. Et puis on ne peut pas dire qu'il se sentait vraiment concerné. Il avait mieux à faire que de se préoccuper de sa salope de petite sœur et de son morveux de fils. Il avait un business à construire et ses propres problèmes à gérer.

Donc, l'appel l'informant de la mort de Wendy ne l'avait pas vraiment choqué; elle avait mené une vie de débauche, après tout. Le véritable choque avait été de découvrir que son fils, était tout seul et que s'il ne s'en occupait pas, l'enfant finirait en famille d'accueil. Ou pire. Il devait réfléchir, ça faisait des années qu'il n'avait plus pensé à eux et ça faisait encore plus longtemps qu'il ne les avait pas vu. En fait, la dernière fois que Jared les avait vu, Jensen devait avoir neuf ou dix ans. Et maintenant, selon les avocats, il en avait seize. Jared avait presque souri à l'ironie du sort: l'enfant se retrouvait livré à lui-même au même âge auquel sa mère l'avait conçu et s'était faite jeté de la maison. La vie était drôle parfois.

Maintenant, il devait se décider s'il le recueillerait, ou pas. Pour être honnête, il n'en voulait pas. Il n'avait pas besoin d'un adolescent dans sa vie actuelle. Durant la dernière décennie, il s'était tué au travail, il avait réussi à s'extirper de la pauvreté dans laquelle il avait grandi. Il avait construit une réputation auprès de gens importants et désormais, il possédait son propre bar. Il avait quelques entreprises secondaires, mais le bar représentait toutes ses années de dures labeurs. Et grasse à lui, il vivait la belle vie; de l'argent à ne plus savoir quoi en faire, baiser qui il voulait et n'avoir de compte à rendre à personne. Comme quoi, une belle gueule, un bon travail et vous devenez tout de suite très attirant. Il avait une réputation, il avait des besoins. Et avoir le fils de sa sœur dans les pattes risquerait de changer les choses, de réduire sa liberté de faire ce qu'il voulait, avec qui il voulait et où il le voulait. Mais peut-être que se ne serait pas si mal que ça après tout. Jensen avait grandi en voyant sa mère se prostituer, alors il ne serait surement pas effrayé d'apprendre que son oncle tenait un réseau de prostitution en plus de son bar. Si le garçon était comme sa mère, alors il était une petite salope et il apprendrait rapidement à se débrouiller. Et s'il était comme son oncle, et bien, il serait quelque chose d'autre. Ça restait à voir. Il verrait mieux à quoi il avait à faire une fois aux funérailles.

L'enterrement était calme. On dirait que beaucoup de monde en ville aimait bien se la taper, mais que personne n'avait le désir de venir sur sa tombe pour montrer leur respect envers elle. Enfin, ce n'était pas vraiment une surprise. Il y avait quelques amies de Wendy, deux ou trois voisins et plusieurs adolescents. La cérémonie venait juste de commencé quand Jared était arrivé; il l'avait chronométré ainsi pour avoir le temps d'observer son neveu. Jensen était jeune. D'accord, il avait évidemment grandi depuis la dernière fois que Jared l'avait vu, mais il paraissait tellement jeune. Un peu moins d'un mètre quatre-vingts, mince, avec des cheveux châtain clair ni court, ni long et dont l'entretien ne semblait se résumer qu'à un shampoing et un brossage rapide. Ses vêtements étaient bon marché et semblaient avoir été prêté par pure bonté; un costume sombre qui ne lui allait pas et qui n'était en aucun cas acceptable pour les circonstances. Ce qui était surprenant. Wendy avait toujours été une dingue de mode, elle était toujours sur son trente et un et bavait sur les créations de marques. Alors, soit ce n'était pas du seconde-main, soit elle ne s'embêtait pas vraiment quand il s'agissait du gamin. Il y avait une fille à côté de Jensen, une jolie petite chose avec de longs cheveux noirs, qui lui tenait la main. Il y en avait une autre avec des cheveux bruns lui arrivant aux épaules, qui lui frottait le dos en lui murmurant quelques choses à l'oreille. Deux autres adolescents, des garçons cette fois, se tenaient à leurs côtés, offrant leurs soutiens. Ce fut intéressant de regarder la façon dont il serrait les filles et de constater que c'était pourtant vers l'un des garçons qu'il se tournait, à qui il s'accrochait, chez qui il pleurait à la fin de la cérémonie, alors que tous les autres les entouraient. Jared n'avait pas bougé de sa place, il regardait simplement le petit cercle. Quand les deux amis se séparèrent, la petite bande resta groupée tandis que les autres, les adultes, se mirent en ligne et lentement, un par un, vinrent lui présenter les dernières condoléances. Ce ne fut qu'après avoir parlé à la dernière personne, un vieil homme dans un costume noir coûteux, que Jensen leva la tête. Il cligna plusieurs fois des yeux, le regard vacillant d'un retardataire à l'autre jusqu'à tombe sur Jared. Il gela sur place. Et Jared aussi.

