Pairing: Darsus (Daryun/Narsus). Rien de romantique. Pour cette fic-ci en tout cas...

Notes: OS écrit dans le cadre de la 73e nuit du Fof en une heure, sur un thème donné. Et comme il y a très peu de fics sur Arslan, surtout en français, j'avais envie de contribuer modestement à enrichir ce fandom.

Thème: Vain


Histoire de peinture

Daryun ne savait plus quoi faire. Il avait absolument tout tenté pour empêcher Narsus de continuer à peindre.

Il avait caché ses pinceaux ?

Narsus en avait racheté de nouveaux.

Il avait renversé tous ses pots de peintures sur le sol en s'excusant mentalement à la pauvre servante qui serait chargée de nettoyer les dégâts ?

Narsus s'en était fabriquée de nouvelles à partir de baies, de fruits ou de minéraux.

Il avait tenté de convaincre Elam de cesser d'approvisionner son maître en canevas et matériel ?

Le jeune homme avait refusé, trop loyal à son bienfaiteur pour accepter, même s'il reconnaissait lui aussi que les peintures de Narsus étaient des atteintes au bon gout.

Tout, tout, tout, il avait tout tenté.

En vain.

Comme avec un malin plaisir, Narsus avait trouvé la parade à chacune de ses tentatives et, pire encore, alors que Narsus aurait dû, à la longue, progresser, alors que ses œuvres auraient dû aller en s'améliorant, Daryun avait au contraire l'horrible impression qu'elles devenaient de pire en pire…

oOoOoOoOoOo

Narsus s'amusait comme un petit fou.

Et dire que tout était parti d'un malentendu…

Narsus ne s'était mis à la peinture que lorsqu'il avait découvert que, alors qu'il était doté de vastes et solides connaissance de le domaine des sciences, qu'il s'agisse de l'astronomie, la biologie, la géographie, les mathématiques, ou les arts militaires, il s'était au contraire totalement ignare dans tout ce qui touchait au vaste et nébuleux domaine de l'art. Il avait alors passée des journées entières enfermé dans la bibliothèque du palais, compulsant fiévreusement traités d'architecture, sculpture et peinture, avant de s'apercevoir qu'il passait à côté du plus important.

L'art ne s'apprenait pas, il s'expérimentait.

Mais par où commencer ?

Il lui semblait inenvisageable de se lancer dans l'architecture et la sculpture semblait si complexe à maîtriser... C'était décidé, c'était donc par la peinture qu'il lui faudrait commencer.

Narsus s'était aussitôt muni de pinceaux, de couleurs et s'était attelé à tenter de dessiner le portrait d'un des gardes qui, immobiles, contrôlait l'entrée du palais.

Mais, au bout de quelques heures, en voyant la figure qui tenait plus de l'assemblage de triangles, de cubes et de formes diverses que de l'homme, il lui avait fallu se rendre à l'évidence : autant il était un stratège et un tacticien de génie, capable de faire dissoudre une armée de plusieurs centaines de milliers d'homme simplement par son astuce, autant il n'avait absolument aucun don pour les matières artistiques.

Il avait donc appelé Daryun, en lui disant d'un ton qui se voulait ironique – mais qu'il n'avait visiblement pas interprété comme tel – qu'il allait lui montrer son chef d'œuvre. En voyant son ami bouche bée, l'air complètement catastrophé devant la peinture, il avait eu du mal à garder son sérieux. Il avait alors décidé de le taquiner, en vantant l'avant-gardisme des lignes de la toile ainsi que de la composition, la pureté de ses formes, et surtout, en s'exclamant que cette première toile serait suivie de beaucoup d'autres. Daryun était reparti complètement atterré et Narsus n'avait alors plus pu su retenir le rire qui le tiraillait depuis plusieurs minutes.

Peut-être était-ce pour ça qu'il s'était remis à ses pinceaux la fois suivante. Et celle d'après. Et encore celle d'après. Et…

A chaque fois, il montrait son chef-d'œuvre à Daryun, qui devenait de plus en plus livide, puis à d'autres. Et une fois ses visiteurs partis, rien ne pouvait l'empêcher d'éclater de rire en repensant à leurs mines catastrophées. Dans cette intransigeante cour de Parse dominée par le foudre de guerre Andragoras et la glaciale Tahaminé, cela lui faisait un bien fou. Et peindre en lui-même, en ne se souciant plus de l'inimitié et du mépris que lui témoignaient le roi, des faux-semblants de la cour, en s'occupant simplement du pinceau qui courrait sur le canevas, était reposant.

Alors, ces peintures n'étaient peut-être pas des chefs d'œuvre. Peut-être enfreignaient-elles effectivement toutes les règles du bon gout en vigueur.

Mais pour rien au monde, Narsus n'aurait reposé son pinceau ou lâché ses couleurs.


Et oui, parce que j'ai ce drôle de headcanon que, comme Léonard de Vinci, Narsus est tellement génial qu'il en est en avance sur son temps et produit un art d'avant-garde à la Picasso.

Et voilà, that's all! Je remercie d'avance tout personne qui, s'étant égarée dans les méandres de ffnet, aura lu ce modeste OS. Comme d'habitude, tout review fait toujours énormément plaisir et je m'efforce toujours d'y répondre même si parfois, à cause de ma vie irl bien chargée, ça peut prendre un peu de temps. Encore merci à tous les lecteurs et à bientôt!