Note d'auteur : Cette fic dort dans mon ordi depuis... plus de trois ans maintenant, il était temps que je la publie ! Ce sera une fic en 4 chapitres, chacun d'un point de vue différent, sur la relation entre Dean et Luna : ceux de Luna, Dean, Seamus et Ginny. Je n'ai écrit que Luna et Seamus pour l'instant, mais comme les chapitres sont plus ou moins indépendants, aucun ne se finira avec un suspense insoutenable, donc je culpabilise moins de commencer à publier alors que la fic n'est pas finie^^

Merci à Labige pour avoir bêtaté ce premier chapitre :)

/i\ Attention /!\ (oui j'aime bien les avertissements dramatiques xD) : Quand j'ai écrit cette fic, j'étais convaincue que Dean et Luna avaient passé du temps ensemble au Manoir Malefoy, alors que Dean y arrive en même temps que HHR, du coup, elle est un peu hors-canon (mais en même temps c'est une idée qui me plaît trop en vrai) :)

Bonne lecture !


Le fenouil embaume jusque dans la maison. Le soleil se lève à peine. À l'horizon, là où finit la mer, le ciel est encore sombre. La façade orientale du cottage orné de coquillages commence doucement à s'éclairer, de cette pâle lueur des matins de printemps. Et toujours cette odeur de fenouil, cette senteur anisée. Elle change avec les heures, selon que le soleil l'a réchauffée de ses rayons ou après la fraîcheur de la nuit.

Luna inspire profondément, accoudée à la fenêtre de la cuisine. La maison est silencieuse, tout le monde dort encore, sauf peut-être le gobelin. Elle l'entend souvent se lever la nuit, faire les cent pas, maugréer dans sa barbe. Elle se demande ce qu'ils peuvent se dire, avec Harry, Ron et Hermione. Ça doit être très important, ça a sûrement un lien avec les Joncheruines qui ne cessent de bourdonner autour de Harry. Elle lit son regard, ses peurs, ses doutes. Dans la journée, il ne cesse de regarder par la fenêtre, comme un animal enfermé qui craint l'orage. Il a ce besoin irrépressible de sortir, il disparaît parfois pendant des heures, mais ne revient pas plus apaisé…

Il doit être six heures du matin. Les oiseaux marins commencent à s'éveiller et elle entend les mouettes, les cormorans, qui nichent dans les falaises au bord desquelles s'élève la chaumière. Une fois, Luna est allée s'allonger juste au bord de la falaise, la tête dans le vide, et elle a observé le manège des oiseaux pendant des heures. Infatigables parents, qui ne cessent de plonger dans l'océan et d'en rapporter des poissons pour nourrir leurs petits. Elle a vu un oisillon tomber, alors sans hésiter elle a jeté un sortilège de Lévitation pour le ramener dans son nid. L'oisillon lui a souri – les oiseaux peuvent sourire, vous ne le saviez pas ? – et elle l'a appelé Ernest. Il ne répond pas encore à son nom, mais c'est parce qu'il est trop petit.

Luna esquisse un petit sourire et boit une gorgée de thé, un thé délicieux à la lavande de mer et au sisymbre, qui lui rappelle un peu l'infusion de Ravegourde que son père prépare lorsqu'ils ont des invités. C'était un cadeau de la tante de Ron à Fleur et Bill. Fleur voulait la jeter sous prétexte que c'est infect, mais l'a conservée en voyant qu'elle plaisait au moins à une personne.

Un bruit inhabituel la sort de ses pensées. D'ordinaire, la maison commence à s'animer lorsque le soleil atteint ce piton solitaire au large des falaises. Luna lève la tête, le bruit vient de juste au-dessus. C'est la chambre que partagent Harry, Ron et Dean. Les pas se déplacent, quelqu'un vient de se lever. Un léger grincement de porte. Elle entend bientôt l'eau couler, quelqu'un prend sa douche. Luna reste silencieuse, concentrée sur tous les bruits, comme un chat à l'affût. Elle guette l'escalier, encore dans l'obscurité. Mais elle reconnaît la silhouette élancée dès que celle-ci apparaît.

— Bonjour Dean, dit-elle à mi-voix, pour ne pas éveiller toute la maisonnée.

— Déjà levée ? Je croyais être le premier.

Luna secoue la tête avec un sourire et reporte son regard sur la mer qui scintille au-delà des falaises. Un silence s'installe, tandis que Dean fait chauffer de l'eau et choisit un thé noir à la cerise et aux fleurs bleues qui sent divinement bon. Lui aussi, il sent bon. Il a utilisé le même savon que Bill, mais le parfum n'est pourtant pas le même. Il y a une part de lui dedans, une part qu'elle connaît très bien depuis qu'ils ont passé tant de temps ensemble dans les geôles du Manoir Malefoy.