Jared savait déjà que l'enfant avait des yeux verts, tout comme sa mère, mais il ne s'attendait pas à ça. Ils étaient larges, brillant de larmes et encadrés par de longs cils noirs qui rendraient jalouses n'importe quelle femme. La profondeur des émeraudes vertes l'attirait et le maintenait, comme aucune chaîne n'en aurait été capable. Les larmes scintillaient sur ses pommettes saillantes et ses joues légèrement mouchetées de taches de rousseur. Ses lèvres, rose et pleine, gonflé d'avoir été mordu, semblaient tellement douces, elles étaient façonnées le plus délicieusement possibles. Il y avait quelque chose d'incroyablement féminin dans tout ça. C'était sans compter sur sa forte mâchoire et son front épais. Mais dans l'ensemble, il était étonnamment beau, magnifique même. Jared comprenait mieux pourquoi, garçons et filles, se massaient autour de lui.

Il savait ce que Jensen voyait. Un grand homme d'un mètre quatre-vingt-treize aux cheveux châtains coupés un peu plus long que pour les hommes d'affaires habituels. Vêtu d'un costume gris foncé très couteux, il possédait de larges et puissantes épaules pour une taille fine et de longues jambes musclées. Ses yeux noisette fixaient ceux, verts, de son neveu et Jared lui fit un petit sourire, laissant ses fossettes ressortir. Il savait exactement quel message il envoyait, quelle image il voulait afficher: grand, fort, beau, aimable et, en dépit de ses trente et un ans, encore jeune. C'était une image qu'il avait mise au point il y à des années. Elle lui avait ouverte beaucoup d'opportunités, elle l'avait sorti de beaucoup d'ennuis et elle masquaient à la perfection chaque once de ténèbres qui vibraient à l'intérieur de lui. Jensen baissa brusquement la tête et Jared manqua presque le léger rougissement sur ses joues humides. Puis, il le regarda à nouveau, timidement, sans totalement relever la tête. Jared laissa passer un moment sans rien faire, profitant juste de la vue qui s'offrait à lui et prenant le temps de se contrôler suffisamment pour maîtriser son expression, avant de hocher la tête. Que Jensen le sache ou non, c'était une danse décisive qui venait de débuter entre eux. Et Jared voulait savoir comment le garçon agirait.

L'un des garçons chuchota quelque chose à Jensen. Même si Jared n'entendait rien, il pouvait voir les lèvres de son neveu bouger en réponse. "Mon oncle." Dit-il puis, soudain, les cinq adolescents regardèrent l'inconnu. Mais l'attention de Jared, elle, n'avait jamais vacillé, son regard n'avait jamais quitté les yeux vert; tout comme Jensen ne s'était jamais détourné de lui. Jared hocha la tête à nouveau et la bougea légèrement sur le côté, curieux de voir si le garçon comprendrait la commande silencieuse. Évidemment il comprit et, après avoir échangé quelques mots avec ses amis, il passa devant la tombe pour s'avancer vers son oncle. Il tripotait ses mains en s'arrêtant devant l'homme plus grand, la tète timidement baissée. Finalement il releva les yeux pour regarder Jared.

"Salut." Dit-il doucement. Il avait une belle voix, douce mais masculine. Jared lui offrit un autre sourire amical et chaleureux.

"Hey, Jensen."

Ce dernier gagna en courage et lui fit un léger sourit. "Merci d'être venu."

"C'est le moins que je puisse faire."

Jensen baissa de nouveau la tête, détournant ses yeux de Jared pour regarder ses doigts qu'il tripotait nerveusement. "Je n'étais pas sûr que vous viendriez." Avoua-t-il finalement.

Jared saisit le menton du garçon pour lui faire lever la tête et dit. "Regarde-moi quand je te parle."

Jensen déglutit difficilement, ses yeux s'élargirent et il hocha légèrement la tête. Jared ne put que constater qu'il ne s'était pas détaché du contact soudain.

"Tu te rappelles de moi?" Demanda Jared.

Le garçon acquiesça doucement. Jared passa son pouce sur la mâchoire lisse un moment, avant de retirer sa main. "De quoi tu te souviens?"

