Mon petit cœur de shippeuse s'est senti fondre devant la scène du bureau où l'on découvre que Regina a récupéré la page 23. Ça méritait une petite fic que voici.


Elle porta son verre à ses lèvres. L'odeur lui donna un haut le cœur et lui arracha une grimace. Ce n'était pourtant pas le premier de la soirée, mais elle éprouvait toujours le même dégoût malgré son alcoolémie avancée. Elle retint sa respiration, pencha la tête en arrière et sentit la tequila lui brûler lentement l'œsophage. La sensation se répandit dans tout le reste de son corps. Sa respiration s'accéléra en même temps que son rythme cardiaque. Elle n'avait jamais aimé l'alcool mais elle appréciait les effets que cela lui procurait. Le douleur qui lui enserrait le cœur depuis plusieurs heures lui sembla soudain plus lointaine. Elle contempla le fond de son verre. Elle ne savait même pas combien elle en avait bu. Elle avait arrêté de compter depuis le départ de la sauveuse.

Après leur découverte de la pièce secrète dans la maison supposée de l'auteur, Emma avait tenu à ce qu'elles retournent au Granny's pour « fêter » cette avancée dans sa recherche d'une fin heureuse. Elles avaient déposé Henry chez Snow et David suite à sa propre demande. Elle soupçonnait fortement son fils d'avoir voulu la laisser seule avec sa mère biologique, trop heureux que ces deux mères se soient réconciliées et arrivent enfin à passer du temps ensemble sans se sauter à la gorge. Son plan avait malheureusement complètement échoué. A peine avaient-elles commandé un verre que le portable de la sauveuse avait fait retentir son insupportable sonnerie. Sérieusement qui d'autre qu'Emma pouvait choisir « Shake It Off » de Taylor Swift comme musique de téléphone ? Devant le regard affligé qu'elle lui avait lancé, Emma avait tenté de se justifier.

« Je la trouve entraînante cette musique. Et puis la vidéo avec ce policier a fait plus de 13 millions de vues sur Youtube. »

La sauveuse s'était ensuite éloignée pour prendre sa communication mais au vu de la rougeur excessive de ses joues et de son air gêné quand elle lui annonça qu'elle devait partir, Regina comprit rapidement qui était l'auteur de cet appel. Seul le capitaine joli cœur pouvait la rendre aussi niaiseuse. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait été pareil quelques heures auparavant. Son cœur s'était resserré dans son poitrine en repensant à sa discussion avec Robin sur ce banc. Elle était loin d'imaginer qu'il l'avait choisi elle. Elle s'attendait à une nouvelle scène de rupture suite à la décongélation de sa femme. Quelque chose de comparable à celle déjà vécue dans son ancien bureau lors du retour de Marianne. Même dans ses rêves les plus fous, il ne pouvait pas renoncer à son mariage pour elle, la méchante reine, la personne responsable d'innombrables morts et peines.

Suite au départ précipité d'Emma, elle s'était donc retrouvée seule avec deux verres d'alcool. Elle avait d'abord envisagé de rentrer chez elle, mais la perspective de se retrouver seule dans son immense maison l'avait effrayé. Elle savait qu'elle allait s'écrouler une fois la porte de son manoir franchit. Elle avait donc descendu en quelques minutes les deux verres d'alcool pour se donner du courage. Depuis elle avait commandé régulièrement des shooters, afin d'oublier qu'encore une fois elle avait perdu la personne qui hantait son cœur.

La tête commençait à lui tourner signe qu'il était temps de rentrer si elle ne voulait pas passer demain sa matinée à vomir ou avec un mal de crâne que toute l'aspire du monde ne pourrait pas faire disparaître.

