J'avais perdu ce chapitre et ça a été difficile de le réécrire, je l'ai quelque peu modifié puisque cette fois-ci, les autres chapitres étaient déjà écrits. Et pour celles qui découvrent cette histoire, faites-moi confiance et lisez jusqu'à la moitié au moins pour comprendre !
A propos de cette histoire, je ne peux pas prétendre avoir une idée réelle de ce que fut la guerre du Vietnam, je ne peux me baser que sur ce qui circule sur internet ou quelques films. Je préfère dépeindre quatre soldats et un médecin, sans pouvoir, j'en suis certaine, pouvoir retranscrire ce qu'aurait pu être leur expérience au Vietnam. Nous ne sommes pas là pour un cours d'histoire mais pour nous divertir et même si certaines situations vous paraitront sans doute improbables, nous allons nous mettre d'accord pour dire que tout cela reste de la fiction et mon but, encore une fois, est de vous divertir. Il y aura dans tous les chapitres des analepses (flashback en anglais) qui seront signalées en italique.
Voilà ce que dit Wikipedia sur la guerre du Vietnam :
La guerre du Viêt Nam (également appelée deuxième guerre d'Indochine) est une guerre qui oppose, de 1955 à 1975, d'une part la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Viêt Nam) avec son armée populaire vietnamienne — soutenue matériellement par le bloc de l'Est et la Chine — et le Front national de libération du Sud Viêt Nam (dit Viet Cong), et d'autre part la République du Viêt Nam (ou Sud-Viêt Nam), militairement soutenue par l'armée des États-Unis appuyée par plusieurs alliés (Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippines).
Leur Guerre
1ère partie
1972 – Saigon, République du Vietnam
PDV Jasper
« On annule le déplacement. » m'annonça Major Newton, apparemment déçu de me voir seul ce matin.
« Qu'est ce qu'il s'est passé ? Et où est le Colonel Mc Carthy ? »
« Il a dû rencontrer le Général Volturi. Il m'a demandé de vous prévenir. Pour le moment, personne ne quitte Saigon. Un de nos camions a sauté sur la route vers la base. »
Je retournai rapidement à l'hôtel où je logeais avec mes deux Majors. Tous nous espérions quitter cette ville pour retourner à la base de Cam Ragh. Une journée de travail perdue ne pouvait que compliquer notre mission. Je remontai dans notre chambre, espérant y être seul pour la matinée. Il me restait pas mal de courrier à écrire ou décrypter, ainsi qu'une lettre à relire, parce que celle-ci, je ne la comprenais toujours pas.
Quand je n'avais pas besoin d'eux, Masen et Black s'absentaient régulièrement, mais contrairement aux autres soldats avec du temps à perdre, ils ne couraient pas les bordels de la ville, ne perdaient pas leurs soldes aux jeux et ne se saoulaient pas. Il ne se passait pas un jour sans que je me félicite de mon choix lorsque j'avais été rétrogradé et avais dû recruter deux autres Majors pour m'assister.
Je ne vis personne dans la chambre que nous partagions tous les trois. Elle était spartiate, trois lits et deux bureaux, une armoire et une étagère, mais partout des caisses cadenassées avec des documents confidentiels.
Nous n'étions censés rester que deux semaines à Saigon, cela faisait trois mois. Non pas que la base militaire soit beaucoup plus confortable, mais là-bas je m'y sentais plus en efficace. A Saigon, j'étais en probation, il n'y avait vraiment pas beaucoup à faire, juste assister à des réunions interminables et remplir de la paperasse. J'avais pourtant eu beaucoup de chance de ne pas être passé en cour martiale. Ne plus être Colonel me permettrait, une fois de retour à la base, de continuer mes actions discrètement.
La saison de la mousson touchait à sa fin, l'air était moite et lourd, mais au moins les pluies avaient cessé. J'allai vers la salle de bain dont la porte était entrouverte, me stoppai en entendant des gémissements. Furieux qu'un de mes gars ait osé braver les règles, je voulus faire irruption et chasser la prostituée mais ce que je vis me rendit sans voix.
Mes deux Majors étaient dans la baignoire, ensemble et d'après les mouvements de tête de Black, il faisait une fellation à Masen ! Je filai aussitôt hors de la chambre, la verrouillai et me rendis dans le premier bar sur ma route. J'allais avoir besoin d'un peu d'alcool pour m'aider à effacer cette image de la tête.
Je tentai de me remémorer d'un instant qui aurait du me faire douter. Il était vrai qu'après une mission où Black était tombé malade, Masen avait été plus attentif mais j'avais vu cela comme de la solidarité. Il portait le plus lourd, se proposait toujours pour éviter à Black les rondes de nuit. Ils étaient aussi de plus en plus absents.
Deux heures plus tard, je n'arrivais toujours pas à y croire et je commençais à avoir une sacrée migraine. Je passai un coup de fil au bureau de Mc Carthy, il accepta de déjeuner avec moi. Il pourrait peut-être m'aider à comprendre ce qu'il se passait dans ma chambre.
PDV Emmett
La réunion ne dura heureusement qu'une petite heure, Newton m'appris qu'il avait effectivement croisé le Lieutenant Whitlock et l'avait prévenu de l'incident de cette nuit. Une mauvaise coordination avait causé un convoi de partir tard la nuit dernière et la route n'avait pas été sécurisée. Nous n'avions cette fois-ci perdu aucun homme, juste de la casse et des blessés mais si Jasper récupérait ses anciennes fonctions, ce genre d'incident ne se reproduirait plus.
Je rejoignis Jasper dans un des rares restaurants de la ville sans prostituées et me commandai un repas pour deux. Jasper me paraissait nerveux, il choisit une simple soupe et du thé.
« Ne me dis pas que tu es au régime ! » me moquai-je.
Je lui devais ma vie et je le soutenais dans ses actions, nous avions traversé beaucoup d'épreuves pourtant je ne l'avais jamais vu aussi troublé.
« Emmett, j'ai besoin de toi. Il s'est passé quelque chose de… Comment dire… Tu connais bien Masen ? »
« Edward ? Bien sur ! Je le considère comme un de mes meilleurs amis. Tu as un problème avec lui ? » m'étonnai-je.
J'avais moi-même conseillé Edward et Jake pour assister Jasper. Ils étaient loyaux et sérieux, deux qualités assez rares et je voulais aussi les éloigner des combats.
« Quand je suis revenu à l'improviste ce matin, j'ai cru que l'un d'entre eux avaitfait monté une prostituée- »
« Impossible ! Ils savent que c'est formellement interdit et tu es Lieutenant, bon sang ! Ils savent que- »
« Je sais tout ça Emmett. Ils étaient… »
Jasper inspira profondément, ce qui allait suivre ne me plairait pas.
« Black était en train de… Masen. » lâcha-t-il enfin.
« Quoi ? »
« Tu as compris ! » s'impatienta-t-il.
Ca ne serait pas la première fois, j'en avais déjà été témoin au début de mon engagement. La vie de soldat était rude, d'autant plus que nous étions tous trop loin de nos familles, de nos femmes ou petites-amies et pour certains, ça dérapait. Pour d'autres, c'était leur inclination et s'ils étaient découverts, il pouvait être révoqué. L'homosexualité était considérée comme une maladie mentale, et normalement les personnes homosexuelles n'avaient pas le droit de servir. Pourtant, le conflit s'éternisait et l'armée était moins stricte.
« Je n'arrive pas à y croire. » dis-je encore. Tu es sûr ? »
« Oui ! Bon sang je ne sais pas quoi faire. »
« Je t'avoue qu'il y a déjà eu des rumeurs sur Black. »
«
Ah bon ?! Pourquoi tu n'as jamais rien dit ? »
« Parce que je n'y ai jamais cru, voyons. Tu n'as rien vu venir, hein ? »
« Non mais j'arrête pas d'y penser et il me semble qu'il y a eu un changement depuis plusieurs semaines. Je ne les ai jamais vus autrement que cordiaux entre eux mais je ne passe pas mes journées avec eux. »
« Mais tes nuits, oui ! » pouffai-je.
« Justement, s'ils avaient fait quoique ce soit la nuit, je m'en serai aperçu. » m'assura-t-il.