"La dernière fois que je vous ai vu, c'était à mon neuvième anniversaire. Vous m'aviez offert un jeu d'échecs et vous m'aviez dit de toujours penser à l'avenir."

Jared ne put retenir un sourire. "Tu te souviens de ça?"

Jensen haussa les épaules et son visage s'illumina d'un sourire. "J'ai toujours le jeu d'échecs."

Jared lécha ses lèvres en tentant de dissimuler le plaisir qu'il ressentait, tout en sachant qu'il pouvait encore se lire dans ses yeux. "Bon garçon."

Jensen sentit ses joues brûler et baissa la tête à nouveau. Dieu que ce garçon était délicieux. Et sincèrement, Jared ne comprenait pas comment il pouvait être encore aussi innocent, considérant qui était sa mère et la vie qu'il avait dû mener. Il resta silencieux, attendant de voir ce que Jensen ferait. Mais il n'eut pas à patienter très longtemps. Son neveu semblait essayer de rassembler son courage, il arrêta de triturer ses doigts, laissa ses mains retomber à ses côtés, redressa ses épaules et enfin releva la tête. "Alors..."

"Alors?" Demanda Jared, innocemment.

"Est-ce que je vais...?" Il s'arrêta, se lécha les lèvres et lança un regard vers ses amis, qui avaient une vue imprenable sur tout ce qui se passait. Quand il retourna la tête, il faisait encore face à la poitrine de Jared. "L'avocat n'était pas sûr..." Il s'arrêta une nouvelle fois. Jared le laissa languir. Il aurait pu lui rendre ça plus facile, mais honnêtement, il n'en avait pas envie. Il voulait que Jensen lui demande, il le voulait vulnérable et anxieux.

"Je ne t'ai pas dit de me regarder quand je te parlais?"

Les yeux de Jensen se relevèrent d'un coup et Jared vit en eux la vulnérabilité qu'il cherchait, ainsi que l'embarras d'avoir été rappelé à l'ordre. "Désolé." Marmonna-t-il.

Jared hocha la tête.

"J'ai juste..." Jensen reprit, puis se stoppa encore une fois. Jared ne pouvait s'empêcher de profiter de son incertitude. Alors il resta silencieux. "Je... je ne sais pas ce qui va se passer maintenant. Je veux dire, l'avocat a dit ça parce que vous êtes mon seul parent vivant et que si vous ne me prenez pas en charge je serais placé en foyer d'accueil."

Jared hocha lentement la tête. Il savait déjà tout ça et il imaginait bien la peur que son neveu devait ressentir. Une peur avec laquelle il voulait jouer. Il conserva un ton neutre quand il annonça. "Nous devons en parler. Je suis un homme occupé et j'ai une entreprise à faire tourner."

A son tour, Jensen hocha la tête, la déception et la tristesse se lisaient sur son visage et les larmes remplirent ses yeux, juste avant qu'il ne baisse la tête. "D'accord." Dit-il doucement, comme si c'était ce à quoi il s'était attendu.

Jared enroula sa large main autour de la nuque de Jensen et glissa son pouce sous son menton pour lui faire relever la tête. "Hé, je n'ai pas dit non. J'ai juste dit qu'on devait en parler."

La défaite qui se lisait chez Jensen disparu en un clin d'œil et son visage, si ouvert, si expressif, s'illumina d'un sourire. Ses yeux étaient remplis de soulagement, d'impatience et d'espoirs, alors il se détendit dans les mains de Jared. Les larmes coulaient librement sur ses joues et sa respiration était saccadée. Il était tellement désespéré pour la moindre petite miette de gentillesse. Connaissant son égoïste de sœur, Jared imaginait bien à quel point le garçon avait dû en manquer en grandissant. La main de Jared alla se poser sur sa joue et son pouce essuya la traînée de larmes.

"Je viendrai chez toi ce soir et on en parlera." Promit-il doucement.

"Oh." Jensen se mordit la lèvre inférieure. "Um, est-ce qu'on pourrait faire ça demain?"

"Pourquoi?"

"En fait, mes amis et moi, on va faire une sorte de veillée chez Lisa. C'est ma petite amie." Ajouta-t-il presque timidement. "Ils veulent être là pour moi, vous voyez."

Jared jeta un coup d'œil sur la joyeuse bande d'adolescents et demanda. "Laquelle est Lisa?"

"Celle en t-shirt blanc."