Elle chercha son portefeuille dans son sac à main. Ses gestes étaient saccadés, elle ne voyait rien et n'arrivait pas à mettre la main dessus. De rage, elle en renversa le contenu sur le comptoir. Son porte-monnaie mais également ses clés, son téléphone portable, son agenda, un paquet de mouchoirs en papier et des pastilles à la menthe se répandirent sur la table. Elle sortit deux billets de 20$ qu'elle laissa sur le comptoir avant de remettre tout son fatras en vrac dans son sac. Elle s'accrocha au bar pour descendre de son tabouret.

« Vous souhaitez que j'appelle un taxi Madame Mills ? » lui demande la veuve Lucas en lui tendant un billet de 5$.

« Gardez la monnaie. Je n'ai pas prévu de rentrer en voiture si c'est ça qui vous inquiète. Je tiens trop à ma voiture pour prendre le risque d'écraser la première bestiole que je pourrai croiser. »

La veuve lui lança un regard offusqué comme unique réponse mais Regina n'en avait strictement rien à faire. Elle se redressa et se concentra pour traverser le Granny's sans tituber, le tout sous l'œil septique des habitués. Elle n'avait pas envie d'alimenter d'avantage leurs commérages en s'affalant lamentablement devant tout le monde. Sa nouvelle déconvenue amoureuse devrait leur suffire pour les semaines à venir. Elle atteignit la porte qu'elle ouvrit précipitamment et inspira profondément. La fraîcheur de la soirée atténua quelque peu les effets de l'alcool. Elle saisit la rambarde pour descendre les quelques marches menant au diner.

Elle prit la direction de son manoir. Après quelques minutes de marche seulement, elle regretta rapidement son choix vestimentaire. Ses talons de dix centimètres lui faisait horriblement mal aux pieds. Elle soupira, il faisait bien trop froid pour envisager de rentrer pied nus. Elle ne ferait pas dix mètres avant de se retrouver avec les orteils complètement gelés. Elle leva les mains, se concentra et visualisa le perron de sa maison avant de disparaître dans un nuage violet.

Elle poussa un cri strident quand elle réapparut et sentit la morsure du froid s'attaquer à ses pieds. Elle sursauta, trébucha et s'écroula lamentablement...dans le bassin de ses voisins. Elle eu l'impression de dessaouler instantanément. Elle se releva en pestant et se promit de revenir le lendemain pour déverser quelques kilos de ciment dans cette foutue pièce d'eau. Elle récupéra son sac à main qui heureusement était fermé. Elle l'ouvrit rapidement pour vérifier que son contenu n'avais pas trop souffert. L'eau n'était pas rentrée, elle poussa un soupir de soulagement en sortant du bassin.

Elle était trempée et se sentait glacée. Elle retira ses foutues chaussures, en grande partie responsable de sa déconvenue, et se dépêcha de rejoindre sa porte d'entrée. Elle pesta en cherchant ses maudites clés perdues au fin fond de sa sac. Elle finit enfin par mettre la main dessus. Elle dut cependant s'y reprendre à trois fois avant de réussir à ouvrir sa porte. Les effets de l'alcool étaient encore bien présents. Elle s'engouffra rapidement dans sa maison et remercia intérieurement Henry d'avoir eu la bonne idée d'aller dormir chez ses grand-parents. Elle n'avait aucune envie que son fils la voit dans cet état. Elle laissa tomber ses chaussures et son sac dans l'entrée. Son manteau mouillé rejoint rapidement la pile d'affaire. Elle n'avait pas le courage de ranger. Elle sourit en se demandant ce que lui dirai Henry s'il la voyait faire. Elle lui avait toujours fait la guerre contre sa manie de laisser traîner ses affaires dans toute la maison.

Elle fut soudain traversée par un violet frisson. Son collant était trempé et sa jupe ruisselait sur ses pieds transis. Elle monta rapidement à l'étage, s'engouffra dans sa salle de bain et mis en route sa douche. Tandis qu'un nuage de vapeur commençait à se former, elle retira ses vêtements trempés qu'elle jeta dans sa corbeille de linge sale. Elle se glissa sous le jet brulant et poussa un cri d'effroi tant le choc thermique était grand. Elle tourna les robinets dans tous les sens pour essayer de régler au mieux la température. Elle finit enfin par se détendre un peu et profita de la sensation relaxante de l'eau ruisselant sur son corps.