« Personne ne doit le savoir. »
« Mais si je les protège, je risque une autre rétrogression, voir même la court martiale. Je n'ai pas besoin de plus de problèmes. »
« Jasper, tu sais que je fais tout pour que tu récupères ton grade. Ce matin encore j'ai plaidé ta cause. Je te le demande comme un service, mec, ne les balance pas. »
« Parle à Masen, fais-lui comprendre qu'ils doivent tous les deux être discrets. Mais ne lui dis pas que je sais, ok ? »
« Ca marche. De toute façon, je pars avec vous. »
« Comment ça ? »
Je lui souris fièrement.
« Tu rentres à la base jeudi. Prépare tes valises ! »
Il en resta muet, puis il me tendit la main que je serrai joyeusement.
« Je vais tout faire pour t'aider, tu peux compter sur moi. »
« Merci Emmett. »
Le mercredi en fin de journée, je rejoignis le trio pour déménager leur petite chambre. Non pas qu'ils aient beaucoup mais Jasper devait rapporter beaucoup de dossiers importants qu'il avait dû stocker à l'hôtel. Il partirait le lendemain en fin de matinée mais il fallait déjà tout charger dans un camion.
J'observai Edward et Jake, ils avaient beau être occupés et peu bavards, je remarquai des regards complices et des sourires en coin. Edward portait les boites les plus lourdes et Jake roulait des yeux à chaque fois mais ne se plaignait pas.
« Eddy, je peux te parler un instant ? » l'attrapai-je en bas de l'escalier.
« Oui, bien sûr. »
« Ecoute, tu sais que je veux juste te protéger, hein ? »
« Euh… oui. »
« je ne vais pas y aller par quatre chemins. J'ai entendu des rumeurs sur toi, et sur Black. »
Il ouvrit grand les yeux, son visage s'empourpra, Jasper avait donc raison.
« Moi je n'y crois pas à ces conneries, enchainai-je nonchalamment, mais tu dois faire gaffe. Une réputation comme ça peut foutre la merde, et tu es Major maintenant. Juste, fais gaffe et va de temps en temps te taper une fille. »
« Merci de m'avoir prévenu… Tu crois que le Lieutenant aussi a entendu ces rumeurs ? »
« Non, t'inquiète, sinon il t'en aurait parlé. Ecoute, vous partez demain en fin de matinée, tu n'as qu'à aller avec Jake dans un bar avec des collègues. Payez vous une fille chacun. »
« Ok… merci Emmett. »
« De rien. »
Il reprit une expression neutre et nous rejoignîmes Jasper et Black.
« Lieutenant ? »
« Oui Major ? »
« Avec votre permission, le Major Black et moi-même voudrions notre soirée de libre. Aurez-vous besoin de nous après votre réunion ? »
« Non, non, vous pouvez profiter de votre dernière soirée à Saïgon. Mais par pitié, ne me réveillez pas et ne revenez pas saouls. »
Black n'avait cessé de dévisager son… amant, je ne voyais pas d'autre explication. Il semblait furieux et pourtant il était du genre silencieux et calme.
PDV Edward
Je tentai tant bien que mal de cacher mon malaise, heureusement il ne restait plus grand-chose à charger et le Lieutenant Whitlock devait se rendre au QG avec Emmett. Dès que je refermai la porte de la chambre,
« Edward, mais pourquoi nous irions dans un bordel ?! »
« Calme-toi et écoute-moi. »
Bon sang ce que je l'aimais, je ne savais pas comment lui expliquer les choses sans l'alarmer.
« Le Colonel m'a dit qu'il y avait des rumeurs sur nous. »
« Non ! Oh mon dieu, on est foutu ! »
« On n'a pas le choix, il faut aller dans un bar et traîner avec d'autres soldats »
« Ok… ok, on n'a pas le choix. Le Lieutenant le sait ? »
« Emmett m'a assuré que non. »
Je l'embrassai tendrement, mes mains s'appropriant déjà son corps. Je ne savais pas comment j'allais tenir le coup à la base, nous ne serions plus jamais seuls.
« Tu dois coucher avec une fille, Edward. »
« Hors de question. » me révoltai-je.
« Réfléchis, boire quelques bières ne suffira pas. »
« Je danserai avec une fille ou deux, ça devra suffire. » espérai-je.
« Je risque ma peau dans cette histoire, je t'en supplie. »
« Je ne pourrais pas. »
Ce fut mon tour d'être attaqué, plaqué contre le mur et embrassé fougueusement. Il nous restait si peu de temps, notre avenir ne pouvait pas être planifié au-delà d'une semaine. La situation nous pesait à tous les deux, nous n'avions pas encore trouvé de solution. Je ne voulais qu'une chose, que nous partions de cet enfer, ensemble sans plus devoir se cacher et mentir.
« J'ai envie de toi. »
« On n'a pas beaucoup de temps. » prévins-je.
« Alors fais-moi vite l'amour. »
Je l'entendis grogner, se révolter même quand je m'éloignais pour prendre un préservatif dans mon sac.
Une heure plus tard, nous étions attablés avec quelques gars que nous connaissions. Etant deux nouveaux, plusieurs prostituées nous tournèrent autour.
« Tu as la côte, Masen ! » me siffla Ben avec qui j'avais servi avant d'être promu.
« Je me demande bien où vous alliez baiser dans cette ville. Ici ce n'est pas un endroit pour les gradés normalement. » railla Tyler, jaloux.
« Le Lieutenant Whitlock ne nous que peu de temps de libre. » expliquai-je.
« Tu vas te taper laquelle ? » voulut savoir un autre que je ne connaissais pas.
« Je veux juste boire quelques verres, répliquai-je. Il y a un billard ici ? »
« Et toi, Black ? » insista Tyler.
Sa réponse fusa, comme si elle était attendue.
« J'ai choppé une saloperie la dernière fois que j'ai touché à une pute. Pas l'intention de refaire la même erreur. »
« C'est sûr, quand on partage une salle de bains qu'avec deux personnes, on a le temps de se branler, ricana Ben. Tiens, voilà Mike. »
L'arrivée du Major Newton aida à détourner l'attention sur nous mais je savais que nous étions surveillés. Je reçus un coup de pied sous la table quand une autre fille s'approcha de moi.
« Vas-y. » me souffla-t-on.
« Vraiment ? »
« S'il te plait. »
Je restai vingt minutes dans la chambre, prétendis ne pas réussir à avoir une érection, ce qui était vrai finalement, et la fille, ravie, accepta de garder le silence contre encore un peu d'argent. Quand je rejoignis mes camarades, je décidai qu'il était temps de rentrer. Je ne supportais plus la musique trop forte et l'alcool de mauvaise qualité commençait à me rendre nauséeux.
« On doit y aller, le Lieutenant a besoin de nous encore ce soir. » mentis-je.
« Black a une sacrée descente, fais gaffe à ce qu'il ne te vomisse pas dessus ! » ricana Newton.
Une fois sortis du bar, je nous fis traverser la rue et nous prîmes la première petite ruelle. Après avoir regardé tout autour, je passai un bras sur ses épaules, mais je ne pus l'embrasser, je fus même repoussé.
« Qu'est-ce qu'il se passe ?! »
« Elle était bonne au moins ? »
Abasourdi d'être ainsi attaqué alors que j'avais promis de ne rien faire, je m'énervai à mon tour.
« Je ne l'ai pas touchée ! Je te le jure ! »
« Newton a dit que tu avais une toute autre réputation à la base. »
« C'est quoi ce délire ?! Et tu préfères croire Newton, plutôt que moi ? Tu ne comprends pas que je t'aime ?! » grondai-je.
« Et Jessica ? L'infirmière la plus vulgaire que je connaisse, soit dit en passant. »
« Jessica ? N'importe quoi ! »
« La dernière fois qu'on est allé à la base, il y a deux mois. »
Je me détournais, honteux, mais sûrement, je pouvais lui expliquer et lui faire entendre raison.
« C'est vrai que j'ai passé une soirée avec elle. » admis-je la peur au ventre.
« Tu m'avais dit que tu étais malade, je m'en souviens. Tu es allé à l'infirmerie. »
« Tu sais que j'étais perturbé par l'attirance que je ressentais pour toi. J'ai voulu savoir si je pouvais… avec elle. Tu ne peux pas m'en vouloir pour ça ! » m'écriai-je.
Quelques têtes émergèrent des maisonnettes mais je n'en avais rien à faire.