Son regard scanna la fille aux longs cheveux noirs qu'il avait repéré précédemment. Mignonne, très mignonne. Taille fine, poitrine correcte, joli visage orné de grands yeux marron plein de gentilles et de compassion. Il pourrait le faire, leur accorder cette dernière soirée et peut-être concéder à Jensen une bonne nuit de réconfort. Elle semblait être du style à donner ce genre de réconfort.

Il retourna son attention sur son neveu et parla d'une voix dure. "Nous parlerons ce soir. J'ai un truc à faire et après je serais chez toi d'ici une heure ou deux. Je veux que tu y sois à m'attendre et je t'y veux seul. Est-ce que c'est clair?"

Toute la confiance que Jensen avait accumulée s'évapora en un instant et il hocha la tête. "D'accord."

Jared arqua un sourcil et regarda durement dans les beaux yeux verts.

"Oui." Jensen acquiesça de nouveau, avec rapidité. "Oui monsieur. J'y serais."

Jared lui donna un sourire chaleureux et ravi, une dernière pression réconfortante sur sa nuque et s'éloigna. Le garçon pourrait peut-être en valoir la peine, après tout.

Jensen savait que la vie pouvait être dure; qu'elle pouvait faire tellement mal qu'il en avait parfois du mal à respirer. Mais la perte de maman, c'était une douleur qu'il n'était pas sûr de pouvoir surmonter. Il n'y avait toujours eu qu'elle et lui. Les hommes venaient et partaient, beaucoup d'hommes même s'il voulait être honnête, mais ils finissaient toujours par partir. Ils n'arrivaient pas à la supporter. Ils ne savaient pas gérer ses humeurs et son tempérament, ni même leur propre jalousie, ou alors ils prenaient trop à cœur ce qu'elle leur disait sans comprendre qu'elle ne faisait qu'évacuer sa frustration et en un rien de temps, ils s'en allaient à toute vitesse, les laissant de nouveau seul tous les deux. Personne ne pouvait prendre soin d'elle comme Jensen le faisait. C'était toujours lui qui la soulevait, ivre morte du sol et qui la nettoyait quand elle abusait sur les soirées. C'était lui qui chassait ces hommes qui se montraient agressifs ou violents quand elle les ramenait à la maison. C'était lui qui veillait à ce qu'elle mange et dorme suffisamment. C'était lui qui s'assurait qu'elle paie les factures à tant. Enfin c'était lui, et seulement lui, qui la défendait. Peu importe qu'elle ne le remarquait pas souvent ou qu'elle s'énervait et disait parfois des choses vraiment méchantes. Il comprenait. Elle avait eu une vie difficile et personne n'avait été là pour elle. Alors il essayait d'être là, lui. Il avait toujours pensé que s'il pouvait lui montrer, s'il trouvait un moyen de lui prouver à quel point il l'aimait, peut-être qu'elle n'aurait plus besoin de ces hommes. S'il pouvait lui montrer qu'elle méritait d'être aimé, peut-être qu'elle le verrait et qu'elle pourrait même se trouver un seul homme à aimer. Et si ça arrivait, peut-être qu'il aurait un père et peut-être que les choses s'arrangeraient. Peut-être qu'il n'aurait plus constamment peur et peut-être que quelqu'un, quelque part, finirait par en avoir quelque chose à foutre de lui.

Tout ça n'avait plus d'importance maintenant. Plus rien n'avait d'importance, puisqu'elle était morte. Il n'avait pas su la protéger. Il n'avait rien pu faire. Et il était trop tard.

À présent, tout était foutu. Elle était partie et il s'était retrouvé tout seul. Personne en ville ne voudrait le prendre en charge. Il n'était ni naïve, ni stupide au point de penser le contraire. Ils étaient gentils quand ils venaient voir sa mère ou quand ils la faisaient sortir, mais ça ne voulait pas dire qu'ils l'aimaient lui. Jensen le savait mieux que n'importe qui. Ils n'avaient même jamais pris la peine de le considérer quand ils le croisaient dans la rue. Il s'était suffisamment pris de claque quand il était petit, en tentant de les saluer lorsqu'il les voyait à Walmart ou lorsqu'il leur rentrait dedans au détour d'un magasin. Et s'ils refusaient seulement de lui parler, c'était plus qu'évident qu'Ils n'accepteraient jamais de le prendre sous leurs toits. Aucun des clients de maman n'oserait et ceux qui n'étaient pas des clients s'écriraient aux ridicules et se lanceraient dans tout un tas de spéculations. Jensen avait grandi dans cette ville où tout le monde savait ce que faisait sa mère, alors il se doutait bien de ce qu'ils pensaient d'elle, et aussi de lui. La meilleure solution serait de quitter cette ville. Mais pour ça, il n'y avait qu'un seul moyen.