Elle sortit de sa salle de bain enveloppée dans son épais peignoir et partit en quête d'un pyjama dans sa chambre. Elle se changea rapidement et se coucha en s'emmitouflant dans sa couette. A peine la tête posée sur l'oreille, elle regretta amèrement d'avoir autant bu. La tête lui tournait horriblement. Son estomac semblait également prêt à protester à tout moment contre le traitement qu'elle avait osé lui infliger. Elle soupira et se promit de ne plus jamais répéter cette expérience. Elle repoussa ses couvertures, se redressa et alluma sa lampe de chevet. Elle ouvrit son tiroir en espérant y trouver de l'aspire et un anti-nauséeux.

Son cœur rata un battement. Les larmes lui montèrent instantanément aux yeux et se mirent à couler sans qu'elle ne puisse les retenir. Elle saisit le cadre photo et effleura l'image de Robin du bout des doigts.

Elle l'avait perdu seulement quelques minutes après l'avoir retrouvé. Elle n'avait même pas eu le temps de savoureux sa déclaration. Ses larmes redoublèrent en pensant à leur adieux déchirants à la limite de la ville. Elle l'avait interrompu avant qu'il prononce ces deux petits mots. Ces mots qu'elle pensait ne plus jamais entendre dans la bouche d'un homme. Elle essuya rageusement ses larmes et essaya de calmer sa respiration. Elle devait se reprendre. Robin pensait qu'il y avait de l'espoir, que les choses pouvait s'arranger pour elle depuis l'apparition de cette nouvelle page du livre.

Elle fut alors traversée par un sentiment d'effroi. Elle avait déchiré la page. Elle avait encore une fois renoncé sans se battre, alors que quelques heures plus tard seulement, son fils avait trouvé un indice. Une nouvelle larme perla au coin de son œil. Comment avait-elle pu être si stupide. Elle avait détruit la dernière chose que lui avait offert l'homme qu'elle aimait.

Un sentiment d'urgence s'empara d'elle. Elle devait retourner la-bas immédiatement et récupérer la page 23. Elle se leva brusquement et sentit la pièce tanguer affreusement. Son taux d'alcoolémie devait encore atteindre un score mémorable. Elle déposa le cadre contenant la photo d'elle et Robin sur son lit et fouilla dans son tiroir pour finalement mettre la main sur un tube d'aspirine. Elle avala deux cachets avant de se mettre à la recherche de vêtements. Elle enfila rapidement des sous-vêtements, un pantalon et un léger pull. Elle descendit aussi vite que possible au rez de chaussée pour enfiler une paire de bottes et une veste.

Elle se stoppa soudain dans son élan. Elle ne pouvait pas conduire et sa dernière utilisation d'un sort de déplacement ne s'était pas révélée être une franche réussite. Apparemment sa magie était considérablement altérée quand elle était alcoolisée. Pendant quelques secondes elle envisagea de juste retourner se pelotonner dans son lit et pleurer sur son sort.

Elle se fustigea mentalement. Hors de question d'abandonner, il lui suffisait de se concentrer plus cette fois. Elle avait seulement manquer d'attention tout à l'heure. Elle devait récupérer cette page. Elle leva les mains, inspira profondément et visualisa les limites de Storybrook. Elle réapparut sur la route menant à la sortie de la ville. Elle sentit son estomac se contracter violent. Elle réprima un haut le cœur et se concentra sur sa respiration pour calmer les soubresauts de son ventre. Quand son envie de vomir fut enfin calmée, elle observa les alentours.

