Bon alors plop.
Mon but ultime, c'est de détruire vos otp. Ca on le savait. MON BUT UN PEU MOINS ULTIME est d'emmayrder le monde. Donc quand je vois que mes os sont trop longs (ce qui habituellement n'arrive pas), eh bien je le coupe en mini fanfic. Genre ce truc. Qui va être une mini-fanfic de CronKri.
Parce que franchement, j'avais envie de foirer une mini fanfic qui ne sert à rien. Chapitres courts, avec un but vaseux. Des titres foireux.
Et quelqu'un qui s'étend dans le ... Préface on va dire.
J'oubliais. Les persos par ici appartiennent officiellement à Hussie - officieusement, je les ai trollnapé et je leur fait faire des seaux partys dans le grenier d'une grange abandonnée.
Bref. Encore une fois, si vous tenez à vous-même, suivez mon conseil, controle-zdez. (du verbe controlezder).
Sinon, bonne chance.
Quatorze février.
Un. Quatre. Zéro. Deux. Ça nous ferait sept, en ajoutant tout. Mais c'est qu'une date, il y a rien à ajouter. C'est le jour de l'amour, le jour des coeurs dégueulasses rose bonbons qu'on colle sur des cartes vert pastel, des histoires de 'comment j'ai rencontré ton père' et 'comment je me suis tapé ta mère'. C'est le jour qui fout la merde dans la cage thoracique des dépressifs. C'est pour ça que quand la nuit tombe, on les voit aussi tomber. Comme la pluie qui goutte du ciel, le jour de la Saint-Valentin, les asociaux dépressifs gouttent du haut des tours, des ponts, des toits.
C'est beau à regarder, quand on sait qu'on a pas le droit de se laisser tomber.
Aujourd'hui, on est le quatorze février. Minuit quatorze. Il n'est pas endormi.
Ça fait quinze ans qu'il continue, chaque année, de regarder tout ça tomber. Il a vingt-quatre ans. Il a déjà tout foiré. Chaque quatorzième nuit de février, il regarde le monde déchiré par les amours rejetées. Il se dit que tout le monde ne peut pas tomber comme ça, que l'histoire sinon n'avancerait pas. Ça fait quinze ans qu'il se dit qu'il ne devrait pas regarder, que au fond il a des passes-temps qui le mèneront à se jeter, lui aussi, pour ses sentiments rejetés. Quels sentiments ? Il ne sait même pas.
Alors il se contente de regarder les gens tomber, pavés aux pieds, sauts de l'ange ratés. Regarder parce qu'il n'en a rien à carrer de les aider.
Il regarde, assis sur le rebord d'un balcon, les pieds qui se balancent, la future scène pour la morbide comédie à laquelle même l'ajout de suicidés ne peut faire tourner en tragédie.
A ses yeux, la seule tragédie sont les cinq années qu'il vient de vivre. Cinq. Un plus quatre. Un et quatre. Quatorze. Encore le quatorze. Toujours le quatorze. Cinq années, quatorze sous-entendues dans sa tête. Il s'appelle Cronus. Cronus Ampora. Et le seul truc bien dans ce nom, c'est qu'il n'y a aucun quatorze qui vient foirer. Un peu crâneur, trop rêveur. Un romantique qui cache sa passion de voir les gens se suicider sous un nuage de fumée toxique. Poète et dramaturge de la vie, qu'il s'est toujours dit. Et sa tragédie aussi, elle avait un nom qui portait chance.
On était toujours le quatorze février. Cinq heures quatorze du matin. C'était nerveux, apparemment. Juste pour l'odeur de la nuit, fermer les yeux. Mais ne pas s'endormir. Ne plus s'endormir.
Tenir la journée entière, voir défiler les deux et les quatorze, les un, les quatre, les cinq. Les voir défiler et affronter. Tenir, encore, s'accrocher au fer sous nous. Tenir vingt-quatre heures. Tenir jusqu'à l'effondrement, minuit quatorze le quinze. Tenir, affronter. Se dépasser.
Ça fait cinq ans. Ajouter un jour pour se protéger. Ajouter une nuit pour ne pas tomber. En bas, sous ses pieds, les voitures ignorantes jettent des regards orangés sur les portes closes des tours.
Sept heures quatorze. Le jour commence à se lever, lui aussi il va se lever. Effacer de son visage les traces d'une nuit blanche à la lueur de la nouvelle lune. Il quitte sa balustrade, quitte son perchoir. Arpente son appartement vide, froid. Murs violets, arches blanches, dallage immaculé. Il s'enferme dans sa salle de bain, toute aussi violette. Il aime cette couleur. Se déshabille, laissant son tee shirt blanc, tee shirt immaculé, rejoindre le sol avec un jean et un boxer. Des mains aux bras à peine plus bronzés que le sol ouvrent la porte de la douche, et active le jet brûlant.
Ça l'aveugle quand il entre.
Routine agaçante.
Et il compte les gouttes sur son épaule, et deux et douze et quatorze. Il compte les griffures sur son torse, et dix et quatorze. Il compte. Il compte. Il compte le temps qu'il lui faut pour se savonner, il compte le temps qu'il passe à se rincer. Et quarante et dix. Il sort, regarde sa montre, enveloppé dans une serviette, et les gouttes qui tombent de ses cheveux sont les larmes que les cinq années n'ont pas pu effacer. Cinq. Un et quatre. Quatorze. Cinq égal quatorze.
Quand on dit que sa vie est une tragédie sans queue ni tête, même si il le nie.
Il ne fait que se rhabiller, marcher dans l'appartement dévasté, silencieux. Quatorze pas. Il compte à chaque fois. Quatorze. Un pas sur le coté. Marcher sur place pour atteindre le nombre souhaité. C'est nerveux, qu'on disait. Appuyer sur un bouton pour écouter les messages laissés au cours de la nuit. Appuyer.
Après tout, peut-être que quelqu'un s'est inquiété pour lui ?
Bonjour. Vous avez quatorze nouveaux messages.
Rire. S'asseoir dans un fauteuil - quatorze pas, quatorze- arracher le rembourrage en écoutant défiler les voix. Principalement des gens qui n'ont plus rien à carrer de notre existence, mais qui pour se donner une bonne conscience voudraient presque faire quelque chose d'utile. Un frère, son père. Leurs amis, leurs collègues. Aucun qui ne se soucie vraiment de nous.
"Joyeux anniversaire."
"Joyeux anniversaire."
"Bon anniv, stupide frère."
"Bon anniversaire."
"Joyeux anniversaire. Et bonne saint-Valentin."
"Joyeux anniversaire."
"Joyeux anniversaire."
"Oublie pas tes clés dans ta voiture, cette année."
"Joyeux anniversaire."
"Joyeux anniversaire."
"Dis Cron t'aurais pas mon dvd ? "
"J'aurais préféré que tu naisses un autre jour pour l'oublier."
"...Alligator."
"Cronus ? ...C'est Kankri."
Avoir notre cœur qui manque un battement. Une tragédie qui s'écrit, puis s'oublie. Retour en arrière de cinq ans. Quatorze ans. Quatorzième message. Et continuer, contre notre gré, d'écouter.
" Si tu pouvais rappeler... Tu as toujours le numéro, je le sais.
Joyeux anniversaire."