Et c'est un parfum qui l'apaise dès qu'elle le sent près d'elle, qui lui rappelle les longs moments qu'elle et Dean passaient enlacés, pour se tenir chaud et faire abstraction de l'horreur autour d'eux.

Dean s'appuie contre le plan de travail, juste à côté d'elle, le regard vers l'océan.

— Tu te lèves tous les matins à cette heure-ci ? demande-t-il.

— Oui, je regarde le soleil se lever. Et j'écoute les oiseaux de mer se réveiller.

Dean esquisse un sourire, très doux. C'est le premier adjectif qui vient à Luna lorsqu'elle pense à Dean. « Doux ».

Quand il sourit, quand il parle, quand il rit, quand il peint, quand il regarde les gens qu'il apprécie… Luna aime cette douceur, elle la change de Harry, Ron et Hermione qui ne pensent qu'à ce qu'il se passera ensuite, qui ne restent pas en place, qui semblent pressés de partir…

Dean repose sa tasse, vide. Luna finit la sienne avec une petite grimace, les feuilles au fond de la tasse ont trop infusé.

— Tu as des choses à expier pour boire un truc pareil ? demande Dean avec un petit rire en la voyant grimacer.

— C'est très bon ! rétorque Luna. Mais j'oublie toujours que le fond de la tasse est trop amer.

— S'il n'y avait que le fond de la tasse…

Luna pouffe de rire. De la part de n'importe qui d'autre, cette remarque aurait été un peu vexante, sans doute teintée d'une moquerie un peu dédaigneuse, comme quand Hermione la reprend sur les Ronflaks. Mais Dean n'est pas méprisant. Quand il plaisante, il y a toujours une étincelle dans ses yeux, il n'est jamais méchant, et surtout pas avec elle. Elle sait qu'il ne croit pas tout ce qu'elle lui raconte, mais il ne l'envoie jamais sur les roses ; il l'écoute, avec un petit sourire, un peu rêveur, un peu amusé.

— Je vais voir les oiseaux, tu viens avec moi ? demande-t-elle.

— S'ils sont enfin réveillés, je ne vais pas manquer ça ! Je vais chercher mon carnet à dessin.

Lorsqu'il redescend, Luna lui prend la main et l'entraîne dehors. Ce geste est devenu naturel entre eux et Hermione l'a taquinée là-dessus une fois, mais Luna a répondu que c'était normal de faire ça entre amis. Non ? Dean est son ami après tout.

Ils arrivent au bord de la falaise. Luna s'agenouille, Dean fait comme elle.

— Il y a un sacré vent, fait-il en serrant son carnet contre lui. On ne risque rien ?

— Non, une fois allongés, le vent ne peut plus nous emporter.

Et joignant le geste à la parole, Luna se couche au bord de la falaise. Elle voit que Dean hésite, mais il finit par l'imiter.

— Regarde, murmure-t-elle en penchant la tête vers le pied des falaises.

Dean se penche, ses mains agrippées au bord de la falaise comme les serres d'un aigle, les jointures blanches à force de s'accrocher.

— Par Merlin, c'est génial ! s'exclame-t-il. Tu as vu tous ces oiseaux ?

— Je te l'avais bien dit !

— Ah non, tu ne m'avais pas dit que c'était aussi cool ! Oh regarde, le cormoran là-bas ! Et la mouette ! Non les deux mouettes, qui nourrissent le même nid, et tous ces petits !

Luna lui désigne un nid sur leur droite.

— Tu vois les quatre oisillons ? Tu vois celui avec une petite tache sur l'aile gauche ? Je l'ai appelé Ernest.

Elle a soudain peur de voir le regard de Dean changer, qu'il la considère avec perplexité comme tous les autres, et qu'il décide d'aller faire autre chose plutôt que de l'écouter. Mais Dean sourit et adresse un signe de la main à l'oisillon :

— Salut Ernest ! Bon appétit !

Luna éclate de rire tandis que Dean continue à saluer les autres oiseaux, à leur donner des noms un peu bizarres, à leur souhaiter une bonne journée. Puis il met son calepin devant lui et prend le crayon qu'il avait glissé sur son oreille. Alors l'expression de son visage change, son sourire s'efface sans pour autant durcir son expression, il fronce légèrement les sourcils et le crayon commence à courir sur le papier. Luna contemple, fascinée, les oiseaux prendre vie sous les mains de Dean, tandis qu'il esquisse les ombres, les plumes, ajoute cet éclat dans leurs yeux qui les rend si réels.