Il faisait nuit noire, elle ne voyait strictement rien. Elle se concentra pour faire apparaître une boule de feu au creux de sa main. La flamme était vacillante mais la source de lumière était suffisante pour sa recherche. Elle parcourut fébrilement les quelques mètres la séparant de la frontière de la ville. Elle inspecta la route mais ne trouva pas une seule trace du document qu'elle avait déchiré. L'angoisse au ventre, elle poursuivit son investigation en espérant que le vent avait peut-être emporté un peu plus loin les débris de papier.

Après plusieurs minutes de recherche, elle dut se rendre à l'évidence. Elle l'avait définitivement perdu. Elle laissa le sanglot qu'elle retenait s'échapper. Les larmes commencèrent à ruisseler sur son visage avant de s'écraser sur l'asphalte.

Un bruissement la fit sursauter. Elle se retourna vivement et la flamme dans sa main s'intensifia sous la peur.

« Votre majesté. C'est moi, Will Scarlet, un ami de Robin. Si vous pouviez éviter de m'envoyer une boule de feu, je vous en serai très reconnaissant. Je vais m'approcher de vous maintenant. »

La reine ferma la paume de sa main pour faire disparaître le feu qu'elle contenait. Le jeune homme s'approcha sans difficulté malgré le fait qu'il n'avait aucune source de lumière pour s'orienter. Elle supposa que ces années d'expérience en tant que voleur avait du lui permettre de développer sa vue dans le noir.

« Que faites-vous ici à une heure pareille ? » l'interrogea Regina confuse d'avoir été surprise en pleine crise de larmes.

« Je vous attendais. » lui répondit-il le plus simplement du monde

Devant la surprise qui s'afficha sur le visage de la reine, le voleur poursuivit son explication.

« Je pensais bien que vous reviendriez à un moment ou à un autre pour récupérer ceci. » dit-t-il en lui tendant les morceaux de la page 23.

« J'étais présent quand Robin l'a trouvé. Vous auriez du voir dans quel état cela l'avait mis. Je l'avais rarement vu aussi excité. Quoiqu'il en soit, quand je vous ai vu la déchirer tout à l'heure, j'ai immédiatement pensé que vous alliez le regretter à un moment ou à un autre. J'ai récupéré les morceaux et j'ai installé ma tente dans les parages pour vous attendre. »

Les mains de la reine tremblaient tandis qu'elle s'empara des débris de la page 23. Elle avait l'impression que son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine tant il battait fort. Elle ressentit un soulagement intense quand elle referma ses mains sur les morceaux de papier.

« Je ne pourrai jamais assez vous remercier Monsieur Scarlet. » furent les seuls mots qu'elle réussit à prononcer tant son émotion était grande.

« Il voulait que vous soyez heureuse. » ajouta Will

« Je vais essayer cette fois. » lui répondit la reine

Elle prit congé du voleur en disparaissant dans un nuage violet. Elle réapparut dans sa chambre sans encombre. Elle posa délicatement les fragments de papier à côté du cadre photo qu'elle avait laissé avant de partir. Elle reconstitua rapidement le puzzle. Elle s'apprêtait à utiliser sa magie pour recoller les morceaux quand elle stoppa son geste. Et si par malheur elle ratait lamentablement son sort et détruisait définitivement le document.

La peur qui l'avait tenaillé durant sa recherche sur le bord de la route refit surface. Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Elle se précipita dans la chambre d'Henry et fouilla dans le bureau de son fils. Elle poussa un petit cri de victoire quand elle mis la main sur un rouleau de scotch. Elle retourna rapidement dans sa chambre et découpa soigneusement des morceaux d'adhésifs pour recoller les différents fragments.

Elle s'autorisa un soupir de satisfaction une fois sa tâche accomplie. Elle déposa la page sur sa table de chevet et plaça le cadre photo par dessus.

« Tu vois, cette fois je n'abandonnerai pas. Avec Henry et Emma nous allons trouver l'auteur et je lui demanderai de m'écrire ma fin heureuse. »


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