« Je n'ai pas touché à Jessica, ni à cette fille du bar et personne d'autre avant toi. Je t'ai dit que je n'avais couché qu'avec une fille au lycée. Pourquoi tu ne me crois pas ? »
« Parce que tu ne devrais même pas m'aimer. Parce que ça fait six mois que j'attends que tu me quittes ! »
Je ne pouvais pas supporter ses sanglots et si je ne faisais rien, aucun de nous ne pourrait dormir cette nuit. Je l'attirai plus à l'écart et trouvai un hangar désert. Dans la pénombre, il était facile de lui prouver que je n'avais de désir pour personne d'autre.
« Il n'y a que toi que je veux, jurai-je. Que toi que j'aime. Cette foutue guerre se terminera bien un jour. Et toi et moi nous pourrons nous aimer au grand jour. »
« C'est ce que je veux aussi, Edward. Je voudrais tant ne pas avoir à te mettre en danger à cause de moi. »
« Ca en vaut la peine. » lui garantis-je.
« Je t'aime, Edward. »
« Je t'aime, ma Bella. Je t'aimerai chaque jour de ma vie. Ne t'inquiète plus, s'il te plaît. »
PDV Bella
Il me prit dans ses bras et me blottit contre lui. J'étais toujours à la fois émue et excitée en sentant son odeur. Ce soir, nous étions seuls pour la dernière fois sans doute, à part quelques baisers, nous ne pourrions plus rien faire. Je regardai autour de moi, la chaîne fermant le hangar ne me sembla pas très solide mais si nous faisions trop de bruit, nous alerterions des gens.
« J'ai peur, tu sais. » me dit-il en déboutonnant ma chemise kaki.
« Moi aussi. »
Notre plus grande peur désormais était d'être séparés. L'un sans l'autre, nous avions été comme des automates, nos émotions incapables de s'exprimer à cause des horreurs que nous avions vues. L'un sans l'autre, nous redeviendrions des numéros sur des listes et ce, malgré nos grades. Nous ne pouvions pas accepter d'être l'un sans l'autre parce que nous avions oublié comment vivre seuls au milieu de centaines de soldats. J'avais besoin de lui autant qu'il avait besoin de moi.
« On va partager une chambre avec d'autres gradés. Je ne pourrais plus t'avoir à moi tout seul. » me dit-il encore.
Il s'énerva de ne pas pouvoir prendre en main mes seins, se contenta de me mordre légèrement le cou. Comme souvent, notre désir nous submergea, tant pis si il nous fallait faire l'amour dehors, nous l'avions fait dans bien des endroits, de jour comme de nuit, en plein soleil, sous la pluie de la mousson, dans des champs.
Je m'accrochai à la paroi, enroulai mes jambes autour de sa taille et le laissai frotter son sexe durci contre le mien, sachant pertinemment que ça ne serait pas suffisant.
« Tu veux ? » murmura-t-il, essoufflé.
« Oui. »
Il baissa mon pantalon et mon caleçon jusqu'à mes chevilles, mit dans sa poche la paire de chaussettes que je devais toujours porter dans mon pantalon. Pour sa part, il se contenta de sortir son sexe. Je me suspendis une nouvelle fois et il passa sous moi pour se caler entre mes jambes. J'étouffai mes gémissements et mes cris en mordant son épaule. Bientôt, je ne pus plus me tenir à la paroi, mais il était assez fort, et mes mains se perdirent dans ses cheveux.
Notre étreinte se termina rapidement, le désespoir ayant précipité notre orgasme. En retournant à l'hôtel où nous logions depuis trois mois, je voulus encore le prendre dans mes bras. Il me suivit dans la salle de bains, comme un couple normal, nous nous brossâmes les dents ensemble, nous lavâmes sommairement puis nous changeâmes.
« Fais de beaux rêves, ma Bella. » susurra-t-il.
« Je t'aime. »
« Moi aussi. Plus que tu ne peux l'imaginer. »
Il ouvrit la porte avant que je ne puisse répliquer, car il croyait vraiment à ce qu'il venait de dire. Nous nous couchâmes l'un en face de l'autre, le Lieutenant Whitlock occupant le lit le plus éloigné de la porte. Il s'endormit avant moi, son beau visage apaisé.
Je ne pus retenir quelques larmes de dépit. Pourquoi l'avais-je rencontré au milieu de cet enfer ? Pourquoi pas avant, quand j'étais une jeune fille ordinaire ?
J'étais née et avais grandi à Forks, dans l'Etat de Washington. Ma mère avait quitté mon père pour suivre un groupe d'idéalistes, elle n'était jamais revenue me chercher malgré sa promesse. Je n'ai jamais su ce qu'il était advenu d'elle, mais j'avais entendu mon père confier à son meilleur ami, Billy, qu'elle avait été retrouvée sur une plage de Californie.
Etre élevée par un père célibataire avait fait de moi quelqu'un de débrouillard. Il m'avait appris à pêcher et à chasser, à réparer une voiture. Nous avions passé beaucoup de temps avec ses amis de la réserve indienne de La Push. Sarah Black m'avait aidé à passer le cap de la puberté, elle m'avait accompagnée acheter mon premier soutien-gorge. J'avais alors prié pour ne pas avoir une grosse poitrine comme la sienne. Hélas, peu après, un cancer fulgurant avait emporté Sarah, nous laissant tous un peu orphelin.
J'étais très proche de leur fils, Jacob. Il avait été comme un frère, je l'avais suivi partout alors qu'il était plus jeune que moi de deux ans. Avec lui et ses amis, j'avais appris à survivre en pleine nature, à sauter en haut d'une falaise, à courir et à nager sur de longues distances.
Lorsque mon père fut tué dans un accident de voiture, je n'avais que dix-huit ans avec encore une année de lycée à terminer. Les Black m'avaient accueillie et soutenue, je fus longtemps inconsolable et le sort s'était encore acharné sur nous. Jacob mourut peu après d'une pneumonie. Les médecins de Port Angeles avait refusé de le soigner, les Quileute étant trop souvent traités avec défiance, discriminés.
Je m'étais retrouvée seule avec Billy et ses filles, déjà mariées et mères, je m'étais sentie de trop à la réserve. Je n'avais pas d'argent pour étudier, je travaillais depuis quelques années les weekends dans le seul restaurant de Forks mais ça n'était pas suffisant et j'avais donné tout ce que je pouvais pour aider les Black.
Un soir de juillet 1967, j'avais trouvé Billy en pleurs dans la petite cuisine de leur maison. Il m'avait tendu une lettre puis avait fracassé une assiette. L'armée avait convoqué Jacob Black pour aller combattre au Vietnam.
« Je hais ce pays ! Ils ont laissé mourir mon fils et ils ne s'en souviennent pas ?! »
« C'est terrible, les monstres. » avais-je pesté.
« Je ne vais même pas leur dire qu'il est mort. Je veux qu'ils débarquent ici pour l'arrêter, je les emmènerai sur la tombe de mon fils ! » avait rugi Billy.
Cette nuit-là, j'avais coupé mes cheveux, emporté le plus de vêtements possibles appartenant à Jake, pris son carnet de vaccination, seule pièce d'identité sans photographie, et volé la lettre de convocation. J'avais aussi déchiré l'acte de décès de mon meilleur ami. J'avais écrit à Billy pour lui dire de en pas s'inquiéter, j'allais trouver un emploi à Seattle et lui donnerais des nouvelles. A l'aube, j'avais pris un bus de Port Angeles pour Seattle.
Arrivée au bureau de recrutement, j'avais réalisé que ma farce ne tromperait personne. J'étais de taille moyenne, athlétique mais il me faudrait passer devant un médecin. La chance m'avait souri, des manifestants avaient fait irruption alors que j'étais convoquée et quand le calme était revenu, pressé de rattraper le temps perdu, on avait tamponné un document avec le nom de Jacob Black et j'avais pris un autre autobus avec des dizaines de jeunes hommes.
Affectée dans le Kentucky, sur la base de Fort Knox, j'avais réussi à chaque fois à cacher ma véritable identité durant neuf mois. Je passai pour un chétif et on se moquait souvent de mon nom de famille, moi qui étais si pâle. Emmett Mc Carthy m'avait pris sous son aile quand je fus affectée dans son unité. Il n'était alors que Lieutenant, il avait apprécié mes capacités de réflexion, mes capacités physiques étaient dans la moyenne des autres soldats. J'avais été promue Second Lieutenant avant même de mettre les pieds sur un champ de bataille.
J'avais longtemps cru qu'il m'avait démasquée, pourtant il n'avait jamais fait aucun commentaire. Avant de partir pour le Vietnam, il m'avait aidé à gagner encore du galon, en un an, j'étais passée de Second Lieutenant, à Premier Lieutenant et finalement Capitaine. Malheureusement, mon avancement était aussi dû aux pertes humaines, en manque de gradés, l'armée accélérait les promotions.
Durant quatre ans, j'avais servi mon pays mais j'avais perdu mes illusions très vite. Quelque chose n'allait pas dans cette guerre, un si petit pays dont l'avenir était l'enjeu de grandes puissances. Je m'étais résolue à continuer, refusant les permissions, pour permettre à d'autres de retourner à leur famille.
Cacher que j'étais une femme avait été plus simple aux Etats-Unis. J'y avais pris l'habitude de me doucher soit en pleine nuit, soit me laver dans un toilette. Je fuyais la compagnie des autres soldats qui m'avaient d'abord ignoré. Au bout des deux premiers cycles d'entrainement, lorsque nous apprîmes le maniement des armes, l'ambiance avait changé dans notre baraquement. Nous dormions avec nos fusils d'assaut presque toutes les nuits, nous étions réveillés en pleine nuit pour simuler une attaque ou juste pour nous faire courir.
Si je n'avais pas été déjà dépossédée d'émotions, j'aurais craqué comme tellement d'autres. Je n'arrivais plus à pleurer dans le Kentucky, je n'y arriverais plus durant près de cinq ans, jusqu'au jour où Edward m'avait prise dans les bras pour la première fois. Nos différents instructeurs jouaient les tyrans, j'étais sans doute moins arrogante que d'autres et j'avais réussi à rester hors du radar.
Une fois débarquée au Vietnam, nous n'étions restés que deux nuits dans un camp d'entrainement. Puis toute notre unité avait été envoyée en pleine cambrousse. J'ai regretté pour la première fois mon choix alors, à cause de tous ces gens que nous tuions, directement ou indirectement. J'avas fait usage de mon arme, précisément, comme on me l'avait appris. Ca n'était pas un choix entre ma vie et celle de mon ennemi, mais entre la vie de mes camardes et celle de mon ennemi. Dans ces cas-là, on tirait pour se sauver et sauver les autres, pour pouvoir passer une nuit sans pleurer un soldat tombé au combat.
La proximité avec des hommes n'avait pas été un problème, j'appréciais l'esprit de camaraderie qui me rappelait ma jeunesse à La Push et je n'avais pas de besoin affectif. Je n'avais pourtant jamais tenté d'être amie avec qui que ce soit, je ne pouvais pas risquer d'être découverte et finalement, je passais aux yeux de tous pour un homme lunatique et secret.
Grâce à mon grade, j'avais pu m'isoler suffisamment sans éveiller les soupçons mais j'avais eu l'impression de perdre peu à peu ma conscience de femme. Le vrai défi était quand j'avais mes règles, j'avais longtemps improvisé avec ce qui me tombait sous la main. Une fois arrivée à la base de Cam Ragh, j'avais fini par voler dans le stock des infirmières des serviettes hygiéniques. Une des infirmières m'avait vu faire mais trop étonnée, elle avait cru à mon mensonge. Qui pouvait bien envoyée des serviettes hygiéniques à sa petite-amie aux Etats-Unis ?
Lorsque le Colonel Mc Carthy me proposa pour le poste de major auprès de Jasper Whitlock, j'avais accepté aussitôt. J'avais déjà servi sous les ordres du Colonel Whitlock et lorsqu'il avait été rétrogradé au titre de Lieutenant, j'avais su pourquoi. Je l'admirais pour son courage et avais espéré l'aider discrètement à rendre cette guerre moins inhumaine, même si la tâche nous semblait à tous si difficile.
J'avais été recrutée en même qu'Edward, tous deux nous avions des états de service exemplaires et le Lieutenant nous confia nombreuses responsabilités. Cela m'avait pas mal changé de ne plus être chaque jour sur le terrain. La base était une véritable ruche, toujours en effervescence et je n'avais que peu d'occasions de me retrouver seule avec Edward.
Pour autant, pour la première fois de ma vie, je m'étais sentie attirée par un homme. Edward était un peu comme moi, calme et discret. Il ne faisait pas partie des parieurs, ni de ceux qui s'éclipsaient avec une des infirmières. Il aimait courir, je l'avais souvent observé à l'aube, seul sur la piste de course.
J'étais éblouie par ses yeux verts, par son visage carré, par ses lèvres fines. Il se dégageait quelque chose de lui de sauvage, comme un fauve qui attendait le bon moment pour bondir sur sa proie
J'avais appris peu de choses sur lui, son âge et d'où il venait. Le Colonel Mc Carthy m'avait dit qu'ils s'étaient connus quand ils étaient enfants et Edward avait été à Fort Know en même temps que moi mais étant arrivé plus tôt, il avait été dans une autre promotion et envoyé avant moi au Vietnam.
En arrivant à Saïgon, le Lieutenant nous avait mis en garde. Il ne voulait pas nous voir saouls, ni pliés en deux à cause d'une chaude pisse. Notre temps libre nous appartenait mais il tenait à ce que nous donnions l'exemple pour les autres soldats. Et tout d'un coup, j'étais avec Edward, jour et nuit, je dormais à côté de lui, je passai après lui pour prendre ma douche, je mangeai face à lui, je patrouillai avec lui.
Très vite, le comportement d'Edward à mon égard changea, il parlait peu, ne me regardait plus dans les yeux et évitait tout contact physique entre nous. Le soir, tandis que je lisais, lui allait de bars en bars mais revenait toujours sobre, sans l'odeur de parfum bon marché des prostituées.
Analepse
« Major Black, vous avez encore passé la nuit à lire ? Vous ne cessez de somnoler. » me reprocha le Lieutenant Whitlock.
Edward me dévisagea également, mécontent. Nous n'étions que trois, en route pour un poste avancé, si l'un d'entre nous n'était pas à la hauteur, les deux autres risquaient leur vie à cause de lui.
« Pardon. » murmurai-je.
Je détestais quand Edward posait son regard de jade sur moi, ses sourcils froncés, ses lèvres pincées. Il m'en voulait pour quelque chose que j'ignorais et il était la réelle raison de mes insomnies, c'était à moi d'être furieuse contre lui. J'en étais bien incapable mais la tension entre nous était trop oppressante.
La nuit dernière, il avait tendu son bras dans son sommeil, sa main avait frôlé la mienne et je n'avais pas bougé. Mais lui s'était réveillé en sursaut et je n'étais pas certaine d'avoir fermé mes yeux assez rapidement.
Lorsque le lieutenant nous annonça qu'il devait s'entretenir avec le médecin du campement, Edward s'éloigna de la Jeep mais le Lieutenant lui ordonna de rester à bord avec moi, il n'en aurait pas pour longtemps. Je me mis alors à tousser fortement, j'avais attrapé froid depuis deux jours. Encore une fois, mon camarade me fusilla du regard.
« C'est quoi ton problème ? » lui demandai-je, les bras croisés sur la poitrine.
« Quoi ? » rugit-il.
« Ton problème avec moi ? Depuis qu'on est à Saigon, tu es un vrai con avec moi. » lâchai-je.
« Je ne suis pas du genre à sympathiser facilement. » tenta-t-il mais je sentais que ça n'était pas la véritable raison.
« La façon dont tu me regardes parfois, c'est comme si tu me haïssais. Qu'est-ce que je t'ai fait ?! » m'emportai-je, un doigt enfoncé dans ses côtes.
« Tu te fais des idées. » rétorqua-t-il avant de sauter à terre.
Le lieutenant réapparut à l'entrée du campement avec le docteur Cullen, dont je connaissais la réputation, je n'étais pas étonnée de le voir dans cet endroit isolé et dangereux. J'aurais aimé avoir son courage.
A vingt kilomètres du camp, nous entendîmes des bruits de mitraillette. S'il y avait une opération prévue par notre camp, nous l'aurions su. Il s'agissait sûrement de rebelles et nous n'étions que trois. Le Lieutenant analysa rapidement la situation et son ordre ne me surprit pas. Nous étions à l'entrée d'un village qui venait sûrement d'être attaqué quelques jours plus tôt, où des maisons brûlaient encore ou fumaient. Il était très probable que les survivants avaient fui et que les rebelles avaient collecté ce qui pouvait leur servir.
« Je vais aller jusqu'à la base, restez ici, je reviens vous chercher. » annonça le Lieutenant.
Pour nous protéger, il nous laissait à couvert et ferait le reste de la route en jeep, il se mettait si souvent en avant, le Major Masen non plus ne parut pas étonné.
« Si vous êtes découverts… n'utilisez votre arme qu'en cas de danger. » nous recommanda-t-il encore, sans surprise.
« Oui, Lieutenant. » répondîmes en cœur.
« Vous pouvez faire un feu, vous avez des provisions ? »
« Ca ira. » assura Edward.
« Jake ! »
« Ca ira. » répétai-je en luttant pour ne pas m'endormir.
« Surveille-le. »
« Comptez-sur moi. » lui dit Edward.
Je suivis mon camarade jusqu'à une maison à moitié détruite, entourée d'autres tout aussi en mauvais état. Je savais que je n'étais pas seulement fatiguée, je me sentais faible et en sueur. A peine me posai-je à terre, je sombrai dans un sommeil profond.
PDV Edward
Jake tremblait de tous ses membres, même dans son sommeil. J'allumai le feu et tirai mon camarade au plus près. Je savais ce qu'il fallait faire mais j'avais peur. Peur de le toucher, de le voir nu. Si je ne faisais rien, il serait encore plus malade et je m'en voudrais. De plus, si des rebelles nous trouvaient, je ne m'en sortirais pas seul.
Mais à cause de lui, je vivais un enfer depuis des semaines. Je l'avais peu vu avant de recevoir l'ordre de nous établir à Saigon pour quelques temps. Soudain, je m'étais retrouvé avec lui tout le temps, dans une chambre minuscule, dans une voiture, dans les rues de la ville. Et je l'observais sans comprendre pourquoi j'étais troublé par son regard couleur chocolat, par ses lèvres roses et charnues, par ses mains fines, par son cou gracile.
Je m'étais cru insensible au manque de femmes, je me masturbais très rarement, ne ressentais aucun besoin. Mon camarade avait un physique androgyne, s'il avait des cheveux plus longs, il aurait pu ressembler réellement à une femme, et j'étais peut-être en manque de contact humain, je n'avais pas trouvé d'autre explication.
Je le relevai pour le caler contre mon torse, entre mes jambes. Je déboutonnai sa chemise, la lui enlevai puis passai son t-shirt au-dessus de sa tête. Il avait un large bandage autour du torse, je m'en alarmai aussitôt, le croyant déjà blessé. Il se mit à trembler davantage, j'ôtai ma chemise et la lui enfilai. Je m'attaquai ensuite à son pantalon, moins hésitant, gardant seulement à l'esprit mon devoir de l'aider.
Je le laissai glisser à terre pour retirer son pantalon et dans ma hâte, je fis glisser de quelques centimètres son caleçon. Je n'avais jamais vu un homme aussi imberbe, me permis-je de penser. Je mis à sécher ses vêtements de l'autre côté du feu, enlevai aussi mon pantalon trempé puis rapprochai nos sacs.
En revenant auprès de lui, je me fis encore la remarque qu'il avait vraiment des traits féminins. Je m'assis, il remua et la chemise que je lui avais rapidement enfilée s'ouvrit. Son bandage m'inquiétait, il fallait que je vérifie sa blessure. Il ne réagit pas quand je déroulai le tissu. Mon souffle s'accéléra alors, je clignais des yeux sans pouvoir réaliser ce que je voyais mais une chose était certaine, Jacob Black n'était pas blessé.
Je jurai tout bas avant de passer ma main sur sa poitrine puis sur son caleçon. Je le baissai carrément pour avoir la preuve de ce que je croyais impossible.
Jacob Black était une femme. Une femme menue mais musclée, une femme qui était devenue soldat sous une fausse identité cinq ans plus tôt. Une femme qui évoluait au milieu de soldats sans éveiller les soupçons. Comment réussissait-elle ?
Je la pris dans mes bras délicatement et la forçai à boire un peu d'eau. Elle n'ouvrit pas les yeux, marmonna et avala quelques gorgées.
« Qui es-tu ? » lui murmurai-je à l'oreille.
« Edward. » soupira-t-elle.
Elle ne se réveillait toujours pas, je ne pus m'empêcher de l'enlacer tendrement, une main sur son ventre, l'autre sur sa cuisse.
Je n'étais pas fou, réalisai-je joyeusement, et je n'étais pas devenu soudainement homosexuel. J'avais été attiré par elle sans comprendre, sensible à son visage fin, à ses gestes, à sa voix, à son odeur.
Et désormais, je savais qu'elle aussi avait lutté contre son attirance pour moi. Elle avait tenté de ne plus me regarder, de ne plus me toucher, de moins me parler. Elle n'avait rien répliqué quand je m'en étais pris à elle.
Mais que faisait-elle là ? Comment avait-elle pu atterrir ici ? Avait-elle voulu suivre celui qu'elle aimait ? Que devais-je faire désormais ? Je ne pouvais pas prétendre ne pas savoir.
Elle s'éveilla en début d'après-midi, s'étira sensuellement, comme je l'avais déjà vu faire, puis elle soupira. Je m'écartai d'elle rapidement, la faisant sursauter, et me redressai.
« Où sommes-nous, Edward ? » me demanda-t-elle.
Dieu que j'aimais l'entendre dire mon prénom. Comment sonnerait-il si je la faisais jouir ?
« Oh non ! » s'écria-t-elle en voyant sa poitrine débarrassée de son bandeau, je n'avais même pas cherché à boutonner la chemise.
Elle se leva et referma sur elle les pans du vêtement.
« Tu as encore froid ? » m'enquis-je.
Elle fit non de la tête, n'osant pas de faire face, mais j'avais besoin de réponses.
« Comment t'appelles-tu ? »
Elle ne répondit pas, j'attendis ce qui me parut une éternité et finalement j'allai lui prendre la main.
« Dis-moi. »
« Personne ne doit savoir, je t'en supplie. » dit-elle, sa voix tendue et presque menaçante.
« Je ne le dirai pas. »
Elle rougit et recula mais je ne lui lâchai pas la main.
« Comment tu t'appelles ? »
« Bella. » admit-elle enfin.
Et d'un coup, je me mis en colère.
« Tu es complètement folle ?! Tu pourrais mourir ici ! Tu ne réalises pas comme c'est dangereux ! »
Elle me toisait, un peu choquée.
« Et ça n'est pas un endroit pour une femme ! » rajoutai-je.
Son regard s'obscurcit, je la vis perdre son calme en une seconde, elle passa de la peur à la fureur. Et puis elle me gifla.
« J'ai choisi d'être ici, je suis passée par les mêmes choses que toi. Comment oses-tu me parler ainsi ?! » me cria-t-elle.
« Jake, enfin Bella, tu ne peux pas rester ici, tu dois rentrer aux Etats-Unis ! » suppliai-je.
« C'est hors de question. » statua-t-elle en avant de ramasser le linge qu'elle utilisait pour aplatir sa poitrine.
Elle s'éloigna pour enfiler ses vêtements qui n'étaient pas tout fait secs. Elle me tendit ensuite ma chemise et me dit merci du bout des lèvres.
« C'est trop dangereux. » persistai-je.
« Mais qu'est-ce qui a changé ? s'emporta-t-elle à nouveau. J'ai fait mes preuves. Tu ne peux pas juste oublier que je suis une femme ? »
Je faillis caresser sa joue, je faillis l'embrasser et lui dire que je ne supporterais pas qu'il lui arrive malheur.
« Tout a changé au contraire, je ne peux pas oublier. Bella, j'avais déjà peur pour toi et maintenant… »
Je me retins d'en dire trop, j'étais peut-être le seul à ressentir quelque chose.
« Maintenant quoi ? »
Elle ne s'était toujours pas calmer, elle voulait me prouver que sa place était ici, qu'elle était tout aussi capable de n'importe quel soldat et, après tout, elle était ici depuis près de cinq ans, elle avait raison.
« J'ai mérité mon grade ! Je ne te laisserai pas tout me prendre ! » continua-t-elle, à nouveau furieuse.
« Calme-toi, bon sang ! Je ne remets pas en cause tes capacités. Tu ne peux pas savoir comme je suis soulagé d'avoir découvert que tu étais une femme. »
« Quoi ? Pourquoi ? »
« Parce que depuis quelques temps, je te regarde autrement. Ca m'a foutu la peur de ma vie ! »
« C'est pour cela que tu t'es comporté comme un sauvage depuis deux semaines ? Tu avais deviné ? »
« Je n'avais rien deviné, tu as joué parfaitement cette mascarade. J'ai cru devenir fou, Bella. Jamais je n'avais rien ressenti d'aussi fort pour personne. »
Le tourbillon de chocolat de ses yeux éclipsa la fureur noire. Elle s'approcha de moi comme si j'étais un animal sauvage qu'il fallait approcher avec précaution. Je la laissai venir à moi et lui tendis les bras.
Elle vint s'y blottir, sa tête contre mon torse et elle se mit à pleurer en silence.
« Je te protégerai. » jurai-je en caressant ses cheveux courts.
« Edward, tu es le seul à qui j'ai voulu le dire. Tu as été un véritable ami, j'ai pu compter sur toi dès notre rencontre. J'ai voulu me confier à toi, pour la première fois, je me suis maudite d'avoir voulu être Jake. Avec toi, c'est… Et… »
Je la berçai encore, je réalisai le fardeau qu'elle portait, volontairement je supposais.
« Je t'aiderai, Bella. »
« Je ne veux pas que tu risques ta carrière à cause de mon mensonge. Ce ne serait pas juste. »
« Trop tard, je sais qui tu es, je suis impliqué. » affirmai-je en caressant sa joue pour la forcer à me regarder dans les yeux.
« Je peux demander une affection ailleurs. » se força-t-elle à dire.
« Je ne veux pas être séparé de toi, Bella. »
« Moi non plus. » souffla-t-elle.
Nos lèvres se rencontrèrent, hésitantes d'abord, pour ma part, je ne pouvais pas arrêter de penser que j'embrassai Jake, le Major avec qui je faisais équipe depuis deux mois. Quand elle se mit à gémir, je me souvins de son corps dénudé, si beau, de sa poitrine cachée, de ses fesses rondes. Je comprenais mieux pourquoi elle semblait toujours flotter dans son uniforme, il devait être trop grand de deux tailles.
Les heures suivantes, tout en gardant à l'esprit que le Lieutenant Whitlock pouvait revenir à tout moment, nous ne nous lâchâmes plus. Je voulus tout savoir d'elle et tout oublier de Jacob Black mais n'obtins que peu de réponses. Je la dévisageai sans plus me cacher et reconnaissais ses traits désormais comme ceux d'une magnifique jeune femme.
Elle avait plusieurs questions également, sans avoir cherché à cacher mon passé, je n'avais jamais été très bavard. Mais pour elle, je me remémorai mes parents, tous deux disparus à quelques semaines d'intervalle, emportés par la maladie, l'année suivante passée en foyer d'accueil. Dès que j'avais eu dix-huit ans, ne me sentant plus appartenir quelque part, j'avais suivi l'exemple d'Emmett et m'était engagé.
Quand le ciel fut noir, il nous parut évident que le lieutenant ne viendrait plus avant le lendemain matin. Tous deux avions conscience qu'une telle nuit ne pourrait sans doute plus se représenter. Nous étions souvent seuls mais pas isolés, et je ne pouvais pas ne pas en profiter.
Mes baisers se firent plus passionnés, mon corps fiévreux ne cessait de se coller au sien. Je l'allongeai bientôt sous moi et dégageai ses vêtements. Bella ne m'opposa aucune résistance, elle qui avait confessé n'avoir aucune expérience, elle me démontra que son désir, bien que nouveau était bien réel et impératif. Je lui avais donné son premier baiser quelques heures plus tôt et je voulais être celui qui la déflorerait.
Dans la fraîcheur de la nuit, à peine protégés par ces murs défoncés, nous nous donnâmes l'un à l'autre. Je goutais à son corps tout entier avec mes mains impatientes et inexpérimentées, avec ma bouche avide. Je lui arrachais un cri de souffrance mais des dizaines d'autres de plaisir.
PDV Bella
Quand il me pénétra pour la première fois, j'avais cru que ce serait toujours pénible mais il me prouva le contraire. Faire l'amour avec lui était l'expérience la plus délicieuse, merveilleuse, incroyable. Comment allais-je réussir à ne plus l'aimer après ? Il réagissait peut-être ainsi parce que comme d'autres, il se sentait seul et avait ce besoin primaire de s'agiter dans une femme.
Il avait beau me dire qu'il craquait pour moi, qu'il s'inquiétait pour moi, je n'y croyais pas. Pourtant j'avais le plus grand respect pour mon camarade, je l'admirais même. Il était si différent des autres, il ne parlait pas de sexe constamment, il savait s'amuser sans devenir vulgaire. Il n'était pas une tête brûlée et ne répondait jamais aux provocations.
Ses états de service étaient salués par ses supérieurs et je savais que le Colonel Mc Carthy ne l'aurait pas recommandé au Lieutenant Whitlock simplement parce qu'ils étaient amis d'enfance.
Oui, le voir se désintéresser d'elle serait pénible mais elle ne se berçait pas d'illusions. Elle prendrait de lui ce qu'il lui donnerait sans rien attendre. Elle se donnerait à lui sans retenue parce qu'il lui semblait qu'il était la dernière grande aventure de sa vie. Après lui, elle ne pourrait plus rien vivre d'aussi intense et d'aussi grisant.
Lorsque le ciel s'éclaircit, que les oiseaux commencèrent leurs chants matinaux, avant même l'apparition du soleil, il ferma ses yeux et j'eus peur que le rêve ne fût déjà terminé.
Fin de l'analepse
Nous reprîmes nos habitudes à la base de Cam Ragh, les soldats y étaient plus nerveux que ceux stationnés à Saïgon. Malgré le manque d'intimité, je savais que, comme Edward, ma place était ici. Nous devions aider à préserver la vie de nos camarades et des civils du Vietnam Sud, nous ne pouvions le faire qu'ici.
J'avais acheté un gros stock de protections intimes à Saigon et Edward accepta d'en cacher la moitié dans le bas de son petit placard. Nous partagions notre chambre avec deux autres Majors, plutôt sympathiques mais naïfs. Ils nous croyaient encore capable de faire gagner nos alliés, pour avoir rédigé de nombreux rapports et lus des dizaines de lettres de hauts-gradés, je savais que le retrait définitif des troupes était envisagé à court terme.
Certains soirs, nous nous retrouvions en petit comité avec le Colonel Mc Carthy, le Lieutenant Whitlock et le Major Cheney et sa fiancée l'infirmière Angela Weber, ainsi que le médecin en chef de la base, Carlisle Cullen. J'avais alors conscience de la tâche immense que ces gradés s'étaient jurés d'accomplir au risque de leur carrière et même leur vie. Des rumeurs couraient parfois, laissant entendre que nos chefs sabotaient des expéditions, perdaient des ordres. Le lieutenant avait été le seul à être rétrogradé mais n'avait jamais exprimé le moindre regret ou amertume. Le Colonel avait été gravement blessé et n'était plus le même mais avait réussi à garder la confiance de ses supérieurs.
A la fin novembre 1972, tous pensaient à une issue déshonorante pour notre armé et tous s'en offusquaient en public mais sûrement la plupart avait hâte de rentrer chez nous et essayer de vivre normalement malgré les atrocités vues et commises. Hélas, les décisionnaires avaient apparemment l'intention de ne laisser que des ruines à leurs ennemis.
La tension était si forte que les gradés de la base durent tirer au hasard les soldats à expédier pour les missions. Le tour d'Edward arriva mais je ne fus pas désignée pour aller avec lui. Il s'agissait de ramener à la base des colis, des minutions et des armes depuis une base plus au nord, le Lieutenant Whitlock était lui-même déjà parti pour assurer la bonne livraison, il reviendrait à la base avec le chargement. C'était une mission de routine mais je ne pus m'empêcher de trembler.
Quelques minutes avant le départ du convoi, Edward et moi parvînmes à nous isoler.
« Ne fais rien de stupide en mon absence. » me recommanda-t-il, faussement autoritaire, sa main sur ma joue.
« Ne te mets pas en danger, pour personne. » ordonnai-je.
« Tu sais que ça ne marche pas comme ça. »
« Je m'en fiche, je veux te serrer dans mes bras ce soir. »
« Promis. »
Le Colonel vint à côté de moi lorsque la petite troupe monta dans les camions.
« Il va revenir, il est futé. T'inquiète pas inutilement, Black. » me dit-il.
Mais le convoi ne rentra pas à l'heure escomptée, et je fis le pied de grue dans la cour. Le Colonel m'avait fait sortir du bureau de commandement parce que mon attitude commençait à intriguer les autres.
« Ils arrivent dans quelques minutes ! » m'apostropha le Colonel au coucher du soleil.
« Des pertes ? »
Il n'eut pas à répondre, sa mine était décomposée et ses épaules voutées.
« Mon dieu… pas lui. » murmurai-je en fermant les yeux un instant.
Comme il me l'avait prédit, les trois camions arrivèrent à la base, à peine garés, des civières furent poussées vers eux. Je me mis à compter nerveusement les hommes revenus mais ils se confondaient avec les secours et Edward n'était pas là.
« Black ! » entendis-je enfin.
C'était lui mais il était plié en deux, son uniforme tâché de sang. Je faillis courir à lui mais son regard me stoppas, il me suppliait de rester calme et de ne pas trahir notre secret.
« Qu'est-ce que tu as ? » demandai-je quand même.
« Une balle dans le cul ! » rigola l'un des soldats qui l'aidait à s'installer sur une civière.
« Masen ? » grognai-je.
« Black, je vais bien, c'est juste une égratignure au bras. Mais on a perdu Jasper. »
« Oh mon dieu ! » jurai-je.
Le Colonel pressa Edward de tout lui raconter. Des mines avaient explosés presque trop tard, les déstabilisant mais ne faisant aucun dégât. Mais des ennemis leur avaient tiré dessus et avaient utilisé des lance-flammes. Une partie du chargement avait été volée et trois hommes étaient décédés sur le chemin du retour. Le Lieutenant Whitlock avait disparu dans une salve de feu et son corps calciné avait été retrouvé et ramené.
« C'était la panique, ils étaient au moins une centaine. » déplora un autre soldat.
« Ils viennent du Nord, ajouta Edward. Ils ont franchi la frontière, nous ne contrôlons plus rien. »
« Major Masen, gardez vos impressions pour votre rapport. » le rabroua le Colonel, désireux de ramener le calme à la base.
Vers minuit, Edward avait été soigné, le docteur Cullen m'accueillit à l'entrée de l'infirmerie et me donna une tape rassurante sur l'épaule.
« Votre camarade va s'en sortir et il va rentrer aux Etats-Unis dans une petite semaine. Bonne nuit, Major Masen. L'infirmière Stanley passera cette nuit vérifier les pansements. »
Cette dernière sourit à Edward puis vint vers moi.
« Les pansements ? » m'exclamai-je.
Elle m'expliqua de sa voix nasillarde que la balle de son bras avait été extraite, il m'avait caché qu'il avait aussi été touché au flanc. Je ne pus hélas pas rester fâchée contre lui, pas alors que je venais d'apprendre qu'il allait rentrer et serait en sécurité.
« Il doit être impatient de rentrer au pays et de donner la bague à sa fiancée. » le taquina-t-elle.
J'ouvris grand les yeux, prête à bondir mais Edward nia. Jessica Stanley était ravi de la petite scène et intervint encore.
« Vous avez parlé, Major ! Vous qui êtes si secret, il a fallu attendre que vous sortiez d'anesthésie pour enfin vous tirer les vers du nez. Un vrai gentleman, ajouta-t-elle à mon intention. Le pauvre, il s'est imaginé en train de tenter de persuader sa Bella d'accepter de se marier avec lui ! »
Elle nous laissa seuls enfin, après m'avoir fait promettre de ne rester que quelques minutes puisque mon amant avait besoin de repos.
« Je vais supplier le Colonel pour te conduire à l'hélico lors de ton évacuation. Je veux passer le plus de temps possible avec toi. » lui murmurai-je, ne souhaitant pas revenir sur la révélation de l'infirmière.
« Pas la peine, je peux très bien rester à la base. » s'entêta Edward.
« Aucune chance, personne ne va à l'encontre d'un tel ordre, tu éveillerais les soupçons. » trouvai-je comme excuse.
« S'il te plait, je veux rester avec toi. »
Il s'accrocha faiblement à mon bras et je me penchai vers lui. Personne n'était dans les parages mais cela restait un acte dangereux.
« Juste un baiser. » soufflai-je contre ses lèvres.
Ce fut tout ce que je pus lui prendre. L'infirmerie ne cessa plus ensuite d'être occupée, et les jours s'écoulèrent. L'hommage rendu au Lieutenant Whitlock prouva que tous les hommes de la base l'appréciaient et tous nous étions secoués par sa mort tragique.
L'évacuation des blessés fut reportée d'une semaine à cause d'orages. Le Colonel accepta ma requête et je fis partie du convoi en destination d'abord du Cambodge puis l'Allemagne et enfin les Etats-Unis.
Le dernier regard partagé avec mon amant ne put être évité et si quelqu'un nous avait observés, il aurait compris l'amour que nous nous portions et pourquoi une larme coula sur ma joue quand l'hélicoptère disparut de l'horizon.
Le Colonel Hunter qui nous commandait nous annonça qu'il fallait retourner sur les lieux de l'attaque d'il y avait deux semaines, nous devions débusquer et tuer les assaillants. Le Major Cheney et moi échangeâmes un regard inquiet mais remontâmes docilement dans les camions et ne montrâmes plus une seule émotion malgré l'agitation des hommes sous nos ordres.
Au bout d'un quart d'heure sur place, les coups de feu résonnèrent, nous étions préparés et je n'aurais hélas pas pu réfréner mes hommes de ne prendre aucune mesure clémente. Chacun ressentait en eux le devoir de venger ceux qui étaient tombés sous les balles ennemies, le corps de cendres du Lieutenant Whitlock assurément dans toutes les mémoires.
Quand leurs lance-flammes vinrent nous chauffer, nous nous plaquâmes à terre tandis que d'autres mitraillaient sans distinction et à un rythme effréné. A ma droite, je distinguais une approche furtive, je tapai sur l'épaule d'un de mes hommes et lui désignai la direction. Nous nous approchâmes et découvrîmes un homme au corps enduit de bandages, son visage rougi de sang pourtant reconnaissable.
« Jasper ! » m'écriai-je en lui sautant dessus pour le protéger.
« Black, ils ont tout un village en otage, il faut partir avant que nos gars les tuent tous ! »
« Nous sommes avec Hunter, vous le connaissez. Nous ne devions qu'accompagner les blessés pour les évacuer. J'aurais du me douter que nous étions trop nombreux pour ça. » pestai-je.
« Je vais lui parler, aidez-moi à marcher. »
Avec mon homme, nous le soutînmes et courûmes le plus vite possible pour nous mettre à l'abri. Les coups de feu s'étaient presque tus mais comme le Lieutenant, je redoutais les prochains ordres du Colonel.
Je décidai de suivre le Lieutenant dans sa stratégie et tandis qu'il discutait avec le Colonel, et étant le plus gradé de la troupe avec Cheney, j'ordonnai le repli. Les hommes inspectèrent rapidement les camions au cas om ils avaient été piégés durant l'assaut puis s'installèrent. Le Colonel Hunter rugit quand il aperçut le premier camion démarrer mais ne put pas stopper le mouvement.
Arrivés à la base, je me désignai aussitôt et fus convoquée dans l'heure. J'expliquai avoir pis la décision seule, tentant de leur faire croire à mes mensonges. Le nom du Lieutenant Whitlock ne fut même pas prononcé et le Colonel Mc Carthy insista pour couper court à la séance, il y avait plus urgent.
Je pus visiter mon supérieur le lendemain matin, il était en sale état et il était déjà prévu de faire venir les hélicoptères à la base plutôt que de risquer une autre attaque ennemie. Je devinai que le Colonel Mc Carthy voulait mettre à l'abri son ami au plus tôt.
Le Lieutenant avait été en partie brûlé sur un bras par les lance-flammes et avait été fait prisonnier lors de l'attaque. Il avait réussi à s'échapper dans la panique provoquée par l'arrivée de notre convoi.
« Je vais vous ramener avec moi. » me dit-il, son regard inquiet.
« Vous êtes blessé et devait être rapatrié, Lieutenant. Je partirai en dernier, c'est le plus logique. »
« Non, c'est important, vous ne pouvez pas partir avec le reste des troupes. C'est trop risqué. »
Je fronçai les sourcils sans comprendre ce qu'il me disait. Le docteur Cullen nous interrompit pour vérifier les blessures et ne masqua pas son inquiétude.
« C'est arrangé pour demain, Lieutenant. L'infirmière Weber vous accompagnera, vous n'êtes pas sorti d'affaires. » se désola-t-il.
« Docteur Cullen, qu'est-ce qu'il a ? »
« Je soupçonne la malaria, ses brûlures les plus profondes se sont infectées et il a pris une balle dans le dos. C'est un miracle qu'il soit encore vivant, Major, je l'ai prévenu qu'il allait être hospitalisé plusieurs semaines à son retour aux Etats-Unis. »
Le Colonel Mc Carthy m'informa peu après que j'avais été désignée pour accompagner le Lieutenant et qu'un hélicoptère nous emmènerait le soir même vers une autre base.
« Major Black ! » m'interpella l'infirmière en charge du Lieutenant.
« Mlle Weber, je dois préparer mes affaires, je pars ce soir. » la coupai-je.
« C'est Mme Cheney, m'apprit-elle tout sourire. Et vous devez passer un rapide examen de santé avant votre départ. »
« Vous vous êtes mariés ? » la questionnai-je étonnée.
Toute la base savait que le Major Cheney et elle étaient déjà ensemble avant de partir, et qu'ils s'étaient fiancés. Comment avaient-ils pu se marier récemment ?
« Vous pouvez garder un secret ? » chuchota-t-elle.
Je la suivis à l'infirmerie et elle me raconta que le Major et elle s'étaient mariés religieusement avant leur départ pour le Vietnam mais n'en avaient pas parlés pour ne pas être séparés. Puisqu'elle partait avec moi, elle avait apparemment tenu à m'en informer.
« Ben a dit que vous alliez me protéger, rigola-t-elle. Il ne peut pas venir avec nous, alors il s'inquiète un peu. Et je suis enceinte ! »
« Je pourrais peut-être suggérer d'échanger avec lui ! »
« Non, Major, les ordres sont les ordres. Je voulais juste le dire à quelqu'un. » confia-t-elle, soulagée.
Je parvins à la faire tant parler qu'elle se contenta d'une prise de sang et de contrôler ma tension, sinon nous aurions été en retard pour le grand départ. Son mari me confirma qu'il comptait sur moi pour faire attention à sa femme et me fit promettre de rester en contact à son retour.
Le vol entre la base de Cam Ragh jusqu'à celle de la frontière avec le Cambodge fut stressant mais sans problème heureusement. Il se passait ensuite deux jours entre le départ pour l'Allemagne et celui pour les Etats-Unis. Heureusement, nous allions arriver directement à Fort Knox. A notre escale européenne, nous fûmes mis tous en quarantaine jusqu'au retour des résultats de nos prises de sang, personne n'avait la malaria ou autre maladie contagieuse.
Quand je pris place dans le dernier avion, je me sentis peu à peu redevenir Bella Swan mais cela ne me calma pas pour autant.
Angela me fit demander peu avant l'atterrissage, ses yeux cernés et inquiets.
« Le Lieutenant veut vous parler, il dit que c'est important. Il m'a dit aussi de vous donner ceci. »
« Qu'est-ce que c'est ? » demandai-je sans oser prendre la sacoche qu'elle me tendait.
« Il vous attend. » éluda-t-elle.
Le Lieutenant ne perdit pas de temps, je sentais que chaque parole prononcée le faisait souffrir, son état s'était dégradé depuis notre départ, il avait tant besoin de repos.
« Major Black, vous êtes officiellement démis de vos fonctions. Signez ce document. »
Angela me tendit un papier et un stylo, quand j'eus signé, il lui demanda de nous laisser seuls.
« Je ne comprends. » lui dis-je.
« Moi non plus, ça m'a tenu éveillé ces dernières quarante-huit heures. Même quand j'ai découvert que Masen et vous étiez amants, je n'ai pas soupçonné un seul instant que vous n'étiez pas un homme. »
Il rit de ma stupeur et ma rassura.
« En vous regardant maintenant, je vous vois vraiment. J'ai essayé de trouver la solution la plus juste pour nous tous. Vous savez qu'avec mes états de service et votre décision de repli, nous sommes tous les deux dans la ligne de mire de Hunter et du général Volturi. Si votre réelle identité est révélée, nous risquons la cour martiale, pareil pour le Major Masen. »
« Je suis désolée. »
« Ne le soyez pas. L'infirmière Weber vous a donné quelques vêtements civils. Quand nous serons arrivés, vous me suivrez à l'infirmerie et de là, vous vous isolerez pour vous changer et quitter la base. »
« Mais- »
« Vous avez été super, vous pouvez être fière de vous, Black, ou quelque soit votre nom. Mais vous ne pouvez pas revenir en tant que Major aux Etats-Unis. Vous avez réussi pendant si longtemps à duper tout le monde mais cette fois-ci, ça ne passera pas. Ils ont organisé un réel suivi des soldats, peu importe le grade. Vous n'y arriverez pas. Je sais que c'est injuste mais en signant, vous avez renoncé à votre solde. Il faut couper tout lien, vous comprenez, n'est-ce pas ? »
« Oui, Lieutenant. »
« Merci de m'avoir si bien secondé. Bonne continuation, Major Black. »
« Remettez vous vite. Je suis sûre qu'elle vous attend, celle à qui vous avez passé ces deux dernières années. » glissai-je, ravie de lui prouver que je connaissais aussi l'un de ses secrets.
Il me sourit puis se laissa retomber sur son lit étroit. Après l'atterrissage, je fis comme il me l'avait ordonné, je parvins à échapper aux regards et volai dans un couloir de l'infirmerie général un sac de toile sans identification pour y transférer mes affaires. Angela m'avait donné un jean étroit un peu trop grand et d'un gros pull. Je ne pouvais rien faire pour mes cheveux encore trop courts pour me faire passer pour une femme mais au moins je passerais sûrement incognito, les autres arrivants se trouvaient heureusement dans une salle de réception où les familles étaient venues les accueillir.
Alors que j'allais vers la sortie principale, j'entendis mon nom et je me figeai.
« Bella ! » m'appela-t-on encore.
Billy roulait aussi vite qu'il le pouvait dans son fauteuil roulant et me regardait, des larmes sur son visage fatigué.
« Bella ! Ma fille ! » pleura-t-il ne me rejoignant et en me prenant les mains.
« Pourquoi es-tu là ? Comment as-tu su ? » m'émerveillai-je.
« Tu croyais que j'allais rester tout ce temps sans savoir. Me reprocha-t-il en riant presque. Quand j'ai reçu la première lettre de ta base dans le Kentucky m'informant que tu étais promue Premier Lieutenant, enfin, que Jacob Black, avait été promu, j'ai été si soulagé de savoir ou tu étais. J'ai voulu venir te chercher mais Harry m'a dit que tu risquais une peine de prison pour ce que tu as fait et que je devais ne pas m'en mêler. J'avoue que j'étais en colère avec toi au début. J'ai attendu chaque lettre, toi tu n'as jamais écrit. »
« Je suis tellement désolée, Billy ! Je ne pouvais plus vivre avec toi, plus vivre là-bas, il y avait trop de souvenirs douloureux et aucun avenir. »
« Je comprends, je comprends, ma fille. Mais que vas-tu faire maintenant ? »
« Je ne suis plus seule, lui assurai-je en souriant. J'ai rencontré un homme là-bas. Je vais rester avec lui maintenant. »
« Je suis heureux pour toi, tu mérites d'être aimée toute une vie entière. Mais Bella, ne me laisse plus sans nouvelles. »
« Je ne peux pas revenir. » me justifiai-je en redoutant ses reproches.
« Non, bien sûr que non. Ecris-moi, cette fois-ci, fais-le. D'accord ? »
« Oui, c'est promis. »
« Raccompagne-moi à mon taxi. » me dit-il en désignant le parking.
Je fus soulagée qu'il ne veuille pas prolonger nos retrouvailles, il était impossible désormais de retourner à Forks ou La Push comme si ces dernières années n'avaient pas eues lieu. Malgré la peine que cela me causait, j'avais déjà dit adieu à Billy en prenant la fuite et je ne pouvais pas le laisser faire partie intégrante de ma vie, c'était trop tard.
« Mon amour ! » m'appela Edward.
Je me retournai et lui sautai au cou, folle de joie.
A la première parution de ce chapitre, je m'étais délectée des réactions des lectrices. Cependant, je ne crois pas réaliste ce qu'a fait Bella. Encore une fois, c'est simplement pour vous divertir !