Oncle Jared.

Jensen avait su que son oncle viendrait aux obsèques, du moins il l'avait espéré. L'avocat le lui avait confirmé. Mais il avait tout de même été surpris. La dernière fois qu'il avait vu son oncle c'était il y a sept ans, à son anniversaire et la dispute qui avait éclaté entre sa mère et lui avait été épique. Jensen avait eu tellement peur qu'il s'était caché dans le placard, mais même ainsi, il avait tout entendu. Les accusations, les injures et les mots cruels. Quelque chose au sujet du grand-père qu'il n'avait jamais connu qui était mort de honte à cause de la profession que sa fille unique avait choisi d'exercer. Il n'avait jamais réalisé que la famille de sa mère savait comment elle se procurait son argent jusqu'à ce moment précis. Au fond, une petite partie de lui avait espéré que Jared était venu pour tout arrêter, pour la faire arrêter, ou au moins pour emmener l'enfant qu'il était loin de tout ça. Il se souvenait de la fureur qui avait envahi les yeux d'oncle Jared lorsqu'il avait vu le bleu sur son visage, cadeau qu'un des habitués de maman avait laissé quelques jours auparavant. Mais au lieu de sauver son neveu, Jared était simplement reparti, énervé, laissant Jensen recroquevillé et tremblant dans le placard, ses petits bras serrant le jeu d'échecs qu'il venait de lui offrir.

Et maintenant oncle Jared était de retour. Toujours aussi grand, toujours aussi intense. Jensen avait cru que les choses auraient changé, puisqu'il n'était plus ce petit garçon qui regardait un homme beaucoup plus grand que lui, mais quand Jared l'avait regardé et lui avait dit de l'attendre, il avait compris son erreur. Il n'aurait pas pu refuser. Même quand Jared avait posé sa main sur sa nuque et lui avait touché le visage, il n'aurait pas pu refuser non plus. Ses mains avaient été tellement grandes, chaudes et fortes, tout comme le reste de son corps. Jensen s'était senti protégé et en sécurité. Elles étaient exactement comme il avait toujours imaginé qu'étaient les mains d'un père. Et il savait que si son oncle avait été là toutes ces années, la vie aurait été totalement différente pour lui et maman.

Jensen jeta un coup d'œil à sa montre et, avec un soupire, alla s'installer sur le canapé pour avoir une meilleure vue sur la fenêtre. La rue était sombre, quelques voitures étaient garées un peu plus loin, mais il n'y avait pas de circulation. L'allée était vide. La voiture de maman n'était pas là, mais contrairement à tant d'autres nuits, ce n'était pas elle qu'il attendait. Oncle Jared avait dit qu'il serait là dans une heure ou deux. Ça faisait presque quatre heures que Jensen attendait et il n'arrivait pas à se débarrasser de l'anxiété qui l'étouffait. Et si oncle Jared avait déjà décidé qu'il ne voulait pas d'un enfant dans sa vie et qu'il était parti? Il pourrait le faire. Il l'avait peut-être déjà fait. Après tour, Jensen n'était rien pour lui. Depuis cette dernière dispute avec maman, il n'avait plus appelé. Merde, même avant ça, ces visites étaient, pour le mieux, occasionnelles. Et pour être honnête avec lui-même, chose que Jensen savait parfaitement éviter de faire, il ne serait d'aucune utilité à son oncle. Il savait que Jared était diplômé, qu'il avait sa propre entreprise et qu'il s'était construit tout seul. Avoir Jensen dans les pattes serait un rappel permanent de sa sœur et de ce qu'elle était. Mais son oncle ne semblait pas être le genre de personne à se défiler sans rien dire. Il se rapprochait davantage de ces personnes qui prendraient les choses de front. De ce qu'il avait vu, oncle Jared ressemblait à quelqu'un qui n'avait peur de rien. Alors il n'aurait aucun problème à venir dire à Jensen qu'il n'avait pas d'utilité à prendre en charge un orphelin pathétique; peut-être même qu'il lui donnerait quelque sous et lui souhaiterait bonne chance. Seigneur, ce serait horrible. Il ne savait pas ce qu'il ferait si oncle Jared ne le prenait pas avec lui. Il ne pourrait pas rester en ville. Et il n'avait nulle part d'autre où aller. Si seulement il pouvait dire tout ça à Jared, si seulement il pouvait tout lui expliquer. Mais si son oncle ne venait pas, il n'aurait jamais aucune chance de lui parler.

Un coup sec à la porte le fit sauter de sa place et traverser la pièce à toute vitesse. En voyant Jared, il faillit pleurer de soulagement. Il n'était pas parti, il ne l'avait pas abandonné, lui aussi, il ne l'avait pas laissé tout seul.

"Salut." Dit-il avec ardeur. Il ouvrit la porte plus largement et se décala pour laisser entrer son oncle. Dès que Jared lui donna dos, il passa une main tremblante sur son visage dans l'espoir d'écarter toutes les craintes qui l'avaient envahie. Une partie de lui voulait mentionner l'heure, préciser que quatre heures étaient largement plus que deux heures, mais il sut instantanément que c'était une mauvaise idée. Ça lui donnerait plus l'air exigeant que reconnaissant. "Je suis content de vous voir."

Jared lança un sourire par-dessus son épaule, mais n'ajouta rien et continua d'avancer dans la pièce. Il agissait différemment de tous les invités qui étaient déjà venu dans cette maison; il ne s'installa pas directement dans le salon ou dans la cuisine, mais se contenta plutôt de marcher au hasard. Explorant. Touchant. Observant. Sans savoir pourquoi, cette situation rendait Jensen nerveux. Ce n'était pas parce que la maison était en désordre, en fait, elle était même plutôt propre et rangée. Les meubles étaient vieux, mais élégant et ils correspondaient bien aux photos accrochées aux murs: maman et lui tout au long des années, quelques peintures de natures et des étagères de boissons et de bibelots accumulées au fil du temps. Jensen suivait, en mâchant nerveusement sa lèvre inférieure, Jared qui avançait le long du couloir vers les chambres.

"Heu… Est-ce que vous voulez quelque chose à boire? Ou à manger? Je peux heu…" Il jeta un coup d'œil vers la cuisine, en essayant de se rappeler de ce qu'il y avait dans le frigo et dans les placards. "Je peux vous faire quelque chose à manger si vous avez faim."

Jared s'arrêta. Il se retourna et parcourut la courte distance qui les séparait, pour venir se tenir immobile devant son nerveux, le surmontant de toute sa hauteur, ses yeux noisette cherchait les siens. "C'est ma maison désormais. Si je décide de te prendre avec moi, cette maison et tout ce qu'elle contient m'appartiendra. C'est compris?"

Jensen ne peut s'empêcher de reculer contre le mur derrière lui. Il se serait éloigné davantage si ce mur n'avait pas été là. Sa gorge était soudainement sèche. Il déglutit difficilement et s'empressa de hocher la tête.

Des doigts forts et chauds saisirent son menton et l'immobilisèrent. "Quand je te parle, tu me regardes dans les yeux et tu me réponds avec des mots. C'est clair?"

Jensen dut avaler la boule qu'il avait dans la gorge avant que les mots ne puissent glisser hors de sa bouche, à peine plus audible qu'un murmure. "Oui monsieur."

Les yeux noisette l'étudièrent un long moment. Jensen ne savait pas ce que recherchait son oncle. Mais enfin, enfin, la poigne de Jared s'adoucit et il fit glisser son pouce le long de sa mâchoire. "Bien, au moins elle t'a appris le respect."

Jensen baissa le regard, ne voulant ni aller à l'encontre des paroles de son oncle, ni devoir lui avouer qu'il s'agissait plus du respect qu'attendaient les amis de maman, que maman elle-même.

"Une bière."

Jensen releva rapidement les yeux, son attention soudainement de retour à son oncle. "Pardon?"

Jared sourit. "Il y a des bières dans cette maison?"

"Heu." Jensen dut réfléchir un instant. "Heu, oui."

"Alors je vais en prendre une."

Il attendit un moment que Jared s'éloigne et lui donne un peu d'espace, mais quand ce dernier ne bougea pas, Jensen rasa le mur jusqu'à être libéré et se précipita dans la cuisine. Ce ne fut que lorsque la porte se referma derrière lui, qu'il respira de nouveau. Cet homme était tellement intense. Il tenta de se faire aux mots de Jared; tout dans cette maison lui appartenait. Evidement ça excluait les affaires de Jensen. N'est-ce pas? Ce n'était pas comme s'il avait énormément de chose à lui, mais ses quelques possessions lui tenaient beaucoup à cœur. Ses souvenirs représentaient une partie de sa vie, ses trophées et récompenses témoignaient de ses succès et quelques autres objets lui rappelaient les beaux jours passés avec maman. Il saisit une boisson, l'ouvrit et, alors qu'il était sur le point de sortir, une meilleure idée lui traversa l'esprit. Il prit un verre dans l'un des placards et le remplit prudemment. Quand Jensen quitta la cuisine, il trouva le couloir vide, il se dit alors que son oncle avait peut-être continué dans sa chambre. Cette simple pensée envoya un frisson sombre parcourir son corps; c'était la peur de ce que son oncle pourrait découvrir, bien qu'il ne savait pas ce qui pouvait être si effrayant à découvrir. Jared savait déjà tout de sa sœur et Jensen n'avait rien de pire caché dans sa chambre. Mais tout de même. Personne n'était jamais entré là-bas à l'exception de maman, et c'était seulement lorsqu'elle voulait quelque chose ou pour lui rappeler de faire un truc ou encore quand elle était énervée et qu'elle avait besoin d'évacuer un peu. Ni Lisa, ni Chris, ni aucun autre de ses amis n'étaient jamais entré dans sa chambre. Un mouvement au coin de son œil attira son attention vers le salon et il trouva Jared debout devant le canapé à contempler la noirceur extérieure. Jensen alla s'arrêter près de lui. Il regarda le reflet de son oncle dans la fenêtre et lui tendit le verre.

Jared tourna la tête et prit la boisson, effleurant les doigts de Jensen au passage et sourit. "Bon garçon."

Ce sourire éclaira Jensen à travers une tornade d'anxiété et il sentit la chaleur dans sa poitrine se répandre sur son visage. Il voulait s'accrocher à ces mots, les emballer dans quelque chose de doux et soyeux et les cacher quelquepart où il pourrait les ressortir à chaque fois qu'il en aurait besoin. Il aurait donné n'importe quoi pour entendre ces mots de la bouche de maman. Il se retourna vers la fenêtre en essayant de contenir sa joie et de prétendre qu'il ne regardait pas le reflet de Jared boire une gorgée de sa boisson.

"Ça n'a pas dû être facile pour toi, d'être le fils d'une pute dans une si petite ville."

Le sourire de Jensen s'évanouit et cette douleur si familière vint lui écorcher la poitrine. "S'Il vous plaît, ne l'appelez pas comme ça."

Jared tourna la tête pour le regarder en levant un sourcil interrogateur.

Même s'il voulait défendre maman, Jensen ne voulait pas se disputer avec son oncle, alors il haussa simplement les épaules en essayant d'ignorer la douleur qui venait toujours avec ces mots. "C'est juste… et bien… elle est morte. Vous savez, le respect des morts, tout ça."

"Et tu penses que parce qu'elle est morte, elle devrait avoir le respect qu'elle ne méritait pas étant vivante?"

"Non. Mais, elle n'était pas que ça. Je veux dire, elle a fait des erreurs, mais c'était ma mère et votre sœur et…"

"Et une pute."

C'était un débat que Jensen ne gagnerait pas, alors il s'éloigna de la fenêtre et alla s'asseoir sur la chaise, à côté du coca désormais chaud qu'il s'était servi plutôt dans la soirée.

"Je l'aimais vous savez."

"Je n'en doute pas une seconde."

Jensen leva la tête et examina son oncle de dos un instant. "Pas vous?"

Jared se détourna de ce qui avait bien pu attirer son attention à l'extérieur et regarda son neveu. "Tu veux la vérité?"

Non, Jensen ne voulait pas, cette simple réponse en disait long, mais une partie de lui avait besoin de l'entendre. Peut-être qu'une partie de lui, une toute petite partie qu'il refusait de reconnaître, voulait savoir si c'était normal de détester sa propre famille. Il acquiesça.

Jared plissa les yeux.

"Oui." Dit calmement Jensen, se souvenant de la règle.

"Non. Plus depuis très longtemps."

Jensen expira bruyamment. Peut-être qu'il n'avait pas été prêt à entendre tant de sincérité dans sa réponse. Il resta silencieux, il essayait de digérer cette vérité tandis que Jared s'installait sur le canapé. Il étira ses longues jambes, passa un bras derrière le dossier et se détendit comme s'il était le propriétaire des lieux; ce qui, se rappela Jensen, était désormais le cas.

"Ce n'est pas parce qu'elle était une pute, Jensen. C'est important que tu comprennes. Je me fiche bien de savoir pour qui est-ce qu'elle écartait les jambes, mais elle était faible et stupide. Et je ne supporte ni l'un ni l'autre."

Jensen releva brusquement la tête. "Elle n'était ni faible ni stupide."

"Tu discutes avec moi?"