Dean doit sentir qu'elle l'observe car il lève la tête et leurs regards se croisent. Ils restent un instant ainsi, sans parler. Dean se redresse alors et s'assoit à côté d'elle en tailleur. Il pose son calepin sur ses mollets, bloquant les pages pour qu'elles ne s'envolent pas. Luna commence à se relever, mais Dean s'exclame :

— Non ! Enfin heu… reste comme ça. Je voudrais te dessiner… Juste là, comme ça.

Alors Luna se rallonge dans l'herbe éparse, croise les bras et pose son menton dessus. Elle sent la main de Dean, un peu hésitante, déplacer une mèche de ses cheveux. Lorsqu'il frôle la peau de son cou, un léger frisson la parcourt. Elle regrette de ne pas avoir pris un deuxième pull, les matins d'avril sont encore frais.

— Tu veux que je bouge la tête ou…

— Non, non, reste comme ça, tu es parfaite… Je veux dire, c'est parfait, pour dessiner, la lumière est juste bien.

Luna sourit et ferme les yeux. Le soleil caresse son visage, le vent joue avec ses cheveux, Dean remet une mèche en place de temps en temps. Elle a l'étrange impression qu'il s'attarde, et se dit que ses cheveux sont encore plus emmêlés que d'habitude avec ce vent et qu'il essaye de les discipliner un peu sans lui faire mal.

Il est toujours délicat avec elle, comme s'il avait peur de la casser, elle a entendu Ron plaisanter avec ça, l'autre jour, après que Dean l'a bousculée par mégarde et s'est beaucoup excusé. « Tu sais, elle n'est pas en verre, vieux, tu ne vas pas la casser si tu la malmènes un peu ! »

Dean l'a fusillé du regard et Luna a compris que ce qui aurait dû être une plaisanterie en temps normal lui a plutôt rappelé leur séjour au Manoir Malefoy et les mauvais traitements qu'ils ont reçus tous les deux. Elle en rêve toutes les nuits ; il lui arrive même de se réveiller en sursaut et que Hermione soit allongée sur le dos, les yeux grand ouverts, fixant le plafond. Quand elle voit que Luna est réveillée, elle lui fait un petit sourire et parfois elle vient la rejoindre, s'assoit sur le matelas et elles discutent un petit peu, avant que le sommeil ne revienne.

Mais Luna rêve aussi des moments qui suivaient les violences. Elle se revoit soigner patiemment les blessures de Dean tandis que lui délirait, à moitié conscient. Elle le revoit la serrer dans ses bras, caresser ses cheveux, la bercer, tandis qu'elle se laissait aller à pleurer, tant et si bien qu'elle s'endormait dans ses bras.

Elle rouvre les yeux et tourne la tête vers Dean, dont le visage est éclairé par le soleil. Il lève les yeux, croise son regard et lui sourit. Alors Luna commence à imaginer que ce soit cet instant-là qui habite désormais ses rêves. Ce moment parfait, dans la lumière du soleil levant, alors que les vagues s'écrasent contre la falaise, que les oiseaux emplissent le ciel de leurs cris.

Et Dean qui la regarde avec toute la douceur du monde.

Parce que c'est ce genre de moment qu'elle veut graver dans sa mémoire. Ces instants rares, où la guerre paraît si lointaine, où leur séjour au Manoir Malefoy semble n'avoir été qu'un mauvais rêve. Juste elle et Dean, au bord de cette falaise. Elle se sent si sereine rien qu'à le regarder que cette pensée lui fait battre le cœur plus vite.

Luna aime beaucoup Dean, mais pas comme elle aime Harry ou Neville. C'est différent, elle ne sait pas vraiment pourquoi, et à vrai dire elle n'a pas envie de se compliquer la vie avec ce genre de question. Elle est bien avec lui, c'est tout ce qui compte. Juste elle et lui.

Juste Luna et Dean.


Note de fin : Voilàààà j'espère que ça vous a plu :) Des fois que vous ayez zappé la note d'auteur (vu qu'elle est à rallonge, je ne vous en veux pas xD) je reprécise : j'étais persuadée à l'époque où j'ai écrit cette fic que Luna et Dean avaient passé du temps au Manoir Malefoy, alors que Dean y arrive en même temps que HHR. Donc voilà, une bonne partie du chapitre est hors-canon, ce n'était pas voulu, mais bon, je n'ai pas eu envie de changer quand je m'en suis rendu compte, j'aime bien cette idée en vrai !

Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !