Mais où sont-ils ? C'était la question que je me posais depuis une bonne dizaine de minutes, en déambulant dans le couloir du Poudlard Express et n'arrivant pas à trouver le compartiment de mes amis. Non mais c'est vrai, ils n'auraient pas pu mettre une pancarte ? Histoire d'indiquer au pauvre être retardataire que je suis où ils se trouvaient, c'était la moindre des choses de mon humble avis. Comment ça pas réalisable ? Ce n'est pas si compliqué quand même. Non je ne suis pas d'une mauvaise foi extrême, mais avouez que c'est horriblement énervant de chercher en vain.
Victoire ! Je remerciai intérieurement ma bienheureuse chance dont l'arrivée m'empêcha de continuer ma diatribe qui m'aurait conduite droit à l'hôpital psychiatrique. Quoique après réflexion ça semblait n'être une pas si mauvaise idée quand je pensais à l'année qui m'attendait, les buses ! Qu'est-ce qui m'avait pris de grandir si vite moi ? Vous ne savez pas à qui le moi fait référence ? Bon d'accord, c'est normal. Je me présente, Kate Smith ! C'est là que vous vous dites, et bien bonjour l'originalité ! Maintenant que j'ai bien rigolé toute seule pour ma 'blague' même pas drôle je peux révéler que mon vrai nom c'est Erynn Callahan. Tout de suite ça fait moins merveilleux roman qui se passe au pays des bisounours, où tout le monde est heureux et se fait tout plein de papouilles. Ça se rapproche plus de la réalité aussi, de la vie d'une sorcière de (presque) quinze ans, qui se prépare à entrer en cinquième année à Poudlard.
Mon nom, c'est fait. Mon âge, c'est fait. Ma description, ça arrive. Comment dire, je suis, normale. Oui oui je sais ce que vous êtes en train de penser: elle se dit normale alors qu'au fond elle est persuadée d'être sublimissime et incroyablement intelligente. Cela aurait pu arriver je ne dis pas le contraire, à la différence que moi je suis simplement réaliste. Déjà, je mesure 'l'immense' taille de un mètre soixante deux. Ensuite ma chevelure est raide et oscille entre le châtain foncé et le brun. Mes yeux sont l'archétype même de la banalité, marrons entourés de vert. Ouais, vous savez les yeux que tout le monde semble avoir, de votre arrière grande tante rabougrie au charmant livreur de journaux de votre moldue de mère en passant par l'adorable sœur du meilleur ami de votre petit petit petit cousin éloigné. Bref, je ne vais pas m'étendre, vous avez compris l'idée générale .
Comme je le disais précédemment, j'avais enfin trouvé mon compartiment, et j'y entrai le sourire me montant aux lèvres (non, elles ne sont ni pulpeuses, ni d'un rouge à croquer) à la vue de mes camarades. Pour être aussitôt accueillie avec le même sourire, quelque peu niais si on y réfléchit, par les personnes présentes.
- Erynn ! On avait fini par croire que tu avais réussi l'exploit de te perdre dans le train, après tant d'essais !
- Toujours autant confiance en mon sens de l'orientation à ce que je vois !
- Pas ma faute si ça t'arrives encore de te perdre en allant aux WC!
- Hé ! Ça m'est ja...
- Alors où étais-tu au début de la cérémonie de répartition l'année dernière ?
Vaincue, je poussai un soupir et m'affallai sur la banquette à côté de l'énergumène avec qui je venais de clore l'échange, énergumène s'avérant n'être autre qu'Andrew O'Donnel, meilleur ami personnel de son état. A sa droite il y avait Ethan Lee, grand brun aux yeux constamment rieurs, en face de lui Hope Williams nous regardait avec amusement et enfin Abigail ( Aby de préférence) Lewis. Voilà, maintenant vous connaissez les noms des élèves les plus célèbres de toute l'histoire de Poudlard, ancienne ou à venir ! Comment ça ce n'est pas l'exacte vérité ? Bon, j'avoue c'est loin d'être le cas et grand bien nous en fasse. Les grandes histoires profondément tragiques ou/et héroïques, malgré que nous étions à Griffondor ne nous faisaient pas plus envie que ça. Je m'espante là, ce n'est que maintenant que je parle de ma géniale, que dis-je, merveilleuse, magnifique, extraordinaire, parfaite maison ! Loin de moi l'idée d'en rajouter ! Simplement que je ne peux m'empêcher d'adorer ma maison,et de le faire savoir. Après tout, ce n'est pas ce qui nous est demandé: aimer sa maison Poudlarienne comme l'on aimerait notre chez-nous ? Puis, avouez-le, Griffondor est appréciée. Réputée pour son courage, sa loyauté, et le reste. Et quand on parle de courage, ce n'est pas seulement de risquer sa vie de manière chevaleresque, mais c'est aussi au quotidien. Suggérer au redoutable Alphonse Grey , violent et sombre serpentard de septième année, de se laver, c'est un réel acte de bravoure non ? En tout cas, s'il m'avait écouté,cela aurait été un pas en avant pour le bien être olfactif de la population. Bien sûr, gardez le pour vous mais je précise tout de même que j'avais mis une cagoule et que je suis partie en courant tout de suite après mon aimable conseil. Courageuse – oui -, suicidaire - surement pas.
Le trajet se déroula de manière fort habituelle: récits de vacances ( d'après Ethan, la Grèce c'est à tomber !) ,derniers potins histoire se tenir au courant, grignotage après le passage du chariot, et enfin -nouveauté cette année- critique des buses qui allaient nous obliger à travailler plus sérieusement que de coutume . A l'arrivée, je descendis et montai avec les autres dans une des diligences. Quand nous fûmes en vue du château mon cœur se serra de bonheur, comme chaque année. Ce que j'aime cette bâtisse !
La cérémonie de répartition était finie, nous étions dotés de nouvelles recrues, intimidées au possible, se dandinant timidement sur les bancs, les yeux grands ouverts d'émerveillement et écoutant tout ce qui se disait avec bonheur. Ah, l'innocence de la première année ! Disparue depuis longtemps pour moi. Enfin, presque toujours. Je ne crache pas contre quelques actes dits puérils de temps à autre.
- Aucun professeur n'a changé ! Se lamenta Ethan.
- Fallait s'y attendre après tout,lequel aurait pu partir ? Déclama le jeune O'Donnel d'un air fataliste.
- Brûlopot par exemple, il est bien en âge de prendre sa retraite.
- Et comme par hasard sa remplaçante aurait été une jeune et mignonne sorcière, mmh ? Taquinai-je le jeune Lee.
- Si on peut même plus rêver ! Se défendit-il,ses joues se colorant d'un rose discret.
Et c'est à Hope que revint le mot de la fin avant qu'on ne monta dans notre salle commune :
- Touché !
La salle commune des Griffondors, fidèle à elle même: accueillante,c haleureuse et surtout confortable grâce à ses nombreux fauteuils et canapés, à qui je voue un culte depuis des années. Et je suis loin d'être la seule, car à peine le portrait de la Grosse Dame franchi ( mot de passe du moment : « prince charmant », amoureuse notre si...charmante gardienne ? Viiiiite ! Otez-moi cette idée de l'esprit !), on s'installa instinctivement sur un canapé et deux fauteuils. On se mit à parler de choses et d'autres,notamment de la place de gardien, désormais vacante, de notre équipe de Quidditch et de qui pourrait bien l'occuper. Aby était celle que la question troublait le plus, puisqu'elle était une des poursuiveuses de l'équipe. Elle qui est grande, musclée,le visage décidé, le caractère bien trempé, quoi d'étonnant?
Courant d'air. Des gens étaient entrés dans la pièce, et vu le niveau de discrétion de la conversation ça ne pouvait être qu'eux. Évidemment qu'ils pouvaient faire tout le bruit qu'ils souhaitaient, qui leur en aurait voulu ? Pas moi en tout cas, j'aimais le bruit et qui plus est, leur faire une réflexion désobligeante à eux revenait à se faire détester par tout les Griffondors et sûrement par une bonne partie des Serdaigles et des Poufsouffles. Je vous l'ai déjà dit, je ne suis absolument pas suicidaire. Ces trois là, même pas besoin de me retourner pour vérifier leur nombre, étaient a-du-lés. C'était le mot. Chaque génération de Poudlard a des élèves qui la marquent plus que les autres. Ceux de la nôtre, c'est eux. D'ailleurs, cela ne pouvait être que des griffondors, sérieusement qui aurait envie de faire d'un serpentard son symbole ? Personne ? C'est ce que je pense aussi.
Leurs noms ? Owen Stevens. Jonathan Weiss. Charlie Weasley.
Owen. Jonathan. Charlie.
Charlie.
Le plus adulé des Adulés, petit nom donné par nos soins à ces charmants jeunes hommes. J'ai l'air d'une groupie là, je le sais. Mais en toute objectivité, on ne peut pas dire qu'il soient laids à regarder, je ne suis qu'une fille, par les chaussettes-roses-à-pois-bleus-et-rouges de Merlin ! Et leur réputation est en béton armé, Weasley attrapeur ET capitaine de l'équipe, Stevens et Weiss batteurs se complétant remarquablement. D'ailleurs je ne peux pas échapper à la connaissance de leur talent pour le Noble Sport, Aby étant leur coéquipière je ne saurais compter le nombre de fois où elle nous a fait leur éloge!
Cela mis à part, je les apprécie, comment faire autrement alors qu'ils ont juste un an de plus, sont de la même maison et nous font gagner la Coupe de Quiditch depuis trois années consécutives ? Pourtant cela ne va pas plus loin, ils ont leur vie, nous la notre. Et je ne me targue pas de les connaître personnellement. Ethan,Andrew et Hope non plus. Aby un peu plus,normal.
Apparemment il ne faisaient que passer, puisqu'ils traversèrent la salle et montèrent directement dans leur dortoir, qu'ils ne partagent qu'à trois puisque le reste des sixièmes années de Griffondor sont des filles. On continua un peu de parler, puis alors que j'étouffai un bâillement, on décida d'aller se coucher question d'être en forme pour notre premier jour de cours. Je souhaitai une bonne nuit aux garçons et leur dis de faire de jolis rêves avec un clin d'œil à l'intention d'Ethan, qui comprit parfaitement mon sous-entendu de ses rêves de jolies filles, et montai les escaliers d'un pas trainant.
Je me préparai, m'allongeai et m'endormis.
Instantanément.