Il y avait une différence notable dans la voix de Jared, plus sombre, plus froide, un avertissement évident et Jensen baissa la tête pour regarder la petite table à café entre eux. Il avait défendu sa mère toute sa vie. Il n'avait pas le choix. Personne d'autre ne l'aurait fait. C'était aussi instinctif que de respirer. En fait, s'il ne le faisait pas, il avait l'impression de la trahir d'une certaine façon. Mais agir ainsi avec Jared mettrait en péril ses chances de quitter la ville. Si son oncle pensait qu'il était du genre à le contredire tout le temps, il ne voudrait pas de lui. Jensen secoua la tête, réprimant les larmes qui lui montaient aux yeux."Non monsieur."

"Viens t'asseoir sur le canapé."

Jensen le regarda. Le ton de Jared n'avait pas changé; c'était plus un ordre qu'une invitation. Il quitta sa chaise et alla s'asseoir à l'autre extrémité du canapé. Mais avant qu'il n'ait pu s'installer, la main de Jared s'éleva et des doigts forts saisirent son menton pour le forcer à se rapprocher et à lever les yeux.

"Je t'ai déjà dit à deux reprises de me regarder lorsque je te parle. Donne-moi une seule bonne raison de prendre en charge quelqu'un qui est incapable de suivre une instruction aussi simple."

Un frisson courut le long de sa colonne vertébrale et Jensen lutta contre lui-même pour rester immobile. "Je suis désolé. Je n'ai pas l'habitude de regarder les gens dans les yeux."

Ses yeux noisettes regardaient, cherchaient, refusant de le libérer, totalement en accord avec ses doigts et Jensen avait du mal à respirer. Il allait tout perdre, toutes les chances qu'il aurait pu avoir, juste parce qu'il ne pouvait pas se défaire d'une vieille habitude qui avait été encré de force en lui. Mais soudain les doigts le lâchèrent et Jared se réinstalla confortablement, il se relaxa comme si rien ne s'était passé, comme si le monde de Jensen n'était pas sur le point de s'effondrer devant lui. "Pourquoi ça?"

Jensen avait peur de bouger, de se déplacer, il avait même peur de cligner des yeux et de briser le contact visuel, alors il ignora l'envie de se frotter le menton là où le sang se remettait à circuler. Il passa sa langue sur ses lèvres en cherchant ses mots.

"Ici, à la maison, ce n'était pas vraiment un problème, mais dans la rue, au magasin, au restaurant ou partout ailleurs, ils n'aimaient pas ça. Ils ne voulaient pas que quelqu'un sache."

"Ils?"

Jensen haussa les épaules, tout en bataillant intérieurement contre le sentiment écrasant de honte; c'était un sentiment familier. Mais tenter de garder les yeux levés lui était plus étranger. "L-les amis de maman."

"Ses amis? Tu veux dire ses clients."

Incapable de s'en empêcher, Jensen détourna les yeux assez longtemps pour réprimer son envie de répliquer. C'était une sensation qu'il n'avait pas éprouvée depuis longtemps, depuis que suffisant de passage à tabac à l'école lui avait appris qu'il valait parfois mieux ignorer les commentaires grossiers. D'une certaine façon cependant, il savait qu'ignorer oncle Jared ne serait pas il se força à le regarder. "Oui."

"Dis-le."

"Quoi?"

"Dis-le, Jensen. Dis-moi ce qu'ils étaient pour elle. Dis-moi ce qu'elle était sans détours ni ambiguïté."

Le choque figea Jensen sur place. Il ne pouvait pas bouger, il n'aurait même pas pu détourner la tête s'il l'avait voulu. Jared voulait qu'il le dise, même en sachant que ça lui ferait mal, il voulait qu'il le dise. Et s'il ne le faisait pas, s'il refusait, Jared se lèverait et s'en irait probablement. Jensen relâcha le souffle qu'il avait retenu. "Pourquoi vous me faites ça?"

Le regard froid, Jared plissa ses yeux. "Dis-le."

La lèvre inférieure de Jensen trembla quand il ouvrit la bouche pour parler. Les mots étaient si bas qu'ils étaient à peine audibles dans le silence de la pièce."Des clients. C'était les clients de ma pute de mère."

Ces mots lui arrachèrent quelques larmes. Il était incapable de bouger. Il resta assit à haleter désespérément sous l'effet de la douleur émotionnelle qui l'enveloppait. Sans quitter son oncle des yeux, Jensen attendit qu'il prononce les mots qui feraient s'écrouler son monde après cette confession qu'il ne s'était même jamais autorisé à penser auparavant.

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A SUIVRE